Vivre à Saint-Tropez n’est pas forcément un naufrage… Aux confins (ruraux) de “l’absurdie” Tropézienne, existences humaines et éternités inhumaines s’interpénètrent jusqu’à donner l’illusion de s’échanger leurs propriétés : ainsi veut-on croire que la vie s’y écoule comme à l’ombre du clocheton et qu’on y jouit sans cesse dans une imperturbable immuabilité, au gré d’un quotidien dont personne ne veut reconnaître que tout en chacun/chacune, agonise, s’érode, s’évanouit, malgré l’émolliente illusion d’une pérennité des éléments qui composent cet ensemble. Pleins de cette candeur, il en est qui mènent une vie tissée d’ennuis tranquilles, de labeurs et d’extases physiques sirotées au milieu des ordures sociétales, s’y exerçant la nuit jusque très profond dans leurs orifices… De temps en temps, il y a une échappatoire pour aller dorer au soleil le corps enduit d’agent bronzant de fortune, quitte à tomber, un jour, sur un os, suite radieuse des vanités et méditations éthérées sur l’impermanence de toute chose. Nombre de personnes y arrivées fortunées à leur grand âge, finissent par s’échouer, sous les lumières citronnées en retraites passagères d’où elles émettent des cartes postales aux teintes rétro en guise de bulletin de santé annuel. Le soleil de Saint-Tropez a toujours brillé plus intensément pour les vieux jours de certaines gens…
Offertes au luxe d’une crédulité insouciante, toutes les passions et les ferveurs y gravitent autour de jeunes invitées en fleurs, enluminées telles des héroïnes du muet par les scintillements. Elles sont parées d’airs soignés d’illuminées fausses ingénues, qui, moyennant salaires, ou dons visionnaires, se mettent aux sévices de leurs hôtes. Duperie… Ces expertes en enfumage et prestidigitatrices virtuoses de profession n’existent que pour mystifier via les seuls prodiges de leurs charmes… Le métaphysique est à l’œuvre, autour de la foi qu’il s’agit de prêter ou non à la transcendance, à l’ordre magique et mystérieux du monde. Pour avoir été déjà tranchée mille et une fois par d’autres, aucun questionnement sur le pourquoi et le comment ne présente a priori plus guère d’enjeu, sinon sa capacité à inlassablement se reformuler avec plus ou moins de fringance, en l’occurrence, épousant les dehors patauds d’une dissertation au cheminement tout tracé, récitée telle une partition exténuée pour piano mécanique qui jouerait tout seul sa sentencieuse ritournelle. Cette tension qui sculpte pareilles surfaces désaffectées est aussi celle chevillée au cœur qui en dicte depuis toujours ou presque les excès, par des flux et reflux de doutes teintés d’aigreurs et de croyance en leurs propres pouvoirs d’illusion.
Et si même l’on ne se passionne guère pour ces leçons de magie et de cynisme, machinalement, faisant une synthèse mi-matérialiste mi-sentimentale, on peut y trouver une séduisante métaphore et quelques beautés à la subtile incarnation qui ravivent le feu et la foi en les chairs mortes d’un Saint-Tropez vieillissant peuplé de ceux qui n’entendent plus croire en rien, sinon aux jeunes femmes d’un tour de prestidigitation jamais percé qui offrirait un bref moment illusoire de sensation d’amour… La grâce de la petite mort… Dans ce délire, ces cacochymes, pour se payer ces “sportives” du sexe de haut vol, s’affichent soit en barquettes de poufs, voire en yachts crétins, en sus de diverses sportives de luxe, coutant (parfois) moins au final (toujours repoussé) que les belles éphémères … Ils se précipitent pourtant contre tous les miroirs des vanités, quitte à passer au travers… Ahhhh ! Tout brûler, dilapider des billets de 500 euros jetés sur les tables des bistroquets du port pour la seule obscénité du geste, dans une embardée immolatrice de passions grotesques et d’effusions en hop-hop-hop … Pathétiquement essoufflant… Restent encore les effets de cocktails Coke-Caviar-Viagra truffés sur le bien-être intérieur, la psychanalyse de comptoir, le genre qui fait les couvertures de newsmag’s sur l’emprise des pervers narcissiques, de toute idée surfaite de la liberté très nouveau riche, acquise à la force de millions voire de milliards…
De telles inclinations à la dépense flambarde ne sont toutefois pas l’apanage de mâles odieux et néanmoins affriolant cherchant à capter diverses futures suppliciées consentantes à se plier en définitive, corps et âme, à leurs manières de bourreaux, simulant la rumination introspective pour faire surtout feu de toute fascination à leur endroit toute entière dévolue au panache clinquant et aux caprices de ceux qui, entre deux leçons de choses, se présentent comme “Maîtres du Monde”… Ultime point de rupture (comme métaphore donnée clés en main de la fin d’une récré sadomaso), l’état de compression terminale d’une épave contractée d’un rutilant véhicule où ne saillissent plus que les lignes redondantes et les boucles de nerfs (en entrelacs binaire de roucoulades et d’esclaffades grasses, de portes claquées comme autant de tartes à la gueule, de rixes et crises suraiguës et de vagissements sexuels), crashé au terme d’une course à vive allure qui aura tout dévoré, tout bouffé et asphyxié au gré de sa surchauffe. Les autres qui ne sont pas eux-mêmes ne servent que de faire-valoir, pour faire le nombre des utilités quand on les sonne, pour achever ainsi de saturer l’espace à l’air raréfié d’une expérience de mort-vie plongée dans un bain crapoteux merdiatique… Mais, en dépit de leurs accents cyniques et ramasse-tout, la part la plus embarrassante de ces gens, tient dans ce que leur entreprise n’en paraît pas moins sincère…
Ne pouvant et ne voulant pas participer à ces concerts de rancœurs, de bile et de coquetteries clinquantes orchestrés entre gens de bon teint dans la comédie vintage de leur vieillesse sous cloche, une Dame, parce qu’elle est une Dame, se voyait bien un jour ou l’autre rafler une mise sans pour autant que ce soit autour d’une intrigue à l’os, au mouvement suspendu, digérant les soubresauts d’une fin de vie… Voici une leçon de rire au moment où l’on pronostique 10 millions de personnes de plus de 75 ans en 2040… Faut la voir se limer les ongles avec un cornichon, mettre ses feuilles de salade à sécher avec des pinces à linge, fumer des saucisses ou se mettre en tête de repasser son chien. Pré-sénile à en pleurer cette petite mamie qui se mélange les objets en bichant dans des tenues de superwoman, peut-être le sera-t-elle un jour, mais, du haut de ses 70 ans, Frederika continue de manier la facétie, l’incongru et les mimiques théâtrales devant l’objectif expert de son petit-fils. Les complices familiaux et autres nichent loin dans le Grand-Nord, dont la limite convenue est Aix-en-Provence dans le XVI arrondissement de Paris… Examinons, chers tousses, la Tropézienne type : Frederika, petite retraite, qui a vendu son appartement en viager pour adoucir sa solitude à Saint-Tropez, accompagnée de son amie, pire qu’elle !
Ils se présentent à moi qui n’en puis rien parce que j’ai osé écrire tout le mal possible de l’effrayante statue de Bardot sur une coquille Saint-Jacques.
– Ma grand-mère est une vieille, une très vieille dame… Vieille seulement, elle se gargarise de vieillir en commençant toutes ses phrases par : “à mon âge”…
En pantalon noir, chemise à pois, baskets New Balance aux pieds, elle se recale dans son fauteuil, prête à dérouler le récit d’une vie malmenée par le fisc, pimentée par quatre mariages : un destin…
– Ma grand-mère est baronne, juive et russophile… Tiens, c’est intéressant l’ordre que j’ai utilisé, je devrais d’avantage réfléchir…
Il était une fois la fille d’un grand industriel…, soucieux de bien éduquer sa petite Frederika, là où il pensait avoir échoué avec ses deux fils, il décida de l’élever en prolétaire.
– Je faisais le potager, j’allais à l’école en bus, d’accord, accompagnée par le chauffeur de mon père, mais en bus. J’ai travaillé à l’usine, appris à tisser, pris des leçons avec des ingénieurs. J’ai aussi beaucoup changé de gouvernantes, pour apprendre le français, l’anglais, l’allemand… Je crois que c’est grâce à cette éducation que j’ai survécu.
Son père avait dû avoir un pressentiment…
– On a demandé à mon père de payer des impôts. Il a refusé. Il a arrêté de se payer. Il était très humain… Il a refusé les diktats administratifs. Moi aussi. Il est mort d’un AVC durant une perquisition, lorsque les gens du fisc ont découvert le coffre-fort.
Pour Frederika, la vie d’affaire a été horrible.
– Je savais que mon mari Georges serait capable de remonter l’usine de mon père. Ce qu’il fit après avoir échappé de peu à la faillite. On s’est fait prendre quelques années plus tard. Ils étaient six fiscards. Pendant des heures, ils ont discuté. Et finalement, l’un d’eux a demandé un don pour leurs œuvres. Avec Georges, on a remonté l’usine. Et puis un jour on nous a prévenus qu’on risquait gros. On a fui avec les œuvres d’art et l’argenterie. Direction la Suisse…
Frederika s’y réfugie avec sa mère, ses deux filles et une boîte à bijoux en guise de pécule. Exit Georges.
– J’ai découvert qu’il couchait avec ma meilleure amie. Je l’ai mal pris.
La jeune femme décide de travailler, le textile, elle connaît, la voilà conseillère en style. Sérieusement, elle passe son temps à humer l’air du temps et à annoncer à des grands du tissu comme Boussac, plus d’un an à l’avance, les couleurs et matières à venir.
– Il n’y a que Brigitte Bardot qui m’ait causé du souci. Je n’avais pas prédit le Vichy. Mais je ne pouvais pas imaginer que BB allait se mettre à porter des rideaux de cuisine et que tout le monde suivrait !
Frederika se marie encore deux fois et revient à Paris.
– Le dernier s’appelait Louis. Il était bien. J’avais sept ans de plus que lui.
Qu’importe le quatrième divorce, Frederika, surtout, travaille, de fil en aiguille.
– Mes clients américains ne voulaient pas que j’arrête. Quand je leur ai demandé : “Vous connaissez mon âge ?” Ils m’ont répondu : “On s’en fout. Pour nous, c’est la personne qui compte”…
J’aime bien cette façon de voir les choses. N’empêche, une offre de reprise de sa société tombe à point, elle cède…, du jour au lendemain, son téléphone ne sonne plus, son agenda est vide.
– Je jouais aux cartes, comme les grands-mères. Je faisais moins de blagues, je rigolais moins. En fait, je déprimais…
Pas question de laisser s’étioler cette Mamika plus extravagante que la mamie de la Boum, alors une amie a décidé de l’associer à son travail à Saint-Tropez : Vendre, sur le port, des bricoles aux touristes… Les deux nanas y passent leurs jours et quasi-nuits, moulées chacune dans un tee-shirt qui dit : Perdu mon mec, forte récompense si vous le gardez… Elles ont décidé de vendre une réplique en moche plastique vert de l’horrible statue de Bardot, elle coute 2 centimes d’euros en Chine…
– On va la vendre 10 euros… mais on a prévu une autre en métal lourd, de la fonte façon bronze, à 99 euros, avec un napperon papier gâteau en cadeau… ça coute moins d’un euro en Ukraine… on va faire fortune, on a prévu une enveloppe au cas où… sinon on pourrait nous interdire d’utiliser ce coin de Paradis…
A Saint-Tropez j’ai retrouvé ma joie de vivre. Blacky et moi, on se moque de tout avec un humour tropézien qu’on adore…
-“Hééééééééééééééé ! Ouhouuuuuuuuuuuuu ! Hellooooooooooooo ! Holaaaaaaaaaaaaaa ! Weeeeeeeeeeeeeeep ! Waouwwwwwwwwwww ! Koi vous faites ce samedi en aprem ?”… demandait Marco de l’Espinette, dans le vide, à la volée, par cris, par gestes, par pubs, par infos, partout, partouze, sans cesse, jours, nuits et entre-deux, fallait y aller, mais uniquement et exclusivement en américaine, ancienne, moderne, d’avenir, qu’importe, ça allait être la fête… L’info circulait partouze : affiches, leafleets, flyers, prospectus, catalogues et pubs-presse ! J’ai donc décidé d’y aller avec un super Hot-Rod ’33… Saint-Tropez en aller-retour direct sans bouger d’un poil !
-“C’est fléché sur l’ordi, z’inquiétez-pô si votre bazar électromagnétique se branche plus”…
Le grand-bazar-machin qui crée l’angoisse d’avant de s’y rendre, réunions, manifestations, rassemblements, fêtes des défaites surfaites et surtout américanités diverses, c’est qu’on ne sait pas d’avance “Koi Ki Aura-là ?”… et c’est là qu’un éclair de génie s’est abattu sur moi avec une voix céleste qui me disait dans un bruit de tonnerre : “Crée un espace temporel capable de montrer d’avance ce qui pourrait s’y passer par après !”...
Donc voici en exclusivité planétaire, sur mon site-web www.GatsbyOnline.com ET sur l’entièreté accessible de Gatsby Magazine, le compte-rendu d’avance sans aucune connaissance de cause à effet, de la manifestation d’envergure mondiale dont l’épicentre allait estomaquer Saint-Tropez ! Un Hot-Rod’33 illustratif des folies Tropéziennes y a donc été téléporté avec toute la population d’Huntington Beach, en Californie (ou il était simultanément présenté), y propulsé par un générateur d’aluminateur de type V8 Ford Coyote de 5,0 L avec compresseur… Nous avons, ainsi, Blacky (mon Cocker) et moi virtuellement ouvert les légères portes suicides et nous nous sommes assis dans l’intérieur en daim bicolore de gris cousu à la main. Nous nous sommes ensuite attachés dans nos harnais à six points respectifs (je vous rassure, ce n’était pas une séance BDSM)… et avons pris la bonne et seule direction possible : tout droit…
Pilotant ce Hot-Rod sur mon ordinateur, j’ai unilatéralement décidé de rayonner virtuellement aux alentours (faire du tourisme) tout en parcourant le centre-ville (inexistant) en direction des plages, grâce aux 525 chevaux j’ai pu m’illusionner d’ébahir les foules en pamoison de mes “Drifts”… Puis, après avoir traversé en rêve divers quartiers emplis de galeries d’art branchées, tout en regardant les Pin-Ups presque totalement dévêtues passer, j’ai faussement réalisé un “Grand-Tour” en imaginant que les énormes roues de 20 pouces de Billet Specialties permettaient de rester en contact direct avec la route, quoiqu’il aurait été préférable de sentir l’asphalte d’un circuit plutôt que décrire le béton rugueux et les pavés cahoteux des routes locales… et tapoter que l’assistance à la direction s’avérait agile, limite “twitchy”… et que la voiture restait facilement orientable où je voulais avec une direction à assistance électrique à rapport rapide issue d’une nouvelle Mustang…
Grâce à quelques verres de Mojito’s j’ai donc été retransporté dans mon imagination d’être accueillis “à la plage” par une foule de touristes enthousiastes avec des appareils photo-numériques… me laissant aller à écrire que tous ceux qui posaient devant le Hot-Rod rallumaient les flammes des Chromes du magazine qui a bienheureusement mué en Gatsby… Nous nous sommes garés au bord de l’eau Blacky et moi et avons écouté les gens :
-“Qu’est-ce que c’est ? Vous savez, mon père a eu la même mais en 4 portes, une Ford 1953… C’est rad, mec, peux-tu prendre ma photo au volant ?”…
Mon coup de soleil s’est fait sentit alors que j’allumais la machinerie spatio-tempolaire (sic !) avec des allumettes ! C’était évidemment la conséquence du troisième Mojito qui me donnait soudain l’étincelle consumériste de tapoter au clavier : “Waouwwww, l’affaire est bouclée” !
Qu’en est-il réellement de ce Hot-Rod ?
Factory Five Racing et Gatsby magazine ont fait équipe pour construire une édition spéciale #001, haut de gamme d’un ’33 Hot-Rod… qui a ensuite été récupéré par Chromes&Flammes dans une réadaptation semi-satirique de “Route’66” matiné de “Miami-Vice”, grâce à l’assistance de quelques Mojito’s ! Aucune dépense n’a été épargnée dans la construction de ce Hot-Rod unique “édition spéciale” doté d’une carrosserie peinte en rouge et noir métallisé haute qualité, œuvre de Sherwin Williams Automotive Finish. Les pièces de suspension sont plaquées en nickel avec des amortisseurs KONI multi réglables, les jantes sont des “Billet Specialties”, les freins sont des Wilwood-Racing plaqués en nickel-chrome… et les jauges sont des “GPS Speedhut” avec le logo “Hot-Rod” et le numéro de série #001.
C’est un V8 Ford Racing Whipple 5L “Coyote Aluminator” de 525 chevaux, suralimenté accouplé à une transmission automatique 4R70W qui motorise le Hot-Rod, et l’intérieur a été réalisé en daim biton de gris “cousu à la main” avec le logo en relief “Hot-Rod” entre les sièges. Ce Hot-Rod’33 a été la star du “Hot-Rod Power-Tour-2014” et a été adjugé 51.700 US$ (plus taxes et frais) par Barrett-Jackson dans leur vente de Scottsdale 2017. Voilà, c’est fini pour cette histoire, vous pouvez passer à la suivante !