Bizzarrini 5300 GT Corsa Revival
Que veut-on réellement laisser supposer aux candides et naïfs qui disposent du confort d’un très épais matelas financier, lorsqu’on leur affirme que ce qui n’est qu’une fausse ancienne Supercar utilisant les lois permissives Britanniques concernant les Kit-Cars, est “comme authentique” et vaut autant si pas plus qu’une vraie ? Nous vivons dans un univers traversé par des fausses paroles, des faux témoignages, des faux diplômes, des faux statuts professionnels, des fausses expertises, des fausses données, des faux savoirs savoirs, des fausses capacités et de fausses meilleures technologies.
Alors que certaines font autorité, d’autres sont déconsidérées, écartées comme illégitimes et se retrouvent en bas de la hiérarchie. Ces marques vivent donc des difficultés à continuer d’exister et à communiquer la réalité qu’ils vivent, à se mobiliser et à revendiquer une sorte de droit d’exister. En poursuivant, en explorant d’autres voies, ces marques disparaissent et ressuscitent par le biais d’autres capitaux pas toujours de provenance honnête, contribuant à consolider une hiérarchie des illégitimités plus ou moins admissibles… Avec quelles méthodes, quels concepts, quelles postures et quels acteurs ?
Il semble d’emblée y avoir une asymétrie et une monopolisation des moyens financiers, réduisant à rien ceux qui en sont écartés. Cette Bizzarrini 5300 GT Corsa Revival n’a aucune filiation honnête et pas le moindre héritage notarié… C’est une appropriation faute d’ayants-droits, construite non pas en Italie en suite des authentiques Bizzarrini, mais dans des installations 100% nouvelles, nommées Bizzarrini, situées au Royaume-Uni d’Angleterre… Cette belle mais fausse Bizzarrini5300 GT Corsa, n’est qu’un “Revival”, une usurpation, une interprétation de la 5300 GT, mais n’est pas du tout authentique.
Construite de pièces neuves réalisées à partir de copies de copies de copies de plans qui furent sans doute originaux en un autre temps, elle utilise des matériaux soi-disant provenant d’anciens fournisseurs d’origine avec la contribution d’experts ayant été auto-impliqués dans le projet 5300 GT… C’est faux, tout est contrefait de neuf… Ce qui est indiqué comme étant “certaines améliorations clés” sont des ajouts techniques et des modifications interprétatives adaptées aux réglementations relatives aux Kit-Cars Britanniques… Nulle part ailleurs ce ne serait possible…
Donc, aussi bien Sherlock Holmes qu’Hercule Poirot, que Victor Burakov, que Miss Marple, que Roderick Alleyn, que Philip Marlowe et que même Mikaël Blomkvist, arriveraient à mes mêmes conclusions : cette Bizzarrini n’en est pas une… Les réservoirs de carburant de la voiture d’origine étaient situés profondément dans les bas de caisse, ainsi que derrière le conducteur, par exemple, mais maintenant, grâce à un scan 3D avancé, les ingénieurs de cette fausse Bizzarrini ont créé un réservoir de forme complexe, remplissant le vide disponible dans le châssis selon les tolérances et la précision d’une IA…
Le souci minutieux de la fausse authenticité s’étend même jusqu’à la peinture de cette voiture. Il existe une histoire longue et complexe autour de la couleur connue sous le nom de Rosso Corsa, avec de nombreuses nuances prétendant être l’originale. Pour garantir (gag !) que la voiture ait exactement l’aspect qu’elle aurait eu à l’époque, l’équipe de la fausse Bizzarrini a soi-disant retrouvé un échantillon de couleur de peinture provenant d’un panneau d’origine qui avait été caché de la lumière depuis sa première peinture, préservant ainsi parfaitement la teinte Bizzarrini Rosso Corsa qui a ensuite été fabriquée…
Elle serait “assortie pour le Revival afin de créer le code Rosso Corsa Bizzarrini 222”... Développée à l’origine comme une variante haute performance de l’Iso Grifo A3C conçue par Bizzarrini, la vraie 5300 GT Corsa a été conçue par Giorgetto Giugiaro avec des améliorations apportées par Piero Drogo de Carrozzeria Sports Cars. Intégrant un moteur V8 Yankee, la vraie et authentique 5300 GT était légère, rapide et fiable. Célèbre pour ses performances aux 24 heures du Mans 1965, la 5300 GT la plus légendaire est peut-être le châssis 0222, que pilotaient Régis Fraissinet et Jean de Mortemart.
Ils ont remporté la victoire dans la catégorie des plus de 5 litres au Mans, terminant également neuvième au général à une vitesse moyenne de 169 km/h. De plus, Giotto Bizzarrini lui-même a ensuite ramené la voiture chez lui, dans le nord de l’Italie, immédiatement après la course. La fausse 5300 GT Revival Corsa s’inspire donc simplement de la livrée de cette voiture légendaire, s’appropriant l’histoire à laquelle la fausse Bizzarrini n’a jamais participé… Elle prétend par tromperie incarner l’esprit d’une époque révolue des voitures de course hautes performances et le génie qui se cache derrière elles.
Mais qui en réalité ces réalités durement et chèrement acquises en 1965 sont ici 100% absentes. En s’accaparant radicalement de l’authentique 5300GT ainsi que de son histoire incluant que Giotto Bizzarrini avait installé une suspension arrière indépendante sur mesure et déplacé le moteur monté à l’avant aussi loin que possible vers le centre dans le châssis, cette approche révolutionnaire de la répartition du poids est faussement utilisée comme étant un avantage clé de cette Revival par rapport à…. A aucune autre voiture puisque nous sommes en 2024 et que ces histoires n’ont plus court…
D’ailleurs concourir “LeMans 2024” avec cet engin est une mascarade impossible, tout ce qu’elle peut concourir c’est le trophée Britannique des Kit-Cars… Tous les moyens (surtout les pires) sont maintenant utilisés pour faire acheter ce Kit-Car comme étant un “Revival”, en ce compris des tests totalement ridicules de mesures “modernes” montrant que chaque coin de ce Kit-Car porte 25 % de son poids total, illustrant le génie visionnaire de Giotto Bizzarrini pour concevoir une voiture en 1965 qui offre encore un équilibre parfait en 2024… C’est plus que pitre, c’est une mascarade malhonnète.
Chaque voiture de la série Revival de 24 véhicules sera construite “à-la-main”, avec une carrosserie polyester d’une seule pièce, sur un châssis en acier. À l’intérieur, les deux sièges sont protégés par un arceau de sécurité à six points plus complet et une pile à combustible de sécurité, répondant inutilement aux réglementations de course historiques de l’Annexe K de la FIA. Le V8 Chevy 5.300ci est spécifique à l’époque avec des carburateurs Weber 45 DCOE (Doppio Corpo Orizzontale E) développant peut-être 400 chevaux. Avec 1 250 kg, la Revival Corsa présente un rapport poids/puissance de Corvette C3.
Après l’achèvement du prototype de développement, un total de 24 voitures client pourraient être construites si des clients veulent l’acheter, chacune étant proposée comme l’interprétation contemporaine la plus authentique (sic !) de la Bizzarrini 5300 GT… Simon Busby, directeur marketing de Bizzarrini, m’a déclaré : “Nous avons une vision ambitieuse à long terme et la 5300GT sert soit d’introduction, soit de rappel de l’héritage historique de Bizzarrini”…. Giotto Bizzarrini est réputé pour son travail dans la construction du célèbre moteur Lamborghini V12, utilisé pour la première fois avec la 350 GT.
Giotto a également joué un rôle clé dans le développement de l’emblématique Ferrari 250 GTO et dans le développement de la Ferrari 250 Breadvan. Le travail de Giotto chez Ferrari a pris fin de manière inattendue, au cours de l’un des moments les plus dommageables de l’histoire de Ferrari, officieusement connu sous le nom de “Nuit des longs couteaux” ou “La révolte du palais”. Comme le raconte l’histoire, quatre des meilleurs ingénieurs de Ferrari, dont Giotto, se sont révoltés contre la gestion de l’entreprise par Enzo Ferrari et contre le limogeage du directeur commercial Girolami Gardini.
Deux versions pour la suite, dans l’une les “insurgés” sont partis en claquant les portes et ont décidé de s’associer pour créer une anti-Ferrari, dans l’autre, Ie Commendatore, pépère Enzo a répondu en les renvoyant également. Pour Giotto, c’est en partie le désir de régler ses comptes avec Ferrari qui l’a amené à emmener sa création au Mans en 1965, où elle a remporté sa catégorie… De là à en fabriquer des répliques comme des fausses 250GTO, il y manque le poids de la marque et surtout les Tiffosi qui portent Ferrari aux nues… A qui donc vendre une copie de Bizzarrini 5300GT ?