Un seul amour vous manque et tout est dépeuplé…
Contrairement à ce que chantaient les Rita Mitsouko, les histoires d’amour ne finissent pas mal en général.
Mais les gens sont persuadés que quand elles finissent, cela se passe toujours mal.
C’est parce que c’est pour eux une épreuve que de se remémorer leurs tourments amoureux.
Mais peut-on admettre qu’un médecin arrivant sur les lieux d’un accident de la route…, ne prendrait même pas la peine de se pencher sur une victime, certain qu’il va perdre son temps à tenter de sauver le quelqu’un qui git là…, déjà presque mort, alors qu’il n’y a jamais de temps perdu pour tenter de sauver quelqu’un qui peut l’être…
Mais bon, il n’est pas toujours souhaitable de dire à la personne mourante que tout est fini, sauf si c’est une personne qui vous a cassé les pieds, les bonbons et/ou les coucougnettes…
Généralement, on échauffaude des hypothèses et des stratégies pour raconter les pires derniers bobards…, qui bien sur ne marchent pas, ou seulement un bref instant, comme si on réanimait quelqu’un…, qu’on se réjouisse que son coeur reparte… alors qu’il va s’arrêter dans les dix secondes d’après.
Quand c’est mort, ça doit être mort dans l’esprit des gens Lambda… qui sont persuadés que les histoires d’amour terminées portaient en elles tous les stigmates de la fin prochaine et inéluctable.
D’ailleurs ces gourous des amours mortes, affirment jusque dans des livres et émissions TV d’après-midi (l’heure de grande écoute des ménagères de moins de 60 ans), que les gens savent quand tout est fini…
Ils conseillent ainsi aux âmes en peine de consulter un gourou (une secte dont ils font partie), soulignant que la médecine officielle ne peut rien faire pour eux alors qu’ils attendant un miracle, misant sur la psychologie, comme s’il avait dans une boîte à outils, des recettes fantastiques concoctées à base de “prises de conscience”, de “compréhension”, sans oublier un zeste de “lâcher prise” sans quoi le plat serait raté !
C’est à force de regarder diverses émissions TV, que les gens en viennent à imaginer qu’en les visionnant encore et encore, ils finiront par trouver ce qui n’allait pas en eux, pour leur en faire prendre conscience et repartir ensuite vers d’autres aventures !
En vérité je vous le dis, ces émissions sont bidons et scénarisées, 95% des cas présentés sont faux et entrecoupés de publicités pour des voyances très couteuses ainsi que des horoscopes personnalisés…
Les gens le savent…, mais préfèrent rêver, parce que c’est plus amusant de croire au père Noël même quand on sait qu’il n’existe pas.
C’est sympa de garder un biais d’inférence positif…, comme regarder sa jambe pourrie par un cancer des os, un vilain ostéosarcome… et de se dire que non, l’amputation peut être évitée malgré la tête dépitée de l’oncologue qui sait lui que vous n’avez plus aucune chance de la garder.
On a tous besoin de croire en quelque chose !
C’est peut être l’opium du peuple mais l’opium c’est bon, sinon personne n’en prendrait.
Et puis les histoires finissent par mourir toutes seules… alors, le seul travail consiste à ramasser les morceaux et à les recoller, afin que cet échec ne soit pas une fin mais un point de recommencement.
Vraiment, j’adore les histoires d’amour qui se meurent, alors qu’on continue à lutter en y croyant toujours, même si ce sont des heures sombres et dures.
Comme disent les ricains : “Life is what happens when we have made other plans”…
Lamartine disait “un seul amour vous manque et tout est dépeuplé”.
Il ne se trompait pas, on a beau être sévèrement burné parfois, on peut se retrouver aussi démuni qu’une jeune pucelle.
On erre comme une âme en peine, on écrit mille e-mails à la belle qui s’en fout.
On se dit que vivre sans elle ne vaut plus la peine…
Dans le fatras des techniques développées par nos amis ricains, concernant ce sujet à coeur ouvert…, tout n’est pas à jeter.
J’ai particulièrement apprécié leur notion de “one-itis” parce qu’elle recoupe ce que j’ai souvent pu observer lors de certaines crises connues sous le vocable de chagrin d’amour.
Alors pour comprendre le concept, souvenez vous qu’en anglais le suffixe “itis” désigne une maladie.
Ainsi notre bonne vieille méningite est une meningitis chez les anglois !
Le “One-Itis” est une véritable obsession maladive que fait une personne qui perd son amour.
De nombreux jeunes sans expériences, se rendent malade lorsqu’une rupture survient, pensant avoir gâché irrémédiablement leur vie.
Le “One-Itis” est une vraie souffrance qui pousse certains et certaines à commettre l’irrémédiable.
Bien entendu, ceci s’applique aussi aux dégénérés de toutes espèces.
J’entre dans le vif du sujet.
Alors voilà, c’est arrivé.
On vous a volé votre voiture adorée, vous ne savez pas ou elle est, elle a disparu…et vous êtes au trente-sixième dessous.
La souffrance commence et comme dirait le père Verlaine, il pleure dans votre coeur comme il pleut sur la ville.
Vous paniquez, vous êtes prêt à tout pour la récupérer et vous vous mettez à faire n’importe quoi comme supplier son voleur de vous la rendre, promettant à votre voiture bien-aimée de l’attendre, etc.etc…
C’est le piège terrible qui se referme alors, lorsque vous faisant de faux espoirs, vous pensez la récupérer.
Et cette erreur vous empêche de vous remettre en interdisant votre cicatrisation : le fameux travail de deuil.
C’est le cycle infernal au cours duquel alternent, la dépression due à la séparation et l’angoisse due à l’espoir toujours brisé qu’elle revienne.
Le taux de cortisol augmente, celui de sérotonine baisse dangereusement, et vous risquez de finir pendu ce qui serait idiot.
Avouez qu’il faut être con pour mourir d’amour envers une automobile, sauf si vous êtes garçon-coiffeur et abonné à Gala !
Je vous promets que tous(te)s ceux(elles) qui se sont remis(es) d’une telle histoire d’amour tragique, admettent que ça aurait été très con de mourir.
La meilleure chose serait de l’oublier mais c’est plus facile à dire qu’à faire.
J’ai moi-même vécu pareil chagrin lorsque mystérieusement mon automobile chérie, celle qui était presque l’aboutissement de ma vie, a été volée par un con, surement un jeune con, crétin même, dans des circonstances étranges qui s’éternisent au delà même d’un poids que mon pauvre coeur d’artichaud meurtri ne peut supporter
La première souffrance que j’ai vécu c’est l’angoisse terrible !
Je me suis dit qu’elle était partie mais qu’elle pourrait revenir.
J’étais comme au volant d’une voiture automatique, un pied sur l’accélérateur et un autre sur le frein.
Ca s’arrêtait et ça repartait.
Si vous vivez aussi ce type d’horreur, il faut vous calmer, tenter d’apaiser votre désordre émotionnel, quitte à prendre quelques médicaments et réfléchir sur vos erreurs passées, par exemple ne pas l’avoir entretenue correctement… ne pas l’avoir bien surveillée…, car plein de gens envieux, jaloux de votre bonheur, rôdent autour des plus belles et rares qu’ils savent pouvoir revendre à des sortes de négriers qui les vendront à des collectionneurs dépourvus de conscience…
Quoique les torts sont toujours partagés !
Ne connaissant rien à la réalité de ce qui vous arrive, sûrement que vous croirez qu’elle s’est taillée d’elle-même, honteuse de d’être mal comportée, ne démarrant pas au quart de tour à votre réveil, ou restant inerte le soir alors que vous aviez envie de braver quelques sens interdits !
A la faveur d’une réflexion intelligente, les gens se rendent compte qu’ils délirent.
Mais c’est rarissime, non pas que les gens sont tous idiots, mais parce qu’on sait qu’une automobile qui disparait, ne revient quasi jamais, c’est presque peine perdue d’espérer.
Et croyez moi ce n’est pas du sexisme.
Admettre qu’elle ne reviendra pas doit être l’effort à faire… et ensuite il vous faut passer à l’étape deux.
Voilà, elle est partie, disparue, elle ne reviendra plus.
Alors évitez de mourir et travaillez d’arrache-pied pour vous en payer une autre dans le cas ou votre assurance trouve un prétexte pour vous laisser doublement en plan…
Tentez alors de murir psycho-affectivement en vous ré-assurant…
Admettez qu’elle va vivre une nouvelle vie, soit en Afrique, au Moyen-Orient ou en Russie !
Devenez adulte et cessez de vous branler devant les photos que vous aviez fait d’elle…, ne mourez pas d’amour en vous extasiant avec regret devant ses photos, ne vous précipitez pas pour répondre à divers appels téléphoniques croyant que c’est pour vous prévenir qu’on l’a retrouvée abandonnée dans une usine désaffectée dénudée de ses accessoires après avoir subi de multiples tourments…
Ne réécrivez plus trente fois la lettre destinée à diverses rubriques “disparition”, courrier censé convaincre son voleur de vous la restituer.
C’est du temps perdu !
A ce stade vous devez avoir réussi à entériner le fait qu’elle ne reviendra pas en connaissant les raisons de cette fin.
Vous redeviendrez libre, d’acheter une autre automobile, sortant de ce cycle sans fin.
Cessez de l’idéaliser, le travail consisterait idéalement à l’oublier totalement.
C’est souvent impossible alors contentez-vous de faire du déminage et d’ôter la plus grande charge affective à cette douloureuse histoire d’amour.
Il s’agit de cesser de placer votre ex-automobile chérie sur un pinacle comme si c’était l’équivalent d’une princesse de conte de fées et une automobile parfaite.
D’ailleurs, plutôt que des bons moments, tentez de vous remémorer tous les moments où elle s’est mal comportée avec vous.
Listez tous les mauvais moments et tentez de devenir enfin objectif.
Parce que je l’affirme, la genèse de votre histoire d’amour comportait en son sein ce qui allait entrainer sa fin.
Le temps fera ensuite son œuvre et vous vous apercevrez un jour que vous pouvez à nouveau penser à cette ex, comme à une automobile normale et même vous trouver bien stupide d’avoir voulu mourir pour elle.
C’est tout l’intérêt d’un efficace travail psychanalytique, via diverses thérapies cognitives, qui amènent à une prise de conscience ou vous cesserez de l’idéaliser.
La vie poursuivra ensuite son cours.
Après un temps de latence, les souvenirs s’estomperont et vous pourrez à nouveau jouir… en maîtrisant une autre belle qui sera carrossée différement, aura une autre couleur, disposera de performances plus affolantes… et vous vous direz enfin : comment ai-je pu être aussi triste ?
Vous achèterez une voiture plus moderne… et :