Spyker : Nulla tenaci invia est via…
Aux persévérants aucune route n’est infranchissable…, telle était la devise latine de la marque Spyker !
Victor R. Mueller, le boss, je l’avais croisé il y a plus d’un an dans un bled du Colorado (USA), il venait rechercher une Spyker destinée à des essais presse et pour des clients (fortunés)…, il avait déjà un air improbable, comme un mort encore vivant, qui sort de nulle part et va vers rien…, perdu dans une masse gazeuse de rêves traumatiques, mélange de mélancolie et d’ambiance sectaire, la voiture qu’il conduisait était une folie pure, un monolithe magnifique, massif et dangereux…, il tentait encore d’éviter des écueils, de corriger des erreurs de jeunesse, oui…, mais il impressionnait en aspirant toutes ses influences, mauvaises…, pour recracher une mélasse d’idées indescriptibles.
Comment définir l’homme et sa marque ? Un terme…, seulement un terme avec une prière aux dieux de la folie : Oh ! Faites qu’il ne souffre pas plus longtemps !
Mais plus grand-chose d’autre durant un an, pas une seule idée estampillée, à part un projet flippant…, alors, quand la faillite a été prononcée, il ne pouvait que se balancer en levant les bras de bonheur, même s’il morflait dur…, quoique, l’homme avait son trésor sans partage, de quoi s’acheter une île Pacifique plus yacht et jet pour s’y rendre !
Mais ne mettons pas la charrue avant les beaufs…, il lui restait (sans le savoir) encore un an de conneries avant que sa marque se pète la gueule…, j’ai été droit au but (avec l’idée d’avoir la voiture pour un essai longue durée), je lui ai dit (sans rire) : Les Spyker sont des putains de chef-d’œuvres… et leur originalité file le vertige…, magnifique…, avec un bruit d’échappement à chialer…, ouais, mec, je suis intéressé d’en acheter une…, peut-être celle-ci, mais il me faut l’essayer…
Aston Martin, Ferrari, Lamborghini ou Porsche me laissaient indifférent depuis longtemps…, Victor R. Mueller m’a dit en me confiant sa bête et sa belle (pour des photos souvenir et me surveiller), que si je rêvais encore d’une beauté hors norme, elle était faite pour moi…
Je l’ai regardé de biais, blasé, mais confiant en un avenir radieux de baises…, il m’a alors lancé :
– Dans ce cas, cette Spyker devrait vous combler, à condition de faire quelques concessions… J’ai fait renaître Spyker de ses cendres et renouer avec les valeurs ayant fait son histoire, vous pouvez vous attendre à découvrir un modèle à nul autre pareil. Mon entreprise a été à la fois avionneur et constructeur automobile, c’est encore plus vrai maintenant. Cette Spyker est exclusive et sportive de haut vol, je lui en a donné les moyens. Son exclusivité, elle la doit à sa ligne. Audacieuse, agressive et un rien voyante, elle lui évite l’anonymat. Si ses mensurations la rendent bestiale à souhait et si sa faible hauteur (1,1 m) évoque d’illustres sportives du siècle passé, ce sont ses détails stylistiques s’inspirant de l’aéronautique qui font chavirer les amateurs. Face avant de chasseur dernier cri, capot arrière doté de persiennes, ouïes de refroidissement latérales en forme de réacteur ou encore jantes en pale d’hélice en sont les exemples les plus marquants. Chaque élément de cette carrosserie est de plus une ode au design. Et seules, les mauvaises langues diront que l’obsession du détail côtoie une certaine extravagance.
En appuyant sur le bouton (sic !) situé au dos du rétroviseur extérieur, (que croyez-vous bande de pervers ?) la porte à ouverture en élytre s’est élevée, m’invitant à découvrir un habitacle sciemment confiné (putain, le nombre de double-sens m’ahurit moi-même)…, le cockpit baignait dans un mélange subtil et harmonieux de (censuré) cuir à damiers et d’aluminium bouchonné…, avec ses contacteurs à loquets, le tableau de bord me renvoyait à une époque révolue tandis que le volant évoquant une barre de navire et l’articulation de boîte apparente, contribuaient au sentiment d’unicité de l’engin…, les sièges en cuir pleine fleur, quant à eux, se révélaient extrêmement confortables, maintenant de manière efficace, mais l’exiguïté générale ne me donnait pas envie de rester longtemps dans cet habitacle étrange.
Si le savoir-faire artisanal frôlait la perfection, l’absence d’un système multimédia et le graphisme peu lisible des différents instruments de bord m’était crispant…, mais bon…, il n’y avait plus qu’à voir si ces choix esthétiques supportaient les prestations dynamiques.
Contact…, le V8 de 4,2 litres, en position centrale arrière, s’est éveillé en lançant un hurlement un rien caverneux…, ses borborygmes étaient réguliers et annonçaient un concert inoubliable…, putain de vacarme…, première, la Spyker a bondit en avant, de suite j’ai su qu’il allait me falloir dompter l’embrayage et m’habituer à passer les rapports avec une certaine poigne…, au fil des kilomètres, n’appréciant que peu les différentes variations de bruits offerts par la ligne d’échappement, j’ai réalisé que la Spyker n’était pas facile à conduire : direction pesante et pédale de frein ne disposant d’aucune assistance…, pour le reste…
J’ai adopté un style décontracté, puis carrément sportif…, le V8 d’origine Audi développant 400 chevaux et délivrant un couple de 489 Nm à 3500 tours, n’était pas avare en sensations dans les registres imposés…, dès les bas-fonds du compte-tours jusqu’à 7.500, il a fait preuve d’une poussée constante, les accélérations étaient franches, mais au-delà de 4.000 tours, elles s’accompagnaient d’envolées musicales assommantes coupant court à toute conversation avec ma passagère…
La belle bête a avalé (censuré)… le 0 à 100 km/h en 4,5 secondes et la vitesse de pointe avoisinait les 270 km/h…, question consommation : 20 l/100 km (avec un réservoir de 80 litres, son autonomie m’a obligé à un arrêt/ravitaillement à chaque station ouverte…, j’ai aussi pesté dans quelques lacets, d’un manque de rigidité (passons, passons) provoquant de nombreuses érections réactions parasites, notamment au niveau de la… direction.
A bord, serré comme dans un costume Armani sur mesure taillé trop petit, perdu dans l’espace, à dériver, alors qu’un vacarme de bruits m’emplissait les tympans…, je craignais la déflagration…, envie d’hurler…, agression sonore…, transe épileptique…, j’étais pourtant toujours en train de planer, car des fantômes prometteurs d’extases (sexuelles) chantaient clairement à l’horizon.
Je voyais les étoiles me foncer dans la gueule pendant que les anges me berçaient… et c’était putain de magnifique…, des voix se mettaient à chanter…, de la folie pure…, je bandais comme un taureau en rut…, mais ça dégonfle vite, tout ne dure qu’un temps… et le silence se faisait, me faisant penser que j’allais basculer dans le vide mortuaire…, un passage sublime, un beau moment vécu au début de cette salope d’année 2014, me prévenant que : “post coïtum, animal tristé”…
Sérieusement, c’est quoi ce truc ahurissant qui file actuellement les larmes aux yeux à n’importe quel cœur de pierre ? C’est pas la Spyker LaViolette, non, c’est la mort, la fin…, toujours…, mais sereine, presque espérée…, l’euthanasie après de longs mois de lutte…, la débandade, quoi !
Cela dit (écrit), “le bel équilibre de la Spyker” s’est avéré mensonger, les suspensions très fermes ne filtrant pas au mieux les inégalités du réseau…, mes lombaires encaissant les chocs (et pas que sur les routes franchement dégradées)…, tandis que des courants d’air étranges, quant à eux, m’ont donné un rhume !
Si certains défauts contribuent au charme d’une antiquité encore roulable, ils mettaient ici, surtout…, en lumière le travail d’artisans ayant pour devise officielle : Nulla tenaci invia est via.
Ma conclusion furibarde est qu’elle m’a presque fracassé la colonne vertébrale… et pourtant, le mélange se tenait à la perfection…, mieux, je décèlais à bord des influences masochistes ahurissantes…, j’aurais toutefois préféré vivre à bord une jouissance plus éthérée, moins étourdissante…, avant de filer dans le gouffre…, j’ai parfois eu tellement peur des érections réactions intempestives, que j’avoue avoir eu envie de me convertir direct. Quelle religion ? Aucune idée, mais croire en un dieu quel qu’il soit, m’a semblé à certains moments vraiment cool.
Avec ma passagère presque nue, tremblante de peur, le vertige était de mise, avec ses hurlements semblant sortir d’un film de kung-fu (des cris d’orgasmes quasi-inhumains), s’ajoutant à l’échappement comme crachant des démons sortant des enfers, j’ai regretté de me trouver dans ce bordel de luxe, contrepied du purgatoire, mâtiné de “i Love You, fuck-me please” pitchés par ma passagère, pour un final oscillant entre une baise sous crack et une tornade folle, c’était usant mais jouissif…
Après avoir vécu de pareilles émotions, il m’a fallu changer d’ambiance (flippante néanmoins), passant par toutes les circonvolutions imaginables, devenant légèrement nauséeuses en pré-finale…, j’aurais du me sentir bien… et pourtant tout tanguait, tout tournait, pour flirter avec l’angoisse totale : Bien heureux sont les meurtris, mais bordel, quelle folie…
Commençant à être vieux (sic !), je suis impressionné par la propension qu’ont certaines jeunettes à tout aspirer pour recracher…, car étant un vieil aventurier bordélique éjaculant (encore) un sperme quasi-musical de mon carcan trop âpre (re-sic !), elles sont trop peu à vouloir encore une post-écoute de salon, de nuit, avec le cœur crevé… et pas seulement en dansant comme des dingues dans un club.
Il y a une richesse hallucinante dans le calme après la tempête, qui efface tous les défauts et (rares) erreurs de jeunesse… et surtout, une puissance émotionnelle folle pour les amants mystiques… et pas le fan-service rassurant qui sert une dance pute finale semblable à une prière fanatique choppée dans un âshram perdu en haut d’une montagne !
Je m’enflamme ? Peut être…, mais j’ai eu le cœur brisé par l’utilisation de la Spyker, comme le cul par un gode multifonction inadéquat…
Y a pas à regretter, c’était une daube pour friqués hystériques…
@ pluche à vous tousses…