L’instructive lecture d’un magazine pour enfants (dont je tairai le nom puisque ma légende sur le web prétend que je ne lis que Proust, Zola et Céline), m’a dernièrement appris l’existence d’une voiture volante !
J’y ai lu que son géniteur était un américain, Paul S.Moller qui, depuis 20 ans, a passé son temps à mettre au point d’incroyables prototypes, dont la Moller Skycar M400, présentée dans le journal de Mickey… (oupsss, j’ai mis le nom, là !)…
En fait, ce sont plus que des prototypes, puisqu’il projette de les commercialiser en précisant aux candidats acquéreur que pour piloter/conduire ses Skycar’s, aucun permis ni aucune license de pilote ne seraient nécessaire…, si bien qu’on pourrait les utiliser aussi bien dans les rues de New-York que dans celles de Paris, après avoir rejoint cette dernière ville par la voie aérienne.
Je me suis alors renseigné pour en acheter un exemplaire, mon choix se portant vers la Moller Skycar M400… et je suis tombé de haut lorqu’on m’a dit que cet engin coûtait plus d’un million d’euros…, hors taxes !
Quoique, dès-lors, que cet engin fonctionna à l’éthanol… (bien moins polluant que le diesel ou l’essence) et accueilla jusqu’à 4 passagers…, je n’ai pu me résoudre à l’acquérir, n’étant pas du tout certain, en sus, qu’il ne faille pas de license ni de permis de conduire pour le piloter et le conduire.
Car, évidemment, au niveau vitesse aérienne, ça fonce, ce truc-là : 604 km/h…
Et ça ne pèse pas lourd non plus : 554 kilos !
J’ai donc pris directement contact avec Mister Moller qui m’a assuré que le prix de sa voiture volante pouvait sérieusement baisser s’il avait la possibilité de passer à une production de masse… :
Paul S.Moller dit : Actuellement, une M400 (4 places) coûte 1 million d’euros
Patrice De Bruyne dit : Glup, c’est pas rien, ça ! A ce prix j’hésite…
Paul S.Moller dit : Mais en cas d’accroissement substantiel, je prévois, pour ce même appareil, un prix qui irait de 60.000 à 80.000 dollars soit de 35.000 euros à 50.000 euros.
Patrice De Bruyne dit : C’est déjà plus abordable…, surtout si je peux faire Vence-Bruxelles-Hollywood aller-retour, chaque quinzaine, sans license et pouvoir rouler partout sans permis… Il y en a beaucoup dans mon cas je suppose ?
Paul S.Moller dit : Il y a actuellement 100 commandes en attente pour la M400 et j’attend une certification du gouvernement américain…
Patrice De Bruyne dit : J’hésitais à vous acheter un M400, mais maintenant je pense que je vais craquer, je suis chaud comme un lapin, là…
Paul S.Moller dit : Au fait, vous pouvez vous offrir un modèle réduit à l’échelle 1/38èmepour neuf dollars et 50 cents… que vous m’envoyez par Swift sur le numéro que je vous communique, n’hésitez-pas, c’est une réelle affaire !
Patrice De Bruyne dit : Accepteriez-vous de me l’offrir comme remise à l’achat d’un Skycar M400 ?
Paul S.Moller dit : Ayez de l’audace, imaginez une flotte de taxis de ce type à Paris… Imaginez le gain de temps fantastique dans un quartier d’affaires… et, mieux encore, la possibilité de faire communiquer très rapidement deux quartiers entre eux, quand bien même ils seraient distants. En représentant ma société en Europe, vous pourriez assurément faire fortune“…
Patrice De Bruyne dit : Fantastique… et combien cela me coûterait-il ?
Paul S.Moller dit : Il vous en faudrait au moins dix pour commencer, plus le coût du franchising…, pour 15 millions d’euros, on pourrait faire affaire…
Click… tuuuut… tuuuut… tuuuut… tuuuut…
La fin des rêveurs ?
Mes rêves d’enfants de voler en voiture au dessus des copains se sont toutefois éloignés au fur et à mesure des affirmations et propositions diverses de mr moller…, me rendant compte que ce n’étaient que des utopies…
Dès les débuts de l’aviation, des pionniers ont pensé rassembler dans un même véhicule les avantages de l’un et de l’autre mode :
– le mode automobile permet le porte à porte et l’accès à des zones d’habitat trop dense ou dépourvues d’aérodrome,
– le mode avion permet de franchir des distances en principe supérieures dans de meilleures conditions de confort et de rapidité et également les zones maritimes ou dépourvues de routes.
– le rapport poids/puissance d’une automobile est bien supérieur au rapport équivalent d’un avion : la motorisation du mode avion est sur-dimensionnée pour le mode auto,
Mais les défauts inhérents à chaque mode, souvent contradictoires, sont à prendre en compte :
– un véhicule routier doit disposer d’une structure et d’une liaison au sol assurant sa sécurité, une bonne tenue de route et se conformer aux réglementations de circulation (taille, équipements),
– la structure d’un avion, liée à sa voilure et à son dispositif de motorisation est sollicitée en vol et non au roulage,
– la motorisation avion doit fonctionner à des altitudes et températures inconnues d’un véhicule automobile ordinaire qui lui-même doit disposer d’une motorisation souple, économe et silencieuse,
– les réglementations, les connaissances et les capacités demandées à un conducteur et à un pilote sont très différentes…
Revenant sur le plancher des vaches, tapotant sur le web, j’ai lu que ce doux rêveur de Paul S. Moller a même tenté, un temps, de vendre, aux enchères, sur eBay, son prototype de développement qui n’a jamais fait que décoller verticalement sous harnais à quelques métres d’altitude !
Il était couru d’avance, qu’à moins de profiter d’une rupture technologique, jamais ce VTOL (décollage vertical) n’aurait pu circuler en zone urbaine.
Bruit, consommation, turbulences…, l’équation impossible, sans parler du coût !
Pire, le Moller Skycar M400 n’est pas homologué pour voler, même pas homologué sur route.
Il aura fallu 40 ans, 2 divorces et 70 millions de dollars jetés par les fenètres, à cet ingénieur de l’aérospatiale, pour finalement arriver ainsi au bout de son rêve…, un rêve sortit tout droit d’un épisode de Wacky Races (Les fous du volant ) !
Le prototype de Paul Moller qui était une véritable machine quasi volante dont le design lui aura valu un article dans “Fortunes“, n’a à ce jour effectué que de touts petits vols et son comportement routier a toujours laissé encore à désirer…, loin d’être l’automobile du 21ème siècle.
Le Skycar Moller M400 se voulait être un nouveau type d’aéronef que la Federal Aviation Administration (FAA) devait classer comme étant un “aéronef doté de dispositifs de sustention par jet“.
Il avait été présenté par Mr moller, comme pouvant transporter quatre passagers de taille moyenne, décollant et atterrissant verticalement, et étant assez petit pour être conduit en rue, tout en étant conçu pour voler à une vitesse maximale de 604 km/h avec une autonomie de 1.448 km.
Le Skycar aurait été un moyen de transport personnel offrant une solution de remplacement à l’automobile grace à son développement d’un coût de plus de 200 millions d’euros, requérant plus d’un million d’heures de travail.
Le prototype M400 du Skycar a réussi son premier vol lors d’un essai au début de 2002, lequel a été suivi par un vol devant les médias le 26 août 2002.
C’est le premier et le seul prototype M400 du Skycar qui existe, il a été présenté dans le cadre de diverses émissions sur d’importants réseaux de télévision et de câblo distribution américains, notamment à WorldNews Tonight avec Peter Jennings, ainsi que dans le cadre de la série “Invention” du Smithsonian Institute, sur les ondes de Discovery Channel.
The Learning Channel l’a récemment nommé une des dix machines nec plus ultra (“Ultimate Ten Machines“).
Le prototype a aussi fait la une de nombreuses publications dont Forbes FYI, Popular Mechanics, Popular Science, USA Today et une multitude de magazines et de journaux de par le monde.
En réalité, année après année, les vols du prototype ont été reportés et les performances annoncées n’ont jamais été crédibles.
La formule utilisée est celle déjà mise en œuvre dans les années 1950 par le constructeur Frank Piasecki sur des prototypes ADAV.
L’expérience montrait que ces aéronefs n’avaient aucune des qualités attendues :
– ils étaient délicats à piloter ;
– ils ne pouvaient se récupérer d’une panne à faible altitude ;
– ils étaient très bruyants ;
– leur autonomie était extrêmement faible (quelques minutes de vol seulement), une grande partie du combustible étant consommée en phase de décollage et l’atterrissage nécessitant également une importante réserve.
On ne peut toutefois que louer Paul Moller d’avoir consacre sa vie a pousser si loin un bouchon, depuis ses premieres soucoupes à effet de sol, jusqu’a ce projet presque abouti, sous l’oeil goguenard de ses pairs qui n’ont jamais chercher à le soutenir.
On peut comprendre qu’il aspire maintenant a une retraite bien méritée.
Peut-être sera-t’il un jour reconnu et aprecié à sa juste valeur.
Sa voiture volante restera une utopie tant qu’une volonté politique de développer les infrastructures nécessaires et de sérieux financements ne seront pas sur la table.
Mais cela restera bien un aéronef avec de piètres qualités de déplacement au sol.
Quand aux projets d’automobiles ailées, on ne peut qu’en rire quand le moindre choc ou accrochage de stationnement risque de les clouer au sol.
Ne cherchons pas à mélanger les genres, à chacun sa fonction, sinon on continuera d’obtenir ce que les engins hybrides ont toujours été, à la fois de mauvaises automobiles et de mauvais avions.