Mon vol en Waco…
Direction le grand bleu …
Le contrôle me donne 6000 pieds pour le transit !
Je refuse, il y fait trop froid car au décollage dans ma combinaison je transpire comme un bœuf, et, en l’air le vent y est bien à 20 Nœuds de face…
Je demande 1500 pieds, c’est OK et j’avance mieux…
Puis au bout de 45 minutes je rencontre de la pluie et un plafond qui descend !
A toute vitesse je révise mes points de non-retour.
Le grain passé, le vent mollit un peu, le plafond remonte et la visibilité devient bonne…
Je me relaxe un peu et m’aperçois comme c’est beau de voler au-dessus de la mer mais je ne lâche pas la routine !
Pression d’huile, température moteurs, RPM, cap…
Qu’elle est belle notre terre et dire que l’humanité la défie !!!
L’humain est fou.
Puis, je m’habitue à survoler le grand bleu, c’est tellement captivant.
J’ai toutefois la trouille de me retrouver au Groenland, ça doit être grandiose, dur, sans merci !
C’est vraiment beau, dommage que ça crépite dur à la radio, j’aimerai bien m’échapper et me taper un radada de folie sur ces couleurs…
Depuis que je m’approche des USA, j’y pense de plus en plus, ça me réveille la nuit…
Dire que je suis sur le chemin “de vers là haut” depuis toutes ces années que j’ai ça dans les tripes..
Je m’approche, c’est excitant, c’est effrayant, c’est …
Je ne peux pas l’expliquer !
De plus, je vais faire parler de moi, scandaleusement et sans proportion mesurée…
Ce qui me répugne le plus c’est qu’il y a des gens dans nos pays dit civilisés, qui sans aucune vergogne ni auto-responsabilité/réflexion, continuent d’être totalement cons, c’est écœurant, je sens ne pas pouvoir maîtriser cette hantise qui me colle !
La peur, oui, bof !
Tant qu’elle ne tourne pas à la panique, c’est plutôt sain et ça se gère.
Bon, il est 11H50, je suis autorisé à intégrer le circuit, les gros (avions) ont fini de faire joujou.
Moi, je me conduis comme un garçon sage et obéissant, pas envie de prendre les Yankees à rebrousse-poil.
Comme on dirait, “Si j’aurais su, j’aurais pas v’nu et j’aurais fais le zozo au raz des vagues !”…
Arrivée sympa verticale de Key West, je suis second en longue finale avec mon superbe biplan Waco.
Ça s’annonce bien, j’aime ces beaux avions, mon ralenti moteur ne me gêne pas encore vu que je dois forcer la vitesse.
Il y a du monde derrière ; mais le vent est à 12 nœuds, du Sud, donc venant plein travers droite, faut pas y penser, ça va être hyper délicat à poser…
Je ne dois pas oublier que cet avion est équipé d’une roulette de queue, donc qu’il est un peu plus délicat à contrôler au sol !
ALLEEEEZ,! Je me dis tout haut que je vais rebondir, je réduis au mieux, coupe une magnéto afin de perdre un peu plus de tours.
C’est trop rapide, faut réduire encore, plein palonnier à droite, manche dans le vent.
Je suis tenté de couper à l’arrondi mais ça ferait fait trop de trucs à gérer…
Le Waco part en une élégante glissade droite pour compenser la dérive, je suis “Clear” au posé, je retiens le chiffre de, ouillloullou… 15 nœuds…
Boiiiing ! Boiiinggg ! Boiiingg ! Boiiiing ! 4 rebonds, c’est pas élégant mais je suis resté dans l’axe !
Pas le temps pour la satisfaction.
Je dois freiner toutes les 5 secondes au roulage et la tour m’invite à prendre la première bretelle et de suivre la voiture qui va me rejoindre…
Tiens, un “follow me” sur ce petit aéroport, bizarre les Américains…
Pétard de “follow me” ! Y-en a bien une douzaine de voiturettes, des gyrophares partout, ça sent le traquenard à plein nez…
Y-en-a 4 qui m’encerclent afin d’être sûr que je ne re-décolle pas…
J’ai peur de m’emplafonner celle de devant avec ce ralenti qui est tout sauf ralenti, je n’arrête pas de freiner…
Mais qu’est-ce qu’ils sont fous, c’est pour moi tout ça ! Piting !?!?
Je me dis que de toute les façons, ils ne vont pas me fusiller, puis j’aimerai bien savoir ce que je leur ai fait à ces paranos de première…
Devant moi, ça freine, je suis debout sur mes palonniers !
Et ça débarque des voitures, style Starsky et Huch, ils sont malades les gars… surtout ridicules !
On m’ordonne de couper le moteur…
Ce comité, c’est bien pour moi, ben ça alors !
Je me croirais dans le tournage d’une série policière américaine bas de gamme !
Un policier, style inspecteur Kojak en très gros (fast food oblige) s’approche, vraiment prêt à dégainer, pendant que je m’extrais du Waco.
Il est à portée de main, alors, je lui tends ma paluche !
On me fait signe de descendre, les mains sont sur les crosses des colts chromés, c’est franchement grotesque !
Un peu surpris, de la pointe des pieds et du bout des doigts il me tend aussi la main…
Bon, un contact, on va pouvoir causer !
Je fais un effort pour rester cool comme une banane, je finis de remplir ma feuille de route et, avec un grand sourire, je descends.
Ils sont un peu surpris par mon attitude et je fais tout pour aborder mon plus grand sourire.
Mais devinez ce qu’il y a de plus borné qu’un Américain doté d’un pouvoir ?
Ben 2 Américains dotés d’un pouvoir…
Et là, ils étaient au moins 15…
Pas gagné le truc…
Bon, ils se détendent, le dangereux terroriste que je suis supposé être, n’a l’air trop agressif !
Puis ils se sentent un peu ridicules, car ils le sont franchement…
En moi résonne toujours la même question : Mais qu’est-ce qu’il se passe ?
Le fonctionnaire responsable des douanes n’a pas été prévenu de mon arrivée !
Eh oui, aux USA, la douane doit être avertie par le pilote de son arrivée, au moins une heure avant l’atterrissage…
Merci les gars de la logistique !
Mais la plupart du temps la FSS le fait aussi, là, pas de bol !
Alors, hargneux comme tout et ayant la vision du monde qui est la leur, les douanes et la bureaucratie sévissent sans grande possibilité d’ouverture d’esprit ! Ils M’infligent une démonstration d’autorité, pensant tenir l’affaire du siècle !
J’ai beau lui dire qu’une licence de pilote est un visa international… c’est reconnu dans le monde entier…
Le douanier en chef veut m’aligner, me dit que le visa c’est 260 US$ !
Pas moyen de causer style humain avec ce gars, il n’a que les références de textes de lois dans la bouche.
Ils ne connaissent pas le truc ici…
Ils ne savent pas que sur le site des affaires étrangères est toujours indiqué que les Français ayant un passeport comme le mien sont dispensés de visas…
« Oui mais, quand ils viennent par une ligne régulière, pas en avion privé ! »
Et paf, in the tronche mon pote !
Si j’étais à côté d’une frontière, ben il suffirait de la repasser, de faire un visa à 25 US$ et de revenir…
Là, à Key West, c’est de la mer partout.
Et puis, mon Waco, pour lui, c’est une un vieil avion de collection de l’époque héroïque, (ben oui banane, je ne suis pas venu à la nage !).
Il lui faut un “Bound” de la valeur de l’avion, ben oui quoi !
J’ai envie de lui demander s’il veut du cash ou un chèque !!!…
Pétard, je me le farcirai bien celui-là…
Je reste affable et souriant.
En retournant à l’avion, je suis interpellé par des journalistes qui me sautent dessus comme des poux.
Ils cherchent une tête…
Ils me demandent si je suis bien l’éditeur de Gatsby magazine et du site www.GatsbyOnline.com…
Je réponds “Yeaaaah, men“, ce qui a pour conséquence de faire crépiter les flashs…
Tout le monde est finalement remballé par une cerbère plus facile à rouler qu’à porter.
Elle se déplace dans une ridicule voiturette de golf, en uniforme, avec plein de radios à la ceinture…
Piting !
Ça me hérisse le poil !
En somme, le chef douanier veut me faire la leçon à l’Américaine, me menace même d’une amende de 5.000 US$ pour ne pas avoir prévenu la douane.
Heureusement que j’avais une demande écrite et datée d’entrée aux USA !
Grâce à l’aide d’un ami installé en Floride, le patron d’une maison d’édition spécialisée en magazines mensuels, j’obtiens un “Bound” pour 680 US$ !
De plus j’ai l’obligation de lui octroyer une interview, quel trip !
Le douanier satisfait de son œuvre, maintenant, se montre sympa, cherche même à m’aider…
Vraiment petit… Oui mais…
Avec le bordel qu’il a foutu, la presse s’en est mêlée de suite
On cause de l’’interception d’un dangereux éditeur politiquement-incorrect qui remet en cause la version officielle de l’anulissage d’Amstrong !
Je dis que je crois que c’est un trompettiste prénomé Louis…
On me reproche en plus d’être arrivé de Cuba au raz des vagues, ayant été forcé de se poser à Key-West encadré de F16 et tralalatzouintzouin…
Je fais bientôt la une de Key-West magazine…
Les Américains sont toujours traumatisés par les ogives que Castro avait pointé sur les USA en ’63 ! Puis par les attentats du 11 Septembre !
La FAA (Organisme qui contrôle l’aviation aux USA), a mis son nez dans l’histoire et quand la FAA te prend, ben tu rentres à pied…
Ils finissent par trouver une faille ; en fouillant les textes de lois. Ben c’est impossible de tout appliquer.
Sidérant d’entendre ça ; patate, c’est un Waco, un avion américain, où est le problème hein ?
Mon avion est de type ancien, donc ne correspond pas à toutes les normes OACI (référence pour Organisation de l’Aviation Civile, dans le monde).
Ben… “Comme le certificat de navigabilité ne répond pas à toutes les normes d’avions certifiés, il ne peut pas voler aux USA …” dit-il…
Et le poil, là, sur mon nez, est-ce que sa longueur est aux normes US ? J’en suis là, c’est sidérant !
En tous cas, je suis mal barré pour la suite du voyage.
Avec les administratifs ici, dès que l’on a un jugement sensé sur l’application d’un texte de loi, ben l’humain devant vous, se transforme !
En son cas il est devenu semblable à un mur de responsabilités civiles et de menaces !
Il commence par dire : « I’m worning you, you breach the law »… argument, zéro pointé zéro… La porte claque comme il faut, à mon nez !
Tant qu’il y a un contact humain, en général je gère, mais là, ce n’est pas mon terrain de jeu, ça me déprime et je deviens moins efficace…
Piting ! Transféré à Guantanamo… Saloperie de cauchemar…
Dringgggggg, le réveil sonne ! Bon, résumons, je suis à Cuba.
Hier soir ma copine m’a proposée de piloter un Waco pour le ramener en Floride, puis j’ai bu quelques Mojito’s…
Direction le grand bleu … Le contrôle me donne 6000 pieds pour le transit.
Je refuse, il y fait trop froid car au décollage dans ma combinaison, je transpire comme un bœuf, et en l’air le vent y est bien à 20 Nœuds de face…
Je demande 1500 pieds, c’est OK et j’avance mieux… Puis au bout de 45 minutes je rencontre de la pluie et un plafond qui descend !
A toute vitesse je révise mes points de non-retour .
Le grain passé, le vent mollit un peu, le plafond remonte et la visibilité devient bonne…
Je me relaxe un peu et m’aperçois comme c’est beau de voler sur la mer, mais ne lâche pas la routine.
Pression d’huile, température moteurs, RPM, cap…
Qu’elle est belle notre terre et dire que l’humanité la défie !!!
L’humain est fou…
Je connais cette histoire, là, je ferais peut-être mieux de faire demi-tour…