Salade de Rolls-Royce(s) Tuningées de partouze et Itou pareilles…
C’était en Belgitude en un temps-moment ou je roulais dans une Buick Riviera stretch de partouze… et qu’un inconnu avait déposé sa carte de visite sur le pare-brise pour me signaler qu’il était en transe extatique de l’acheter…
– Môzieur Ducon Charles…
Je suisse y allé à un rendez-vous sur une placette de Péruwelz, un village pas loin de Tournai… et attendu, il m’avait dit qu’il arrivait en limousine…
Ducon, arrive au volant d’une incroyable Rolls Royce Silver-Machin, blanche avec des flammes bleues, échappements latéraux, une tuningée, chromes à chier partout, peinture blanchâtre, prise d’air de capot, avertisseur à seize trompes jouant un air de “Gode-Michou Save the Queen”…
Il est survêtu d’une blouse grise, coiffé d’un casque de tomobiliste en cuir dont les brides lui font des oreilles de basset-hound et porte des lunettes de soudeur à l’arc, façon Blériot.
Il dépone sa portière, sort sa jambe gauche du véhicule et me tend les bras de l’espoir…, comprenant tout je m’empresse d’arracher l’arrivant à son sarcophage d’acier.
Il m’annonce qu’il se propose de changer de voiture, sa Rolls contre ma Buick Riviéra Stretch de partouze…, m’explique que sa Rolls est devenue par trop anachronique.
– Avant, je me contentais de m’en gausser ; ensuite est venue l’ère des jurons ; j’en suisse à présent à celle des lapidations et des projections excrémentielles. Cela ne peut plus durer. j’aurais déjà troqué ma vénérable automobile contre quelque plantureuse auto sans ma femme qui menace de me quitter si je me sépare de la Rolls contre autre chose roulante qu’une Buick Stretch de partouze comme la vôtre. Ce pourquoi la voyant j’ai eu un choc et ai déposé ma carte.
Je lui direct conseille un moyen terme :
– Conservez donc votre somptueuse relique, monsieur Ducon, et achetez-vous cash ma Buick Stretch de partouze, une vraie voiture sport de classe qui ravira l’exquise créature qui vous sert de femme d’appoint…
Ma propose le rend dubitatif…, fayot comme pas deux, j’égosille qu’à son âge on peut tout entreprendre, y compris se mettre à piloter des avions ou des et particulièrement une Buick Stretch belle comme un hélicoptère.
Le voilà rasséréné, il se voit au volant, coiffé d’une gâpette ad-hoc, avec des besicles Cartier à verres teintés, une veste sport, des gants de pécari à trous…, le méchant ravageur…, les gerces extasiées le frimant au passage, rêvant de grimper à son côté dans le bolide… et…, d’accord, il accepte de faire une tentative à bord de ma calèche ronflante.
Moi, les Ducons, y a quelque chose qui m’échappe concernant leur manière de conduire : rouler à 80 km/h sur des routes larges, rectilignes et à peine fréquentées, les lanternes allumées alors qu’il fait soleil…, cela écrit, je veux bien y souscrire partiellement, en laissant briller mes calbombes, mais pour ce qui de la vitesse, tu permets, Ducon ?
A cent quarante je déferle sur l’asphalte, c’est d’autant moins risqué que depuis que je me déplace dans ce bioutifoul pays, je n’ai pas encore croisé un seul drauper, qu’il soit à pince, à bidet ou à moto… et, franchement, j’ai de bonnes raisons d’appuyer sur la pédale…, j’aime pas laisser un mort derrière moi, fût-ce dans une contrée désertique…
Je connasse la perfidie des probabilités et n’ignore pas qu’il se trouve toujours et partout des témoins…, nulle part tu es à l’abri d’un fâcheux, d’un intempestif…, alors mon intérêt est de boulotter du ruban pour, le plus rapidement possible, emporter l’adhésion de Ducon et piquer son flouze.
Remarque qu’en belfriture, leurs frontières sont vachement poreuses, les douaniers restent invisibles et tu as l’impression de te baguenauder dans un seul et même pays, Franchouille et Belgitude unis dans les mêmes conneries.
Je pense que si je me faisais serrer, y aurait pas chouchouïe de formalités pour me ramener à mon lieu de départ…, peut-être que je me goure, mais je sens les choses commak.., alors je dévale mais midi approche et nous avons faim.
Je quitte la grand-route pour adopter une voie de contournement et on stoppe devant un bastringue…
Le repas est copieux, avec beaucoup d’apprêt, comme je leur parle foie gras, on en reçoit 4 tranches aussi grandes que des gauffres de Bruxelles qu’on arrose d’un sauternes de grand style : un Sainte-Croix-du-Mont de chez Brun Emile (du 1955, en magnum)…, la vraie orgie !
Ensuite on prend une omelette noire de truffes accompagnée d’un Cheval Blanc 67 plutôt indicible…, après ça, on décline le frometon et on passe directo au dessert glacé accompagné d’une salade de fruits exotiques.
Ducon tient à offrir une tournée de calva hors d’âge, le patron remet une rasade géante… et pour pas être en reste, Ducon commande une rouille de Laurent Perrier rosé frappée jusqu’au sang, si bien que quand on a fini les agapes, y a de la beurranche dans l’air, surtout chez Ducon qui tient absolument à ce qu’on aille se faire sucer la tige chez une dame patronnesse de ses relations, entourée de jeunes filles compréhensives qu’il prétend issues de la bonne société (mais les fins de mois sont dures pour les étudiantes)…
Avant la séparation programmée pour bientôt, je lui demande s’il douille sec pour la Buick…, il sort un calepin lourd de mystères…, avec les gribouillis qu’il recèle, je renifle que je pourrais foutre la merde dans toutes les directions, le Ducon ayant passé des années à chercher des cadavres dans les placards des gens haut placés, à identifier la marque des casseroles attachées à leurs queues.
Ce vieux carnet noir devrait valoir une fortune pour un aigrefin (nègre fin)…, le futé qui le lui secouerait pourrait s’acheter un yacht, une chasse en Sologne avec château et dix Rolls-Royce tuningées….
Il potasse les feuillets fripés, couverts de sa minuscule écriture qu’il parvient à déchiffrer sans loupe…, il rote d’abondance en tournant les pages, biscotte à donf…, puize il va dans son attack-caze et sort un mini-ordi et chipotte les touches pour me montrer des photos de Rolls Tuningées…
Une indigestion de Rolls Royce, toutes hideuses…, le genre qu’on ne digère pas, le style qui fait que le dirlo des sévices hospitaliers, ton foie, ton estom’ et toute ta tuyauterie vont bientôt dire merde…
Pour moi, ça va, j’en ai vu d’autres, mais Ducon, lui il arrive gentiment au point de rupture, ça coïncidera avec sa retraite, ainsi il saura comment l’occuper.
S’il comptait la passer à visiter l’Amérique du Sud ou à pêcher le gros dans l’océan Indien, ç’allait être râpé…, ce qui l’attendait, c’était des blocs opératoires et, en guise de lignes à thon, il aurait droit à des chiées de drains dans le baquet…, je le vois perler sa cirrhose mondaine au bord de ses cils… et quand il rote, ça pue l’égout comme lorsqu’il va pleuvoir…
Je lorgne ma tocante : seize heures quarante-sept…, plus d’une plombe à tuer, un laps de temps crétin, pas le temps d’entreprendre quoi que ce soit, même pas celui de sauter une cochonne.
Je vais au bar comme si c’étaient les chiottes : y a personne, même pas un barman…, je choisi un recoin derrière le piano quart de queue, m’y installe au mieux et pique un somme.
Un mec qui pratique mes activités doit utiliser tous ses temps morts à roupiller…, je suis tellement sur la brèche, toujours à puiser dans mes réserves…, une ronflette d’une plombe, c’est bon à encaisser.
Crois-moi, ça se capitalise…, je me défais de mes grolles, dénoue le bouton de col de ma limouille et j’appareille…
J’aime bien la Belgitude, c’est chiant mais beau, un pays en marge, dans les villes t’a des gonziers de tous âges qui courent, vêtus de training, avec un sérieux tout plein marrant… et puis, la campagne est superbe…, désolée et formidable…, que des Ducons jusqu’à perpette…
Voilà que j’envape…, la somnolence devient sommeil…, pourtant j’en écrase sans perdre la notion des choses…, je continue de savoir où je suis et ce que j’y fais…, la réalité ne lâche pas prise…, rien n’est sectionné entre elle et moi.
Je continue de dériver au fil de ma vie…, il fait frais dans ce bar vide et silencieux…, ça baigne pour moi.
Dans ces périodes indécises, le temps a une drôle de manière de s’écouter…, il a perdu son rythme habituel…, il avance par saccades, tantôt rapides, tantôt engluées dans un ralenti irréel.
Ma comprenette fait des couacs…, sans vergogne, progressivement je m’allonge sur la banquette de velours pelucheux.
Clodo de luxe…, cette fois, j’en concasse pour de bon…