Skoda Vision C : Sensualité balkanique !
Par Marcel PIROTTE
Une nouvelle Skoda, pas de quoi fouetter un chat, pensez-vous ? Et bien détrompez-vous car avec son dernier prototype baptisé Vision C, la filiale tchèque du Groupe VW veut, en effet, ajouter à son image de constructeur “sérieux”, une nouvelle dimension…, celle d’un fabricant qui n’hésite pas à sortir des sentiers battus avec notamment une berline reprenant le design d’un coupé 5 portes…, un mélange de Passat CC, d’Audi A5 Sportback et de Mercedes CLS…, ni plus ni moins !
Que les anciens se souviennent…, dans les années soixante et même vingt ans après…, les Skoda ne brillaient certainement pas par une technologie de pointe, mais, parmi les voitures venant de l’Est, c’étaient pourtant les meilleures.
Les modèles de la série 100 à moteur arrière refroidi par eau, rudimentaires dans leur conception, permettaient en effet de se déplacer sur de longues étapes sans rencontrer trop de problèmes…, mais ils devenaient vraiment trop obsolètes, Skoda ayant, au milieu des années ’80, anticipé le coup avec une traction avant 5 portes dessinée par Bertone et conçue par le bureau d’études Porsche : la Favorit.
Et puis, le Mur de Berlin est tombé, l’Europe a été redessinée, les cartes redistribuées…, du coup, Renault s’est précipité pour racheter Skoda, mais finalement, c’est le groupe VW qui en 1991, va emporter le morceau…, une aubaine pour les Tchèques, mais surtout pour le numéro un allemand qui, après des investissements colossaux, a permis à cette marque de retrouver tout son aura des années trente.
De 200.000 exemplaires en 1990, Skoda est passé l’an dernier à plus de 920.000 voitures produites… et ce n’est pas fini, car en 2018, ce ne sont pas moins de 1,5 millions de véhicules qui chaque année quitteront les usines tchèques, mais également celles installées dans des pays stratégiques comme la Russie, l’Inde et la Chine.
Avec des modèles comme la Fabia et surtout la fameuse Octavia dessinée par un Belge, Dirk Van Braeckel, sans oublier la grande Superb ainsi que les SUV Yeti et Roomster, le constructeur de Mlada Boleslav peut voir venir…, ses modèles venus des Balkans n’ont rien à envier à ceux de Wolfsburg ou d’Ingolstadt.
Tout ce qui ne se voit pas provient de la banque d’organes du groupe VW, la qualité de l’assemblage ainsi que la finition témoignent d’une incroyable montée en puissance au point que sur certains modèles, le terme Premium n’est pas usurpé…, avec comme conséquence qu’au fil des ans, les Skoda, bon marché à leurs débuts, rentrent désormais dans le rang tout en se voulant toujours très compétitives et sérieuses dans leur fabrication.
Après ce préambule, un petit coup d’œil sur cette Vision-C, un prototype fabriqué à un seul exemplaire et que le monde entier a pu découvrir à l’occasion du dernier salon de Genève…, avec sa couleur vert flashy, difficile de passer outre, elle illuminait véritablement tout le stand.
Ce n’est pas la première fois que Skoda présente des prototypes lors de grands salons de l’auto, les concepts-cars Mission-L et Vision-D, avaient pour but de relancer un nouveau langage stylistique dans le chef de Skoda, mais surtout de dévoiler la toute dernière Octavia, le fer de lance de la gamme.
Avec la Vision-C, Skoda sort réellement des sentiers battus, s’émancipe au point d’ajouter une corde supplémentaire à son image de constructeur parfois trop sérieux…, avec cette berline coupé 5 portes…
Le constructeur tchèque veut en effet insérer dans le courant de l’année prochaine (du moins, c’est ce que nous avons pu comprendre à travers le langage codé des dirigeants de Skoda), un tout nouveau modèle se situant entre l’Octavia et la Superb qui elle aussi devrait aussi faire peu neuve, mais en y insérant des éléments stylistiques en provenance de cette Vision-C.
Pour encore mieux nous la faire découvrir sous toutes ses coutures, mais à l’abri des regards indiscrets, Skoda avait invité un panel de journalistes spécialisés, dont votre serviteur pour GatsbyOnline…, avec comme intervenant : Karl Neuhold, responsable du design extérieur qui a bien voulu répondre à (presque) toutes nos questions, mais pas question pour lui, d’en dévoiler un peu trop à propos du futur modèle de série…
Et pour cette mise en scène, que diriez-vous d’un immense hangar vide dans les environs de Mlada Boleslav, le fief de Skoda ?
Selon moi, il pourrait bien accueillir deux gros Airbus A-380 mais qui pour l’heure était seulement occupé par trois voitures : un coupé Monte Carlo du milieu des années trente, une berline Superb de la dernière génération, ainsi que la Vision-C qui, avec sa couleur psychédélique, ne passait pas vraiment inaperçue…, de quoi aussi se rendre compte dans ce hangar qui porte le matricule DC4 (ça ne s’invente pas), que le design a fameusement progressé ces dernières décennies…, tout comme d’ailleurs les matériaux utilisés.
Comparée à une Superb, la Vision-C, plus large, plus basse, donne aussi l’impression d’être beaucoup plus longue, alors qu’en réalité, elle ne dépasse pas 4,66 m, empruntant au passage la nouvelle plate-forme MBQ du Groupe VW qui supporte la structure de l’Audi A3, de la VW Golf VII mais également de la dernière Octavia…, en revanche, ses lignes élancées, étirées au possible, sa forme de coupé 5 portes et son immense calandre entourée par des phares triangulaires (tout comme les feux arrière), tout ce design donc…, contribue à rendre cette berline coupé encore plus dynamique alors que l’immense hayon arrière se voit surmonté dans sa base par un imposant spoiler qui sans aucun doute contribue à obtenir un Cx record de 0,26…, ajoutez à ce tableau, de belles jantes spécifiques de 19 pouces chaussant des enveloppes de 225/40, et nul doute que cette voiture joue dans un tout autre registre, celui de l’élégance et du raffinement.
Et cela se vérifie également à l’intérieur où l’accès aux places arrière impose cependant de se contorsionner…, un coupé 5 portes, ça se mérite…, mais pas de problème de garde au toit même pour les grandes tailles…, quatre sièges baquets très enveloppants accueillent les occupants, intrigués par cette planche de bord vraiment dépouillée, occupée par deux grands écrans à commande tactile… et, outre les compteurs traditionnels, celui devant le conducteur peut se métamorphoser en un système de navigation en trois dimensions, reprenant ainsi l’idée de la dernière Audi TT…, celui disposé au centre permet de commander et de surveiller la mécanique, mais également de surfer sur les derniers systèmes multimédia embarqués.
Comme il s’agit d’une Skoda, petit clin d’œil à la Bohème toute proche avec des commandes tactiles intégrées dans du véritable cristal de Bohème qui sur la voiture de production devrait être remplacé par du faux plastique ayant cependant le même aspect… et que dire également des insignes avant et arrière, illuminés en permanence… et du coffre ayant aussi une contenance giga ?
A l’arrière, les occupants peuvent aussi se faire la main et s’occuper sur de petits écrans multimédia amovibles et intégrés au dos des appuie-tête des sièges avant…, raffinement, on vous l’avait bien dit …
Sympas, les gens de Skoda, on a pu même conduire ce prototype unique qui au bas mot coûte plus d’un million d’Euros…, mais pas question de sortir du hangar, de dépasser 20 km/h et surtout de ne pas brutaliser les commandes, l’ensemble du mobilier ne tenant pas encore très bien en place…, trois petits tours dans le hangar et l’on remballe…, pas question non plus d’attraper une floche ni de gagner un tour gratuit…
Le temps de s’informer et de constater que sous le capot de cette traction avant qui pèse quelque 1200 kg, Skoda a installé un bloc bi-carburation, essence et gaz naturel, le quatre cylindres 1,4 l turbo injection directe TSI livrant ici 110 chevaux tout en étant accouplé pour la circonstance à une boîte DSG 7 rapports.
Trois petits tours de manège…, c’est peu, mais ça permet de se rendre compte que ce moteur s’avère particulièrement silencieux et, selon les ingénieurs, il permet cependant à la voiture de pointer à 214 km/h tout en consommant peu de gaz CNG : 3,4 kg/100 km et peu de rejets : seulement 91 g/CO2, de quoi déjà répondre aux normes antipollution de 2020.
Il va s’en dire que d’autres motorisations turbo essence et diesel viendront compléter la gamme…, mais encore un peu de patience…, n’empêche que ce n’est pas tous les jours que l’on peut découvrir une Skoda tellement différente des autres avec en point d’orgue, un design tout simplement révolutionnaire, du moins pour le constructeur tchèque !
L’histoire automobile : une passion… et comme il y avait sur place, ce très beaucoup Monte Carlo, remarquablement restauré dans son jus…, mon sang n’a fait qu’un tour, je voulais rouler avec…
D’accord…, mais là aussi à l’intérieur du hangar…, un coupé de toute beauté, très aérodynamique, sorte de Bugatti en format réduit caractérisé par sa crête arrière, dérivé de la berline Popular de l’époque, Skoda n’en aurait fabriqué (entre 1936 et 1937), que 72 exemplaires…, dont très peu existent encore aujourd’hui…, mais celui restauré par Skoda vaut de détour !
Son petit moteur quatre cylindres de 1385cc à soupapes latérales, développe 38 chevaux, la transmission aux roues arrière s’effectuant via une boîte trois vitesses utilisant déjà à l’époque, le fameux système Transaxle qu’on connaîtra plus tard chez Alfa et Porsche.
Pourquoi avoir baptisé ce coupé du nom de Monte Carlo ? Tout simplement parce qu’au rallye de Monte Carlo de 1936, la berline Popular était arrivée seconde de sa catégorie…, un exploit pour l’époque.
Imaginez dès lors la joie de retrouver cette belle machine mais également cette frustration de ne pas pouvoir l’emmener sur les petites routes de Bohème.
Ce sera pour une autre occasion…
Marcel Pirotte, pour www.GatsbyOnline.com
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