Bugatti Veyron : “Graviora manent Heer Piëch”… /1.750.000 $
Pour cerner la Veyron, il faut d’abord cerner l’homme qui a initié son développement. Ferdinand Piëch (petit-fils de Ferdinand Porsche), né le 17 avril 1937 à Vienne et décédé le 25 aout 2019 à Rosenheim (Allemagne). Il a grandi dans l’univers de l’automobile familial avant de commencer sa carrière chez Porsche dans les années ’60 ’70. Il était alors trentenaire, arrogant, hautain, mais éblouissant, quoiqu’à peine diplômé en génie mécanique de l’EPF de Zurich ou sa thèse portait sur le développement des moteurs Porsche 906, une manière de débuter sans trop d’effort…
Mais, il avait une justification autre qu’être un hobereau dans l’entreprise voulue par Adolf Hitler pour créer et propager la voiture du peuple nazi, que sa famille a créée. Ferdinant Piech a travaillé sur le développement des voitures de course Porsche 906, 908, 917 et sur le châssis ultérieur qui a conduit à la domination de Porsche des années ’70. Ensuite, en 1977, Piëch va, à Ingolsadt, diriger l’entrée d’Audi dans le Championnat du monde des rallyes avec la légendaire Quattro à traction intégrale.
En ’80, il est nommé responsable de l’ingénierie technique et développe l’Audi 100 qui est élue la voiture européenne de l’année. Jusqu’en 1988, reste à la tête du développement technique, renforçant le profil de la marque Audi grâce à des développements tels que le turbocompresseur, la transmission Quattro et la construction légère en aluminium. Son passage chez Audi est défini par son rôle dans l’ascension de l’entreprise aux plus hauts échelons de l’industrie automobile allemande, aux côtés de BMW et Mercedes-Benz.
En 1993, Ferdinand Piëch devient président du conseil d’administration de Volkswagen AG. À partir de cette position, il s’engage dans des actions et mouvements agressifs sur divers marchés. Il est responsable de la montée en gamme de Volkswagen et d’Audi et de l’acquisition des marques Bentley et Lamborghini. Plus important encore, il crée la nouvelle société Bugatti Automobiles S.A.S. et fait croire, grâce à des campagnes de désinformations savamment orchestrées, que Bugatti est une filiation d’avec le groupe Volkswagen.
Pour peaufiner et maximiser l’arnaque, il fait acheter par VW, le château Bugatti en ruine, le faisant restaurer et modifier pour faire croire que les nouvelles Bugatti y sont construites sous les regards fantomatiques de la famille Bugatti… Ferdinand Piëch a ainsi défini une grande vision créée et calculée de ce que devait être une Bugatti moderne et a fixé des objectifs spécifiques pour l’équipe d’ingénieurs. L’argent n’était pas un problème lorsqu’il s’agissait de développement ou de production, car il voulait exploiter le summum des capacités d’ingénierie de Volkswagen Auto Group.
Il devait s’agir du véhicule de série routier le plus rapide, le plus puissant, le plus éblouissant et le plus cher de la planète. Devenu ainsi une figure du monde automobile, Ferdinand Piëch, patriarche autocratique, PDG du groupe Volkswagen qui avant lui n’était qu’une entreprise souffreteuse, fortement endettée et déficitaire, lui a imposé une cure d’austérité passant par la semaine de quatre jours imposée dans les usines, remplaçant au passage la quasi-totalité du directoire… et en a fait un empire mondial qui redonnait vie, selon lui, à l’empire nazi du troisième Reich, que l’Allemagne avait perdu.
Cet Autrichien, voulant laver l’affront de la marginalisation Allemande dans la défaite, devenant président du directoire du constructeur VW de 1993 à 2002, puis du conseil de surveillance jusqu’en 2015, a rassemblé les marques VW, Audi, Seat, Bugatti, Lamborghini et Porsche dans le mastodonte Volkswagen pour en faire un groupe d’envergure internationale. Mais ce père de 13 enfants en cause de son mode de direction à poigne et son obsession revancharde de la conquête du marché américain a commis l’erreur de trop vouloir venger la fin de l’empire nazi…
Il a, selon ses détracteurs, alors préparé le terrain du gigantesque scandale des moteurs diesel truqués en voulant aller trop vite vers “sa” victoire. Surnommé parfois “le nouveau Führer”, il avait très tôt appelé à une “guerre de l’automobile” avec, en ligne de mire, le japonais Toyota et l’américain GM… Quelques mots de ce milliardaire au regard bleu perçant suffisaient pour sceller le sort des patrons, comme celui de Bernd Pischetsrieder chez VW, dégagé en 2006 en faveur de Martin Winterkorn, démissionnaire à son tour après l’éclatement du “dieselgate” et poursuivi en procès.
Qualifié par le magazine Der Spiegel “d’ingénieur/dictateur du pouvoir”, Ferdinand Piëch réussit en 2009 son plus grand coup en empêchant le rachat de Volkswagen par Porsche. Au bout de plusieurs semaines d’une féroce bataille au sein des familles, c’est finalement Volkswagen qui avale Porsche, plaçant Ferdinand Piëch, “l’imperator Volkswagen” à la tête des familles Porsche-Piëch qui contrôlent le groupe encore aujourd’hui. Le règne de Ferdinand Piëch chez Volkswagen n’a toutefois pas été non plus sans scandales…
En 1993, un ancien dirigeant de General Motors, Jose Ignacio Lopez de Arriortua, a été accusé d’être passé chez VW à la demande de Ferdinand Piëch (qui lui avait versé plusieurs millions), avec des documents secrets de fabrication GM… et de même, Peter Hartz, directeur du personnel VW dès 1993, a été emporté par un scandale de corruption qui dépasse l’entendement : il a reconnu avoir versé 2,6 millions d’euros de pots-de-vin au président du comité d’entreprise pour payer des prostituées ou des voyages exotiques, afin d’acheter la paix sociale au sein de l’entreprise…
C’était une idée (un ordre) de Ferdinand Piëch qui avait aussi mis en place une culture de réussite à tout prix par le biais de la création de fausses données pour positionner les moteurs Diesel VW et Audi à des minima de pollution, ce qui a engendré le “Dieselgate”, le plus grand scandale industriel de l’après-guerre… Ce dossier a coûté plus de 40 milliards d’euros au groupe et a grandement écorné l’image du secteur automobile allemand, précipitant le déclin du diesel… Piêch a ensuite, en 2015, perdu un bras de fer avec son ancien protégé Martin Winterkorn, qu’il souhaitait écarter de son poste.
Ferdinand Piëch a été contraint de progressivement se retirer jusqu’à devoir vendre en 2017 l’essentiel de ses parts dans Porsche, l’actionnaire principal contrôlant le groupe Volkswagen… Qu’en fut-il de “New Bugatti”, la “danseuse” hyper couteuse de Ferdinand Piëch ? En réalité ce fut une catastrophe financière engendrant des pertes abyssales converties en frais de fonctionnement pour le fisc. Une ingénierie fiscale qui aurait pu mettre le groupe en faillite sans diverses aides gouvernementales nécessitant des pots de vin gigantesques pour sauver l’industrie allemande… Ferdinand Piëch n’était qu’un escroc…
La toute première “Hyper car”, la Veyron était un assaut de chiffres stupéfiants : 987 chevaux, vitesse de pointe de 253 mph, 0-60 en 2,5 secondes, une puissance impressionnante qui ne pouvait être produite que par un moteur tout aussi impressionnant : 8,0 litres, 16 cylindres en W et quatre turbocompresseurs, d’où le surnom de 16,4. Un tel moteur entraînant des niveaux extrêmes de chaleur, à ce titre, 10 radiateurs étaient utilisés dans toute la voiture pour s’assurer que tout restait à des températures de fonctionnement appropriées.
Pour contrôler la quantité folle de puissance et la rendre utilisable, un système de traction intégrale Haldex et une boîte de vitesses à double embrayage et à changement direct ont été utilisés. En mode de conduite standard, la vitesse de pointe de la Veyron était limitée à un modeste 213 mph pour que le double V8 n’explose pas. Afin d’exploiter les 40 mph supplémentaires, la voiture devait subir (se conformer) à une auto transformation incroyable. Le mode de vitesse maximale devait être déclenché à l’aide d’une “touche de vitesse” dédiée située à côté du siège du conducteur qui entrainait ce qui suit…
La Veyron s’abaissait à une hauteur de caisse de seulement 2,6 pouces et rétractait automatiquement l’aileron arrière tout en fermant les diffuseurs d’air avant. Dans cet état d’hyperactivité dont le coût de fabrication et d’entretien était quasi insoutenable au niveau des finances nécessaires, la Veyron devenait beaucoup plus aérodynamique avec un coefficient de traînée de seulement 0,36. Une voiture capable d’atteindre ce niveau de vitesse devait avoir la capacité de s’arrêter. Ce qui était un autre cauchemar pour les ingénieurs…
Ainsi, des disques composites massifs de 15,8 pouces à l’avant et de 15 pouces à l’arrière, percés en croix et à ventilation radiale, renforcés de fibres de carbone, associés à des étriers monoblocs en aluminium à six pistons construits à prix d’or par AP Racing, étaient chargés de ramener le véhicule à l’arrêt de manière fiable et sûre. À des vitesses supérieures à 120 mi/h, l’application des freins faisait également “claquer” l’aileron arrière vers le haut et vers l’avant en position de freinage en agissant sur la trainée d’air.
Au total, une force de décélération maximale de 1,3 g était possible sur les pneus de route spéciaux qui coutaient 15.000 euros pièce… Presque aussi impressionnant que la vitesse de pointe elle-même, il ne fallait ainsi que 10 secondes à la Veyron pour passer de 250 mph à un arrêt complet. Au total, seulement 252 coupés Veyron 16.4 seront produits, bien que d’autres variantes ont suivi, y compris une version décapotable et une quantité ahurissante de versions surnommées “Voitures pour les clowns du cirque Ferdinand Piëch”…
Cette Veyron 16.4, numéro de châssis #013, avec sa palette de couleurs bicolores métallisées argentée et bleu foncé sur un intérieur en cuir Grenadine comportant l’option des sièges sport, n’est pas l’une des Veyron peinturlurées de manière grotesque façon “Clowneries”... Deuxième Veyron construite pour le marché américain, elle a été livrée à l’origine en Floride puis a changé de nombreuses fois de propriétaires qui étaient tous furieux et excédés des ennuis et couts incessants de ce qu’ils nommaient : “la pire abomination automobile mondiale”..
Elle a été ensuite immatriculée en Pennsylvanie puis au Montana, au Texas et en Alaska, pour des causes relevant à chaque fois d’un ras-le-bol des coûts d’entretien et des pièces détachées, le dernier propriétaire avouant avoir dépensé plus du double de l’achat en frais d’entretien et divers, quasi sans limites, pour une utilisation qui lui a presque valu 50 ans de prison ferme pour conduite dangereuse au volant d’un véhicule inadapté et inadaptable… Ce n’est qu’en cause de l’intervention de son ami Joe Biden qu’un accord a été trouvé avec le département de la Justice…
Il consistait, pour stopper les poursuites que la promesse soit signée que le véhicule quitte définitivement les USA. Des factures au dossier remontant à 2009 documentent les multi-centaines de milliers de dollars dépensés au fil des ans pour entretenir cette machine spectaculaire… En septembre 2023, la voiture a reçu son dernier entretien annuel facturé 145.618 dollars, et en mai 2022, quatre nouveaux pneus ont été montés pour un montant de 48.432 dollars. Un accord a alors été trouvé avec le gouvernement pour postposer la destruction programmée en attente de la vente…
Avec seulement 3.022 miles au compteur, la voiture qui a couté plus du triple que le montant initial, présente une occasion extraordinaire d’acquérir l’une des supercars de production limitée les plus célèbres et les plus collectionnables au monde… Aucune autre n’a couté aussi cher pour ne parcourir que ces 3.000 miles… Une convention pré-établie spécifie que faute d’être exportée définitivement elle sera séquestrée dans un musée. Le musée Petersen s’est mis en avant, garantissant que la Veyron serait comme soudée au sol…
La vision de l’un des ingénieurs nazi les plus impressionnants de la nouvelle Allemagne, Ferdinand Porsche, à généré cette Bugatti Veyron par créée parFerdinand Piëch interposé. Elle a fait irruption sur la scène plus comme une farce que comme une force de la nature et a changé à jamais les paramètres de ce qui constitue exactement une Supercar. Depuis son introduction, les fabricants ont rattrapé leur retard en essayant d’atteindre le même niveau de supers performances…
Mais avec des couts de maintenance moins exagérés. En vain… Comme la bêtise humaine est sans limite et que c’est un filon hyper rentable, une décennie plus tard, avec l’introduction de la LaFerrari, de la McLaren P1 et de la Porsche 918 Spyder, la Bugatti Veyron a été surpassée…. Les USA ont alors décrété l’interdiction pour ces voitures de circuler librement aux USA, un moment décisif pour l’industrie automobile, cette Bugatti restera donc à jamais comme la voiture qui a tout changé en pire…
Des dérogations d’usage peuvent être obtenues moyennant des montants substantiels que certains contournent avec de faux documents et des “Passe-Droits” politiques… Mais il faudra à tout jamais tenter de minimiser les coûts pharaoniques qu’elle engendre, tout comme ses sœurs succubes… Pfffff ! “Graviora manent” ; (Le pire est à venir)… Le pire est passé d’un point de vue opérationnel pour les précédents (et l’actuel) propriétaire(s) mais du point de vue de l’intense douleur personnelle de ce dernier, le pire est encore à venir… La solution serait une stratégie boursière dite “vente à découvert”…