Une histoire de fou, le grand bazar…
Ahhhhhhhh !!!! Comment vous ré-expliquer le tout ça d’un même bazar ? Vous expliquer encore pis que pis du plus fort de la grand crise boursière, économico-financièro-programmée… Remâcher une seconde fois en écriture cette nouvelle histoire ne changera rien au déroulement du temps qui continue de passer. Re-comprendre une situation déjà vécue ! Une seconde réalité ! Un nouveau contexte ! Tout ça était déjà figé à perpette par je ne sais qui, mais maintenant que ça recommence, je ne sais plus vraiment si tout est vraiment écrit d’avance, bien inscrit dans un bouquin d’histoires pré-cuites (mais jamais digérées), pour qu’on n’oublie pas à nouveau la déchéance des pestiférés… qui font quoi ? Les vraies histoires, piting !
Il y a quinze jours d’ici, se déroulait le show d’Anvers-Antwerpen, auquel je ne participe plus depuis 6 ans à cause des prix exorbitants demandés aux gnous exposants leurs chères automobiles.
Il y a quatre ans, alors que j’en avais déjà ras-la-patate de tout le mal à me donner pour venir exposer des voitures et subir des conneries-questions en pagaille en ce compris de fausses promesses, de sombres palabres inutiles ne visant qu’à connaître jusqu’ou les gens peuvent l’enfoncer profond à la recherche du dernier euro…, j’avais réservé 3 places/voitures.
Il y a là, dans le chef des exposants, comme un rituel masochiste à subir les diktats infâmes de l’organisateur de ce show, qui se la pète d’autant plus grâve qu’il organise également le show des voitures anciennes d’Essen, en Allemagne, en avril de chaque année, manifestation qui est devenue l’une des plus importantes au monde, grâce au fait, qu’aux débuts de cette foire, l’Allemagne était en pleine croissance, arroguante, fière, richissime et plus encore…
Tous les imbéciles du monde y allaient et y vont encore comme les beaufs à l’abattoir…
Marchands, collectionneurs, glandeurs, branleurs, acheteurs, vendeurs…, tous réunis pour une fête apocalyptique qui fait surtout le bonheur des vendeurs de saucisses et de l’organisateur…
Les emplacements sont tellement hors de prix et le marketing tellement bien foutu, que tout le monde qui gravite autour et dans l’automobile ancienne, y va…
Je me suis renseigné auprès de divers exposants, pour rentabiliser le coût d’exposition de 5 voitures, un marchand DOIT vendre au moins une voiture, si pas deux, parce que tous les marchands n’exposent pas des bagnoles à 100.000, 200.000, 300.000 euros et plus…, il y a aussi les frais de transport, aller/retour, la décoration, les nettoyages, les assurances, le gardiennage, le séjour à l’hôtel, la bouffe, les extras, l’utile et le superflu…
Et si vous n’êtes pas Allemand… Tintin et Milou pour vendre…, un vrai Allemand préfèrera acheter plus cher à un autre Allemand que d’acheter à un étranger, surtout pas à des Français, encore moins à des Belges…, peut-être à des Anglais et des Italiens si ils sont à 50% de remise… et encore…, rien n’est moins certain !
C’est dire (en l’écrivant) que ce machin coûte une fortune aux exposants, qui s’y ruinent… mais qui, masochistement, continuent, parce qu’ils n’ont aucune idée d’un “autrement“…
Bref, c’est le même organisateur pour Essen et pour Anvers…
Résultat, à Anvers-Antwerpen, les “locaux” sont relégués dans les arrières-salles à coté des ferrailles et pièces détachées douteuses…
Donc…, je résume… pour faire bref…, quoique je me marre de l’écrire (ça fait du bien, piting !), le dernier show de bagnoles anciennes, en ce compris les épaves et la ferraille…, tenez-vous bien, ça va être dur, si, si…, ben…, sur 350 voitures et ferrailles inclus…, zéro vente !
Rien, nada, bernique…
Il n’y a eu de vendu, que les tickets (chers) d’entrée et les saucisses et autres corps gras !
Aucune voiture vendue, cata, bérézina, enfer et damnation…
Notez que quelque-part, c’est logique vu la crise… et vu l’arrogance tarifaire de l’organisateur du show d’Anvers-Antwerpen…
C’est le type même de situation qui pousse les vendeurs désespérés à jouer 50 euros (voire plus) à l’Euromillions plutôt que d’acheter des saucisses grillées et autres corps gras…
Mais, perdus au milieu de cette multitude, deux grands esprits se sont rencontrés…
– Hello Patrice…
– Hi Franck…
– Je viens de rentrer une Réo Royale Sedan, dans le même style que ta Pierce-Arrow… Une berline de 2.700kgs, 7 mètres de long, moteur 8 cylindres en ligne avec 4 carburateurs… Ca devrait t’intêresser pour un reportage…
– Arghhhhhhhhhhh ! (J’aime les avant-guerre, question de look)…
– Ouiiiiiiiiiiiiiiiiii ! (Appréciez le langage conçis et brillant)…
– Super cool…
– Oui, extra bon !
Rendez-vous est prévu pour le samedi suivant…
Le temps n’arrange rien à rien, contrairement à tout ce qu’on raconte…
Résultat, le samedi suivant, je ne suis pas allé voir la Réo, je suis resté chez moi…
Ensuite, certains évoqueront le remord, moi pas…, mais j’ai quand même eu envie d’aller voir la Réo…
On ne sait jamais…
C’est d’ailleurs pour ça que je n’y était pas allé…, à cause du “On ne sait jamais“…
Des fois que j’en aurais envie…
Allez savoir…
Mais un bazar de 2.700kgs et 7 mètres de long, piting, c’est quand même imposant…
J’y vais…, j’y vais pas…
Tout le monde, alors y va (sic !) de son grain de sel (ce qui est plus drôle à écrire que “de son point de vue“…), bref !
En finale, le vendredi je décide d’y aller…
Donc le samedi j’y vais…
2h30 de route pour l’aller… (ce sera logiquement le même temps pour le retour)…
Mais, arrivé chez Franck, là, piting, le choc !
Une Réo Royale de 1933, c’est ééééééénorme !
Je tourne autour, je m’installe partout dans l’auto…
Franck suggère un essai… et nous voilà parti…
Je ne vais pas ici en faire des kilomètres, vous n’avez qu’à regarder les photos…
Et cet infâme a aussi un petit canard tout rigolo, qui mériterait assurément de passer également à la postérité…
Piting, un deux temps, ça doit cracher de la fumée bleue comme une mobylette… et puis le bruit, sans doute pareil qu’une Panhard…
– Non, pas engageant…
C’est alors que je tombe en admiration devant une Mercedes 170 cabriolet de 1951…, une merveille, restaurée de A à Z, comme neuve, sûrement même plus belle qu’une neuve…
J’examine, dedans, dessous…
Vraiment bien…
Voilà…, c’est tout vermoulu, limite angoisssé que je suis reparti vers mon chez-moi, toujours avec ma fille, à mes cotés…
Faut dire, qu’elle aime les bagnoles, d’autant plus qu’elle rêve d’en conduire une spéciale un prochain week-end…, c’est le printemps !!!…
Il me fallait lui répondre, argumenter…
– Tu sais, Alexandra, lui ais-je dit…, lorsque l’image de l’univers prit la forme provisoire d’un espace délimité à la suite des voyages de Christophe Colomb, Magellan et des autres marins qui les suivirent, la philosophie des fluides qui s’en suivit et qu’ils nous laissèrent…, fit naître la possibilité d’un espace ultime et infini dont on ne pouvait imaginer les conséquences. Cette suprême conquête de l’Ouest qui avait inventé l’occident, tandis qu’elle était en marche sur les terres du Nouveau Monde, trouva dans les pueblos de Los Angeles cette terre de l’absolu. Un territoire où l’homme, enfin arrivé au terme de ses voyages, au bout du monde, pouvait réinventer l’univers. Un lieu d’où il pourrait projeter l’être à nouveau vers l’infini en lui proposant à la fois la cartographie ultime du territoire et sa transcendance absolue, la conquête perpétuelle intérieure de ses désirs, ses pensées, son cerveau qu’il pourrait peupler sans fin d’êtres, de lieux, d’objets, de choses, en réduisant l’éloignement géographique à la seule présence d’une toile. Cet espace où désormais tous les autres viendraient se concentrer…
– T’es con quand tu veux, toi, Papa…
Mobile dans l’élément mobile.
On ne peut mesurer combien la phrase de Jules Verne synthétisant les mouvements constants de notre modernité représente l’essence même de notre monde…, ne serait-ce pas, en effet, l’ultime aboutissement et la renaissance du monde automobile, d’où l’univers entier serait récréé à partir des mêmes formulations qui nous permettaient d’inventer de nouveaux espaces donnant l’illusion d’un monde sans fin ?
Il n’est ni fin, ni termes, ni limites, ni murailles pour nous dérober et nous soustraire l’abondance infinie des choses…, éternellement fécondes sont ainsi la terre et sa mer…
Je ne sais plus trop quel sujet aborder, j’en ai un peu marre de la crise financière, de la télé, de la radio.
Donc, dans la voiture, en route vers mon chez-moi béni, j’entend parler de la mal bouffe via la radio….
Je ne vais pas entrer dans l’habituel débat, pour ou contre, mais juste vous donner mon sentiment général concernant la manière de s’alimenter.
Alors je ne vais vous raconter ma vie, mais j’ai réfléchi à la question… et force est de constater que l’arrivée de la haute gastronomie américaine avec les Macdos et dérivés, ça f… les boules ! Culturellement, nous accordons énormément d’importance au goût, nous salons, huilons, aimons la viande rouge, les sauces et c’est bien comme ça.
Mais bon,comment s’étonner d’avoir du mauvais cholestérol et de prendre du poids quand on verse systématiquement, les yeux fermés, un verre d’huile dans la poêle, une énorme noix de beurre, qu’on sale abondamment avant même de goûter, qu’on s’enfile un diner lourd à 21h pour se coucher à minuit…
Bref…
En automobile, l’idéal individualiste s’est renversé pour revenir à l’esprit de famille et communautaire.
L’utopie libertaire se résumant à un pamphlet lu secrètement, comme une bible aux espoirs impossibles, un manifeste pour hors la loi venu d’un autre temps, d’une autre époque, quelque part dans l’après ’70 qui a baigné ma jeunesse…, sinon en plein dedans, quand je rêvais encore, un peu, d’une Amérique sans état ni ordre, ou d’y creuser mon trou sans rien devoir à quiconque…, on ne sort jamais complètement du western et son fantasme vaguement anarchique, ici, avec la Corvette, définitivement réduit à une relique de l’histoire qui survit en pièces détachées.
Le 11/9 et la période Bush ont démystifié ce qui s’était transformé en icônes pour installer un quotidien sans illusions ni rêves ou espoirs.
L’Amérique sans effets de style ni contestation idéaliste…, que de la politique pure pour des grappes d’individus, faite de tracas minimalistes où chaque citoyen vise d’abord à subsister au sein d’un espace identitaire qui le sécurise.
Penser global, c’est d’abord se focaliser sur le local… et uniquement, jusqu’à dire qu’il n’y a rien d’autre.
Mais à quoi penser justement ?
Au lendemain, c’est-à-dire à aujourd’hui : à négocier un deal, une trêve avec le temps qui passe, à amasser du pognon pour prolonger l’existence, régler quelques comptes…, en bref le lot très pragmatique et prosaïque de toutes les gnous du monde, avec son quota de règles et de folklore.
On tourne donc en rond, que du quotidien, l’activité extraordinairement banale mais fourmillante de gens qui, finalement, dans leurs divers modes de vie et malgré les différences de contexte, reproduit celui des autres, tel un schéma les ramenant au centre, rhabillés du costume du commun des mortels.
On pénètre ainsi l’infinitésimalité de l’humain…, les pliures, les détails, rendant visible le caractère routinier d’une existence supposée différente.
La loi, l’ordre, la justice, l’identité, les croyances, la morale, l’économie, la société, la liberté, et tout ce que cela voudrait supposer de divergeant déplacé dans un miroir des racines, en archétypes successifs dont on ne sort jamais…, un ordre social qui ne fait que déplacer ses problématiques sur une carte où l’être en revient toujours à l’essentiel, les moyens de sa survie définis selon la diversité des possibles existentiels…
– J’en ai marre des automobiles, ça me pompe…
– Comme tu veux Papa, c’est ton affaire, moi, j’ai ma Mini…
C’est comme ça que s’est terminé cette journée…, c’est comme si, il ne s’était rien passé…, faites donc comme si vous n’aviez rien lu, d’ailleurs ce panneau n’existe pas…, c’est une illusion !
A plus…
Pour ma part, je continue d’écrire… et de faire…, la fausse crise qui en devient vraie, j’en peux rien, au contraire, sauf que des ceusses croient enfin, bonheur et tralala, qu’acquérir oeuvres d’arts et automobiles extraordinaires, alors que tout semble partir en couille, est un grand bonheur…, plutôt que se lamenter d’avoir été le couillon de quelqu’un d’autre…
Car, c’est connu, on est toujours le con de quelqu’un !
Piting !