YOLO Bullit…
“Yolo” est l’équivalent de “Carpe Diem”…, bienvenue dans le monde de ceux qui n’ont qu’une vie, dans le quotidien de ceux qui ne vivent qu’une fois…, bienvenue dans ce qui est censé être mon monde…, le vôtre aussi…, ici, la seule chose importante est la liberté de tous, et surtout, celle de s’amuser sans se soucier des conséquences…, tout a commencé par une chanson de Lil Wayne et Drake : “The Motto“, un tube…, cela n’a rien de bien surprenant quand on sait le talent et la popularité des deux garçons, mais le terme YOLO, cité dans la chanson, signifiant “You Only Live Once”, a dépassé le cadre musical, c’est devenu un effet de mode.
Ce qui n’est pourtant qu’une reprise de “Carpe Diem” (cueille le jour présent sans te soucier du lendemain), a conquis la jeunesse et est devenu l’excuse ultime à toutes les dérives…, ce qui était pourtant du bon sens, car oui, il faut profiter du jour présent et oser faire ce que l’on a envie, a été directement détourné et est devenu une raison pour faire n’importe quoi…, YOLO a dépassé Lil Wayne et Drake…, cette expression est devenue une machine à catastrophes pour des personnes sans cervelles, YOLO, couplé au comportement destructeur de certaines personnes, ont poussé bon nombre à aller toujours plus loin, à être plus fou, jusqu’à commettre l’ultime absurdité.
Le monde dont je vais vous causer est peuplé de créatures insouciantes et sans cervelle, où la moindre erreur de parcours est saluée par le plus grand nombre…, un monde où la bêtise, la crétinerie est excusée par quatre lettres : YOLO…
Ne sous-estimez jamais le pouvoir de la nostalgie…, en période d’incertitude il n’y a pas de moyen plus sûr de réussir les ventes, la mémoire humaine est une fonction volage…, c’est ce à quoi œuvrent des centaines de penseurs chez Ford et General Motors pour vendre leurs “News Muscle-Cars”…
La Ford Mustang Shelby ratisse dans la légende…, la Ford Mustang Bullitt ravive le mythe de Steve McQueen…, chez GM c’est plus compliqué de la raccrocher à on ne sait quoi qui fait “Vintage”, par contre on fait rugir les V8 Hémi avec un cynisme déconcertant.
Le marketing est Maître du jeu de l’esbrouffe…, on ne sait pas ce qu’ont gagné les Mustang Shelby que ce soit en GT350 ou 500, mais c’est presque comme si c’étaient elles qui avaient battu Ferrari…, avec la Mustang Bullit le cynisme est au paroxysme…, Steve McQueen avait enlevé tous les badges Ford parce que ses dirigeants n’avaient pas offert les Mustang’s pour le film de 1968… et les nouvelles Bullit au faîte du consumérisme sont présentées sans badges Ford, remplacés par les logos du film…, ce qui devrait générer des ricanements de mépris, pas des sourires entendus.
Pourtant, il y a “quelque chose” d’envoutant concernant cette “Muscle-Car” américaine qui vise les “Petrolheads”, ceusses qui détestent la hiérarchie, la monotonie, les ordres…, qui refusent d’être enfermé entre quatre murs tous les jours…, qui ont le désir d’aventure, qui aiment les défis qui les obligent à se remettre en question, à accumuler les expériences…, ceusses dont la carrière professionnelle est marquée par de nombreuses transformations et dont les professions appropriées sont : l’art, l’édition, l’univers du spectacle, les postes de direction, les métiers en relation avec le tourisme, la politique, la télévision, la publicité, la création de toutes sortes, des bijoux à la mode, des ventes à la communication….
Ce “quelque chose” d’envoutant, c’est tout simplement la course poursuite du film “Bullit”…, Steve McQueen était la quintessence du cool, sa Mustang vert foncé, sa co-star, était son faire-valoir, dans ce rôle elle était parfaite…, tout l’art du marketing Ford a été d’inverser cet ordre, de faire de Steve McQueen, la co-star de la Mustang Bullit…, en ce retournement, la poursuite entre la “légère, belle et hyper puissante” Mustang (victorieuse) et la “lourde, pataude, zigzagante” Dodge Charger, est devenue plus célèbre que le film, en partie parce que le reste de ce navet est terne, voire sans aucun sens…, la scène de la Mustang triomphante a fait le film et c’est devenu mythique en faisant croire que ce l’était…
Le marketing pose une fausse question/réponse secrète qui est en réalité une affirmation : “Cette voiture à fait de Steve McQueen une star…, notre Mustang Bullit va faire de toi une star également !”…, c’est simple et ça fonctionne…, dans les rues, c’est comme une évidence, peu de voitures qui sont vendues 6 fois moins que les plus stupides SuperCars, attirent autant l’attention des passants qu’une Mustang Bullit… et tout ça pourquoi ?
Le moteur V8 de 5 litres de la Mustang est un steak Porterhouse de 20 oz dans un monde de casseroles de quinoa, c’est l’antithèse de l’éco-motorisation…, la seule chose verte à propos de cette voiture est la couleur, ce qu’on appelle Highland Green en l’honneur de la McQueen GT Fastback.
Ford revendique une consommation de carburant “économique” de 12,4 l/100 km.., ses émissions nocives sont de 277g/km, ce qui signifie que le gouvernement vous frappe en plein dans vos couilles (vos bourses) avec violence une note d’impôt énorme lorsque vous l’achetez, puis exige des montants stratosphériques chaque année par la suite…, les propriétaires ne font peut-être pas grand-chose pour l’environnement, mais ils sont une aubaine majeure pour l’Échiquier planétaire.
Appuyez sur le bouton de départ et le V8 souffle son rugissement rebelle V8…, ce gargouillement est du en partie à une certaine ingénierie acoustique qui le fait imiter la voiture de cinéma…, il y a d’autres cloches et sifflets ajoutés pour rendre chaque propriétaire plus McQueen que Steve.
La voiture elle-même n’a que neuf chevaux de plus que le V8 Mustang “normal”… et la boîte manuelle à six vitesses est livrée avec “rev-matching”, ce qui signifie que chaque conducteur intrépide n’a pas besoin de maîtriser les “blips talon-orteil” lors de “downshifting” pour tirer le meilleur parti de la voiture.
La voiture est équipée d’un fantastique système stéréo de 1000 watts B&O, mais il est difficile d’imaginer pourquoi chaque “Steve McQueen” à son bord serait à l’écoute de rien d’autre que la bande sonore qui est en plein essor sous le capot, menée par le pied droit…, mais ce n’est que peccadilles de roupies de sansonnets comparé à la fonctionnalité qui verrouille les freins avant, mais permet aux roues arrière de tourner librement…, avec ce gadget, il suffit de pousser sur la pédale des gaz “à Donf !”... et le V8 en plein rugissement permet de laisser les pneus arrières patiner dans un crissement apocalyptique, fixant une couche de caoutchouc sur la route, tandis que la fumée d’un volcan s’élevant de l’arrière noie toute la zone alentour d’un épais nuage, c’est une merveilleuse façon de réveiller les voisins un dimanche matin, 7 heures…
Sur la route, la Bullit se comporte comme une Mustang, avec tous les “bugbears” que cela implique…, elle est de plus étonnamment bonne pour réaliser les trucs les plus tordus qu’on puisse imaginer, pourtant, en vérité, ce n’est pas une voiture de sport…, la Bullit a les mêmes faiblesses que la Mustang : des places arrière presque inexistantes et quelques raccords de finition qui sont trop “cols bleus” C&A ou H&M… pour une voiture abordant une étiquette de prix de 70.000 euros…, alors que pourtant, rien de tout cela nie le plaisir qu’elle offre au moment où on se niche dans les sièges “de course” Recaro…
Certes, c’est plus vivre un hommage à un navet cinématographique que vivre une cure de jouvence via un relooking majeur… et si on peut dépenser 70.000 euros pour une rivale toute aussi sportive mais plus économe en carburant, aucune ne pourra offrir l’illusion de l’héritage de la Mustang Bullit…
Par contre…, avec le même montant, la Mustang façon Chromes&Flammes qui illustre ce billet doux, “claque sa mère” bien au delà…, rien d’autre à en dire et écrire… qu’éviter la bicrave pour l’avoir…, Yolo Bullit !