Le cinéma, quel cinéma !
D’une part, l’endroit en lui-même m’ennuie parce qu’à notre époque, je trouve grotesque d’aller dans un de ces lieux collectifs, regarder un film, alors qu’on peut le mater tranquillement chez soi sur son plasma avec un son 6.1.
Quel intérêt dès lors de se farcir une misérable promiscuité, alors que chez soi, si on a une petite envie de pisser, il suffit de mettre sur pause !
De plus, le cinéma est cher, alors que télécharger c’est gratuit (merde, les mecs du FBI ont supprimé Mégauplaud), ou qu’au pire le DVD finira forcément soldé à 9,90€ un jour ou l’autre.
Comme je suis patient et terriblement pingre, moi j’attends toujours le DVD à 9,90€, que je peux même parfois avoir gratos chez mon pote Patrick !
Enfin au risque de choquer, je ne suis pas certain que le cinéma soit un art.
C’est sympa et parfois fort bien fait mais de là à crier au génie, pffffff, c’est n’importe quoi !
Le cinéma, c’est comme la BD, c’est mignon et ça passe le temps, mais ça n’est pas de l’art.
Je me f… que vous puissiez penser le contraire, voire que vous disposiez d’arguments, c’est comme ça, j’ai décidé que le ciné et la BD n’étaient pas de l’art mais de simples distractions !
Ma muse qui adore le cinéma et est “cinéphile”, n’est pas d’accord avec moi, mais elle a tort, et elle ne sait pas qu’elle a tort.
Mais un jour, elle (re)viendra pantelante pour que je lui pardonne d’avoir pu penser que le cinéma était de l’art.
Et je la pardonnerai bien volontiers car tout le monde peut se tromper!
Donc hier soir, parce que tout le monde me disait que c’était bien, je suis allé voir “A dangerous method”, un film de Cronenberg adapté d’une pièce de théâtre de Christopher Hampton, qui narre la rencontre de Carl Gustav Jung avec une jeune patiente souffrant d’hystérie, Sabina Spielrein (l’une des premières femmes psychanalystes), et ses nombreux entretiens, avant la discorde, avec Sigmund Freud.
Le scénario, bavard, apparemment linéaire, a toutefois quelque chose de désordonné et de rigide en même temps.
Corseté par trois tonnes d’aimables causeries et une temporalité en coup de vent prônant la synthèse à tout prix (les ellipses sont nombreuses), Cronenberg a eu du mal à y offrir autre chose que le prix du ticket en échange d’un beau travail dont la chair est triste et le propos survolé.
Mon dieu que c’était chiant !
J’aurais du me méfier !
Déjà que je suis un des rares à n’avoir pas vu “Amélie Poulain”, “Le grand bleu”, et “Titanic”, il faut aujourd’hui que je tombe dans le panneau en allant voir cette daube.
Finalement, je me rêvais libre et je me suis fait baiser comme les autres !
Ca m’apprendra à jouer les malins tiens !
Déjà, le cinéma était merdique.
Assis à l’étroit sur un fauteuil dur, j’ai attendu près de trois quarts d’heure avant de mater le film.
Bandes annonces pour des films que je n’irai pas voir et publicités pour des produits que je n’achèterai pas, se sont succèdé.
Et en plus, j’avais très envie de faire pipi, ce qui est dérangeant.
Sincèrement, ce n’est pas idéal pour mater un film relax !
Au moins, chez moi, j’aurai pu prendre un de mes bon livres, tel Consolations de la philosophie de Boèce, un magnifique ouvrage en édition justalignaire, c’est à dire une édition latin-français
Depuis que je suis obligé de me balader seul dans mes rêves, fréquentant les grands cimetières sous la lune, et que je récite l’Ecclésiaste…, rien ne m’atteint plus !
Le monde ne sera jamais aussi méchant à mon encontre qu’il le fut à l’encontre de Boèce, du moins je l’espère.
S’il en s’est tiré, pas de raisons que je sois plus con que lui, je suivrai sa recette !
Mais revenons au film : il y avait pourtant là motif à intéresser Cronenberg : affres de l’âme et du corps, pulsion de mort, névroses, sexe destructeur…, c’est ce dont, finalement, il a toujours discouru (depuis ses débuts avec Stereo), mais d’une façon moins apprêtée et moins sage qu’ici.
À voir, par exemple, comment Jan Kounen a composé avec l’académisme certain d’un film à costumes en proposant une œuvre charnelle et moderne (c’était son très réussi Coco Chanel & Igor Stravinsky), on se dit que Cronenberg aurait pu faire davantage d’efforts sur ce coup.
Il filme ses personnages sans leur prêter d’aura, réduits à des silhouettes de tableaux soignés et sans jamais parvenir non plus à créer d’interactions concrètes entre elles, bien que le film parle avant tout de transferts, de relations complexes (Jung et Sabina, Sabina et Freud, Freud et Jung, Jung et Gross) et de dualité permanente (monogamie/adultère, raison/folie, faits/coïncidences).
Cronenberg cherche à se réinventer (c’est tout à son honneur) et il l’avait brillamment réussi à l’époque de Faux-semblants, film pivot de sa carrière (ironie du détail : l’affiche de A dangerous method rappelle beaucoup celle de Faux-semblants).
Mais de celui-là, on retiendra surtout la sensation d’un échec global, thématique et d’un cinéaste devenu vieux monsieur respectable courant les festivals mondains.
Vous l’aurez compris, c’est une daube, une escroquerie… et ça fleure à plein nez le politiquement correct.
J’y ai senti la patte discrète de la “propagandastaffel” dans ce film et une voix off m’a dit que j’étais parano et que je voyais des complots partout !
Mais non, je le sais, je ne me trompe pas, je vois les signes moi !!
En bref, je me suis bien fait chier… et je me suis promis que je n’irai plus seul au cinéma si c’est pour mater une daube en faisant des pets discrets, je n’en vois pas la peine.
Ca, je peux le faire chez moi tranquillement en matant “Ted Vernon” sur Discovery Channel ou un nanar sur la TNT, genre “Les ninjas attaquent”.
Ce qui veut dire, qu’en fait, j’y retournerai sans doute dans deux ou trois ans, puisqu’au delà de ce laps de temps raisonnable, je n’ai plus d’excuses bidons à opposer pour ne pas retourner au cinéma !
Il y a fort longtemps déjà (Mathusalem sans doute, ou alors le Crétacé), David Cronenberg fut un grand metteur en scène à l’univers tordu et prophétique (Frissons, Vidéodrome, Crash) dont les obsessions et fulgurances visuelles s’inscrivaient loin de celles d’un cinéma de genre plus courant.
Et même quand il s’essaya à l’adaptation littéraire (Dead zone, Faux-semblants, Le festin nu), ce fut toujours avec intelligence et inspiration, parvenant à magnifier le simple matériau de base.
Depuis Spider (et même depuis eXistenZ), Cronenberg perd pied en livrant des films qui ont tout perdu de leur puissance viscérale (A history of violence était un relatif sursaut créatif), de leur caractère si troublant et si virtuose.
C’était ma chronique cinéma !
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