Saute d’Hummer / 184.800 $ RM sotheby’s MIAMI 10 12 2022
Enorme 4×4 dérivé d’un véhicule militaire, assoiffé d’essence, au luxe “m’as-tu vu” adopté par les nouveaux riches : les rappeurs américains, les chanteurs de rock’roll français, les maîtres-chanteurs internationaux et les frimeurs mexicains, ainsi que par divers escrocs et une quantité ahurissante de marchands de voitures d’occasion, le Hummer H1 symbolisait fin des années 2000, tous les excès de l’automobile américaine. Au fur et à mesure du dégoût de la population envers la politique et les guerres américaines, que ce soit aux USA ou dans “le reste du monde”, les ventes du Hummer ont fondu de 60% aux Etats-Unis en mai 2008 par rapport à mai 2007 ou seulement 50% des Hummer avaient trouvé preneurs (seulement 1.843 irréductibles acquéreurs)… et l’année suivante il n’étaient plus qu’une poignée, tandis que près de 2.500 Hummer étaient quasi abandonnés sur le parking de l’usine, faute d’acquéreurs.
La hausse de l’essence, la crise économique et le coté symbolique du Hummer au cœur de toutes les dérives militaristes américaines en Afghanistan en Irak et dans les Balkans, ont provoqué la chute (du Faucon Noir) de ce véhicule, pourtant adulé par divers mégalomaniaques, principalement entre 2003 et 2006. Très utilisé pendant la guerre du Golfe, en Afghanistan et en Irak ainsi que dans les Balkans, le Humvee ou “High Mobility Multipurpose Wheeled Vehicle” (véhicule à roues, multi-usage, à haute mobilité), avait remplacé les jeeps sur les champs de bataille. AM General, le premier fabricant du Humvee (le second étant GM), a lancé une version civile du H1 en 1992, similaire au modèle militaire, sauf qu’elle comprenait des équipements intérieurs luxueux et n’avait ni armes ni blindage.
L’un des premiers clients de ce véhicule disproportionné, baptisé Hummer H1 dans sa version civile (qui n’était pas civique), fut l’acteur Arnold Schwarzenegger, à l’époque futur gouverneur de Californie (avant que sa gestion de type Terminator ne pousse la Californie dans une situation de quasi faillite), qui selon la légende aurait spécifiquement demandé à AM General de lui construire une version civile après avoir admiré les Humvee dans son film “Un flic à la maternelle” (1990). AM General va ensuite vendre en 1998 la marque à General Motors qui va l’équiper en 2002 d’un turbodiesel V8 de 6 litres et lancer le modèle Hummer H2, plus proche d’un véhicule humainement acceptable, bâti sur le châssis des Chevrolet Pick-Up Tahoe… Le H2, alors très populaire aux États-Unis, est apparu dans de nombreux films (comme “Jurassic Park“) et divers clips de rappeurs bling-bling.
GM va ensuite lancer le Hummer H3 en 2005, dérivé de la Chevrolet Colorado, d’un gabarit un peu plus réduit. tandis que le Hummer H3 voyait ses ventes exploser, avec un pic de 70.000 unités aux Etats-Unis en 2006, tandis qu’il se popularisait dans plus de 30 pays. A cet instant, personne ne pouvait prévoir que l’année suivante débuterait “la fin du Hummer H1”, ce qui n’est qu’une manière de dire “la fin d’un épisode”, car les invendables H1 qui ne l’étaient que parce que proposés trop chers, se vendaient finalement entre 30.000 et 65.000 dollars aux Etats-Unis… et ces Hummer d’occasion vont faire le bonheur de toute une série de garagistes-importateurs d’américaines qui vont les revendre plus du double en Europe, soit entre 65.000 et 150.000 euros… L’image qu’en avaient les Européens, était que le Hummer H1 était très puissant (325 à 400 chevaux en moyenne), et qu’il pesait, près de 3 tonnes.
Personne n’a dit ni écrit que les Hummer H1 étaient épouvantablement couteux en entretiens divers, que les pièces détachées étaient difficile à trouver, chères comme des lingots d’or et que les Hummer H1 étaient particulièrement polluants, bruyants et encombrants. Dès lors, toute une faune (classe) sociale à l’argent facile, d’en acheter et s’en servir dans les villes, jusqu’aux petits rues des centres historiques, y créant des encombrements dramatiques (2m20 de large et 3 tonnes ça marque les routes)… et méprisant les piétons, cyclistes et utilisateurs de voitures de petits gabarits, en squattant largement les trottoirs et en débordant des trop petits emplacements de parking… Certains, comme l’Allemand Geiger, trouveront même le moyen de les vendre plus cher encore (4 fois le prix officiel aux USA), avec des équipements ridicules, des intérieurs repensés en boite de partouze de luxe et des jantes de 28 et 30 pouces…
Une étude gouvernementale de l’époque, reprise par quelques rares magazines, indiquait qu’un Hummer H1 de base consommait de 30 à 45 litres aux 100 km sur route et jusqu’à 70 litres en ville, émettant entre 7 et 10 tonnes de gaz à effet de serre par an, ce qui en faisait l’un des véhicules les plus polluants du monde ! Il bénéficiait pourtant aux Etats-Unis d’un curieux abattement fiscal de 100.000 dollars accordés aux dirigeants de PME ou aux indépendants, c’est à dire une remise fiscale plus importante que la valeur du véhicule ! Ces “avantages” décrétés par le gouvernement Bush seront repris partiellement en France par Nicolas Sarkozy dans le cadre du bouclier fiscal… Sous le feu des critiques des écologistes, Arnold Schwarzenegger devenu Gouverneur de Californie, a finalement renoncé à ses Hummer H1.
Il lui était impossible de continuer à rouler avec une flottille de Hummer qui grâce à ce système fiscal, lui rapportaient plus de dollars qu’ils lui coutaient. A cause de ce scandale, en sus de la consommation des Hummer, ceux-ci sont devenu les bêtes noires des défenseurs de l’environnement et les acheteurs se sont mis à hésiter face à la franche impopularité suscitée aux Etats-Unis. La crise des subprimes, a ruiné également toute la classe de ceux qui avaient “l’argent facile”… et lorsque le prix des carburants s’est mis à monter…, non seulement les ventes de Hummer neufs ont chuté, mais aussi les ventes des Hummer de seconde main… C’est là que quelques garagistes français ont pu réussir un dernier grand coup en achetant à très vil prix ces Hummer dont plus personne ne voulait aux USA, pour les revendre vite-fait bien-fait à toute une série de Bling-bling “pas encore ruinés” en France, en Espagne, en Grèce.
Le slogan “Miracle” repris par les journaleux de sévices, affirmait que : “Les Hummer sont un symbole aux USA, hâtez-vous d’en acquérir un, parce que tout le monde en veut et les stocks sont limités”… Certains allaient beaucoup plus loin en affirmant : “C’est l’auto-collector de ce siècle, dans dix ans il vaudra 5 fois plus” ! Les Démocrates Américains le caricaturaient comme : “Un John Wayne sur 4 roues”… En réalité, mais cela ne transpirait pas encore en France du fait des clowneries Sarkoziennes pro-américaines, la perception du Hummer aux USA était aussi polarisée que la politique américaine. En pleine déconfiture des H1, l’attrait des Hummer H2 et H3 restera une énigme qui sera scrutée par toute l’industrie automobile et une quantité phénoménale de sociologues, experts en marketing et commentateurs de toutes sortes, car depuis 2002 jusqu’à la fermeture de l’usine, GM va vendre un peu plus de 250.000 H2 et H3 !
Le Hummer H1 a été rendu célèbre par les images de Humvee de la guerre du Golfe. Il a été mis à la disposition d’une clientèle à la recherche de ce qui serait le tout-terrain ultime ou simplement pour l’originalité du véhicule. Cependant, les ventes étant jugées insuffisantes, General Motors a décidé d’acheter les droits de la marque Hummer en vue d’une meilleure commercialisation. Il ne faut pas le confondre avec les Hummer H2 et H3 construits par GM sur la base de châssis de SUV et pick-up du groupe Hummer H1 Pickup et 4 portes Pick-up. Bruyant sur la version militaire Humvee (car dépourvue d’insonorisation), le Hummer H1 se distingue de la version militaire par un équipement plus adapté à une utilisation civile (éclairage, climatisation, installation audio, sellerie en cuir, etc.). L’intérieur ne comporte que 4 places. Le compartiment intérieur est divisé par un énorme tunnel où courent les éléments mécaniques surélevés.
Il affiche d’excellentes capacités de franchissement comparé à ses performances sur route limitées à 140 km/h, l’engin de 3,5 tonnes doit être utilisé en prêtant une attention particulière au régime ainsi qu’aux pressions et températures du moteur pour garantir sa longévité, compte tenu des rapports de boîte, à 2 350 tr/min sa vitesse optimale de croisière sur autoroute est de 110 km/h, cependant si le poids du véhicule dépasse 3,5 Tonnes (catégorie poids-lourd), sa vitesse réglementaire sera dès lors de 90 km/h sur autoroute, cela dépend de l’homologation et de la présence ou non d’une remorque que le Hummer H1 peut tracter. Contrairement aux idées reçues, le H1 n’est pas limité en vitesse par son profil peu aérodynamique, mais par sa boîte de vitesses standard à 4 rapports surmultipliés (overdrive).
Le Hummer H1 a donné naissance à une série Alpha, signe de performance. Le Hummer H1 Alpha est ainsi équipé d’un turbo diesel Duramax 6,6 litres couplé à une transmission automatique Allison 1000 à 5 rapports. Le Duramax remplace le précédent 6,5 litres turbo diesel optimisé qui équipait le Hummer H1. Le Hummer H1 Alpha dispose d’une transmission intégrale et de grandes capacités off-road. Avec ses 300 chevaux et son couple de 719 Nm, le Hummer H1 Alpha atteint les 100 km/h en 13,5 secondes. Ce n’est certes pas un bolide de course, mais avec un poids de 3.271 kg (version découvrable) ou 3428 kg (version fermée), cette performance est plutôt honorable. Avec une masse pachydermique, le système de freinage se doit d’être à la hauteur et c’est pourquoi le H1 Alpha adopte de plus grands disques de freins (304 mm au lieu de 271 mm pour le H1).
Le Hummer H1 Alpha conserve des mesures tout simplement gigantesques : 4m84 de long, 2m57 de large, 2m de haut et un empattement de 3m30 !!!! Autre caractéristique d’un Hummer : la gourmandise ! Selon le constructeur, le H1 Alpha semble développer un appétit moins vorace. L’autonomie en utilisation dite « normale » fait un énorme bond puisqu’elle passe de 643 km à 917 km pour un même plein d’essence… certes, le plein du Hummer H1 Alpha s’élève à 195 litres ! Les deux réservoirs mesurent 112 litres pour le principal et 83 litres pour l’auxiliaire, soit un total de 36 litres de plus que le précédent H1. Après que les clients se soient plaints que le moteur diesel Hummer H1 était sous-alimenté par rapport à son homologue à essence, General Motors a commencé le développement de ce qui allait devenir le Hummer ultime, le H1 Alpha.
Le plus grand changement est venu de l’encastrement d’un turbodiesel Duramax de 6,6 litres provenant du camion moyen GMT560 sous le capot. D’importantes modifications ont été apportées pour s’assurer qu’il s’intègre dans le châssis du Hummer, y compris 23 changements de composants du moteur et un ascenseur de deux pouces pour s’adapter aux dimensions plus hautes du turbodiesel. Le moteur diesel Duramax du H1 Alpha était en outre équipé d’un système de recirculation des gaz d’échappement refroidi et d’un refroidisseur de moteur interne. En raison de l’espace limité sous le capot, le système de ventilateur a été modifié et entraîné par une boîte de vitesses spéciale connectée directement au vilebrequin. Les systèmes de carburant et de filtration ont été révisés, et le H1 Alpha a été équipé de réservoirs de carburant principaux et auxiliaires.
Le système de refroidissement a été modifié pour permettre un démarrage à froid facile à des températures aussi basses que -30 degrés Fahrenheit. Malheureusement, ces Hummers alpha représentaient le chant du cygne de la marque, GM fermant la division après que seulement 729 H1 Alpha ont été construits. Les options comprenaient un calculateur RapTorque, des amortisseurs réglables manuellement, des injecteurs de carburant RapJet et un support de console centrale “Search & Rescue”, installé d’un coût de plus de 10 000 $. Predator affirmait que ces mises à jour élevaient la puissance du diesel Duramax à près de 500 chevaux. Les jantes en aluminium forgé étaient complétées par un système central de gonflage des pneus pour ajuster la pression depuis l’intérieur, Avec son moteur diesel amélioré rempli d’améliorations, il représente l’évolution civile ultime du véhicule emblématique.
General Motors a en finale de cette affaire, signé un contrat de vente, cédant sa marque de gros 4X4 au look militaire, à la firme chinoise “Sichuan Tengzhong Heavy Industrial Machinery Co”, une compagnie de la République populaire de Chine. C’était une grosse pilule à faire avaler au client-type américain du Hummer, perçu (à tort ou à raison) comme généralement blanc, conservateur, républicain, raciste, fanatique de Bush, militariste, farouchement patriote, membre de la “National Rifle Association” et sceptique face au réchauffement planétaire. Ces “mâles américains au sang américain” ont alors pensé que GM venait carrément de vendre la sécurité nationale (sic !) et, surtout, la sécurité de leurs villes et banlieues (re-sic !) à la Chine, via la compagnie Tengzhong, “Dont le nom fait penser à une sorte de mets chinois”, affirmait le magazine Jalopnik.com.
Très sérieusement, le Hummer était un symbole aux États-Unis… et sa perception était aussi polarisée que la politique américaine. Il était haï par certains et mis sur un piédestal par d’autres. Un des sites réprobateurs les plus radicaux est sans doute FUH2.COM qui invitait les gens à mettre en ligne des photos de “doigts d’honneur” pointés envers des Hummer. Vu comme un symbole de gaspillage et d’excès par la gauche américaine, le Hummer a fait l’objet d’une quasi-obsession de la part de la jeunesse écolo. Le site contenait trois mois avant la fermeture de l’usine, rien de moins que 4.745 photos envoyées surtout des États-Unis, mais de nombreux autres pays aussi. Un court métrage d’une succession de ces photos qui défilaient à une vitesse stroboscopique a même été présenté dans un festival du film.
À l’autre extrême : “Conduire un Hummer était comme s’enrouler dans un drapeau des États-Unis pour certains conservateurs républicains”, affirmaient des professeurs de marketing et de sociologie réputés des États-Unis. Les universitaires se sont ensuite penchés sur la très haute valeur symbolique qu’accordaient les propriétaires de Hummer à leur véhicule : “Notre analyse du discours sur l’identité américaine sous-jacente aux débats sur le Hummer, montre qu’être en état de siège devant la critique morale est une caractéristique historiquement établie d’être Américain”…, ont écrit trois chercheurs dans le Journal of Consumer Research, une publication savante de l’Université de Chicago. Pour les propriétaires de Hummer : “Les critiques moralisantes envers leurs choix de consommation les inspirent fortement à adopter le rôle moral de défenseurs des idéaux nationaux américains”, écrivaient les chercheurs. Marius K. Luedicke (Université d’Innsbruck, en Austriche), Craig J. Thompson (Université du Wisconsin) et Markus Giesler (Université York, à Toronto)
Ils ont eu de longues entrevues avec 200 propriétaires de Hummer nés et vivant aux Etats-Unis, ils en ont conclu que ces Américains utilisaient les grands mythes fondateurs, comme des individus débrouillards et coriaces pour se construire une identité de protagonistes moraux se représentant comme un bastion contre les discours anti-américains évoqués par ceux qui les critiquaient. Une interprétation libre du magazine Wired reprise par Jalopnik.com résumait tout : “Les rednecks perçoivent le Hummer comme John Wayne sur quatre roues motrices… et les anti-Hummer pensent exactement la même chose”. Faire le lien entre les propriétaires de Hummer et les propriétaires d’armes à feu n’était pas qu’une théorie d’universitaire. Un concessionnaire Hummer, Jim Lynch Hummer Inc, de St. Louis, a fait le lien entre les deux produits et décidé de vendre des armes à feu de tous genres à même sa concession automobile.
Sa décision d’affaires, après avoir vu les ventes de Hummer baisser, lui a permis d’éviter la faillite. “Pourtant, bon nombre de mes clients propriétaires de Hummer possédaient déjà des armes”, a expliqué M. Lynch au journal local. Je rappelle en contre-point, que le commentateur radiophonique ultra-conservateur-républicain Rush Limbaugh considérait le Hummer comme une des grandes réalisations de la civilisation américaine. Lors de son émission quotidienne, quelques mois avant que GM décide de vendre Hummer au Chinois, l’influent tribun radiophonique a indiqué que “Les Irakiens, après avoir été libérés” et sortis du VIIe siècle par les États-Unis grâce aux Hummer’s, adorent les Hummer’s et en achètent autant qu’ils peuvent sans rabais et avec tout plein d’options”…
Par contraste, il a déploré que les États-Unis, “la plus grande super-puissance du monde entier, le plus grand bastion de la liberté de toute l’histoire” (sic !), s’étaient détournés de ce “grand véhicule”. M. Limbaugh a ensuite blâmé personnellement le président Barack Obama et la gauche américaine. Après tout ce cinéma, le constructeur américain General Motors (GM) a finalement annoncé le 24 février 2010 l’échec de la vente de sa filiale tout-terrain Hummer au chinois Sichuan Tengzhong, faute d’approbation des autorités chinoises. Un échec qui signait la mort de ce véhicule très populaire au début des années 2000 et symbole de tous les excès après 2006… Sans grande surprise, le Hummer ne survivra pas à la crise. Être propriétaire d’un Hummer H1 est de nos jours toujours une entreprise risquée…, le patriotisme, mes amis, le patriotisme ! Conducteurs de Hummer H1, sachez-le : personne ne vous aime…
On leur reproche les émissions de CO2, le moteur bruyant, leur goût pour le bling-bling, le pare buffle dangereux et le fait que le Hummer ne sert à rien dans les grandes villes (la vérité, c’est qu’il est très utile pour impressionner les grands-mères imprudentes et les cyclistes récalcitrants). Alors, pourquoi d’irréductibles propriétaires de Hummer H1 s’acharnent-ils encore à parader fièrement au volant d’un objet si négativement connoté ? Du moins aux USA, en France c’est par goût du Bling-bling… C’est en tout cas ce que révèle une étude menée aux Etats-Unis (bien sûr) et publiée dans la revue Journal of Consumer Research…, résultat : les conducteurs de 4×4 surdimensionnés cherchent tout simplement à exprimer ainsi l’amour de leur pays et des valeurs qui le définissent.
Marius Luedicke, Craig Thompson, et Markus Giesler, les trois chercheurs à l’origine de l’étude, ont en effet souhaité comprendre les motivations qui poussaient les propriétaires de Hummer H1 à s’exposer ainsi à la haine des défenseurs de l’environnement. Évidemment ! “Notre analyse du discours identitaire américain a révélé qu’être sujet aux critiques morales était une caractéristique historique du statut d’Américain”, expliquent les auteurs… “La critique moraliste de leurs choix de consommation a aussitôt incité les propriétaires de Hummer à adopter le rôle de celui qui défend les idéaux nationaux américains”. Ce sont les mêmes enragés qui nient l’existence du réchauffement climatique et l’importance de la diminution des ressources naturelles ! Une idéologie également très intimement liée aux valeurs conservatrices qui prétendent que ceux qui remettent en cause les attentats du 11/09/2001 sont des négationistes !
L’Amérique, terre d’abondance choisie par Dieu et donc par nature privilégiée, se placerait ainsi au-dessus de ces considérations environnementales. Qu’il est beau, le rêve américain ! Pour ces inconditionnels du Hummer : “Il suffit d’examiner ses caractéristiques mécaniques, pour en conclure qu’il s’agit d’un excellent véhicule tout-terrain. De plus, sa silhouette taillée à la hache s’inspire du légendaire Humvee des forces armées américaines et a donc tout pour plaire aux gens qui veulent se battre pour défendre les valeurs de l’Amérique, une mission que Dieu nous a confié pour libérer le monde de Satan et des Arabes”. Ils refusent d’admettre que le Hummer fut l’un des véhicules les plus ciblés par les environnementalistes qui le décrivaient (et le décrivent encore) comme une machine démoniaque qui fait tout pour polluer et détruire l’environnement. Avec le prix de l’essence qui ne cesse d’augmenter, ce n’est pas un véhicule politiquement correct !
C’est une chose de crier au scandale en raison de sa seule existence. Et ça en est une autre de se rendre à votre travail en vélo ou en métro… Le Hummer n’est pas un véhicule citadin… et il est vrai que trop de personnes se le procurent encore pour plein de mauvaises raisons. Toutefois, si vous êtes milliardaire et propriétaire d’un ranch au Texas, le Hummer possède des qualités qui vous le feront apprécier ! De plus, il sera utilisé pour ce quoi il a été conçu et par des gens pour lesquels il a été conçu…, des abrutis fortunés ! Je trouve également, un peu débile, que certaines personnes en fassent un véhicule pour conduire des mariés à l’église… Puisqu’il est inspiré d’un véhicule militaire dont la silhouette est uniquement dictée par le côté pratique de sa conduite, il est certain qu’il se démarque des autres par ses parois planes, son énorme grille de calandre et une “fenestration” relativement petite pour un gros 4X4.
Si le Hummer est si mal vu, c’est que sa silhouette en fait l’archétype des gros engins pollueurs. C’est pourtant là le charme de ce véhicule, du moins aux yeux de ceux qui n’en ont rien à f. des autres. Il leur donne une certaine exclusivité, à coup sûr. Et il faut ajouter que cette disposition permet de circuler en forêt sans avoir trop d’inquiétude quant aux éraflures et à la disparition de certaines garnitures chromées. De plus, si sa garde au sol très généreuse le rend pataud dans la circulation, elle lui donne beaucoup d’agilité en terrain accidenté. Il faut accorder de bonnes notes (gag !) aux stylistes qui ont dessiné le tableau de bord, avec ses faux boulons visibles, son moche plastique gris mat et des commandes qui ont des allures quasiment commerciales, on a l’impression de s’asseoir dans un véhicule à vocation spécialisée…, style engin de chantier, voire pire : véhicule des forces spéciales…
Le levier de vitesse en forme de “L” inversé ainsi qu’un regroupement de quatre petits cadrans indicateurs placés à droite de l’indicateur de vitesse accentuent cette impression. Une version spéciale permet de profiter d’une caméra vidéo de recul qui facilite les choses lors des marches arrière. Et le marchepied “tube” n’est pas tellement utile si vous portez des souliers de grande taille. Par contre, il faut vraiment être souple et agile pour monter à bord puisque le seuil des portes est très haut. Comme il y a peu de place pour prendre pied, vous avez de fortes chances de glisser et de vous heurter les tibias sur ce tube. Je souligne qu’il est possible de déboulonner rapidement les marchepieds avant de s’aventurer sur des terrains très accidentés afin qu’ils n’entravent pas la marche du H2. Toujours sur une note pratique, les premières versions étaient dotées d’une énorme roue de secours placée dans la soute à bagages.
Non seulement cet objet empiétait sérieusement sur l’espace réservé aux bagages, mais une forte odeur de caoutchouc imprégnait l’habitacle en permanence. La roue de secours fut ensuite ancrée à l’extérieur…, ce qui nécessite une opération en deux étapes pour ouvrir le hayon arrière. Avec ce SUT, pour Sport Utility Truck, la présence d’une petite boîte de chargement extérieure donne un cachet spécial en plus de faciliter le déplacement d’objets verticaux ou susceptibles de souiller l’habitacle, aussi bien en raison de son poids, de sa largeur et d’une transmission intégrale permettant de verrouiller les trois différentiels qui l’équipent, il passe partout ou presque. Il ne faut pas croire que le Hummer soit un produit uniquement destiné à faire de l’épate et qu’il soit nul en conduite hors route. Il faut vraiment avoir affaire à des conditions nettement hors-norme pour l’arrêter.
Fuyant une horde d’anti-Hummer qui en voulaient sûrement à ma vie, j’ai eu l’occasion de le piloter sur un trajet parsemé de grosses pierres qu’on me lançait et même d’escalader des marches de plusieurs centimètres de haut sans que cela puisse l’immobiliser (c’est lorsque j’ai été obligé de me réfugier dans une église avec le Hummer dont je vous cause…, pour éviter un lynchage)… Cependant, en terrain découvert et aux mains d’un expert, il peut passer partout ou presque. Par contre, il faut avouer que son gros gabarit et son poids sont des handicaps sur un parcours serré et étroit… Il est vrai que la prise d’air sur le capot et les crochets d’hélitreuillage (sic !) sont factices, mais le reste est vraiment à la hauteur de la silhouette. Le moteur V8 6,0 litres d’une puissance de 325 chevaux dont le couple généreux à bas régime convient fort bien à une utilisation hors route,
2 commentaires
Mon cher Gatsby,
Hasard ou volonté éditoriale, vous avez publié il y a peu un brillant article sur votre Lamborghini LM002 dont la fiabilité ne vous a semble-t-il pas enchanté, au contraire du charisme du véhicule.
Il se trouve que j’ai un peu de liquidités à blanchir après de fructueux investissements dans des paradis fiscaux, et à choisir entre les deux véhicules, lequel conseilleriez-vous à vos lecteurs ?
Le Lamborghini LM002 n’a aucun charisme sauf celui d’une sorte de coffre-fort motorisé, tout y coûte des fortunes, son achat ou vous sentez que vous perdrez lourd à l’usage (entretiens, pannes, pneus, pièces, “parcages” etc)… Et à la revente. Comme ce machin a maintenant plus de 30 ans, les taxes et assurances sont réduites. Les frais d’essence par contre avec 30L aux 100 (réservoir de 110L) soit 3 pleins pour Bruxelles/St-Tropez aller… Quel est le second véhicule ? Pas le hummer aussi large qu’un 30 tonnes dans lequel on est très mal installé dans un espace riquiqui… Non… Une Jeep Wrangler par contre c’est le pied intégral c’est mon conseil avisé d’expériences diverses… Les derniers en 4 portes sont Top avec toit ouvrant… C’est mon conseil… Le reste, oubliez…
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