Cannes 2016… Blacky et moi y étions… et nous en sommes revenus vivants !
Avec sa cohorte de stars, starlettes, inconnus, nains connus, inconnues, icones nues…, de people, de paillettes, de strass et…sa montée des marches, du 11 au 22 mai 2016, les sempiternels défilés de stars sur le célèbre tapis rouge du palais des festivals et des congrès de Cannes, font crépiter les flashs des hordes de photographes qui se bousculent… Mais, à quoi sert le Festival de Cannes ?
La question peut paraître usée…, pourtant, souvent posée, elle est rarement suivie de réponses sérieuses et elle s’impose peut-être un peu plus à l’orée de cette 69e édition que par le passé, sous l’effet comparatif d’une actualité géopolitique particulièrement peu riante. – Que viennent chercher sur la Croisette les quelque 40.000 accrédités, dont un bon dixième de journalistes, affluant du monde entier ? – Qu’est-ce qui justifie que se trouve à ce point réverbéré par les médias le plaisir exclusif de privilégiés badgés à visionner la plupart des grands films de l’année, exultant de les découvrir en une dizaine de jours et avant qu’ils ne se trouvent enrobés d’une gangue promotionnelle ? – Qu’est ce qui s’y joue, au fond ?
Taraudés de questionnements, Blacky m’a suggéré que nous nous rendions à Cannes pour une immersion aléatoire au milieu des chiennes en chaleur et des toutous qui font le beau dans l’espoir de diverses sucreries… Et pour ce…, ne surtout pas se faire remarquer en Hot-Rod…, ce qui aurait faussé les réponses éventuelles à nos questions existentielles de dernière nécessité…, la Jeep Wrangler faisant mieux l’affaire, mais un Car-Wash s’imposait…
Les questions que nous nous posions, ceux (et celles) qui habitent la bulle ou même la traversent brièvement ne sauraient les envisager…
Il n’est pas temps pour ces gens de prendre du recul, il leur faut foncer tête baissée dans un nouveau film de Woody Allen, d’un jeune Ouïghour réputé prometteur ou d’Alain Guiraudie, comme si rien d’autre n’était plus important.
Dans les mois qui précédent le Festival, pas un seul cinéaste en cours de postproduction n’a eu une minute non plus pour méditer sur le bien-fondé de s’activer frénétiquement à achever son ouvrage, afin d’être à l’heure pour présenter le film aux sélectionneurs puis se ronger les sangs dans l’attente du verdict, forcément cruel pour la plupart. S’il est une réponse facile à formuler sur la valeur d’usage du Festival de Cannes, c’est sans nul doute qu’il permet d’engraisser les fournisseurs d’anxiolytiques et de capsules de valériane bio, seuls aptes à dompter la nervosité d’un milieu professionnel grimpant peu à peu les différents paliers menant de la légère anxiété à l’angoisse sartrienne, l’hyperventilation aggravée ou l’internement pur et simple (il y a également des couples qui volent en éclats parce que l’un reçoit son bristol pour la grande foire cinéphile et l’autre pas)…
Durant la 69ième édition du Festival de Cannes, tellement de films sont vus, critiqués et analysés, que chaque jour on oublie ce qui a été présenté la veille, de plus, certains d’entre eux sont d’ores et déjà parus sur les écrans de divers cinémas en France ! A peine les films vus, les avis de milliers de festivaliers déboulent sur Twitter… et puis en quelques heures les critiques s’étoffent, trouvent des titres, des angles, des punchlines, pour rendre compte de ce qui a été montré dans l’obscurité secrète des corps accrédités.
Les médias les mieux organisés comme Variety ou le Hollywood-Reporter ont parfois déjà vu les films et calent la publication des articles préparés sur le générique de fin de la première projo presse. Si on croise un attaché de presse, chargé de collecter les retours pour les vendeurs internationaux, il sait dire si la “réception” a été bonne ou mauvaise…, il arrive toutefois que les avis soient si opposés qu’il semble impossible de savoir ce que vaut vraiment chaque film.
C’est évidemment vrai toute l’année et pour tous les films, mais la concentration de critiques dans l’espace et dans le temps, amplifie forcément le phénomène.
Devant ce flot d’avis divergents, il devient légitime de se demander à quoi sert la critique…, il existe en effet à Cannes un effet de meute informelle…, où qu’on soit, à part vers 17h à l’ombre d’un parasol du Nikki Beach, les gens parlent de cinéma…, pas toujours très bien, souvent trop fort…, chacun a un avis à partager ou imposer…, en résulte une rumeur sourde qui donne la tendance.
Ne dérogeant pas à ses habitudes, le Festival de Cannes 2016 a mis en lumière des cinéastes qui n’ont pas épargné les animaux : Alain Guiraudie, Na Hong-jin ou Julia Ducournau se sont lâchés sur les bébêtes afin de servir leurs récits. Il ne fait pas toujours bon être un animal sur la Croisette…, au fil des ans, la faune toute entière (ou presque) a été brutalisée par une foultitude de réalisateurs (inspirés).
En 2014, il y a eu les chèvres blanches tuées dans “Still the water” de Naomi Kawase, l’overdose du bouledogue du “Saint Laurent” de Bertrand Bonello et le rat coupé aux ciseaux dans “Lost River” de Ryan Gosling. En 2015, Yorgos Lanthimos, Jeremy Saulnier et Andrew Cividino s’attaquaient respectivement à un âne (The Lobster), un chien méchant (Green Room) et un volatile (The Sleeping Giant)…
Que les fans de la SPA et de Brigitte Bardot en soient conscients : 2016 n’est pas non plus de tout repos pour les animaux, le sang a coulé par centaine de litres, surtout chez nos amis les toutous, à commencer par l’adorable montagne des Pyrénées blanc de “Rester Vertical” d’Alain Guiraudie…, lequel a été dévoré par des loups et laissé les tripes béantes. Même son de cloche chez la Française Julia Ducournau qui, dans “Grave”, a filmé des étudiants véto en train de pratiquer quelques dissections.
Le sud-coréen Na Hong-jin, réputé pour ses longs métrages violents et brillants, a par ailleurs immortalisé un des personnages de “The Strangers” en train d’exterminer un molosse féroce à coups de pioche… et pour satisfaire les scènes de chamanisme qui parcourt son oeuvre, il a aussi sacrifié ça-et-là quelques animaux de basse-cour. Son concitoyen Yeon Sang-Ho a pour sa part fait renverser un faon par un camion dans l’horrifique “Train to Busan”…,heureusement, le petit cervidé était un zombie…, il s’en est remis.
En revanche, dans l’émouvant film d’animation “La Tortue Rouge” de Michael Dudok de Wit, un des reptiles à carapace connait une fin fort douloureuse. “Elle” de Paul Verhoeven, dernière oeuvre en compétition, propose une séquence dans laquelle un pigeon se fait mâchouiller par un chat…, tout un programme.
Le Festival de Cannes étant une manifestation internationale et surmédiatisée, il est évident que tous les moyens sont mis en oeuvre pour assurer la sécurité au Palais des festivals : CRS, policiers et policiers municipaux postés en embuscade dans les environs, rues bloquées au moment de la montée des marches…
Et dans le “bunker” (le surnom du palais) il faut montrer patte blanche (en faisant wahwah), franchir plusieurs barrages avec contrôle de tickets, fouilles de sacs, et détection d’objets métalliques…, et les vigiles ne sont pas commodes…, parfois, certains font du zèle, à la limite du ridicule…
Le premier soir, par exemple, certains se sont fait refouler à cause de leur tenue vestimentaire…, bon d’accord, quand les spectateurs arrivent en bermuda et torse nu plutôt qu’en tenue de soirée, il faut sévir…
Mais quand un vieux monsieur se présente, en costume très élégant, avec une cravate au lieu d’un noeud papillon, on pourrait peut-être le laisser entrer, surtout quand il a patiemment attendu pendant trois quarts d’heures avant d’entrer en salle.
Une cravate serait-elle plus dangereuse pour la sécurité qu’un noeud papillon ? Remarquez, oui…, la cravate, c’est le nom d’une technique de combat, ou c’est l’arme du crime dans le “Frenzy” d’Hitchcock, alors que le noeud papillon, ça fait un peu rigoler…
Hier, c’était les ordinateurs portables qui étaient persona non grata au palais…, c’est nouveau, ça…, jusqu’à présent, seuls les appareils photos et les caméscopes étaient interdits, mais maintenant, c’est le même tarif pour tous les appareils…, hop…; les netbooks, au vestiaire ! Mouais… et comment je fais, moi, après, pour taper une chronique, hein… et pourquoi on interdit les ordinateurs, d’abord ?
A part commettre un attentat au bon goût en aimant un gros nanar ou dire du mal d’un film présenté comme l’un des favoris, je ne vois pas en quoi je représenterais une potentielle menace terroriste pour le festival… La justification officielle est que certain(e)s les utilisent pendant les films (sic !) et ça gêne les spectateurs…, euh…, si ça arrive, ça doit être rarissime…, en revanche, l’utilisation des smartphones n’est pas rare et peut effectivement gêner…, mais si on commence à les confisquer tous, il faut agrandir les vestiaires…
Et aujourd’hui, on s’en foutait royalement des ordis portables…, la cible à abattre, c’étaient les bouteilles d’eau…
Définitivement confisquées à l’entrée de la salle…, prohibées, bannies, chassées…, à mort les bouteilles d’eau de source…, dehors, les eaux gazeuses !
Un métier de dingue que celui de flic…, mais que dire de celui de Starlette ? Un métier dangereux, physique, dégradant, humiliant, où il faut payer de sa personne et risquer sa vie chaque jour…
Enfin, ça dépend où…, à Cannes les Starlettes n’ont rien d’autre à faire que défiler quasi nues et débiter des banalités cucul la praline devant un parterre de people… D’habitude, en rentrant d’une telle affaire, après diverses libations…, mon premier réflexe (sauf si je ramène une jeune et jolie pour des plaisirs obcènes et lubriques)…, est d’écrire quelques lignes, histoire de me rappeler l’essentiel, avant que les effets conjugués d’Hypnos et de Morphée, n’aient raison de ma mémoire.
Pourtant, mon esprit encore bien éveillé me demande pourquoi cette divinité des rêves prophétiques, qui a la lourde tâche d’endormir les mortels, a pris le nom de Morphée, pourquoi elle apparaît dans le sommeil des rois comme des humains sous forme de fantasmes ? La réponse est évidente, en bonne fille de Nyx, elle sait que chacun est libre de choisir les bras dans lesquels il souhaitait s’endormir…, mais que puis-je écrire, ou faire après des tels moments : un Sudoku, un mantra, un sandwich pâté canin ou lire du Montherlant ?
C’est lui qui a écrit : “L’être humain est la proie de trois maladies chroniques et inguérissables; le besoin de nourriture, le besoin de sommeil et le besoin d’égards”. A son égard, j’ajouterai le besoin de boire de bon vin et avoir de vieux amis, même si avec de bons amis et de vieux vin, ça marche aussi…, pas que j’adore le vin, le pinard, le jaja, le pif, le gingin, le ginglard, le rouquin, le pichtegorne…, non, c’est un prétexte pour m’envoyer un coup de tutu, qu’il soit français, Italien, Suisse, Australien…, mais de grâce, qu’il soit bon et accompagné de l’épaule et des seins avenants d’une amie… et/ou de bel agneau rôti.
C’est bien plus qu’une passion, bien plus qu’une collection de timbres ou de nains de jardin, c’est mon quotidien, mon mode de fonctionnement, c’est un truc qui est en moi et qui n’en sortira pas, ou alors en liquide (un vache de double-sens, piting, je jouis)… Dégoupiller de la quille de concours, sans trop intellectualiser, en cherchant la bonne face, on en faisant, non pas du faisan, mais un commentaire le plus objectif possible, avec une pincée de vitriol pour les bêtises qui m’ennuient comme un jour sans rosé-pamplemousse.
La France est un putain de beau pays, une belle boule dont le vin n’est qu’une des facettes, c’est le pays du fromage qui pue, des agneaux fondants, des siestes crapuleuses qui finissent en véritable sieste et qui noircissent le Quercy (private joke), c’est le pays de l’amitié, celui de la liberté de boire du vin et de s’envoyer en l’air, de fumer des cigares, de brailler et de rire de tout. Un pays où on a la liberté de boire 18 bouteilles, de manger des fayots extraordinaires, la veille d’un rendez-vous galant, de trouver son plaisir dans un ananas rôti au four, caramélisé…
Sister Morphine arrive doucement, merci Olivier (Olivier Frappa est un ami épicier qui me fournit en vins fins et en pizzas fines, elles aussi), merci, merci, pour le superbe Corton que tu m’as offert pour que je ne cite plus ton nom dans mes chroniques…
Merci pour ce Châteauneuf plus bourguignon que nature, merci pour cette vieille dame de Santenay, et cette portugaise qui a fait le ménage…, merci aussi pour ce Trasnocho un peu macho et cette crème de tête ’49, année de ma naissance.
Il n’y avait aucune couille dans le potage, juste une belle et grande soirée d’amitié que tu m’as offert…, ma grand-mère, comme toutes les grand-mères, disait qu’il faut nourrir ceux qu’on aime parce que nourrir c’est un acte d’amour…
En revanche, ce n’est toujours pas une excuse pour boire du Bordeaux… @ pluche…