Ueli Anliker SLR 999 Red Gold Dream…
La morsure de la cruelle stupéfaction a planté en moi ses canines plus profondément que l’aurait fait n’importe quel infecté, tel Karl Lagerfeld, qui court partout en vociférant d’inintelligibles explications sur le devenir des choses !
Voilà donc, livrée à vos yeux ébahis et révulsés par l’horreur, une Mercedes SLR Mc Laren, résultat non pas de la fièvre du “Tuning” Suisse d’inspiration Thaï…, mais d’un savant et “subtil” mélange de provocation dans la recherche délibérée d’un mauvais goût érigé en folie créatrice !
Un impact “flippatoire”…, mais qui au final fait aussi peur lorsqu’on s’aperçoit que c’est intelligemment calculé…, que rire… plus de dépit que d’amusement…
Si le tuning est comme un fromage qu’il faut laisser moisir pour en apprécier le goût…, la provocation calculée est comme certains fruits qu’on laisse mûrir… et mieux vaut les cueillir tant qu’il est temps avant qu’ils ne pourrissent…
Eh oui, vous êtes prévenus, faites foin de l’enthousiasme débordant que vous pourriez éprouver à la vue des dorures, il serait aussi inexplicable qu’une épidémie d’incohérences…
En ces termes, La Mercedes SLR 999 Red Gold dream fait figure de tomate sur le point de nous exploser en pleine figure.
Lorsqu’on se retrouve face à une telle préparation, on n’imagine qu’une seule chose positive : une fonction cathartique.
Le démon est libéré.
Hourrah !
On a envie de prononcer un succin Vade retro satanas pour protéger notre vision, mais le démon connaît les subtilités de notre âme et attire notre œil sur sur sa panoplie bling bling composée essentiellement de tissus dorés qui recouvrent l’ensemble de l’habitacle.
Cette Mercedes est née dans le doux et vert pays Suisse…, étant donné les proportions et le rouge diabolique qu’elle arbore, l’allusion n’est pas hasardeuse.
Les modifications consistent en un nouveau spoiler avant qui semble provenir d’un chasse-neige, ainsi que de nombreux rajouts inesthétiques et anti-aérodynamiques tels l’aileron arrière géant et le diffuseur (de bêtises)…, à hauteur de son aspect scandaleux.
À ce prix là, on se demande si les jantes sont recouvertes de véritables feuilles d’or !
Elle a coûté plus de 3 millions d’euros à son propriétaire qui se vante de lui avoir consacré 30.000 heures de travail (5 millions de francs suisses…, 4,3 millions de dollars)… soit le prix de deux Bugatti Veyron, ou plus réalistement…, de 150 Mini’s Cooper D !!!
L’or joue un grand rôle dans cette voiture, tous les logos Mercedes Mc Laren ont été refabriqués en or massif… et tout ce qui pouvait être plaqué or, l’a été en 24 carats…, mais cela ne la rend pas plus élégante…
Depuis que j’ai commencé ce site, je peux dire que je me suis tapé quelques bonnes bouses à peine roulables qui me rappelaient le crottin de cheval cabré, le genre qui se font bouffer par des taureaux en rut, trouvant appétissant tout ce qui leur passe sous le nez, exhalant une odeur âcre, piquante, saisissant tout entier les sens… et qui, à force, peuvent carrément refiler des croûtes aux coins des yeux.
Certaines daubes bien grasses évoquent les puissants dégazages des lendemains de cuites, celles qui promettent que : Ah non plus jamais on m’y reprendra !
C’est sans compter avec les étrons issus de la culture commerciale dispendieuse des grandes firmes automobiles, celle là même qui est responsable de merdes riches et vulgaires destinées aux familles lambda !
Sans oublier bien sûr la crotte traîtresse, l’étron qui prend par surprise, la merde qu’on ne sent pas venir et qui vient vous cueillir alors que vous aviez le sourire au lèvres, que vous étiez détendu et que vous savouriez d’avance le plaisir d’un agréable relâchement…
Il y a aussi les petits carrossiers qui pètent plus haut que leur cul et qui veulent faire les malins mais qui finalement ne réussissent qu’à tacher le fond de culotte de leur prétention d’une bonne vieille coulante dont la franchise naïve laisse une traînée pelliculée qui ne semble jamais vouloir se tarir…
Cette Mercedes SLR 999 Red Gold dream refaçonnée par un certain Ueli Anliker, n’a rien à y voir, contrairement aux apparence…, ma coprophagie automobile aussi.
Jusqu’à maintenant j’ai résisté à tout.
J’ai tenu jusqu’au bout des choses sans me pendre, même si j’ai du m’octroyer une longue pause à mi parcours.
J’ai même réussi à rouler dans quelques Ferrailleries et Porscheries, d’une traite, sans casser leur volant, sans m’endormir, sans retomber dans l’héro, sans fumer un seul spliff, sans prendre d’aspirine et sans vomir…, réussissant à me taper une Bugatti Veyron première mouture d’un œil amusé, laissant glisser sur moi la gluante beauferie du spectacle.
Mais là, non, j’ai pas tenu.
Il faut dire que Ueli Anliker a fait fort !
Avec son épouse thaïe Duang, Ueli Anliker se transcende jusqu’au génie…
Au premier abord, on croit que le choix des couleurs clinquantes et la débauche d’or sont une simple vulgarité dans un étalage de chairs et des accoutrements à la cheapitude ringarde…“offerts” lors de présentations en fanfare de cet engin totalement grotesque…, ici présenté dans le cadre du Swiss tuning show Auto Emotionen, qui s’est déroulé du 24 au 26 avril 2009, à Berne, en Suisse.
Ce look ou le n’importe comment et le n’importe quoi s’unissent dans le mépris le plus total du design est en réalité issu de calculs complexes et tortueux !
J’avoue j’ai craqué…, grossière erreur !
Le but est simplissime…, créer l’évènement par de la provocation basique, transcender le mauvais goût et la laideur en un style capable de rivaliser Chanel dans le ridicule… et ce, de manière accessible à la masse !
L’immonde engin digne d’être utilisé comme publicité pour l’Euro Millions et ses couleurs criardes mêlées d’or partout ou c’était possible… doivent causer des maux de crâne et mettre le public dans une situation étrange que les hôtesses, délibérément nouilles, ne font qu’accentuer.
Suis-je trop cynique, ou trop fatigué ?
Mais alors ?
Si techniquement cette Mercedes tarabiscotée est plutôt immersive (à son volant, comme on a l’impression d’être dans le Nautilus du Capitaine Némo… et c’est un peu comme si on s’endormait dans sa baignoire)…, comment diable cet engin arrive-t-il à créer une quelconque tension auprès des beaufs ?!
C’est d’une connerie pas possible, mais, invariablement, les gens deviennent enragés à la vue de l’intérieur très “Thaï”, selon un temps d’incubation variable suivant les groupes sanguins…!
Comprenant que Ueli Anliker jouait au Coluche du design, j’ai eu envie de crier au génie…
Particulièrement pour ses concepts-bike’s, des chefs-d’œuvre qui lui ont valu divers premiers prix, dont pour le prestigieux concours de Daytona Beach…
Ueli Anliker…, alors, là, quel mec !
Sidérant personnage…
Si son coté kitch automobile à du mal à être accepté, ses créations motocyclistes sont réellement innovantes…
Dépassé moi-même par le grotesque, ébahi par cette apothéose clownesque, j’étais si émerveillé que j’aurai pu chanter…, hurler…, j’aurai pu me lever et embrasser les pires pouffes… et puis, entre deux cantiques à la gloire d’Ueli Anliker…, je me serai masturbé à genoux pour éjaculer l’aboutissement de toute une vie sur le tableau de bord de sa Mercedes tomatée…, un râle dans la gorge, en promettant à qui voudrait l’entendre que désormais je n’écrirai plus qu’en bien, je ne vivrais plus qu’en Suisse, que je ne mangerais plus que des fondues fromagères et je ne boirais plus que du Fendant !
Bref… j’ai le sentiment que ma critique est passée pas loin du chef d’œuvre absolu…
Quand je suis rentré par la porte de sévice dans le vaste garage entièrement vitré d’Ueli Anliker, j’ai eu un flash, un coup de poing.
Mais qui est donc cet illuminé ?
En un dixième de seconde, j’oscillais entre l’attaque de claustrophobie et l’éblouissement.
Cardiaques s’abstenir.
Tout est rouge sang ou blanc.
Et ce qui ne l’est pas est couleur or : l’escalier, ses marches, les guidons des motos.
Aux poutres métalliques du plafond, rouges et blanches elles aussi, sont suspendues des MV-Agusta rouges et blanches, bien sûr.
Où qu’on porte les yeux, c’est la même sensation d’envie de se gratouiller l’anus…
La transparence des cloisons et des murs fait que le regard peine à trouver des repères… et il faut du temps pour se rendre compte que le coin bar-restaurant n’est pas aussi vaste qu’un garage habituel, mais qu’il mesure 5 sur 8 mètres seulement.
Le constructeur du lieu est Ueli Anliker lui-même.
“J’ai tout aménagé moi-même”…, me dit-il !
Pas trace de fanfaronnade dans la voix ferme de l’Argovien.
A ma question de savoir pourquoi un ancien garagiste ayant fait fortune dans l’immobilier se lance ainsi dans le stress de la restauration, il répond tout simplement : “C’est mon œuvre !”.
Et le nom du bar-restaurant qu’ont ouvert Ueli et son épouse thaïe Duang, une gastronome avertie, coule de source.
Le Custom Race Museum annonce la couleur et les visiteurs peuvent le visiter Goesgerstrasse 15 à Winsnau…, en Suisse… http://www.anliker-ueli.ch/
J’aime les fous et les folles…