Tout Chromes, tout Flammes #2…
C’est inexorable, mon Popu, toi mon lecteur lambda…, on va tous mourir, mais on ne sait pas quand, ni comment…, par contre, on ne sait pas revenir en arrière, sauf dans la tête, tout au fond, c’est là qu’on revoit nos morts qui vivent encore éphémères, nos joies d’alors, nos conneries aussi…, lorsqu’on se réveille, ne restent que des photos et quelques objets, parfois, des vieux magazines aussi… et, on se voit soudain dans un miroir en même temps qu’au saut du lit on constate que “bobonne” n’est plus la jeune beauté de 20 ans qui avait la taille fine, les seins qui pointaient vers le ciel et toutes ses dents… et puis il y a le gamin qui déboule, qui n’en à rien à f… des vieilleries, qui ne porte pas de culottes courtes et qui a déjà baisé la fille de la voisine et la voisine aussi, qui lui a appris des trucs…, qui étaient ceux que tu vais appris à ta voisine d’il y a 35 ans quand tu la baisais aussi…, d’ailleurs sa fille te ressemble…, puis tu vas partir au turbin en calculant à combien tu es de la retraite et pester contre Chromes&Flammes que tu as acheté hier en croyant que c’était pareil qu’il y a 35 ans… et que c’est ça qui t’as soudain fait prendre conscience que ce n’était plus le même, que toi non plus, ni que bobonne, ni que ta voisine, ni que rien…, alors quoi ? Tu tapotes sur ton ordi qui n’existait pas il y a 35 ans, époque ou tu aurais envoyé un courrier des lecteurs… avant d’aller en vélo à l’école et baiser une autre voisine de 14 ans dans un endroit secret…, non…, tu as raison, ce n’est plus pareil… sauf qu’on ressort que les Ricains seraient allés sur la lune…, putain de vie à la con !
La presse automobile est en difficulté, les magazines-mastodontes écrasent les plus petits, qui peinent à exister…, pourquoi ce tel manque et quelles sont les raisons de cette uniformisation ?
Pour comprendre l’état de la presse automobile d’aujourd’hui, de gauche à droite et de droite à gauche, on a causé distributeurs, annonceurs, stratégie économique et avenir des magazines…., à défaut de pouvoir proposer une solution, voici pourquoi c’est devenu difficile d’exister !
“Les indicateurs sont négatifs depuis et les perspectives sont alarmantes”, explique un avis du Sénat…, “les gens n’ont plus comme il y a une vingtaine d’année, le reflexe d’aller acheter des titres de presse automobiles en kiosques, librairies, marchands de journaux, avant d’attraper un train. Les sources sont multiples, la consommation aléatoire, au fil des découvertes, des nouveautés. En France, l’accent est mis sur la presse d’information générale (quotidiens et news magazines). Quand les ministres se gargarisent des aides énormes qu’ils donnent à la presse, ces aides sont réelles, mais dirigées vers un seul et même secteur. C’est indécent de voir comment cette aristocratie de la presse en France est chouchoutée”…
Difficile alors pour la presse automobile de maintenir la tête hors de l’eau et de se renouveler, elle souffre de son héritage : un vieux modèle qui n’a pas su s’adapter à l’évolution de son époque : “Au départ, les magazines automobiles étaient fondés sur les “nouveautés-constructeurs” et réalisés au moyen de fardes de presse qui, s’ils étaient correctement retranscrits, permettaient de négocier des pages de publicité. Aujourd’hui, les grands constructeurs n’ont plus besoin de la presse automobile, ils disposent de leurs propres médias et surtout de leur communication internet qui ne leur coute plus les sommes pharaoniques d’avant, les coûts d’essais et d’automobiles “à disposition”…, tout est accessible à tous sur Internet, les internautes les plus pointus vont sur des sites étrangers et les autres sur les sites français. Sur Internet, il y a largement le choix pour faire son marché. Donc on n’a plus besoin d’avoir de magazines lèches-culs”…
La presse automobile a donc subi un double mouvement : l’arrivée d’Internet, d’une part, et le changement de consommation, d’autre part : “La manière de consommer des automobiles que cette presse défendait car elle y avait intérêt, a changé, la solution pour sortir de cette voie sans issue est trouver une autre approche, élargir le champ des reportages, raconter des histoires amusantes façon story”…
Si la presse automobile traditionnelle ne marche plus, c’est parce qu’elle est mauvaise : “J’achète énormément de presse automobile par habitude et je suis étonné de me dire que je continue à me faire chier. Je ne me retrouve pas dans l’offre… Ce vieux modèle tient d’un système qui dure depuis des années, le résultat est une uniformisation des contenus, rédigés par des pigistes sous-payés, obligés d’écrire pour plusieurs titres à la fois…, si la presse automobile ne marche plus, c’est parce qu’elle est mauvaise”…
Qui dit magazines dans des kiosques, dit service de distribution, pour être distribué en kiosque, un éditeur à lechoix entre deux entités : Presstalis et les Messageries Lyonnaises de Presse (MLP)…, le géant Presstalis, seule messagerie à distribuer des grands quotidiens d’informations générales tels que Le Monde, Libération ou Le Figaro, a bien failli se casser les dents si l’Etat n’était pas intervenu dans ce joyeux bordel : restructuration, modernisation, diversification, Presstalis a dû repenser son fonctionnement…, mais les magazines ne vendent plus et les frais de gestion de distribution augmentent, pour les éditeurs indépendants, ces deux facteurs compliquent leur quotidien : “On est pris dans un étau, l’augmentation très importante des coûts est liée à la baisse des ventes et à un système très archaïque qu’il a fallu révolutionner. Ce sont des choses très techniques comme le conditionnement des magazines en palettes : moins il y a de palettes, moins il y a à ouvrir, moins on paye cher. Le réseau de distribution n’est pas informatisé à 100%, les projections qui sont faites le sont sur un panel, un échantillon de points de vente, cela tient à l’histoire du métier du livre et de la distribution/presse en France, c’est une histoire très ancienne, il y a encore des archaïsmes”…
Les coûts ne s’arrêtent pas là, tous les éditeurs, qu’ils soient chez Presstalis ou MLP, doivent payer pour la réforme de Presstalis.., les coups de distribution sont calculés en fonction du pourcentage des ventes, ça complique les choses, mais on n’a pas vraiment le choix…, dans la presse, il n’y a pas de ticket d’entrée, alors qu’en télé ou radio, si on n’a pas d’argent, on ne peux rien faire !
Potentiellement, les dépenses financières sont importantes, tout comme l’investissement des éditeurs dans les tâches administratives, ils doivent y consacrer de plus en plus de temps et donc se sacrifier sur la production du contenu… ou sur leur temps de sommeil !
Alors que l’aspect éditorial est d’une évidente simplicité pour des passionnés, celui de l’entreprise de presse se révèle plus compliqué : devenir gérant c’est assumer les gains mais aussi les pertes !
Vendre un magazine automobile à 20.000 exemplaires, c’est très bien, on espère toutefois écouler 35.000 exemplaires, mais ça prend beaucoup de temps, lancer un magazine aujourd’hui, c’est savoir que celui-ci ne va pas représenter, à lui seul, une solution économique. A l’époque d’avant, Presstalis disait aux éditeurs : “Quelque soit le numéro que vous sortez, en moyenne, la presse c’est 80% d’invendus”…, une règle historique, avec en plus, un retour sur les ventes plutôt obscur, difficile de s’y retrouver : Presstalis, c’est une des choses les plus opaques de la presse, on ne sait jamais combien on vend, ils donnent une espèce de pourcentage mais on ne peux pas connaître l’évolution des ventes…, quant à l’obtention d’un rendez-vous, c’est plutôt hasardeux, à l’arrivée, on se rends compte que Presstalis est disponible pour les gros bulldozers : Paris Match et Condé Nast…, pour la presse de niche, ils ne sont pas totalement disponibles…, c’est emmerdant de se dire qu’on paye un service et que la personne qui s’occupe du titre est souvent en réunion à l’extérieur…, quoique, concernant Chromes&Flammes, Presstalis s’est engagé à offrir un “boost” négocié pour le prochain N°5, suite à un retard de livraison de presque 3 semaines du N°4, début juillet 2019 !
Le grand retour fin 2018 du fameux magazine Chromes&Flammes, est l’un récent exemples de réussites de sorties en kiosque, d’abord il y avait eu la création d’un site web nommé www.GatsbyOnline.com mais accessible en tapotant www.ChromesFlammes.com, créé en octobre 2006, qui affiche peu à peu 7.000 visites/jour certifiées par Google Analytics…, puis mi 2018 est sorti Chromes&Flammes papier grâce à une campagne en ligne, un tirage de 35.000 exemplaires et un fond personnel de 100.000 euros en attente des résultats en retour.
Tout a été misé sur les 4 premiers numéros distribués.., aujourd’hui, les doutes sont moindres face au succès du magazine, d’une manière générale, on atteint 45% de vendus pour le dernier N°4…, le magazine Chromes&Flammes n’aurait pas pu créer un second titre, un Hors Série nommé “ChromesCollection”, voué au super “TOP” luxe si on n’avait pas eu autant de succès sur le Web ET avec Chromes&Flammes…, mais les résultats ne sont pas identiques, faut s’accrocher et trouver des pubs ce qui contrarie le coté déjanté…, la pub vient si on est sympa avec les produits, c’est l’obligation pour que survive ce titre, du coup on se pose des questions !
Pour perdurer, vendre (bien ou mal) ne suffit plus, il faut se diversifier, parler des clubs, conseiller des marques, multiplier les casquettes et les métiers pour garder son indépendance éditoriale et fabriquer le magazine idéal.
Les annonceurs désertent aussi un peu la presse automobile, encore un coup d’Internet, car sur les site web, les prix sont moins élevés, voire gratuit sur Facebook, les annonceurs font de moins en moins de print ; de plus en plus de web ou de “brand content”, c’est-à-dire du contenu de marque, ou d’événementiel, il faudrait donc accompagner cette tendance, créer un univers à 360° qui permet de répondre à toutes les questions que peuvent se poser les annonceurs (sic !).
Il y a eu un problème avec la presse classique : elle a eu besoin de beaucoup d’argent à un moment donné parce que leurs ventes diminuaient, cette presse a un peu vendu son âme en laissant les annonceurs faire tout ce qu’ils voulaient dans leurs pages : des sur-couvertures, des éléments qui ne prenaient pas du tout en considération le lecteur. Aujourd’hui, annonceurs et magazines doivent travailler main dans la main, tout le monde est impliqué et tous défendent le même intérêt, c’est un changement à grande échelle.
Il n’y a pas de démotivation chez Chromes&Flammes ainsi que chez ChromesCollection, ou toutes et tous exercent le métier d’éditeur par conviction, pour la beauté du geste…, ou presque…, il faut “simplement” repenser les modèles, adapter l’offre aux lecteurs, l’impliquer même, à l’image de nos milliers de Facebookiens, ambassadeurs et ambassadrices bénévoles à travers la France qui prennent soin des magazines C&F et CC…, c’est un investissement…, être patron de presse implique des responsabilités…, le plus important est de conserver une identité, une authenticité et une certaine inconscience., il faut jouer à fond la carte du passionné de bons textes, bonnes photos et excellents reportages, et ne pas faire n’importe quoi ! Et c’est le télescopage si les ventes/lecteurs ne sont pas au top…, on en arrive alors à la généralité de tous les médias ou les efforts ne sont plus récompensés, ce qui crée une démotivation, car l’obligation de devenir des putes pour recevoir de l’alimentaire financier, amène à la constatation que pour vivre, c’est aussi aléatoire que de jouer à l’EuroMillion… et on se pose la question : “Est-ce que ça vaut la peine” ?