Salon de Détroit, janvier 2009, le grand néant…
Hier dimanche 11 janvier 2009, le salon de Detroit, le plus grand salon automobile du monde, a ouvert ses portes dans le climat le plus lugubre qu’il ait sans doute connu depuis sa création.
Victimes à la fois de la crise du crédit (pour acheter une voiture, la plupart des consommateurs doivent emprunter), de la récession économique et d’erreurs dans leur propre stratégie, les constructeurs américains General Motors, Ford et Chrysler, ceux que l’on appelle les “trois grands de Detroit“, ont été particulièrement malmenés l’an dernier.
Les ventes de voitures aux Etats-Unis ont chuté de 18% en 2008, pour attendre leur plus bas niveau depuis 1982, une année de récession.
GM et Chrysler ont même été contraints de faire littéralement le siège du Congrès américain pour obtenir du bois de rallonge destiné, tout simplement, à assurer leur survie.
Un emplâtre sur une jambe de bois, disent les plus pessimistes… et qui ne devrait servir qu’à retarder l’échéance.
Difficile pourtant de faire autrement : les “Big Trhree” de Detroit occupent plus de 500.000 personnes aux Etats-Unis, sans parler de tous les emplois secondaires.
Pour le président élu Barack Obama, une faillite de l’un de ces trois mastodontes était tout simplement inimaginable.
Une image : pour qui se souvient de l’époque glorieuse pas si lointaine de l’automobile américaine et même, bien plus récemment en 2003, de Bob Lutz, le vice-président de General Motors, présentant en grande pompe le concept Cadillac Sixteen au Salon de Detroit, le fossé avec aujourd’hui peut paraître immense.
C’était pourtant hier mais, depuis, la crise économique, dont l’affaire des Subprimes a servi de révélateur, a fait des dégâts outre-Atlantique… et des dommages collatéraux partout dans le monde.
Une onde de choc qui a touché de plein fouet tous les acteurs du secteur automobile.
La Cause et l’Effet : le pouvoir d’achat des gens baisse, ils achètent moins de voitures.
L’analyse est simple comme bonjour.
Et l’industrie automobile nord-américaine, chantre historique de la grosse voiture mue par des blocs moteurs à l’avenant, ne pouvait donc que subir frontalement la dépression.
Les banques américaines ont largement durci les conditions d’acceptation des crédits, le prix de l’essence a bondi, la mentalité des Américains a changé et ce sont plus de 20.000 Smart Fortwo qui se sont vendues au pays de l’Oncle Sam depuis janvier dernier, un comble !!!
Notez que ça fait 9 ans que je prétend que la Smart est la vraie voiture du nouveau siècle !
A l’instar du Vieux Continent, de l’autre côté de l’Atlantique aussi les automobilistes commencent à délaisser relativement les autos pourvues de puissants moteurs pour privilégier, dans une certaine mesure, le côté pratique et économique de la voiture.
Ainsi les ventes en la matière ont-elles chuté de 45 % en septembre 2008 par rapport à la même période de 2007, encore 32% en octobre et près de 37% en novembre.
Et aucun constructeur n’est épargné, ou presque, au premier rang desquels les Big Three de Detroit, GM (qui emploie 250.000 personnes dans le monde), Ford et Chrysler.
Une crise tellement sévère que l’Administration du nouveau Président Obama devrait rapidement intervenir afin d’essayer de stopper l’hémorragie en injectant des centaines de millions de dollars dans l’industrie automobile américaine.
Même si les organisateurs du Salon de Detroit espèrent quelques 700.000 visiteurs d’ici le 25 janvier, le cœur n’y est pas, ils craignent que seulement 350.000 personnes finissent par venir visiter ce show, pour n’y acheter rien d’autre que des hot-dogs et hamburgers… et emporter le maximum de catalogues en souvenir…
Nombre de constructeurs… et non des moindres comme Nissan, Suzuki, Porsche, Ferrari et Land Rover, ont de plus déclaré forfait.
Et une analyste pronostique, en fonction de la journée de dimanche, que pendant le salon : “on parlera beaucoup moins des nouveaux produits que de la façon dont Detroit va survivre à 2009, car la sinistrose touche toute la ville, les deux principaux journaux quotidiens de la ville ont même réduit leur parution à trois jours par semaine“…
Quelque 58 nouveaux modèles, dont 44 premières mondiales, ont pourtant été présenté ce dimanche à environ 3.000 journalistes venus de 60 pays… alors que les années précédentes, plus de 7.000 journalistes étaient présents pour ce plus grand salon automobile du monde.
Dans Detroit couverte de neige et par des températures de plus en plus basses, Mercedes a ouvert les présentations avec une soirée très select organisée samedi 19h dans un hôtel du centre-ville, une soirée qui n’a pas attiré grand monde, Mercedes gardant en caisses des centaines de bouteilles de champagne, des milliers de zakouski et tout autant de fardes de presse sophistiquées incluant DVD, cadeaux divers et tickets d’esais avec voyages gratuits au bout du monde…, tout cela n’interese plus que les journaleux habituels en quète de copie, les autres jugeant que cette masse de bétises ne vaut plus le déplacement à Détroit….
Parmi les nouveautés, les constructeurs ont présenté une série de véhicules hybrides et des prototypes électriques mis au point par GM, Ford, Toyota, Honda et Mitsubishi… alors que le public s’attend à découvrir de vraies voitures différentes, achetables et roulables !
Ford voudrait concurrencer la Prius de Toyota, que le Japonais a améliorée tout en mettant au point un nouveau moteur hybride pour sa ligne de luxe Lexus…, alors que la Prius est d’avantage une astuce publicitaire et une justification sociale et économique qu’une véritable automobile d’avenir…, ce n’est pas avec ce genre d’engin que l’humanité sortira de la crise économique… et encore moins les grands constructeurs !
Chez les Japonais, Honda a également dévoilé son nouveau modèle hybride, le Insight, mais suite aux divers grincements de dents des journalistes présents concernant cette “non-inventivité“, le constructeur a annulé les conférences de presse suivantes et la voiture va faire ses débuts sans fanfare.
La pompe des années précédentes a été revue à la baisse, alors que les budgets de promotion ont subi des coupes sombres, nombre de constructeurs décidant de ne plus offrir aux journalistes des cadeaux et voyages dans des pays exotiques pour “essayer” leurs soi-disantes nouveautés en sus de quelques jolies nanananas aussi faciles à utiliser que les alcools à volonté, le tout dans une orgie d’étoiles hotelières…, en contrepartie “d’éssais” débilitants et kilométriques sans aucune critique objective !
Comme les budgets publicitaires sont revus à la baisse, ma prédiction est que la presse des journaleux va payer dans les prochains mois les tonnes de cadeaux reçus en échange de compromissions diverses…
“L’incertitude domine“, estime Karl Brauer, rédacteur en chef du site automobile Edmunds.com…, “la crise financière, le resserrement des conditions du crédit et la récession économique ont provoqué en 2008 une baisse des ventes de voitures à des niveaux inédits ! 2009 devrait être encore pire, les prévisions tablant sur des volumes de 2 millions de moins. Les ventes ne sont pas tombées au-dessous de 12 millions depuis la récession de 1982, lorsque l’Amérique comptait 70 millions d’automobilistes de moins qu’aujourd’hui. Alors que tous les constructeurs automobiles ont accusé des pertes significatives et réduit leur production l’an dernier, General Motors, Ford et Chrysler ont été les plus touchés et vu leur part collective du marché tomber au-dessous de 50% pour la première fois dans l’histoire. En 2004, les trois grands de Detroit se taillaient encore 60% du marché et le pourcentage était de 71,2% il y a 10 ans“.
Plutôt que vous présenter la dernière version du Hummer, j’ai préféré cloturer cette rapide visite du salon de Détroit en vous présentant ce qui nous attend en cause de la non-réactivité des constructeurs américains et européens…
La Chine, en effet arrive, aussi bien aux USA qu’en europe…
Dans le hall 2, on ne peut pas râter une voiturette jaune poussin au long capot, tout est relatif… et à la non moins haute cellule habitable.
La finition de la Tang Hua est aussi approximative que l’anglais et le français des trois hôtesses de ce stand minuscule : vis apparentes, jour d’un bon centimètre des joints caoutchouc, bulles dans la peinture…
Dérivée d’un modèle déjà en production en Chine, cette voiturette sans permis roule grâce à un moteur électrique de 2,5 kW dont les batteries au plomb ( !!! :au mieux 800 charges, nos interlocuteurs en vantent la facilité de retraitement !!!) profite d’une régénération au freinage.
Elle devrait être commercialisée en Europe dès l’an prochain à un prix à peine supérieur à 4.000 € débarrassé de tous les défauts de finition.
Décidement, les affables représentants de Li Shi Ming Automobile Design Co, société qui semble plutôt versée dans le design et le prototypage, ne manquent pas d’aplomb.
Pour eux, concevoir et vendre en Europe et aux USA, un petit véhicule électrique respectant la législation au prix d’un cyclomoteur, c’est vraiment pas chinois.
Dans dix ans on rira jaune !
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