The California Star…
La California Star a toujours été une voiture controversée ! Elle a été construite par Donn Varner (Designer) et Ron Covell (Constructeur) au début des années 1980, comme une interprétation moderne de la Ford Model’T Roadster, en utilisant un châssis “maison” tubulaire, des suspensions de qualité compétition, des étriers de frein “Wilwood”, un moteur turbocompressé “Chevrolet” V6 monté au centre, une direction à crémaillère “Porsche” 911 et une carrosserie en aluminium formée à la main.
Donc, je vous explique l’affaire, accrochez-vous… En 1981, Donn Varner, un pinstripeur, designer industriel et concepteur automobile auto-proclamé, s’est associé pour le meilleur et le pire (sic !) avec Ron Covell un façonneur de métaux /constructeur de voitures personnalisées inconnues, dans la réalisation d’un “Hot-Rod-avant-gardiste”, l’évolution d’une sorte de “Model’T Roadster 1927” à moteur central ! Leur plan initial semblait honnête, il consistait à trouver une authentique carrosserie de Ford Model’T 1927 et de construire leur projet autour d’elle à la manière contemporaine des années ’80…
C’était une “disco-contemporisation” (sic !) épique basée sur un châssis “tubesque” sur mesure. Question moteur, pas de V8 mais un V6 Chevrolet turbocompressé et un maximum de pièces de récupération refaites “comme neuves” ! Alors que Varner et Covell développaient les maquettes à l’échelle 1:1 pour leur voiture, il ont rapidement constaté que l’antique et authentique carrosserie semi-pourrie et totalement déglingué qu’ils avaient dégotée dans une casse pour 200 dollars, ne convenait pas.
Ils ont alors décidé d’acheter la carrosserie en polyester d’un kit de Hot-Rod Ford’T Roadster qui selon eux, devait se prêter à la réalisation de leur interprétation “disco-ultra-moderne” d’un “Track-Hot-Roadster-Model’T”… En fin de compte, la carrosserie polyester ne convenait pas plus que celle en fer rouillé et leur projet s’est mué en la réalisation d’un Roadster inclassable, construit en aluminium, totalement unique, ni Hot-Rod, ni Kustom, ni Réplica d’aucune automobile terrestre.
“La chose” présentait vaguement des influences de conception provenant de variantes indéfinissables basées sur le “cubisme-parallélipipèdique”, c’est-à-dire des lignes droites et des angles de pliures marqués ! Pour le public éberlué c’était soit une “voiture géniale”, soit un grand “n’importe quoi”, soit un “shit-car”, soit un “Kit-Car” destiné aux courses sur pistes circulaires. Mais, en fin de compte, aucune pièce d’un roadster Model ‘T, original ou copie en fibre de verre, n’avait été utilisé.
Donn Varner en réalité s’était borné à donner des avis et des idées changeantes en fonction des difficultés rencontrées par Ron Covell qui a finalement exigé que leur association 50/50 passe immédiatement et unilatéralement à 20/80, le 80% étant pour lui qui s’était tapé la totalité du boulot, formant à la main la carrosserie en aluminium et ayant également fabriqué le châssis de la voiture dans un véritable style de voiture de course.
Il était fait à partir de tubes chromés-moly, incorporant la technologie de course des Midget’s dans son système de suspension et consacrant environ 2.400 heures à ses responsabilités dans le projet. Ensuite plus aucun des deux n’a voulu continuer les travaux concernant : 1° l’intérieur (qui a finalement été exécuté par Putnam’s Interiors à Sacramento), et 2° la peinture rouge Ferrari qui a été réalisée par Bob Acosta dans son atelier de San Jose.
L’ensemble du projet a pris trois ans. L’engin nommé “The California Star” a été inscrit et présenté au concours “America’s Most Beautiful Roadster” de 1984 au “Oakland Roadster Show” qui s’est tenu au “Oakland Coliseum” de la baie de San Francisco. Le “California Star” a immédiatement fait sensation ! Une gigantesque controverse s’en est suivie sur le fait que ce n’était ni un Hot-Rod, ni un Kustom-Car, ni un Kit-Car-Roadster-Midget, ni une voiture de sport, ni une voiture de course, ni une automobile futuriste techniquement basée sur une marque et un modèle de Roadster tout deux déjà existant.
La polémique à généré une bataille rangée à l’extérieur du show, les plus virulents hurlant que même si l’inspiration du “tandem de connards-abrutis” (qu’étaient Varner et Covell) provenait d’un “Roadster Modèle’T ’27” il y avait fraude manifeste pour eux de s’être inscrit à l’Association des Marques Automobiles en tant qu’industriels en construction automobile et ce en “Société LLC”, avec “leur chose” comme étant un “Rod’T” !
La rage concernant la création en “Société LLC” visait d’abord l’appropriation des noms “Modèle’T” et “Rod’T”… C’était la raison invoquée par tous les clubs de Hot-Rods. Mais ensuite le fait de s’être inscrit en société comme étant une LLC faisait devenir fous les “vrais professionnels garagistes et constructeurs de Kit-Cars” car cela leur empêchait de rétablir “la fraude à une appropriation illégale”, nuisait à leur statut réellement professionnel et surtout permettait aux deux compères de bénéficier d’une myriade d’avantages fiscaux en sus d’exercer sans autorisations légales et sans devoir payer de charges professionnelles !
- Absence de taxation au niveau de l’entreprise si aucune affaire n’est faites aux USA ;
- La responsabilité personnelle des membres est limitée à leur mise de fonds ;
- Les biens des membres sont protégés avec une LLC aux USA ;
- Impossibilité pour un créancier de la LLC aux USA de saisir les biens de l’entreprise, ni les droits de vote d’un membre ;
- Flexibilité dans la distribution des profits de la société ;
- Nombre illimité de membres ;
- Flexibilité de l’organisation de la LLC grâce à la liberté de rédaction de l’operating agreement ;
- L’operating agreement permet de limiter certaines formalités administratives ;
- Anonymat des dirigeants et des membres, certains Etats ne tiennent pas de registre des membres ;
- Créer une LLC aux USA et plus précisément au Delaware, Nouveau Mexique, Wyoming, Nevada présente donc de nombreux atouts pour ceux qui sont à la recherche d’un statut avantageux pour leur société ;
- Protection personnelle contre les dettes et les créances: les créanciers de l’entreprise ne peuvent affecter les propriétaires-dirigeants à titre personnel. Leurs actifs personnels et familiaux sont toujours protégés.
- Protection professionnelle contre les dettes et toutes revendications : la LLC aux USA est le seul type de société qui empêche les poursuites personnelles et les débiteurs de liquider l’ entreprise en réponse à un jugement.
- Pas de limite concernant les associés : L’entreprise peut avoir autant d’associés que souhaité dans une LLC aux USA (personnes physiques et/ou morales).
- Un management souple de l’entreprise : le manager peut être un associé ou un tiers.
- Pas de déclaration fiscale séparée : une seule déclaration fiscale (IRS Form 1065) indiquant les bénéfices et les pertes de la société.
- Souplesse dans la distribution des profits : Les dirigeants peuvent tout répartir comme ils souhaitent les profits de l’entreprise, indépendamment du pourcentage détenu du capital par chaque associé
- Pas d’échanges d’informations ; Les USA n’ont pas signés le CRS (Common Reporting Standard) et sont non signataire de l’AOEI (Echanges d’informations automatique). Aucune information bancaire ou statuaire n’est échangée avec aucun pays.
Avec autant d’avantages, les plus grands escrocs du monde ne peuvent et ne savent pas vivre de graves soucis ! Dans ce sens, il était vrai qu’au cours des années précédentes, profitant que leur voiture était si étrange et moderne aux yeux des autorités, le tandem avait officiellement déposé les noms “Modèle’T” et “Rod”T” déclarant et déposant ainsi officiellement leur création de 1984 comme étant un renouveau du modèle’T, sachant qu’en LLC ils ne risquaient rien.
Malgré la résistance générale de l’époque, la “chose” présentée est ainsi entrée dans la compétition justifiant qu’elle était construite par une LLC qui disposait de tous les droits légaux, et elle a été acceptée puis déclarée gagnante incontestée du concours ! Elle a ensuite été présentée dans une multitude de magazines de cette époque et y a été reconnue comme une voiture personnalisée historiquement importante en avance sur son temps !
Ron Covell (ci-dessous, photo de droite avec “The California Star” en finale de construction (pas encore peint) a ensuite mystérieusement disparu en visitant un champ de sables-mouvants (il avait en réalité monté son propre garage) et Donn Varner s’est “taillé” avec la voiture en conservant “les preuves” que “The California Star” était une star californienne incontestable, couverte, tout comme lui, par la LLC. Il a continué sa vie en tant que “Pinstripeur” (ci-dessous, photo de gauche en plein job de pinstriping). Deux ans plus tard, en 1986, il a vendu “The California Star” à Steve Lykken de Solvang, en Californie.
L’histoire s’est peu à peu “tassée” jusqu’à un presque oubli général, plus personne ne s’inquiétant de la disparition des 2 “héros” et de la fameuse “California Star” qui était malgré toute cette histoire était superbe et magnifiquement bien réalisée à tous niveaux et dans les moindres détails ! Toutefois l’affaire était tellement dingue et la réaction des artisans/fabricants/exposants du show tellement grotesque, stupide, minable et inconsidérée, manifestement une jalousie qui s’est transformée en haine que, s’en souvenant 18 ans plus tard, Mister Blackie Gejeian, un milliardaire fanatique de Hot-Rods et ami de Georges Barris (Blackie Gejeian c’est le barbu souriant assis à coté de Georges Barris, en veste jaune), lui a racheté “la chose” afin de la “consacrer” avec tous les honneurs (une réhabilitation) comme étant réellement la gagnante du show de 1984 !
Elle est devenue en 2014 la vedette de son musée personnel privé : “Blackie-Gejeian-Collection” en contrepartie de 77.000 US$ ! Il voulait l’exposer comme vedette avec ses Hot-Rods, en tant que “The California Star” avec des panneaux explicatifs détaillant la très longue liste des raisons bien documentées s’étant terminées par une controverse nationale entourant son entrée dans la compétition “America’s Most Beautiful Roadster” de 1984 au célèbre “Oakland Roadster Show”… L’odomètre affichait toujours 0000,5 miles 1/2 et ce depuis 1984 ! Le 2 septembre 2016, seulement deux ans après qu’il avait acheté “The California Star”, Michael Blackie Gejeian, est décédé ! D’origine arménienne, il était né en 1926 à Easton, en Californie, près de Fresno. Sa famille, y compris sa famille élargie, étaient des agriculteurs qui vivaient ensemble dans un ranch agricole. Gejeian se souviendra plus tard : “Dix-sept d’entre nous vivaient dans cette ferme. Et vous n’avez jamais vu des gens aussi heureux. Mon père jouait du violon. Un oncle de la clarinette. Un autre oncle du tambourin. La nuit, ils jouaient et ma mère et mes tantes dansaient en cercle, les vieilles danses arméniennes, se tenant la main”.
Après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires, Gejeian s’est enrôlé dans la marine des États-Unis et a participé à la Seconde Guerre mondiale. De retour de la guerre, Gejeian souhaitait construire le Hot-Rod le plus rapide de Fresno. Sa première voiture a été construite en 1945 et elle est devenue la plus rapide de Fresno ! Peinte en noir, il l’a appelée “Blackie”, ce qui lui vaudra finalement son surnom à titre personnel. Cependant, cette voiture finira par s’écraser lors d’une course en 1948. Gejeian a reconstruit le roadster en tant que show-car et l’a renommé “Shish Kebob”. Le train de roulement de la voiture était le premier train de roulement entièrement chromé et Blackie mettait souvent la voiture sur le côté (photo ci-dessous) pour le montrer lors des salons où il exposait sa voiture, d’où le surnom de “Shish Kebob”. Il a également commencé la tradition de placer un miroir sous la voiture lorsqu’elle était présentée.
En 1955, il a été nommé le plus beau roadster du monde par “l’Oakland Grand National Roadster Show” (là ou “The California Roadster” obtiendra le premier prix en 1984) ! Il devint ensuite promoteur au “Clovis Speedway” pendant plus de deux décennies de 1960 à 1980. Ce circuit qui était dans une situation financière désastreuse, est grâce à lui, devenu de plus en plus populaire et rentable : “Avec la promotion de Gejeian !”… “Grâce aux efforts de Gejeian !”... C’est qu’il s’est “donné à fond” pour que le circuit de Clovis devienne : “L’ensemble de pistes de terre en tête des plus épiques du pays”. Gejeian a également été propriétaire du “Fresno Dragway” durant 18 ans. Blackie Gejeian a aussi créé, géré et dirigé le salon automobile “Autorama” en 1958. Depuis lors, il se déroulait chaque année à Fresno dessinant certains des plus beaux exemples d’ingéniosité automobile. À l’occasion de son 50e anniversaire en 2008, ce show a présenté plus de 250 voitures. Cependant, avec la retraite de Gejeian, “Autorama” a cessé d’avoir lieu. Tout au long de son histoire, ce salon automobile avait eu lieu une fois par an pendant 51 ans ! Le dernier salon ayant eu lieu en 2010, 6 ans avant son décès !…
2 commentaires
Mon cher Gatsby,
Les superlatifs manquent pour qualifier votre travail ! L’association sur ce V6 transversal d’un turbocompresseur à un carburateur Weber (chromé) donne même dans le western spaghetti,
Les cerveaux des types qui imaginent ce genre d’automobile sont tout de même curieusement faits : capables de créativité et d’inventivité débridées, tant en sachant faire preuve de rigueur et de capacités de gestion de projet… ils ne boxent pas dans la même cour que le popu qui fait des 7-8 heures par jour ?
La différence de mentalité et de savoir faire entre les Français et les Américains concernant les Hot-Rods et autres voitures-plaisirs est très importante. De plus aux USA les pièces de Kustom et de Tuning sont simple à trouver et recevoir par des sociétés telles qu’Alazon et DHL… Ici tout cela n’est pas vraiment dans les habitudes. Pour des sophistications mécaniques, il existe beaucoup de choix de sociétés et de pièces, en France c’est le désert… Et pour le soins apporté aux détails, c’est une question également de mentalité, en France on cache les imperfections, aux USA on les répare en cherchant à mieux faire ! Je me souviens d’il y a 40 ans lorsque j’avais une société/garage aux USA, que je faisais de solides profits uniquement sur la notion différente entre les Français et les Américains concernant les finitions et l’état des voitures… Une voiture en état quelconque aux USA est “concours” pour les Frnaçais… Une voiture “Concours” en France est quelconque pour un Américain… J’achetais sans honte des “quelconques” aux USA et les vendait comme des “concours”. Même pas besoin de baratiner, les clients faisaient des Ohhhhh et des Ahhhh tout seul ! Question magazine, là-bas c’est également plus simple, les tirages et ventes sont à la taille du pays. 20 fois plus qu’en FRance pour un travail de base identique… Notez qu’ils sont tous des sortes de Zemmour, ils n’apprécient qu’eux-mêmes… Je viens donc de vous répondre dans le même fil que votre question/remarque qui annonce d’emblée la même couleur que ma réponse ! Ceci écrit, allez dans les autres sections, il y a des vidéos de films-autos, de mes magazines… Egalement des articles “autres”…
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