Volkswagen Type 1 (1938 – 2003)
La Volkswagen Type 1, plus communément connue comme : Beetle, Fusca, Coccinelle, Cox’, Vocho, Bug, Volky ou Käfer, a été produite par Volkswagen de 1938 à 2003. Bien que les noms “Beetle” et “Bug” ont été rapidement adopté par le public, ce n’est qu’en Août 1967 que VW a commencé à utiliser ces noms dans son marketing…, la voiture n’était précédemment connue seulement que comme la “Type I”…
Mon père avait acheté une VW en 1949/1950 alors que durant le second conflit mondial il avait été emprisonné et torturé par les nazis, lorsque je lui ai demandé : “Pourquoi ?”… Il m’a répondu qu’elles étaient disponibles et pas chères, que les marques françaises ne parvenaient pas à fabriquer des automobiles en grand nombre suite à la pénurie de matières premières, idem que les marques britanniques… et que les américaines étaient en comparaison assez couteuses peu disponibles et voraces en essence. Ci-après la facture d’époque !
En 1998, de nombreuses années après que le modèle original avait été retiré de la gamme dans la plupart des pays du monde (il a continué au Mexique et dans une poignée d’autres pays jusqu’en 2003), VW a introduit la “New Beetle” (construite sur une plate-forme de Volkswagen Golf).
Ce n’était qu’une “resucée-graphique-consumériste” ayant une vague ressemblance avec l’originale (dans le sondage international pour l’attribution voiture la plus influente du monde du XXe siècle, la Beetle arrive en quatrième position après la Ford Modèle T, la Mini et la Citroën DS)…
En 1933, Adolf Hitler avait rencontré Ferdinand Porsche pour discuter de l’élaboration d’une Volkswagen (voiture du peuple), un véhicule basique qui devrait être capable de transporter deux adultes et trois enfants à une vitesse de 100 km/h… et qui ne devrait pas coûter plus de 990 Reichsmark (le revenu moyen était alors de 100 RM)…, Adolf Hitler était véritablement le créateur visionnaire de cette voiture !
Ferdinand Porsche a exécuté les “vues” de son Fürher…, en fait de “génie”, Heer Doktor Porsche s’est très largement inspiré de la Tatra T97 de Hans Ledwinka… et Tatra a lancé une action en justice dès 1934…, mais cela a été arrêté lorsque l’Allemagne a envahit la Tchécoslovaquie (l’affaire a été rouverte après la WW2… et en 1961 Volkswagen a dû payer à Tatra 3.000.000 de Deutsche Marks en compensation, Heer Doktor Porsche n’était qu’un vulgaire plagiaire).
La mécanique et le châssis ont été partagés avec plusieurs véhicules militaires allemands, le Kübelwagen Typ 82 (52.000 exemplaires) et le Schwimmwagen Typ 166 amphibie (14.000 exemplaires), utilisés à la fois par l’armée allemande et les SS.
La Volkswagen avait été conçue pour être aussi simple mécaniquement que possible, avec par exemple un design innovant de suspension par barres de torsion compactes au lieu de ressorts hélicoïdaux ou à lame…, tandis que le refroidissement par air du 4cyl 985cc de 25 ch (19 kW) s’est avéré particulièrement efficace dans les actions de l’Afrika Korps dans le désert d’Afrique du Nord.
Une poignée de “Holzbrenner” spécifiques ont été produits (669 exemplaires) pour l’élite nazie, surnommés Kommandeurwagen ; une carrosserie “normale” montée sur le châssis 4RM Kübelwagen…
La société Volkswagen doit son existence après-guerre largement à l’officier de l’armée britannique ; Major Ivan Hirst (1916-2000), qui, après la guerre, avait ordonné de prendre le contrôle de l’usine bombardée, que les Américains avaient capturé…, sa première tâche a été de supprimer la bombe non explosée qui était tombé à travers le toit et s’était logée au milieu de pièces d’équipement de production irremplaçables si la bombe avait explosé (le sort de la Beetle aurait été scellé).
En 1946 l’usine produisait 1.000 voitures par mois…, la millionième est sortie de chaîne d’assemblage en 1954…, en 1973 la production totale était de plus de 16 millions… et en 2002 il y avait eu plus de 21 millions d’Hitlerwagen produites.
La “dernière” Beetle a été produite à Puebla, au Mexique, mi-2003, dans un lot final de 3.000 coléoptères vendus comme des modèles 2004 et badgés comme “Ultima Edición”, avec des pneus à flancs blancs, une foule de garnitures chromées et le choix de deux couleurs spéciales de peinture prélevées sur la New Beetle.
Dans ce “grand bazar”, alors que mon père avait subi la déportation début de la WW2, avait été handicapé d’une jambe suite a des maltraitances nazies et ne devait sa survie qu’à s’être échappé pour se cacher jusqu’en mai ‘45…, sitôt marié et avoir un premier enfant (moi, en 1949), a curieusement acheté une VW Typ1 neuve, le modèle qu’on nomme actuellement la “Split-window”…
Né en France, le 19 novembre 1919, il eut un temps d’avant qui ne fut pas nôtre, sa jeunesse et l’avant guerre…, puis il y eut la guerre, ses souffrances, les siennes car il en gardera un handicap à une jambe, et un grand bonheur qui lui sourit en ces temps de guerre, lorsqu’il rencontra sa Marie-Louise…, ma mère.
C’était un temps bon enfant…, grand chagrin…, au fil de ce temps, passant, les orchestres de joies de fin de guerre, laissèrent leur place à Mistinguette, puis à Charles Trenet, puis Bourvil chantant les crayons…, ensuite le temps s’accélère, Roger Pierre et Jean Marc Thibault entonnant “A Joinville-le-Pont”, Fernand Raynaud hésitant à acheter des oeufs cassés ou pas cassés…, toutes choses écoutées religieusement dans le poste TSF à lampes, le soir, dans la pénombre de la famille…
C’était une époque telle un p’tit bal perdu dans un pré ou l’on cueillait aussi bien les fleurs des champs, les notes d’André Claveau, Luis Mariano, Patachou, Guétary, Eddie Constantine ou Annie Cordy…, que les fleurs du mâle des Ferré, Aznavour, Bécaud et Brassens…, débutants…, on était alors zouave de l’humour, on était zoulou du ciboulot, ça dépendait de l’heure, des amours, des emmerdes, de ce qu’on avait bu ; mais pas d’un parti pris…, on ne le gardait pas pour soi, cette bohème, on la partageait entre amis, il suffisait de franchir la porte du Palace aujourd’hui disparu…, pour que la vie en rose…, pour que la vie s’en grise, pour que la vie en vive…, dans un manège à moi qui restait toi…
Beaucoup de rires, de rêves, d’illusions, d’aspirations…, Papa, Maman, ont vécu cet univers-là…, qui n’existe plus…, ou alors, une fois tous les cent ans, en un casino de province appelé “jamais plus”, tel un brigadoon d’années d’après-guerre qui enseigne à ne pas se prendre au sérieux. Quand je suis né en 1949, il avait 30 ans…, sa voix ronde montait dans le grave quand la tendresse le chatouillait, une tendresse bourrue…, au fil du temps, entre la “Coccinelle” et le “Teppaz”, il se mettait en cravate pour monter dans son atelier à coudre, car il était Maître-tailleur, un métier aujourd’hui oublié car plus personne ne prend le temps de s’habiller en costume 3 pièces et pardessus…
Avec sa silhouette quotidienne, son air fier, sa manière d’être, de hocher la tête face à la misère du monde, le cœur dur quand il fallait pour ne point se fondre dans le gris des réalités, il cousait ses vestes et pantalons, bien tard, au delà de la nuit…, un costume c’était cent sous pour vivre et grand malheur de fin de semaine quand certains clients ne le payaient pas sur le champ… A l’avoir vu ainsi travailler sans relâche, pour n’en finir que si vieux et triste d’une si pénible destinée, dialysé, brisé, cassé, prostré, devenu vieux au delà du supportable…, je ne me plains pas qu’il est parti de l’autre coté du miroir…, il nous a fait vivre, Maman, Pascal mon frère et moi… et ça c’est magnifique.
Peu avant de passer au travers du miroir, un samedi, soir, tard…, trop tard…, il m’a dit qu’au fil du temps qui passe, il me suffirait de regarder le miroir pour le voir de plus en plus nettement…, dans 30 ans…, j’étais triste, parce que les vociférations débiles de la rue allaient briser le miroir, et ce serait grand chagrin…, la vie continuant, inexorablement…, car le temps passé est la chronique de disparitions mises peu à peu bout à bout…, on ne le ressens qu’au fil des souvenirs qui viennent s’ajouter à d’autres qui resurgissent alors qu’on les avait enfouis au creux d’émotions.
Comme une pierre d’amertume que l’on jette et qui fait des ronds dans l’eau du tissu vivant d’amitiés, d’amours, de connaissances qui l’entoure…, on recommence sans cesse des histoires de vie, d’amour aussi parfois, malgré les craintes et incertitudes issues d’expériences parfois mal vécues…, toutes des histoires qui commencent toujours trop tard et se terminent lorsque d’autres souvenirs brouillés sont en train de s’estomper.
Entre temps, le temps cache un moment son visage de vie pour accomplir une œuvre macabre pour que les bouleversements de renouveau s’accomplissent…, face à cette manière obscène qu’à le vivant de continuer inexorablement, nous éprouvons mille difficultés à renoncer aux liens passés pour nous ouvrir à nouveau à la vie qui attend…, ainsi se construit autant le vide des absences que des nouvelles présences, tous ces vides ou le temps a passé imperceptiblement pour combler tous les creux et nos vides.
Il reste alors un dernier regard à donner sur la manière dont la vie fut ainsi modifiée, comment la vie se referme en absorbant les souvenirs, les déformant, les rendant approximatifs, lacunaires…, ne laisser parler que le cœur et l’esprit, mettre en élocution les doutes et les angoisses, chercher les flammes de vie et d’amour qui rejaillissent envers et contre tout.
La vie redevient la vie, violente, tortueuse, cynique, mélancolique, à l’image d’elle même avec des liens qui se cassent, créant tristesses… et d’autres qui naissent, créant sourires, joies et émotions…, la vie continuera quand l’amour s’évanouira encore, quand une autre rupture sera à nouveau consommée et qu’il faudra reconstruire, encore, continuer avec ses failles et ses blessures vers de nouveaux ailleurs…, se sera une autre sorte de mort pour une meilleure survie pour le pire et le meilleur à nouveau, c’est la seule manière de se réconcilier avec soi-même, de donner chair au temps et de continuer vers la vie, malgré les gouffres qui entourent cette route et cette quête du destin : “on ne doit croire qu’en soi-même !”…
Le père de ma mère était marchand de vélos d’une époque ou on comptait pour fort peu…, mais en centimes : réparer un boyau d’une roue de vélo, c’était 50 centimes…, son atelier, doublé d’un magasin ou étaient exposés quelques merveilles à deux roues motorisés d’une époque en devenir, se situait en face d’une Guinguette ou éclusaient les vrais hommes du quartier, prétextant une partie de fer…, les années cinquante étaient autres…, c’est pas que “Monsieur le Vicaire” faisait ses ouailles en Solex et “Monsieur le Curé” en 2 chevaux grise…, non…, en ce temps là…, le temps était plus long, les gens se disaient encore bonjour, ils se “racontaient le compte” pour la moindre occasion.
Immuablement, le dimanche déroulait son fil, après la messe chantée de 10 heures ou je me faisais méchamment pincer l’avant bras si je collais mes crottes de nez en dessous du prie-Dieu de la chaise, on déambulait dans le quartier en regardant les riches monter dans de grandes et grosses voitures, souvent noires, parfois blanches ou grises, jamais jaunes ou rouges, sauf les pompiers dont, j’en étais sûr, un jour, j’en serai le capitaine…,
Je guettais, je scrutais, je cherchais ce sans quoi je refusais de partir, sauf me trainant sur le sol, en pleurs…, avec mon petit manteau tout neuf, cela n’aurait pas été convenable…, non, ce n’était pas une tresse d’ail fumé…, non ce n’était pas une assiette de cochon de lait qui, vu la taille du bestiau rôtissant sur sa broche, n’avait plus dû goûter aux mamelles de sa mère depuis quelques années…, non ce n’était pas l’un de ces innombrables saucissons vendus à la criée…, non ce n’était pas un verre de “Bon-Secours” ambrée fabriquée par la brasserie Caulier à Péruwelz…, ce n’était non plus pas un pain d’épices de Toussaint…
Ce que je cherchais, se trouvait dans une charrette derrière laquelle se tenait un homme à la peau sombre, “un nègre” comme les grands disaient alors, surtout ceux qui revenaient du Congo Belge, riches et imbus d’eux-mêmes…, autour de cet immense bonhomme, les acheteurs n’avaient de cesse de s’agglutiner jusqu’à ce que la rupture de stock vienne faire de nombreux frustrés, dont moi qui me mettait à pleurer…, mais, comme par miracle, alors que je voulais mourir, l’homme noir prenait un seau duquel il extrayait une galette noire et lisse qu’il brisait en mille morceaux à petits coups de marteau… “Karabouya”, tonnait-il fort en tournant sur lui même… “Karabouya” !
Entre le sucre et l’anis, le reste des ingrédients de cette friandise inimitable restera à tout jamais un secret et le goût de mon enfance… Karabouya…, j’étais prêt à tout pour m’arroger un sachet de ces brisures brillantes comme de l’anthracite…, comme de promettre de faire mes devoirs…, d’apprendre mes leçons…, de ne plus coller mes crottes de nez sous les chaises et de ne pas donner des coups de pieds à ma “Ma-tante-Julie” lorsqu’elle me préparait amoureusement des macaronis à la cassonade…, du sucre brun au lieu de fromage, pensez-donc ! Maintenant je regrette que ça n’existe plus…, c’était mon Papa qui allait à la guerre de la file pour m’en rapporter un sachet à 2 francs…, il dépassait par la droite pour tenter de s’imposer en début de file…
“C’est à qui, Missié”, criait le grand Monsieur noir de toutes ses dents blanches… “C’est à moi”…, répondait une matrone en agitant un parapluie fermé…, le ton montait, je perdais mon Papa de vue, je me sentais perdu, rattrapé de justesse par la main gantée de ma Maman qui me plaçait alors d’autorité devant tout le monde, ravalant l’impudente matrone au rang que lui conférait son arrivée tardive et néanmoins intempestive : à la queue, comme tout le monde…, enfin, ils arrivaient, mes karabouya…, un plein cornet, au dessus duquel le grand monsieur noir en rajoutait une “rawette” pour faire bonne mesure et parce que j’avais les cheveux bouclés d’un petit ange.
Alors, on rentrait…, à pied et on s’arrêtait entre l’église de tout en haut et notre maison de tout en bas, face à la Guinguette d’où s’échappaient les flonflons d’une fanfare…, chez mon Pépé…, marchand de vélos et motos, le Papa de ma Maman…, le héros du quartier depuis mai ’39 lorsque les gendarmes belges en déroute des “boches”, fuyaient au lieu de défendre, en menaçant mon pépé et ma future Maman de leurs armes pour lui voler des vélos…, et qu’il en avait assommé un d’un coup de clé anglaise…
Mon Pépé…, ce héros…, laissez moi le croire…, je t’aime mon Pépé, toujours…, parfois je te parle encore, tout comme un jour les enfants de ma fille me parleront alors que je ne serais plus qu’un souvenir… http://www.pixbel.be/main.aspx?page=text&id=4&cat=pixbel
J’ai toujours la VW Typ1 avec ses papiers originaux, elle dort…
http://www.pixbel.be/main.aspx?page=text&id=41&cat=pixbel