Les Etats-Unis ont fait leur crise d’adolescence dans les années ’70.
C’est à partir de ce moment-là que la société américaine a explosé en plein vol, les vétérans du Vietnam ne sont jamais parvenus à panser leurs blessures, ils sont revenus complètement hagards d’un trop long cauchemar.
Les noirs serraient encore les dents, les coups tombaient, Martin Luther King avait échoué.
Des communautés d’illuminés se créaient un peu partout dans le pays.
La drogue servait de carburant à toute une jeunesse désabusée.
On se repliait dans le désert du Nevada pour se shooter au son du tambourin.
Un grand spleen avait emporté l’Amérique, les hommes étaient à bout de souffle.
Un héros de cinéma symbolise cette errance, cette fin du monde programmée, il s’appelle Kowalski, un ancien flic devenu pilote professionnel et dont le job consiste à livrer des voitures de Denver à San Francisco.
Ce cow-boy solitaire traverse les Etats-Unis au volant d’une Dodge Challenger blanche immatriculée OA 5599 dans le film : Point limite zéro.
Cette course poursuite est un défi personnel, une quête que l’on sait d’avance vouée à l’échec.
Kowalski réussit pourtant, pendant 1 h 35 mn, à éviter la Police.
Il est aidé par Super Soul, un DJ aveugle qui le guide à la radio, puis, il décide d’abandonner son combat dans les dernières secondes.
Dans cette longue mise à mort, Kowalski nous livre un portrait précis d’une grande nation à la dérive, dans laquelle les hommes ont perdu tout espoir.
Voilà résumé l’esprit des années ’70…, pour en savoir plus, regardez la suite sur les 5 vidéos ci-après !
1970
Les anglais sont des gens bizarres, ils se passionnent pour des choses extravagantes, ils mangent des sandwichs aux concombres, abusent de la Worcestershire sauce, fument des Craven A, prennent des bus double Decker… et leurs chiens, les bassets Hound, sont interminablement longs.
Par coquetterie, ils veulent être différents des continentaux.
Ces marques de snobisme sont des enfantillages.
Mais avouons tout de même qu’en 1970, ils sont surtout d’incroyables précurseurs.
Ils ont une sacrée longueur d’avance sur nous autres français.
Ils ont ainsi élu Edward Heath, un européen convaincu et un libéral pur jus qui met à la diète les comptes de l’Etat anglais.
Au même moment, les français pleurent la mort du Général de Gaulle après l’avoir villipendé et lynché…
Encore sous le choc de mai 1968, le quartier latin est toujours en proie à de violentes manifestations étudiantes, la pression n’est toujours pas retombée, les gauchistes battent le pavé parisien.
Jean-Paul Sartre se fait arrêter en distribuant La cause du peuple et de jeunes maoïstes attaquent l’épicerie Fauchon, place de la Madeleine.
Ces combattants révolutionnaires et gourmets repartent avec 3.000 à 4.000 francs de marchandises.
A Paris, on manifeste toujours… et à St Tropez, les seins nus font leur apparition.
Le monde entier a les yeux braqués sur la plage de Pampelonne.
Décidément, ces français sont de terribles fripons.
Le gouvernement vient, en plus, de ramener la durée du service militaire à un an.
Tout fout le camp !
Le Général n’est plus là, les grands magasins ouvrent désormais le lundi.
Aux Etats-Unis, la Guilde des scénaristes abroge une clause qui interdisait aux auteurs communistes l’accès à leur syndicat.
Robert Altman nous propose une version délirante de la guerre de Corée avec MASH.
Sur l’île de Wight, 600.000 personnes se défoulent au son des Who, des Doors, de Miles Davis ou encore de Leonard Cohen.
En juin, grand évènement !
Patrice se marie avec Bernadette le 10 juin 1970…
En septembre on apprend la disparition de Jimi Hendrix.
En octobre, Janis Joplin va rejoindre ce voyage funèbre.
C’est également en octobre que Patrice achète sa seconde voiture “neuve“, une Morgan 4/4 “compétition” équipée d’un vaillant 4 cylindres de Ford Cortina GT… (la première, deux ans plus tot, était une Mazda Coupé 1200).
Le terme “compétition” accolé comme identification de cette neuve mais antique chose, si typiquement British…, n’était qu’un argument de vente, la vitesse à fond de quatrième n’excédant pas le 150kmh compteur…, une arnaque !
Ford, quoique fabricant des Cortina GT, avait toutefois d’autres moteurs dans ses cartons… et aussi d’autres ambitions que motoriser des engins débilitants destinés à des rêveurs qui trainââââssent péniblement sur les autoroutes de la félicité !
C’est que, après le refus de Ferrari de se laisser acheter par les américains, Ford cherche toujours à ajouter une belle italienne à sa gamme mondiale.
La Mangusta plaît à Henry Ford II mais on lui recommande plutôt de miser sur une future création d’Alessandro De Tomaso…, la Pantera… Snobées par certains puristes, les italo-américaines ne manquent pourtant pas d’arguments pour séduire les collectionneurs, leurs mécaniques rustiques ne sauraient revendiquer un quelconque raffinement, mais les V8 de Detroit offrent le privilège de conjuguer la puissance et le souffle à la simplicité technique et à l’économie d’entretien, ce qui n’est pas rien pour des véhicules qui ne roulent pas tous les jours !
Conçue en Italie et motorisée par une mécanique Ford V8, la De tomaso Pantera appartient à cette race… Dévoilée au salon de New York de 1970, la voiture se voit assigner un objectif clair, se lancer à l’assaut du marché américain et concurrencer si possible la Chevrolet Corvette.
A la très exclusive et sublime Mangusta de 1966, déjà motorisée par un V8 Ford de 4,7 litres, succède donc un modèle dont la vocation est d’offrir à la firme une dimension industrielle.
La Pantera n’était pas exempte de défauts : fermeté de la suspension, bruits divers assourdissants, surchauffe du moteur, concept désastreux, ergonomie nulle, confort précaire…
Cependant, en dépit de ces lacunes, cette voiture connut rapidement le succès, parce que les acheteurs n’avaient aucune idée de ce qui les attendait.
2.506 Pantera furent vendues la première année, mais seulement 1.604 l’année suivante, lorsque la réalité de la voiture a commencé à s’ébruiter et divers essais à être publiés…
Une carrière qui s’annonçait bien mal et qui allait être définitivement anéantie par la conjuguaison de deux effets complémentaires : une très mauvaise qualité de fabrication et la crise de l’énergie de l’époque.
En 1974, tout en continuant de vendre des moteurs à De Tomaso, Ford se retirait de cette association.
A partir de cette date,la production annuelle de la Pantera ne sera plus que de quelques 50 voitures par an : De Tomaso Pantera GTS… Préfèreriez-vous que je discourre de réverbères ?
En Angleterre, lorsque vous êtes bien né, vous roulez en Jaguar, vous ne vous séparez jamais de votre imperméable Burberry, de votre parapluie Smith & Sons ou de votre cravate rayée.
Mais, les soirées au Club sont parfois ennuyeuses à écouter les exploits des anciens pilotes de la RAF durant le Blitz.
Cette pluie fine et continue vous mine le moral.
Et dans tout britannique sommeille un marin, un aventurier, un explorateur de nouvelles contrées, de la graine de James Cook en puissance.
Pour une partie de chasse à la bécasse ou un safari façon Out of Africa, Land Rover a trouvé la solution à vos déplacements en terres hostiles.
Le constructeur planche déjà depuis plusieurs années sur un tout-terrain haut de gamme.
Il s’est fait une solide réputation avec des engins robustes, fiables, dotés d’étonnantes capacités de franchissement.
Mais, l’exotisme anglais pousse le vice encore plus loin : offrir aux gentlemen farmer un 4 X 4 qui ne ferait pas tâche devant le 10 Downing Street, un manoir dans le Dorset ou un casino de Monte Carlo.
Le Range Rover apparaît donc en 1970.
Quatre roues motrices, un gros V8 de 3.5 litres de cylindrée et une ligne séduisante qui ne ressemble pas à une bétaillère surélevée.
Et surtout des performances dignes d’une vraie routière.
Un major britannique effectue un périple entre Anchorage en Alaska et Ushuaia en Argentine afin de démontrer les qualités de baroudeur du Range.
Dans l’idée de ses concepteurs, le modèle doit concurrencer une nouvelle race de véhicules de loisirs que les américains fortunés s’arrachent.
La bonne vieille Jeep Willys du débarquement de Normandie a été remplacée par le Wagoneer, une sorte d’hybride entre un tout-terrain et un gros break.
Outre-Atlantique, on n’hésite pas à laisser au garage sa Cadillac pour le week-end venu grimper dans sa Jeep afin d’escalader les Rocheuses.
Comment se rendre l’hiver à la station d’Aspen dans le Colorado sans une Jeep Wagoneer ?
Land Rover vise spécifiquement ce marché.
Mais le Range ne fera son apparition sur le continent américain qu’en 1987 pour des raisons à la fois financières et sécuritaires.
C’est donc en Europe que le Range Rover va s’imposer comme l’alternative chic aux grosses berlines et mêmes aux voitures de sport.
Le conducteur d’un Range Rover n’est pas un type guindé, c’est un aventurier du bitume.
Car il faut l’avouer si le tout-terrain a fait des miracles sur les pistes du Paris Dakar, c’est entre l’avenue Victor Hugo et la rue François Premier que ses propriétaires se sentent le plus à l’aise.
Presque vingt-cinq ans avant le déferlement des Cayenne, Touareg, X5 et autres ML sur le marché de l’automobile, le Range avait ouvert la voie.
1971
Le ridicule ne tue pas en 1971…, c’est bien dommage, car le spectacle est affligeant.
Tout est kitsch, idiot et comique.
En feuilletant les événements de ce millésime, on croirait compulser le Guiness des Records les plus absurdes et des performances les plus décalées.
Au cinéma, les français se poilent devant La folie des grandeurs où Alice Saptrich nous inflige un numéro de striptease mémorable.
Dans la chanson française, c’est pire, les tubes de cette année-là sont à pleurer… de rire.
Des Rois mages de Sheila en passant par L’aventura de Stone et Charden, nos oreilles aimeraient bien attraper une otite.
Dans les rues de Paris, les Krishnas dansent au son du tambourin en effrayant les enfants.
En Californie, des sectes où se pratiquent la sorcellerie et la magie noire, se multiplient.
Des communautés de paumés qui se retrouvent à danser à poil autour d’un feu de camp…, une version hallucinée du scoutisme.
Les destinations de voyages ont des noms mystérieux et poétiques.
Les jeunes partent en vacances à Goa, Katmandou ou Kaboul, un sac à dos et quelques dollars en poche, ils recherchent le nirvana dans des boutiques où de grands panneaux à l’entrée indiquent Hashish & Mariwana sold here.
Même la publicité devient folle, Yves Saint Laurent se déshabille pour vendre une eau de toilette…, il a tout de même gardé ses lunettes.
Dans le sport, les françaises sont effrayées par la basketteuse russe Ouliana Semenova qui mesure 2,20 mètres…, une géante des parquets qui regarde l’équipe de France comme une bande de lilliputiennes.
Une Porsche 917 K remporte les 24 Heures du Mans à une moyenne de 222,3 km/h avec des vitesses de pointe atteignant les 360 km/h dans les Hunnaudières…, l’aviation civile n’a qu’à bien se tenir.
Carlos Monzon, le puncheur argentin fait le mariole sur les rings.
Il faut tourner la page du passé, faire place nette, balayer les icônes des années ’60.
Le stationnement payant est approuvé dans la capitale.
Les Halles sont transférées à Rungis.
Pire, les bus à plate forme de la ligne 21 partent au rebut, ils sont jugés trop dangereux.
Pourtant entre la Porte de Gentilly et la Gare St Lazare, ils ont facilité bien des amours naissants, ils étaient le meilleur moyen de flirter à l’air libre, ils donnaient de l’élégance à nos déplacements urbains.
Coco Chanel, l’arbitre du bon goût nous a quittés laissant derrière elle une France en ponchos et blouses à fleurs.
Dans ce climat de folie, Patrice, qui termine ses études d’architecture, a l’idée de créer un journal “gratuit” distribué dans le nord de la France et dans le Hainaut/Belgique, non pas en procédé typographique comme les journaux quotidiens, mais en offset, un nouveau moyen permettant d’imbriquer des textes spéciaux et quantités de photos.
Patrice démarche les commerçants chaque jour après ses cours… et rapidement c’est le succès.
Le journal se nomme “Promotion n°1 “.
Quelques mois plus tard, avec les bénéfices, il lance un magazine d’architecture et de décoration nommé “Home“, dans lequel il publie ses idées radicalement avant-gardistes (maisons blockhaus semi enterrées, réutilisation de châteaux d’eau pour en faire des maisons, modification d’anciennes usines reconverties en loft)…, ce qui lui vaut d’être immédiatement engagé à la fin de ses études dans un bureau d’architecture.
Il parviendra a assumer ce job et la publication de ses journaux et magazines durant 3 ans, puis il préfèrera ne continuer que l’édition, financièrement plus intéressante…
Les constructeurs automobiles, durant cette période, ont également perdu l’inspiration, ils sont revenus à un certain classicisme.
Mercedes-Benz va pourtant arriver à concilier la modernité de l’époque et le charme des productions anciennes.
Il faut dire que l’Etoile de Stuttgart a un lourd patrimoine à assumer.
Depuis qu’en 1954, elle a dévoilé au salon de New-York, la 300 SL à portes papillon, la marque allemande a frappé les esprits et les cœurs.
Le modèle est splendide, léger, confortable et puissant.
Un mythe a vu le jour, il s’illustrera sur les routes caillouteuses de la Carrera Panamericana et des Mille Miglia et fera frissonner les spectateurs du Nurburgring au doux feulement de son six cylindres.
Alors évidemment, à chaque fois que Mercedes sort une nouvelle génération de SL, la question est : La marque à l’étoille arrivera-t-elle à faire mieux qu’avec la 300 SL ?
Les Pagode des années 60 dessinées par le français Paul Bracq ont fait leur temps.
En 1971, elles paraissent fragiles, presque fluettes et surtout leurs qualités routières ne correspondent plus à la circulation actuelle (de toute façon, aussi bien en 230, qu’en 250 et 280, il leur a toujours manqué une cinquième vitesse).
En avril, Mercedes présente officiellement la 350 SL qui porte le matricule : R107.
La rupture est franche avec les lignes harmonieuses de la Pagode.
Finis les arrondis et les galbes à la Marylin Monroe, le nouveau cabriolet est destiné en priorité au marché américain car il répond aux normes de sécurité en vigueur.
C’est un raz-de-marée.
Cette génération de SL remporte un succès immense auprès d’une clientèle fortunée.
On la surnommera la Bobby cab tellement la famille Ewing lui était attachée (Dallas, ton univers impitoyable…), elle symbolise le rêve américain et la réussite de la décennie suivante.
C’est surtout un premier avertissement au haut de gamme américain.
En matière de raffinement, la première puissance du monde aura toujours le regard tourné vers la vieille Europe.
Quelques mois plus tard, en octobre 1971, Mercedes dévoile la version coupé du SL appelé naturellement SLC.
Autant le cabriolet est pur, autant le SLC à l’empattement rallongé, ressemble à un crapaud…, un OVNI qui colle parfaitement avec les excentricités des années ’70.
1972
C’est la fête en 1972.
Le parti socialiste, le parti communiste et le MRG se mettent d’accord sur un programme commun.
Pierre Richard triomphe au cinéma dans Le grand blond avec une chaussure noire.
Les français ont besoin de rigoler, d’oublier leurs soucis.
Les succès musicaux de l’année sont placés sous le signe de la gaieté, de la joie de vivre et de l’amour.
Une belle histoire de Michel Fugain, Le lundi au soleil de Claude François, Que Marianne était jolie de Michel Delpech, Si on chantait de Julien Clerc… font danser les garçons et les filles dans les bals populaires.
Même le sexe n’est plus un sujet tabou, Woody Allen le traite en dérision dans Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander.
Paris se transforme, on efface la grisaille du passé pour réinventer une ville moderne.
Les pavillons des Halles sont démolis petit à petit, le ventre de Paris se vide, c’est aussi la fin des poinçonneurs.
L’époque est à la rénovation, le Paris poulbot doit disparaître.
L’Europe nous regarde, nous épie, il faut cacher nos vieilleries.
La construction immobilière détruit les traces de notre histoire, les jeunes ne sont pas encore sensibles à la préservation du patrimoine, ils veulent du neuf, du pimpant et du fonctionnel.
Les femmes prennent le pouvoir, du moins, elles s’illustrent dans de nouveaux domaines : Jane Fonda en voyage à Hanoï milite contre la guerre du Vietnam exhortant les Gi’s à ne plus tirer…, un casque sur la tête, elle ira jusqu’à grimper sur un canon anti-aérien.
En France, Anne Chopinet, une jeune fille de dix-huit ans arrive major au concours de Polytechnique devant une cohorte d’hommes blessés dans leur virilité…, le chemin de l’égalité et de la parité semé d’embuches, sera long et difficile.
Pourtant une loi est votée cette année imposant l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes.
La civilisation des loisirs est en marche.
Aux Etats-Unis, la marque de sport Nike vient d’être créée.
On fait attention à son corps, la façon de se nourrir change elle aussi, Henri Gault et Christian Millau inventent la nouvelle cuisine, les plats en sauces, les garnitures lourdes et indigestes, sont bannis.
On cuit désormais à la vapeur, en papillotes ou au bain marie, les portions sont réduites et on sort de table avec la faim au ventre.
L’époque est à la légèreté et non plus aux banquets pantagruéliques.
L’aspect visuel compte également, la couleur rentre dans les foyers…, la preuve : les ventes de téléviseurs explosent.
Pendant que les français voient la vie en quadrichromie, leurs voitures sentant pourtant la naphtaline, Patrice achètent une toute nouvelle Alfa Roméo Montréal qui est commercialisée depuis 1971.
Les 2CV et les 4L qui circulent sur les routes de France ont pris un sérieux coup de vieux.
Elles sont grises, ternes et vraiment pas sexy’s.
Les femmes ne se reconnaissent plus dans ces modèles anciens pour aller travailler.
Renault dévoile alors sa Renault 5…, une pastille de couleurs dans un monde sombre.
Cette citadine n’a rien à voir avec ses concurrentes, elle est destinée principalement aux jeunes et aux femmes.
Ses qualités routières et son confort font d’elle à la fois une bonne citadine et une voyageuse au long cours qui n’a pas peur d’emprunter les autoroutes, un Paris-Marseille ne l’inquiète pas outre-mesure, elle est courageuse et intrépide.
Les autres constructeurs sont dubitatifs, deux portes et un hayon semblent des éléments rédhibitoires.
Jamais, elle ne se vendra… clament-ils tous en chœur !
C’est tout le contraire, elle séduit une génération de nouveaux acheteurs qui craquent pour son intérieur en skaï orange, cette bouille marrante et ses phares malicieux.
Cette Renault 5 est une coquine, elle sait charmer son public.
La campagne de publicité qui la promeut met justement l’accent sur son côté jovial, les responsables de Renault utilisent la bande-dessinée…, comme un personnage de cartoons, elle s’adresse à nous et déclare dans une bulle : Bonjour, je suis la Renault 5, on m’appelle aussi supercar.
Bien sûr, elle est légèrement plus chère qu’une Simca 1000, mais à 9.740 francs, ses possibilités, son charme, sa candeur…, sont de formidables atouts commerciaux.
C’est en effet la première voiture sympa qui correspond aux attentes de toute une génération : Jaune citron, vert pomme, orange, rouge coquelicot, bleu lavande, cette Renault 5 est le vrai rayon de soleil de l’année 1972, elle dépoussière la production automobile.
1973
1973, c’est l’année noire du bon goût, le tournant funeste de la création, la perte totale des valeurs.
Pablo Picasso meurt laissant derrière lui une succession houleuse qui mettra sept ans à se régler.
Fernand Raynaud se tue au volant de sa Rolls-Royce !
Comme tous les interprètes dramatiques, il aimait rouler seul, la nuit, perdu dans ses songes.
La guerre du Kippour éclate sur une terre soi-disant sacrée où chaque parcelle déchaîne la folie des hommes.
La première FIAC ouvre ses portes dévoilant un art inexplicable et abscons pour la majorité des citoyens.
Le monde tremble à la prise du pouvoir de Pinochet au Chili et au mariage entre Sheila et Ringo à la mairie du XIIIème arrondissement.
Au cinéma, c’est l’irrévérence qui rameute les foules…, deux splendides marlous, Gérard Depardieu et Patrick Dewaere vivent de petites combines minables et d’expériences sexuelles dans Les Valseuses de Bertrand Blier.
En Italie, Marco Ferreri réveille le Festival de Cannes avec sa Grande Bouffe retraçant le suicide collectif d’une bande d’amis.
Federico Fellini préfère parler de son enfance dans Amarcord et fustiger la montée des milices fascistes.
Dans un autre registre culinaire, Marlon Brando fait des exploits avec une simple tablette de beurre dans Le Dernier Tango à Paris avec la très jeune Maria Schneider, la fille de Daniel Gélin.
La page des années ’60 est définitivement tournée avec l’annonce de BB dans France Soir : Elle met fin à sa carrière.
L’insouciance de la période yéyé s’est transformée en inquiétude sur l’avenir du pays.
D’un côté, les étudiants d’Ordre nouveau gonflent leurs pectoraux, de l’autre, les ouvrières de Lip s’initient à l’autogestion…, deux visions du monde s’affrontent.
Si toute cette brutalité ne suffisait pas, le CES Pailleron part en flammes, des familles pleurent leurs petits disparus et s’insurgent devant l’inconscience des pouvoirs publics.
Il faudrait mieux oublier ce millésime 1973.
Rayer cette année et ne plus jamais en parler.
Il n’y a aucune raison d’espérer, même d’Outre-manche, car en remportant le championnat du monde de Formule1 au volant d’une Tyrell Ford, l’écossais Jackie Stewart aide directement à ce que la pieuvre nauséabonde du pouvoir de l’argent s’installe dans le sport automobile, qui sera bientôt la propriété d’un simple marchand de voitures d’occasion qui deviendra multi-milliardaire… : Bernie Ecclestone.
La saison a été endeuillée par l’accident de François Cevert, mais qui se préoccupe d’un coureur ?
Cette année 1973 nous ramène toujours à une triste réalité, les tensions entre la Grande-Bretagne et l’Irlande n’ont jamais été aussi fortes, les bombes de l’IRA explosent à Whitehall et Old Bailey, en plein centre de Londres, tout espoir de réconciliation est devenu une mission impossible.
Pourtant, le Royaume-Uni, l’Irlande et le Danemark rejoignent le club des états membres de la CEE.
Alors, tout ne serait-il pas perdu ?…
En France, c’est la bérézina, George Pompidou est obligé de s’extasier devant la Peugeot 104 sur le stand du salon de l’automobile, il se prête de mauvaise grâce à ce protocole…, dans son œil, on remarque cependant une pointe d’ironie.
Il se souvient d’un temps où il prenait le soir venu sa Porsche 356, de cette époque où il se sentait libre et heureux.
Aujourd’hui, il est obligé de soutenir l’industrie nationale, d’évoquer les problèmes d’environnement causés par les voitures et de favoriser la construction de rues piétonnes dans les grandes villes.
Mais, ça ne l’intéresse pas, il a vibré au son du moteur Porsche, aux pointes de vitesses sur les autoroutes, aux minijupes et aux cuissardes…, alors qu’en 1973, les femmes portent d’affreux jupons longs et chaussent de grotesques sabots.
Le sursaut d’orgueil viendra d’Angleterre : Jaguar lance la Série II de sa berline XJ.
Cette berline a été présentée en 1968 en héritant des moteurs des anciennes XK.
Souvent désignée comme la plus belle berline du monde, la XJ est un modèle d’élégance, de pureté et de simplicité…, un coup commercial de Sir Williams Lyons.
On se dit que les anglais savent faire des voitures hors du commun, que les allemands sont de bons motoristes, que les italiens soignent les carrosseries et que les américains pratiquent un luxe tapageur. L’année 1973 et son fleuve de contrariétés rattrapent Jaguar, car le constructeur vient d’être absorbé par British Leyland…, commencent alors les soucis de fiabilité, les économies de pacotille qui rendront le feulement du Jaguar moins envoûtant…
Patrice, qui commence à ne plus aimer sa Morgan de 1970, décide de l’échanger partiellement sur une Mustang Boss d’occasion datant de 1969…
C’était peu avant les limitations de vitesse, la crise de l’énergie pointait au loin mais qu’importait !
La Boss, c’était l’image de Daytona, la Trans-Am où Parnelli Jones sur la n° 15 tenait la dragée haute aux Plymouth, Javelin, Pontiac et Camaro.
Les innénarables mais narratives malgré-tout, aventures qu’il vivra au volant de ce monstre, sont absolument à lire (et même impérativement), ici : Joies et malheurs en Boss 302 (1969) et Shelby GT 350 (1970)…
En résumé, la Boss était une vraie saloperie, pas fiable et toujours en passe… de tomber en panne !
Après 2 mois et demi de calvaire automobile, Patrice parvint à l’échanger auprès de son vendeur contre une Shelby GT-350 cabriolet de 1970, qui, elle, était une extraordinaire auto.
Cette Shelby servit également pour la publicité du roman “Par qui ce scandale“, principalement dans les journaux “Promotion n°1 ” édités par Patrice depuis 1970 en complément de ses études.
1974
Les années de prospérité sont loin derrière.
Clap de fin des trente glorieuses, la crise se profile.
Depuis le 23 décembre 1973 et la décision de l’OPEP d’augmenter le prix du pétrole de 100 %, la planète tremble.
En janvier 1970, l’Arabie Saoudite vendait son baril de Brent 1,80 dollars…, quatre ans plus tard, ce même baril s’élève à 11,65 dollars !
Tout ce toutim est bien évidement la faute de la création de l’Etat Juif d’Israël, une greffe contre nature pour permettre à des gens qui se revendiquent d’une religion, d’avoir un Etat bien à eux, un Etat Juif…
La greffe ne pouvait pas prendre, elle n’a pas pris !
Les occidentaux ne savaient pas comment s’excuser de l’Holocauste Juif par les Nazis et bien évidement, roublards et malins, commercants dans l’âme, les Juifs ont fait pleurer tout le monde pour, qu’appitoyés, les peuples leurs donnent ce qui pourtant ne leur appartenait pas, comme si on donnait 70% de votre maison à des gens venus d’on ne sait ou, qui prétendent qu’il y a 2000 ans, un dieu leur aurait donné votre terrain…
Ruinés, vous finiriez misérables parqués dans votre cave, entourés d’un mur que vous ne pourriez franchir et si vous élevez la voix et jetez des cailloux, on vous bombarde… puis on vous holocauste…
C’est ça la réalité…
Mais en 1974, on n’en est qu’au début… mais c’est pour cela que les habitudes de consommation des français changent…, la recherche des économies, la chasse aux gaspis sont au centre des préoccupations des ménages, la douloureuse question du pouvoir d’achat hante le débat politique.
Une jeune candidate trotskiste à l’élection présidentielle fait sensation à la télévision…, cette Arlette Laguiller qui s’est présentée pour la première fois aux législatives de 1973 dans le XVIIIème arrondissement, a séduit le public par son franc-parler, c’est une vraie femme de gauche, une authentique femme de gauche…, rien à voir avec ce qui arrivera le siècle suivant (en 2000) avec une socialiste qui paye l’impôt sur les grosses fortunes, a fait l’ENA (l’école des nantis) et collectionne propriétés et châteaux…, Ségolène Royal pour ne pas la nommer !
Les téléspectateurs de 1974 découvrent avec stupéfaction qu’un homme politique ne ressemble par forcément à un sexagénaire bedonnant et suffisant.
Le mot chômage entre dans le vocabulaire courant.
Tous les schémas de pensée de l’après-guerre volent en éclats.
Qui aurait pu imaginer qu’un jour, les livres se vendraient comme des boîtes de conserve ?
La FNAC Montparnasse ouvre ses portes rue de Rennes sur deux étages et un escalator, ce magasin d’un genre nouveau bouleverse le rapport à la culture dite officielle.
C’est la fin d’un monde.
Un président poète, Georges Pompidou, disparaît.
Il a ému la France en citant Paul Eluard, rendant ainsi un hommage pudique à Gabrielle Russier, ce professeur de lettres âgée de trente-deux ans qui s’est donné la mort en 1969 après avoir été accusé de détournement de mineur.
Comprenne qui voudra, mais le pays a perdu ses repères.
La bande-dessinée n’est plus un art mineur réservé aux enfants, mais un formidable défouloir où s’exprimeront les doutes et les délires d’une société qui se cherche.
Un festival international lui est même dédié à Angoulême.
Cette sensation de passer dans un nouveau monde retentit encore plus fort dans les esprits des français après l’attentat du Drugstore St-Germain.
Depuis la fin de la Guerre d’Algérie, le terrorisme aveugle n’avait plus frappé les rues de la capitale.
Les citoyens devront vivre avec cette nouvelle menace au-dessus de leur tête qui sera ensuite récupérée par les ordonateurs du Nouvel Ordre Mondial dans le cadre d’une stratégie de la peur qui culminera un certain 11 septembre 2001…, on n’y est pas encore.
Image cocasse et troublante des pompiers venus secourir les victimes et de l’affiche du film Emmanuelle au dessus du Drugstore Publicis…, Sylvia Kristel pose lascivement dans un fauteuil en rotin et des blessés en sang s’allongent sur le trottoir.
Même le nom du terroriste présumé rappelle celui d’un chanteur bon vivant, adepte des chemises à fleurs.
Pour oublier la dure réalité et les sacrifices, les français se réfugient dans l’humour noir de Reiser et le second degré de Coluche qui triomphe à l’Olympia.
Sa salopette rayée et son tee-shirt jaune deviennent l’étendard d’une France irrespectueuse face aux puissants, un pied-de-nez aux gens qui savent : ces fameux technocrates : les mecs à qui tu poses une question et une fois qu’ils y ont répondu, tu ne comprends plus la question que tu avais posée.
L’esprit frondeur fait trembler les bourgeois.
La jeune étudiante Adjani se prend une magistrale Gifle par Ventura qui n’aime pas la façon dont elle s’émancipe : Tu parles mal, tu travailles mal, tu danses mal, tu grandis mal.
L’insubordination est à la mode.
L’automobile n’échappe pas à ce grand mouvement de remise en question.
Volkswagen va inventer la Golf qui colle parfaitement à cette période de restriction budgétaire et de flambée énergétique, une compacte allemande au pays des grosses limousines, l’artillerie légère face à la Panzer Division.
Le constructeur germanique en vendra plus de 25 millions à travers le monde, un succès commercial comparable à la Coccinelle.
Déclinée sur cinq générations différentes, cette Golf est une voiture polyvalente, fiable et robuste.
Elle est la meilleure vitrine du savoir-faire allemand, elle consomme peu, tient la route et séduit aussi bien les ouvriers que les cadres.
Sa ligne intemporelle dessinée par Giugiaro a traversé les années avec aisance, des arêtes droites, un classicisme bon teint mais aussi une certaine jovialité dans le regard.
Cette Golf a réussi à marier une fabrication sérieuse sans tomber dans la froideur clinique.
Avec les années, elle va grossir, grandir et son prix l’éloignera des budgets plus modestes.
L’embourgeoisement d’un modèle est un paradoxe, celle qui sortit en pleine crise du pétrole et qui motorisa la classe ouvrière allemande a émigré dans les beaux quartiers et transporte aujourd’hui de jeunes cadres qui apprécient son côté chic et discret.
C’est ce qu’on appelle l’ascenseur social !
L’AMC Matador présentée en 1974, est un morceau de jouissance et de souffrance étroitement imbriquées, comme l’âme l’est au corps, qui souligne à merveille le faste baroque de la vie automobile américaine des seventies et l’obscure clarté caravagesque des rêves subliminaux qui ne mènent nulle-part…., l’accord parfait entre le mouvement du leurre et la charge héroïque.
Sur un air de dolce-vita-discographique finissante typique du milieu des seventies aux USA, est apparue la Matador…, la maison AMC, encore euphorique la destine à relancer ses ventes !
Malgré les conneries gargantuesques typiques de cette époque baignée par le “disco” et le style vestimentaire en dragées rose d’ABBA et autres water-looser-ies, les temps sont durs pour les Muscle-cars qui se meuvent dans les retombées des crises énergétiques.
Chevrolet pense arréter la Corvette, Ford s’apprète à commercialiser une Mustang II abatardie…, AMC de son coté, totalement en marge, commercialise la Matador…
En europe également, rien ne va plus…, sale temps pour les officines qui fabriquent des voitures de sport : Ferruccio Lamborghini s’est retiré dans ses vignobles de Lambrusco, laissant sa firme en banqueroute, tandis que Ferrari, rival séculaire et voisin Modenais s’est mis dès 1968 à l’abri des turbulences en vendant la maison au géant FIAT, tandis qu’en quête de sérénité, Maserati s’acoquine avec un protecteur contre-nature : le Français Citroën.
La Matador, de son coté, brille de mille feux dans les courses Nascar, démontrant que la robustesse et la simplicité sont une voie royale, toutefois, la plate-forme de la Matador , avec son pont rigide et ses ressorts à lames, n’a strictement rien-à-voir avec une Ferrari 275GTB4, qui dispose d’un train arrière indépendant et d’une architecture transaxle…
D’ailleurs le poids, gage de robustesse de l’engin, s’estompe sous la poigne de fer du moteur : justifiant sa légende, il catapulte l’auto vers des sommets inavouables…
La Matador mélange les genres : c’est une Gran Turismo italienne au nom espagnol qui avale strada et highway avec une aisance et une compétence de berline allemande, le tout avec le look et la technologie américaine… : 1975 AMC Matador Coupe “X”, la fin d’une “grande” époque…
Aujourd’hui on peut se demander si les défauts de cette voiture n’étaient pas finalement… : des qualités !
1975
Les Etats-Unis ont perdu la boule.
Ce grand pays marche la tête à l’envers.
Rien ne va plus chez l’Oncle Sam.
Patricia Hearst, la fille du magnat de la presse est kidnappée par l’armée symbionaise de libération…, 18 mois de détention au bout desquels, elle prend fait et cause pour ses ravisseurs.
Atteinte du “syndrome de Stockholm“, elle participe même à un braquage.
La population mondiale va aussi être atteinte du “syndrome de Stockholm“…, avalant les pires affirmations des politiciens, se laissant manoeuvrer dans les actions les plus absurdes, acceptant d’entrer en guerre contre n’importe qui désigné comme terroriste…, applaudissant même les discours mensongers débités par des escrocs pervers des affaires et de la politique…, lentement, lentement, lentement, jusqu’à accepter quelques dizaines d’années plus tard l’annexion de l’Afghanistan par les USA et l’invasion de l’Irak…
Décidément, ce millésime 1975 est placé sous le signe de la folie.
Une incroyable dinguerie s’est emparée des américains :
Au cinéma, l’oscar du meilleur film est décerné à Vol au dessus d’un nid de coucou de Milos Forman…, le regard de Jack Nicholson excite les ménagères américaines.
Arthur Ashe gagne le tournoi de Wimbledon face à Jimbo Connors, le noir américain comme le qualifie la presse de l’époque, dénote sur le circuit !
Ses prises de position contre l’Apartheid ou son combat contre le virus du SIDA feront de lui, trente ans plus tard, une légende des courts.
La tigresse Pam Grier, icône des films Blaxploitation rend dingue la communauté afro-américaine…, ses décolletés plongeants, ses courses-poursuite dans les séries B, son assurance féline… troublent un jeune adolescent, un certain Quentin Tarantino qui vingt ans après en fera une splendide Jackie Brown, toute en sensualité et désir refoulé.
Les Etats-Unis bouillonnent d’impatience… et en Europe, les effets de ce dérèglement se font également sentir.
Le chanteur Mike Brant se suicide.
Le Grand Prix de l’Eurovision est remporté par des hollandais qui chantent Ding a dong, une ritournelle abrutissante qui passe en boucle sur les radios.
Emile Ajar alias Romain Gary refuse le prix Goncourt.
Franco a, enfin, fini par mourir laissant la place à un fringant roi qui saura rendre à l’Espagne sa dignité et sa démocratie.
Ce playboy ibérique fait la Une de Paris Match en maillot de bain…, son allure n’est pas sans rappeler celle d’un autre séducteur latin, l’italien Giovanni Agnelli, patron de Fiat qui fait des ravages sur la Riviera.
Le monde change.
Pour Patrice, 1975 est une “grande” année” !…
En ce temps lointain, tout en réalisant quelques maisons d’avant-garde (il était frais émoulu d’une école d’architecture, son premier métier), il éditait un magazine mensuel d’architecture et de décoration : HOME, ainsi que des journaux gratuits dits “Toutes-boîtes” qui assuraient sa pitance (Promotion N°1)…
Face à un scandale relatif à l’élargissement d’un fleuve (l’Escaut) traversant sa cité (Tournai), qui permettait à divers politiciens locaux de s’en mettre plein les poches en revendant à des prix stratosphériques des terrains ex-communaux acquis à vils-prix par eux avant la mise en oeuvre de l’élargissement du fleuve…, il eut l’idée (déjà…, ce qui vous prouve qu’il restera le même), d’en réaliser un livre/roman : Par qui ce scandale, co-écrit avec Giuseppe Pignato qui était le rédacteur-en-chef de son magazine HOME.
Roulant alors successivement en Mustang Boss 302 puis en Shelby GT350 Cabriolet (qui à cette époque ne valaient pas grand chose, c’est-à-dire moins de l’équivalent de 8.000 euros), Patrice a été sollicité par Claude Dubois, importateur Shelby et De Tomaso, qui lui a proposé une Panther J72…
La maintenant mythique Toyota 2000GT était alors à vendre neuve pour l’équivalent de 8.500 euros, tandis que la Jaguar Type-E V-12 Cabrio était affichée pour l’équivalent de 8.000 euros !
La Panther J72, elle, exposée en version V-12, s’affichait à l’équivalent 20.000 euros !!!
Avec 33 ans de décalage…, on est frappé de stupeur…, car actuellement, une Toyota 2000GT se négocie 500.000 euros…, une Jaguar Type-E V-12 Cabrio vaut environ 65.000 euros… et une Panther J72 en 6 cylindres s’affiche à 55.000 euros !!!
Quel retournement des valeurs !
Mais en 1975, c’était la Panther qui était “IN “…
A la clé, Patrice a négocié une remise en contre partie de la Panther en couverture du roman Par qui ce scandale, ainsi que le fait que cette voiture serait celle du héros (lui)…
La campagne de publicité fut bien meilleure que le roman… qui se vendit quand même à 15.000 exemplaires…, ce qui était un grand succès : Panther, des automobiles extraordinaires…
De l’autre coté de la grande mare aux canards, aux Etats-Unis, AMC lance sa Pacer dans cette ambiance survoltée où toute raison a f…. le camp.
Au départ, on attend beaucoup de cette compacte censée réduire les émissions polluantes.
C’est une révolution au pays des puits de pétrole.
La Pacer est imaginée avec un moteur rotatif et puis, poussée par d’impérieuses logiques industrielles, elle héritera d’un bon vieux V6 et après d’un V8 gloutonnant.
Elle devait consommer moins que les mastodontes yankee qui engloutissent des hectolitres d’essence, finalement, elle ne parviendra pas à faire baisser d’un gallon la consommation de pétrole.
Mais que l’Amérique est belle, audacieuse et avant-gardiste lorsqu’elle échoue !
Car la Pacer a marqué les esprits par sa large surface vitrée, ses fesses bombées, sa gueule marrante et son large espace intérieur.
Malheureusement, produite à la va-vite, sans souci de qualité, elle décroche une réputation de nanar invendable et inutilisable.
Elle tombe souvent en panne et fait rigoler les garagistes qui ont depuis longtemps arrêté de la réparer.
La Pacer est une cause perdue, c’est pour cela qu’on l’aime.
Certains l’ont même affublé du titre envié de : la pire voiture de l’univers.
Et pourtant, tout le monde se souvient de ce vaisseau spatial sorti de nulle part qui fait rire les enfants à son passage.
Il n’est pas rare de l’apercevoir encore aujourd’hui dans des spots publicitaires.
C’est une apatride, seuls les amateurs peuvent dire d’où elle vient.
Elle se fond dans la circulation et, fait extraordinaire, elle n’est pas ridicule…, plus de trente ans après son lancement, elle n’est pas datée, ni connotée.
Elle connut une belle carrière en Europe, notamment en Suisse et en Belgique.
En France, c’est sous l’impulsion du distributeur Jean Charles qu’elle fit quelques éclats.
L’astucieux concessionnaire la distribua dans les beaux quartiers, il n’était pas rare de la croiser entre le Trocadéro et le Bois de Boulogne.
Mais le coup de maître fut de faire appel à Brigitte Bardot pour en assurer la promotion.
Les photos de la campagne furent prises un soir après la fermeture du salon de l’auto.
BB se prêta gentiment à cette opération de relations publiques.
Allongée sur le capot de la Pacer, la sex-symbol française avait fière allure.
Les affiches étaient encore plus osées, on y voyait une créature de dos qui portait une longue robe blanche.
La comparaison entre le postérieur de la dame et l’arrière de la voiture serait aujourd’hui interdite par les ligues de vertus…, c’était sexiste bien sûr, mais l’époque l’était.
Alain Delon céda aussi aux sirènes de la Pacer.
Coluche, le fils Duchemin, connut avec elle un joli succès sur les écrans dans L’aile ou la cuisse.
La Pacer est une expérience automobile qui n’avait pas vocation à rouler sur la route.
Le charme qui se dégage d’elle est, en partie, du à son échec retentissant.
1976
Cette année-là, la canicule n’a pas frappé seulement la France, mais aussi l’Italie.
Le pays béni des artistes, des peintres, des sculpteurs, des écrivains a attrapé un sérieux coup de chaud.
Pour remettre les pendules à l’heure, les français ont préféré instaurer l’heure d’été.
Elle existait déjà depuis 1966 sur la péninsule.
N’empêche l’image des transalpins, ces maîtres du bon goût et du farniente a pris un sérieux coup dans l’aile.
La quiétude romaine n’est plus ce qu’elle était.
Le pays est secoué par les attentats des Brigades Rouges…, mais surtout, le 10 juillet, se produit la catastrophe de Seveso en Lombardie.
La surchauffe d’un réacteur d’une usine chimique laisse échapper un nuage de dioxine qui fait des ravages sur la flore et la faune de la région.
Cet Hiroshima environnemental laisse des traces dans les esprits et impose une réglementation stricte des implantations de sites industriels.
L’Italie, qui jusqu’alors s’était faite remarquer par sa douceur de vivre, se réveille avec une sacrée gueule de bois.
Le cinéma italien, celui de la Dolce Vita, du Guépard, de ces grandes fresques romanesques prend un tournant scatologique avec Affreux, sales et méchants, le film d’Ettore Scola.
On repousse les limites de la décence.
Après s’être intéressés à la noblesse, les cinéastes italiens trouvent l’inspiration dans le prolétariat, la misère et l’injustice.
L’Italie se veut pionnière dans l’éveil des consciences.
Le Parti Communiste Italien prend peu à peu ses distances avec le modèle soviétique, l’atmosphère est au fantastique, à l’onirique.
De notre côté des Alpes, le dessinateur Tardi sort le premier volume des aventures d’Adèle Blanc-Sec, une héroïne hors du temps qui évolue dans un univers déjanté et laid.
Jean-Michel Jarre invente la musique électronique grâce à son album Oxygène…, désormais, un type derrière un synthétiseur ou des écrans d’ordinateurs peut être considéré comme un musicien !!!
C’est ce que l’on appelle le progrès, Mozart et Beethoven doivent se retourner dans leurs tombes… mais ce sera bientôt pire avec l’arrivée de Michael Jackson…
Drôle d’époque où l’actuel ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner signait “l’appel des 18 joints” pour la dépénalisation du cannabis, c’est-à-dire son usage, sa possession et sa culture.
Dans tout ce maelstrom, l’automobile italienne vit des heures difficiles.
Lancia a été absorbé par Fiat depuis 1969.
Le luxe des productions d’antan a laissé la place à des séries nettement moins prestigieuses, l’exclusivité des Lancia Aurelia et Flaminia est un vieux souvenir.
Quelques collectionneurs nostalgiques se rappellent avec émotion du bonheur immense de posséder une Lancia, c’était un signe distinctif, une façon d’appartenir à un club très fermé dans les années ’50 et ’60.
Vous étiez immédiatement catalogués comme un esthète, un homme mesuré dont les jugements seraient écoutés.
En 1976, l’heure est à la rationalisation de l’outil de production et puis le haut de gamme est désormais le terrain de chasse des allemands.
L’élégance, c’est du passé.
Les italiens sont les premiers à abdiquer, les anglais suivront une décennie plus tard, quant aux français, ils ne croient plus depuis belle lurette à cette niche.
Alors Lancia réfléchit plutôt à sa future Delta, la marque sait par instinct et études de marché que le segment des compactes sera son avenir, sa seule porte de sortie.
Tout n’est pourtant pas noir, les résultats sur le plan sportif sont même exceptionnels grâce à une Stratos qui s’illustre en championnat du monde des rallyes.
Comme dans les familles désargentées, chez les aristocrates fauchés, il faut faire du vieux avec du neuf.
On rafistole ces vieux vêtements pour n’avoir pas l’air trop bête le jour de la rentrée.
Lancia sort donc une Gamma avec un coffre à hayon tout à fait étonnante, ni belle, ni laide, c’est une voiture hors du commun qui finalement correspond bien au milieu des années ’70, une époque qui a perdu tout sens critique.
Qui serait assez avisé pour dire ce qui est beau ou laid ?
Les arbitres du bon goût ont été cloués au pilori, tout est donc possible.
Dans ses premières versions, la Gamma n’abuse pas encore de plastiques trop disgracieux, avec le recul, elle a même un certain charme kitsch.
Ce n’est pas une voiture facilement classable…, qui d’autre que Alain Delon en personne pouvait s’en servir dans ses films ?
Il fallait un type assez dingue et décalé pour utiliser une Gamma dans d’interminables courses-poursuites…, Alain Delon était cet homme dans Trois hommes à abattre...
1977
Il y a des années où l’on se sent pousser des ailes, des millésimes où emporté par l’audace, tout paraît possible.
Plus aucune frontière, ni barrière ne vient obstruer votre chemin, la création est libre.
1977 a le parfum de la démesure, des challenges impossibles.
Jean-Bedel Bokassa se proclame empereur de Centrafrique dans le stade omnisports de Bangui devant plusieurs milliers d’invités.
Il y a des jours où le ridicule ne tue pas non plus.
C’est dommage !
L’ex-capitaine de l’armée française avec son manteau d’hermine sur les épaules et un aigle d’or derrière lui qui scrute ce spectacle accablant…, ce n’est pourtant pas un vieux sketch comique de l’ORTF, ni une caméra cachée de la doublette Rouland/Legras, mais bien la triste réalité d’une Afrique qui souffre de la mégalomanie de ses dictateurs et de la complaisance des anciennes puissances coloniales.
L’année 1977 réserve bien des surprises, des bizarreries plutôt.
Albert Spaggiari célèbre pour ses exploits dans les égouts s’évade du palais de justice de Nice.
Il saute tout simplement par la fenêtre du bureau de son petit juge qu’il aimait bien.
Une moto l’attend en bas et la police ne le retrouvera jamais.
Lui aussi était un amateur de facéties, un spécialiste du postiche et des coups de main armés en Amérique du Sud.
Tout semble irréel dans le calendrier de 1977.
Même le cinéma devient gaga de La guerre des étoiles de George Lucas où il est question d’une princesse Leia, d’un chevalier Jedi et d’un drôle de type appelé Chewbacca recouvert de poils qui viendrait d’une planète mystérieuse : Kashyyyk.
A la télévision, ce n’est guère mieux, la série Hulk apparait pour la première fois.
Encore plus étrange, un gars tout à fait normal se transforme en grosse brute verte sous le coup de la colère…, la couleur a son importance, les trucages sont involontairement comiques.
L’époque est folle.
Il faut dire qu’Elvis, le King, vient de s’éteindre à Memphis, Tennessee…, il pesait 140 kilos.
La scène musicale se partage entre Disco et naissance du mouvement punk avec les Sex Pistols et les Clash aux manettes.
Le futur est très présent, c’est sûr, l’an 2000 va changer notre façon de vivre.
La console de jeux vidéos Atari débarque en France avec des fonctionnalités qui feraient pleurer un enfant de maternelle en 2009.
L’architecture s’expose, on inaugure les tours du World Trade Center à New York et les parisiens découvrent dubitatifs le Centre George Pompidou.
L’automobile suit le mouvement, Renault met pour la première fois un turbo dans sa formule1 au Grand Prix d’Angleterre sur le circuit de Silverstone.
Les français sont pressés, parmi eux, il y en a un de particulièrement motivé, un fils de paysan, devenu ingénieur, puis capitaine d’industrie, un fonceur, un éclaireur : Jean-Luc Lagardère ressemble aux années 70, il n’aurait pas imaginé qu’un chef d’entreprise soit un petit boursicoteur, un financier qui gère son affaire en regardant des courbes de profits derrière un écran d’ordinateur.
Non, en 1977, un chef d’entreprise a de grands projets, voire trop grands.
Il investit tous les domaines de l’industrie aéronautique en passant par les médias et l’automobile par l’intermédiaire de Matra.
C’est en pleine Sologne, sur le site de Romorantin entre fougères et marcassins que va sortir un véhicule qui a vingt-cinq ans d’avance sur son époque : la rancho.
Un modèle révolutionnaire, un véhicule de loisirs à une époque où la semaine de travail n’est pas de 35 mais de 40 heures.
Pour les trentenaires, la rancho restera à jamais la voiture du père de Vic (Sophie Marceau) dans La boum, ce sympathique dentiste, un peu coureur, un poil bougon, marié à Brigitte Fossey, une adorable dessinatrice de presse !
Evidemment la voiture a été conçue sur les bases de la simca 1100, ce n’est pas très glamour comme pedigree.
Tant pis, c’est surtout très visionnaire.
Une vista incroyable qui démontre la créativité des ingénieurs et techniciens français, un vrai cocorico.
Sans la rancho, les tout-terrains n’existeraient pas sur nos routes.
Bien sûr, il y avait déjà le Range Rover ou le Jeep Cherokee Grand Wagoneer, des objets de luxe inabordables pour le commun des mortels.
Matra mettra la rancho au prix d’une berline, c’était tout simplement trop tôt !
Trop tôt également sont les idées de Patrice qui s’amuse à construire un Hot-Rod dans le style de ce qu’il a vu dans différents magazines américains…
Il a acheté à cet effet une épave d’Oldsmobile 1948 et l’a coupé en tous sens.
A peine terminée, la voiture va être publiée dans une dizaine de magazines dont l’Auto Journal, à l’appui d’un article élogieux de Jean-Loup Nory.
L’Old’s’48 va ensuite devenir la vedette d’un film de Serge Nicolas “Concerto pour un homme seul” qui ne sera finalement terminé qu’en 1980 et programmé en 1985 dans moins d’une dizaine de salle en europe, puis tombera malheureusement dans l’oubli…
L’heure des Hot-Rods, des Custom-cars et des Chromes & Flammes est venue…
1978
Les braqueurs font la Une des journaux.
L’époque se cherche de nouveaux héros.
Le grand banditisme fait rêver la ménagère, inquiète le bourgeois et rend dingue les services de police.
Au 36 quai des Orfèvres, les flics se tirent la bourre.
Les commissaires de l’antigang et de l’OCRB sont aussi célèbres que les animateurs de télévision.
Les hors-la-loi ont changé de nature, les délinquants de l’après-guerre quittent peu à peu la scène du crime organisé.
Résistants ou collaborateurs, parfois les deux en même temps, ces vieux tontons flingueurs, amateurs de rutilantes Cadillac et Buick, laissent la place à de jeunes hommes aux méthodes nettement plus expéditives.
Les Mesrine et autres Spaggiari ont démarré leurs vies sous des climats plus ensoleillés, ils se sont forgé une carapace de durs à cuire dans le Haut Tonkin ou dans le Constantinois.
Les guerres coloniales ont laissé des traces dans leurs esprits et dans leurs façons d’agir.
La fin des années ’70 aura été une grande pagaille où il est difficile de faire le tri entre anciens gauchistes et ex de l’OAS.
Une seule certitude, l’appât du gain pour les truands n’a jamais été aussi fort, ils n’ont plus de limites.
Leur audace fait sourire les français.
La guerre des casinos réveille la paisible promenade des anglais.
Dévaliser les coffres de la Société Générale de Nice, ce n’est pas si grave après tout.
Les médias sont plutôt indulgents avec ces mauvais garçons qui brisent en mille morceaux les valeurs morales de la société, pourtant, le sang coule parfois et souvent on oublie les commandements du code de l’honneur.
Mieux vaut avoir le sommeil lourd quand on choisit ce genre d’activité… et surtout, mieux vaut utiliser des voitures très rapides pour se sortir d’une mauvaise passe.
Quand BMW dévoile sa 528i (E12) en 1978, une puissante berline développant 184 chevaux, capable de dépasser allègrement les 200 km/h, le constructeur imagine la vendre à de respectables chirurgiens, d’actifs chefs d’entreprises ou à des commerçants aisés.
Une clientèle sûre qui paye rubis sur l’ongle.
Des acheteurs plus jeunes et plus dynamiques que le concurrent Mercedes ne réussira à capter que vingt-cinq ans plus tard…, une manière de marquer sa différence et d’inventer le sport-chic, un habile mélange entre confort, plaisir et reconnaissance sociale.
La marque réussit son pari et effectivement elle vend ses modèles à des pères de famille qui n’ont pas peur de faire une pointe sur l’autoroute.
Seulement, BMW n’avait pas prévu que cet engin qui accélère et freine aussi fort, va intéresser une autre clientèle : les bandits !
La série 5 devient alors l’emblème national d’une génération de marlous.
En Italie à la même époque, les truands préfèrent l’Alfetta pour commettre leurs délits.
En France, le mythe atteint son apogée lorsque Mesrine est abattu en pleine journée au volant de sa 528i à la Porte de Clignancourt.
La légende commence alors son long travail de sape.
Les série 5 s’imposent comme des voitures à double facette, elles pratiquent un jeu très trouble, elles ne se cantonneront plus uniquement dans le registre propret et sportif, elles auront aussi ce parfum de souffre, de décadence et de risque qui excitera des acquéreurs aux mœurs plus sages.
Si aujourd’hui, les collectionneurs s’arrachent les premières versions, c’est en partie, à cause de son comportement routier exemplaire, mais aussi pour se mettre dans la peau d’un bandit.
Une petite dose d’adrénaline avant de déposer ses enfants à l’école.
S’imaginer l’ennemi public numéro 1, porter une fausse barbe, un 45 Special dans son holster et un blouson en cuir craquelé.
En 2009, une série 5 de 1978 permet de jouer au gendarme et au voleur, une mi-temps dans chaque camp pour un prix très abordable.
Le mythe du bad boy n’est donc pas prêt de s’éteindre.
Les responsables de BMW n’ont évidemment pas souhaité brouiller les cartes, c’est la rançon de la gloire et un splendide détournement d’image…
Patrice décide de vendre la totalité de ses journaux et magazines à un groupe situé en Flandre et “monte” à Bruxelles ou son expérience de presque 10 ans va lui servir.
Il est engagé chez Norman, Craig & Kummel, une agence de publicité américaine qui vient d’ouvrir un bureau à Bruxelles avec la British Américan Tobacoo dans ses clients.
Rapidement, Patrice concocte la campagne “Viking” une nouvelle cigarette, mélange de tabac noir et blond… présentée au public comme le renouveau de Marlboro…, exit le cow-boy sur son cheval, place à des furies noires et blondes conduisant des Hot-Rods…
1979
Décidément, l’année 1979 commence bien mal avec un deuxième choc pétrolier dès le mois de janvier, toujours pour les mêmes raisons…
La crise s’installe.
La sidérurgie est en pleine restructuration, les ouvriers manifestent à Longwy, la société change et
l’économie se libéralise.
Les modèles de l’après-guerre sont devenus obsolètes.
Margaret Tatcher, premier ministre britannique, serre les boulons et ne cède rien, sa réputation de Dame de fer fait rêver la Nouvelle Droite française.
En Belgique, le 19 juin c’est l’émoi général…, en une du journal LeSoir est annoncé le kidnapping de la vedette
d’un film belge… : Concerto pour un homme seul de Serge Nicolas…
Et la vedette kidnappée n’est autre que l’Oldsmobile’48 de Patrice !!!
Pour lire l’article confortablement, cliquez sur la vignette en réduction, elle s’agrandira…
Dans l’hexagone, la fin du mandat de Valery Giscard d’Estaing est entachée par une série de scandales. Robert Boulin, ministre du travail du gouvernement Barre est retrouvé mort dans un étang de la forêt de Rambouillet.
Plus fort encore, le Canard Enchaîné révèle l’affaire dite des diamants de Bokassa.
Ce Jean-Bedel commence à agacer, il sera remplacé en fin d’année par David Dacko avec l’aide des troupes françaises à la suite de la fameuse opération Barracuda orchestrée par le service de documentation extérieure et de contre-espionnage (l’ancêtre de la DGSE).
En cette fin 1979, ça patauge drôlement dans les hautes sphères.
Pour couronner le tout, le paquebot France est vendu à un armateur norvégien.
L’impression que l’on brade une partie du patrimoine de notre pays inquiète les français.
C’est la fin des symboles.
Le dernier cheval des abattoirs de Vaugirard vient d’être tué.
Et si la France n’était plus une grande puissance ?
L’américanisation de notre société n’a jamais été aussi forte, le premier McDonald’s a ouvert ses portes à Strasbourg, c’est une révolution au pays des gourmets.
Les jeunes ne rêvent plus que d’Amérique, ils se sont rués sur Mad Max, Superman et le dernier James Bond : Moonraker.
Ils raffolent de ces films d’action, de ces superhéros positifs qui sauvent le monde avec des superpouvoirs.
L’infantilisation est en marche : Gotlib, Alexis et Lob préparent pour l’année suivante une réplique franchouillarde de ces têtes-à-claques avec un Superdupont pittoresque et décalé.
Même notre gendarme de St Tropez, symbole de l’unité nationale, se discrédite dans une sombre aventure d’extraterrestres.
Pathétique !
Les intellos en costumes de velours se pâment devant Manhattan de Woody Allen, cette ode à New-York en noir et blanc.
La musique est depuis longtemps le territoire des anglo-saxons, on danse sur le tube disco Le Freak, c’est chic au Studio 54.
Le morceau Rapper’s Delight de Sugarhill gang a encore des accents funky, il se fera plus brutal et violent dans quelques mois.
Les années ’70 qui furent donc prolifiques en folies diverses vont s’achever en apothéose du mauvais goût !.
On se souviendra du groupe ABBA et de leurs accoutrements bizarres, kitchs et vulgaires qui étaient une constante dans les groupes “Pop” et “Disco“…
Aux USA, dans cette mouvance, le chanteur Liberace était davantage connu pour ses exentricités que pour ses chansons…, c’est donc normal que Liberace a été un des acheteurs illuminés de cette Kanzler en 1979 et s’en est servi comme voiture quotidienne…
Liberace, né le 16 mai 1919, gagnait des montagnes d’or et était un “avide” collectionneur d’objets étranges et clinquants.
Après son décès en 1987, une grande partie de ses objets de collection furent dispersés dans des ventes aux enchères.
Une autre partie de ses “reliques” furent dédiées à la Fondation Liberace, une sorte de musée “paillettes & falbalas” ouvert aux nostalgiques à Las Végas dans le sous-sol d’un Casino…
Là-bas, rien ne se perd jamais…
Lorsque l’intérèt du public a commencé à s’estomper, les “reliques” furent définitivement vendues aux plus offrant.
Un certain Cary James qui avait travaillé comme employé de Liberace à Palm Spring en Californie, durant les 5 années précédent sa mort (la mort est inéluctable, même pour les chanteurs à paillettes…), racheta la fameuse Kanzler en 1997.
En avril 2006, il finit par la vendre à un ami… qui en demanda illico 1 million de dollars, prétextant que c’était l’engin le plus extraordinaire de tous les temps, sans même deviner à la vue de la carrosserie, qu’il s’agissait d’une Opel GT traficotée par des iconoclastes… : 1979 Kanzler Car’ Liberace’s…
Patrice a pleinement réussi le lancement de la campagne Viking, plusieurs Hot-Rods sillonent la Belgique avec des blondes et des noires à leur volant distribuant des mini paquets de 4 cigarettes “test” avec un “leafleet” (un prospectus) expliquant aux masses éberluées, ce qu’est le Hot-Rodding et le pourquoi de Viking dans ce grand remue-méninges…
Les filles blondes et noires sont des “show-dancing-girls” du Show-point, une boîte de nuit (et plus si affinités) très “IN” en 1979/1981 de la place Stéphanie à Bruxelles.
La soirée “remerciements“, offerte par le Show-point et qui se déroule dans cette boîte en novembre, réunit toutes les girls dans un spectacle torride…, plus si affinités (bis) pour les dirigeants de British Américan Tobacoo et de Norman, Craig & Kummel…
Un cadre-directeur BAT fraichement engagé en vue d’importantes fonctions à la direction de BAT et issu de la très rigide société Procter&Gamble, très Mormon dans l’âme et le slip, va très mal le prendre…
Fin décembre 1979, le directeur de BAT Benelux avec qui Patrice est en très bons termes et qui a été enthousiaste de la campagne Viking… quitte ses fonctions… et lui propose de le suivre en Amérique du sud pour travailler avec lui comme adjoint…
Patrice hésite…, le directeur part… et…, le lendemain Patrice est licencié !
Le nouveau directeur de BAT Bénélux, issu de Procter&Gamble, encore plus Mormon dans l’âme et le slip (c’est lui…), déborde de haine, vocifère des “Vade Rétro Satanas” et a obligé l’agence de publicité NCK à mettre Patrice “à pied “…
Pour éviter un procès pour licenciement abusif, le directeur de NCK, un certain Janssens, affirme la main sur le coeur que BAT préfère en revenir à une campagne d’affichage classique ainsi qu’à des publicités pleines-pages dans les journaux…
Patrice se retrouve au chômage…
Outre un montant financier pour être viré…, Patrice reçoit un dédomagement pour repeindre ses Hot-Rods qu’il louait à la British American Tobaco…
Petit souci…, tout avait été programmé et signé pour que Viking soit le sponsor de l’International Racing Show qui va se tenir au Rogier Center du 13 au 23 décembre 1980.
Les affiches 20 m² sont imprimées et en passe d’être placées, un prospectus explicatif de 10.000 exemplaires est en impression… et tout le gratin de l’automobile a déjà été invité…
Et tout cela, sans les Hot-rods, les show-girls et le savoir-faire de Patrice…, ça risque d’être une catastrophe…
Un super-contrat additionnel est signé en toute hâte, outre un certain montant, Patrice devient le propriétaire des prospectus, catalogues et magazines ainsi que du copyright de l’idée générale de la “précédente” campagne de publicité (celle avec les Hot-Rods)…
Patrice décide de continuer, seul…
L’idée… : sur base des prospectus et catalogues, réaliser un magazine trimestriel consacré aux véhicules hors du commun et aux Hot-Rods, Custom-cars et Choppers…, en couverture, le Hot-Rod N°2 aux couleurs Viking…, pour expliquer la campagne Viking, le comment et le pourquoi…
Le nom… ?
Pretty Car, le magazine des véhicules hors du commun…
L’affaire commence petit avec l’argent du préavis et du super-contrat additionnel, en décembre 1979, avec 5.000 exemplaires distribués via les Agences et Messageries de la Presse…, à peine la moitié seront vendus…
Patrice ne le sait pas encore, mais dans 8 mois de galère…, l’aventure Chromes&Flammes va commencer !
Martine, Claudine, Fanny et la Ford Taunus’47 Viking… Le prospectus distribué avec des mini paquets…