Lamborghini-LatinoAmerica !
Depuis août 1995, soit bientôt 28 ans (nous sommes en 2023), le mexicain Jorge Antonio Fernández García possède légalement les droits de fabrication de voitures de marque Lamborghini en Amérique latine…
Voici une histoire absurde et surréaliste extraite d’un des chapitres traitant du réalisme magique motorisé dont se nourrissent notre web-site www.GatsbyOnline.com et nos magazines Chromes&Flammes et Chromes International… qui a été publié une première fois en 2010 et republié ce 19 janvier 2023 ce qui explique les 45.000 vues déjà comptabilisées… Nous n’avons reçu que des menaces du Groupe VW durant toutes ces années d’avoir osé publié cet article… Cette re-publication est donc similaire à une perpétuation de l’info !
Automóviles Lamborghini Latinoamérica – Automóviles Lamborghini Latinoamérica
Jorge Antonio Fernández García, mieux connu dans le monde des automobiles d’Amérique Latine sous le nom de Joan Fercí, a vécu quatre ans en Argentine sans perdre son accent mexicain natif, tout en s’efforçant d’insérer un “che” de temps en temps dans les conversations.
Dans son fief, nous l’avons rencontré au bar du Puerto Madero où il a commandé des “taquitos” pour le déjeuner…
Le projet de vie de Joan Ferci depuis qu’il a signé un contrat avec Lamborghini il y a 27 ans se résume en une seule ligne : “Je vais recréer légalement Lamborghini en Amérique du sud”, ce qui mérite des explications en plusieurs paragraphes et oblige de revenir en 1996 période ou Lamborghini traversait à nouveau une de ses nombreuses crises existentielles, sans cesse au bord de deux gouffres : celui de “la matière”, c’est-à-dire la bêtise humaine d’où est extrait le minerais permettant une exploitation consumériste de l’humanité… et celui de “l’anti-matière”, un abysse sans fond ou grouillent tels des monstres, virus et parasites : les escroqueries, magouilles et crashs financiers qui attendent de se renouveler…
En 1996, donc, Chrysler se débarrasse de la marque Lamborghini à l’extrême bord de la faillite, et c’est Tommy Suharto, fils du président indonésien qui se laisse manœuvrer… et devient le Nième nouveau propriétaire de la marque à l’emblème du taureau.
A cette époque, demeurant dans le District fédéral de Mexico, Jorge Antonio Fernández García, (mieux connu dans le monde des automobiles d’Amérique Latine sous le nom de Joan Fercí), Fernandez Garcia donc, était champion d’approvisionnement en affaires… et s’était constitué une petite fortune en tant que fournisseur d’équipements électroniques pour Chrysler… et ambitionnait de devenir représentant de Lamborghini pour le Mexique et l’Amérique latine…, toutefois, les barrières douanières empêchaient alors de vendre n’importe quelle voiture qui n’était pas fabriquée en territoire mexicain.
Voici l’avis de Jorge Antonio Fernández García, (mieux connu dans le monde des automobiles d’Amérique Latine sous le nom de Joan Fercí)…
– “Robert Braner, qui était le président de Lamborghini-USA, et Michael Kimberley, président de Lamborghini-Italie, ont signé avec moi un contrat net et précis, 100% légal m’autorisant à fabriquer et commercialiser des Lamborghini à destination de l’ensemble de l’Amérique Latine pour une période de 99 ans… L’Amérique du sud et particulièrement le Mexique représentaient un marché qui n’intéressait pas les gringos et il n’y a donc eu aucun problème pour arriver à cet accord contractuel afin que je possède irrévocablement les droits de la marque pour l’Amérique latine pour 99 ans. A cette époque, j’ai vendu 23 Lamborghini Diablo, 20 aux États-Unis et trois en Italie par retour…, les photocopies des documents, contrats et accords en anglais, se trouvent sur mon site Internet www.lamborghini-latinoamerica.com”…
Le 24 juillet 1998, Lamborghini SpA a signé à Londres un accord avec Audi concernant l’acquisition complète de la société, rapidement incorporée au groupe Volkswagen, qui, à ce moment-là, accumulait/collectionnait des marques prestigieuses : Bugatti, Bentley, Rolls-Royce (cédée ensuite à BMW dont le patron, Heer Quant était grand ami d’Adolphe Hitler)…, tout cela comme s’il s’agissait de figurines genre soldats de plomb destinés à être exposées dans une armoire vitrée pour montrer toute la puissance retrouvée depuis la défaite nazie de 1945, le traumatisme étant total, Heer Porsche était d’ailleurs le meilleur ami d’Adolphe Hitler et faisait partie du génie industriel de l’Allemagne nazie…
C’est alors que Volkswagen, le nouveau propriétaire, découvre l’existence du contrat très particulier qui donne à Jorge Antonio Fernández García, (mieux connu dans le monde des automobiles d’Amérique Latine sous le nom de Joan Fercí)… le droit d’exploiter la marque Lamborghini en Amérique Latine pour 99 ans !
-“1998 fut une année particulièrement agitée, parce qu’en 1998, j’ai décidé de mettre en application l’utilisation de la sous-section “13” de l’accord qui précisait que j’avais légalement le droit de créer un styling 100% personnel Lamborghini en Amérique latine, c’est à dire que cela me donne le droit de créer mon propre restyling au Mexique et dans la totalité de l’Amérique latine… étant entendu que ce “restylage” incluait la refonte de tous produits Lamborghini y compris les voitures de la même façon que Koenig et Gemballa, entre autres, en Allemagne… Cela comprenait également l’autorisation d’élaborer des automobiles 100% nouvelles et les vendre sous la marque Lamborghini. Ainsi naquit la Lamborghini Coatl, dont le premier prototype fut présenté en 2000. Le moteur V12 de la Diablo avait été boosté à 635 chevaux, donc cette Lamborghini atteignait une vitesse maximale théorique de 385 km/h. Le changement le plus radical avait été effectué sur la conception de la carrosserie (signée par moi : Joan Fercí), annulant les lignes stylisées de Marcello Gandini afin d’adopter un profil plus agressif, correspondant mieux aux goûts Sud-américains, avec des spoilers surdimensionnés et un angle arrière stupéfiant qui n’était pas au goût des pontifes allemands qui n’avaient rien à en dire… Malheureusement la Lamborghini Coatl ne fut pas un grand succès commercial : une Coatl a été vendue en Belgique, une autre en Allemagne et la troisième a été conservée dans un garage de Buenos Aires où elle sort uniquement pour des expositions. Toutefois, cela a contrarié les pontifes du groupe Volkswagen… En cette suite, j’ai eu des réunions à New York avec les avocats de Lamborghini… Ils n’ont pu qu’être très gentils et sympas avec moi, admettant que je n’avais rien à voir avec Lamborghini-Italie. Je détenais légalement le nom “Lamborghini” avec un contrat de 99 ans !”…
L’homme d’affaires mexicain s’est ensuite installé en Argentine il y a quatre ans voulant y établir une usine pour y réaliser des petites séries de Lamborghini South Americana, arguant qu’il aimait ce pays et appréciait les capacités techniques des professionnels argentins, quoique la paperasse y est trop abondante et prégnante…
Ferci ne me l’a pas avoué directement, mais ses partenaires m’ont donné à comprendre que le groupe Volkswagen s’était ingénié au Mexique à créer des obstacles politiques et financiers, raison pour laquelle Jorge Antonio Fernández García, (mieux connu dans le monde des automobiles d’Amérique Latine sous le nom de Joan Fercí) a opté pour l’Argentine et l’Uruguay qui ont une tradition de savoir-faire dans l’industrie automobile.
J’ai compris que ce déménagement avait été réalisé pour que Lamborghini LatinoAmérica ne subisse plus l’influence de Volkswagen auprès des gouvernements chez lesquels ce groupe a implanté des usines utilisant une importante main d’œuvre locale…, particulièrement au Mexique et au Brésil (Sans jeux de mots et de maux, ces pays furent la destination de fuite des pontes du nazisme en 1945, ce qui explique les racines d’un certain mal)…, un autre verrou se situe dans la réalité sociale et économique de l’Amérique latine en général et de l’Argentine en particulier… où le public local n’est pas vraiment capable d’être client d’une supercar qui y est vendue un demi million de dollars !
En effet, au cours des douze premières années écoulées de son contrat de 99 ans, Ferci a présenté deux concept-cars et annoncé plusieurs fois la fabrication d’automobiles Lamborghini en Argentine…, mais l’utopie ne s’est jamais concrétisée… du coup il s’est installé en Uruguay qui est considéré comme étant la Suisse de l’Amérique du sud… et, au salon de l’auto 2016 d’Uruguay le prototype Vision de Lamborghini LatinoAmerica a été présenté sous forme d’une Lamborghini futuriste.
Durant notre enquête investigatrice, au siège Lamborghini de Sant’Agata Bolognese (Italie), la responsable de la communication de la marque a assuré ignorer l’existence de Joan Fercí et son prolongement/utilisation du nom de Lamborghini ne fusse que via les annonces de la création d’une usine Lamborghini LatinoAmérica en Argentine où en Uruguay…, révélant toutefois, en esquive, être en négociations avancées pour nommer un importateur officiel de Lamborghini en Argentine…
Nous avons tenté de joindre la direction de Volkswagen pour en connaître plus, on nous a renvoyé vers Lamborghini Italie qui n’a rien à y voir et à dire de plus que le minimum que nous avions patiemment extirpé en cette affaire, ce qui, en outre, avait été dit, écrit et confirmé lors d’une réunion “avocats” à New-York…
Nous sommes revenu plusieurs fois à la charge vers Volkswagen, sans jamais obtenir la moindre réponse à nos questions, pour autant qu’ils aient daigné nous écouter et lire…, une attitude hautaine et méprisante à l’image de 99% des médias et journalistes qui s’auto-censurent sur ce sujet après avoir subi et devoir subir encore… des pressions dictatoriales qui ravivent tristement des évènements d’il y a 80 ans…
Tout cela me fait penser à un chien qui tient fermement sa peluche-jouet dans sa gueule tout en grognant si on fait mine de tenter de la lui reprendre…, ce qui, dans l’univers des chiens (qui est semblable à notre univers consumériste inhumain)…, les poussent à redevenir une meute de loups enragés…, et il se fait que je connais diablement bien cet univers où Chromes&Flammes était la cible dans une guerre d’édition qui perdure encore dans divers forums…
Toujours est-il que passe peu à peu le temps ou les médias de monde entier, craintifs de ne plus recevoir de publicités grassement payantes du groupe VW, ne causaient absolument pas, nulle part, de Lamborghini LatinoAmérica…, si ce n’est avec le même mépris teinté de morgue drapée dans une attitude hautaine et méprisante que celui qu’on utilisait envers Chromes&Flammes… au bénéfice de ses concurrents…, finalement, qui est plus légitime que l’autre dans cette guéguerre Lamborghiniesque ?
C’est notre cher et distingué professeur Tétracteur-directeur artistique-Free Lance : “Maître es Faculté des lettres”, Tancrède Anselme de Beaufort Castille, qui à répondu à cette question/remarque :
Tancrède Anselme de Beaufort Castille -“L’une des premières références auxquelles je pense en suite de votre brillant article, cher Patrice De Bruyne est évidemment la proposition philosophique de Frank Knight (1921), à savoir que le risque est l’aléatoire probabilisable ; l’incertitude étant l’aléatoire qui ne l’est pas…, ces définitions, souvent considérées comme allant de soi, voire naturalisées par la pensée économique, méritent cependant examen, pour plusieurs raisons qui se consolideront au fil de cette réponse, mais que l’on peut esquisser dès à présent”…
-“Elles postulent la possibilité d’occuper une position de surplomb permettant de caractériser de manière certaine et définitive la “qualité” de l’aléatoire, risque ou incertitude, auquel on est confronté…, cette qualité serait intrinsèque et non évolutive, au moins “jusqu’à nouvel ordre”…
Tancrède Anselme de Beaufort Castille -“En fait, un tel jugement porté sur des phénomènes dont la description est rarement exhaustive, ne peut être lui-même qu’incertain et provisoire…, la possibilité même de cette “pensée perchée” a été sérieusement ébranlée par les crises financières récentes…, les différents diagnostics posés sur celles-ci témoignant que l’on peut sous-estimer le degré d’aléatoire impliqué dans une situation”…
-“Par ailleurs, au moment où Knight pose ces définitions, les formes alternatives de théorisation de l’aléatoire n’ont pas encore vu le jour ; au début des années 1920, “probabilisable” est synonyme de “calculable”, mais depuis le milieu du siècle passé d’autres modélisations de l’aléatoire ont été élaborées”…
Tancrède Anselme de Beaufort Castille -“N’enfoncez pas les portes ouvertes, chacun sait que si un phénomène peut toujours être de fait “dérandomisé” par les modèles utilisés, en revanche l’avancée des savoirs mathématiques permet de modéliser des phénomènes restés jusque-là en dehors du champ stochastique ; en effet un phénomène peut être “calculable” tout en relevant de l’incertitude au sens de Knight…, c’est dire que cette dichotomie n’est plus adaptée à l’état des savoirs contemporains…, le détour épistémologique qui me conduit à réexaminer la notion d’incertitude quant au devenir de Lamborghini LatinoAmérica, réclame une réflexion parallèle adaptée à ce champ de réflexion à présent considérablement élargi…, il n’aura échappé à personne que l’on est menacé de contradiction performative dès lors que l’on déclare vouloir théoriser/modéliser le champ ouvert de l’incertitude…, dès-lors, prétendre définir un cadre théorique qui contiendrait toute forme d’écart par rapport aux régularités prévisibles, c’est au fond espérer trouver un cadre qui inclurait toujours déjà tout écart par rapport à lui.
-“En êtes-vous certain ?
Tancrède Anselme de Beaufort Castille -“Absolument…, voyez-vous, les frontières de l’incertain ne peuvent être tracées de manière définitive…, l’histoire de la théorie des probabilités est coextensive à celle de son champ d’applicabilité…, l’espoir de Poisson (montrer l’universalité de la loi des grands nombres) a fait long feu : il semble bien que les théorèmes de convergence ne puissent se débarrasser de toute hypothèse restrictive qui en délimite le champ de validité…, il ne peut donc être question, fût-ce comme horizon de la recherche, d’espérer contribuer à l’émergence d’une théorie générale”…
-“Les théories des possibilités dont la théorie des probabilités inhérentes au devenir même de Lamborghini Italie en comparaison de Lamborghini LatinoAmérica ne sont que des cas particuliers !
Tancrède Anselme de Beaufort Castille -“Ils ne seront donc pas évoqués dans ma réponse au motif qu’elles offriraient une “bonne” modélisation de l’incertitude, mais comme simple interprétant (Peirce, 1978) de la théorie des probabilités, ce qui est une nuance importante pour comprendre…, c’est la comparaison des théories (ou modèles) entre elles qui donne à voir les présupposés anthropologiques implicites de la théorie des probabilités…, car, en effet, d’être naturalisée comme unique modèle de l’aléatoire, il en résulte que se déprendre des schèmes de pensée fournis par cette théorie est une entreprise qui requiert une méthodologie, une stratégie d’écriture qui évite les deux écueils, proposer une théorie alternative (justiciable dès lors des mêmes critiques) et renoncer à toute modélisation”…
-“Ce qui vous priverait d’un outil de pensée facilitant tout débat qui serait constitutif de votre réponse”…
Tancrède Anselme de Beaufort Castille -“Mais il me faut à ce stade clarifier l’usage qui sera fait des notions de “modèle” et de “théorie”…, dans le champ de l’économie et de la finance, ces deux termes sont souvent utilisés l’un pour l’autre…, on notera cependant que la notion de théorie inclut plus nettement la prétention explicative des sciences, alors que celle de modèle est plutôt associée à la dimension prédictive de l’appareillage conceptuel que celui-ci propose…, je voudrais, d’ailleurs, dans le cadre de cette réponse, citer une distinction entre ces termes…, précieuse pour le défi auquel nous sommes confrontés : comment penser en situation d’incertitude sans succomber à l’attractivité des probabilités ou de tout autre cadre théorique fermé ni pour autant sacrifier le potentiel heuristique d’un certain formalisme ?”…
-“Dans un article très suggestif, Barberousse et Ludwig (2000) proposent d’utiliser le terme “modèle” pour désigner des “fictions” en désaccord avec la théorie classique en vigueur jusque-là (l’atome de Bohr en est un exemple paradigmatique)…, au moment où Bohr a élaboré ce “modèle prospectif”, personne ne disposait d’une théorie d’accueil permettant de rendre raison des données ainsi “mises en récit”…
Tancrède Anselme de Beaufort Castille -“Comme vous y allez…, diantre, ces “fictions contrôlées”, au sens où elles sont élaborées au plus près des données de l’expérience, ne peuvent être insérées dans un discours strictement démonstratif…., le style d’écriture, respectueux du caractère prospectif de ces noyaux fictionnels, partiels et limités, s’apparente nécessairement à celui de l’essai, qui assume pleinement sa nature conjecturale et provisoire…, esquisser quelques éléments d’une critique de la raison probabiliste prendrait donc ici la forme d’un “essai” dont l’argumentation reposerait sur la présentation de fictions contrôlées qui, j’espère, permettrait à la fois de se déprendre des schèmes de pensée naturalisés de la théorie en vigueur et d’ouvrir l’imagination vers d’autres conceptualisations à élaborer”…
-“Dans “L’essai comme forme”, Adorno défend, contre Lukács, l’idée d’un hiatus irréductible entre les mots et les choses dont ils parlent…, lui reprocher, comme on le fait couramment, d’être fragmentaire et contingent, c’est postuler que la totalité est donnée, mais aussi, du même coup, l’identité du sujet et de l’objet, et faire comme si on était maître de tout cela (Adorno, 1958, p. 14)”…
Tancrède Anselme de Beaufort Castille -“Fi donc, cette absence de maîtrise est la condition même d’une pensée de l’incertitude…, c’est à ce titre que les fictions contrôlées ont la prétention non pas d’expliquer, ni même de représenter, les processus décisionnels, mais de les éclairer, tout en offrant des ressources critiques à l’endroit des théories naturalisées qui entravent l’imagination…, Didi-Huberman, à qui vous empruntez cette citation d’Adorno, souligne l’analogie de cette forme d’écriture (l’essai) avec les images, et plus précisément avec le travail de montage du magazine Chromes International dont je suis l’heureux re-concepteur en chef du fait de votre bonne volonté de me laisser faire…, le prix de son affinité avec les images, cette expérience intellectuelle ouverte, est l’absence d’une certitude considérée comme acquise (Voyez Didi-Huberman, 2010, p. 96)…, la lisibilité advient dans le montage, c’est dans l’avancée du montage de ce magazine que les choses deviennent, peu à peu lisibles, quand toutes les images de ma pensée évaluatrice sont présentées de façon qu’elles se portent les unes les autres…., démonter, autopsier et remonter les différentes fictions écrites par vous, cher Patrice De Bruyne, en mettant à profit, fût-ce de manière métaphorique, les techniques classiques du montage classieux, notamment quelques brusqueries visuelles (champ/contrechamp, jump cut, match cut, etc.) qu’elles créent, sont de nature à restituer, mieux que le discours, les renversements de point de vue, les retournements abrupts de position, les paradoxes de l’expérience (relisez donc Manchevski, 1994 pour comprendre)…, la dialectique saccadée des continuités/discontinuités de l’évolution des mises en pages ; le recalibrage des fictions contrôlées montées comme autant d’images animées : telle est l’ambition limitée de mon intervention.
-“Je suis impatient de voir”…
Tancrède Anselme de Beaufort Castille -“Je voudrais donc à présent montrer, à partir de leur démontage/autopsie/remontage (dynamique des croyances), que mes décisions reposent sur une double opération de “dérandomisation” et de “détemporalisation” des situations aléatoires dans lesquelles (et non à propos desquelles) vous, Patrice De Bruyne, opèrez…, plus précisément, les décisions prises par vous, s’appuient le plus souvent sur une “dérandomisation” de toute situation, c’est-à-dire sur l’image virtuelle que vous crèez dans votre cerveau dont l’incertitude est sous-estimée… et les comptes rendus savants ou profanes que vos lecteurs font, ont tendance à détemporaliser votre processus de décision”…
-“Toute décision demande un certain temps et les révisions de croyances sont le plus souvent différées”…
Tancrède Anselme de Beaufort Castille -“Si vous le dites…, un mot cependant avant de procéder à ce démontage/remontage…, chaque décision, nous le verrons en détail plus loin, est l’expression d’un “pari” au sens neutre du terme, conditionné par des anticipations sur l’évolution du magazine et notamment sur les décisions à venir ou concomitantes d’autres facteurs…, la probabilisation de tout avis confond jugement probabiliste, déduit des anticipations globales, et des décisions individuelles ou un jugement moral, qui peuvent vouloir précisément s’écarter du jugement probable !”…
-“Maître Tancrède Anselme de Beaufort Castille, que faut-il entendre par “dérandomisation” ?”…
Tancrède Anselme de Beaufort Castille -“Cette opération consiste à attribuer au phénomène aléatoire auquel on est confronté plus de régularité, de prévisibilité, de continuité qu’il n’en a en réalité, ou plutôt plus qu’il ne se révèle en avoir a posteriori, lors d’un examen ultérieur…, les formes concrètes de “dérandomisation” sont multiples, imprévisibles, sauvages”…
-“Mais il existe des processus, “dérandomiseurs”…
Tancrède Anselme de Beaufort Castille -“Ce néologisme voulant signifier que l’on “traduit” un phénomène aléatoire d’un certain type à l’aide d’un modèle aléatoire plus régulier, plus continu, moins imprévisible, moins rugueux…., c’est ainsi, par exemple, qu’un événement probable est annoncé comme une certitude, qu’un phénomène aléatoire est assimilé à un jeu de pile ou face, qu’une incertitude radicale est probabilisée ou qu’une convergence en probabilité est transformée en une convergence simple. Keynes avait déjà attiré l’attention sur ce qu’il avait, à l’époque, appelé “l’incertitude radicale” (1937)… et plus près de nous, Taleb (2007) a introduit la figure du “cygne noir” pour nommer ces événements qui échappent à toute prévision et bouleversent les situations”…
-“La notion de “hasard sauvage”, due à Mandelbrot, c’est à dire les observations de séries de cours invalidaient déjà selon lui les modélisations gaussiennes dans de très nombreux cas, ce qui avait notamment pour fonction de nous alerter face au danger récurrent de la “dérandomisation”…, n’est-il pas ?
Tancrède Anselme de Beaufort Castille -“Certes, que oui, bien sur, ainsi, on semble ignorer souvent que certains processus comportent des “sauts” et ne sont donc pas justiciables d’une modélisation continue, brownienne, par exemple…, il existe pourtant des modèles probabilistes, comme les processus de Lévy… Mandelbrot a par ailleurs défendu longtemps, en vain, les meilleures performances des fractales pour décrire ce type de situation ubuesque… et on peut soutenir que certains phénomènes aléatoires ne sont même pas stochastiques”…
-“Ce sont là quelques exemples particuliers qui semblent cependant relever d’une tendance très largement partagée à refuser l’indétermination, à vouloir à tout prix sauver la continuité : le déterminisme.
Tancrède Anselme de Beaufort Castille -“Modéliser… et donc, a fortiori, normaliser selon les standards gaussiens ou simplement probabiliser, peut en effet, quoique…, être considéré comme une forme de “dérandomisation” car il ne faut pas sous-estimer l’aléatoire…, dans le langage de Knight, on pourrait dire qu’on traite des phénomènes incertains comme des risques alors qu’ils se sont révélés dans l’après-coup être en fait incertains…, on voit au passage que ces deux opérations de “dérandomisation” et de “détemporalisation” ont partie liée…, feindre de croire que l’on peut décider a priori et une fois pour toutes que l’on a affaire à une situation à risque et non à incertitude, témoigne de cette double opération qui sous-estime la valeur de l’aléatoire et considère que les catégories sont dépourvues d’historicité”…
-“Maître Tancrède Anselme de Beaufort Castille, en l’absence de description exhaustive du contexte, et face à l’urgence de prendre une décision, l’incomplétude du corpus d’informations compromet-t-il vraiment l’usage d’une modélisation probabiliste du nouveau Chromes International : en effet, votre postulat d’additivité des probabilités semble une conséquence directe de la possibilité de représenter l’ensemble des possibles de manière ensembliste…, ce qui tout comptes faits, nous ramène dans le champ de la réalisation de l’article sur Lamborghini LatinoAmerica”…
Tancrède Anselme de Beaufort Castille -“Les théories des possibilités (relisez Dubois, Prade, 1985) formées à partir de l’axiome de la monotonie, est beaucoup plus faible que l’additivité, et cet ensemble permet, par comparaison, d’exhiber les hypothèses anthropologiques qui sous-tendent la théorie des probabilités : indépendance des décisions, description exhaustive des possibles, etc.…, ces théories seront utilisées comme fiction prospective pour penser une décision isolée”…
-“Mais avant cela il paraît expédient d’examiner rapidement cette additivité !
Tancrède Anselme de Beaufort Castille -“Que diable, comme vous voulez aller vite…, Keynes a évoqué le problème de l’additivité dans sa thèse de 1906 (publiée en 1921), mais sans le formaliser…, dans ce texte, intitulé “A Treatise on Probability”, il soutient que l’additivité ne concerne que des situations très particulières…, il défend l’idée que la notion de bien elle-même n’est pas intégralement additive”…
-“Une part des biens est de caractère “organique” et non atomique et sommable… et, surtout, que les degrés de probabilité ne sont pas toujours numériquement mesurables : “Normal ethical theory at the present day, if there can be said to be any such, makes two assumptions : first, that degrees of goodness are numarically mesurable and arithmetically additive, and second, that degrees of probability also are numerically measurable” (Keynes, 1921, p. 343).
Tancrède Anselme de Beaufort Castille -“Ces hypothèses d’additivité (au fondement de la théorie éthique “normale”, qu’il rejette, sont une condition nécessaire pour introduire la notion d’espérance, elle-même déjà critiquée de manière pertinente notamment par d’Alembert au xviii ième siècle (ibid., p. 347)…, mais, si Keynes souligne les limites de la pertinence de l’additivité (ibid., p. 29-30), il développe une théorie additive de la formation de la croyance rationnelle là où elle lui semble légitime, c’est-à-dire là où on peut postuler un principe d’indifférence”…
-“Il en précise lui-même les limites : il s’agit d’une théorie qui, s’appuyant sur des connaissances certaines, appelées “propositions primaires”, rend compte du poids que l’on peut accorder à des “propositions secondaires”…
Tancrède Anselme de Beaufort Castille -“Pour Keynes, cette manière de rendre compte de la formation des connaissances est conforme à l’expérience courante, néanmoins, il souligne que sa théorie devra être modifiée si, à la différence de son hypothèse de travail, les prémisses primaires ultimes des arguments ne sont que des “connaissances probables” (ibid., p. 18)…, le procédé n’est donc pas itératif, car à la seconde étape on n’a plus de certitude sur les propositions secondaires”…
-“Je note cependant… et c’est là un point crucial, que lorsqu’on parle de la force probante d’un argument on attribue cette force à une “inférence” et non à une simple “croyance” !”…
Tancrède Anselme de Beaufort Castille -“La pertinence de votre distinction apparaît effectivement dès lors que l’on veut composer des arguments les uns avec les autres…, c’est précisément le fait de traiter l’inférence comme une simple croyance qui permet d’espérer que le calcul des probabilités quant au devenir de Lamborghini LatinoAmérica et de Chromes International puisse non seulement informer l’action ou le jugement, mais la déterminer…, vous n’êtes pas sans savoir que Bernoulli avait attiré l’attention sur ce problème, mais ses travaux, qui ne postulaient pas une additivité a priori, ont longtemps été écartés de l’histoire de la pensée probabiliste (Shafer, 1976)”…
-“Deux présupposés implicites conditionnent en fait les approches probabilistes de l’incertitude : d’une part, on considère que les événements ou l’ensemble des propositions formulables, des possibles, peuvent être décrits de manière exhaustive ; d’autre part, on postule l’additivité de la “probabilité” en tant qu’application : si p et q sont incompatibles et ne peuvent être satisfaites en même temps, la probabilité de p?q est la somme des probabilités de p et de q.
Tancrède Anselme de Beaufort Castille -“Assurément Cher Patrice, assurément, ce second postulat est lié au premier, lequel dépend de la nature de la situation concernée : les conditions de pertinence de cette additivité peuvent donc ne pas être satisfaites, réduisant ainsi l’extension du champ d’application légitime des probabilités…, Popper avait tenté d’engager un programme de recherche sur cette question dès le début des années 1930…, il avait convenu avec Carnap qu’il fallait “distinguer clairement”, d’une part, les probabilités telles qu’elles sont utilisées en physique, en particulier en mécanique quantique, et qui satisfont aux principes du “calcul des probabilités” ; et d’autre part, ce que l’on appelle la “probabilité des hypothèses”, leur degré de confirmation, ou encore leur degré de corroboration”…
-“Maître Tancrède Anselme de Beaufort Castille, merci de cet éclairage qui va sans nul doute permettre aux lecteurs de mesurer toute l’importance de ces deux affaires”…
-“Ce fut tout plaisir très cher”…