Wiesmann GT MF4 ClubSport…
Je me lève l’autre matin, complètement raide, 5 heures de sommeil dans les dents, la bouche pâteuse, les neurones encore flinguées au couple Rivotril/Dogmatil, à chercher ma serviette de bain qui pend mollement entre deux tee-shirts…, je manque de glisser sur un DVD, puis j’allume mon ordinateur après avoir pris ma douche.
Il faut savoir qu’un vieux Packard Bell pro de plus de 5 ans prend environ 4 min 30 (véridique) à s’allumer complètement, sans ramer and co, ce qui me laisse le temps de faire le tour du paté de maison en faisant un petit footing… (ou de regarder mollement l’écran s’allumer en me grattant les cheveux, ce que je préfère, faut pas déconner non plus)…
Bref, je commence à me connecter sur les sites d’informations pour voir ce qu’il s’est passé dans le monde pendant que je dormais : les morts, la crise, le gouvernement, que de la boulette…, puis, vu que je suis un homme du présent, je vogue sur les réseaux sociaux même si je commence à me dire que je suis déjà en retard… et là, que vois-je : UNE DOUBLE INFORMATION !!!
1- Une nouvelle Wiesmann est sortie…
2 – Wiesmann en faillite, ferme ses portes…
La Wiesmann, c’est une réutilisation à une sauce différente d’un kit-car américain (la Sebring re-dénommée Saxon), un gag qui copiait l’Austin Healey 3000, un bazar en plastique de qualité précaire, déjà déglingué à peine assemblé, équipé d’un V8 de récupération…, mais remixé à la sauce allemande, avec une touche Marcos à l’arrière…, voyez les photos ci-après pour vous en convaincre…
Austin Healey Roadster originale…
Sebring V8 USA, réplique d’Austin Healey…
Wiesmann Roadster, plagiat “évolutif” de l’Austin Healey 3000
Les frères Wiesmann prétendent sans rire depuis qu’existe leur petite fabrique, avoir sorti un putain de chef d’œuvre, pétri de géniales innovations qui décoiffent en saccades.., un engin hallucinant qui transpire de classe, un machin inédit.
Quel machin, ce bitza, putain…, un truc démodé ultra futuriste façon science fiction des années cinquante, décérébré, avec une lourdeur toute teutonne qui donne au tout un coté massif qui défonce les yeux et rend la chose encore plus épique pour se carapater dans des impasses dégueulasses en risquant sa peau d’androïde…, la pub Wiesmann ose même affirmer : “c’est une automobile unique que l’on doit ressentir, toucher, voir, tant elle est taillée à la serpe”…, FOUTAISES…, elle est lourde, kolossalement chère et surtout écrasante de connerie et de vanité.
Toute l’histoire de Wiesmann a démarré sur un simple discours, relayé par les merdias qui n’avaient rien d’autre à présenter…, qui va petit à petit se voir accompagner d’explications vaseuses quoiqu’épaisses, déstructurées, mais en retrait de sa quintessence d’origine…, personne n’y a rien compris, les beaufs se sont laissés emporter par les divers récits pénètrant au plus profond de la caricature…, c’est fascinant.
Il est toutefois arrivé que tout cela soit interrompu par une incantation lointaine, semblable à une plainte emplie de tristesse, de désespoir, comme si un connaisseur contemplait un corps gisant sur un trottoir, sous la pluie, les bras ballants, en chantant faiblement, pour pleurer la bétise humaine, le tout avec une grande retenue…, la question ne se pose plus, pas non plus…, c’est moi qui le premier, comme d’hab’ qui a remis en cause ce machin…
Avec ma façon de voir cette entreprise, on ne lévite pas sur la Cinquième Avenue de New-York en rêvant de chimères…, on marche dans une impasse entre prostituées, dealers, sans abris et rats filant se cacher sous les poubelles.
Les réverbères peinent à éclairer le chemin, vous ne comprenez rien…., ce n’est qu’une sombre histoire de deal dans un quartier en perdition, une spirale vers le glauque, tous les détails sont décrits…, lire mon texte en revient à se forger des images sans faire d’effort…, mais au final, a-t-on besoin d’une traduction, car l’affaire se suffit à elle-même, tant le tout est magistral, stupéfiant, il faut être prêt à s’investir… et surtout à se perdre, à s’abandonner.
La Wiesmann GT MF4-CS est une voiture du même genre que la Ferrari Challenge Stradale : elle est plus rapide et moins luxueuse que sa grande fausse sœur, mais elle a également l’allure d’un engin qui n’apporte strictement rien à notre univers.
Le petit artisan automobile Wiesmann fête ses 25 ans et pour marquer cette carrière basée sur le plagiat de l’Austin Healey via l’utilisation tronquée d’un kit-car américain légèrement redessiné, le constructeur propose à 25 de ses clients une exclusive Wiesmann GT MF4-CS…, c’est consumériste, les temps sont durs, c’est la crise, il faut aller rechercher les clients les plus fortunés dans un plan sadique de la soif de paraître…
Dérivée de la MF4-S, la MF4-CS reçoit un toit en carbone, des contre-portes allégées, des baquets en fibre composite recouvert d’Alcantara et un vitrage en polycarbonate, tout ça pour économiser un max d’euros sous prétexte d’économiser quelques kilos… et, afin d’aller encore plus loin dans la connerie, le client pourra même en option payante, se passer d’air conditionné et d’autoradio pour descendre le poids total à 1350 kg.
Il n’y a que Porsche et Ferrari qui osaient jusqu’ici prendre leurs clients pour des imbéciles fous-furieux, maintenant cette façon d’être pute descend en gamme, comme une fellation allégée, plus sportive, plus rapide…, mais beaucoup plus chère !
La Wiesmann GT MF4-CS a également droit à son pack circuit à l’instar des GT3 de Porsche, comprenant un harnais à quatre points, un arceau de sécurité, un extincteur dans le coffre, des pneus Michelin Cup et des plaquettes de frein compétition.
De quoi exploiter en toute tranquillité sur la route des vacances, jonglant entre les camions et les caravanes, les 420 chevaux du V8 de la BMW M3 e92 via la boite DKG 7 rapports qui permet ainsi de passer de 0 à 100 km/h en 4,4 secondes…
Si vous aviez la chance l’inconscience d’espérer recevoir l’un des 25 exemplaires, et pensiez débourser environ 250.000 euros…, soyez heureux car c’est foutu !
Un quart de million d’euros pour une telle bétise, même allégée, ça prend les entrailles, immédiatement, ça s’enroule, se concasse, se broie directement dans la tête alors que le beauf lambda tente de survivre au milieu d’une vie de merde suffocante.
Le moment est grave, profond…, encore une fois, on ne saisi pas une seconde le pourquoi du comment… et pourtant tout est clair, c’est terriblement triste…, ça ne va plus durer longtemps…, on sent en effet une solitude, un désespoir perler de tout ça, une sorte de chœur fantomatique se montre en arrière plan, comme pour habiter le tout avec une aura encore plus funeste…, on se prend un coup dans le ventre, et on se laisse étrangler…
Apparue en 1985, la société Wiesmann est née de l’imagination de deux frères qui souhaitaient produire des sportives différentes…, avec un style rétro et des technologies modernes, dont les plus gros moteurs BMW, les roadsters et coupé de la marque se différenciaient du reste de la production automobile…, aujourd’hui, Wiesmann en faillite, ferme ses portes et entre dans les livres d’histoire automobile…
Après l’agrandissement des locaux de la firme en 2009, Wiesmann a connu de lourdes complications financières qui l’ont mené tout droit vers une déclaration d’insolvabilité en août 2013…, mais au mois de décembre, l’artisan annonçait fièrement avoir posé sa demande d’annulation de dépôt de bilan, synonyme de la présence d’un nouvel investisseur…
En réalité, outre être une sacrée bande de branleurs sourds à toute réalité, les gens de Wiesmann, suffisants et arrogants, se sont aperçu que cette f… réalité était toute autre : avec 119 employés qui ne percevaient plus leurs salaires et des dettes fournisseurs qui s’empilaient sur le bureau du comptable, Wiesmann dû (enfin) cesser ses (pénibles) activités et fermer les portes de son unique usine située à Dülmen, en Allemagne.
Le constructeur affichait une gamme complète de sportives au delà de ses moyens et capacités : la Wiesmann MF3 animée par un moteur de BMW M3, suivie de près par la MF4, une GT intermédiaire… et les grosses MF5 GT et Roadster motorisées par le V8 4,4 l bi-turbo de 555 chevaux et 680 Nm de couple de la BMW M5 annoncées chacune à presque 300.000 euros…, la cadette de la famille étant la MF4 GT-CS de 420 chevaux, proposée à 25 unités au prix statosphérique de 193.000 euros.
Après bien d’autres petits artisans automobiles, c’est donc au tour de Wiesmann de tirer sa révérence, en laissant ses clients crédules ayant versé des acomptes (disparus), ainsi que 119 familles (endettées), sur le carreau et dans la m…., j’ai donc versé une larme (pour la forme) à la santé de tous les salopards du monde de l’automobile (un f… panier de crabes), en sirotant un double Mojito…