The Race of Gentlemen…
Meldon Van Riper Stultz III que vous pouvez voir et écouter sur les vidéos placées en fin de cet article, est un gars super intéressant…, derrière son nom assez cool et son fasciés particulier, avec ses moustaches aux teintes rouillées…, réside l’esprit d’un véritable innovateur du vide que la nature (dont nous faisons toutes et tous partie)…, cherche sans cesse à remplir.
Après une vie faite de galères, d’espoirs, de prises de têtes et de plusieurs métiers, dont celui de constructeur de Hot-Rods et de Choppers d’avant-guerre, ainsi que de vélos-customisés…, en décembre 2003, Mel, malade et fatigué d’aller dans des shows et salons d’automobiles présenter ses œuvres…, écœuré de ces typiques spectacles de gens trainassant leur ennui face à des exposants (comme lui) affalés sur des chaises pliables branlantes…, attendant le client (plus d’un tient du miracle), débitant des conversations creuses dans de sempiternelles conversations consuméristes, aussi stagnantes que l’eau croupie des marais du Bayou…, se rendit compte (enfin !) qu’il n’y avait plus de vie dans ces habitudes…, que s’il ne réagissait pas, il allait finir ses jours et nuits, en bordure du New Jersey, dans la ville de Neptune, déprimé, vieux, malade…
Miracle…, un client est arrivé le lendemain, pour lui demander s’il avait les capacités de construire un manège-forain dans le style des années trente…, il a accepté…, s’est mis à la tâche…, en quelques années son entreprise solitaire est devenue une affaire rentable employant quelques dizaines d’amis, tous aussi déjantés que lui…
Progressivement, il s’est s’aventuré dans ce genre de fabrication pour une clientèle select à travers le monde…, les bavardages inutiles et le vide intellectuel des shows étaient remplacés par de l’action… et, de plus, les dollars coulaient à flots…, toutefois, après presqu’une décennie, le buzz s’est dissipé pour lui, personnellement… et il a voulu pousser le bouchon un peu plus loin.
C’est à ce moment-là que Mel a réalisé que pour aller de l’avant… il devait revenir en arrière… et il a eu l’idée d’une course pour Gentlemen sur une plage…, pas très complexe à monter, il fallait attirer du monde…, grâce à la bible complète des contacts qu’il avait accumulé, il a envoyé des invitations, expliquant que les Hot-Rods et Choppers façon Boydd Coddington, c’était dépassé et quasiment inhumain, plus en adéquation avec les années d’après le 11 septembre 2001, marquées par la crise et les mensonges gouvernementaux qui changeaient peu à peu la vision Hollywoodienne qu’avait le reste du monde envers les USA !
Il écrivait que ces machines hors de prix, inutilisables, trop complexes, n’étaient destinées qu’à être un affichage pour snobs et crétins friqués et vaniteux, payant des larbins pour les fabriquer et les astiquer…, que c’était débile…, que la vie c’était autre chose que du paraître…, qu’il fallait revenir aux sources du Hot-Rodding, réinventer les grandes courses d’antan sur les lacs salés… et les jours de gloire vécus sur les plages désertes comme Daytona Beach.
Mel pensait que ce serait un évènement parfait pour les plages du New Jersey, à l’automne…, il a contacté David McLaughlin et Paul Fernicola, maires des villes d’Allenhurst et Loch Arbor…, ensuite Bantam eut vent de la course et le maire de la cité a été le premier à bord, offrant le “beachfront” pour y réserver une bande de sable de huit miles.
Il n’y n’avait aucun retour en arrière possible, en avant toute…, Mel à créé un club : The Oilers… et commencé la planification…, le concept avait été couvé en août 2012 et la course fixée pour la fin octobre 2012, un risque fou, car “les gens du coin“ savent que la météo peut être très incertaine sur la rive atlantique.
Mel et son équipe ont ainsi ressuscité à l’Est le célèbre “Carlsbad” Californien (Ouest), avec la bénédiction de Jim Nelson (fondateur de la société de châssis Dragmaster en 1959) et des membres fondateurs du club du même nom créé en 1947…, durant une conversation téléphonique impliquant en outre Jim Nelson, le constructeur de dragsters Robert Genat et son ami Mike Kliman…, à ce stade, Jim a demandé à Mel s’il voulait continuer la tradition des Oilers par la résurrection de la voiture fétiche du club… et Mel a accepté avec enthousiasme…
À plus de 3.000 km du lieu d’origine du club éponyme, les “nouveaux Oilers”, gonflés à-bloc et recrutés avec une base d’adhésion sélective, tous inconditionnels des Hot-Rods traditionnels, sont principalement issus de la Virginie-occidentale et de l’état de New York…, ces messieurs (ces Gentlemen) vivent presque tous du “Old-Time”…, certains écument les granges, les sous-sols et les arrières-cours le long de la côte Est pour acheter toutes les choses anciennes et motorisées permettant de donner un nouveau souffle à leur vie.
En octobre 2012, la veille de la première course (qui en fait est constituée de centaines de courses 2 par 2), après une fête de plage requise la veille, à grand renfort de bières et autres boissons alcoolisées…, le ciel du matin s’est amélioré pour ce qu’on appelle là : “Une journée parfaite sur le rivage du Jersey”.
Le soleil a commencé à cuire l’air à 34 degrés, tandis que les participants arrivaient avec leurs voitures et/ou motos…, les vagues, elles aussi coopéraient, donnant à une myriade de surfeurs, le besoin de lever le pouce pour un “nice” global…, c’était comme une maison de fous…, ce matin-là, 160 invités participaient aux festivités de la journée, quoiqu’en raison de la marée optimale et du sable compressé pour les courses, celles-ci ont débuté avec quelques heures de retard…, un avantage pour Mel et les Oilers…
Car, par le biais des médias locaux et de divers contacts téléphoniques (cellulaires), la foule a grandi et a grandi… jusqu’à plus de 3.000 personnes compressées sur le front de mer, admirant les “tacots”, les motos et les vélos anciens venant de toute la région des trois États contigus, pour un show improvisé à coté de l’océan.
Sur le sable, les racers étaient tous obligatoirement d’avant-guerre, vintage…, principalement des années 1930…, en tout, une centaine de vielles voitures et une soixantaines de motos antiques étaient présentes et “en forme” pour se disputer (sans querelles) les honneurs dans la bonne humeur…, les propriétaires sachant pourtant très bien que le sable et le sel mettraient le diable corrosif dans les recoins de leurs machines…
Sous un tonnerre d’applaudissements, “The Race of Gentlemen” fut ainsi lancé…, avec aussi quelques vélos tenant les premiers coups de feu…, les accessoires “racing” avaient été construits par Mel et ses Oilers, c’étaient des cônes et des pylônes façon vintage réalisés avec une combinaison d’anciens échafaudages et un trailer rouge (tour de contrôle) d’aérodrome de la seconde guerre mondiale.
La course n’en était pas vraiment une, c’était strictement pour le fun, bien que les “boys” prenaient ça au sérieux…, plaçant des panneaux de contreplaqué au sol de l’aire de départ pour obtenir un maximum de traction et aussi pour ne pas que les bas de caisse et les jantes des autos, en leur centre, ne deviennent une sorte de ligne de flottaison.
Quelques amerrissages dans les vagues ont été reçus avec “mucho” satisfactions des fans, au solde d’une confrontation de Ford’s sur le sable… et quelques motos ont vécu des difficultés techniques en raison de l’eau salée…, mais la journée s’est déroulée sans autres anicroches…, même le New Jersey State Police a fait une démonstration de vitesse avec un spectaculaire dérapage (non) contrôlé…, les “Cops” avaient pourtant insisté pour que quelques mesures de sécurité soient prises : casques portés, ceinture de sécurité bouclées et spectateurs plus éloignés du bord de piste de la course)…, il n’y eut aucun problème…
L’affaire a été étiquetée : “Evénement de proportion épique” par plusieurs participants, ce qui a été repris par les journaux locaux…, résumant finalement assez bien cette manifestation très festive (notez que l’ouragan Sandy a frappé la zone neuf jours plus tard, anéantissant le front de mer) !
Jamais satisfait, Mel après la première de “The Race of Gentlemen”…, a envisagé d’étendre l’événement sur route…, un sujet de conversation typiquement de fin de journée…, de plus, plusieurs communes dans les différents États se sont montrées intéressées pour organiser le prochain “The Race of Gentlemen”…, tant et si bien que Mel s’est mis à échafauder des plans pour une course de côte Old-Timer pour des vélos, des motos et des autos d’avant-guerre dans la région métropolitaine de New York…
Ayant eu l’écho de tout cela, je suis allé voir ce qu’il en était et en serait pour la seconde édition…, n’ayant jamais visité Wildwood avant, je ne savais pas à quoi m’attendre pour la “Race of Gentlemen 2013” d’octobre…, j’ai associé l’endroit à Jersey Shore, basé sur la localisation, pensant que le comportement de la ville (surtout en basse saison) serait déterminé par ses locataires…, pour ensuite voir que de nombreux bâtiments étaient toujours en place sur le thème des années ’50…, de plus, la majorité des voitures avait l’air d’être d’une époque encore plus ancienne…, tout cela m’a vraiment excité.
Une fois sur la plage, j’ai réalisé que “The Race of Gentlemen” était vraiment quelque chose de spécial…. les seuls véhicules étaient des Hot-Rods traditionnels, des motos des années ’30 et ’40 et mêmes quelques Pick-ups avec une planche de surf…, sur la ligne de départ/arrivée, officiaient un maître de cérémonie en tenue de ville, à côté de quelques personnes représentant la “Commission de classement”…, faisant les cent pas sur le sable entre la tour de guet (de contrôle) et les poteaux de départ/arrivée.., se dandinant sur de la musique live…, avec en fond la brume de l’océan rampant vers la rive dans la fraîcheur du matin d’automne.
Un an après que Meldon Van Riper Stultz III avait réalisé son premier “The Race of Gentlemen”…, il était ainsi entré avec fracas dans la vie des Hot-Rodders nostalgiques, défonçant au passage toutes les idées établies…, il me fallait l’interviewer…., je me suis donc lancé à sa poursuite, hagard, pantelant, craignant que mes questions restent sans réponses, dans l’attente d’un signe qui m’aiderait enfin à saisir à pleines mains l’énigme du succès de sa manifestation qui me semblait construite sur du sable…, le vice fut poussé jusqu’à la prise de contact concernant l’objet même de cette obsession…
– Pas maintenant, répondit-il, pas avant de savoir si la boucle est enfin bouclée. L’étreinte glacée d’un possible insuccès pour 2013 peut avoir raison de mon cœur pur… Revenez en fin de journée…
Mon ami Karim, pour ne pas le nommer, qui répare et entretient mes automobiles en Europe, a, en attente de cet évènement médiatique (sic !) consistant a interviewer le maître des lieux…, succombant au sommeil au bout de 40 minutes, non sans avoir lâché : “Voilà pourquoi j’aime le Hot-Rodding”…, après un lent, très lent travelling optique sur une Corvette rouge…
Car oui… et peut-être ici plus que jamais…, la vision de Meldon Van Riper Stultz III se mérite…, sa dilatation extrême du temps, ses incessantes répétitions, ses incompréhensibles sautes d’humeur… ont été des obstacles périlleux à la bonne réception de ses idées révolutionnaires…, son The Race of Gentlemen étant l’apogée ultime de la rêverie sous morphine d’un illuminé drapé dans ses lumières révélatrices…, un temps laissé pour mort puis ressuscité pour révéler la vérité…, sa vérité.
Hanté par l’amour de vacances de ses huit ans, il vivotait il y a quelques années entre son home (a priori sweet home) et son job de constructeur de Hot-Rods… et puis, sans crier gare, l’accident…, un Low-Rider le renverse…, il sombre dans le coma et ne se rend même pas compte que son infirmière n’est autre que son grand amour de jeunesse (mais ils se retrouveront plus tard, se marieront…, le destin…, tout ça)…
Visité par une présence spectrale, il se remet sur pied illico et décide d’exposer toute la vérité sur la réalité des shows automobiles (j’en ai exposé un résumé de quelques lignes en début de cet article)… : No more ! sera désormais son mantra, qu’il aime à répéter…
Sa femme va ensuite sombrer dans l’addiction aux pilules…, son meilleur pote alcoolique va simultanément se donner en spectacle dans un cabaret homosexuel…, tandis que Meldon Van Riper Stultz III va se faire draguer par une amorphe ado topless…, replié sur sa sphère intime, il ne lui restait à vivre que le chaos ambiant dont seul le Hot-Rodding pouvait le sortir… et c’est exactement ce qui s’est passé !
Et… au sortir d’une année de tergiversations sans réel but, si ce n’est d’être perpétuellement ivre de sa soif d’idéal, il balance tous les secrets qu’il a réunis, lors d’une conférence de presse surréaliste, où il confesse ses manquements…, mais pour ces cinq glorieuses minutes d’épiphanie finale…, qui condensent en un geste insolent toute la quintessence de sa quête…, il va lui falloir patienter et dompter la neurasthénie des digressions…, tout entier dévolu à l’universalité sentencieuse de son message, il va peser chaque moment, chaque réplique, quitte à répéter plusieurs fois la même phrase, juste au cas où…
Meldon Van Riper Stultz III ne m’a pas expliqué vraiment certains de ses choix abscons… et pourtant, sa conception si particulière du Hot-Rodding (qui ronge sournoisement le cerveau de certains Kustomiseurs aguerris), ne m’a pas lassé (j’étais dans la meilleure disposition imaginable)…, me fallait-il pour autant tirer un trait sur la foi de cet abattement global du canal historique ?
– Chromes&Flammes – Pourquoi Wildwood ?
– Meldon Van Riper Stultz III – Wildwood est l’endroit idéal pour organiser un événement comme ce second Race of Gentlemen. C’est aussi du à des efforts de groupes comme “The Doo Wop Presevation Ligue”…, Wildwood a la plus grande collection d’architecture commerciale du milieu du siècle dans la nation, sous la forme de motels et resorts de l’époque des années 1950, des diners, des restaurants et des enseignes avec des néons vintage. Pouvez-vous imaginer quelque chose de mieux pour un événement comme celui-là ? Tous les détails, de la tour du jugement, aux bannières peintes à la main et signes, jusque dans le club des Oilers henleys faite par Rising Sun & Co, préparent le terrain pour l’événement automobile le plus photogénique dans le pays…
– Chromes&Flammes – Il n’y a que des Hot-Rods traditionnels et des motos d’avant-guerre?
– Meldon Van Riper Stultz III – Oui, beaucoup d’entre eux ont voyagé de l’autre côté du pays jusqu’ici juste pour participer à l’événement ! Le danger éventuel d’un incident vient de l’excitation qui vient avec eux. À la fin de la première journée les voitures et motos sont couverts de sable. Il y a tellement de sable qui vole qu’il vaut mieux éviter de manger un sandwich à coté de la piste ! J’ai dû monter une plaisanterie de mauvais goût là-dessus…
– Chromes&Flammes – C’est vrai que réaliser des photos de cet évènement est un vrai bonheur.
– Meldon Van Riper Stultz III – C’est parce que les Oilers sont allés très loin pour inviter seulement des Hot-Rods traditionnels équipés de vieux moteurs grondants qui déchirent les oreilles et sont poussés à leurs limites absolues, ce sont de vraies merveilles de l’art automobile américain…
– Chromes&Flammes – Ils m’ont donné la chair de poule. Je me sens comme si je sortais d’une machine à remonter le temps.
– Meldon Van Riper Stultz III – Ecrivez pour vos lecteurs que c’est vraiment une expérience qu’on doit vivre et voir pour le croire.
Telle est la languide conclusion d’une histoire quasiment hors de ce monde, l’ultime et indispensable ajout à l’une des plus ahurissantes et brèves retranscriptions que j’ai réalisée…, rien que la vision de Meldon Van Riper Stultz III souriant à pleines dents sous un tonnerre d’applaudissements…, mérite sa place au panthéon de la Kustom-Kulture…
Ses réponses ânonnées sur un ton vraiment pas très motivé… et dont l’écho faisait l’effet d’un monologue déclamé à travers un bocal (sans doute pour donner l’impression qu’il s’adressait à moi comme dans un songe), ne valaient pas tripette… et surement pas le coût du voyage…, le résultat était parfaitement grotesque, totalement inutile… et était aussi imbuvable qu’un brouet suret remplit de poils de chien…, que je devais pourtant servir aux lecteurs (et lectrices) de GatsbyOnline…, un désastre…, mais, les photos étaient belles, ce qui devait me sauver du naufrage…
Certains parviennent, par leur talent, à assembler deux trombones et trois bouts de ficelle pour obtenir à l’arrivée un chef-d’œuvre… et d’autres passent toute leur carrière à assembler des trombones avec des bouts de ficelle et le résultat ressemble toujours à un assemblage de trombones et de bouts de ficelle…
Les merdias ont tendance à négliger le Hot-Rodding , pourtant il s’agit sans doute, avec les customs (sic !), du créneau le plus prolifique en matière de créations déjantées (en même temps, c’est un produit très à la mode)…, il faut dire (écrire) aussi que ces engins ont ceci de particulier qu’ils explorent tout plein de genres, sans qu’on puisse pour autant les rattacher à aucun…, ne ressemblant à rien de connu, leur bizarrerie parvient à hypnotiser les lecteurs des magazines “branchouilles” au lieu de les endormir… cela même, au cours de leur vision, on hallucine…, c’est “autre”, inclassable…
J’ignore si la raison pour laquelle les merdias traditionnels sont à ce point ankylosés, si c’est dû à une volonté expérimentale de créer du vide dans le néant, ou bien si ces machins informes et ineptes dont ils causent avec un respect malsain, que sont devenues les Lamborghini et Bugatti, ne sont que le résultat d’une incompétence quasi-surnaturelle et d’une vision ne visant qu’à lécher le cul des agences de putes gérées par des bobos parigôts…., même s’il y a bien quelques symboliques dont on ne saisit jamais vraiment le sens…
Fort du succès du premier opus, Meldon Van Riper Stultz III a re-tricoté un an plus tard une suite aux petits oignons…, du pain béni pour lui et une jolie culbute côté retour sur investissement…, l’affaire fonctionne, il sait ce qu’il fait…, en bon alchimiste il remet dans la tambouille tous les éléments qui transforment le vide en or… et il ne traîne pas pour rentrer dans le vif du sujet…
Il faut dire qu’on avait l’habitude de voir dans les Rat-Rodders et les Bikers façon Hells-Angels, des hyper violents cocaïnés qui n’auraient pas dépareillés dans “Les guerriers du Bronx”…, le genre qui ne perd pas de temps en palabres et embraye pour un oui ou un non sur une fusillade liée à un deal de drogue dans une usine désaffectée…, je ne m’appesantirai pas…, craignant que tout cela finisse par vous hypnotiser plus que de raison.
Bon…, j’en ai déjà parlé maintes fois…, me dorer sur les plages n’étant pas ma tasse de thé, j’aime bien m’amuser et rire de tout…, l’homme qui se respecte quitte la vie quand il veut, les braves gens attendent tous, comme au bistrot, qu’on les mette à la porte…, ouaihhhhhhhh ! Cool… Ah ! Putain de vie ! Il est des moments de l’existence où tout semble filer merveilleusement droit : amours, amis, business ; la vie en ces cas, est une renaissance chaque matin plus éclatante que celles de toutes les roses.
Mais ces moments plus ou moins longs se paient en général fort chers, car le destin est joueur et il semble adorer reprendre avec brutalité ce qu’il a donné avec prodigalité…, ce sont alors des moments difficiles à passer en attente du retour du balancier…, l’alchimie merveilleuse qui donne aux jours et aux nuits leur splendeur…, ne reste entre deux, que le rien, si cher aux nihilistes.
Athée, on ne peut se reposer ni sur un supposé dessein de dieu, ni sur un arrière monde de repos et de douceur…, on sait le vide, la béance, les chairs dévorées par le feu, l’esprit disparu à jamais…, à l’instant où le cœur s’arrête, restent les souvenirs…, des souvenirs parfois au goût de cendre.
Le chagrin, le désespoir vous envahit, vous enfonce dans le néant, ce solisme qui plus ou moins bien assumé, redevient un avide compagnon de route…, rien ne vient soulager les riens de la vie…, on entre alors dans le sentiment égoïste de sa propre douleur qu’on contemple chaque matin avec la même avidité qu’on contemplait l’amour sur sa peau.
Elle devient la compagne exigeante et jalouse de tous les instants, volant l’attention, la douceur, la chaleur…, elle s’insinue dans les pensées, les absences, les rêves et enferme mieux que n’importe quelle prison…, c’est alors que l’ennui, ce sentiment dramatique et stérile s’installe à votre table : tout est ennui : le soleil, les couleurs, la nourriture, le web, les gens, leurs histoires, leurs manies, les amis, les faux-culs, leur gaieté, leur sollicitude, leur pitié, leur tentative pour vous sortir de votre solisme…, ennui profond, démesuré, qui conduit tranquillement vers ce chemin de la solitude volontaire, où le seul son qui résonne est celui du souffle…, le seul bruit : celui du chaos des pensées.
L’illusion de la vie qui se vit si merveilleusement dans le regard de l’autre, se tarit dès que ce regard disparaît…, ne reste, en attente de chérir à nouveau l’être aimé, unique, que la certitude du néant, de l’absurdité d’un destin qui n’en finit pas de démontrer sa pusillanimité sordide….
Nous tendons tous vers le bonheur, mais que ce bonheur se dérobe… et ne demeure que le sentiment de l’absurdité…, cela peut paraître excessif, mais on survit, on joue la partition sociale avec plus ou moins de subtilité et de nuance…, reste l’amertume, la folie, la démesure, le besoin de ressentir, besoin primaire car séparé de sa plus belle part : le désir…, secouer la torpeur par l’excès de sensation, puisque la délicatesse et la nuance ont disparu…, le nihilisme est l’absence du désir, qu’il faut impérativement remplacer par le besoin de satisfaction des quelques instincts primaires qui régissent un corps amputé de cette part ineffable qui ne vit que par et pour le désir…
La tentation du néant, l’expérience quotidienne de l’absent, du “plus rien” ne permet plus aucune construction réelle, durable, saine…, tout ce qui demeure, parfois amusant, parfois presque aussi bien…, garde quelque part un arrière goût de cendre, de regret, de ce “si“, qu’on s’attache à cacher profondément et qui ressurgit toujours, pour rappeler le cœur brisé à son éternelle mélancolie.
J’écris tout ça sur l’ordinateur qui est installé derrière mon bureau rouge, c’est ce que je ressens de plus en plus aux lendemains de réunions d’automobiles de collection, tant les gens me tuent de riens et de moins que riens, en d’apocalyptiques questions qui ne mènent à rien d’autre qu’à tenter de me l’enfoncer profond…, avant même de s’intéresser vraiment à ce que j’expose pour le plaisir de partager quelques-unes de mes voitures de collection, beaucoup me demandent en effet, sans aucune formule de politesse, quel est mon meilleur prix, alors que je ne cherche même pas à vendre…, je pense alors à Meldon Van Riper Stultz III…
Au début, comme lui, je tentais un dialogue, làs, ceusses qui posent ce genre de questions n’ont aucune volonté d’apprécier quoique ce soit, sauf si ça pourrait les faire jouir sans les mains de me voir pitoyable…, je ne répond donc plus…, j’ai résolu de me reconstruire et de bâtir en le rebatissant, mon propre (double sens) univers, n’y recevant que les “ceusses” qui apprécient le mal que je me donne de collecter tant et tant d’automobiles extraordinaires…,l’homme qui se respecte quitte la vie quand il veut ; les braves gens attendent tous, comme au bistrot, qu’on les mette à la porte…