Setsuna-1 et Tryane-2 : L’apocalypse selon Saint-Moi…
Le public croit que les constructeurs automobiles vont définitivement opter pour l’écologie…, mais rien n’est moins sûr et le premier exemple qui vient (ci-dessous) est tout de même frappant.
Au salon automobile de Milan au printemps 2016, Toyota a en effet présenté un modèle en tous points novateur et surprenant : une voiture 100% électrique… et toute en bois !
Baptisé Setsuna (en japonais, “l’instant”), ce modèle était défini comme la voiture anti obsolescence par excellence, équipée d’une horloge graduée sur cent ans, elle avait même vocation à être transmise de génération en génération !
Si le matériau choisi était le bois (du cèdre et du bouleau assemblés sans clou, ni vis), cela ne devait rien au hasard…, le bois est en effet un matériau vivant qui traverse toutes les époques tout en gardant les traces du temps qui passe…, une “particularité” qui avait d’ailleurs inspiré à Toyota de belles photos de présentation, on était très loin des photos-pubs habituelles !
Selon Toyota : “La Setsuna symbolise la façon dont une automobile se transforme progressivement au fil des ans, comme si elle absorbait les aspirations, les souvenirs et les émotions des générations successives d’une famille”…, une description qui avait été accueillie dans une quasi indifférence générale…
Et, si aucune commercialisation n’avait été annoncée (il ne s’agissait que d’une étude de style), je me suis de suite demandé si cet engin préfigurait vraiment la voiture de demain, c’est-à-dire “des véhicules conçus pour durer, construits avec des matériaux écologiques (le bois) et propulsés par une énergie propre (l’électricité)”…, quoique, les constructeurs automobiles n’ont pas l’habitude de travailler juste pour le fun ou pour la gloire…
Je me suis alors cru obligé de fouiller mes archives, me souvenant de la Costin-Nathan construite en bois, en ce compris son châssis…, et d’une autre bizarrerie encore plus étrange, la “Friend Wood’s Tryane-2” qui succédait à la “Friend Wood’s Tryane-1″…
Cette “chose” n’est pas le second exemple de ce que j’explique laborieusement (j’avoue) dans le premier (exemple)…, mais la démonstration (réalisée au péril de ma vie), qu’il est préférable, écologiquement… et surtout pour des questions sécuritaires… de rouler en Rolls-Royce Phantom…
Je m’étais juré de rencontrer Friend Wood, un génial illuminé, citoyen britannique, demeurant dans le Pembrokeshire, exactement dans le micro-village dénommé “Fife”, qui y avait créé une voiture en bois d’arbre (sic !) nommée “Tryane-2” carrosserie, châssis, réservoir d’essence (sic-bis !)…, en fait tout…, sauf le moteur (recyclé d’une Citroën 2CV) ainsi que les trains-roulants (idem 2CV), était en bois.
Tout était prêt selon lui, pour qu’il passe à la postérité en suite d’un essai “international” (par mes bons soins, quoique réalisé avec mon assistant Cocker : Blacky) qui devait démontrer son génie créatif à l’univers entier…, mais Friend Wood a eu un accident avant que l’on puisse immortaliser sa voiture !
Il s’est évertué de la remettre en état, a roulé quelques fois…, le moteur est tombé de manière inexplicable (qui est restée inexpliquée) et laissé sur la route… ou on ne l’a plus jamais retrouvé…
Friend Wood (qui a un nom prédestiné pour construire une voiture en bois) s’est attelé à re-motoriser son bolide forestier, à placer un harnais de course à cinq points dans l’habitacle afin de ne plus subir les mêmes traumatismes crâniens… et a reconstruit les zones endommagées pour remettre sa voiture en état de rouler…, un véhicule vraiment écologiquement durable.
Son processus de re-construction fut identique à celui de la construction d’autant que c’était le même (processus) que celui utilisé pour les bateaux ou les avions en bois…, le résultat étant que pour la “Tryane-2” (un mix entre trois roues et Dyane) c’était vraiment “aéré”…, ce “machin” pesant très peu et la forme aéro n’ayant aucune traînée (ce qui compte-tenu de la faible vitesse que l’engin à du mal à maintenir… n’a aucune autre importance que de remplir les motivations écologiques)…
L’autonomie potentielle avec un seul gallon de carburant était alors (et est toujours) de 140 milles (je vous laisse convertir en cm³ et en distance kilométrique).
Chaque arrêt que Friend Wood devait effectuer pour ses mises-au-point, attirait la foule dont tout un chacun/chacune posait les mêmes 100 questions…., mais comme il était (et est toujours) emporté intellectuellement par son propre génie, il était (et est toujours) inspiré d’y répondre, soulignant qu’il a construit sa voiture au départ de rien d’autre que d’avoir utilisé les mêmes idées que Frank Costin (créateur des voitures Costin-Nathan en bois)…
Le monde a besoin de plus d’amis !
Voici donc mon essai…
Tryane-2 est une “chose” plus qu’une auto en bois fabriquée à la main, sa caractéristique majeure est d’être naturellement susceptible de conflagration…
Friend Wood, m’a décrit la construction de son véhicule :
– “J’ai mesuré les composants 2CV avant de faire quelques dessins à l’échelle 1/5 de la voiture. J’ai ensuite sculpté un modèle à l’échelle similaire d’1/5 pour vérifier les dessins. Une fois satisfait, j’ai tracé les grandes lignes en taille réelle sur deux feuilles de panneaux de bois. À partir de ces lignes, j’ai construit un moule mâle fabriqué à partir de panneaux de particules et de lattes de résineux à la forme de la coquille. Sur ce moule, j’ai agrafé et collé trois couches de placages d’acajou de 1,5 mm, ce processus a pris plus de 600 heures et 20.000 agrafes, qui ont toutes été retirées lorsque la colle était sèche”….
J’ai beaucoup aimé…, vraiment…, la façon il m’a conté tout cela qui ressemblait à l’histoire d’un tailleur de pipe (c’est un double-sens) qui trouve un gros morceau de briar et voit une Porsche Turbo dans les lignes naturelles de son grain !
La première voiture de sport monocoque en bois, la Costin-Nathan, était réalisée en contreplaqué et a été construite il y a plus de 35 ans par Frank Costin…, il y en eu très peu de construite.
L’un des artisans qui a collaboré à leur construction était le fabricant de mobiliers “Applewood”… et Frank Costin a œuvré 2.000 heures en 3 ans pour finaliser la première.
Friend Wood a mis le double de temps… et en finale il a abandonné l’idée d’un moteur de Mini, préférant reprendre le moteur, la boîte de vitesses et la suspension d’une Citroën’s Dyane 6.
Le châssis et la carrosserie ont été conçus de manière aléatoire et empirique… et construits à partir de contreplaqué.
La forme de la carrosserie se voulant être un “sans compromis” efficace (sic !)…, se compose de deux bâtis de base (basiques) qui ont été fabriqués séparément (re-sic !).
La recherche d’un pare-brise convenable ne fut pas simple…, c’est la lunette arrière d’une Saab 96 ayant la courbure souhaitée, qui a pu remplir l’espace prévu… un coup de chance car c’était une installation réalisée inversement de toutes les exigences.
Il y avait plusieurs raisons pour la décision de construire la voiture à partir du bois : il est facile à traiter et offre une résistance élevée avec un faible poids…, de plus, le contreplaqué moderne est insensible aux variations de température, résistant à la corrosion, exempt de fatigue et peut être rendu super-résistant (gag !) par un traitement ciblé contre le feu, l’eau, les moisissures et les “infestations” de vrillettes…
La géométrie du châssis et du train avant correspond en grande partie (sic !) à ceux de la Dyane 6…., quoique si l’empattement est identique, l’extrémité arrière du cadre est plus étroite non pas en cause d’une erreur de calcul irrécupérable… mais parce que l’engin est un 3 roues !
Les côtés du châssis sont constitués de bandes d’épinette-Douglas de 5/8 pouces d’épaisseur…, à gauche et à droite, une couche de contreplaqué du gabon de 3 mm est collée…, les plaques inférieures et supérieures du châssis sont également en contreplaqué du gabon de 3 mm.
Les “tuyaux-de-chauffage” utilisés comme armatures pour attacher les amortisseurs de type “ressorts de stylos” et les amortisseurs quasi fixes (gag !)… sont collés avec de l’époxy…
Afin de répartir la force agissant sur les boulons d’essieu et sur le châssis, des sangles en acier ont été fixées en “enrobage” avec 6 vis chacune en consolidation… sauf que les trous des vis, par erreur, ont été forés légèrement plus grands que les vis, ce qui a été également corrigé avec de l’époxy (selon Friend Wood : “La résine suce environ 2,5 cm dans le bois et distribue la force, qui agit sur les vis, uniformément sur le cadre, et les sangles consolident tout”)….
Le cockpit est conçu comme une monocoque de F1 (selon Friend Wood) : “C’est un châssis monocoque en contreplaqué aussi stable qu’un châssis de camion, mais beaucoup moins cher et plus facile à fabriquer. La majeure partie se compose de 3 couches de 1,5 mm de Kahya, un placage en acajou, qui, comme dans la construction de bateaux, est pliée sur un squelette de bois et collé avec de l’époxy. De cette façon, la coque a été réalisée d’une seule pièce. Après avoir durci la résine, le tronc a été coupé et séparé de la ferrure en bois. Le haut de la carrosserie (pare-brise et toit) a été créé de la même manière. Les portes ont été coupées de la carrosserie finie. Le plancher est parfaitement lisse et fermé. Sous la première sortie d’échappement de section transversale j’ai créé une ouverture pour le refroidissement. Le second échappement se trouve à l’intérieur de la carrosserie. Le capot avant est fixé au cadre avec des charnières de porte de 2CV et peut être facilement enlevé complètement. Le réservoir contient 30 litres et est également constitué de contreplaqué époxy-imprégné. Plusieurs cloisons internes empêchent le ballotement de l’essence dans ce réservoir semi-rigide. Les fenêtres latérales, la lunette arrière et les vitres des phares sont en plexiglas. Les accessoires proviennent de Citroën Ami 8 et GS. Si on retire le plancher dans l’habitacle, on atteint les vis de fixation des amortisseurs avant et la deuxième ligne d’échappement. La roue de secours est située derrière le dossier du siège. Lorsqu’on l’enlève, on a accès aux amortisseurs arrière”…
Conduire la Tryane-2 fut une des mes expériences inoubliables parmi les plus rares…, y entrer exige de l’exercice et d’avoir des articulations très souples…, mais une fois assis, outre qu’on se demande illico comment sortir…, on est coincé jambes tendues…, aucune liberté pour tourner la tête et les coudes…, le volant se manœuvrant avec les pouces et un peu des avant-bras…
Le bruit est apocalyptique, la voiture tremblote, les panneaux de contreplaqué gémissent et craquent…
Grâce au faible poids de seulement 440 Kg, j’ai osé la vitesse facile… et en cette conséquence : la mort… en tentant d’atteindre (sans jamais y arriver) la vitesse hallucinante de 100km/h.
La conduite routière est en effet préoccupante dès 15 km/h… et ne permet pas des vitesses en virage très élevées sous peine d’une mise en précarité sur une des roues avant et l’unique roue arrière, un moment de grâce aérienne… difficilement rattrapable puisqu’on ne sait pas agripper le volant !
Sur les routes sinueuses des vignobles français, conduire une véritable 2CV à 4 roues est “ébouriffant” pour qui a l’habitude d’une Rolls Royce Phantom…, mais avec la Friend Wood Tryane-2, qui n’a que 3 roues…, c’est pire… et lorsque vous voulez freiner… la voiture continue à rouler… pour toujours…, et ne perd qu’une fraction de vitesse insignifiante…, de cette façon, voyager à 80 km/h (plus est impossible) est comme voler sur 3 roues…, il n’y a rien à faire d’autre que prier en écoutant le sifflement doux de la mort qui vous accompagne…
L’inclinaison latérale dans les courbes même à 15 km/h est étonnamment forte…, ceci, en sus de la configuration 3 roues qui rend l’engin instable… était probablement dû au poids de mon chien Blacky qui déplaçait le centre de gravité en sautant en tous sens tout en hurlant à la mort…
Pourquoi hurlait-il à la mort ?
Parce que les chiens ont le sens des réalités, sentent quand le danger est omniprésent… et parce que la ventilation de l’habitacle, qui s’effectue au moyen de petites fenêtres coulissantes dans les fenêtres latérales, et dans des conduits d’air en carton (comme une GT40)… est inexistante…
La cause ?
Sur chaque flanc de carrosserie, en superposition des portes, se trouvent curieusement 2 prises-d’air frais (des schnorkel’s) couplées aux tuyaux alimentant les disques de frein arrières (sic !) avec l’air de refroidissement du ventilateur du moteur (incroyable mais vrai)…, ce dispositif aussi curieux qu’inefficace, passe par l’intérieur des portes (sic !)… et est couplé avec le passage de l’échappement dans l’habitacle (gag !)… ce qui explique les aboiements incessants de mon Cocker Blacky qui suffoquait (comme moi, sauf que, moi, c’était en silence, car je n’aboie pas)… qui a fini par mordre mon bras pour me faire revenir à une certaine conscience…
La surchauffe des freins n’a pas eu lieu… même pendant la longue descente, car ils ne fonctionnaient plus….
Lorsque la voiture fut stationnaire après plus de 5km quasi en chute libre sur une route heureusement déserte…, les portes en bois ne pouvaient plus s’ouvrir et la petitesse des vitrages empêchait de sortir…
De ces faits, l’intérieur sous le soleil a fortement chauffé…. et comme le faible volume d’air dans l’habitacle avait contribué à rendre l’atmosphère irrespirable, je me suis évanoui…, seul Blacky est parvenu à s’échapper par l’ouvrant de la vitre… pour chercher du secours…
Je n’en écrirai pas plus, sauf en présence de mon avocate (fort jolie) lors d’un procès retentissant…
@pluche…