1948 Norman Timbs Special Streamliner vs 2018 Buick Speedliner…
2018 !!!! La Californie est en flammes, plusieurs villes ont entièrement brûlé, des centaines de personnes sont décédées… et, dans le sud, l’inarrêtable “Woolsey Fire” assiège Malibu après avoir escaladé la vallée de San Fernando et traversé les montagnes adjacentes de Santa Monica, brûlant, sans ménagement, des parcs et des domaines privés de plusieurs millions de dollars en ce compris plusieurs collections inestimables d’automobiles rarissimes dont celle de Gary et Diane Ceverny qui comprenait un modèle unique au monde : la “1948 Norman Timbs Spécial”. (qui est la vedette de cet article).
La perte de vies et de biens va au-delà de toutes les préoccupations, alors que des milliers de pompiers continuent de combattre les incendies, mais c’est toujours une tragédie de voir l’histoire détruite.
Pasadena et Eagle Rock sont au pied des montagnes de San Gabriel, les touristes à LA qui se contentent de Hollywood ou de Malibu ignorent le plus souvent que Los Angeles est au pied d’une chaîne de montagnes, il faut qu’une journée d’hiver soit particulièrement froide pour qu’on se demande : “Tiens ! C’est quoi cette ligne blanche là au Nord, à l’horizon ?”… c’est la neige couvrant les “San Gabriel Mountains”.
Hier à Pasadena, il n’y avait pas de neige sur le ridge, leur crête : il y faisait pour la première fois de mémoire humaine, 45,6°… la Californie méridionale est depuis toujours sans doute sur la ligne de crête de la catastrophe environnementale : si la côte de San Diego à Ventura (au Nord de Malibu) n’était pas jusqu’à récemment un désert, c’était grâce à l’arrosage que permettait le pompage massif des flots de la rivière Colorado naissante, très loin au Nord… tout cela approche de sa fin, l’exploitation de la nature par l’homme fait que depuis une dizaine d’années les incendies ont cessé d’être des feux de broussailles pour devenir des feux de forêt remontant inexorablement sur la carte… la Californie aimable, vivable, à chaque mois qui passe, elle cesse petit à petit de l’être.
Vous n’avez probablement jamais entendu parler jusqu’à cet instant de Gary et Diane Ceverny un couple de collectionneurs du sud de la Californie qui durant toute leur vie “active” ont amassé au fil des années, une écurie d’automobiles fascinantes : une centaine, qui ont toutes brûlé dans l’incendie de Woolsey…
La crémation de leur collection (photos ci-dessus) a tellement traumatisé les collectionneurs d’automobiles qu’elle a été signalée aux Etats-Unis par différents journaux et magazines ainsi que par toutes les chaines TV… avant même qu’on pleure les centaines de morts !
On a pleuré ceux-ci, APRES les milliers de maisons détruites, après les dizaines de milliers d’animaux disparus et après les automobiles calcinées !
Quoi donc qu’ont perdu Gary et Diane Ceverny ? Une centaine d’autos, dont une Dodge Viper prototype, une rare Chrysler Woodie-Wagon 1950, une dizaine d’Indy-Car d’après-guerre, une demi-douzaine de dragsters tous vainqueurs d’autant d’épreuves, une rarissime Hudson Italia 1953 N°1 sur 26, une Pontiac GTO de 1965 et la Norman Timbs Special 1948, un modèle unique “One-Off homebuilt-streamliner” imaginé par un des ingénieurs ayant créé la fumeuse Tucker’48 !
Personnellement, je serais bien plus traumatisé et malheureux de perdre mon Cocker Blacky brûlé vif dans un incendie causé par un de ces connards de fumeurs inconscients (ou conscients, ce qui est pareil) que mes bagnoles, pourtant “à-la-con”, qui me pourrissent plus la vie qu’elles ne m’apportent de bonheurs débiles…
Mais comme c’est moi seul qui a eu la ridicule idée de passer mon temps libre dans la création de ce www.GatsbyOnline.com dédié en trop grande partie aux bagnoles… j’assume et je ne publie ce qui concerne l’automobile que sous un angle inédit et déjanté/gonzo, grâce à mes expériences vécues dans la douleur !
Pour vous aider à comprendre cette histoire et éviter que vous ne deviez la lire comme laper un brouet de sorcières… il faut revenir à la fin des années 1940, époque ou Norman Timbs cherchait à vraiment faire sa marque sur le monde…. le “talentueux” ingénieur automobile étant le concepteur/constructeur d’une voiture de course Indy 500 surnommée la “Blue Crown Special”… et avait travaillé sur la célèbre Tucker’48… ce qui lui avait donné un gros cou et des chevilles fort gonflées malgré que l’on sache maintenant que la Tucker prototype n’était qu’un bricolage réutilisant une épave !
Mais l’effondrement du rêve de Preston Tucker a laissé à Norman Timbs le temps d’élaborer une sorte de Tucker 2 places ultra sportive qu’il avait toujours eu en tête : une Streamliner audacieuse et “rationalisée”…
L’Histoire (avec un grand “H”) ne connaîtra jamais la signification de cette norme “rationalisée”, un mystère d’autant plus mystérieux (sic !) que le résultat obtenu était totalement débile, quoique suivant jusqu’à l’absurde la théorie de base d’un “véritable” designer (sic !) tel que Raymond Loewy qui préconisait que “La fonction crée la forme”…
Norman Timbs a donc créé avant tout une forme découlant de la fonction (gag !) qu’était une automobile consacrée exclusivement à la vitesse… c’est à dire un objet roulable inutile et inutilisable en dehors des conséquences de son inutilité, mais ayant une forme fluide… qui finalement trouvera avec son dernier (et infortuné) propriétaire : Gary Ceverny, son inutilité ultime en devenant une bête à concours de vanités, principalement au concours d’élégance de Pebble Beach, une manifestation relique d’un autre temps où les hommes étaient prétentieux, les femmes des cruches et où les automobiles étaient un signe de réussite associale…
La nostalgie est un sentiment merveilleux, elle fait revivre à l’homme les meilleurs moments de sa vie avec une petite larmichette au coin de l’œil, alors que, enfoui sous sa carapace bourrue, le cœur de midinette se manifeste alors… tout homme étant un être humain comme un autre, il aime lui aussi se remémorer ses premiers émois, les temps joyeux où il découvrait avec un regard neuf le monde magique du sympathiquement mauvais…
Psychotiquement mutilé devant l’ahurissante bêtise narrative de cette description, la curiosité doit vous pousser à en lire plus, histoire de vous assurer que je n’ai pas pété les plombs… et que je ne vais pas vous servir un brouet textuel sans saveur ni consistance, qu’il vous faudra encore diluer avec beaucoup d’humour pour obtenir le nectar habituel de mes articles déjantés avec lesquels je vous fait chavirer… car ne vivre et n’aspirer qu’à vivre pour participer à un concours d’élégance aussi puissamment ringard, on peut craindre que cette débauche de politiquement-correct cache un trauma puissant…
Pourquoi cette remarque si doucettement empreinte de pathos ? Parce que le concours d’élégance de Pebble-Beach et toutes les manifestations qui y sont liées, partagent un goût certain pour le paraître-passéiste, dans une succession de séquences sans aucune continuité !
Sauf que les voitures présentées explorent quasi toutes un pan d’exploitation commerciale… et ne sont donc pas à ranger parmi les automobiles que des collectionneurs intègres, honnêtes et désintéressés viennent montrer pour le seul plaisir de faire plaisir et rendre service !
Un grand nombre sont “sponsorisées” par des grandes marques de luxe… le concours d’élégance de Pebble-Beach n’a EN EFFET pas été conçu que pour les visiteurs et supposés amoureux des bisseries d’autrefois et autres curiosités antiques viennent gratuitement (comme vous qui me lisez) se masturber les neuronnes, non…
Il y a énormément d’argent en jeu, des millions de dollars bien souvent… aussi bien pour la valeur des voitures, que pour le coût de leur restauration… ce qui implique aussi bien des spéculations basées sur les résultats obtenus (une voiture d’un million de dollars, si elle est gagnante du concours, verra sa valeur multipliée au moins par deux, voire trois)… que sur le travail des carrosseries et mécaniques, qui permettent aux ateliers concernés, de remplir rapidement leurs bons de commande pour l’année !
Sous les sourires et les belles toilettes, se cachent des monstres (et monstresses) prèt(e)s à tout… la folie plus ou moins douce qui imprègne ces automobiles (de même que les puputes qui chassent les pigeons) au charme suranné (sic !) donne une bonne idée de l’esprit qui habite l’ensemble des œuvres sélectionnées… le but avoué étant d’étaler un échantillon de ce que le monde de l’automobile (et de la gent féminine et transsexuelle, ainsi que leurs chapeaux) a pu produire de plus surprenant, désuet voire complètement allumé… le but réel étant de gagner un trophée (un connard lubrique) et des masses de dollars (La passe au Lodge local, pour une heure de conneries est de 1.000 dollars)…
Aussi, même si l’intérêt des véhicules (et des puputes) exposé(e)s est assez inégal, voyons plutôt le bon côté des choses : il y en a pour tous les goûts, et l’ensemble donne envie de voir toutes les pépites, quand bien même leur sur-restauration (lisez : sur-maquillage) ne sont que des reconstructions réalisées à prix d’or par des ateliers spécialisés soigneusement choisis (gag !).
Maintenant, si vous êtes avant tout un puriste du kitsch, un zouave entêté plus qu’un bisseux, Pebble-Beach est également pourvu de solides atouts, sans toujours chercher la rareté oubliée de tous, proposant en effet la crème, que dis-je, la mousse à cappuccino des automobiles extraordinaires (et des dames), en se concentrant notamment sur quelques perles excentriques qu’engendrèrent les années 50’s et 60’s.
Certaines bêtises parmi les plus mémorables sont réunies en un pot-pourri des plus délectables, avec le but avoué et hautement louable de nous faire découvrir ou redécouvrir ces classiques…
En fait, parcourir les manifestations de Pebble-Beach, c’est un peu comme consulter un vieil album de photos et se souvenir d’instants précieux devant telle ou telle automobile en gardant en tête qu’il faut avoir beaucoup d’indulgence devant l’attitude de certains propriétaires d’automobiles, d’une nullité proprement terrassante.
Notez que toutes les manifestations de Pebble Beach, sont d’une naïveté confondante et les règlements tout droit sortis d’un cerveau n’ayant connu de la démocratie qu’une illustration dans un dictionnaire…
Pebble Beach, c’est le style grand balaise gros fumeur de cigares tout-puissant, à même de faire pâlir un dictateur sud-américain… et qui peut organiser ce que bon lui semble… sans toutefois verser dans la caricature du Big-Boss qui torture sexuellement ses petites amies lors de soirées entre amis, assassine ses hommes déméritant voire tente de tuer le shérif en pleine rue…
Tout cela en toute impunité car… vous devinez en finale que les propriétaires des engins exposés sont, pour la plupart sans beaucoup de nuances, des blocs de masculinité triomphante, élevés dans des familles fortunées, biberonnés à l’amour des dollars dès le berceau… et n’ont qu’une seule véritable passion dans la vie : la chasse aux trophées (bagnoles et dames), parcourant le monde pour les collectionner : iI n’est guère de bestioles qu’ils n’aient flingués dans leur existence, humain(e)s y compris… un parcours brillant.
Voilà donc dans quoi sans le savoir en 1948, Norman Timbs s’est fourvoyé pour y déverser la quasi-totalité de ses avoirs financiers, l’équivalent de plus de 100.000 $ de la fin des années’40 (soit l’équivalent de quelques millions de US$ actuels) dans sa vision d’une automobile extraordinaire.
Un génie de façonnage de carrosseries en aluminium, Emil Dient, a réalisé pour lui les “curvaceous-lines” sur un châssis tubulaire personnalisé incluant d’énormes et antiques trains-roulant Ford, le tout motorisé d’un Buick Straight-8 dans une configuration non conventionnelle mi-arrière, capable d’entrainer cette baleine autoroutière à 120 mph !
C’était bien en deçà (c’est-à-dire trop loin) des records de vitesse terrestre des Streamliners allemands des années 1930 qui avaient inspiré Timbs : la 1937 Auto Union Type-C Streamline et surtout la 1937 Mercedes-Benz W25 AVUS Streamline, qui avaient couru le Grand Prix AVUS en 1937….
La presse du coup ne s’est pas investie en articles pour la Streamline de Norman Timbs, c’est qu’elle était à la fois douloureusement belle et incroyablement bizarre, également magnifiquement stupide en son utilité et invraisemblablement incompatible à tout usage… bref inclassable !
Le style Paquebot-Streamliner, est une branche tardive du style Art déco, ce style architectural accentue les formes courbes et incurvées, les longues lignes horizontales et parfois les éléments empruntés à l’univers nautique, comme les balustrades et les hublots, son apogée fut atteint vers 1937.
C’est un mouvement esthétique caractéristique de l’Amérique du Nord des années’30, directement issu de l’aérodynamique et inscrit dans une démarche fonctionnaliste et moderniste annonçant la naissance du consumérisme américain, ce style fut le premier à incorporer les lumières électriques dans les structures architecturales.
2 exemples de Streamnine : 1° Dans la salle à manger des premières classes du Normandie, aménagée entre 1933 et 1935, douze hauts piliers en verre de Lalique et trente-huit colonnes lumineuses illuminaient la salle. 2°L’hôtel Strand Palace (1930), préservé de la démolition par le Victoria and Albert Museum en 1969, a marqué la première utilisation de verre architectural éclairé de l’intérieur… et par la même occasion est aussi l’un des premiers intérieurs style “paquebot” à être entré dans un musée.
Ce style s’est appliqué à des appareils ménagers comme des réveils, des machines à coudre, des petits postes de radio et des aspirateurs, leurs concepteurs profitaient des développements de la science des matériaux, dont l’aluminium ou la bakélite.
Historiquement, aux Etats-Unis, qui furent son berceau, le streamline correspond à la Grande Dépression de 1929, au développement de l’esthétique industrielle et à l’apparition d’une nouvelle profession, celle de designer.
Par sa politique du New deal, le président Franklin Roosevelt avait cherché à relancer la consommation, les nouvelles formes épurées vont alors symboliser le progrès et la reprise économique, leurs lignes d’avant-garde permettant d’envisager l’avenir avec optimisme.
Emprunté à l’aéronautique, le streamline met à l’honneur de nouveaux matériaux comme l’aluminium, la bakélite et les premiers plastiques, qu’il s’agisse d’une modeste perforeuse, d’un plat à rôtir, d’un chauffe-plat à résistance fort astucieux à trois étages, d’une tondeuse à gazon ou d’un récepteur radio, on retrouve les mêmes constantes : les lignes sont galbées, arrondies, oblongues, parfois striées de fines lignes parallèles.
Énoncée un peu à la manière d’un théorème, Norman Bel Geddes, designer américain des années’30, a livré sa définition du streamline : “Un objet est aérodynamique, ou streamline, quand sa surface extérieure est conçue de telle sorte qu’en traversant un fluide comme l’eau ou l’air, il créé le moins de perturbations possibles sous forme de turbulences ou de vides partiels, qui ont tendance à créer une résistance”.
Synonyme d’élégance et de vitesse, le streamline est donc l’enfant du XX siècle.
Le streamline, qui est entré dans les foyers américains par la cuisine et la salle de bain, a rapidement investi tout le reste de l’univers familier, s’identifiant à un nouvel art de vivre… au début des années ’30, les activités de loisir ont connu un essor considérable, sans doute en réaction aux incertitudes de la conjoncture économique et politique.
La danse, le patin à roulettes, le patinage artistique, le golf, le tennis, le bowling et le cyclisme avaient leurs adeptes fervents, prêts à investir dans les équipements de sport les plus aérodynamiques.
Jolis, drôles, gais et colorés, les sèche-cheveux, ventilateurs, vibro-masseurs, batteurs à œufs, auto-cuiseurs et autres presse-agrumes affichaient des formes ludiques, proches de locomotives, d’insectes, ou de petits robots humains.
Les designers qui les ont conçus s’appelaient Raymond Loewy, Donald Deskey, Henry Dreyfuss, Norman Bel Geddes, Walter Dorwin Teague… mais tous, aussi talentueux soient-ils, n’étaient pas toujours d’une grande notoriété, ils partageaient tous la vision d’un monde meilleur dominé par la science et la technique et cherchaient à faire rimer élégance et fonctionnalité.
A la fin du XX siècle, le Streamline a connu un regain de faveur, notamment grâce au post-modernisme et au pop-art.
Dès la fin des années 1950, des artistes anglais et américains vont chercher leur inspiration dans la culture populaire, comme le peintre Roy Lichtenstein tandis qu’en Italie, le design radical des années 1960 va contribuer à desserrer l’étau du mouvement moderniste et préparant ainsi la voie au post-modernisme, rééditant fidèlement les modèles des années’30, ou en revisitant ce style en gardant l’idée de vitesse et de dynamisme, comme en témoignent les œuvres de Jasper Morrison, avec la Thinking man’s chair de 1986… et de Michael Graves avec le Toaster for Target de 2000…
La sculpture automobile de Norman Timbs n’a toutefois strictement rien apporté à son concepteur, ni financièrement, ni en notoriété de l’époque… mais elle était si futuriste, qu’il ne pouvait pas la conduire n’importe où sans que les gens constamment s’arrêtent et la regardent…
C’est arrivé si souvent, qu’il en a eu marre, alors Norman Timbs a décidé de vendre son roadster, il l’a annoncé dans le magazine Road & Track en février 1950 pour 7500 $… et en 1952, la Timbs Special appartenait au capitaine Jim Davis de l’armée de l’air de Manhattan Beach, en Californie.
L’ex-Timbs est apparue dans un épisode télévisé de Buck Rogers, et elle a été stationnée pendant des années au restaurant Halfway House à Saugus, en Californie, où les enfants ont joué et sauté sur sa carrosserie fragile en aluminium… elle a ensuite été stockée à l’extérieur près de la ville d’Antelope Valley de Gorman dans le haut désert de la Californie, et après quelques dizaines d’années elle a été achetée pour 2.000 $ par un studio d’Hollywood pour apparaitre dans le film de Nicolas Cage “Gone in 60 Seconds”.
Puis, elle est retournée dans le terrain vague pourrir au soleil, la Timbs Special méritait un meilleur sort.
Elle a été récupérée pour les mêmes 2.000 $ par le Petersen Automotive Museum qui l’a mise en vente aux enchères chez Barrett-Jackson en 2002… ayant été abandonnée aux éléments, elle était en très mauvais état et c’est Gary Cerveny qui l’a achetée pour 17.200 $.
-“Je ne connaissais pas cette voiture jusqu’à ce que je la voie à la vente aux enchères, elle avait l’air intrigante. Comme elle ne se vendait pas, à la limite de son retrait, j’ai décidé d’enchérir”.
-“Je suis vraiment excité par cette voiture”, avait-il alors déclaré pour se justifier, ajoutant : “J’aime les dessins art-déco européens et ma femme, Diane, est incroyablement excitée à son sujet aussi. Ce sera la pièce maîtresse de notre collection. Sa carrosserie sans portes mêle la classe art-déco au futurisme d’après-guerre, elle a du potentiel”.
Et il l’a restaurée à grands frais et effets… en finale, sa peinture marron dorée, brillait d’une profonde richesse, les milieux sociaux et temporels qui avaient donné naissance à ce “quelque chose” qui ne ressemblait sérieusement à rien d’autre qu’une baleine, la rendaient d’autant plus spéciale…
Gary Ceverny a résumé son attrait pour les voitures spectaculaires avec trois mots simples : “élégance, style, attitude”… les deux premiers proviennent de son penchant pour les automobiles françaises fluides et flamboyantes d’avant-guerre et d’immédiat après-guerre, comme les créations de Saoutchik et Figoni&Falaschi, qui ont créé quelques-unes des formes automobiles les plus gracieuses jamais vues.
Mais comme pour l’autre mot, “attitude”, eh bien c’est du “tout-américain” et il se résume à une position plus agressive visant la puissance nationale du sacro-saint V8 !
-“Je n’ai jamais voulu que restaurer cette voiture soit une entreprise”, m’a révélé Gary Ceverny, ajoutant :
-“Je suis entré en elle comme pour un acte d’amour, c’était quasi sexuel, mais pour les voitures. Avant elle, je vous le révèle, j’étais inemployable, je n’ai d’ailleurs pas de diplômes d’écoles de design accrochées à mes murs. Au lieu de cela, mes références sont les sept “Hall-of-Fame” que j’ai gagné ainsi que de nombreux trophées de divers salons automobiles que j’ai remporté depuis mes débuts sur la scène automobile dans les années 1990″.
Toutefois Gary Ceverny est devenu presque dédaigneux de concourir pour les prix, affirmant sans rire qu’il ne se préoccupait plus la vie avec des trophées, préférant laisser parler son travail par lui-même…
Il est maintenant “Out” depuis que sa maison, ses biens et sa collection d’automobiles ont été calcinées, détruites, réduites en cendre dispersées par le vent… même les milliardaires prétentieux et leurs puputes pétasses virevoltant chaque année à Pebble Beach l’ont oublié !
Glenn McElroy avait essayé d’acheter l’originale “Speedliner Timbs Buick” auprès de Gary et Diane Ceverny (du temps où elle n’avait pas encore brûlé), mais la voiture a malheureusement été totalement détruite dans l’incendie géant de Malibu, en Californie.
Sans se décourager, il a donc décidé de créer sa propre version, surnommée “Speedliner”, avec quelques mises à niveau spéciales, ayant en tête d’en faire une mini entreprise de répliques hors de prix !
-“Je voulais construire cette voiture avec encore plus de puissance et des commodités plus contemporaines, avec une direction assistée et d’autres améliorations, mais la forme de la carrosserie devait être presque identique”.
Cependant, Gary Ceverny l’a convaincu du contraire :
-“Glenn adorait cette forme et voulait la cloner, je lui ai dit que le design m’appartenait puisque j’étais le propriétaire de l’œuvre de Norman Timbs” !
Glenn McElroy a donc recréé la Norman Timbs en chargeant Eric Brockmeyer de recréer la forme du Speedliner légèrement plus longue et plus large.
La Timbs Buick mesurait 17,5 pieds de long sur un empattement de 117 pouces, tandis que la Speedliner mesure 17,64 pieds au total avec un empattement de 120 pouces… légalement c’est donc une création, pas une copie !
Plus notables sont les changements dans la ligne générale.
-“Les ailes de la Buick Timbs originale ressemblent à des montagnes russes, un peu pâteuses et nous voulions des lignes de force donnant l’impression de vitesse. Nous avons également déplacé le poste de pilotage plus loin en arrière et retravaillé l’extrémité avant. Les phares ont été déplacés et le pare-chocs a été éliminé. Et si la nouvelle calandre semble familière, c’est parce qu’elle a été inspirée par un autre concept-car célèbre : la Buick Y-Job. Des ornementations latérales, une conception de jantes plus agressive et un “évent” d’admission derrière le cockpit (une recommandation de Gary Ceverny) donnent à la voiture une ligne plus aboutie. Tout compte fait, ma Speedliner est devenue unique et cool. Du début à la fin, la construction a pris 1 1/2 ans, en fait un peu moins de temps nécessaire que de construire la Timbs Buick”.
La carrosserie a été fabriquée “à la main” par Luc De Ley de Marcel’s Custom Metal, la taille de la voiture, sans portes ou capot pour “briser” les panneaux, a rendu difficile la réalisation de la forme de diverses parties de la carrosserie.
Au fil des ans, cette boutique avait également travaillé pour des sommités telles que Chip Foose, Roy Brizio, Boyd Coddington et Jerry Kugel.
Sous la carrosserie se trouve un châssis Art Morrison, avec deux bras A sur les fuseaux Wilwood à l’avant… tandis qu’un IRS multi-lien avec des montants et des moyeux de Chevy Camaro ont été utilisés à l’arrière.
Le châssis a dû être substantiellement modifié avec l’aide de Steve Wilk pour une configuration mid-engine et aussi pour gérer la façon dont l’extrémité arrière se soulève.
Sous la coque arrière se trouve un V8 Corvette C7 LT4… et Roger Odell, expert en Corvette, a fourni son aide pour accoupler le moteur à une transmission de C5 4L6 relié à un différentiel C6-3,50 avec un contrôleur de transmission MSD.
Le moteur LT4 suralimenté délivre 650 chevaux, en comparaison, la Timbs disposait d’un 8 en ligne 1948 Buick évalué à environ 110 chevaux.
Il n’est donc pas surprenant que Glenn n’hésite pas à souligner que cette voiture est vraiment rapide, il parle d’expérience ici, car il possède également une McLaren et de nombreuses autres voitures exotiques et musclées de haute performance.
Le cockpit est doté d’une sellerie de Ron Mangus, les jauges Dakota Digital sont encastrées dans le tableau de bord épuré… et un panneau du côté passager cache tous les appareils électroniques, comme le système Ron Francis Wiring Bare Bonz relié à une batterie de XS Power Batteries, ce qui les rend plus faciles d’accès que sous le tableau de bord.
Parlant d’accès, l’équipage a également travaillé dur pour s’assurer que toute la mécanique pouvait être entretenue par le dessous, cela comprenait un radiateur DeWitt avec un ventilateur Spal et une pompe à eau 55-gpm de Meziere Enterprises qui empêche la cavitation dans le système… les comparaisons côte à côte avec le Speedliner et la Buick Timbs ne sont tout simplement pas possible maintenant, sauf à partir de photos historiques.
Ne partez pas (encore) au diable vauvert, sans être informé qu’un dénommé Rick Dore s’acoquine avec Glen McEnroy pour fabriquer une petite série de répliques de la nouvelle version de la Timbs Spécial, qui seront vendues à un tarif astronomique…
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