The Greatest Car Lemons…, je me fais une démence !
Un jeudi d’il y a quelque temps (novembre 2010)…, vers 09h30, je traversais un bled paumé au milieu de nulle part, avec mon sac photo en bandoulière, en route vers ma mission : prendre possession d’une voiture à 8 roues achetée sur Ebay… et, dans le même temps, réaliser divers reportages à publier sous forme d’articles déjantés dans GatsbyOnline…, ce qui, avec le temps qui passe de plus en plus vite, est parfois un véritable enfer.
Je ne vous cause même pas de l’effet du Mojito chaud et du café tiède au cannabis, affalé sur le bar de l’hôtel, ou j’ai assisté à des scènes de sexe hard suivies de manifestations de joie orgasmiques aussi trash qu’avinées (à la cannelle)au milieu de pas mal de regards bovins et même provocateurs d’avortons dans le formol avec des tronches à faire peur à des Tchétchènes, occupés à sodomiser des nananas neurasthéniques affichant corporellement le même genre de différence que celle qui sépare les exhalaisons dermiques et autres remugles intestinaux entre Monica Belluci et Hillary Clinton…
Bien…, suivez-moi, lisez-moi, pendant que je tapote mes souvenirs…
Je croise des arriérés en jeans marbrés, des donzelles au look d’île de la tentation…, ça n’a pas l’air de fort bien tenir la route, tout ça…, leurs odeurs apocrines m’exacerbent par tous les pores de leur derme…
J’ai du subir toute l’armada d’abrutis certifiés habitués aux douteux bars à papouilles qui viennent y délocaliser leur cirrhose.
Vraiment, je ne reviendrai pas, même si on m’invite.
J’entre dans un « Dîner’s » typique, tout en aluminium brillant, je m’installe près d’une fenêtre, commande… et dans les 5 minutes j’avale vite fait un big bacon en observant un couple trentenaire, très élégant, paré pour une réception chez l’Ambassadeur…, dévorer des ailes de poulet avec les doigts.
En partant, j’ai des visions…, je crois voir le lapin de l’apocalypse de Donnie Darko…, Trinity de Matrix…, deux Cruella De Ville…, un Ninja…, une Elfe…, un Maffieux…, une Lara Croft…, un Austin Powers…, un Michael Jackson qui pourrait être Thom Yorke qui pourrait être Charlot… et un type qui s’est fait le total-look Bruce Willis de Die Hard 3, débarquant non seulement habillé d’un marcel ensanglanté avec de fausses blessures sur le visage mais portant surtout attaché autour du corps un grand panneau « I hate every nigger in town »!!!
Génial, si on admet que ces blaireaux se rendent à une convention geek.
Cela se passe sans accroc, sinon que je peste pour éviter l’erreur majeure… et c’est totalement éreintant, voire même complètement stressant.
Je sors de là sur les rotules, sentant poindre la migraine, avec pour seules envies une douche, mon lit et un formidable bouquin qui m’y attend sur l’oreiller…., mais je dois d’abord aller voir et prendre possession de la voiture achetée sur Ebay…
A peine dehors, le film de zombies reprend exactement là où je l’avais laissé…, je croise des gens patibulaires au look improbable, entre pirates somaliens et étudiants des années ’50, des types à capuches titubant en insultant tout ce qui bouge.
Le taximan que j’ai hélé semble heureux de prendre en charge quelqu’un qui n’a pas l’air en possession d’une machette dans sa poche arrière.
Je fais : « Ca a l’air un peu dingue ici, non ? »…
Le chauffeur se marre d’un air à la fois résigné, triste et consterné, et m’expose le palmarès de la veille : « Il y avait un bal hier soir. Ça a tiré vraiment beaucoup de monde et comme c’était nul, les gens sont plutôt de mauvaise humeur. Il y a eu des émeutes, plus violentes que d’habitude. Monsieur, j’ai vu plus de bagarres la nuit passée que je n’en vois d’habitude en plusieurs semaines. Chaque fois la même chose: des types commencent à se battre, ça forme un attroupement, ça se bouscule pour mieux voir et puis, ça se bagarre même dans l’attroupement !!! C’est l’alcool, ça, les gens ne tiennent plus du tout l’alcool. Les flics sont débordés, complètement sur les nerfs »…
L’alcool, la situation économique, le stress des fêtes, la dépression économique, le calendrier Maya…, chacun sa petite théorie.
La mienne, c’est que les beaufs sont des ânes pour les autres beaufs, c’est indéniable que tout se dégrade…, m’est venu dans ce taxi la prescience d’un non-évènement qui pourrait tenir davantage du carnage que de la célébration.
Toutes les conditions semblent en tous cas réunies pour que tout dégénère vraiment, cette fois.
Prescience d’un désastre !
Survivez, faites-en autant.
Vers 11h00, j’arrive à destination, je le sais sans que le taximan me dise le prix de la course, devant moi se trouve la « Greatest Car Lemons » !
La saga de la conception et de la construction de cet engin est un mystère complet…, avant d’être publié sur Ebay le 9 novembre 2010, personne n’en avait jamais entendu parler.
L’annonce en forme de vente aux enchères, révélait très peu sur la voiture, sinon une brève liste de certains des composants… et onze petites images.
Le mot du vendeur Ebay se résumait en un charabia tentant d’expliquer qu’un parent avait acheté la maison où cette voiture était stockée.
Le vendeur Ebay était en réalité une vendeuse, la mère du fou ayant construit cet engin… et aussi la femme qui vendait la maison.
Elle expliquait que cet engin était la création de son fils défunt, construit avant qu’il ne devienne malade.
Elle ne racontait pratiquement rien d’autre à ce sujet, que de prétendre que son fils avait investi près de US$ 100.000 dans sa construction !
Bof !
Comme la dame avait été incapable de fournir le moindre titre de propriété ni de certificat d’immatriculation pour le véhicule… et comme son état de fonctionnement était inconnu, la vente aux enchères sans réserve sur Ebay s’est soldée à un petit US$ 4.494…
Cela a été une chance incroyable pour moi, comme je l’avais déterminé, j’étais vraiment le seul au monde désireux d’acquérir une telle folie et capable de dépenser autant que US$ 4.494 !
J’ai payé par Pay-Pal… et suis venu voir…, je suis là… et c’est de ma faute !
La plaque d’immatriculation de l’Illinois montre une date d’expiration : 1988… et le carburant dans le réservoir sent comme un vieux vernis.
Il y a une épaisse couche de poussière partout, comme si ce bitza n’avait pas été utilisé depuis de nombreuses années !
Je grimpe dans le cockpit, qui est comme un four !
Cette wondercar huit roues est vraiment une merveille d’over-the-top-design et d’ingénierie débile.
Trente-six (oui, 36 !) boutons fonctionnels se trouvent fixés dans le plafond, et 15 jauges numériques sont fichées dans le tableau de bord, tandis qu’à la hauteur du pied droit, trois compteurs obligent à se contorsionner vers le bas pour atteindre les pédales jusqu’à ce qu’on soit couché sur le dos !
Cette chose n’a aucun sens !
Le concepteur de cet engin apocalyptique s’est sûrement dit : « Si quatre roues sont bonnes, huit doivent sûrement être deux fois meilleures » !
Pourquoi construire une supercar « normale » quand on peut construire quelque chose de complètement idiot ?
Il m’apparait clairement que ce du être un travail d’amour qui a duré au moins plusieurs années pour son constructeur.
Je commence mon inspection sous les sourires stupides de badauds !
Le moteur est un Mazda 12A rotatif préparé par Racing Beat… qui devrait faire dans les 400 CV s’ils fonctionne correctement.
Cette voiture réalisée sur un châssis en tube d’acier à maille carrée, ressemble à un Freightliner assez svelte, et pas à une Ferrari allongée !
C’est un agglomérat d’ingénierie absurde réalisé de la meilleure façon possible.
Le constructeur aurait pu être un ingénieur aéronautique, en plus d’être un fabricant totalement fou, qui a percé et câblés tous les boulons pour en empêcher tout mouvement.
La transmission est manquante, le système de freinage est bloqué, les maîtres-cylindres sont soudés aux disques… et la poignée de frein de stationnement n’est pas relié à quoi que ce soit.
Les deux différentiels arrière ne sont pas reliés les uns aux autres, donc le plus en arrière ne peut être alimenté jusqu’à ce qu’un adaptateur soit fabriqué…, il y a deux nouvelles pompes à essence Holley, une pour chaque réservoir, mais sans les filtres.
Les peaux de porte en fibre de verre (gag !) sont en suspens et doivent encore être installées, et le pare-brise en lexan n’est pas fixé non plus.
La construction à l’intérieur de la cabine est également exagérée de sécurités inutiles.
De nombreux tubes d’acier carrés forment des structures de soutien redondantes… et les cadres de porte en acier nus de type Gullwing sont si lourds, que je doute que la plupart des gens pourraient les ouvrir tout en étant assis dans la voiture !
Le capot géant pèse probablement plus de 300 kilos par lui-même, et la carrosserie n’est pas beaucoup plus légère, la fibre de verre étant assez épaisse pour marcher dessus !
Même les quadruples sorties d’échappement latérales sont lourdes, fabriquées en tubes d’acier à maille carrée.
Compte tenu de l’état inachevé de la voiture, et de l’incroyable attention aux détails que le constructeur y a apporté, je ne peux pas imaginer qu’on pourrait lésiner dans sa finition.
Bien que des milliers d’heures de travail ont été investies, de bien plus nombreuses seront nécessaires pour terminer ce rêve cauchemardé.
Que soit, le vin est tiré, il faut le boire…
Le transporteur est enfin là !
De longues rampes temporaires ont dû être construites spécialement pour placer cet engin ultra-large sur la remorque !
Les quelques heures qu’il faut pour « faire glisser » l’engin sur la remorque, sous les rayons du soleil, sont une torture.
La voiture est ensuite transportée pour moins d’un dollar par mile, jusqu’au garage d’un ami situé en Floride… et moi, je retourne à l’hôtel reprendre mes petites affaires… avant de partir vers la Floride réceptionner cet engin…
Quand l’engin à 8 roues arrive quelques jours plus tard, je suis fou de joie !
La raison ?
Vous l’ignorez sans doute et cela n’a pas grand intérêt, mais j’ai directement revendu cet engin à un ami de mon ami garagiste.
Combien ?
10 fois plus, j’ai longuement expliqué que c’était un prototype qui devait célébrer la fusion de Corvette et Mazda…, que c’était une opportunité, que le retour sur investissement serait multiplié par 10… et c’était dans la boite !
Cela clôturait cette histoire, me permettait de ne rien investir de plus dans cette folie… et de rentrer « at-home » en Europe…
Ceux qui connaissent GatsbyOnline et y lisent mes articles, n’en retiennent généralement que trois choses : le déjantage à outrance, la mauvaise foi crasse et le dénigrement automatique de toutes les Ferrari.
Cette réputation est bien évidemment totalement surfaite…, je me revendique seulement ennemi de l’accordéon dans le métro, ennemi du rock Heavy-métal, et des concentrations de tentes de camping avec quelques Customs entre les piquets…
Ce n’est qu’après ma période C&F, lorsque j’ai re-calibré le bazar de ma vie que j’ai fait fuir les branchés apparus dans un grand éclair blanc en plein milieu de ma cage à ours que j’ai évolué en pire…
Mauvaise foi, moi ?
Naaaan, jamais !
Ça, c’étaient mes années Chromes&Flammes… !
Tapoter cet article, avec une solide arrière-soif derrière l’oreille, ne sachant pas trop où aller me l’achever vu l’offre pour ainsi dire insignifiante des propositions sur le web…, m’oblige, comme toujours dans ce lieu de débauche et de pré-fornication ou les gens sont largement imbibés… à tenter de voir clair là ou on n’y voit pas plus qu’au travers d’un nuage déformant, et ça me fait, à vrai dire, un peu peur.
Peur parce que des types et des nananas me racontent des trucs souvent incompréhensibles, que ça doit d’ailleurs glousser entre gousses cocaïnées aux gogues !
Je décide donc souvent de fuir, avant de perdre mon dernier gramme de dignité avec qui il m’arrive régulièrement de bien rigoler, virtuellement ou non, entre langues de putes de compétition, entre gros n’importe quoi fastidieux et belles rigolades.
Après, faut pas pousser, non plus.
Arrive un moment, ou le vieillard que je suis, se sent las de cette jeunesse turgescente et très excitée.
Le précaire en moi n’a plus que menue monnaie en poche, ayant une fois de plus transmuté les biffetons en liquides qui pètent.
Quant à l’esthète en moi (aussi), qui apprécie la beauté art-déco, il se dit que le rectangle sous édredon qu’est son lit, reste également une proposition esthétique très valable.
Bref, je rentre en moi-même écouter le silence.
La semaine prochaine, pour rester dans le ton, je me fais une démence…