Vectoriel…
Re-tapoter des mots en phrases pour pondre un texticule encore plus couillu que ce que j’ai déjà gratouillé plusieurs fois dans le but de provoquer une érection littéraire et psychologique chez les ceusses qui me lisent : putain de merde, c’est plus pareil à mes bientôt 75 ans en mai 2024 qu’en janvier 1982 pour la première publication de mon mag’Calandres de mars’82 ! 42 années ont passé (trop vite), j’avais 33 ans… Pfffffff ! Je me souviens ! Aller discutailler en Californie avec Jerry Wiegert c’était du bonheur dans ma tête mais, quel voyage, long, long, très long, trop long… Et une fois sur place, un essai “vérité” qui s’est soldé par l’explosion du bloc moteur au bout de 2 kms !
Je suisse reviendou quelques brèves années pluche tard. A mon arrivée, paf ! Le Gourou pas là, parti, rien à boire, rien à bouffer, rien à discuter d’autre qu’aller me faire foutre… Mon copain éditeur Tom McMullen qui éditait toujours EasyRider et StreetRodder a qui j’ai téléphoné un “Help-me” angoissé m’a envoyé discutailler à Clarksville, à des heures de route au milieu du Michigan ou vivait un dénommé Bill Papke qui avait acheté la Vector N°1 ! Il n’y avait là que 400 habitants dans cette ville, un feu rouge, et deux “Streets” qui se croisaient en plein milieu de nulle-part ! Je suis arrivé dans ce bled pour trouducs avec des envies de meurtre envers Jerry Wiegert qui m’avait fait venir d’Europe pour bernique. Puis j’ai revu “LA” même Vector dont le bloc moteur avait explosé, mais elle était noire et se faisait remplir les réservoirs par un patibulaire. Chaque voiture qui s’approchait de la station d’essence ralentissait immédiatement jusqu’au pas d’homme en promenade de santé, alors que le conducteur photographiait la machine bizarre. Celui d’une Chevrolet Malibu rouillée m’a crié par sa fenêtre “Est-ce une voiture en kit ?”… ce à quoi j’ai répondu que je n’en avais rien à foutre et qu’il ferait mieux d’aller enculer sa mère, sa sœur, sa tante et sa femme plutôt que de me poser des questions “à-la-con”… Ce que j’ai traduit en langage Yankee familier par “Fuck-Off”…
-“Je réponds souvent la même chose” m’a dit un cow-boy, qui avait le look couleur locale, ajoutant : “Je suis Bill Papke, propriétaire de la Vector W8 noire N°1. Elle attire toujours une foule de connards incroyables”… Cela semblait être un endroit assez calme pour une journée de conduite et de photographie. Je voulais savoir si la Vector (en environ trois décennies la production ne sera que de 18 unités) était devenue une Supercar légitime ou si elle était restée la machine de merde d’un rêveur illuminé qui enflamme les populations hébétées et éberluées.
-“Wiegert’s aircraft fascination carries over to the exterior, the W8 resembling more than anything the F-117 stealth fighter. The W8 evade radar, to !” m’a dit Bill Papke (traduction : “La fascination de Wiegert pour les avions se transmet à l’extérieur, la W8 ressemblant plus que tout au chasseur furtif F-117, la W8 peut également échapper au radar !”)… Quelques minutes après mon arrivée, installé inconfortablement à bord, je me suis souvenu que je m’étais déjà rendu compte quelques années auparavant, qu’il n’y avait rien de subtil dans la Vector… D’ailleurs les gens du cru m’ont dit que la machine noire était sûrement la cause des agroglyphes laissés dans un champ de blé voisin ! Une référence OVNI qui est liée à la Vector depuis que Car-and-Driver-magazine l’avait présentée en couverture de son numéro de décembre 1980 montrant un des prototypes Vector W2 au crépuscule sur un lit du lac salé avec un ciel rouge étrange. Il en est qui ont dit que c’était une voiture d’Illuminati, ce qui a plus que certainement aidé à faire tourbillonner l’imagination des péquenots comme étant : “La voiture d’un autre monde”… L’histoire jaillissante des médias en suite, dont je suis en partie responsable ce pourquoi je n’ai curieusement pas été poursuivi… a ensuite présenté Jerry Wiegert, comme étant “La force créatrice” derrière la voiture, qui promettait de fabriquer en série “LA SUPER CAR AMERICAINE” construite avec la technologie aérospatiale de la NASA (sic !) qui époustouflerait les meilleures élites du monde.
J’ai dû relire cette histoire 100 fois avant de publier l’affaire Vector dans le Calandres N°1, et je n’avais aucune idée que mon parcours de vie allait être fixé dans l’édition automobile. À ce moment-là, le mythe Vector était joué. Les détails granuleux de la trajectoire de la Vector se trouvaient marqués au fer-rouge dans le profil de Jerry Wiegert, mais en bref, après cette première histoire de Car-and-Driver-magazine, ses rédacteurs ont finalement testé un premier prototype équipé/motorisé d’un V8 biturbocompressé qui, selon Vector, produisait 625 chevaux ! Le moteur de la Vector W8, pareil qu’avec moi, a explosé à seulement 60 mph en 3,8 secondes ! Radical ! Un record du monde ! Jerry s’est ensuite endetté pour reconstruire le moteur qui a tenu le coup, mais c’est la transmission automatique qui a échoué à plusieurs reprises ! Finalement, après 9 essais lamentables (dont mon mien qui s’est également terminé “en couilles” avec la perforation de deux pistons et l’éjection de diverses pièces sur la chaussée en ce compris un bain d’huile, alors que selon Jerry, boite et moteur n’explosaient plus). Les diverses équipes d’essai n’ont jamais été en mesure d’approcher la vitesse maximale supposée de plus de 300km/h. La très attendue Vector n’était tout simplement pas prête, pas au point, pas fiable, pour résister plus de 15 minutes et atteindre péniblement 190km/h ! Sa très très longue gestation (interminable) avait sapé toute bonne volonté éditoriale que les magazines auraient autrement pu accorder à un projet aussi ambitieux. La W8 a ainsi été sommairement rejetée. Wiegert a manqué d’argent et la Vector a rejoint l’imposante pile de start-ups automobiles en faillite.
Jerry Wiegert voulait que sa Vector dégage l’apparence et la sensation d’un chasseur à réaction, il a donc utilisé des interrupteurs et des écrans aérospatiaux dans toute la cabine. Rien qu’à y “faire une tête” à en voir la réaction des habitants de Clarksville, le design de la Vector tuait toujours. Papke était le deuxième propriétaire de la 001. Il l’avait acheté au rabais début des années quatre-vingt-dix après qu’elle ait brièvement appartenue à un cheikh saoudien qui l’a explosée mécaniquement deux fois avant de l’abandonner dans le désert en échange d’un chameau pour rentrer chez lui… Un Juif l’a rachetée en échange de nourritures célestes et l’a amenée aux USA ou Papke, captivé par l’idée de posséder un chasseur à réaction pour la route l’a payé une petite fortune. Les Juifs sont les rois du commerce, y a pas à dire ! Ils savent y faire ! En plus ils n’ont jamais le moindre remord de toutes les horreurs qu’ils déclenchent ! En prime Bill Papke s’est converti au Judaïsme, espérant que .ieu l’aiderait !
Bill Papke m’a ouvert la porte de l’enfer paradisiaque sur 4 roues. Entrer dans la Vector était toujours de la même difficulté que lors de mon premier essai : c’est-à-dire excessivement difficile car l’intrépide et inconscient serviteur zélé (de .ieu) doit faire face à un seuil de 30 centimètres de large et à un levier de vitesses encastré, avant de s’installer dans le siège Recaro. C’est familier à ceux qui ont regardé le film Top Gun à l’époque ou les gens rêvaient de la Vector (de ma faute, je sais, j’ai avoué, c’est prescrit). À gauche du volant, il y a un écran “plasmique” qui clignote sans cesse comme si l’électricité était déphasée, il y a aussi un contour éclairé de la voiture pour faire zoli. Les compteurs n’en sont pas, ce sont des “machins” incompréhensibles sauf à un pilote de F-117 ou de navette spatiale, en fait, ce sont des balances numériques verticales linéaires incompréhensibles et illisibles et il y a un panneau de disjoncteurs exposés “au-cas-où”. Le bouton du régulateur de vitesse ne se lit pas “On”, mais “Engage”... Il est impossible de ne pas avoir l’impression d’être sur le point de prendre son envol vers le non-retour…
C’est bien sûr là l’essentiel. La mission déclarée ou implicite de toute Supercar est la vitesse, mais la vitesse d’un V8 turbo “déturborisé” pour cause de soucis fonctionnels. Comme d’abord et avant tout, toute Supercar doit offrir un théâtre dramatique, une expérience d’anticipation et d’émerveillement face à la mort inéluctable, là, on est servi ! Si lorsque qu’il passe les obstacles et ferme la porte (sans savoir comment faire pour la ré-ouvrir de l’intérieur), l’intrépide et inconscient conducteur ne bourdonne soudain plus d’excitation à l’idée d’assister en direct à l’explosion du moteur et peut-être de la boite “si .ieu le veut”... et, croyez-moi, j’étais soudainement hyper-croyant… alors à quoi bon ?
“The car is tightly screwed together,” m’a dit Bill : “More cross-country cruise missile than hyperactive track animal, the Vector makes you wait through the turbo lag for the thrust. But once it hits, look out ! But, sorry but the turbos are déconnected for safety”… Je ne vous traduis pas, supposant que vous vous débrouillez très bien par vous-même ! Les Supercars de l’époque de la Vector (années ’80), comme la Ferrari F40 et la Lamborghini Countach, suivaient une formule similaire et exigeaient également diverses contorsions et jurons de rage et de haine de leurs infortunés conducteurs. L’habitacle de la Vector est donc très serré ! Papke, dans le siège du passager, et moi, étions unis quasi sexuellement pour cet essai, une distance de sécurité formant la relation humaine entre nous, passagers “Aliens” coincés comme dans un œuf entre les pédales, le volant et le siège ! Tout semblait naturellement mal foutu. J’ai alors tordu la clé provenant de chez GM dans le barillet-contacteur et hop ! Le moteur s’est déclenché en même temps que l’apocalypse se faisait attendre ? En réalité non, pas du tout ! Que nenni !… Pas d’apocalypse mais le bourdonnement familier d’un small-bloc GM accompagné des “tic-tic-tics” de la pompe à carburant qui se faisait entendre, pareil que dans une Oldsmobile Toronado d’occaze ! J’ai marqué une légère pause après avoir fait glisser le levier de vitesses vers l’arrière jusqu’à ce que la boîte de vitesses s’enclenche dans un gros “Plong”… et juste comme ça, malgré que j’appuyais sur le frein, la Vector N°1 s’est mise à avancer !
Première impression, la voiture était bien vissée. Il n’y avait pas trop de bruit de hochets lorsqu’on passait sur les voies ferrées en sortant de la ville. À ma grande surprise, la fenêtre latérale partielle s’est ouverte gracieusement toute seule et s’est mise à battre la mesure… Les changements de vitesse étaient perceptibles, j’ai estimé le moment venu je ne sais pourquoi et j’ai tapé le pied “à donf” sur l’accélérateur… Et puis j’ai attendu…. La transmission a frappé un rapport, le moteur a inspiré, les éléments mécaniques se sont mis en place, puis l’entraînement s’est effectué par déformation de l’espace-temps ! Dans un second “Plong” nous avons dégagé la voie à 80 mph dans un galop… Puis 100 mph dans le suivant. Le moteur donnait l’impression d’avoir été libéré sous caution et était impatient de refaire une rapine… Mais nous sommes rapidement retrouvés hors gabarit en cause des louvoiements, alors j’ai soulevé le pied et les portes se sont mises à vibrer en signe de protestation… La frustration du décalage était toutefois contrée par une forme psychologique de précipitation enivrante. Le bruit des portes qui vibraient noyait les pets d’échappement tamisés. J’aurais pu le faire pendant des jours et des jours et des jours que rien ne semblait permettre de dépasser 180 km/h ! L’arnaque perdurait !
Le groupe motopropulseur entièrement américain de la Vector fait partie de son charme Vintage’Funky. Un V8 avec des tiges… Pensez donc ! La honte ! Ce n’était qu’un simple small-bloc-bloc-bloc-bloc-bloc V8 Chevrolet qui avait été tourné latéralement et attelé à une boite automatique “slusher” à trois vitesses récupérée d’une Oldsmobile Toronado… C’était une ingénierie de merde, une arnaque ! Basique à mort ! Sur les routes rapiécées du Michigan, la suspension de la Vector s’est avérée conforme à celle d’une Corvette C3 (les pires). Les freins étaient prévisiblement nuls. Le plus grand démérite étant la direction louvoyante, mais cela pouvait être dû au fait que cette Vector portait toujours les mêmes pneus qu’avec lesquels elle avait été livrée ! Ces caoutchoucs vieillis signifiaient également qu’il aurait été inconscient d’explorer ses limites ! Alors que je m’habituais à la Vector, je me suis rendu compte qu’il s’agissait plus d’un faux missile pour “cross-country” que d’une machine de vitesse. Mais, tout n’était pas à jeter ! Sur la base de tout ce que j’ai vécu et lu et écrit sur cet engin, je ne m’attendais pourtant franchement pas à un niveau de finition correct. La Vector fonctionnait d’une manière qui suggérait que le seul ingénieur qui était derrière ce “machin” (Jerry Wiegert en personne), avait vraiment longuement réfléchi à la façon dont la voiture aurait pu fonctionner si elle avait disposé d’un moteur puissant et fiable et pas motorisée d’un sous-bloc basique pour satisfaire la recherche d’un moyen rapide de mettre cette auto-design rapidement sur les routes. La Vector n’a jamais été, de toutes les manières, en aucun cas parfaite, mais mon ressenti était parce que je conduisais la Vector de Bill Papke qui était la toute première voiture de série comportant de nombreux bugs à résoudre (qui ne le furent jamais). Pour une voiture complexe issue d’une start-up automobile, la W8 devait être acceptée comme “satisfaisante” au niveau d’un Kit-Car d’usine… La Vector n’est donc pas une Supercar mais une Exotic-Car, catégorie qui regroupe les bagnoles en Kits !
Bien avant que je sois prêt à abandonner la clé (sans regret), sur le chemin du retour, j’ai réfléchi à la meilleure façon de voir la W8 avec un certain recul pour ne pas laisser imaginer que je suis toujours en partie responsable que les “braves-gens-un-peu-éberlués-par-mes-écrits” les ont pris au premier degré et pour argent comptant ! Je me suis alors souvenu du scepticisme justifié et des critiques des gens (il n’y a eu que 18 Vector fabriquées) qui avaient attendu plus d’une décennie pour recevoir cette voiture qui promettait de bouleverser le paradigme des Supercars et qui ne marchait pas mieux du tout qu’une basique Corvette C3… 10 ans pour ne venir de rien et n’aller nulle-part ! Ces 10 ans sont passés à autre chose. Moi aussi… Il aura fallu 20 ans au créateur de la Vector, Jerry Wiegert, pour mettre la W8 en production, sans y parvenir ! La fin est d’une tristesse quasi épique, pareil que lorsque le gros toutou enragé qui mord tout le monde, décède d’une obstruction des intestins à cause de ses cacas trop durs !
Wiegert était à l’aube de quelque chose que ni lui ni personne ne verront jamais. La malheureuse question d’un moteur qui délivrait la puissance réelle d’une Corvette C3 et qui prétendait mensongèrement (comme le disent toujours les propriétaires Franchouille de Muscle-Cars) développer la puissance d’un dragster suralimenté, mais qui n’était pas assez éloigné de celui d’une Chevrolet Camaro basique…. Oui, c’était de l’arnaque ! Ce n’était qu’un V8 américain basique magnifiquement embelli par des accessoires de parade généralement employés sur les moteurs de Hot-Rods ! Mais le prix de la Vector était trois fois plus qu’une Testarossa alors contemporaine, ce qui faisait cher le kilo de plastique et d’accessoires. Les jugements de valeur dans le monde des Supercars sont toutefois en grande partie futiles. Elles n’ont pas de sens financier aux yeux des “ceusses” qui ont d’importants moyens, mais les Supercars sont censées être exotiques. Wiegert le savait mais il manquait d’argent…
Imaginons que Wiegert ait réussi à fabriquer son propre moteur comme le V12 Lamborghini ci-dessus qui sera monté plus tard dans l’évolution de la Vector “Indonésienne”… Et après ? Eh bien, rien ! En 1994, la McLaren F1 est apparue et boum, c’était la Supercar qui a réécrit, vraiment réécrit, le livre des règles. La Vector W8 était alors un vieux machin de 20 ans. On se demande comment la Vector aurait été reçue si elle était apparue en état de fonctionnement en 1982 plutôt qu’en 1990. Je parierais que nous regarderions la W8 comme celle qui a tout changé, du moins jusqu’à ce que la Porsche 959 arrive dans les rues en 1986 ! C’est là que le bât blesse. La façon dont vous voyez la Vector dépend de vos perspectives. C’est un conte automobile de David et Goliath. Je suis surement à cet instant précis de cet article, un fou pour les rêveurs qui ne font que parler pour ne rien dire ! Wiegert, vous le lirez ci-après était à la fois un génie et son pire ennemi, un personnage fascinant mais tout autant détestable. Son énigmatique Vector W8 ne mérite toutefois pas d’être considérée comme un échec. Ni l’inverse ! C’était un Kit-Car d’usine vendu trop cher via un mauvais ciblage des clients potentiels ! Jerry Wiegert aurait fabriqué la Vector W8 comme un Kit-Car, il aurait fait fortune, avant de se casser quand même la gueule, comme tous ! Mais il faut reconnaitre que Jerry Wiegert a démarré une potentiellement vraie entreprise automobile et est allé plus loin que la plupart. Cela compte !
Quelques semaines avant de re-rencontrer Jerry Wiegert, nous communiquions par e-mail, courrier d’escargot, SMS, messages téléphoniques et conversations téléphoniques prolongées. Donc, avant même que nous nous réunissions, Wiegert m’a ré-informé que je lui devais le respect d’avoir inventé la Supercar moderne ultime en devenir (Sic ! Avec la motomarine, la mini-fourgonnette et le VTT à quatre roues !). Il m’a dit qu’il avait été mis en faillite par des gangsters indonésiens qui avaient soudoyé des membres de son conseil d’administration et emballé l’accord qui avait arraché Lamborghini à Chrysler ! Alors que lui, le génie, avait inspiré le moteur biturbo de la Ferrari F40 et la version roadster de la Lamborghini Diablo… Je ne savais donc pas trop à quoi de nouveau m’attendre lorsque je suis arrivé à la maison tentaculaire de Wiegert à San Pedro, en Californie surplombant les eaux calmes du Pacifique. Je me suis garé derrière une Chevrolet Tahoe noire avec une plaque d’immatriculation de vanité “VEXTOR” et je me suis demandé : “Vais-je retrouver un génie incompris qui n’est pas apprécié dans son propre pays ? Ou Wiegert a-t-il enfin plus en commun avec un autre visionnaire polarisant : Steve Jobs, qui aurait opéré dans un champ de distorsion de la réalité qui lui a permis de se convaincre et de convaincre les autres que presque tout était vrai ?”…
Wiegert m’a ouvert lui-même la porte d’entrée et m’a accueilli avec un large sourire et une poignée de main ferme et charnue. C’était devenu un grand homme à la poitrine de tonneau à vin… et il était facile de l’imaginer comme le sportif qu’il était autrefois. Les costumes et les bottes de cow-boy que j’avais vus sur ses photographies d’époque ainsi que lors de mon premier essai de 1982, avaient cédé la place à des mocassins, des jeans et une chemise de sport trop moulante, mais il était remarquablement bien conservé pour un homme de plus de 70 ans. Il respirait l’énergie et l’enthousiasme : “Il me reste encore beaucoup de kilomètres à faire” m’a-t-il dit-il en riant. Il ne savait pas plus que moi qu’il allait décéder quelques temps plus tard… Il m’a conduit dans un salon en contrebas à côté d’une cuisine ouverte pleine d’appareils haut de gamme. Parsemés au milieu de meubles high-tech et modernes du milieu du siècle ainsi que de peintures et sculptures accomplies par lui-même ! Il y avait aussi des accessoires Vector, des modèles réduits Vector, des couvertures de magazines (dont mes Calandres et Chromes&Flammes) tous avec une Vector en couverture, il y avait aussi des plaques d’immatriculation Vector, des photos-rendus Vector… “Vector a été la première Supercar au monde”, m’a-t-il dit : “Toutes les autres voitures étaient des exotiques, pas des Supercars. Elles n’étaient pas de haute technologie ou à la pointe de la technologie comme ma Vector. Moi, j’ai conçu toute ma voiture, la carrosserie, le châssis, l’instrumentation, même la peinture. Personne d’autre ne l’a fait. Les autres constructeurs avaient tous un groupe de gars qui avaient la main dans leurs voitures. Il n’y a rien de mal à cela, mais moi je voulais le Top ! Je voulais être l’architecte comme pour un gratte-ciel, un yacht, peu importe, sans avoir beaucoup d’interférences”...
D’emblée la discussion repartait dans l’égo. Le conte épique de la Vector allait essentiellement être de nouveau l’histoire de la vie de Gerald A. Wiegert, designer éblouissant et protéiforme qui avait fait preuve d’une ténacité herculéenne face à une calamité implacable. Un conte à dormir debout ! Une histoire fumeuse d’un fumiste désireux d’enfumer une dernière fois tout le monde ! Je lui est direct fait la remarque qu’il se prétendait ruiné mais vivait dans un Palace des mille et une nuit Californiennes avec une belle plante vénéneuse… J’ai ajouté que son Palace était moche, de mauvais gout, rococo, trop américain parvenu ! Il m’a regardé, la bouche ouverte ne sachant que répondre ni s’il devait en terminer là… Pour embrayer la discussion alors qu’il ne répondait pas à ma remarque, je lui ai rapporté ce que j’allais publier… Il s’est enfoncé dans son fauteuil pendant que je monologuais !
-Le premier concept Vector est apparu en 1972, et il a vous a fallu près d’une décennie pour collecter suffisamment d’argent pour construire un prototype qui est resté en cours d’exécution… et une autre décennie avant que vous n’amassiez suffisamment de capital pour mettre la voiture en production. Conçue et construite entièrement aux États-Unis, votre W8 de près de 300.000 $ se voulait cocher toutes les cases de la liste de contrôle haute performance : un châssis semi-monocoque, une architecture à moteur central, des portes en ciseaux et une vitesse de pointe censée être au nord des 300km/h. Mais vous avez défié les normes avec un V8 à tiges-poussoirs de soupapes biturbo de 300 chevaux en prétendant qu’il en avait 625… et une boîte automatique 3 vitesses d’Oldsmobile traction-avant, tous deux montés transversalement ! La carrosserie soi-disant en Kevlar était en réalité en polyester dont l’aspect sinistre ressemblait (non du à une coïncidence) à un chasseur furtif F-117 sur roues Billet. Je suis sur la bonne lancée ? Ca va ? Je vous signale que j’ai toujours le souvenir que le moteur de votre Vector m’a explosé dans le dos en 1982…
-“Oui, OK. Une fois la W8 lancée, je me suis tourné vers la prochaine génération de Supercars, le coupé et roadster Vector Avtech WX3, en vedette au salon de Genève en 1993 ! Il n’y a pas eu de compromis. Tout était le meilleur. Il n’y a pas eu de tricherie. Les Ferrari et les Lamborghini avaient des sièges bon marché. Mes Vector avaient les meilleurs sièges, électroniques, lombaires gonflables, dos électrique, avec radiateur. Les Vector’s avaient un câblage mil-spec et des commutateurs d’avions militaires tactiques. Ils avaient des systèmes audio Bosch, qui étaient au-delà de tout ce qui avait jamais été mis dans une voiture auparavant. Mon équipe et moi n’avons pas eu à tester trois ou quatre voitures. Une seule a passé tous les tests de collision aux plus hauts niveaux – tests de renversement, tests de choc latéral, tout cela. Elle était considérée comme la voiture la plus sûre jamais testée. J’avais la certitude que la Vector allait être supérieure à Ferrari, Lamborghini et Porsche. Et c’était le cas”…
Je lui ai rétorqué qu’il était présomptueux et menteur et que la couverture du numéro d’avril 1972 de Motor-Trend présentait en réalité une voiture de sport d’un autre monde ressemblant à de l’origami pareil qu’aux retombées des guerres de coins qui faisaient rage en Europe depuis la fin des années 1960 avec des concept tels que l’Alfa Romeo Carabo qu’il avait copié sans vergogne ! Je lui ai souligné que sa Vector se rangeait dans les concepts-cars, comme la Ferrari Modulo, la Mercedes C111 et la Lancia Stratos HF Zero…. mais avec sa propre musculature yankee issue en réalité d’un simple et basique Small Bloc V8 de Corvette C3 rendu magnifique par une tonne d’accessoires chromés ! J’ai martelé qu’il n’y en avait pas grand-chose à dire d’autre à propos de la voiture ni à en écrire parce que la première Vector n’était guère plus qu’une coque en fibre de verre sur un châssis Porsche abandonné ! Pas de moteur, pas de transmission, pas d’intérieur. Mais que le style était à couper le souffle, du gigantesque pare-brise et des conduits d’admission profondément sculptés à la peinture vert olive…. et que tout ça, en ce compris mon article de Calandres N°1 sur sa Vector a immédiatement transformé le jeune et inconnu Wiegert en un nom dans l’industrie florissante des voitures exotiques : “Sans moi et mon magazine Calandres, vous n’auriez pas eu la même notoriété”…
-“Possible ! Vous savez, je suis un mec simple ! Né dans l’ombre du siège social de Ford à Dearborn, dans le Michigan, d’un machiniste capable de construire à peu près n’importe quoi, j’ai hérité des aptitudes mécaniques de mon père et de son amour pour les véhicules terrestres, aériens et aquatiques. Alors que j’étais en 10e année, j’ai réuni ma première équipe de construction automobile et j’ai transformé une Chevrolet de 1954 en un B/Gasser très rapide. J’ai ensuite fréquenté le Center for Creative Studies à Detroit, et j’ai fait un stage au General Motors Tech-Center et j’ai également été diplômé de l’ArtCenter College of Design de Los Angeles. J’ai finalement rejeté une offre de retour chez GM parce que je voulais être un homme libre.., Je suis resté dans le sud de la Californie et j’ai travaillé sur la conception de toutes sortes d’objets, sans honte, des toilettes aux motos de Grand Prix, des ceintures de fusées aux motomarines. J’ai aidé à mettre en place le studio Calty Design Research de Toyota en Californie et j’ai même été consultant sur le film de James Bond de 1983 “Never Say Never Again”. L’aérospatiale était sma passion ; la plus grande déception de ma vie fut que ma mauvaise vue m’a empêché de devenir pilote de chasse. Les voitures étaient l’endroit où je pensais que je pourrais faire ma plus grande marque et c’est parce que j’avais une grande idée en tête, à savoir : tirer parti de la technologie aérospatiale de pointe pour créer une Supercar entièrement américaine qui éviscérerait les Ferrari et les Lamborghini de l’époque”.
-Beau parcours, effectivement ! Chapeau !
-“En 1971, j’ai façonné un modèle en mousse à l’échelle d’un cinquième de ce qui allait bientôt devenir la Vector originale”.
-C’était copié sur la Carabo de Bertone…
-“Va te faire foutre Patrice De Bruyne ! Connard de Frenchie bouffeur de grenouilles et de fromages qui puent… Bon, soyons cool ! J’ai ensuite persuadé Lee Brown, propriétaire de Precision Auto Body à Hollywood, de s’associer avec moi pour construire une voiture pleine grandeur. Brown a accepté de fournir un châssis Porsche pour servir de base au prototype. Brown avait également un moteur six cylindres qui était censé y être monté. Cependant, pendant la course à la préparation de la voiture pour Auto Expo 72, un salon influent de Los Angeles consacré aux voitures spécialisées, il n’avait soi-disant pas le temps d’installer la transmission. Avant que la voiture ne soit terminée, ce fils de pute m’a embrouillé… et j’ai perdu la voiture après mon tour d’étoile à Auto Expo. L’épisode m’a enseigné deux leçons ! La première était que je n’allais jamais avoir un autre partenaire. Si je n’étais pas en charge de mon propre destin, je n’allais pas le faire. Shit ! La seconde était que la conception et la construction de voitures étaient la partie la plus facile. Le véritable défi était de trouver l’argent pour lancer des projets”…
-Vous êtes si doux, volubile et si discursif que même vos tangentes sont de vraies tangentes, vous n’étiez alors pas un promoteur stéréotypé avec une vente difficile pour chaque occasion. Mais vous deviez être tellement passionné et confiant que vous étiez capable de lancer n’importe quoi dans tout le monde dans vos recherches de financements.
-“Et alors ? C’est l’Amérique ici ! Shit de Français bouffeur de fromages qui puent et de grenouilles ! Vous êtes tous des mendiants en France. J’ai lutté pour avoir des dollars en quantité. Ce n’est toutefois qu’à la fin des années 1970 que j’ai amassé suffisamment de fonds de démarrage pour former une société : Vector Car, et construire un prototype nommé W2, pour “Wiegert twin turbo”, la voiture était sur la couverture de Car and Driver en décembre 1980, accompagnée d’un modèle sexy que j’épouserai plus tard”.
-Ce que vous vouliez faire, c’est exécuter un triple Immelmann brandissant le drapeau américain et une course de fusée dans les rangs de Ferrari, Lamborghini, Maserati, Aston Martin et BMW. Vous tiriez à vue croyant planter les étoiles et les rayures du drapeau américain au sommet du tas fumant. La Porsche 928 est comme la triple distillation du mal, mais comparée à la Vector, une 928 est une Pacer.
-“Près de quatre décennies plus tard, il est difficile pour un tocard de Frenchie d’apprécier l’impact que ma Vector a eu sur les passionnés qui ont traversé l’une des époques les plus ennuyeuses de l’histoire de l’automobile. Wil Wengert, un entrepreneur de Beverly Hills qui possédera plus tard deux Vector, m’a dit être entré dans un bar indéfinissable dans une petite ville de Chine et d’avoir vu une affiche de ma W8 sur un mur. Je ne crois pas, Frenchie, qu’il y a des affiches de ton magazine sur des murs de bars en Chine”…
-Vrai, mon mag’ Gatsby ne s’affiche pas dans les bars crasseux ni dans les fumeries d’Opium en Chine. De nos jours, l’idée d’un avion de chasse pour la rue semble être un cliché éculé. Mais par contre mes mag’s sont diffusés en Russie, en Russe et aux USA sous le nom de TopWheels…
-“Mais lorsque la Vector était en cours de développement, même les voitures de sport les plus exotiques comportaient encore des châssis en acier, soudés, des carrosseries en acier ou en aluminium, des moteurs générant moins de 400 chevaux et tout en analogique. Vector a été le pionnier de l’utilisation de la technologie aérospatiale dans une voiture de route, y compris l’appareillage de commutation d’un chasseur F/A-18, les jauges électroluminescentes, les disjoncteurs d’aviation, un plancher en aluminium en nid d’abeille et des raccords de qualité aéronautique. Même aujourd’hui, je n’ai aucun respect pour les voitures qui étaient les rivales de ma Vector. Je rejette la F40 comme étant une 308 avec des fusées éclairantes IMSA et des turbos jumeaux. La Countach ? C’est une reine de garage/box. Vous ne voulez pas la conduire tellement c’est une shit-car. L’ergonomie est horrible. Cela a toujours ressemblé à une voiture en kit pour moi. Quant à la Porsche 959 : Elle ne m’a pas impressionné. La 912 que j’ai conduite à travers les États-Unis en 1968 ressemblait presque à une 959″…
-Les histoires publiées sans mes magazines TopWheels, AutoChromes, AutoMania, AutoKracht, Auto Kraft, International Motor Shopping, Calandres, reprises, en fait republiées, dans Robb Report, Car and Driver et Road & Track concernant votre Vector ont inspiré David Kostka, un jeune ingénieur à visiter votre boutique qui alors était au bord de la mer à Venice, en Californie. Dès que David Kostka vous a rencontré, il est allé travailler pour vous, d’abord au noir, puis pendant des semaines de 100 heures en tant qu’ingénieur en chef, directeur de production et, finalement, vice-président de l’ingénierie et il n’a pas été payé en rapport. Vous l’avez exploité ! Vous avez passé la majeure partie des années 1980 à chercher des investisseurs de startups automobiles après que Bricklin et DeLorean se soient écrasés et brûlés. Vous avez mis près de 200.000 miles sur la seule W2 construite, elle était équipée d’un moteur basique de Corvette C3 ! Un small-bloc misérable ! David Kostka m’a dit que vous étiez implacable pour aller dans les salons automobiles et que vous étiez trop pauvre pour lui payer le voyage et les frais ! Pourtant Vector a généré des tonnes de publicité, et vous en avez tiré le meilleur parti, faisant la fête avec Jerry Buss et Donald Sterling, propriétaires des deux équipes NBA de Los Angeles, déjeunant avec Raquel Welch sur le siège arrière d’une Rolls-Royce, passant une nuit à naviguer autour de Los Angeles avec un Robin Williams maniaque.
-“Exact Frenchie, j’ai généré des plans d’affaires élaborés, distribué des brochures décrivant ma Vector comme étant l’investissement le plus rapide au monde. Plusieurs offres se sont réunies pour s’effondrer à la 11e heure. Grâce au financement principalement d’investisseurs individuels et à un règlement judiciaire important avec Goodyear, que j’ai poursuivi pour avoir appelé son nouveau pneu Vector. Cela m’a fait toucher des millions de dollars, mais ça ne suffisait pas ! Je n’ai jamais eu assez de dollars pour entrer ma Vector en production. Les magazines étaient pleins de références élogieuses à ma Vector, mais parmi la presse enthousiaste, la longue période de gestation de la voiture a conduit au scepticisme. Je l’avoue. En mars 1987, AutoWeek a publié un article de couverture sous le titre dévastateur “Le mythe du grand vecteur : à l’âge de 15 ans, cette Supercar américaine en devenir est encore loin de la production” une merde d’article dans lequel l’écrivain Dutch Mandel a comparé l’usine Vector à Neverland et moi au showman P.T. Barnum. L’histoire reste une plaie ouverte, et je ne peux pas parler de cet article de connard sans m’énerver. J’ai intenté une action en diffamation, mais elle a échoué. Cela a ajouté une blessure à l’insulte de ce shit-man. Cela m’a entrainé dans des revers financiers qui m’ont forcé à dissoudre Vector Car”.
-Mais comme “La créature” dans un film d’horreur du samedi après-midi, vous avez refusé de mourir. L’année suivante, contre toute attente, vous avez mis sur pied un appel public à l’épargne qui a rapporté 6 millions de dollars. Ces conditions ont permis à votre nouvelle entreprise nommée Vector Aeromotive Corporation, d’émettre des bons de souscription qui ont permis d’obtenir 8,2 millions de dollars supplémentaires. Finalement, vous avez raconté encore plus de bobards, par exemple que vous aviez 150 employés dans 80.000m² d’installations à Wilmington, une ville portuaire industrielle au sud de Los Angeles. Et à la fin de 1990, votre nouvelle société Vector a fièrement dévoilé son premier vrai véhicule de production, la W8 Twin-Turbo ! En réalité la bagnole c’était du toc et vous n’aviez que 8 employés ! Ou étaient donc les 142 autres ? Et les 80.000m² c’était faux ! Vous n’aviez même pas 200m² !!!
-“Cool Frenchie. J’avoue que j’ai dérapé après avoir trop bu… Par contre la W8 était TOP ! Sous la carrosserie spectaculaire se trouvait un bloc Rodeck V-8 en aluminium de 6,0 litres. Shaver Specialties, l’un des meilleurs constructeurs de voitures de sprint, a assemblé les moteurs à l’aide d’une liste de pièces de voiture de course contemporaines, y compris des pistons TRW forgés, des tiges-poussoirs en acier inoxydable Carrillo, des culbuteurs à rouleaux et un système à carter sec. Augmenté d’une paire de turbos Garrett AiResearch, le moteur a été confirmé à 625 chevaux pour de l’essence de la pompe, soit 730 chevaux possibles après avoir tordu le bouton de suralimentation monté dans le cockpit. Les sièges étaient des Recaro, les freins à quatre pistons étaient des Alcon, avec des porte-moyeux de NASCAR”.
-Vos opposants se sont plaints de l’ancienne boîte à neige fondante à trois vitesses GM Turbo-Hydramatic 425, développée à l’origine pour les Oldsmobile Toronado et Buick Riviera des années 1960. Comme dans ces voitures, la transmission se trouvait à côté du moteur placé transversalement dans le style Lamborghini Miura, il n’y avait donc pas de console centrale.
-“Mais seul le boîtier Hydramatic était original ; toutes les autres pièces ont été fabriquées sur mesure et renforcées pour gérer la plus grande puissance. De plus, la transmission était équipée d’un mécanisme à cliquet qui permettait un changement de vitesse relax,, une pratique standard dans les Supercars modernes. Les riches et célèbres ont fait la queue pour acheter ma Vector. Les deux premièers W8 sont allées à des cheikhs de la famille royale d’Arabie saoudite. Parmi les autres acheteurs figurait Ron Tonkin, un méga-concessionnaire de voitures exotiques, et Fredy Lienhard, un pilote de voitures de sport remarquable qui possédait la société haut de gamme de systèmes de stockage d’atelier Lista. Le magnat de l’édition Malcolm Forbes s’est envolé pour Los Angeles dans son 727 privé, avec “Capitalist Tool” gravé sur la section de queue, pour passer une journée avec moi et passer une commande pour la dernière W8. Mais Andre Agassi, la sensation du tennis aux cheveux longs, fut l’acheteur le plus célèbre et le plus infâme. Agassi a réalisé un chèque de 400.000 $ pour un W8 avant même qu’il ne soit certifié par sa banque. Après un essai routier près de sa maison de Las Vegas, il m’a rendu la voiture et a exigé un remboursement parce que la chaleur des gaz d’échappement avait fait fondre le tapis du coffre ! Son frère Phillip déclarant à un journaliste que la voiture était essentiellement un piège mortel. Ce connard voulait donc que je lui rembourse un chèque impayable que je ne pouvais encaisser ! Je lui ai rendu le chèque et c’était terminé ! D’autre part, John Paul DeJoria, cofondateur de l’empire des produits capillaires Paul Mitchell et de la Patrón Spirits Company et sponsor du programme de course Tequila Patrón, a tellement aimé ma Vector qu’il en est toujours propriétaire. Il m’a écrit : “J’ai acheté une Vector parce que c’était la voiture la plus cool. La W8 devrait être considérée comme l’une des plus grandes voitures jamais fabriquées”.
-L’un des plus grands arguments de vente de votre Vector était une vitesse maximale rapportée à 300km/h à un moment où la barrière des 250km/h n’avait pas encore été franchie par une voiture de production. La vitesse la plus rapide était de 245km/h autodéclaré au Riverside International Raceway. En ce qui concerne les affirmations les plus farfelues, l’ancien rédacteur en chef de Car and Driver, Csaba Csere, a déclaré : “La seule façon dont la Vector aurait pu aller à 300km/h était si vous l’aviez laissé tomber d’un 747 à haute altitude”…
-“Bien que beaucoup d’histoires aient été écrites sur la base de brefs trajets routiers de la W8, Car and Driver et Road & Track étaient les seuls magazines autorisés à effectuer des tests instrumentés. Malgré divers hoquets et des conditions moins qu’idéales, les chiffres montraient légitimement l’arrêt pour la journée et dépoussiéraient facilement la concurrence : 0 à 60 mph en 3,8 secondes et le quart de mile en 12,0 secondes à 118 mph dans Car and Driver; 4,2 secondes et 12,0 secondes à 124 mph dans Road & Track qui a également vu 0,97 g dans son test de patinage, le chiffre le plus élevé jamais enregistré par le magazine pour : un tramway… C’est de l’humour américain” !
-Car and Driver a donné à la voiture des critiques mitigées après que les tentatives de tester la W8 se sont transformées en fiasco. La transmission était défaillante après qu’une voiture a fini de faire des passes pour un photographe et le moteur d’une autre a surchauffé non pas une fois, pas deux fois, mais quatre fois lors d’essais avortés.
-Oui, OK ! Kostka a tiré une nuit blanche pour que le journaliste Csere puisse se traîner hors d’un lit d’hôtel dans un dernier effort pour obtenir des chiffres précis. Csere a réussi quelques passes décentes à trois heures du matin sur un boulevard désert près de LAX, mais même alors, la transmission agissait bien. En repensant à l’expérience, Csere a confié que ma Vector était une bagnole de purgatoire réservée aux voitures ultra-performantes et d’ultra-basses productions qui ne sont jamais tout à fait prêtes pour les heures de grande écoute. C’était un enfoiré de merdeux !
-Il a aussi écrit que vous étiez un styliste doué, mais que vous n’aviez aucune expérience de la production, que vous n’étiez pas un ingénieur, pas même un mécanicien ni un ancien pilote de course. Pour lui vous étiez un dilettante arriviste qui pensait qu’une voiture n’était qu’une collection de composants haut de gamme…
-Oui ! Et alors ? C’étaient vraiment, partout où on regardait, c’ étaient des composants haut de gamme. Shit !
-Mais il écrivait que vous ne compreniez pas comment les intégrer et les développer. Il a écrit en finale “Wiegert m’a dit que je pouvais conduire la voiture à travers le pays alors que je ne pouvais même pas la conduire à travers Los Angeles”. Pour être juste, je reconnais que Csere a testé vos prototypes de pré-production et que votre qualité de construction s’est améliorée une fois que les voitures ont commencé à être livrées aux clients.
-Wil Wengert a possédé deux W8, et il était sur le point d’en acheter une troisième quand elle a été vendue devant lui. Il m’avait dit qu’il conduisais beaucoup mais que ma Vector était un mélange parfait de muscle car et de voiture exotique construit pour être à l’épreuve des balles ! Rigolo, non ? Il m’a écrit en suite avoir beaucoup conduit autour de Beverly Hills et dans tout le sud de la Californie et beaucoup connu l’enfer avec sa Lamborghini pour laquelle chaque fin de week-end il savait devoir passer la semaine suivante à la recherche d’un embrayage à 6.000 $. Mais pas avec ma Vector ! Grâce aux efforts de Kostka, le temps de construction d’une W8 est passé de 5.500 heures de travail à 3.500. Malgré cela, en 1992, le prix de base est monté à 450 000 $, mais l’entreprise a continué à hémorragier de l’argent. En Italie, Bugatti a brûlé des centaines de millions de dollars pour développer l’EB110. Plus près de chez nous, il a coûté 70 millions de dollars à Dodge pour mettre la Viper sur le marché et, comme l’a souligné Kostka, ils ont pu piller le bac à pièces Chrysler pour des choses comme les poignées de porte et les interrupteurs. Les dépenses totales de Vector étaient inférieures à 35 millions de dollars pour créer une usine et une infrastructure de production, puis construire nos voitures à partir de zéro. Nous avons toujours été sous-capitalisés !J’ai pu le faire parce que je savais comment obtenir 10 $ de valeur sur un dollar dépensé”…
-Vous avez ensuite commencé à explorer de nouvelles options pour améliorer les résultats. Vous avez structuré un accord pour racheter Lamborghini à Chrysler. Vous avez également décidé de mettre fin à la production de la W8 pour vous concentrer sur un modèle mis à jour avec une carrosserie plus arrondie.
-Oui ! Surnommée Avtech WX3, la voiture était équipée d’un V8 turbocompressé à quatre cames et quatre soupapes conçu par Hans Hermann qui développait 1200 chevaux lorsque la courroie de distribution gênante ne glissait pas, provoquant une réunion catastrophique des soupapes et des pistons. Un coupé et un roadster ont épaté la foule au salon de l’auto de Genève en 1993. Mais mettre l’Avtech en production allait prendre de l’argent, et l’argent était le seul atout que je n’avais pas. Lorsqu’un groupe d’investisseurs indonésiens m’a contacté et inviter à un dîner somptueux pour me promettre de fournir le capital dont j’avais besoin pour mettre Vector en ordre. Je leur ai permis d’acheter la société. Je concède maintenant que c’était ma plus grande erreur. Le problème n’était pas les ressources des investisseurs ; c’étaient les investisseurs eux-mêmes.
-Je dois reconnaitre qu’au moment où arrivent les Indonésiens, l’histoire de Vector commence à ressembler à l’une de ces séries originales Netflix avec beaucoup de drames incroyables et sans fin.
-“Mais la vérité, s’avère plus étrange que la fiction. L’un des principaux investisseurs était un homme d’affaires formé aux États-Unis qui figurait également parmi les premiers guitaristes de métal d’Asie. L’autre était Hutomo Mandala Putra, mieux connu sous le nom de Tommy Suharto, le fils préféré du dictateur indonésien notoirement impitoyable et corrompu. Playboy de renommée internationale, Suharto a été empêtré dans de nombreuses transactions d’une légalité douteuse. Sa vaste page Wikipédia contenait des entrées pour “Affaires et népotisme”, “Scandale foncier de Bali”, “Explosifs et attentats à la bombe” et “Affaire de corruption Rolls-Royce”, entre autres irrégularités. Il sera finalement reconnu coupable du meurtre du juge qui l’avait reconnu coupable d’une escroquerie immobilière de plusieurs millions de dollars ! Je reste convaincu que les Indonésiens ont comploté dès le début pour prendre le contrôle de Vector. Par l’intermédiaire d’une société ouverte appelée Megatech, ils ont injecté quelques millions de dollars dans Vector pour augmenter la production. Après que les engagements ont été pris, le robinet s’est asséché et j’ai été contraint de licencier mes employés et de ne pas verser de paiements aux fournisseurs. En cours de route, les Indonésiens ont fait fuir l’accord avec Lamborghini. En mars 1993, la situation était si grave que les membres du conseil d’administration de Vector ont voté pour me congédier. Deux d’entre eux avaient été soudoyés par les Indonésiens. Lorsque le conseil m’a congédié, j’ai embauché des gardes armés, changé les serrures de l’usine et me suis barricadé à l’intérieur, suscitant des comparaisons avec David Koresh et les Davidiens de la branche à Waco, au Texas”.
-Des poursuites ont été intentées. Vous avez perdu, du moins au début, et ce qui restait de la société a déménagé en Floride, où une nouvelle voiture, la Vector M12, a été conçue et construite. Malgré le nom. Vous avez convenu qu’il n’y avait rien de Vector dans la M12, qui par son style empaté démolissait l’éthique entièrement américaine que vous aviez créé avec l’inspiration de l’aérospatiale de la W8 qui était plutôt basée sur la Lamborghini Diablo. Dans une ironie cruelle et couronnée, la voiture était propulsée par un Lamborghini V-12 longitudinal, ce qui devait permettre à Aaron Burr de prononcer l’éloge funèbre aux funérailles d’Alexander Hamilton !
-“Malgré les plans de construction de près de 100 voitures la première année, seulement 14 M12 de production ont émergé avant que la prise ne soit retirée. J’ai eu le dernier rire en 1999 lorsqu’un jugement du tribunal m’a rendu le contrôle du nom Vector et des actifs restants de la société. Mais c’était une victoire à la Pyrrhus. J’ai du fermer l’entreprise parce qu’elle était radioactive, et j’ai pensé qu’il était préférable de la laisser partir et de démarrer une nouvelle entreprise . J’ai ensuite passé plusieurs années à travailler à la production d’une motomarine appelée Aquajet Jetbike. J’ai récemment relancé des plans de construction d’une Vector de nouvelle génération, et je travaille une fois de plus furieusement le téléphone dans ma quête sans fin d’investisseurs”.
-Quoi penser de votre concept 3-3-3 : 3000 chevaux, 300 miles par heure et un prix de 3 millions de dollars ? Vous êtes timide sur les détails ! Je suis moins intéressé par ce que sera cette nouvelle voiture que par la raison pour laquelle voue êtes si déterminé à la construire. Vous avez consacré la majeure partie de votre vie adulte à la Vector. Les perspectives d’une start-up automobile sont, au contraire, encore plus sombres aujourd’hui qu’elles ne l’étaient il y a une génération. Vous êtes hors de la boucle depuis près de deux décennies. Les systèmes hybrides ultra-sophistiqués et les commandes de châssis sont devenus des équipements obligatoires. La Vector semble être de l’histoire ancienne. Mais malgré tout vous êtes implacablement optimiste.
-“Je vis en Amérique, le pays le plus riche du monde, et il y a des dizaines de milliers de gars qui pourraient mettre la Vector sur la carte du ciel. Tout le monde mérite une seconde chance. Je n’ai pas encore eu ma vraie chance ! Deux Vectors appartenant à un collectionneur scandinave, l’une sans moteur et l’autre sans tableau de bord, se trouvent dans ma boutique de Harbor City où Kostka stocke ses motos vintage. La dernière des W8 de production, avait été peinte d’une nuance spectaculaire de vert irisé. C’était la voiture de Malcolm Forbes. La plupart de mes Vector voitures étaient gris graphite parce que c’était le look militaire que je voulais. Mais Forbes voulait du vert, alors j’ai conçu une couleur verte spéciale. Je n’ai jamais vu un tel vert auparavant. Comme la couleur, la voiture est magnifique, basse, ciselée, méchante et déterminée. La large extrémité arrière, avec sa rangée horizontale de feux et son aileron à deux éléments, souligne le volume et la puissance du V8 monté transversalement. Sept formes distinctes se fondent pour former le pare-brise panoramique. Le nez haut et les plis aigus, traçant une ligne ininterrompue qui traverse les vitres latérales, représentent une pensée aérodynamique d’une époque antérieure aux séparateurs avant et aux diffuseurs arrière. C’est une forme unique et excitante avec un peu d’influence des avions. Le fuselage solide avec des fenêtres latérales comme perforations est une forme qui aura toujours l’air exotique. Elle a été construite pour durer, facile à entretenir. C’est plus sophistiqué que la McLaren F1, avec ses sièges pour enfants sur le côté, ce qui est tout simplement stupide”.
Wiegert s’éloigne pour prendre un appel sur son téléphone portable. C’est quelqu’un qui pourrait être en mesure de lui présenter un investisseur prêt à aider à financer une toute nouvelle Vector construite autour d’un moteur fraisé en aluminium. L’appel dure 10, 15, 20 minutes. Je suis en retard pour un rendez-vous et impatient d’en finir. Mais quand Wiegert en a terminé avec son téléphone, il veut que j’entende le moteur de sa Vector fonctionner. Je suis fourbu, j’en ai marre, mais il insiste. Après plusieurs temps de palabre, il est enfin assis dans le cockpit. Il actionne le contact…. Rien ne se passe.
Étant donné que seulement 18 Vector W8 de production ont été construites, elles arrivent rarement sur le marché. La dernière aux enchères a eu raison de 2014, lorsqu’une W8 de 1992 s’est vendue 275.000 $. Plus récemment, les prototypes Avtech WX3 de 1993 ont été proposés chez RM Sotheby’s en janvier. Contre des estimations de 450.000 $ à 550.000 $, le roadster s’est vendu pour 500.000 $, le coupé pour 615.000 $ ! Il semble que si Wiegert n’avait pas eu de malchance, il n’aurait pas de chance du tout. “Il méritait mieux que ce que le monde lui a donné” a déclaré l’ancien rédacteur en chef de Road & Track, John Dinkel, qui a observé l’arc de la carrière de Wiegert. Malgré des revers qui auraient écrasé un homme de moindre importance, Wiegert continuait, escaladant les obstacles comme un alpiniste infatigable et indomptable. S’il devrait être jugé, ce devrait être sur ses réalisations, pas sur ses échecs. L’histoire montrera qu’il a créé à partir de la base avec une vision singulièrement personnelle et en grande partie grâce à ses propres efforts héroïques.
Wiegert recommençait à zéro dans ce qui semblait être une quête impossible pour collecter des fonds pour une Nième nouvelle Vector améliorée. Je ne peux m’empêcher de me demander s’il a eu des regrets en sentant la mort l’emporter. Il aurait pu entreprendre un projet moins ambitieux, ou s’allier à une grande entreprise qui aurait pu financer correctement le développement et la production. Il aurait pu réduire ses pertes et être libéré sous caution il y a longtemps. Sachant alors ce qu’il a su par après, aurait-il fait les choses différemment ?
-“J’aimerais que l’histoire que vous allez faire en suite de notre dialogue, soit une leçon sur la difficulté de réaliser nos rêves. J’aimerais que vous exprimiez les difficultés à garder le cap et à s’attaquer aux obstacles qui amènent la plupart des gens à dévier le cap ou à abandonner. Je n’ai jamais eu l’impression de vouloir juste dire Merde. Jamais. Je viens de le faire” ! M’avait-il dit avant que je prenne congé !
Jerry Wiegert est décédé le 20 janvier 2021. C’est une des très rares personnes qui n’est pas décédée du Covid19 ! Sachez-le ! Sachez également qu’il avait 77 ans (l’âge maxi des lecteurs et lectrices de TINTIN et Milou) et que j’en aurais 75 le 16 mai 2024, ce qui m’agace…. Ensuite, je vous préviens : Si vous voulez encore croire aux rêves, évitez-vous le risque de cauchemarder grâââve ! Gardez en tête l’épopée de Gérald/Jerry Wiegert !
10 commentaires
L’expérience de la possession d’automobiles anciennes reste intéressante car il y a un côté initiatique. Il faut bien vivre, également. Certains pères expliquent à leurs fils de se méfier des femmes, pour autant il ne serait pas recommandable d’imposer aux jeunes gens la masturbation à vie. Sans doute une question d’équilibre, et la lucidité sur la réalité de certaines relations est en revanche un excellent signe de santé mentale. Avez-vous prévu un testament mon cher Gatby, où vous ferez revendre au moins une auto aux enchères, avec un dispositif secret caché dans l’auto qui déclenche un message sonore hurlant à travers les haut parleurs de la smart, au moment où la petite histoire déclenche l’excitation des acheteurs : “Allez tous vous faire voir, je suis parti avec Blacky rejoindre Elvis et on a trouvé la 22 Citroën, JFK l’a customisée et repeinte en rose. La smart est intégralement souillée de mes matières fécales, vous n’en tirerez jamais rien !” ?
Pas du tout le message que je pourrais diffuser, en fait aucun… Je “message” de mon vivant ! Qui m’aime me lise et grand-bien lui fasse !
Je réponds à votre autre commentaire sur ce sujet où nous avons commencé à évoquer le cas 928. Non, je ne cherche pas d’absolution pour cette Porsche 928. J’ai trouvé remarquable de finesse la phrase de cet article qui parle de triple distillation du mal(t), celle-ci même faisant écho au triple Immelmann (Allemand, Casque à Pointes, Herr Doktor Porsche). La référence à la Pacer, dessinée comme la 928 par Anatole Lapine est celle d’un homme érudit qui a bien vu que la 928 n’est qu’une Pacer allongée.
Nul besoin de me cacher derrière un verbiage psychologique, mythologique ou théologique en comparant ma 928 à la Croix du Christ, les faits sont là mon cher Gatsby, et vous les devinez déjà, car c’est l’histoire de beaucoup de pauvres types. Le tout est de le reconnaître, cela peut arriver à tout le monde.
J’ai acheté cette auto lorsqu’elle ne coûtait rien, parce que bien sûr j’étais trop pauvre pour avoir vraiment mieux et si j’avais pu acheter une Ferrari F40 j’aurais eu une F40. Vous aurez noté que j’émets très très tôt dans mon discours le fait que les mauvais choix ne sont pas l’exclusivité des très pauvres. De façon très factuelle, l’auto n’a réellement bien fonctionné qu’après plusieurs (dizaines) de milliers d’euros de factures de pièces et j’ai perdu beaucoup d’argent et de temps en refusant de voir les choses en face : c’était une vieille auto usée et le Père Noël n’existe pas. Je peux écrire avec le recul qu’il ne s’agissait pas d’un problème de sélection de l’exemplaire : lorsqu’une auto a 30, 40 ans, la plupart de ses organes ne sont plus neufs. Sans rentrer dans les détails, j’ai de très solides arguments pour pouvoir affirmer que celui qui prétend le contraire est un menteur. Bien sûr comme je suis un grand naïf j’ai été biberonné par la presse “spécialisée” de belles histoires où la belle au bois dormant ressort de 30 ans de sommeil après une batterie neuve et un chèque chez le marchand ou en salle des ventes. Cette même presse spécialisée pourrait d’ailleurs se reconvertir dans le porno : les journalistes ne manquent jamais de mots et de cris pour décrire la jouissance ultime provoquée par un tour en auto, les photos retouchées ne sont jamais assez belles ou assez grosses, tout le monde aime tout le monde, toutes les autos doivent être collectionnées ou gardées, les marchands y sont gentils, personne ne se plante jamais, et tout le monde s’encule à la fin. Il est important de parler de cette presse car elle constitue un piège pour qui pense y trouver des réponses à ses problèmes de même qu’une addiction à l’alcool est rarement soignée en trainant dans des endroits où en en vend. Aujourd’hui mon automobile ancienne (je parle de celle-là mais cet exemple fonctionne avec beaucoup d’autres !) m’a coûté énormément d’argent et de temps. Je m’y retrouve sans doute d’une façon patrimoniale car les mécanismes spéculatifs récents font que des gogos aujourd’hui paient encore plus cher leur youngtimer dont je ne voulais même pas à 500 euros il y a 20 ans, et que “pas vendu, pas perdu”. Mais au fond de moi je sais que je si j’ai encore cette auto, c’est parce qu’elle prend la place d’une autre et m’empêche de refaire deux fois la même bêtise.
Je pense avoir déjà écrit qu’avec les bagnoles-de-collection-à-la-con achetée par bêtise car lobotomisé par les putes merdiatiques et les bêlements des moutons de Bellu (Panurge) qui foncent dans le puits sans fond de la connerie inhumaine, on devient par obligation financière pour arriver à revendre “la chose”, un escroc radotant exactement les mêmes balivernes et croyances mystiques qu’on a avalé béat en se laissant manœuvrer à acheter une bricole qui ne manquait pourtant absolument pas à notre bonheur… L’homme est con… Les femmes le savent, soit avec l’avidité des prédatrices, soit avec le contentement de celles qui croient qu’il est nécessaire de se caser… Il peut en effet arriver qu’on soit heureux que les conneries sont supportables… Cet après-midi une jeune et belle vendeuse-plante vénéneuse, rencontrée chez le concessionnaire Smart du coin (à Roquebrune, soit assez loin de St-Tropez soit 3/4 d’heure aller en basse saison) et 3h en été)… chez qui je m’étais rendu pour une clé électronique hors d’état de ma Smart, m’a téléphoné d’une voix suave en me disant qu’elle adorait mon Blacky et qu’elle était libre mais ne pouvant s’empécher de me proposer l’affaire du siècle, non pas elle, mais une Smart électrique neuve tarifée 35.000 euros qu’elle me proposait avec la prime d’Etat (6.000), une prime Mercedes pour les sociétés (4.000) et autres cadeaux, y compris elle avec une bouteille de champagne à consommer voluptueusemeent dans l’appétence charnelle de deux êtres éperdus de jouissances…dans mon jardin le long de la plage, pour un net à payer de 20.000 euros TVAC mais déductible par ma société… Le panard intégral ! Elle m’a par contre vexé en sous considérant ma Smart actuelle qui doit avoir 25 ans (c’est la N°10), 100.000 kms et aucun accident (c’est la première Brabus) pour 1.500 euros… J’ai décliné en disant que je préférais la garder, à la limite que je préférais garder mes spermes vu qu’à 72 ans ils se raréfient et que je suis conservateur… Elle va surement me relancer demain… J’ai l’avantage que personne ne sait vraiment ou je me cache (du fisc et des gabelous ainsi que des importuns, des imbéciles, des emmerdeurs et autres)… En fait, ma Smart me suffit, quoique ça fait un mois au moins que je n’y suis pas mis au volant. Pour ce qui est de mes bagnoles dites de collection, ce sont devenu des objets décoratifs avec les vieilles pompes à essence et autres bricoles tels les Juke-Box… Rien à foutre… Ou est le temps ou j’allais boire un Mockito glacé pour regarder ma collection… Pfffff ! Donc, je m’amuse plus à tapoter mes souvenirs qu’à en vivre d’autres…
Maître, nul besoin de me punir, la Porsche le fait déjà !
Pas assez cher mon fils, pas assez cher…
La première phrase de votre réponse aurait pu être écrite par mon épouse ! J’ai eu le temps de réfléchir à ce type de recommandation depuis que j’ai acheté une Porsche 928 sur ses conseils.
Aie ! Normalement l’accès à GatsbyOnline n’est pas autorisé aux possesseurs et utilisateurs de Porscheries !
Mon cher Gatsby,
Vous avez l’excellente habitude de gâter votre lectorat, et je vous en remercie vivement, au nom de tous les lecteurs, silencieux ou non. La lecture de chaque article est un plaisir renouvelé. J’ajoute, pour les pauvres malheureux en affaires, qu’il est facile de ne pas de tromper : 4 euros par mois, rendement garanti ! Aucun de mes placements ne me rapporte autant de plaisir ! Pour revenir à Vector, je ne sais que penser de cette histoire. Faut-il trouver merveilleux que cet homme ait poursuivi son rêve ? S’agit-il d’un homme incapable de se remettre en question et de ne pas voir qu’il vieillit ou qu’il va dans le mur ? A-t-il tout simplement décidé de continuer coûte que coûte ? Se moquait-il des pigeons qui tourneraient la tête vers les photos de ses autos en faisant poser les modèles, ou bien trouvait-il cela réellement appétissant ? La limite entre génie et folie, sublime et grotesque et décidément très ténue…
Si vous y mettiez 500 euros par mois, vous devriez en retirer 100 fois plus de plaisir, c’est mathématiquement évident ! C’est dire qu’en offrant 5.000 euros, la jouissance serait extatique, une forme de sublimité ! De surcroit, vous seriez béni et considéré comme “Bienfaiteur”, un titre qui vous ferait honneur et que je m’empresserais de vous prier de renouveler le plus souvent possible. Pour ce qui est de Vector, je crains que Wiegert était simultanément le personnage réunissant toutes vos interrogations. Personne n’en cause mais il s’est auto-suicidé, une Vectorisation subliminale de son être face au néant de lui-même découvrant ce qui se trouvait dans le trou-noir de son existence… Comme la divulgation de cette ultime pitrerie pouvait mettre à mal le fragile édifice constitué de mensonges, les ayant-droits ont choisi la chape de plomb.
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