La guerre est une activité traditionnelle au même titre que le chant, la danse ou les blagues, pratiquée par l’Homme depuis la nuit des temps pour mettre fin à certains désaccords entre différents groupes humains.
Qu’il s’agisse de s’emparer de ressources indispensables au bon fonctionnement de l’un des groupes comme d’eau pour survivre, de pétrole pour faire tourner son économie ou de femmes pour récurer ses slips, voire plus prosaïquement d’étendre son territoire, la guerre peut varier en durée et ampleur en fonction de nombreux critères.
La guerre implique toujours au moins deux entités distinctes, bien que les camps en présence puissent être plus nombreux, comme ce fut le cas lors de la guerre de 7 ans, les deux guerres mondiales, ou la guerre de succession pour le trône de Robert Barathéon.
Mais bon, comme pour tout conflit qui se respecte, tout s’arrête lorsque l’hiver vient.
Le Trekol est un 6X6 fabriqué en Russie motorisé par un 4cyl diesel Hyundai Porter de 83 chevaux…, la puissance semble ridicule mais s’avère largement suffisante pour un usage tout terrain… et pour faire du shopping à Moscou !
L’engin, équipé de pneus surdimensionné à basse pression, à une vitesse maximum de 80 km/h… et va naturellement partout sans endommager les parterres de fleurs… et même les gens s’il venait à l’idée du conducteur de tenter d’écraser quelqu’un…
Il est capable de rouler sur des rondins ou des voies de chemins de fer à pleine vitesse et même sur une ampoule électrique sans la casser, ainsi que sur les pieds voire sur le corps tout entier d’idiots qui se mettraient sous ses roues.
Ses élements : la neige, les milieux marécageux, l’eau (le Trekol flotte)… et faire du shopping à Moscou…
La carrosserie est faite de panneaux en fibre de verre.
Le Trekol accueille 7 personnes et leurs bagages.
Son prix, départ Russie est de 3.300.000 roubles (environ 100.000 dollars)
On distingue deux grands types de conflits…
1- La guerre qui ne passe pas à la télé…
Généralement située dans des pays difficiles à localiser sur une carte, la guerre qui ne passe pas à la télé est généralement violente, avec son lot de réfugiés, de charniers et autres villes en flammes.
Si l’internaute moyen est farouchement pacifiste, il ne s’intéresse guère aux conflits qui ne passent pas à la télé, puisqu’ils ne sont pas très choquants, du coup.
2- La guerre qui passe à la télé…
Sujet de toutes les passions, la guerre qui passe à la télé se doit d’être propre : décalquer le museau de son prochain à la 12.7, d’accord, mais alors pas entre le fromage et le dessert.
Non, parce que sinon, ça coupe l’appétit… et là, le CSA croulera sous les courriers scandalisés puisque tuer des gens, c’est bien normal pourvu que ça n’empêche pas de reprendre du Danette.
Bombarder à l’uranium enrichi, oui, diffuser un type avec un foulard à tête de mort, non.
Plusieurs grands conflits émaillent l’histoire de l’humanité, passons-en revue les principaux…
1– La guerre du feu…
A l’origine déclarée par Grülk Peau-d’élan à Maurice Caribou-Furieux, elle commence lorsque le second refuse de prêter du feu à Grülk qui en réclame pourtant instamment, probablement pour se faire un petit joint.
Afin de signifier son courroux, Grülk s’en va donc déclarer le début du conflit à son ennemi en déféquant devant sa grotte une chose si abominable que la tribu aura de quoi faire des peintures rupestres durant 6 mois sans trop s’inquiéter.
Ce combat de sauvageons en peaux de bêtes aux hurlements gutturaux marquera durablement l’histoire de l’humanité, même si d’après la description des protagonistes et de leurs pratiques, certains historiens débattent encore pour savoir s’il faut la situer en -700 000 en Anatolie ou 2007 au Québec.
2– La guerre de Troie… (telle qu’expliquée par un élève du lycée Maurice Chevalier de Melun)
Tu vois, c’est Ménélas il est chez lui, là, tif-taf, ya c’gros bâtard de Pâris qui vient pécho sa meuf Hélène.
Trop vener’, le gros il appelle tous les zincous et avec sa flotte qu’a grave le swag, il va le pécho dans son ter-ter à Troie tu vois.
Là les mecs ils font ouaiiiis vas-y et tout, comment tu salopes ma plage avec tes galères casse-toi, alors Ménélas il fait appel à Ulysse, que c’est un putain de furet tu vois.
Le mec, il fait hé les gros, v’la un cadeau, il fait un gros bout de shit en bois il cache tout le monde dedans, quand les p’tits ils viennent chercher le morceau, ils l’emmènent direct à l’appart’ de Pâris là les mecs ils sortent, vlan ils les défoncent, la grosse volée, tchaaaa là mon frère, putain, c’est Brad Pitt quoi gros.
A la fin le mec il pisse le sang et tout alors y brûlent sa cave et les gros y rentrent faire la teuf.
Mais Ulysse après son GPS il est grave cutté parce que la baston, il met des plombes à rentrer chez lui, putain quand il revient à Ithaque, mais c’est le Bachelor à la maison quoi, tous les gros ils font la queue pour essayer de pécho sa meuf.
Paf, y re-marave. Après je sais pu, le DVD il a téplan.
3– La guerre de cent ans…
S’étendant sur 116 ans, et ne portant ce nom que parce que les professeurs d’histoire-géo aiment ainsi vérifier que le cours a bien été appris nom d’une pipe, ce conflit implique deux des principaux fléaux de l’humanité : la peste noire et la femme.
Si à l’époque la moindre soirée un peu arrosée à la taverne permettait de se réveiller avec l’un des deux, seuls 50% des malheureux pouvaient bénéficier d’une mort rapide.
Le conflit s’arrêtera heureusement en 1453 lorsque le roi de France imposera à chaque paroisse la mise en place d’un cuisinier formé et dispensé d’impôt, le “franc-cuisinier”.
La bonne nourriture devenant abondante sur le territoire, les Anglais sont obligés de se replier puisque ne la supportant pas et abandonnent donc les derniers territoires occupés pour se replier sur leur île d’origine.
4– Les guerres napoléoniennes…
Longtemps, on accusa la guerre d’être ourdie dans l’ombre par les marchands d’armes soucieux de faire monter leur chiffre d’affaire via le sang des masses prolétaires envoyées s’entretuer.
Les guerres napoléoniennes prouvèrent que cela était faux, puisqu’elles furent principalement organisées par les marchands de chapeaux pour écouler leurs stocks les plus improbables.
Les plus hideux, cependant, furent tout de même une fois encore envoyés à l’Angleterre qui, dans son bon goût habituel, décida d’en équiper les gardes royaux.
5- La première guerre mondiale…
Si l’on en croit les téléfilms de France 2 et les bédés de Tardi, la première guerre mondiale est constituée à 70% de déserteurs anarcho-pacifistes et à 20% de tirailleurs sénégalais (non, la France n’avait aucune autre colonie dont on mérite de parler), le reste étant constituée de sous-officiers fascistes, d’officiers fanatiques et de généraux bourgeois. A ce qu’il parait qu’il y avait des motifs au conflit, mais on en parle pas trop parce que ce n’est pas très très intéressant.
6– La seconde guerre mondiale…
Si l’on en croit les téléfilms de France 2 (mais si, encore !) et les bédés de… d’à peu près tout le monde, la seconde guerre mondiale est constituée à 80% de résistants communistes actifs dès 1940 (ah ?), à 10% de juifs et le reste étant constitué de collabos, de nazis et de figurants qui font du vélo en fumant la pipe.
Comme tout internaute le sait, il aurait bien évidemment été résistant en ce temps là, et ce d’entrée de jeu.
Ah, ça, jamais il n’aurait donné un juif contre du topinambour, ça non !
Il n’est pas comme ça, lui, il fait primer la dignité hum… attendez et contre un iPad ?
Hmm. Raaah. Merde, bon.
Ecoute Shlomo : j’ai besoin d’un plus gros écran pour jouer à Angry Birds si je veux battre mes scores, alors fait un effort aussi.
7– La guerre froide…
En 1945, les Etats-Unis ont besoin de montrer leur puissance à l’URSS pour leur signifier qu’un conflit ouvert ne les mènerait à rien.
Il est donc décidé d’utiliser l’arme atomique sur deux cibles stratégiques : la première Japan Expo, organisée le 6 août 1945 à Hiroshima, puis la seconde, le 9 août, réalisée par les survivants irradiés de la première (mais on ne voit pas trop la différence).
S’ensuit donc une période que l’on appelle guerre froide, durant laquelle bien que la tension soit palpable, personne n’engage le conflit directement de peur de se manger une ogive dans le museau.
On note bien quelques évènements marquants, comme la crise de Cuba, la guerre du Vietnam ou l’invasion de l’Afghanistan, mais chacun sait que ce n’était plus la peine de s’intéresser à ces coins du monde par la suite, puisqu’ils ne passaient plus à la télé.
On y reviendra qu’avec une nouvelle ère…
La guerre moderne…
Si l’on en croit la capacité du premier quidam moderne à se formaliser pour un foulard à tête de mort sur un militaire, c’est que la guerre a bien évolué depuis l’époque où l’on se collait des coups de hache en pierre dans le bidou pour rigoler.
Et en effet : comment se passe un conflit moderne selon ces gens ?
Le pré-conflit…
Avant tout conflit, il y a un motif de conflit.
Celui-ci peut varier, mais dans le cas, les choses se passent à peu près ainsi : d’abord, des gens très méchants (plus ils sont différents, mieux c’est) font quelque chose de vil à l’autre bout du monde, de si vil que même TF1 en parle entre deux reportages sur la neige qui tombe en hiver.
Cela force l’ONU à s’en mêler, qui fait alors ce qu’elle fait de mieux : envoyer un courrier au chef des méchants (dont elle a l’adresse, c’est l’ONU quand même).
Le courrier ressemble en général à cela :
Cher chef des méchants,
Suite à notre assemblée générale du 10 janvier, nous avons constaté que non seulement vous aviez détruit 5 sites protégés par l’UNESCO à la dynamite, rasé trois villes et brûlé deux ethnies, mais en plus vous n’avez pas payé votre cotisation de cette année. Or, je vous rappelle que le mini-bar ne se remplit pas tout seul. Vous êtes donc prié de régler votre cotisation avant le 02 février ou nous devrons prendre de sévères mesures.
Cordialement,
L’ONU
Si malgré ce terrible avertissement, les méchants ne coopèrent pas, l’ONU prend donc de terribles décisions comme annoncé, à savoir, cette fois elle envoie un courrier EN RECOMMANDE…
Cher chef des méchants,
Nous constatons à regrets que non seulement vous n’avez pas tenu compte de notre premier courrier, mais qu’en plus, vous venez de faire fusiller tous les opposants politiques de votre pays. Nous en déduisons donc que soit vous n’avez pas reçu notre courrier, soit nous n’avons pas été assez fermes. Nous espèrons que ce recommandé vous fera revenir dans le droit chemin, puisque nous aurons l’accusé de réception. Mais oui. Aha, on fait moins les malins !
Cordialement,
L’ONU
En général, et si malgré tous ces puissants avertissements (si vous pensez à une exagération, relisez les décisions de l’ONU avant l’invasion de l’Afghanistan), on ne répond pas, l’ONU décide de prendre une ultime décision : elle radiera les méchants de la liste des invités à la prochaine soirée mousse.
De là, un pays peut décider d’intervenir, comme par exemple, la France au Mali…, auquel cas, l’ONU mettra un mot dans son carnet de liaison pour dire qu’elle a l’autorisation de ses parents pour faire la guerre.
Nous entrons donc dans le coeur du conflit.
Le conflit en lui-même…
Suivant l’opinion des utilisateurs de Twitter et de Facebook, la guerre tente de minimiser la violence.
Elle consiste donc tout d’abord en un premier envoi de drônes (rebaptisés “Cupidon”, les précédents “Terminator” et “Bourtaggle” ayant été considérés comme trop agressifs) pour reconnaître le terrain, mais sans violer la vie privée des gens du cru : le survol ne se fait qu’entre 8h et 20h et jamais au-dessus des agglomérations, sauf autorisation préfectorale.
Les cibles potentielles sont repérées grâce à une habile tactique : des tracts en papier biodégradable pour ne pas abîmer la nature sont largués, lestés par une pièce de 1€ (d’où le fait de les larguer hors-agglomération pour ne blesser personne), avec un questionnaire indiquant “Êtes-vous un vilain terroriste ? Oui/Non – biffez la mention inutile“… conçu par les meilleurs experts en guerre psychologique (anciennement pédagogues auprès de l’éducation nationale), le tract est à retourner avec une enveloppe à Palais de l’Elysée – Etat Major du Président, 55 du Faubourg Saint Honoré, 750008 Paris.
La pièce de 1€ sert à trouver un photomaton local pour joindre une photo afin que l’armée sache qui aller trouver.
Une fois les terroristes ainsi recensés, l’armée de Terre est invitée à intervenir.
Chevauchant des chars peints en rose puisque les tenues de camouflage ne sont pas sans rappeler les personnages de jeux vidéos violents… et c’est quand même scandaleux, les militaires sont chargés de se rendre à l’adresse que le terroriste a bien voulu leur retourner.
Sur place, et accompagnés d’un psychologue de la fonction publique, ils demanderont au terroriste pourquoi il est méchant et lui proposeront un stage de réinsertion en horticulture.
Mais attention…, c’est la guerre tout de même : si jamais le terroriste a changé d’avis et refuse de se rendre, l’armée fera alors preuve de tout son savoir faire et le poursuivra où qu’il se terre pour se jeter sur lui et le câliner jusqu’à ce qu’il devienne gentil.
Une licorne sera alors dessinée au pastel sur son front pour le récompenser et signaler aux autres militaires sur place qu’il est désormais un gentil.
Attention : les militaires feront bien attention à ne porter aucun vêtement ou sigle ouvertement hostile : les foulards à tête de mort seront retirés, le sigle de l’armée de terre et son épée sera idéalement remplacé par une main levant le pouce en signe d’amitié, les noms de bataille inscrits sur le côté des chars type “Valmy” ou “Stonne” effacés pour y inscrire “Joli poney” ou “Jument joyeuse“.
Quant aux armes, le débat n’a pas encore été ouvert, mais puisqu’une tête de mort est déjà de trop, j’ose supposer qu’une réflexion est déjà en cours pour remplacer le tout par un sac de riz.
Le conflit durera ainsi jusqu’à ce que tous les terroristes se soient rendus et aient accepté la bonne parole.
Une photo dédicacée de François Hollande pourra éventuellement leur être remise pour les féliciter s’ils ont été particulièrement sympa.
L’armée sera alors appelée à se retirer, de préférence en faisant tracter ses chars par des animaux pour le respect de l’environnement.
Et la victoire sera totale, le tout sans choquer le bon citoyen qui, sur internet, s’insurge d’un bout de tissu avec une tête de mort en plein milieu d’une guerre qui le choque terriblement.
Je vais être bref pour conclure : la guerre, c’est cool !
Non pas à cause de l’imagerie hollywoodienne qui en découle, non.
Certes, nombreux sont ceux qui se laissent enivrer par ces virils combats où les douilles volent au ralenti, où des visages crasseux aux dents malgré tout blanches comme le linge dans un matin d’été échangent des hurlements puissants pour instruire les autres de leur sacrifice à venir alors que les balles sifflent tout autour d’eux, mais au-delà de cette mine à mauvais films testostéronés, certains faits laissent entendre que l’aspect cool est en fait tout bonnement vrai.
Ho, vous trouverez bien quelques hippies et autres babanarchistes pour tenter de vous convaincre du contraire, mais s’ils savaient, ils auraient déjà attrapé un M-16, une grenade ainsi que le premier avion pour le Vietnam afin de retourner livrer dans les rizières une guerre qui sent fort le napalm, l’agent orange (si vous ne connaissez pas, recherchez “Tang“) et le patchouli.
Alors qu’à côté de ça, l’amour… pfou, q uel truc chiant !
Au début, je ne dis pas, c’est sûrement sympa (personnellement, je n’en sais rien, j’ai troqué mon coeur contre une boîte de cigares il y a bien longtemps) : il y a une sorte d’effet de nouveauté, de découverte, d’aventure qui démarre… et puis, tout s’estompe : ce qui faisait la fraîcheur d’hier devient le sujet des critiques d’aujourd’hui, quant à l’aventure, elle se résume désormais à raconter l’incroyable épisode de la pièce de caddie qui avait roulé sous le canapé avant de partir chez Auchan (raconté plusieurs fois à chaque fois qu’un ami passe à la maison).
Aventure épique permettant d’ailleurs de réaliser au moins deux films français tant elle est rocambolesque.
C’est dire.
Ainsi, c’est malgré tout l’amour qui semble au coeur des débats du bon Royaume de France, car une importante question se pose toujours même si la loi est passée : Maintenant qu’on a autoriseé les péd.. les tarl… les gays à se marier entre eux, qu’est-ce qu’on fait de Mylène Farmer ?
Pendant que ce passionnant sujet fait toujours rage, la France continue d’envoyer avions, missiles et soldats bourrer la gueule de malandrins de l’autre côté de la Méditerranée.
Un sujet tellement peu important que non seulement on en parle entre deux portes, mais en plus, la quasi-totalité de la classe politique s’est unie dessus parce qu’il y a des choses sur lesquelles on ne peut que tous être d’accord, au point de ne même pas évoquer le sujet au parlement.
Ici, pas question de débat, de référendum ou d’happening quelconque : tout le monde est d’accord.
Parce que la guerre, c’est comme ça : c’est tellement cool et évident que l’on ne voit pas comment on pourrait seulement en discuter.
Alors que l’amour, bon…
Mais visiblement, ça ne choque pas grand monde, y compris chez les plus grands pacifistes autoproclamés.
C’est fort.
Attention tout de même à ne pas lire ce qui n’a pas été écrit : il ne s’agit pas d’émettre un jugement sur la légitimité de ladite guerre, mais quand même, je ne sais pas vous, mais aller coller des balles sur la gueule d’autres gens, ça parait vaguement intéressant comme sujet, non ?
Du genre : on pourrait au moins s’y intéresser un minimum ?
Mais non : mieux vaut réfléchir à ce qu’il se passe sous les couettes plutôt que sous les bombes, c’est quand même vachement plus sain.
Et sûr !
Gay, sache-le : serais-tu terroriste qu’on s’intéresserait drôlement moins à ton cas.
Mais puisque tu as choisi la zigounette plutôt que la kalachnikov, préféré l’huile de massage au pain de plastic, sache que le parlement, la rue et les médias se déchireront sur ton sujet.
C’est ainsi : tu représentes probablement un danger plus grand, un écart moins humain.
Vous pouvez chercher un petit moment dans vos journaux préférés : l’histoire du Mali, de son pouvoir, de ses dérives, liens financiers, groupes rebelles, vous ne trouverez pas grand chose.
Par contre, un reportage de quatre pages sur un couple gay qui aurait réussi à élever un enfant sans que celui-ci ne se transforme en Landru (mon Dieu ! C’est impossible !), ça vous pourrez en trouver pléthore !
A croire que le slip est plus vendeur que le turban (j’attends avec impatience le premier groupe terroriste qui portera fièrement le slip comme couvre-chef pour attirer l’attention des médias, nul doute qu’il aura un certain panache).
Ainsi va l’actuelle notion de débat : on passera plus de temps à réfléchir sur l’union d’adultes consentants que sur l’éclatage de gueules de personnes qui ne le sont guère.
Ce qui ne veut pas dire qu’un sujet doit en chasser un autre, bien au contraire.
Je me répète, mais dans la notion de débat, il y a une notion particulièrement complexe qui est celle de “débat”.
A savoir qu’il serait possible, lors de certains alignements planétaires, de discuter avec des gens qui ne partageraient pas votre avis.
Et pas seulement pour imposer son opinion, mais pour aussi écouter celle d’autrui !
Mais c’est vrai que ce n’est pas facile, j’en conviens.
Il est toujours beaucoup plus simple de commenter à 152 une photo sur internet pour hurler son opinion avec des gens la partageant : ça donne instantanément un grand sens de la démocratie.
Ce qui signifie par exemple arrêter la guerre de tranchée consistant à considérer l’autre camp comme un conglomérat de sombres rabouins (ouvrez Le Point ou Facebook pour vous convaincre de l’existence massive de pareils arguments, vous verrez, c’est facile, seule la charte change).
Généralement en se convaincant que l’ensemble des gens contre sont de foutus conservateurs passéistes intégristes empêcheurs de tourner en rond et de droite, et bien évidemment fachos et homophobes.
Si un interlocuteur émet des réserves, fussent-elles modérées ou non, face à votre opinion, cela n’en fait pas automatiquement un illustre enculé.
Et la légende raconte qu’il est beaucoup plus difficile de convaincre quelqu’un en l’insultant qu’en discutant.
Là encore, ça ne fait guère avancer le schmilblik, voire pire encore, ça permet à chacun de creuser sa tranchée “Tu m’as traité de gros con obtus ? C’est toi le gros con obtus !” (+ miroir magique + c’est toi l’chat pas l’droit d’retoucher son père et autres arguments cultes qui laissent rêveurs). Ce n’est pas parce que l’on pense que sa cause est juste qu’elle fait automatiquement de vous quelqu’un d’intelligent : nous sommes tous le gros con obtus d’en face de quelqu’un.
Et ça, visiblement, ce n’est pas encore bien passé : le nombre de larrons montés sur rails qui vous expliquent que bien sûr qu’ils sont ouverts contrairement au camp d’en face puisqu’ils ont RAISON, EUX, ça devient assez déraisonnable.
Résultat : 90% des commentateurs s’enferrent à pourrir le débat, résultant dans un clivage constant sur une question où, en toute logique, débattre du bonheur d’autrui devrait se faire dans une relative bonne humeur et intelligence avec, pour objectif, c’est fou : le bonheur d’autrui.
J’en déduis donc, une fois encore, que la guerre, c’est cool.
Ou alors, il va falloir m’expliquer comment jusqu’aux pacifistes autoproclamés, personne n’estime important de parler du sujet quand, dans le même temps, ces derniers ont si peu d’estime pour l’amour qu’ils ne prennent même pas le temps d’en parler intelligemment mais l’invoquent tout de même à cor et à cri.
Et qu’il revient aux connards de sourciller.
Tout se perd.