En 1975, Roger Corman, le producteur spécialisé dans le fantastique et les petits budgets, qui a notamment lancé la carrière de plusieurs pointures comme Jack Nicholson, met en boîte avec le réalisateur Paul Bartel, le film : “Death Race 2000“, intitulé en France : “La course à la mort de l’an 2000“, puis : “Les seigneurs de la route“, en vidéo.
Le scénario ?
Débile…
Un futur incertain…, c’est la vingtième édition de la course trans-continentale américaine…, un jeu monstrueusement violent qui monopolise les foules, le tout cautionné par le gouvernement et le président.
Le but du jeu consiste à traverser le pays dans des voitures de course…, mais le fait d’arriver en tête n’est pas le seul objectif, il faut marquer des points… en écrasant des gens !
Le favori de l’épreuve se surnomme “Frankenstein” ( David Carradine ), à cause de ses multiples blessures infligées lors des précédentes courses.
Habillé en noir et portant un masque, Frankenstein a déjà remporté deux fois la Trans-Continentale… et ses fans sont hystériques.
Son principal rival, c’est le fou furieux “Mitraillette Joe Viterbo” ( Sylvester Stallone ), un pilote aussi habile que débile…
Autour d’eux, trois autres conducteurs bien ramassés, dont deux femmes (eh oui !) !
L’une des deux gazelles est d’ailleurs folle du nazisme, porte un casque et conduit une voiture illustrant bien sa passion…
La course démarre, commentée par un journaliste aussi hystérique que les spectateurs.
Mais une résistance ( française ! ) s’est organisée… et compte saboter la course en disposant des pièges sur la route et en attirant les pilotes avec des fausses cibles.
Annie, la co-pilote de Frankenstein, est la petite-fille de la fondatrice du mouvement de résistance… et compte bien nuire à Frankenstein.
Mais c’est sans compter sur la bravoure et le charisme de ce héros national gag !), qui est finalement loin d’être aussi azimuté qu’on pourrait le penser… et qui compte, à sa façon, régler les problèmes avec la société américaine…
“Death Race 2000” est un film mélangeant habilement science-fiction et action, mais reste surtout une oeuvre culte, de par sa critique acerbe de la société, de la politique, et principalement des médias.
En effet, rarement un film n’aura été aussi loin dans la critique du système médiatique ( principalement télévisuel )… et n’aura provoqué autant d’humour noir, par une description volontairement exagérée de cette société du futur ( mais pas si éloignée que ça de la réalité, surtout quand on pense aux “Reality-Shows” actuels ).
En effet, la fameuse course Trans-Continentale est l’hymne au meurtre et à la violence gratuite, le tout soutenu par le président himself !
Les règles du jeu sont édifiantes : plus les victimes écrasées sont jeunes ou vieilles, plus le pilote marque de points !
Le déroulement de la course est commenté par un trio de présentateurs tous plus tête-à-claques les uns que les autres : le jeune aux lunettes qui s’excite comme un fou en voyant les concurrents marquer des points, la grosse rombière qui fait du style glamour alors qu’elle est du genre périmée… et le vieux inexpressif qui semble être là depuis la nuit des temps…
A ce niveau, les dialogues sont d’une efficacité à toute épreuve… et ne peuvent que vous faire éclater d’un rire qui vire vers le jaune…
Quelques exemples :
– Il l’a fait ! Il l’a enfin fait ! Un joli hit ! Et la cible n’a pas souffert ! Dommage qu’il n’a eu que 38 ans, il suffisait de 2 ans de plus et il pouvait marquer trois fois plus de points ! Mais encore une fois, Joe Viterbo réussit l’exploit de marquer des points le premier !
– Et voici Frankenstein, qui a perdu un bras en 98, une jambe en 99, avec la moitié d’un visage, la moitié d’une poitrine, mais toutes ses tripes !
– Et la voici, cette fameuse admiratrice de la croix gammée ! Mathilda Attila, et son fameux co-pilote nazi, le renard allemand !
Plusieurs séquences atteignent une folie dévastatrice.
Alors que Joe Viterbo s’est égaré sur une vieille route qui finit en cul-de-sac, il tombe sur un pêcheur, qui lui dit avec entrain : “Oh, mais c’est vous le fameux pilote, j’ai suivi toutes vos performances, vous savez, ( à ce moment Stallone montre un air satisfait, lui qui déteste Frankenstein au plus haut point ), j’ai des tas de photos de vous dans les toilettes, et j’ai même donné votre nom à mon chien, monsieur Frankenstein !“.
Pas très content, Stallone lâche un : “Il va te coûter cher ton sens de l’humour, il te reste deux secondes à vivre !“.
Et il se met à poursuivre le gus dans la rivière en voiture, gus qui d’ailleurs ne lâche pas ses poissons, avant d’être écrabouillé dans un splendide bruitage !
Niveau interprétation, on retrouve David Carradine, dans l’un de ses meilleurs rôles (gag !).
Quant à Sylvester Stallone, il est encore débutant… et compose un rôle de méchant particulièrement réussi et jouissif !
Mary Woronov, Simone Griffeth, Roberta Collins et Martin Kove, figures habituelles du genre, sont aussi de la partie.
Avec un tout petit budget, le film réussit néanmoins le pari de mettre en scène une course de près de 80 minutes, avec une série de véhicules customisés tous plus délirants les uns que les autres, dont une Chevrolet Corvette transformée en reptile, mais aussi une Fiat, une Volkswagen, une Ford et deux Manta !
Explosions, victimes écrasées avec effets gores à l’appui ( dont une magnifique tête éclatée ! ), les voitures “tunées” traversent les étapes avec entrain, nous conviant à un spectacle qui a certes vieilli, mais qui reste néanmoins formidablement efficace.
Paul Bartel ( qui fait une petite apparition dans le film, comme John Landis ), réalisera un an plus tard “Cannonball“, reprenant David Carradine et le thème de la course Trans-Continentale, mais zappant la critique de la société et l’aspect futuriste.
Cependant, “Cannonball” reste un spectacle distrayant et parsemé de folles poursuites.
“Death Race”, le remake du film réalisé récemment par Paul Anderson, avec Jason Statham, ne conserve pas cet aspect acerbe et critique, pour ne garder que le côté spectaculaire de l’aventure, ce qui est dommage.
A noter que le film original existe en plusieurs éditions DVD, dont une disponible en bac promotionnel à 3 euros…
Le DVD édité par “Opening” chez “Mad Movies” vient de ressortir sous un nouveau “jaquettage“, pour profiter de la sortie DVD du remake.
Frankenstein et sa Chevrolet Corvette Custom !
La Fiat 850 Spider Custom, pilotée par Martin Kove.