Rolls-Royce Wraith Eagle VIII…
C’est souvent après des années de travail que l’on se rend compte qu’on a fait les choses à l’envers, que les fondations sont parfois fragiles parce qu’on a jamais vraiment réfléchi à la conception de celles-ci…, en cet état de conscience, on se trouve aux portes du néant…
Si l’on peut assez aisément interpréter le néant en tant que concept, il est pratiquement impossible de se représenter le néant en tant qu’entité…, il se trouve que, pour y avoir été confrontés, les gens de Rolls Royce n’ont eu d’autre choix que de constater l’existence de la non-existence…, et pour ces doctes ingénieurs et savants nouvellement pétris de la culture BMW, tenter de décrire l’absence de toute chose, l’absence même de réalité, se heurte à une difficulté concrète qui est l’impossibilité de qualifier de quelque manière que ce soit ce qu’on voit, ressent, perçoit face au néant.
Par ailleurs, quand des “non-initiés” se retrouvent à interagir avec ce non-réel, le voir, le toucher, les sensations et les réactions sont tout à fait perturbantes…, c’est ce que j’ai ressenti hier en Italie, sur les rives du lac de Côme, lors du plus beau des éphémères évaporescents évènements automobiles : le Concorso d’Eleganza de la Villa d’Este où Rolls-Royce dévoilait sa dernière trouvaille commerciale, la “Collection Car Wraith Eagle VIII”…, conçue par le “Bespoke Collective”… pour engranger un maximum d’€uros avant le Brexit…
Ces termes grandiloquents , sont une manière excessivement snob et surtout pédante, de présenter une prétendue “collection” de 50 automobiles Wraith Eagle VIII retraçant selon Rolls Royce : “l’épopée d’un des moments les plus marquants du XXe siècle” (sic !) alors qu’il ne s’agit que d’une série limitée de 50 Wraith motorisées d’un V12 BMW…, toutes “décorées” sur un thème “avionique”, de même façon que BMW pourrait sortir une édition spéciale à la gloire du Focke-Wulf 190…, sauf que ce n’est pas encore le moment politique…, quoique Mercedes à sorti il y a quelques années une version 6 roues de la “G” avec référence (effaçable) aux célèbres 6 roues des dignitaires nazis…, des liens qui donnent des frissons…
L’affaire “Wraith Eagle VIII” est donc purement consumériste, d’autant plus que c’est BMW qui possède Rolls Royce depuis quelques années (un fait plus récent que ce gag de 1919) qui marque la finale victoire de l’Allemagne sur l’Angleterre…, “l’esprit” Rolls Royce entretenu par BMW qui n’a fait que racheter la marque moribonde pour s’en prétendre l’héritière… s’avérant une duperie…, mais ce gag est tellement grotesquement développé qu’il serait dommage de ne pas s’y laisser conter…
Voici donc le contenu du communiqué de presse :
Le capitaine John Alcock et le lieutenant Arthur Brown ont bravé le ciel encore inexploré pour réaliser le premier vol transatlantique sans escale en juin 1919…, du temps de Sir Henry Royce, Alcock et Brown se sont rendus sans escale de St John’s (Terre-Neuve) à Clifden (Irlande) à bord d’un bombardier rénové de la Première Guerre mondiale, un Vickers Vimy…, ce biplan était propulsé à l’aide de deux moteurs Rolls-Royce Eagle VIII de 20.300cc et 350 chevaux…. et c’est de ce moteur “exceptionnel” que cette collection tire son nom !
Rolls-Royce célèbre ainsi le 100e anniversaire de cet exploit (sic!) avec une collection très contemporaine de Wraith Eagle VIII… (qui est sensée “parler” aux aventuriers d’aujourd’hui re-sic!), tout en rendant hommage à ces grandes figures qui ont changé le cours de l’histoire (re-re-sic!).
“J’ignore ce que nous devrions le plus admirer ; leur audace, leur détermination, leurs compétences, leur savoir scientifique, leur avion, leurs moteurs Rolls-Royce ou leur bonne fortune”, a commenté Sir Winston Churchill, à la suite du trajet périlleux qui a conduit la société du 20e siècle à des progrès inimaginables.
Ce faisant, ils ont forgé une légende et ont gagné leur place aux côtés de Donald Campbell, CBE au club le plus sélect du monde, dont les membres ont repoussé les limites des initiatives de l’homme en réalisant des records a priori impossibles sur terre, en mer et en l’occurrence, dans les airs.
Leur seule caractéristique engageante ?
La puissance Rolls-Royce.
Le duo a relevé tous les défis imaginables qu’auraient pu rencontrer des aviateurs…, les moteurs Rolls-Royce Eagle VIII étaient les seuls composants indestructibles de l’époque, ces moteurs ont permis des voyages aériens à des vitesses impensables, atteignant en moyenne 180 km…, il ne faut surtout pas sous-estimer les risques qu’ils ont courus…, les instruments de radio et de navigation n’ayant pas fait long feu, les pilotes se sont retrouvés livrés à eux-mêmes, effectuant leur traversée en pleine nuit dans des nuages denses et un brouillard givrant pendant plusieurs heures, parfois à la renverse…., mais, ils sont finalement parvenus à échapper à cette couverture et grâce aux compétences exceptionnelles de navigateur de Brown, ils ont sillonné les étoiles jusqu’à la côte irlandaise !
L’extérieur de la Car Collection Wraith Eagle VIII est un hommage à la fascinante expédition nocturne d’Alcock et Brown. Enrobé de bronze à canon avec un bi-ton supérieur gris Selby, les couleurs sont séparées par une ligne décorative en laiton, un aperçu des innombrables détails de ce véhicule.
Les aubes noires de la calandre évoquent sans équivoque le capot de moteur Rolls-Royce Eagle VIII de l’avion Vickers Vimy et es roues sont partiellement polies par une finition ombrée translucide.
La splendide décoration intérieure cadre parfaitement avec la teinte extérieure, les cuirs en gris Selby et en noir sont accentués par du laiton, rappelant le sextant en laiton, un élément crucial de la réussite du voyage transatlantique, réalisé selon les codes de notre époque, ce matériau occupe des zones clés de l’habitacle de cette collection.
Les caches des haut-parleurs en laiton représentent la distance de vol estimée à 3.025 km et les monogrammes « RR » sont brodés à l’aide de fil de couleur en laiton sur les appuie-têtes.
Un soupçon de laiton agrémente le panneau de porte passager, tandis que la porte conducteur est revêtue d’une plaque en laiton sur laquelle figure la citation de Churchill se réjouissant des prouesses du fameux tandem.
Inspiré par le vol nocturne de ces héros intrépides, le tableau de bord est une interprétation moderne de la vue que les deux hommes auraient contemplée lors de leur dernière phase d’approche de la terre ferme.
Une incrustation complexe d’or, d’argent et de cuivre est sertie dans un eucalyptus fumé, illustrant la richesse des détails observés dans les clichés nocturnes de la Terre vue du ciel.
Le tableau s’étend jusqu’à la console centrale, offrant aux occupants d’aujourd’hui une expérience immersive riche en émotions.
En dessous, les côtés matelassés incrustés de laiton du tunnel central sont un clin d’œil au Vickers Vimy à moteur V12.
L’horloge d’une Rolls-Royce est souvent assimilée à un bijou, bon nombre de clients ont choisi ce canevas pour illustrer l’histoire de leur automobile en miniature, la Wraith Eagle VIII ne fait pas exception, ces pionniers intrépides ont indiqué que leur tableau de bord a gelé à cause de la haute altitude et des intempéries et qu’ils ont alors dû prendre pour seul système d’éclairage la lueur verte du panneau de commande et l’éclat des flammes du moteur tribord.
En hommage à cette anecdote, le Rolls-Royce Bespoke Collective a conçu une horloge magistrale avec un effet de fond glacé tendant au vert pâle en cas de conduite nocturne. L’aiguille des heures rouge se trouve au sommet de lignes inspirées par un compas sur le panneau de l’horloge, tandis que les coordonnées du lieu d’atterrissage sont gravées en dessous.
La caractéristique la plus séduisante de cette collection est probablement la remarquable garniture de toit étoilée hors pair, les lumières DEL 1,183 indiquent la disposition céleste au moment du vol en 1919, la trajectoire de vol et les constellations sont brodées dans du fil de laiton, tandis que la date exacte d’envol du duo par-delà les nuages pour sillonner les étoiles est précisée par une lumière à fibres optiques rouge.
Les nuages sont brodés et on peut lire sur une plaque “La disposition céleste au point à mi-chemin, à 00h17 le 15 juin 1919, 50’’ 07’ de latitude nord – 31” de longitude ouest”, ce qui correspond à la mi-parcours de ce voyage mémorable.
À peine 50 de ces automobiles de collection seront élaborées pour des collectionneurs avertis au siège de Rolls-Royce à Goodwood, dans le Sussex-Ouest, un centre d’excellence de la fabrication de luxe dans le monde.
Le néant forme une frontière avec le monde et, cela est d’un noir insondable, dénué de texture, de profondeur, ce n’est même pas un vide, c’est un non-être, une non-réalité, la fin de toute chose…., les êtres vivants ont la conscience viscérale de ce qu’ils ont devant les yeux, sans pouvoir l’expliquer…, tout disparaît dans le néant…, quoique, malgré tout, si l’on n’abandonne pas entièrement un objet ou un être, tant qu’une de ses parties subsiste dans le réel ou se rattache à quelque chose de réel, alors on peut extraire cet objet ou cet être du néant sans qu’aucun dommage ait été subi.
L’on peut être ébloui à regarder dans la direction du néant, comme à contempler la Rolls Royce “Collection Car Wraith Eagle VIII”, et ce même si on ne peut la voir réellement.
Le néant a cette particularité de réduire les dimensions du réel sans en changer la nature, laissant ainsi les affirmations les plus débilitantes traverser le monde sans que quiconque n’en puisse connaître la source, comme si tout ce qui existe se trouvait entre deux œillères et que le monde alentour pouvait ou non être là sans changer les règles de ce qui s’y passe…
Le problème posé par les affirmations dantesques se raccrochant à une histoire appartenant à d’autres…, est qu’il est inconcevable en dehors de l’absolu…., c’est la plus pure expression de l’agnosticisme qui réfute toute idée de pouvoir comprendre le divin étant donné qu’il est au-delà de notre capacité intellectuelle…, une phrase/pensée/déduction qui pourrait avoir été prononcée par Nietzsche…, mais dans les faits, comme ce qui est au-delà du réel nous est naturellement inconcevable, le postulat affirmant que “rien de non-réel n’existe” n’est vrai que dans un univers limité par sa propre existence…, or, le néant de cette affaire se pose à la fois comme extérieur à la réalité et exprimable ou concevable dans la réalité, BMW/Rolls Royce l’use et en abuse…