Studebaker “Ice Princess“…
Dans la Kustom-Kulture, il y a des bagnoles dont on voit la progression depuis le commencement, elles sont la résultante de la constitution de bribes d’idées éparses qui sonnent comme une évidence tendant vers la création d’un “Kustom-Car” de folie qui laisse pantois, comme si on était coincé entre la lune et le soleil, là où le temps n’existe plus vraiment !
Le look de cette “Ice Princess” est semblable à celui d’une vieille débauchée vidée de toute âme qui tapine encore dans les ruelles crades d’une mégalopole de cauchemars en proposant un trip de ouf défoncé, drogué…, une cavalcade hallucinatoire parfaite.
Ce qui suit n’est pas vraiment une interview, du moins comme on l’entend habituellement, car personne ne s’est retrouvé autour dans un bordel pour discourir pendant des heures…, en ce sens, les réponses du créateur de la Ice Princess peuvent sembler succinctes, mais il me semblait quand même intéressant de décortiquer cette affaire, histoire d’obtenir quelques clefs d’écritures que je n’aurai pas pu trouver en admirant un coucher de soleil… et puis, l’engin était quand même putain beau, du genre qui arrache et cogne dur sous la ceinture…,c’est tout…
Après avoir pas mal bourlingué dans sa jeunesse, Richard Fletcher l’homme qui a créé et réalisé la “Ice Princess” a échoué quasi naufragé à Phoenix en Février 1979 où il est devenu un fabricant de voitures spéciales destinées au cinéma et aux acteurs… et il s’est mis à construire “des choses”, comme la plus longue la Ferrari F40 du monde, comme la plus grande décapotable du monde (avec un terrain de volley-ball à l’intérieur), et comme une voiture Tour-Eiffel de 12 mètres de haut…, toutes à partir de zéro.
Il fait beaucoup de modelages avec de la mousse et en fusionnant ensemble différents morceaux de voitures…, ses constructions prennent de un à six mois de travail…, depuis 1999, il a construit huit voitures, trois de ces voitures, The Pirate Surfmobile , The Ice Princess et The Gothic Coach, sont exposées au Musée Auto Scottsdale de Phoenix…. mais personne n’en veut, personne n’achète…
Richard Fletcher est considéré comme une espèce de clone de Georges Barris dans le monde de l’automobile, et dans le pays de Oncle Donald Trump, il faut être le meilleur ou crever !
– C’est quoi cet engin ?
– Ce n’est pas un custom du début des sixties, ni une dream car fifties, mais une voiture que j’ai réalisée à la fin des années 1980’s à partir d’une Studebaker 1950 sedan.
– Quelle était l’idée principale ?
– Je suis lunaire, je crée au moment ou la lune est encore visible dans le ciel en plein jour, un moment ou on ne sait plus si c’est le matin qui se lève ou le soir qui se couche, entre le passage des brumes de l’esprit et de la clarté aveuglante du soleil. C’est ainsi que j’ai trouvé l’inspiration au delà de tout ce qu’il était possible d’espérer, c’est incroyable, c’est d’ailleurs cela qui m’a décidé de transformer une Studebaker 1950 Sedan 2 portes.
– Je crois comprendre que votre processus créatif sort un peu de l’ordinaire…
– J’ai découvert une carcasse de Studebaker, j’ai flashé dessus, je savais que j’allais réaliser une grande chose ! J’ai fait avec mon Ice Princess une voiture à mi chemin du style streamlined de la Studebaker et la vision futuriste et aéronautique de certaines dream cars des années 1950’s comme La Buick Lesabre. Dans une première version, je l’ai nommée “The Vampiremobile” pour devenir en 2005 “The Ice Princess”.
– J’ai l’impression qu’il y a une dualité en vous, un coté mélancoliquo-poétique et un coté sado-masochiste !
– Sortir en club BDSM et tout le reste, ça fait vraiment du bien et ça peut vraiment être quelque chose de positif sur un instant, mais la fête s’arrête forcément à un moment ! Créer une œuvre d’art automobile, c’est un processus un peu similaire, très positif, inspirant…, mais il y a toujours dans la création des espaces éphémères, où une légère tristesse peut se glisser… L’essence qui alimente mon moi profond, c’est de parvenir à sortir de moi et me perdre dans la folie. Me défoncer ça m’aide c’est clair, mais ma poésie c’est surtout d’avoir une nana avachie dans un canapé trop grand pour elle et qui se met à danser à poil, les yeux fermés pendant plus d’une heure, rien que pour m’exciter à mort… C’est comme ça que je crée ensuite…, quand tout bascule. Après je ne vais pas te dire tout ce que je fais, mais c’est exactement l’illustration de mon concept.
– Pourquoi réaliser une telle chose si géante ?
– Elle mesure 6,09 m, le moteur est un Cadillac V8 500 cid de 8,3 litres, la vitesse maxi est de 225 km/h… Initialement elle était bien plus longue,j’ai finalement abandonné l’idée d’une 8 roues au dernier moment ! Ca ne rentrait pas vraiment dans la cohérence du tout que j’avais imaginé pour diverses raisons, et on m’a dit que mon Ice Princess aurait tout autant d’impact avec 6 roues. Les caractéristiques essentielles sont le train avant à 4 roues, les 4 phares fuselés, les ailerons d’Imperial surmontant des tuyères de réacteurs dans le style des Cadillac début sixties et bien sûr le double bubble top dans l’esprit de la Lincoln Futura, c’est assez proche de deux cockpit de F4 Phantom jumelés. L’intérieur très Jet âge est complètement dans l’esprit des customs de show du début des sixties avec ses teintes dorées.
– Il y a eu pas mal de réactions vu qu’elle sort un peu de l’ordinaire ?…
– Elle représente un tournant important dans ma vie d’artiste, j’étais dans une situation de vie ou de mort ! J’ai eu pas mal de réaction me disant que la dualité qui s’en dégageait la dépréciait ! Ce sont des analogies, des comparaisons qui se créent dans l’esprit des gens, mais elle restera inchangée quoi qu’il se passe.
– Tout le monde est en droit d’avoir un avis personnel, mais la majorité l’apprécient. Comment cela pourrait être mauvais d’être associé avec le plaisir des yeux ?
– Justement…, faut pas être bloqué, les genres, c’est une notion qui ne veut pas dire grand chose.
– J’ai eu les larmes aux yeux en la découvrant pour la première fois. Pas parce que qu’elle est foncièrement géniale, mais parce que j’ai été renvoyé 40-45 ans en arrière, dans mes années lycées/universitaires, où je passais mon temps à écluser des bières et baiser des filles. Brutalement, tout ça me manque, ces années me manquent, c’est pour ça que j’ai relancé Chromes&Flammes magazine. Quelle farce. En ces années seventies cette Ice Princess aurait été mon rêve, et avec mes premiers Chromes&Flammes j’en aurais fait une chronique importante, 8 pages d’excitation pure. Tellement fou, qu’en la voyant j’ai cru a une blague…, inimaginable, dantesque, incroyable… On devrait en faire le sujet d’un film-vidéo, la zique serait un mel-pot de chants désabusés, façon hymne de stade cafardeux-romantique avec synthés qui hurlent comme des aliénés.
– La dernière cavalcade monstrueuse où tu balances tout dans la tronche de tes lecteurs ?
– Ouaissss mec ! Avec des lyrics sans aucun sens, sauvés par des hululements drogués ou des beats fous, c’est monnaie courante actuellement, à écouter en boucle, à hurler les refrains, même si certains voudraient se couper les veines en analysant les lyrics !
– Annie Cordy en mode Thong-Dollaz, égarée dans un strip club, l’œuvre idéale : Out of booth !