Terminator Salvation…
Notre univers est à géométrie variable, soumis aux modes et à la mauvaise foi…, mais le monde des absurdités mécanique est pire…, dans la grande constellation des stupidités chroniques qui rendent fous les plus dingues des idiots, la “Terminator Salvation” est un pneu comme une étoile filante, un truc joli mais grotesque qu’on a plaisir à regarder quand on l’a sous les yeux, mais qui crèe des cauchemars lorsqu’on se retrouve à passer une nuit blanche lorsqu’il fait nuit noire…
La “Terminator Salvation” (nom du film éponyme) est un engin “ultime”, à l’extrême pointe du n’importe quoi, un “machin” démoniaque qui ne peut qu’être imaginé dans un monde emplit de bruit et de fureur…, un “truc” qui va à fond la caisse pour tenter de faire oublier le vide et l’inanité profonde de son entreprise : être une célébration vibrante, pétaradante et vrooomesque de la branchitude et de la coolitude des motards pervers et des bikers névrosés, ces fringants chevaliers des temps modernes qui font de la route leur biatch.
Alors bon…, voilà…, je vous vois venir, vous et votre vision étriquée du monde, avec votre triste cortège de stéréotypes et d’a priori sur les conducteurs de deux roues…, pour vous un motard c’est un gros barbu en cuir crasseux, maqué à une radasse édentée, chevauchant une Harley Davidson pétaradant fièrement sur les routes sinueuses de la liberté, de l’alcoolisme et d’une mort précoce…., sauf qu’il est temps d’oublier les codes de la bikesploitation : les motards hallucinés et débiles à la Hellriders et à la MadMax, c’est fini…
L’univers des motards incroyablement fantasmé façon Easy Rider (Mot-Cocaïne) à fait place à une version Trash de “Barbie & Ken à moto“, avec un Ken efféminé en latex phosphorescent accompagnant une Barbie mécano style “participation Franchouille à l’Eurovision d’une Europe qui englobe le Moyen-Orient et l’Australie”…, une quasi trassexuelle avec une barbe de trois jours et un blouson estampillé Carpe Diem…
La bikesploitation, tout comme la “chantonnadexploitation“…, sont maintenant destinés à des éphèbes aux p’tits culs admirablement moulés dans des futals sans un grain de poussière dessus… et de biatches lascives et peu farouches qui mouillent dès qu’un moteur rugit…, la tablette de chocolat pour les hommes et le piercing dans le nombril pour les femmes ont remplacé les bedaines arrondies par la bière des bikers 70’s…, la fin d’une époque…
Comme leurs aînés, les motards raillent toujours avec un mépris tranquille les automobilistes et les ploucs sédentaires…., ils ne travaillent jamais, vivent en permanence sur les routes, employant le plus clair de leur temps à faire la gueule sur leur bécane en prenant des poses de “real badass mothafucka”, parce que le look pour un motard, c’est un truc essentiel !
Si les les bikers Hells-Angels étaient des anges sauvages, les nouveaux durs sont métrosexuels, sauvagement cools, totalement imbibés de conneries et faussement rebelles, vivant des sens et non plus d’essence…, honte de rien : Carpe Diem !
Ce foutoir, s’abreuve aussi d’une fascination puérile pour la vitesse : “J’préfère aller vite que d’passer inaperçu” associée à une notion du danger honteusement minimisée : “La vitesse, c’est cool : ça fait s’envoler les moumoutes des ringards et les jupes des nénettes”…
L’ambiance néo-western, est indispensable, évidemment dû en grande partie à l’aridité des paysages californiens choisis comme cadre de vie, même pour ceusses vivant en banlieue parisienne, là où les bastons sont dignes d’empoignades de saloon…, là où les motos se cabrent comme des chevaux…, là où les méchants conduisent avec un flingue dans chaque main…, là où on emprunte plus volontiers des chemins de terre que des routes bêtement goudronnées…, parce que les chemins c’est plus sauvage, et qu’accessoirement ça permet aussi de soulever d’esthétiques nuages de poussière…
C’est une imagerie propre au grand Ouest et aux cow-boys desperados des temps modernes filant sur leur monture mécanique, vers le lointain, au soleil couchant : “We’re poor lonesome bikers”…
Cette moto “Terminator Salvation” est donc une sorte d’aboutissement de n’importe quoi, censée aller à 1.000 km/heure, vedette d’un film en superproduction Hollywoodienne, qui n’est qu’un mélange d’ineptie crasse et de cynisme décomplexé propre aux blockbusters les plus marketés !
C’est comme les papillons éphémères visant moins le passage à la postérité que la rentabilité immédiate, offrant sur la forme un véritable feu d’artifice visuel et, sur le fond, le triste spectacle d’une stérilité auprès de laquelle le néant semble être une promesse de fécondité…, ciblant de toutes ses forces le jeune public avide de sensations fortes (et, indirectement, la communauté des geeks qui aiment se gausser devant pareille daube)…
Le scénario se résume à rien…
En 2018, après le Jugement dernier, la Terre ressemble à celle de Mad Max, avec les robots de Transformers…, Marcus Wright, qui avait donné son corps à la science en 2003, se réveille sans comprendre comment il en est arrivé là à être un robot humanoïde…, il survit à une explosion nucléaire, se bat comme un demi-dieu et drague la jolie pilote qui se déshabille pour lui…, mais, surprise : c’est une robotte, mi-femme, mi-homme, mi-machine, dotée d’émotions sexuelles, d’un double sexe… et inconsciente de sa propre nature !
Marcus Wright et sa robotte deviennent amants…., puis au solde d’une nuit d’amour mécanisée façon BDSM, elle et lui lancent un assaut sur le QG de Skynet pour sauver Kyle Reese et d’autres…, tout cela en compagnie de John Connor qui est finalement mortellement blessé…, totalement brûlé, il s’éteint doucement (ce qui est un super double sens)…, mais Marcus Wright offre son cœur, humain, pour le sauver…, et c’est John Connors qui devient amant de la Robotte dans une déviance hallucinante des sens…
Après “Terminator : Le Soulèvement des machines” sorti en 2003, le quatrième volet de la saga devait être lancé en 2005, sans Arnold Schwarzenegger, devenu gouverneur de Californie…, liés par contrat, Nick Stahl et Claire Danes (les secondes stars du navet) sont d’abord annoncés, avant que ne soit prise la décision de recastrer…. euhhhh : recaster… les rôles…., dès-lors, le scénario est dans un premier temps développé auprès de Jonathan Mostow, réalisateur du troisième épisode.
Mais des soucis financiers du côté des producteurs compliquent la chose…, Andrew G. Vajna et Mario Kassard perdent les droits au profit de Halcyon Company en 2007…, MGM intente un procès à Halcyon, qui n’aurait pas respecté leur période d’exclusivité pour négocier les droits de distribution… et la justice tranche en faveur de Halcyon, qui négocie alors avec la Warner (pour le territoire américain) et Sony (à l’international).
La production engage McG, d’abord réticent mais finalement conquis par l’idée d’explorer le post-Jugement dernier dans la mythologie…, c’est alors une toute nouvelle trilogie qui est pensée…, à l’époque, le réalisateur de Charlie et ses drôles de dames explique : “Christian Bale et moi avons parlé de trois films et de ce qu’on veut faire, j’ai en tête l’histoire de la trilogie, qui s’achève avec la fin de la guerre”…
Il rend visite à James Cameron, alors en plein “Avatar”… et de cette discussion il dira : “Il ne nous a pas donné sa bénédiction, mais il n’a pas non plus chié dessus. Il a utilisé son propre Alien comme exemple d’un film qui faisait suite à un chef d’œuvre reconnu. Donc je me suis senti plus à l’aise, Jim étant à l’aise avec ce machin”…, au passage, McG récupère deux personnes d’Avatar : Sam Worthington et Martin Laing, à la déco.
La première version du scénario est signée John Brancato et Michael Ferris, qui avaient écrit “Terminator 3” (et “Catwoman” de Pitof)…, le célèbre Paul Haggis (“Collision”, “Million Dollar Baby”, “Casino Royale”) puis Shawn Ryan (créateur de “The Shield”) repassent sur le script…, mais selon les déclarations de McG, c’est Jonathan Nolan qui a le plus contribué au scénario…
Le frère de Christopher Nolan est en effet arrivé suite au casting de Christian Bale, qui n’a pas été aisé, comme McG l’a raconté à IGN en 2008 : “Je voulais un acteur qui dise au public qu’il fallait prendre ça au sérieux. Il m’a d’abord dit d’aller me faire foutre. Que ça devait être une question de personnage, pas d’explosions. Il m’a ensuite dit que si je pouvais amener ça au point où ça pouvait être lu sur scène comme une pièce, sans action ni effets spéciaux, alors qu’il le ferait”.
Jonathan Nolan a ainsi été amené pour donner plus de poids au personnage de John Connor, qui était nettement plus secondaire à la base…, la grossesse de Kate a au passage été reléguée au second plan, alors qu’elle devait à l’origine être traitée dans l’intrigue… et Terry Crews, lui, a été quasiment coupé au montage…
La fin a par ailleurs failli être très différente : à l’origine, John était tué, Marcus prenait son apparence (littéralement sa peau) et tuait Kate et Kyle, trompés par la machine…, McG est revenu sur cette fin avec “Entertainment Weekly” en 2009, qui a été abandonnée pour de multiples raisons (fuites sur internet et problèmes vis-à-vis des suites), même si le studio avait soi-disant signé pour cette conclusion…
Bale était parmi les défenseurs de cette fin, mais déclarait à l’époque qu’il acceptait la décision de McG, et défendait le film.., chose qui changera avec le temps…, un éventuel facteur qui explique l’état d’esprit de l’acteur, emporté dans un mini-scandale pendant le tournage en 2008 lorsque fuite un enregistrement : parce qu’il voit le directeur de la photographie Shane Hurlbut marcher sur le plateau et vérifier ses lumières pendant une prise, Christian Bale l’insulte copieusement et l’accuse de ruiner sa concentration…
Un craquage qui passionne les foules et l’oblige à platement s’excuser, non sans avoir déclaré que l’ingénieur son à l’origine de la fuite a brisé la confiance inhérente aux plateaux…, plus dramatique : en plein tournage, Helena Bonham Carter perd plusieurs membres de sa famille… et la production change son calendrier pour lui permettre de partir.
“Terminator Renaissance” est le premier film de la saga à être sorti en PG-13 (déconseillé aux moins de 13 ans) et non en Rated R (interdit aux moins de 17 ans non accompagnés)…, McG a suggéré que c’était une décision de la Warner, qui l’a contraint à couper une scène de Moon Bloodgood seins nus, et une autre ou Marcus se fait enculer par le sexe mécanique de la Robotte… ainsi qu’un plan où Marcus poignarde un assaillant avec un tournevis…, des moments réutilisés dans la version “director’s cut”, avec environ 3 minutes inédites de masturbations mécanisées.
“Terminator Renaissance” est le dernier film de Stan Winston, grand magicien hollywoodien, décédé pendant le tournage…, ce quatrième “Terminator” a coûté dans les 200 millions et a terminé sa carrière à plus de 371 millions de recettes, dont 125 aux Etats-Unis…, le plus faible score de la franchise au box-office mondial : moins que l’affreux “Genisys” (440 millions pour un budget de 155, mais avec un score inférieur sur le territoire américain), moins que “Le soulèvement des machines” (plus de 430 millions pour un budget similaire)…, “Le jugement dernier” (près de 520 millions pour un budget d’une centaine de millions)…, et loin de la rentabilité du premier film (plus de 78 millions de recettes pour un budget inférieur à 7 millions).
McG a en partie blâmé la série (pas si mauvaise) Terminator : “Les Chroniques de Sarah Connor”, diffusée et annulée après deux saisons à l’époque, pour ce succès en demi-teinte…, il avouera aussi à IGN : “Je pense qu’il manque au film le fun que Cameron avait insufflé aux précédents”.
Christian Bale finira par être honnête en 2014…, interrogé sur son absence dans “Genisys”, il déclarera : “Renaissance ne fonctionnait pas. C’est dommage, mais tout était contre nous. Je connais les raisons de cet échec, mais je n’en dirai rien…”.
Mystère ? Pas vraiment : l’acteur affirmera plus tard qu’il ne souhaitait pas retravailler avec McG… et de son côté, James Cameron a finalement déclaré que Renaissance était mieux que ce qu’il pensait, sans pour autant être satisfaisant…, mais Arnold Schwarzenegger sera moins diplomatique et parlera d’un film “nul” destiné à vendre son grandiose “Genisys”…, en plus !
La trilogie prévue ne verra pas le jour, en grande partie pour des raisons légales…, au bord de la faillite, Halcyon Company va mettre en vente les droits de la saga fin 2009, espérant récolter au moins 60 millions de dollars…, mais Joss Whedon, ce petit diable, va n’en proposer que 10.
Après divers rumeurs et combats, c’est Annapurna, la société prestigieuse de Megan Ellison, qui les récupèrera, avec l’idée de faire deux autres films…, ainsi arrivera “Terminator Genisys”, l’une des rares tâches au milieu d’une filmographe de luxe (“Her”, “Zero Dark Thirty”, “The Master”, “Spring Breakers”).
La scène principale dans le film avec la moto Terminator est l’un des points forts du film, la plupart des images utilisées dans la scène de poursuite a été filmée traditionnellement à l’aide de cascadeurs-hypermotards (sic !) effacés numériquement par la suite,
Le designer derrière la Moto-Terminator se nomme Victor Martinez, cette machine est motorisée par un bicylindre Ducatti 1100 90cv de 2007, fourche Marzocchi à l’avant, amortisseur Ohlins entièrement réglable à l’arrière…, 177 kilos (390,2 livres) et cadre treillis en acier tubulaire, boîte 6 vitesses.