Sema show, Trump, Nananas et Jeep’s…
“Faut que j’aille prendre des notes, faire des photos, tout de suite, pas moyen que je laisse passer ça”…
C’est ce que je me suis dit immédiatement après avoir trouvé ce qui pourrait être “LE” but dans la vie de quantités de fanatiques…
Cinq minutes plus tôt, je m’emmerdais sur le web comme un pixel désélectrifié (comme un rat mort) tout en essayant de remplir ma tasse (de café) de whisky, au maximum, sans que ça déborde… et, d’un coup, en dessous d’une info sur la tenue prochaine du fameux Sema-Show de Las Vegas, je suis tombé (pas de haut, rassurez-vous) sur une News-Internet annonçant qu’également à Las Vegas, une polémique enflait comme un pénis turgescent suite à l’érection d’une statue “réaliste” de Donald Trump (45 ième président des USA depuis 3 longues années de conneries)…
Avec tout le sérieux dont sont capables les américains politiquement et sexuellement obsessionnels qui animaient le site où se trouvait cette new’s, un mini article tentait de rendre un poignant hommage à la cause perdue depuis quelques années de l’Hillaryante Klinton, déchue, illustré de photos d’une statue caricaturale de Donald Trump devant le fameux panneau “Las Végas-Welcome”, illustrations qui servaient “d’accroches” cœurs…
Trump s’était hissé vers la fonction présidentielle avec son argent provenant de ses coups tordus…, tandis que l’Hillaryante Klinton avait tenté d’y arriver avec les milliards de l’Arabie Saoudite, du Quatar et du “système” qui avait mis les Buch’s au pouvoir, suppôts du Nouvel-Ordre-Mondial et co-responsables de la gigantesque catastrophe financière planétaire, aux profits de quelques-uns…
Les donneurs de leçons ne se doutaient pas que la population, qui croyait pouvoir enfin “chier sur les merdias” et leurs sondages manipulateurs au plus profond des couches (culottes) sociales…, en affichant un ras-le-bol de se faire baiser (“enculer” est évidement plus imagé), en utilisant la seule arme légale encore à sa disposition : VOTER…, allait en réalité être victime de l’absurdité d’un système pour lequel les putes appelaient à voter pour la plus grande de toutes…
Voter, c’est ce qui avait été mis à mal en Franchouille par l’infâme Sarko 1er qui avait fait revoter en cercle fermé la perte d’identité Française dans l’intégration à l’Europe, alors (ou plutôt parce…) que la France avait voté majoritairement NON à cette Europe dictatoriale…, s’en est suivi une multitude de saloperies, jusqu’au massacre de la Libye et les grandes “actions” illégales en Syrie…, action = réaction, on en a eu en retour l’immigration et les attentats du désespoir sans doute manipulés…, je passe…, fatigué de l’inertie de la populace qui s’est laissé (jusqu’à présent) manœuvrer par les merdias (les mêmes “aux ordres” qui prédisaient la victoire éclatante de l’Hillaryante klingon (une touche d’humour noir en rapport avec la Saga “Stars Wars” qui raconte la domination de l’étoile noire) !
J’ai regardé plus avant une des photos légendée qui affirmait que le Sema Show allait s’enorgueillir de la venue de Mister Jeep-Hauk, créateur de trucs un peu crades, rouillés, déglingués, sur lesquels personne qui zieute comme moi, ne peut avoir assez de recul pour juger de la pertinence des commentaires qui ne sont d’ailleurs pas subtils, car complètement et volontairement décontextualisés (ils s’adressent majoritairement à des abrutis, ce qui n’est pas une excuse juridiquement admissible) !
C’est pas facile voire impossible pour un beauf lambda Franchouille de comprendre “de quoi il s’agit que le Sema Show”…, mais, j’ai eu une illumination : grâce à un reportage fumant que je me devais de réaliser (il me suffirait d’y aller une semaine), les internautes qui me lisent chaque jour avec avidité, comprendraient l’immensité abyssale de la Kulture automobile américaine dans tout ce qu’elle de pire dans le meilleur…
Le culte des gros-nichons (Les seins, du latin sinus [courbure, sinuosité, pli] sont les mamelles de la femme, organe pair contenant une glande mammaire qui sécrète du lait et permet l’allaitement des nouveau-nés et nourrissons. Le terme “la poitrine” désigne les deux seins. Le sein existe également sous forme atrophiée chez l’homme)…., le culte des gros seins, donc, c’est dans l’air du temps, au pays de l’Oncle Sam (maintenant d’Oncle Donald), ou surnagent toutes les absurdités volatiles qui saturent les cerveaux, parce qu’on les matraque en boucle…, rassurez-vous…, votre mémoire immédiate aura fait le tri dans pas longtemps.
Tout comme avec les gros tétés qui ne sont que des appâts destinés à attirer les mâles en rut pour leur vider leurs bourses (leur faire acheter tout et n’importe quoi comme au Séma Show… ou “spermettre” la contrepartie d’un ramonage de la “cramouille”…, moyen quasi infaillible pour les femelles de s’assurer d’un avenir pouvant contrer financièrement les effets de la pesanteur et du rabougrissement inéluctable : chantage aux hommes mariés ou rente alimentaire si fécondation, c’est légal puisque ça aide à la perpétuation de l’espèce humaine)…, ça fait longtemps qu’on nous ramone la turbine à beurrer l’encéphale avec les ricains et “le rêve américain”…
Politiquement ils ont fini par le faire, leur truc de ricains…, exactement comme toutes les autres fois…, on est la première puissance bancale et “bankable” ou on l’est pas…, à ce sujet “On” m’a dit l’autre jour : “C’est une question de point de vue”…, ce à quoi j’ai répondu : “Pas vraiment, la pandémie ce n’est pas un point de vue, c’est un problème. Mais dans le fond, on n’a pas beaucoup mieux à se souhaiter chez nous, les franchouillards, l’époque est à la pensée totalitaire, sécuritaire, adultère, mise en bière. On est toujours un peu en retard chez nous, faut le temps que les cheeses passent la frontière”...
J’imagine qu’avec le TAFTA cela aurait “tété” plus simple pour aseptiser la réflexion au reste du monde…, même si on s’y démerde déjà très bien…, mais Trump n’a toujours pas l’air d’en vouloir du bordel échangiste, il préfère le charbon au foie gras et le pétrole au jus de sureau…, il ne faut toutefois pas trop s’exciter en anxiété, il ne fait pas la moitié de ce qu’il avait dit durant sa campagne, il fallait faire rêver l’électeur, jusqu’à bien profond pour gagner des sièges…, chez nous aussi…, le Brexit fonctionne pour les Angliches qui rêvaient de sortir de ce “glomérat” de suppôts de Satan que sont tout les pays de l’Europe…
Je vous cause de ça, moi qui coule paisiblement des jours heureux plein sud, vue mer et quasi en montagne au milieu d’une forêt…, moi je veux juste la paix avec mon Cocker Blacky, qu’on ne nous fasse pas c…, qu’on ne m’oblige pas à m’intéresser à “ceusses” qui ne défendent pas les miens, qu’on me laisse cramer mes branches si je veux.
Les ailes d’un papillon n’en n’ont à rien à branler de ce qu’elles produisent à l’autre bout de la terre…, il s’en fout le papillon, il a “à peine” la journée pour découvrir la mort…., c’est sûrement pour ça qu’il n’est pas une espèce en voie de disparition, vu le charnier général…, d’ailleurs c’est la panique sur toute la planète, à ce rythme là il y aura bientôt plus de chasseurs que de sangliers qui se baladeront autour de chez moi…, faut repérer la mousse, ils viennent forcément de là les chasseurs, je vais changer la mousse de place, ça va inverser les questions sans réponses…, pas de questions, pas de réponses, à sale air égal, pro portion gardée…
De toute façon les droits fondamentaux c’est une légende urbaine…, si ça se trouve on vit sur un bout de PQ qui se prend pour Sisyphe, et on se plaint d’avoir les doigts sales, putain de merde, quoi !
Les riches ne vivent pas dans la même dimension de la planète que “ceusses” qui ne sont pas riches, pareil pour les pauvres et les entre-deux…, tout roule pour tout le monde du moment que les gens n’ont rien à subir indirectement de trop grave…, c’est presque comme pour les Aliens des autres dimensions !
Comment peut-on reprocher aux grands pontes de ne pas connaître le prix de la vie qu’on mène, alors que la majorité d’entre nous voudrait bien vivre la leur ?
Non je ne parle pas des minorités, les minorités seront toujours à leur place de minoritaires, à souffrir sans rêver…, un peuple uni, qui s’accepte et se tolère dans l’indifférence de ses différences…, mais évidemment, on est trop nombreux pour avoir l’avantage…
Oh et puis de toutes façons pourquoi je m’évertue à vous papoter tout ça ?
S’il y’a bien un truc qui me fait c… c’est l’apitoiement… et l’empathie c’est un truc de pauvre ça…
Amen, Touti quanti et Tralala…
J’en reviens (enfin) aux étranges Jeep’s du Sema Show entrevues sur un site Yankee…
Première réaction mentale : “On me l’aurait prédit, je ne l’aurais pas cru”…, quand vous avez vécu des moments comme celui-là, vous pouvez crever tranquille.
Pourtant j’étais toujours là, dans mon canapé bleu lavande… et heureusement, parce que j’ai pensé que ce n’était pas très important.
C’est dans ce contexte que Claire (une voisine) et son brushing (un thermobrossage de folie) entrent en jeu.
Faut dire que, sexuellement, son brushing est une invitation à ce que je porte un de mes costards à deux milles euros pièce, quand je reste en training toute la journée…, au lit, costards et brushing ne servent à rien.
La Bentley c’est différent parce que j’ai un fond de nostalgie, elle fait partie d’une autre époque de ma vie, ou, le soir, j’aimais bien descendre au garage de mon loft pour boire un cocktail au milieu de mes chéries…, par contre, ou elles étaient (dans le nord “arctique”), c’est complètement abruti : il y pleut un jour sur trois là-haut et j’ai préféré passer le reste de mon temps de vie dans le sud…, décidant que ça allait être mon occupation première, ma charge envers l’humanité : pourvu qu’il ne s’y passe rien, sauf quelques choses de temps en temps, mais pas trop jouer au reporter du dimanche en écrivant mes impressions… lumineuses.
Tout reportage opère chez moi un déclic irrémédiable : la folie totale m’atteint de plein fouet, c’est une drôle d’impression, je ne sais pas, j’essaye de vous trouver une comparaison qui vous siérait, bon, disons : comme si vous étiez téléporté brutalement de votre salon à un stand de tir avec quinze types en face qui viennent d’épauler leurs FAMAS…, mais vous savez qu’aucun fusil n’est chargé…, alors que tous les autres le croient.
En gros…
Un vol pour les USA ne s’improvise pas, principalement lorsque le passager potentiel est à moitié bourré, tout fier d’avoir enfin un cap à appliquer à son existence et qu’il s’aperçoit soudainement qu’une valise serait un achat judicieux afin de mener à bien une telle entreprise…
En revanche, j’avais tout le reste : un ordinateur portable qui allait souffrir mes observations du cru une fois sur place, des chemises hawaïennes genre Raoul Duke et Docteur Gonzo, un passeport presque lisible… et ma tête de sconse qui l’accompagnait, les lunettes de soleil Police pour crier Roxanne évidemment, le bob en jean pour un look beauf total et mon Canon numérique pour immortaliser mes pièces à conviction et autres crabes de terre susceptibles de me renseigner pendant mon enquête.
Autant dire que j’avais la panoplie complète du mec qui allait se faire goinfrer son portefeuille dès le premier jour.
Les hôtesses ont le teint fade aussi bien en vols internationaux que locaux, je vous épargne les considérations météorologiques mais l’une d’elle perturba ma symbiose environnementale par des questions concernant ma destination.
Je lui ai expliqué en détail ce qui m’amenait à prendre un avion de Nice vers Paris afin d’en reprendre un New-York et un autre en suite pour Las Végas…, sans oublier le taxi pour venir à Nice… et la voiture de location pour me rendre au Sema-show puis vers je ne sais ou se trouvait le propriétaire des Jeep’s spéciales, afin d’en faire un commentaire et des photos… (à cet instant, je n’avais pas mesuré que ce serait pareil pour le retour…, ça fait loin pour un reportage, de plus il m’avait fallu mettre mon Blacky adoré en pension pour une semaine…, triste, j’avais hésité)…
Puis on a parlé de notre amour des chiens (et chiennes, mais c’est un terrain scabreux pour les double-sens), des enfants, de la famine dans le monde, des épidémies, de mon rôle capital dans tout ce merdier et autres stupidités.
Elle fut ravie et me ficha la paix, mais en sortant de l’avion à Paris, j’ai vu de la méchanceté dans son regard, un demi-millier de kilomètres et mes double-sens sexuels , ainsi qu’une proposition de nous rendre dans les toilettes pour jouer à “touche-pipi” l’avait rendue agressive.
L’accueil a été chaleureux, à mon arrivée à Charles de Gaulle : les portes automatiques du hall honorèrent ma présence en devenant manuelles…. et après un bref regard de reconnaissance, je pénétrais dans l’enceinte, notais le départ prévu et engageais la conversation avec un Times posé négligemment sur un banc de la salle de transit.
Ecrit dans un anglais irréprochable, je ne saisis que peu de choses de son monologue pourtant très développé mais néanmoins entrecoupé de parenthèses commerciales hors de propos…, désemparé par son excentrisme, l’appel des voyageurs au micro me sauva de ce mauvais pas…
Dans l’avion pour New-York, les cacahuètes étaient trop salées, la vodka minimaliste, l’atmosphère tiède, les chariots trop larges et les couloirs trop étroits : même en Business, pas moyen d’être considéré avec déférence…, je suis allé vomir (sans me faire repérer) dans la cafetière du personnel de vol pour marquer mon insatisfaction.
La lecture de mes instructions confidentielles de mission, incarnées par la marche à suivre en cas d’amerrissage forcé, m’arracha un sourire de contentement : il y aurait de l’action.
Ma boîte de cure-dents était passée sans encombre au contrôle pré-embarquement et je profitai de cette aubaine pour arracher quelques morceaux de tissus du siège (le C-08) à l’aide de ceux-ci.
Mon voisin de gauche, finit par remarquer mon petit manège et appela du secours : je fis mine de me gratter le bras avec la pointe en bois mais il témoigna de façon circonstanciée…, on me confisqua l’étui et les armes de destruction massive…, mais dès que nous fûmes de nouveau seuls, je sortis violemment celui que je camouflais encore malicieusement dans ma bouche et l’agitai sous le nez du sinistre délateur…, il secoua la tête d’un air de mépris et changea de place : ma victoire était incontestable.
A mon hublot, il y eu une moyenne de huit nuages à la minute pendant la première heure…, par la suite, j’ignore ce qu’il se passa, trop occupé que j’étais à guetter l’ouverture des toboggans jaunes.
A mi-chemin, je décidai d’interroger le pilote sur le moment qu’il allait juger adéquat pour sonner l’heure de la baignade…, mais on m’en interdit fermement… et par “on”, je veux bien sûr évoquer les mêmes bouffons qui m’avaient déjà démuni de mes carreaux d’arbalète miniaturisés.
En infériorité numérique, je me suis replié stratégiquement dans le but de fomenter un plan secondaire qui me permettrait de communiquer avec le directeur du bâtiment volant…, j’ai bien envisagé de contourner l’obstacle par l’extérieur mais l’aile me sembla glissante…, je résolu de confier mon appareil photo à une hôtesse afin de réaliser une photo du poste de pilotage…
Suite à cette deuxième victoire, les voleurs de cure-dents m’ont offert du champagne et je suis arrivé à New-York en faisant des bulles.
Cela leur a évité de me faire comprendre qu’il n’y aurait pas de toboggan cette fois-ci…, j’étais contrarié et puis j’ai dormi en rêvant des Jeep’s du Sema Show…
Concentré sur les sons et les vibrations que je percevais, je gardais les yeux fermés pour surprendre mes adversaires ; j’avais bien saisi qu’ils ne m’aimaient pas à cause du coup de la cafetière et je comptais bien leur échapper.
Dès que l’hôtesse a ouvert la porte, j’ai bondi en avant vers la lumière.
J’ai exécuté une roulade arrière jambes écartées dans le tunnel en accordéon par pure provocation et je suis parvenu dans le hall.
Après, facile : je me suis fondu dans le flot humain en faisant semblant de marcher normalement…, je me suis d’ailleurs arrêté pour regarder les publicités sur les panneaux en trigones changeants, pour plus de crédibilité, mais à un moment donné ça m’a vraiment intéressé : une compagnie aérienne proposait des destinations vraiment accessibles financièrement.
Ma correspondance était dans une heure quarante et les sinistres délateurs/voleurs l’ignoraient : ils me chercheraient dehors, pensant que je cavale comme un fou…, alors que non : j’étais à cinquante mètres de la sortie du tunnel où j’avais fait de la GRS, dans un tabac/journaux duty free…, j’ai pété en lisant un journal espagnol quand ils sont passés devant en disant n’importe quoi dans leurs talkies-walkies juste pour faire les malinois (des petits bergers belges à poils courts fauves).
Le deuxième vol fut catastrophique : pas de Business, contraint de me mélanger en Première Classe…, j’étais mal à l’aise.
L’un des nantis voyageant en “première” lui-aussi, allait peut-être s’exprimer dans un dialecte barbare en se frottant le torse, je n’en savais rien…, je gardais mon cure-dents à portée de main.
Je me suis éclipsé quelques minutes après le décollage pour dessiner des myriapodes au savon sur la glace des toilettes…, j’ai pris une photo avec mon crabe de terre numérique et je suis revenu à ma place, comme si de rien n’était et rien n’était, donc j’étais serein.
Ma demande pourtant légitime de visionnage cinématographique fut rejetée…, en conséquence, j’ai effectué un mime de deux minutes au milieu du courant pour divertir les passagers…, une interprétation énergique et toute en allégories des rituels amoureux chez les nénuphars qui eut un succès controversé, mais qui ne l’est pas de nos jours…
Avant que le biréacteur n’accentue sa descente vers Las Vegas, j’avais déjà réussi à maintenir sept flacons de cocktails de cinq centilitres dans une configuration pyramidale de surélévation délibérée, tour de Babel qui fut rapidement détruite par une manœuvre très orthodoxe de l’iconoclaste pilote.
Cela m’était égal en un sens, je me savais capable de faire largement mieux.
Suite à l’atterrissage que je n’applaudis pas, je m’extirpai de cet appareil saugrenu en glissant à l’oreille du pope qui se tenait justement là : “Sur un Paris-Belgrade, j’ai réussi avec douze, alors vous savez”…
Il saisit parfaitement mon allusion et m’adressa un sourire complice auquel je répondis par une flexion du genou droit : j’avais mis tout le monde d’accord et mon statut était respecté, voilà qui était sain.
Je me dirigeai prestement en direction du hall de récupération des valises en marchant uniquement sur les carreaux en diagonale du tapis, puisque exercer une pression sur deux carrés consécutifs en droite ligne aurait pu me donner mauvaise réputation… et je tenais à effectuer mes recherches sur ce territoire étranger incognito…, il était environ dix-huit heures, heure locale, quand j’ai sauté à pieds joints sur le tapis déroulant en évitant les sacs qui fonçaient sur moi.
J’aperçus ma valise qui déboulait juste derrière un Quechua et un gros Vuitton…, c’est grâce à un pas chassé et à une rotation jetée que je pus me saisir de mon bien.
De retour sur la terre ferme, personne parmi les autres passagers ne crut bon de me féliciter pour ma prouesse athlétique : des envieux/grincheux, encore…
Je hélai un véhicule de transport tarifé en émergeant à l’extérieur de l’aéroport ; le taux d’humidité était inconcevable : une bite de nègre kilimandjaresque aurait ramolli en moins d’une minute…, la reproduction locale était un mystère de plus dans ces conditions…, décidément, cette contrée ne recelait que ça.
L’indigène au volant d’une Chevrolet Malibu me conduisit au cinq étoiles le plus proche du Sema Show sans poser la moindre question…, décevant parce que j’avais une histoire à la con très bien construite à lui sortir.
Arrivé au Graycliff Deluxe, ma Samsonite fut prise en charge et on me convia à une désaltération de bienvenue.
Le bar de l’hôtel était rempli de sinistres délateurs et de bonnes grosses putes locales à qui on avait mis des tailleurs Chanel…, néanmoins, la mentalité me plaisait…, je commandai un grand Wild Turkey pour marquer ma dissociation éthylique : client mais pas pigeon, je ne bois que du bon…, nouvelle devise.
Un coup de Platinium et ma suite était devenue ‘fin prête’…, avant ça, elle était ‘en préparation’ : “Monsieur, veuillez nous excuser pour ce désagrément”…, ce qui n’est pas une qualification correcte pour une chambre.
Je suivis le groom qui poussait son chariot doré jusque dans l’ascenseur et je profitai de l’occasion, afin de tester ses capacités à faire autre chose que porter un uniforme absurde, en lui demandant l’origine sémantique anglo-saxonne du terme francophone par déformation ‘liftier’ puisqu’il occupait selon toute apparence ce poste.
Le “Désolé, je l’ignore Monsieur” m’outra profondément…, la réponse était d’ailleurs d’une simplicité absolue et je fus consterné par son inaptitude.
Pris de panique, je frottai frénétiquement ma Platinium sur son crâne mais cela ne changea en rien son discours.., il n’y avait rien à faire : il s’habillerait en rouge toute sa vie : “Ce prototype ne fonctionne pas, mieux vaut ne pas lui adresser la parole, il pourrait m’électrocuter, vil comme il est”…
Ma suite me convînt dès le premier regard mais je sentis que l’incompétent d’ascenseur attendait quelque chose de moi.
Je fis donc rapidement demi-tour pour lui serrer la main tout en lui conseillant d’acheter un dictionnaire dans les vingt-quatre heures…, il sembla mécontent et m’adressa un “Merci Monsieur et bon séjour” qui sonnait comme une machine à coudre en refermant la porte.
Je sentais bien qu’entre nous, un contentieux resterait figé à tout jamais…, tant pis : quand on fait liftier, on doit au moins savoir que ‘lift’ signifie en anglais ‘bateau-mouche’…, sinon, autant faire reporter du dimanche, c’est plus gratifiant.
Ce voyage depuis Nice m’avait exténué, cependant j’avais décidé d’être en pleine forme… et je l’étais…, il me fallait à présent transformer cette suite en centre de commandement afin d’être opérationnel pour ma première journée d’investigation, dès le lendemain matin.
Je découpai soigneusement un rectangle de dessus de lit d’un format soixante/quarante que je placardai avec du ruban adhésif sur la porte donnant accès à mon repaire.
Depuis le couloir, j’observai l’inscription que j’y avais apposée et elle me parut adéquate : “Soyez bref et factuel !”…
Le fait que ce message soit signé ‘Président Gatsby de Chromes&Flammes magazine” produisait une intensité dramatique et un sérieux qui me satisfaisaient pleinement.
Je suis allé sur la terrasse observer le lointain, comme le ferait n’importe quel crétin qui n’a jamais vu d’horizon…, j’ai commandé un sandwich au saumon fumé : ensuite je me suis mis au travail : j’ai déployé ma carte de L.A. sur le lit et j’ai commencé à méditer sur la stratégie à mettre en œuvre pour y voir plus clair dans cette histoire…, je compris qu’il me manquait un élément essentiel avant de pouvoir passer à la phase d’approche : un guide local.
Au room service, ils n’en avaient pas et cette aventure commençait à se corser, c’était peu de le dire…
J’avais donc le temps, d’aller tester le folklore gastronomique de cet établissement douteux…
Le saumon ne me réussissait pas, mon estomac appelait à la vengeance suite aux dernières insultes aériennes en matière d’éléments consommables…, direction le restaurant panoramique, dernier étage ; je jubilais : j’allais pouvoir inaugurer ma grille d’évaluation de voyage préparée pour TripAdvisor.
Je ne vis pas la toque rouge en prenant le cube motorisé : il avait fui sans doute, blessé à mort dans sa fierté de petit canari peint à la main.
A l’entrée de la cantine, on m’agressa de façon cavalière : “Bonsoir Monsieur, et bienvenu au Graycliff’s Circle. Malheureusement, j’ai bien peur que vous ne puissiez entrer avec vos sandales clap-clap…, cependant nous allons vous fournir des chaussures de ville, elles sont très confortables”…
Encore un sinistre, son irrespect méritait une sanction que je lui administrai sur le champ : “Ecoutez, mon petit vieux, je porte le fruit de l’artisanat Tropézien et il vous faudrait une centaine de ces plateaux-repas que je vois défiler là-bas pour en acquérir la moitié d’une paire. Ils sont signés”….
Cet abruti m’a cru et s’est confondu en excuses ; je commençais à apprécier la tournure que prenaient les choses.
Ma table était collée à la baie vitrée évidemment, c’était la seule position acceptable…, sinon autant aller bouffer à la cave.
Quand j’ai rappelé cette évidence au serveur qui voulait me placer en milieu de salle, j’ai discerné chez lui un amusement léger et j’ai trouvé ça admirable parce que ça allait m’éviter de payer trois lascars du centre-ville pour le faire enterrer sous la plage avec trois balles dans le ventre.
Je lui ai préparé un petit pain de la corbeille avec du beurre pour son retour, j’étais sûr que ça le toucherait et puis en fait non…, déçu, j’ai sorti mon HP et ouvert TripAdvisor : dans la colonne Hôtel et à la ligne Accueil j’ai mis 13 pour les pouffiasses, 11 pour le Bar à cause du tabouret trop haut… et 14 concernant la Chambre parce que j’étais bien orienté et qu’il y avait des chaînes pornos sans Pay-TV.
J’ai placé mon curseur sur Restaurant et j’ai profité de l’instant en regardant autour de moi, puissant que j’étais.
Le moment des sentences est arrivé, l’ensablé potentiel les enfilait comme des déclarations de guerre : “Foie gras marbré aux figues et sa farandole de morilles”…, “Langouste Graycliff avec sa rouille maison et ses croûtons à l’ail”…, “Mousseline de grits et de plantain à la Caraïbe”…, “Banquise de tiramisu au nectar de papaye”… et autres absurdités d’orateur d’opérette.
Pour chaque nouvelle introduction, j’applaudissais entre deux prises de notes sur l’ordinateur, j’avais préparé ma contre-attaque pour le dernier service : “Note à trois chiffres et sa coupelle d’argent accompagnées de la friandise chocolatée statutaire”…, j’allais me plaire ici, c’était certain.
J’attaquais la journée suivante sous les meilleurs auspices avec une douche froide, en état d’hyperventilation, ce qui déploya toute ma foi en l’entreprise qui était mienne ; en sortant de ma suite, j’étais monté sur des ressorts et je priais pour ceux qui croiseraient ma route de pèlerin.
Il me fallait agir en reporter appliqué et mon premier acte journalistique sensé fut de grimper à un cocotier du parc afin de vérifier si l’expression était surfaite… et en effet, elle l’était…, ce qui ne réglait pas tout, d’où ma réorientation vers le noyau central de cette ville atypique.
Depuis la veille, je sentais que ma démence devenait dégénérative et qu’en conséquence, un afflux supplémentaire serait bénéfique.
Tout était parti d’une annonce sur un site-web : il me fallait donc un bulletin d’informations diverses rapidement sans quoi cette opération allait tourner au voyage d’agrément…, ce qui n’était pas envisageable.
A la terrasse d’un café, la presse écrite locale fit mon affaire tout en me faisant monter la mayonnaise aux oreilles !
Ca ne se passerait pas comme ça, j’étais sur ce dossier, pas moyen qu’on me coupe la marijuana sous la botte…, les pains ronds avec steack-salade-tomate ne me voleraient pas l’exclusivité, j’avais la priorité et ça allait se savoir…, pour la peine, j’ai repris un lait secoué au cointreau : je n’abdique jamais.
Une rapide consultation du net m’apprit que le show ne débutait que dans deux jours…, j’allais devoir attendre avant de pouvoir enrichir les escrocs et de faire connaissance avec la faune du coin, ce qui me plongea dans une profonde tristesse puisque j’allais encore avoir toutes les difficultés imaginables à combler cet espace-temps.
Je l’ai donc divisé en divers segments répartis comme suit :
– Piscine…
– Relax sur relax…
– Cocktails…
– En cas divers…
– Piscine…
– Relax sur relax…
– Cocktails…
– En cas divers…
Je dois dire que ce fut éprouvant, surtout à cause de « Wendy » que j’avais rencontrée sur place…, mais enfin, elle y parvint (une branlée salutaire, la dernière goutte est la meilleure) et j’y parvint aussi…, ce qui (la faire jouir) sembla la toucher sans l’émouvoir plus que de raison…, ma sortie fut humble et discrète, une heure d’effort pour aboutir à un bref râle…
Deux jours plus tard, je suis allé à la conciergerie du Graycliff, tout en faisant de petits bonds…, j’étais furieux de ne pas encore savoir ou se déroulait le Sema Show…, le standardiste a tout de suite vu qu’il risquait d’être empalé sur une plante verte de l’entrée s’il ne trouvait pas la bonne réponse…, j’ai demandé l’adresse… et il me l’a donnée sagement…, dommage, c’était à 200 mètres de l’hôtel.
En m’y rendant, je suis tombé sur un petit commerce ultranationaliste qui vendait des T-shirts ‘Trump fucks my country, I fuck his’, j’en ai pris trente et je les ai distribués sur le chemin…, j’étais à cinquante mètres du but et il m’en restait encore une bonne vingtaine… alors j’ai cherché des Ford et des Chrysler garées sur le bas-côté et je les ai étalés sur les pare-brises…, j’en ai mis cinq sur moi et avec le dernier, je me suis fait un bandana.
Les vigiles sous les drapeaux n’ont pas bronché quand j’ai escaladé les marches en jouant à la marelle, ils savaient que le combat serait trop inégal…, à l’intérieur, j’ai demandé à parler avec la direction…, il y avait une femme derrière un bureau, sous un énorme macaron en cuivre ‘In God we trust’ : j’ai pensé que ça devait être l’accueil.
Je me suis décalé pour profiter du phénomène d’aspiration et j’ai doublé le cap tel un cyclone en me dirigeant vers les escaliers qui donnaient accès aux locaux administratifs.
En passant devant, j’ai dégainé ma carte du club de badminton en disant : “GatsbyOnline plus Chromes&Flammes magazine, I’ve an appointment with The Big Boss, I’m hurry”…
J’étais tellement fier de ce calembour que je n’ai pas vu le second garde qui me sautait dessus par la poupe : j’avais réussi à gravir une demi-douzaine de marches quand même, ils étaient bien emmerdés maintenant…
La cellule était sommairement équipée…, néanmoins, j’avais vu plusieurs fois ‘Midnight Express’ et ‘Les Evadés’ cela, les sinistres du Far West l’ignoraient totalement…, j’avais seulement besoin d’un taille-pierres et d’une quinzaine d’années pour marcher sur les traces d’Andy Dufresne… et là, je les aurais bien eus.
Mais ces cons n’avaient aucun respect pour le cinéma, ils ont fait venir un avocat français qui est arrivé le lendemain, il était très enthousiaste en plus : “Votre cas est complexe”… qu’il m’a dit…
Je l’ai viré au bout de cinq minutes, il m’ennuyait.
J’ai demandé une avocate avec des gros seins, juste pour faire “patriote américain”…
En moins de quarante-huit heures, j’avais déjà évité les pièges les plus grossiers qu’ils m’avaient tendus…, à mon avis, ça devait les rendre malades et moi, j’étais bien content.
Le troisième jour, on m’a demandé quinze mille cinq cents dollars dans le cadre d’un règlement à l’amiable pour recouvrir la liberté et les caisses de la bannière illuminée : le garde avait porté plainte pour coups et blessures parce que je lui avais mordu le doigt et apparemment, ça s’ajoutait aux délits de tentative d’intrusion dans un bureau directorial sans accréditation et de rébellion envers un fonctionnaire gouvernemental.
J’ai répondu que je n’avais jamais été aussi libre qu’aujourd’hui et que s’ils me présentaient pas au créateur de la Jeep rouillée que j’avais vu sur le site internet en illustration d’un texte pompier…, j’allais vite leur prouver le pouvoir franchouillard.
Ma requête a été ignorée.
Auréolé de toute la gloire que cette saillie comportait, je suis rentré dans ma cellule en regrettant la confiscation de mon crabe de terre : la lucarne offrait un angle de vue exceptionnel, j’aurais pu prendre des clichés surprenants.
L’intérêt d’une cellule se dégrade après quatre-vingt seize heures d’habitat.
Mon constat était sans appel : j’ai payé la somme…, je savais bien que j’allais me faire goinfrer du blé en venant dans ce secteur du monde mais j’avais tenu presque cinq jours tout de même, c’était supérieur de quatre lunes à mes prévisions ; je décidai d’arrêter de me sous-estimer.
Vers dix-sept heures trente, je sortis encadré par deux flics : j’avais marqué les esprits en chantant “On va s’aimer”… de Gilbert Montagné chorégraphie incluse pendant toute l’après-midi, ce qui m’avait permis de gagner une demi-heure sur l’horaire décidé par Washington.
Les adeptes franchouilles de “Rat-Jeep’s” avaient besoin de moi…, ils attendaient la parution de mon article… et on me mettait des perches dans les jantes…, décidément, mes ambitions gênaient en haut lieu, difficile de prétendre le contraire dorénavant…, je devais trouver une planque et partir le plus tôt serait le mieux.
Plusieurs théories se bousculaient dans ma tête : il me fallait partir du principe que tout était possible et réduire le champ des investigations au fur et à mesure.
J’annulai mon séjour au Graycliff et pris une piaule merdique dans le centre-ville : la discrétion était désormais le seul mot d’ordre.
Il n’y avait qu’un français pour contrecarrer le plan fomenté… et ça, c’était très mystérieux.
Je me suis levé d’un coup : à force de méditation, j’avais trouvé la faille dans le système, ce qui mettait du plomb dans l’aile à toute cette machination.
Pile au moment où une vieille Chevrolet klaxonnait en refusant de m’écraser ; une fois debout, j’ai observé mon reflet dans le capot, singé le faciès du poisson-lune à l’adresse du pleutre conducteur et j’ai regagné le trottoir, satisfait d’être parvenu au bout de ma réflexion.
Toute mon attention se portait sur cette Jeep rouillée, alors que tout le monde en franchouille devait s’inquiéter à mon propos, s’excitant pour savoir ce qui avait bien pu se passer pour que je ne donne plus de signal de vie ou de mort (sic !) et c’était justement là que le bât blessait, j’étais le seul Français qui pouvait publier la vérité vraie sur cette Jeep : ça allait swinger dans les salles de bal.
Les solutions les plus simples sont souvent les plus stupides…, jusque-là, j’étais d’accord avec ce principe de base.
Pourquoi autant de mystère autour de cette voiture ?
Toute la question était de savoir quelle était sa nature !
Je suis rentré dans ma nouvelle piaule après être passé au cinéma du coin : on y diffusait un film Mexicain sous-titré en anglais intitulé « Pedro », un chef-d’oeuvre du néo-réalisme avec des effets de caméra très fulgurants.
L’histoire se passait au Mexique, à un moment donné, le personnage central était opposé à un petit vieux qui boitait au cœur d’une joute verbale de haute voltige qui trouva sa relative conclusion dans la saillie terrifiante de l’infirme : « C’est une mauvaise valse, alors arrêtons les arabesques ».
Suite à ça, je n’étais plus en état de suivre le reste et j’ai quitté la salle complètement déboussolé en psalmodiant : « Fuyez le cinéma expérimental et ses hordes impies car voilà revenu des Enfers l’outil du Démon qui, dans sa machiavélique entreprise, tente de nous écarter du droit chemin ; croyez en ma parole »…
Très atteint par la séance, je pris la saine décision de reporter mon voyage au Sema Show au jour suivant… et c’était sans doute là-bas que tout allait se jouer.
J’en étais arrivé à cette déduction pace que j’étais maintenant persuadé qu’un évènement de grande ampleur se préparait dans la zone et depuis si longtemps que cela en devenait indécent…
En regardant la carte, ça devenait clair.
Un détail était frappant, tout de même, non ?
Tout simplement parce que les américains ne pouvaient pas ignorer ce qui se tramait, depuis des décennies, Washington voulait étouffer l’affaire et empêcher un magazine et un site-web franchouille de publier un reportage sur cette Jeep…
Les américains ne reculeraient devant aucun chantage pour éliminer toute tentative et toutes les pressions étaient bonnes.
Sauf que cette fois-ci, Mister Gatsby de Chromes&Flammes était sur le dossier, un cigarillo à la bouche… et ça, ça imposait le respect.
Je m’étais donné une semaine, j’arrivais au sixième jour et la part la plus complexe du boulot était accomplie, quoique finalement, le show fermait le lendemain soir…
Je n’avais plus que quelques heures pour boucler l’affaire et je reprendrais les airs…, mes temps de loisirs avaient jusque-là été fort limités et j’estimais qu’une pause était nécessaire ; après tout, j’avais bien travaillé et m’inscrire à une bamboula locale pour décompresser était le geste lucide de celui qui connaît ses limites.
Je me suis préparé pour un repas-karaoké qui était proposé par un établissement à deux rues de mon hôtel : tant pis pour la discrétion, si les agents du District voulaient me tomber dessus, ils n’avaient qu’à essayer.
J’avais résolu l’ensemble de l’énigme théorique, c’était acquis, la victoire m’appartenait…, irrémédiablement.
La musique allait bon train et je partageais une tablée en compagnie d’un couple d’autrichiens genre ‘Viens enculer ma femme tout à l’heure, histoire que je voie comment tu t’y prends, je te refilerai deux/trois tuyaux’… et d’une célibataire américaine qui semblait avoir fui quelque chose.
Quelque chose comme un ex-mari adepte du ceinturon en observant un peu sa gueule de belette contrite.
La conversation roulait en anglais scolaire autour des palmiers et de la pertinence d’avoir choisi cette destination pour endiguer la folie quotidienne des professions respectives.
L’américaine plaçait un mot par ci, un mot par là, elle ne voulait pas se faire d’amis, juste être loin d’Atlanta et lire du Ken Follett sur la plage sans dragueurs environnementaux.
Autant dire que mon naturel enclin à la facilité m’engageait à me rabattre sur une autricherie nocturne, ce soir-là.
J’avais le sentiment du devoir quasi-accompli, sorte d’invulnérabilité du gars qui sait où il va…, c’est-à-dire au Sema Show le lendemain…, pragmatisme perso.
Les viennois commençaient à me gonfler sévèrement et je me suis dirigé vers la scène pour interpréter une chanson de mon cru, fomentée dans ma chambre crade et que j’avais eu l’audace de nommer ‘Petit berlingot, oh, oh oh !’…, mort bourré à la piñacolada, c’était le pied complet sur l’air de “Oh mon bateau”…
Petit Intrépide, pideuh, pideuh
Tu t’es pris pour l’Atlantide, tideuh, tideuh
A travers les mers, mèreuh, mèreuh
T’as voulu me la faire à l’envers, vereuh, vereuh
Petit berlingot, oh, oh, oh
Tu flottes pas dans l’eau, oh, oh
Mais les pieds par terre, tereuh, tereuh
Je suis un pur reporter, tereuh, tereuh
Etc…
Hans et Petra ont applaudi comme des tarés : j’avais mon ticket depuis deux heures de toute façon.
Clara made in Atlanta a trouvé mon jeu de scène aussi consternant que mes paroles, je l’ai bien noté, mais je m’en foutais : j’avais déjà choisi mon option coup de bite.
Elle n’avait qu’à se branler comme une conne avec son verre de Martini, la pauvre petite chose pantelante, ou se trouver un aborigène qui aimait Ken Follett.
Avec Hans, on a refait le monde avec des carafes de cocktails en supplément pendant que Petra m’appliquait son pied sur les couilles comme une sauvage.
C’était tellement furtif que les verres tressautaient de temps à autre sur la table.
Hilare pour rien et défoncée comme c’était tout à fait permis, elle revendiquait son droit au sexe Rhône-Alpes en climat tropical, la décevoir dans ce contexte revenait à se comporter comme Clara, c’est-à-dire comme un animal en décomposition…, ce que je me refusais à faire puisque j’étais titulaire d’un but dans la vie maintenant.
J’étais prêt à tout : visite du Sema Show, triolisme à la tyrolienne, actes de terrorisme aérien, meurtres en série, records du monde successifs de reportages à la con, n’importe quoi…., n’importe quoi tant que ça me donnait l‘impression d’être vivant.
Et je l’étais.
“Sept milles bornes pour une Jeep rouillée et une autre pleine de rivets… et une viennoise”.
J’aurais dû mettre ça en titre, trop tard…
Elle était pas feignante, la Grosse Petra, elle se battait courageusement mais je moulinais avec un braquet vif et comme pour le silure, il suffit de fatiguer la bête en profitant de ses temps de répit pour ramener au maximum avant le prochain flip.
A un moment, j’ai eu envie de lui encastrer le caméscope quand même…, à Hans la Bedaine…, ben ouais, il se prenait pour Michael Bay avec ses travellings de folie et ses plans-séquences, perché à moitié nu sur la table de nuit.
Et avec les chaussettes s’il vous plaît : ambiance Jubilé royal à Innsbruck un petit matin d’été, il pouvait fumer sous la douche celui-là aussi.
Je l’aimais bien mais pour garder une bonne concentration, l’idéal aurait été qu’il aille filmer les plinthes dans le couloir pour un effet de suggestion maximum mais Hans, la suggestion, ça le faisait pas vibrer.
C’était un homme de terrain et Petra une femme de terroir si je devais prendre en considération le vocabulaire rustique qu’elle employait, à l’oreille on devinait le niveau de langage sans problème.
Bref, je m’en suis sorti comme un prince avant de dégueuler impérialement sur la moquette : «Tu vois, c’est pour ça que je t’avais dit pas à l’orange, le ti-punch, Hans ! Les agrumes, ça m’attaque le système nerveux »…
Ca le dérangeait pas, il a continué son court-métrage en zoomant sur l’île flottante avec grumeaux et puis il a demandé à sa femme de bien écarter ses trous pour fignoler la prise de clôture à l’ancienne.
Tout fier, il m’a expliqué que c’était l’occasion de tester son option flou enchaîné…, il voulait me refiler une copie du film en me l’apportant à hôtel le lendemain ‘to remember this great party’…, je lui ai dit que je ne voulais pas payer d’excédent de bagage et on s’est quitté bons amis.
L’alcool nuisait à ma folie maintenant, je le sentais parfaitement.
Pour être sereinement timbré, et donc vivant, je devais rester clean, le constat était dramatique : j’aimais boire presque autant qu’être fou, il me fallait choisir entre deux, sacrifier l’un pour que l’autre survive.
Je pris la décision d’offrir toutes ses chances à ce qui me permettait de donner un sens à ma vie.
Facilité encore puisque renier l’alcool en pleine gueule de bois revient à mettre un terme à sa carrière de sauteur à la perche quand on est devenu cul-de-jatte.
Je m’attendais à quelque chose de plus typique qu’un bus pour effectuer un trajet à vous dégoûter de tout.
Je me positionnai accroupi en méditant sur les moyens que j’allais pouvoir mettre en œuvre pour résoudre concrètement le mystère.
Il me fallait trouver la Jeep rouillée, c’était la seule manière.
J’avais beau retourner le problème, tous les chemins qu’empruntaient mes stratagèmes mentaux se heurtaient à cela… elle ne pouvait pas être ailleurs qu’au Sema Show, certes elle devait être très bien camouflée mais elle pouvait difficilement passer inaperçue dans le coin.
A partir du moment où on savait chercher avec diverses complicités, c’était une certitude.
Je me suis fait une quinzaine d’amis en trois-quarts d’heure, inquiets qu’ils étaient…, par la suite, un type est venu me dire : « Ce n’est pas à vous de faire ça »….
J’avais remarqué un groupe d’autistes mongols accompagnés par des guides Moulbifs du genre « Les voyages thérapeutiques au Sema Show sont profitables pour les handicapés mentaux ».
Je décidai de m’en prendre un comme assistant de recherche.
Une fois isolé, je l’abordai en bon pirate, ma carte du club de badminton à la main : « Il faut retrouver la Jeep Rouillée que j’ai vue sur un site-web en illustration d’une pub pour le Sema Show, mon gars… et j’ai besoin de toi, tu as le profil »…
Il a commencé à baver sur sa salopette en jean : j’ai pris ça pour un accord tacite…, je l’ai amené jusqu’au centre du show, sachant pertinemment que les types de l’encadrement attendraient que tout le monde soit sorti avant de compter les autistes mongols en quittant l’exposition.
Je me suis mis à courir en tirant le baveux par le bras qui semblait reconnaissant de l’opportunité que je lui offrais : « Baaabou ! Pata pallé ! »…
Ca y est : je recommençais à me marrer, tout n’était pas perdu.
« On va opter pour une traque rapide et efficace : j’ai un avion pour Paris demain à 17h. Je vais devoir faire appel à tes talents de limier. Tu te sens de taille… ? »
Il a souri, le regard pétillant…, cette aventure le comblait de joie, c’était visible : « Kignagna, balo balo BALOOO ! »… m’affirma-t-il.
J’avais choisi le meilleur du lot : les autres chiaient dans leur froc en mettant des claques à tous les êtres humains dans une périphérie de cinq mètres…, celui-là était plus pacifique et surtout coopératif, ce qui était essentiel pour cette mission…, encore une fois, j’avais fait montre de clairvoyance.
Nous nous sommes enfoncés dans la foule : en effectuant des cercles concentriques, on finirait bien par tomber dessus.
Je baptisai mon assistant ‘Ragondin’, la similitude physique comme comportementale était frappante et puis j’aimais bien cet animal.
Au bout d’un kilomètre de marche forcée, il refusa de faire un pas de plus en prétextant : «Fooopikakaaa !»….
Je saisis bien le problème qui le préoccupait et attendis qu’il le résolve de manière autonome ; ce qu’il fit en s’asseyant bêtement à même le sol.
Une fois relevé, je le fis prendre la tête de notre cortège à deux pour évaluer l’ampleur des dégâts fécaux et effectivement, je n’avais jamais vu ça : il était parvenu à un phénomène de dispersion très étonnant, presque artistique…
Je repris le contrôle de nos prospections en estimant l’orientation de notre trajectoire au jugé, ce qui allait fatalement nous perdre mais peut-être aussi nous conduire jusqu’au but.
Une technique contestable mais qui avait l’avantage de me plaire.
De temps à autre, je consultai ma boussole à dix euros ; geste inutile puisque je n’avais pas de points de repère initiaux.
Je finis par la jeter dans un plant de fougères tropicales…, palmiers à la con, plantes à la con, insectes à la con et humidité permanente de soixante-dix pour cent : rien sur notre route n’indiquait la proximité de cette Jeep rouillée, c’était balèze : ils étaient très forts.
Subitement, je me suis accroupi pour me placer à couvert…, le danger était là…, il fallait que mon déplacement soit le plus souple possible, que je me fonde totalement dans la foule.
M’allongeant tel un lynx à l’affût, je slalomais entre les gens…, j’avançais, mon odeur ne me trahirait pas.
Mes appuis étaient flexibles, ma progression sûre.
L’objectif était là : complètement à l’arrêt.
Je repris mon avancée quelques secondes plus tard à travers la masse des gens, abaissant mon centre de gravité autant qu’il était nécessaire.
Mon osmose avec les éléments était telle que je parvins à réduire la distance qui nous séparait jusqu’à deux mètres.
Un yankee m’a dit : « Hello », j’ai répondu de même, lui ai dit que j’étais « French Journalist »…, ce à quoi il a répondu « Waouwww »…
Il s’est absenté quelques instants, est revenu avec une farde de presse dans laquelle figurait un lien menant à son web-site ou se trouvaient des photos “pour illustrer votre article”… qu’il m’a dit !
J’ai dit « Thnaqye youi very moche, itse a pleasure for mi de recevoire a lot of prestigion-us picures and littérature »…, il m’a fait un grand sourire et m’a laissé là…
Je l’ai laissée là aussi…, ça pouvait être n’importe qui, finalement…
Les experts scientifiques pourraient toujours jouer du spectromètre de masse si ça les éclatait, rien ne me liait à cette endroit de merde et à ce débile de Ragondin…, à part le hasard et ma folie.
Mes vêtements étaient des plus communs, mes empreintes ne correspondraient à rien de connu, je n’étais fiché nulle part, aucun antécédent, aucun mobile, pas d’armes, personne ne savait que j’étais venu ici, je ne connaissais pas ma victime, j’étais à sept mille quatre cent trente-deux kilomètres de St-Tropez : « Qu’ils se branlent avec mon ADN sans élément de comparaison… s’ils le trouve un jour »…
Invulnérable.
Intouchable car invisible.
Inconnu.
Irraisonné.
Improbable.
Intraçable…
J’en avais plus rien à foutre.
Par contre, je voulais bien récupérer la copie-film de Hans, j’étais pas contre ‘remember this great party’ finalement…
« Merde, Hans et son putain de film »…
Ca m’avait stoppé dans mon euphorie.
Je relativisais immédiatement sur le chemin du retour : “Et alors ? Ca prouve quoi ? Rien du tout. Au pire des cas, j’étais là”…
Ben ouais, je suis venu en vacances, au Graycliff… et je me suis amusé avec une autrichienne…, quel rapport avec un autiste putréfié sur le tarmac du Sema Show ?
Et puis, de toute manière, Hans n’entendra probablement pas l’info… et même s’il l’entendait, il ne verra jamais le rapport.
Te prends pas la tête, y a aucun rapport de toute manière, ça peut être n’importe qui.
Personne ne saura jamais, c’est évident…
J’ai attendu le bus vers l’aéroport en regardant le groupe de Ragondins qui s’affolait depuis deux heures en parlementassions stériles avec les responsables.
Putain, j’avais l’impression d’avoir passé toute l’après-midi dans la fournaise, je m’attendais presque à voir le soir tomber, mais non : ça avait duré deux heures en tout, et encore pas tout à fait.
Je crevais de soif mais je pouvais contrôler l’impact de la chaleur, calmer les douleurs de mes égratignures multiples par simple concentration.
C’était devenu naturel, j’étais en mode de survie automatique.
Dans une bulle de protection à toute épreuve.
Je me sentais sublimé.
J’ai pris un verre en terrasse, avec un angle de vue direct sur les avions de l’aéroport, dont un allait m’amener à New York, puis un autre à Paris et encore un autre à Nice…, puis prendre un taxi pour St-Tropez…, mais sûrement pas à la raison.
Je comprenais tous ces homicides aux USA maintenant : j’aurais pu faire profiler, je m’étais ouvert l’accès à une dimension qui allait sûrement muter ma perception du monde à vie ; c‘était mon destin, il n’y avait plus aucun doute à ce sujet.
J’étais transfiguré et c’était irréversible ; à cette pensée, j’ai commencé à concevoir mon potentiel, ma définition aux yeux d’autrui, mon rôle ici-bas, mon état intime et ma fonction existentielle : reporter du dimanche pour GatsbyOnline et Chromes&Flammes magazine…