Tesla L’imposture opportuniste…
Le monde entier et la totalité de l’univers connu et inconnu (toi aussi mon Popu qui me lit avec l’avidité intellectuelle typique du chercheur d’histoires Lambda)… croient que la marque et l’entreprise Tesla sont issues du génie créatif et inventif d’Elon Musk qui en serait dès-lors le fondateur.
Et pourtant c’est faux ! Totalement faux !
L’histoire n’est pas vraiment simple mais pas pour autant très compliquée que cela pourrait être imaginé par des esprits simples… et pour comprendre ce qui n’est qu’une imposture opportuniste de grande envergure, il faut remonter au début des années 1990 pour suivre la genèse de la marque et la digérer afin d’en excrémenter l’essentiel.
Tout commence au Salon de Los Angeles 1990, où GM expose l’Impact, un prototype de voiture 100% électrique. Devant la réaction positive du public ébahi, ce prototype devient un véhicule “de série” en 1996, baptisé EV1. C’est Alan Cocconi qui a réalisé le développement du système de gestion électronique des moteurs de l’Impact. Mais les gens de GM deviennent comme fou, prémisses d’une incroyable saga qui se terminera par le retrait forcé des véhicules EV1 de la circulation et leur destruction totale , sauf une petite poignée, 5 EV1 conservées emmurées dans des cave et/ou garages/box !
Devançant cette folie, Alan Cocconi ne va pas attendre l’épilogue de ce cauchemar et il quittera GM en 1992 pour cofonder AC-Propulsion. En 1997, cette compagnie présente le prototype tZero, un engin capable d’abattre le 0 à 100 km/h en à peine plus de 4 secondes. On est loin des autos électriques ennuyantes de l’époque et c’est ce qui attire Martin Eberhard et Marc Tarpenning qui ont vendu leur société de liseuses électroniques en 2000 pour la somme de 187 millions de dollars et cherchent de nouvelles possibilités d’investissement.
Eberhard aimerait bien se faire plaisir avec une voiture de sport, mais aucun des monstres gourmands en essence sur le marché ne trouve grâce à ses yeux. C’est dans ce contexte qu’il rencontre les gens d’AC Propulsion et essaye la tZero. Il tombe sous le charme et tente de convaincre la compagnie de la commercialiser. Réponse négative. La technologie de batteries n’est pas encore au point. Et c’est alors qu’Eberhard a l’idée de remplacer les traditionnelles batteries au plomb par des batteries lithium-ion, technologie qu’il connaît bien puisqu’il l’a utilisée dans ses liseuses. Eberhard et Tarpenning incorporent alors Tesla Motors Inc. en juillet 2003.
Ce nom est “officiellement” bien sûr choisi “en l’honneur” de Nikola Tesla, inventeur connu pour, entre autres, son travail sur le courant alternatif. En réalité c’est de l’opportunisme intelligent puisque le nom Tesla n’était pas déposé ni protégé. Le timing est excellent car GM vient de récupérer toutes ses EV1 (sauf 5) ! Eberhard sent que, devant la réaction fanatique des propriétaires, il y a un marché pour une auto électrique.
Commence alors le développement d’une voiture sport, mais Tesla n’a pas les moyens de développer son propre châssis et comme la compagnie vise à devenir un assembleur en utilisant la technologie d’AC Propulsion pour le groupe motopropulseur et un châssis existant mais modifié pour y installer les batteries, Eberhard porte son choix sur la Lotus Elise, une petite sportive anglaise.
Le développement commence, ainsi que la recherche de fonds financiers… et c’est là qu’arrive Elon Musk. Après avoir vendu PayPal à eBay en 2002, il souhaitait investir dans une compagnie de voitures électriques, il saute donc sur l’occasion qui passe à sa portée et ses moyens, lors de la première collecte de fonds en 2004. Elon Musk contribue à hauteur de 7,5 millions de dollars. Au début, il ne s’implique presque pas, il se contente de venir voir l’avancée des travaux et de donner des suggestions, c’est tout.
Le projet DarkStar, nom de code du Roadster, avance, mais il s’avère que les plans initiaux n’étaient pas bons, le châssis de l’Elise doit être considérablement revu pour accommoder les batteries et leur système de refroidissement. Les ingénieurs de Tesla modifient tellement la techno d’AC propulsion qu’au final aucun brevet de la compagnie ne sera utilisé. La batterie est composée de 6831 cellules de type 18650, généralement trouvées dans des ordinateurs portables. Elle est arrangée en 11 feuilles, chacune contenant 9 blocs de 69 cellules.
En juillet 2005, Tesla et Lotus signent un accord pour la fourniture de 2500 châssis retravaillés. En 2006, une deuxième collecte de fonds est organisée ou Elon Musc se positionne à nouveau. C’est finalement le 19 juillet 2006 que le premier Roadster est présenté au public. Eberhard promet 400 kilomètres d’autonomie, 240 km/h en pointe et un 0 à 100 km/h en 4 secondes pour des prix allant de 80 à 120.000 dollars US. La réaction est enthousiaste et Tesla reçoit ses premières commandes et dépôts financiers d’acomptes.
Mais l’auto était loin d’être prête, très loin de la perfection nécessaire. Parmi les plus gros problèmes, il y a la boîte de vitesses à deux rapports, elle ne tient que quelques milliers de kilomètres devant les 14.000 tr/min et la puissance du moteur électrique. Plusieurs fournisseurs sont contactés, mais aucun ne peut livrer une boîte assez solide. Il faudra se résoudre à n’avoir qu’une vitesse via une boîte fournie par BorgWarner, ce qui entraînera à nouveau de nombreux changements pour pouvoir tenir les promesses annoncées. Les retards s’accumulent, les fonds commencent à manquer.
Les tensions entre Eberhard et Musk montent alors que ce dernier s’implique de plus en plus financièrement. Elle atteint son paroxysme en juillet 2007 et Eberhard se voit retirer son rôle de PDG par le conseil d’administration pour devenir directeur des technologies. Lui et Tarpenning quittent finalement la compagnie qu’ils avaient créées. En août 2007, c’est Michael Marks qui devient PDG, avant d’être remplacé par Ze’ev Drori en décembre 2007. Ce n’est qu’en octobre 2008 qu’Elon Musk prend le poste de PDG.
Dans les jours qui suivent, il licencie 25% des employés. La compagnie est proche de la banqueroute. Le développement du Roadster devait initialement coûter 25 millions de dollars, il est monté en fait à plus de 140 millions. À ce moment, Musk a mis 70 millions de dollars de son propre argent dans Tesla.
Heureusement, la production du Roadster avait commencé en février 2008. C’est Elon Musk lui-même qui reçoit les clés du premier exemplaire baptisé Série 1.5 (en contraste avec les premiers modèles dénommés Série 1).
Le Roadster offre un moteur de 248 chevaux, 273 lb-pi de couple, une batterie de 53 kWh, une autonomie de 370 km et un 0 à 100 en un peu plus de 4 secondes. Il coûte près de 100.000 dollars US, ce qui n’est pas donné ! En 2009, Tesla présente la version 2.0 (288 chevaux, 280 lb-pi, 390 km d’autonomie, allègement de 68 kilos) puis la 2.5 en 2010 (288 chevaux, 280 lb-pi en version de base ou 295 lb-pi en version sport, 390 km d’autonomie).
La production du Roadster s’arrêtera en janvier 2012 après 2.450 exemplaires fabriqués, puis Tesla prépare le lancement de la Model S, un véhicule qui propulsera la marque vers de nouveaux sommets. Mais ceci est une autre histoire…
La crise financière de 2008 aura failli faire disparaître Tesla. Deux facteurs vont participer à sauver la compagnie : un investissement de 50 millions de DaimlerBenz contre 10% des actions et un prêt du département d’État américain à l’énergie de 465 millions (qui sera remboursé complètement en 2013). Tesla est introduite en bourse en juin 2010, ce qui permet de lever 226 millions de dollars. C’est le premier constructeur automobile américain à réaliser une telle opération depuis Ford en 1956.
Quant au Roadster, l’histoire ne s’arrêtera pas là. En 2016, Tesla propose un Kit 3.0 (facturé 29.900 dollars US) comprenant des améliorations aérodynamiques et un nouveau pack de batteries de 80 kWh qui fait monter l’autonomie à 640 km. En 2017, TESLA présente un nouveau Roadster, prévu pour 2020 mais retardé pour cause de Covid 19, qui devrait avoir des performances époustouflantes (0 à 100 km/h en 2 secondes et 1.000 km d’autonomie). Quant au tout premier Roadster, celui d’Elon Musk, il a été envoyé dans l’espace le 6 février 2018 et est maintenant en direction de Mars !