Une 2CV 1953 vendue 15.300 euros… La valeur des choses !
C’est l’expérience, particulièrement celle “du vécu”, qui m’amène à vous écrire concernant la “valeur” des choses. On hiérarchise les objets-automobiles comme les gens, comme s’il existait un tableau planétaire ou chacun/chacune se retrouve à une place bien définie en fonction de concepts pré-déterminés comprenant l’âge, la beauté, les capacités, l’intelligence, le savoir… et tutti-quanti… Dans ce tableau de science fiction qui tend à nous être peu à peu imposé via les cotations (les résultats scolaires, les diplômes, le cheminement professionnel, les résultats obtenus), vous qui me lisez, vous vous positionnez à un endroit… et la 2CV ’53 vendue 15.300 euros par Artcurial lors de Rétromobile 2011 se situe à un autre… Alors c”était folie, actuellement (2022)ça devient la norme et tout est de même…
Le problème est que l’humain, est inhumain par nature, bête dans son animalerie primale, complexe dans son concept et uniquement quoique partiellement immortel via sa procréation (ce qui est le lot de l’ensemble de la vie qui se duplique en évoluant ou en dégénérant). Rien n’est figé, tout vieillit et décrépit !
Comme la vie n’est pas figée, mais que les objets le deviennent, l’humain en est rapidement venu à confondre l’immortalité via la continuation des espèces (considérons cela comme sexuel) avec le figé éternel (les pyramides d’Egypte par exemple) d’ou le culte des morts qu’on fige par l’embaumement et/ou en les statufiant… Les cimetières sont remplis de monuments en marbre, soi-disant éternels car ils existent encore après notre vie qui ne parvient pas à s’imaginer la ligne de temps et la restreint à la capacité de chacun/chacune à imaginer ce qui ne peut l’être…
Les créations humaines se préservent ainsi… Tel donne de l’importance à tel objet, tel perpétue une croyance… Le nirvana étant de se perpétuer soi-même par une création, l’écrit, la sculpture ou quoi que ce soit d’autre… Par substitution on peut même entrer dans sa légende en restaurant la création d’autres, en acquérant la création d’autres… Tout n’est que vanité, mais c’est ça l’humain…, pas plus, pas moins, avec ses rêves et ses cauchemars. Alors, qu’un humain achète une 2CV’53 qui n’est que ce qu’elle est, grand bien lui fasse d’y dépenser 15.300 euros… C’est le moment de vite restaurer des 2CV’53 et de les vendre en espérant que l’impact psychologique de ce non-évènement poussera divers gnous à acheter des 2CV’53 dont la cotation d’immortalité relative est maintenant établie à 15.300 euros… Il en est de même pour quantités d’automobiles de même que pour les sculptures, les peintures… et d’autres-choses…
Pour la masse, comme la 2CV’53 a maintenant une valeur, les gnous vont se simplifier la vie par extrapolations, tant qu’un illuminé n’aura pas acheté semblable chose, c’est l’ensemble des choses semblables qui vivra la même chose… (gag !)… La vie se résume dès-lors à chercher LE seul fou capable de payer une fortune pour obtenir la création de quelqu’un d’autre qui correspond à ses rêves ou qui correspondra à son humeur d’un instant… On en revient à la combinaison gagnante d’une série de chiffres… Etre là au bon moment et y croire… Les imbéciles ne sont pas malheureux de l’être…, parce qu’ils le sont tellement qu’ils ne s’en rendent pas compte…
Doyenne indémodable, le capital sympathie de la 2 CV auprès des générations successives n’a jamais faibli ! Ceux qui la connaissent, ceux qui la découvrent s’éprennent vite de ses formes généreuses et de ses yeux rétros. Une bonhomie que la Petite Citroën continue d’afficher sur toutes les routes du Monde.
Il est en effet encore fréquent de nos jours de croiser cette impérissable jeunette. De par son concept économique et simple alliant les dernières évolutions technologiques de l’époque, la 2 CV a révolutionné l’industrie automobile et la société en ouvrant la voie à la voiture économique, populaire et polyvalente.
Age : Née “officiellement” le jeudi 7 octobre 1948 au salon de Paris suite à une copulation de Pierre Boulanger en 1936… suivie d’une lente fécondation en 1937… Lieux de naissance : Bureau d’études Citroën (à l’époque situé rue du Théâtre à Paris 15ième)… Centre d’essais de La Ferté Vidame (Eure-et-Loire)… Usine de Levallois (située au 54 quai Michelet, détruite en 1988). Caractéristiques d’origine : Moteur bicylindre à plat refroidit par air de 375 cm3 qui permet d’atteindre 60 km/h, boîte de vitesses à trois rapports + une surmultipliée, suspension à grand débattement, essuie-glace actionné par le câble du compteur de vitesses ! Notez que la 2 CV était économique et écologique avant l’heure puisque son régime jockey lui permettait de ne consommer que 4 à 5 litres aux 100 km.
La 2 CV est un pur produit du bureau d’études de Citroën. Sous le nom de projet TPV (Toute Petite Voiture), son cahier des charges est fixé en 1936 par Pierre Boulanger, le directeur de Citroën d’alors. Celui-ci confie sa conception à l’équipe des ingénieurs d’André Lefebvre qui donne naissance à un premier prototype roulant dès 1937. La présentation de la Petite Citroën au Salon de Paris en octobre 1939 est annulée pour cause de déclaration de guerre.
Les études reprennent sous l’Occupation et donnent naissance à la 2 CV telle qu’elle a été lancée au Salon de Paris en 1948.
La complicité qui unit le genre féminin à la 2 CV est d’autant plus évidente qu’avec le recul historique, on peut raisonnablement associer l’émancipation de la femme, à partir des années soixante, à l’aura de liberté qui entoure la plus populaire des voitures françaises.
L’autocollant “Ceci n’est pas une voiture, c’est un art de vivre”, collé sur la porte de coffre, cette maxime baba-cool était, pour la conductrice, le conducteur, leurs passagers et passagères, une façon d’afficher un peu plus leur autonomie et leur différence.
Ce n’est pas un hasard si, en avril 1976, Citroën lance la 2 CV Spot (produite à 1800 exemplaires), première d’une succession de séries limitées qui voit notamment apparaître par la suite la fameuse 2 CV Charleston bicolore en octobre 1980 ou la 2 CV Dolly en mars 1985.
Du statut de voiture outil, la 2 CV se mue de plus en plus en voiture de jeunes et de femmes pour qui elle s’égaye et se raffine.
Si elle se jouait des modes et était résolument spartiate à ses débuts (pour le miroir de courtoisie de madame derrière le pare-soleil, il faut attendre 1963…), elle possède ce double don du beau et de l’utile.
La 2 CV détenait surtout un atout déterminant et éminemment féminin : elle offrait en effet, pour un prix modique, le luxe de pouvoir rouler en décapotable.
Dès le début de la commercialisation de la 2 CV, Citroën communique en vantant les innombrables mérites de la 2 CV avec un dépliant commercial montrant, photographies à l’appui, l’infinité d’utilisations que l’on peut avoir de cette voiture polyvalente. Ce couteau suisse des routes rend aussi bien service au boulanger qu’au représentant en mercerie ; il est autant indispensable au curé de campagne qu’au sabotier. Phénomène avant-gardiste en cette fin des années quarante, la gente féminine n’est pas oubliée : la femme au volant est bien un phénomène nouveau. L’on peut voir la sage-femme, la modiste ou la matelassière, charger à ras bord leur Petite Citroën. De même que le cahier des charges d’origine prévoyait que la voiture devait pouvoir traverser un champ labouré avec un panier d’œufs dans le coffre sans en casser un seul, c’est tout naturellement que l’on voit une fermière se rendant au marché au volant d’une 2 CV.
On mesure la popularité de la 2 CV à la variété des surnoms dont elle est, ou a été, affublée en France et dans le monde entier. Chez nous, elle est le plus souvent connue sous son doux nom de “Deux-pattes”, de “Deuche”, “Dedeuche”. On l’a également qualifiée de “Quatre-roues-sous-un-parapluie” voire de “Parapluie-à-quatre-roues”. On l’a même désignée “L’éternelle”, “La trépigneuse” (terme employé juste après-guerre pour marquer le fait que ses roues s’agitent beaucoup dans les ailes). Une simple recherche sur Internet permet en outre de découvrir des sobriquets rigolos tels que “Vilain petit canard”, “Cocorico” (parce qu’elle reproduit le cri du coq quand elle démarre) ou “saute-congères” (il est vrai qu’elle est aussi très à l’aise sur la neige). A l’étranger, elle suscite aussi l’inspiration. Les Allemands et les Néerlandais surnomment ainsi la 2 CV “le Canard” tandis qu’en Flandre, on l’appelle “Petite chèvre” (le bruit du moteur au démarrage sans doute). Elle est le “Chameau d’acier” en Afrique du Nord, la “Two ci-vi” sur le continent nord américain et en Finlande, on parle de “Rättisitikka”, traduisez “la voiture du chiffonnier”.
Jeudi 7 octobre 1948
Première apparition au 35e Salon de l’Automobile au Grand Palais à Paris. La 2 CV étonne, chiffonne, questionne… mais finit par être adoptée !
Juillet 1949
Mise en fabrication à l’usine de Levallois sous le nom de 2 CV A. Elle est uniformément grise et équipée d’un moteur de 375 cm3 (9 ch).
1951
La version berline est désormais accompagnée d’une version camionnette, la 2 CV AU (U pour utilitaire).
1952
Le gris métallisé est remplacé par le gris uni foncé.
1953
La calandre change de visage. L’ovale qui entoure les chevrons est supprimé. Les sièges en tissu gris sont remplacés par des sièges en tissu écossais.
1954
Lancement d’un nouveau modèle, la 2 CV AZ. Elle est équipée d’un moteur de 425 cm3 (12 ch et 78 km/h) et d’un embrayage centrifuge. La 2 CV AU est quant à elle remplacée par la 2 CV AZU équipée, elle aussi, du nouveau moteur.
1956
La 2 CV sort en version AZL (pour luxe). Son conducteur goûte enfin aux joies du dégivrage du pare-brise, d’une capote de couleur et d’une grande lunette arrière.
1958
Elle compte une soeur de plus : la 2 CV AZLP (pour porte de malle). On la présente aussi en version 4 x 4 “Sahara”, dotée de deux moteurs de 425 cm3, l’un animant les roues avant, l’autre les roues arrière !
1959
Fin du gris comme couleur unique avec l’apparition du bleu.
1960
Nouveau capot avec calandre amovible en aluminium embouti.
1963
Nouveau moteur de 425 cm3 (18 ch et 95 km/h) et sortie simultanée d’une nouvelle version avec une finition améliorée : la 2 CV AZAM.
1964
On met les portières inversées dans le bon sens.
1965
Adoption d’une troisième glace latérale au-dessus de l’aile arrière. La 2 CV berline devient ainsi limousine.
1966
168.357 exemplaires produits. Un chiffre record !
1970
Sortie des 2 CV 4 (435 cm3) et 2 CV 6 (602 cm3). La même année, Citroën organise une petite promenade de santé de 16500 km. C’est le raid Paris-Kaboul-Paris.
1971
Infatigable, la 2 CV boucle un raid aller-retour entre Paris et Persépolis, soit 13500 km.
1972
Citroën organise le premier Pop’Cross qui donnera naissance à la Coupe de France de 2 CV Cross, une compétition automobile encore très populaire en 2008 !
1973
La 2 CV se lance dans le Raid Afrique, soit 8 000 km d’Abidjan à Tunis à travers le désert du Sahara.
1974
On lui change ses yeux ronds. Désormais, elle affiche des phares rectangulaires. On la dote d’une nouvelle calandre à cinq lames en plastique avec les chevrons intégrés.
1975
Sortie de la 2 CV Spécial. Elle retrouve ses phares ronds et perd la troisième glace latérale.
1976
Lancement de la série spéciale 2 CV Spot.
1979
La 2 CV 6 devient la 2 CV Club. La 2 CV Spécial (435 cm3) devient 2 CV 6 Spécial (602 cm3).
1980
Sortie de la 2 CV Charleston en série spéciale. Le succès de sa robe rétro est tel qu’elle est produite en série dès l’année suivante et avec des phares chromés.
1986
La “Deux-pattes”, le monument historique automobile, est présenté en série limitée Cocorico.
Février 1988
La production de la 2 CV prend fin en France à l’usine de Levallois, mais sa commercialisation se poursuit pour encore 29 mois.
Vendredi 27 juillet 1990 à 16 h
La dernière unité sort de l’usine de Mangualde au Portugal. En 42 ans (record de longévité), la 2 CV a été fabriquée à plus de 5 millions d’exemplaires : 3.868.634 berlines et 1.246.335 camionnettes.