1989 Batmobile
Une chanson thème en un mot immédiatement reconnaissable, des pièges mortels scandaleux, des gadgets ingénieux, une armée de méchants et de femmes fatales ignobles… C’est un phénomène de culture pop inégalé depuis des générations…. Vous imaginez James Bond, n’est-ce pas ? Erreur…. La série télévisée Batman de 1966 a défini l’adaptation de la bande dessinée pour les trois siècles suivants avec son flair visuel distinctif et son défilé d’invités célèbres, même si elle marchait sur la ligne entre l’adaptation amoureuse et la parodie pure et simple !
“Cher Batman, vous êtes si pur, si extraordinaire, si indépendant et si accompli qu’il faudrait vous traiter comme si vous étiez déjà mort et immortel. On ne ressent rien de pareil chez quiconque”... Batman l’avait toujours senti, toujours craint. Il en avait maintenant confirmation, noir sur blanc avec ce courrier. Il s’est alors autobiographié, racontant et analysant, avec la même énergie et le même enthousiasme, les péripéties conduisant à cette confirmation et à l’achèvement d’un nombre considérable de missions qui ne sont que les conséquences d’une recherche, non pas du temps perdu, mais de la connaissance.
Désormais, il ne fera plus ses preuves à sa famille, à ses collègues, à son pays, à ses amis, à la société, mais s’en tiendra à ses propres critères. D’un coup, il a ouvert une fenêtre. L’air qui s’y est engouffré était glacial, trop froid peut-être pour qu’il puisse le supporter et y vivre longtemps. Mais pour l’heure, il n’y songeait pas. C’était le temps de la reconnaissance, laquelle rime avec souffrance, reliée non moins profondément à l’humanité qu’à nous-mêmes, à travers toutes les souffrances du monde jusqu’à une rédemption… A partir d’un certain point, il n’y a plus de retour. C’est ce point qu’il faut atteindre.
Son amour : BatWoman, l’a dit autrement : “Il ne voulait pas seulement aller au fond des choses, il n’était au fond que lui-même”... Elle aurait aimé lui tenir les mains sur son lit de mort. Des mains si délicates pour un travail aussi sanglant… Son épopée, son époque, le passé, le présent, l’avenir, tout ne semble exister que pour couler vers cette intériorité qui filtre ces affluents avec une densité extrême… Il est nécessaire de lire Don Quichotte pour retrouver Batman : à la fois sur Rossinante (la Batmobile), sur l’âne de Sancho (La BatCycle), et depuis les moulins à vent (ses manoirs)…
Ce chevalier aux miroirs (ses duplications), dans les lieux glauques ou il rend la justice, au cœur d’un autre univers, où le destin de l’humanité entière se reflète et se concentre dans cette goutte d’eau, de sang et d’encre. Batman dont chaque phrase ou presque mène au bord d’un abîme où la pensée fait face à sa propre extinction, a réduit à presque rien ce qui sépare la vie de la mort. Mais pour qui ce presque rien est encore beaucoup trop, se découvre le signe perpétuel de l’échec et de la honte qui s’ensuit. Personne n’a encore résumé la valeur de ce chevalier… Je vais m’y tenter…
Ce qu’on met au compte de l’anormalité de Batman est tout ce qui fait sa valeur. Je crois que c’est nous tous, la Terre entière, tous les humains, qui sommes malades et qu’il est le seul à être sain et l’unique être pur. Je sais que ce n’est pas la vie qu’il refuse, il refuse seulement cette espèce de vie-là. Alors qu’il n’y a personne d’autre sur cette Terre qui ait une force aussi immense : cette nécessité absolument inébranlable d’atteindre la perfection, la pureté et la vérité, l’apothéose et l’enfer de la vie dont il explore sans cesse son noyau en fusion tel le professeur Otto Lidenbrock dans “Voyage au centre de la Terre”.
Chemin faisant, il analyse en maître l’apothéose et l’enfer de la vie. Et l’image alimente tout. Nulle part il ne se contente d’illustrer un quelconque message, sans même parler de thèses métaphysiques, il n’est aucun autre chez qui cette incompréhension du processus créatif induise davantage en erreur. Batman ne cherche pas l’image : il la suit… et il aime mieux passer à côté de son sujet que de désobéir à la logique de son image. Si tant se trompent sur lui et/ou l’abandonnent, c’est précisément parce qu’ils restent dans ce qu’ils croient alors que Batman est déjà parti ailleurs, vers sa BatCave où ils n’entreront pas.
Les exploits de Batman vibrent en nous comme des flèches plantées dans des cibles qui n’existaient pas au moment où elles ont été lancées. Toutes atteignent le cœur aussi bien que l’esprit, sans qu’on sache bien comment ni pourquoi. Exposée dans une salle d’exposition et proposée à la vente pour un peu moins qu’un million de dollars, c’est l’incroyable opportunité de devenir l’heureux propriétaire de cette Batmobile de l’Opus 1987, extrêmement rare et tout aussi phénoménale. Quoiqu’illégale pour circuler en rue, sa popularité devrait attirer un multimillionnaire désireux de l’exposer dans son salon.
Attirant toujours la foule toujours enthousiaste qui émet des “Ooohhhs” et des “Aaahhhs” cette construction personnalisée au design saisissant et très populaire a été conçue pour être vedette du film de la même année, et dispose d’un compartiment secret (une troisième place de cascadeur) caché derrière le cockpit (nous y reviendrons plus tard), et peur ainsi produire l’illusion que la voiture est sans conducteur alors qu’elle rugit et se précipite sur les routes à l’appel de Batman… en produisant une flamme de 6 mètres derrière elle grâce à un authentique lance-flammes fonctionnel intégré à l’échappement !
“Je suis Batman”, déclare en cette suite, le Chevalier Noir lorsqu’il fait son entrée mémorable dans le film de Tim Burton de 1989. Mais il y a eu une autre entrée plus tard dans le film qui a fait une impression encore plus grande : lorsque la Batmobile arrive pour aider le “Caped Crusader” et “Vicky Vale” à échapper au Joker et à ses hommes de main…. C ‘est Julian Caldow qui est à l’origine de l’interprétation la plus mémorable de la voiture de Batman, portant la notion de ce que la Batmobile pourrait être à un niveau supérieur… Le pourquoi du “Comment ?” que vous venez de crier, va éclater grace à ce qui suit… Julian Caldow m’a expliqué comment il en est venu à travailler sur Batman et quelles ont été ses influences lors de l’élaboration de la Batmobile 1989, le développement du design, la façon dont il est passé de la page à l’accessoire, et la création de Bat-gadgets.
Gatsby : Aviez-vous beaucoup d’autres itérations/versions du design de la Batmobile ?
Julien : Avec le recul, j’ai l’impression que c’est venu assez vite. J’avais fait tous ces dessins qui ne correspondaient pas à ce qu’Anton Furst, le designer, voulait. J’essayais de dessiner une voiture de sport sombre et je pense qu’il pensait plus aux Dragsters à moteur de fusée et aux records de vitesse des Dragsters. Le Hot Rodding avait une importance capitale, d’autant qu’à cette époque les magazines de Hot-Rods et Kustom’Cars étaient très très populaires. Je me souviens lui avoir montré une dizaine de magazines dont votre Chromes&Flammes en 5 éditions/langues et je me suis dit : “C’est là qu’il faut aller”… Je pense que c’était l’ampleur de la chose. Je pensais en termes de voiture, par opposition à cet énorme char de combat qui a des mitrailleuses dans le capot et toutes sortes de choses. Mais ce seul énorme moteur de fusée nous a également permis de donner l’impression de puissance absolue qui fonctionnait réellement. Il y avait également divers détails de design comme les branchies de requin à l’avant, elles provenaient de l’ancienne Corvette Stingray. Je suis allé dans un magasin à Charing Cross Road qui vendait des magazines automobiles, c’était avant Internet, donc il fallait juste aller acheter les choses sur les étagères… et je me souviens qu’il y avait toutes sortes de concepts là-dedans. Certains sont restés, d’autres non. Environ deux semaines et demie plus tard, j’ai fait le dessin et je l’ai apporté chez Anton Furst un soir. Ils m’a dit : “OK, c’est là que nous allons”…. À partir de là, une maquette a été construite.
Gatsby : Avez-vous eu d’autres commentaires lors de la construction de la maquette ?
Julien : Pas vraiment, c’est quelque chose dont je ne savais rien. L’idée de mesurer le long des lignes à ce moment-là m’était étrangère. J’ai eu mon mot à dire sur d’autres points comme les enjoliveurs, sont comportent les symboles de Batman. Anton Furst voulait beaucoup plus de brutalité : “Plus, plus, plus grand, plus grand. Le plus grand possible”… J’ai placé une pièce qui sortait de l’avant comme sur la Green Hornet et Anton Furst a trouvé que cette pièce de moteur plutôt bulbeuse était sinistre et assez phallique, ce qui convenait parfaitement. Tim Burton riait beaucoup de tout cela.
Gatsby : Est-ce que vous vous adressiez directement à lui ?
Julien : En faisant des films à l’époque, il y avait beaucoup plus de collaboration et beaucoup plus de conversations où l’on se parlait… Cela n’arrive plus tellement de nos jours. C’est encore parfois le cas, mais pas tant que ça, car les horaires sont très différents. Tim Burton était fourré dans le département artistique tous les jours, mais il était lui-même un artiste, donc ce n’était pas une surprise.
Gatsby : Combien de gadgets de la Batmobile étaient dans le design, et combien sont venus plus tard ?
Julien : Les mitrailleuses étaient toujours scriptées. J’essayais d’encourager Anton à se procurer un mini-pistolet dans ces espaces, mais je ne pense pas qu’ils pouvaient obtenir un permis. Le personnage de Blane a un pistolet fou à six canons dans Predator, et je disais que nous devions en avoir un. Ils ont mis à la place deux vieux pistolets Browning qui sortent du dessus… Les gens de la production rechignaient à l’idée des armes parce que les images de synthèse n’existaient pas à l’époque, alors j’avais eu l’idée de copier les gadgets du vieux film “Planète interdite” réalisé dans les années”50 et qui avait remporté un Oscar pour les effets visuels. Tout a été fait avec de l’animation celluloïd, c’est ainsi qu’apparaît l’armure de la Batmobile. L’effet visuel a été réalisé par un gars appelé Peter Chiang. Il travaille maintenant pour Digital Domain, l’une des grandes maisons d’effets spéciaux, mais c’était l’un de ses premiers emplois..
Gatsby : Travailliez-vous aussi sur l’autre Bat-tech ?
Julien : J’ai fait la plupart des Bat-gadgets au départ d’illustrations au crayon d’élévations en coupe panoramique. C’est moi qui ai eu l’idée de la… Je ne me souviens même pas comment ça s’appelle,…il y a une scène dans le musée Flugelheim où Batman passe à travers le plafond, et il a ce gadget à la main et il le pointe vers le Joker, vous vous souvenez de ça ? Là où les deux flèches en sortent… C’était dans le script, mais j’avais l’idée que Joker pensait qu’il était menacé par Batman pointant cette chose sur lui et les flèches sont allées dans des directions différentes et puis vous réalisez que c’est un truc de rappel. C’était une sorte de clin d’œil à la scène des Aventuriers de l’arche perdue. Avec le cintre. C’était vraiment le même gag. Cela a très bien fonctionné, mais je n’étais pas vraiment doué pour faire l’élévation de la section panoramique à l’époque. Maintenant, je fais tout en 3D, donc les modèles que j’ai fait, je les donne aux directeurs artistiques et ils les font fonctionner. Mais ce grappin en particulier, je me souviens qu’il m’a pris beaucoup plus de temps que la plupart des gens à l’époque où nous utilisions des crayons.
Gatsby : Comment vous êtes-vous assuré que toutes ces choses avaient l’impression d’appartenir au même monde ?
Julien : Il s’agissait pour Anton de s’assurer que les influences qu’il avait et ses références, étaient toutes respectées. Si vous regardez les bâtiments de Gotham, par exemple, même s’il y a une galerie d’art et un hôtel de ville, ils ont tous l’impression d’appartenir au même endroit. Nous nous sommes inspirés de ces cannelures des années 1930 que l’on voit sur les bâtiments. Dans les véhicules et dans ses gadgets, nous avions une sensation de bakélite à l’ancienne. Je pense que le succès de la conception du film est qu’il semblait faire partie du même monde, rien ne saute aux yeux comme incongru, sauf peut-être Batman et la Batmobile elle-même. Le musée Flugelheim a été construit sur l’œuvre de l’architecte Shin Takamatsu. C’est un designer japonais, et son travail ressemble à celui d’un décor de cinéma, donc la boucle était ainsi bouclée. Il a évidemment eu cette influence d’Hollywood et de l’expressionnisme allemand, et la boucle fut bouclée dans le cinéma des années 1980. ” Brutalisme” était le mot qui revenait sans cesse d’Anton.
Gatsby : En ce qui concerne le jet, c’était vraiment l’idée qu’il soit comme le symbole de la chauve-souris ?
Julien : Je me suis dit que ce serait génial si nous avions une photo où il se trouve devant la lune. Je pensais faire un mouvement de caméra pour que la lune soit là en permanence, mais c’est en fait l’artiste du storyboard, Michael White, qui a eu l’idée de faire décrocher l’avion devant la lune, il y a un plan où il monte, s’assoit devant la lune pendant un moment puis redescend.
Gatsby : Qu’en est-il plus précisément de la Batmobile ?
Julien : Toute la fibre de verre spécialement moulée emprunte à de nombreuses voitures emblématiques et les mélange toutes ensemble pour produire cette voiture exotique qui reprend presque parfaitement l’esprit des voitures des 2 premiers films Batman. On esttoutefois très loin de la création originale de George Barris de 1966 sur base de la Lincoln Ventura. Le nez de cette machine a des ailes d’un prototype de course Daytona, mais la réalité s’arrête là avec une fausse grande turbine centrale de moteur à réaction British Harrier placée au centre. Le long capot mince s’adapte à un style de voiture de course de Hot Rod pour les lacs salés avec une fenêtre enveloppante, un cockpit fermé, qui accueille les 3 passagers, oui 3… nous y reviendrons plus tard. Le toit est doté d’une grande prise d’air, et l’ensemble du cockpit se retrouve fermement planté entre deux ailerons de style chauve-souris qui non seulement feraient pâlir de jalousie une ’59 Caddy mais lui donneraient l’allure parfaite de la vitesse. Les panneaux latéraux arborent diverses ondulations en fibre de verre, plus de prises d’air et quelques ajouts steampunk en métal pour donner l’impression que ça va très vite. À l’arrière, un échappement central de la fausse turbine se trouve entre les ailettes à gradins et à persiennes . Tout ce monde imaginaire de fibre de verre repose sur des jantes personnalisées de 15 po enveloppées de caoutchouc Mickey Thompson.
Gatsby : Le téléphone de la chauve-souris a sonné, les tenues de super-héros ont été enfilées et nous partons combattre le crime à Gotham City. Merci mille fois mon très cher Julian… Euuuuuuhhhhh, où plutôt : Alfred….
Julian : Ahahahahahahah : Il suffit d’appuyer sur un bouton pour que la verrière de style cockpit du chasseur glisse vers l’avant pour permettre l’accès au décodeur. Sous cette coque de cockpit fermée se trouve un monde imaginaire de boutons, de leviers, de lumières, de panneaux de commande et d’une surabondance de cloches et de sifflets non fonctionnels. On pourrait honnêtement penser qu’ils sont dans le cockpit d’un avion de chasse plus que dans une Batmobile s’ils devaient se réveiller sur l’un ou l’autre des sièges passagers. Le siège du conducteur se trouve derrière un velcro noir secret invisible dans le film. C’est en réalité derrière les baquets que le vrai conducteur est assis. Tout cela fait partie de la fantaisie, c’est du cinéma cependant, je me considère comme un Batman de Clooney, plutôt que la version de Keaton.
Gatsby : Et le moteur fusée ?
Julian : C’est bidon, la Batmobile est mue par un moteur électrique… C’est la théorie KISS qui consiste en un système alimenté par batterie 48V avec un coupe-circuit caché dans l’aileron arrière côté conducteur, et qui pourrait être actionné par un membre de l’équipe de tournage en cas de problème pendant les cascades. Il y a un par contre un vrai lance-flammes fonctionnel qui a été utilisé par l’équipe pour griller des hot-dogs derrière la voiture… C’est du cinéma.
Gatsby : Et donc elle roule, mais quelle est sa vitesse maximale réelle ?
Julian : La vitesse de pointe réelle est d’environ 25 à 30 mph, c’est du cinéma, pas besoin de prendre des risques inutiles, cette Batmobile ne va pas battre les records de vitesse terrestre en course autour de Gotham City… Et comme les batteries n’ont pas été chargées depuis environ 1993, je ne conseille pas, mais alors pas du tout de risquer une panne ou un incendie.
Gatsby : Chers internautes, voici votre chance d’être pour l’un d’entre-vous, la SEULE PERSONNE AU MONDE (de votre quartier) à pouvoir l’acheter pour un peu moins d’un million de US Dollars, plus taxes, transports, assurances et autres… Pas de soucis de roulage ni d’excès de vitesse, elle est juste bonne a être exposée dans votre salon si vous posséder la propriété adéquate… Pour frimer il faudra faire venir les personnes à étonner chez vous… Certes, il doit être possible de la faire fonctionner, mais le cout d’une telle transformation va dépasser celui d’une Rolls Royce… Autre possibilité rebâtir la Batmobile sur une Tesla CyberTruck… qui est également électrique. Cet extérieur littéralement “Chauve-souris” est follement cool… Quant à sa construction en fibre de verre noire façon steampunk incurvé qui emprunte son look à la course et à quelques classiques, a plusieurs gouttes de psychédéliques parsemées partouzes et est unique en son genre. Je vous suggère de vous habiller en Batman pour vos réceptions avec la Batmobile…