Madness, Madness !
La mise en scène en 1956 du film “Le Pont de la rivière Kwai” est l’adaptation du roman éponyme de Pierre Boulle (écrivain francais) publié en 1956, l’un des plus grands succès de tous les temps !
Sept Oscars pour un film qui aura marqué toute une génération par la musique de la célèbre marche du Colonel Bogey (musique sifflée par les soldats britaniques)… et le pont de la rivière Kwai (le vrai, en Thailande reste toujours un objet de vénération et de curiosité pour les touristes, à cause du film)…
C’est en apprenant à faire sauter les ponts durant la guerre d’Indochine que cet ancien ingénieur agronome imagina son roman.
Edité en 1952, “Le Pont de la Rivière Kwaï” a été adapté par David Lean, (Pierre Boulle a aussi contribué au renouveau de la science-fiction française avec, entre autre, La Planète des Singes (un livre dont Hollywood ne tardera pas non plus à s’emparer), il connaitra d’emblée un succès retentissant dans le genre, car “Le Pont de la rivière Kwai” est un grand film de guerre, avec Alec Guiness, William Holden, Jack Hawkins et Sessue Hayakawa, qui sont les principaux interprètes de ce film…
En 1943, en Thaïlande, le colonel anglais Nicholson (Alec Guiness) et ses hommes sont faits prisonniers par l’armée japonaise.
Le scénario résumé…
Ils sont transférés dans un camp commandé par le colonel Saïto (Sessue Hayakawa).
Ce dernier décide de construire un pont au dessus de la rivière Kwaï pour assurer la liaison entre Bangkok et Rangoon.
Le colonel anglais s’y oppose fermement et est enfermé afin d’être rendu docile.
Les prisonniers de guerre alliés finissent par construire un pont pour le compte des Japonais !
Ils oeuvrent dans des conditions effroyables, durant des mois, accablés par la chaleur, les moustiques, les maladies !
Il y a des morts par milliers, rien que pour permettre à l’ennemi Japonais d’acheminer munitions et matériel militaire à travers le Sud-Est asiatique, jusqu’en Birmanie…
Des anglais courageux menés par un officier américain (William Holden) décident alors, eux-même, de sacrifier cet ouvrage en le faisant sauter au passage du premier train de ravitaillement, réduisant ainsi à néant tous les efforts des prisonniers et des officiers…
Une métaphore de la vanité de l’existence ?
David Lean et le producteur Sam Spiegel se sont révélé être de véritables perfectionistes en tournant, non pas en studio, mais dans le cadre le plus proche possible de l’univers du roman, dans la jungle !
Mais surtout le pont, ce fameux pont qui donna le titre à son film, sera entièrement construit, sa réalisation au Skri-Lanka néccéssitera huit mois de travail, 1500 arbres abattus dans la jungle débités en poutres, transportés par quarante-huit éléphants jusqu’au site de construction, enfoncés dans le sol pour donner corps au plus imposant ouvrage jamais réalisé au Sri-Lanka et coûtera 250.000 dollars de l’époque…, pour finalement être dynamité en un final retentissant une semaine tout juste après son achèvement…
Un superbe édifice parti pour une scène de trente secondes au cours de laquelle 1.000 tonnes de dynamite pulvérisaient le pont au moment où une locomotive tirant six wagons s’y engageait…
Le train avait été acheté au gouvernement sri-lankais qui l’avait acheté lui même à un maharadjah indien.
Le train venait d’achever une carrière de soixante-cinq ans de bons et loyaux services, il fut restauré avec soin…
Un kilomètre et demi de voies ferrées fut posé pour amener le train au pont, les experts des Industries Chimiques Impériales, spécialement venus d’Angleterre, firent sauter le pont et le train, les réduisant en pièces, devant les objectifs de six caméras Cinémascope et Technicolor…
Tout devait parfaitement fonctionner car il ne pouvait y avoir de seconde prise.
Un pont et un train en modèle réduit auraient suffi, grâce à un trucage, pour un coût et un travail bien moins important.
Mais le producteur voulait apporter “le sceau de l’authenticité”…
De même, pour l’équipe, “Le Pont de la Rivière Kwai” fut une aventure, avec son lot d’épreuves, voire de drames. L’assistant réalisateur, John Kerrison, fut tué dans un accident de circulation.
Pour les Sri Lankais, voir ces aventures à l’écran était presque moins excitant que suivre les aventures d’une équipe de cinéma évoluant autour d’eux…
Un maquilleur fut sérieusement blessé dans ce même accident.
L’état des routes fut également à l’origine de l’accident de moto dont fut victime un caméraman.
De nombreux figurants, au garde à vous dans le camp de prisonniers, furent assommés par la chaleur et souffrirent même d’insolation…
Un cascadeur, nageant dans les rapides de la rivière, échappa de peu à la noyade dans les courants violents.
Deux hommes qui essayaient de le récupérer durent également être secourus.
Insistant pour nager dans ces mêmes rapides au lieu de laisser faire les cascadeurs, William Holden et Geoffrey Horne effectuèrent une scène dangereuse qui se déroula sans encombre mais dont Horne ressortit avec de profondes coupures sur les jambes…
Certains prirent du bois d’œuvre et s’en servirent pour construire des clôtures et des hangars, les ferrailleurs s’intéressèrent à ce qu’il restait du train et le courant de la rivière se chargea du reste…
A Kitulgala, après la destruction du pont, les chasseurs de souvenirs envahirent les décombres.
Quant aux villageois, on dit qu’ils sont encore nombreux à se rendre sur le site pour le contempler, ils regardent le décor et ne comprennent toujours pas pourquoi après avoir fait construire un pont, on l’a détruit…, ni pourquoi après avoir tracé une route sur une colline, on l’a abandonnée…
Dans son ambition, le réalisateur et le producteur auront vu juste, puisque le film remportera sept Oscars dont un Oscar du meilleur rôle en 1958 et un Godlen Globe pour Alec Guiness !
Un rôle parfait pour cet acteur aux mille visages, dont on peut se souvenir de lui dans le chef-d’oeuvre “Lawrence d’Arabie” ou il interprêta un prince du désert, le Prince Faycal et dans le magnifique “Docteur Jivago” où il incarnait le demi-frère du médecin et poète..)
Si le roman dénonce les conditions de détention tragique des prisonniers de guerre alliés pendant la deuxième guerre mondiale et la tragique construction de la voie de chemin fer raillant la Thailande et la Birmanie qui coûtera la vie à plusieurs milliers d’hommes, le film, lui s’attache à mettre en évidence l’absurdité de la guerre, mais plus précisément, le pont de la rivière Kwai, dénoncant l’absurdité du vieux monde…, symbolisé par la lutte fatale de deux vieux empires personnifiés, l’un par le Colonel Saito (pervers et borné) pour l’Empire japonais, l’autre par le colonel Nicholson (stupide et en même temps héroique), symbole de l’Empire britanique…
Saito et Nicholson sont comme bien des couples bons/méchants, les deux faces d’une même personne, le modèle d’officier exemplaire et inflexible pour qui la gloire et l’honneur de la patrie valent tous les sacrifices…
“On va donner à ses sauvages une leçon occidentale”… cette phrase prend une toute autre dimenssion en s’enfermant dans le piège des certitudes…
Pas d’histoires d’amour, seul William Holden embrassera une américaine blonde et fade, on peut y voir, pour les sentimental(e)s un début de romance entre les jolies asiatiques et les soldats…
L’atmosphère dans le camp japonais est des plus tendue, elle est accentuée par les plans serrés sur les protagonistes qui se font de plus en plus oppressant… Elle est aussi accentuée par la chaleur qui fatigue les protagonistes et crée de la sueur sur les visages déjà sous tension…
Signée par un des plus grands cinéastes britanniques, David Lean ( Lawrence D’Arabie, Le Docteur Jivago, La Fille De Ryan)…, reçu de gros moyens pour mettre en scène son film et pu ainsi créer des décors conséquents comme le magnifique pont… Tout cela, pour créer une image majestueuse avec des décors florissants absolument extraordinaires donnant beaucoup d’exotisme à la photographie dominée par le vert et le jaune…
Dans le format Scope, l’image rend parfaitement et n’a pas pris une ride, les scènes extraordinaires s’enchaînent entre les défilés militaires sous les airs de la musique devenue une des plus mythiques du cinéma (signée Malcolm Arnold), la construction et la destruction du pont, ainsi que le train…Ces dernières sont devenues des passages cultes du septième art…
Pour la beauté visuelle du film, Lean utilisera une de ses techniques qu’il adore, la contemplation avec des plans larges magnifiés par la grandeur du cinémascope qui donne une grande profondeur à la jungle birmane.
Il utilisera aussi de nombreux travellings et plans séquences latéraux majestueux augmentent la beauté de l’image, une réalisation à la fois de toute beauté mais aussi très puissante…
A voir ou à revoir !
Folie, folie…
Lorenza
Mythe ou réalité ?
Le fameux pont de la rivière Kwai du film n’a pas été recopié du véritable pont…, il s’agit d’un pont de chemin de fer dans la région de Kanchanaburi, qui fut construit dans des conditions atroces par les prisonniers des japonais lors de la seconde guerre mondiale.
Sauf que ce ne sont pas ces prisonniers qui ont saboté leur ouvrage mais l’aviation américaine, informée de cette construction stratégique par la résistance thaïe…
Il y a bien eu des prisonniers de guerre alliés pour le construire et il y a bien eu des milliers de morts pour y parvenir…
Le mythe était devenu réalité…
Rouge sang !
En Cinémascope…ou après le clap, les héros se relèvent…
Le pont de la rivière Kwai, en réalité, aujourd’hui, pour des milliers de touristes…
De chaque coté du pont actuel, ont été placées des plaques commémoratives en souvenir des sacrifiés…