Lollywood, Pollywood, Kariwood…, le cinéma Pakistanais révélé !
Ma découverte de Lollywood a été un véritable choc comparable à une monumentale beigne que je me se serais mangé sur le milieu de le tronche.
L’avant-gardisme de ce cinéma, le surjeu des acteurs, l’exacerbation de la violence et des sentiments ainsi que la mauvaise qualité des films : tout était réuni pour que je préfère aller me masturber au dernier rang, me transportant ainsi dans un monde parallèle bien loin des conventions généralement admises.
Et pour cause, sa forme assez similaire à celle de Bollywood, en plus rudimentaire, rend la production ciné Pakistanaise difficilement exportable sur le territoire européen, jugé trop raffiné pour ce genre d’œuvres, sauf auprès des Night-shops tenus par des Pakistanais hirsutes…
Après avoir visionné quelques films made in Lahore (Lollywood), Peshawar (Pollywood) ou Karachi (Kariwood)…, des joyaux bruts nommés Haseena Atom Bomb ou International Guerillas, j’ai découvert, hébété, le pénis en sang et les testicules en marmelade que le cinéma Pakistanais était avant tout un Ode aux héros locaux…, des héros avec un grand H, virils, violents et bedonnants, capables de venger les Pakistannais opprimés par le Grand Satan Américain et vendu à Bush et Obama en attendant pire encore…, une contre-Kulture locale à l’inverse des héros aseptisés des blockbusters hollywoodiens, trop minces et payés par l’association planétaire des chirurgiens dentaires subventionnés par les fabricants d’implants et prothèses “piano”…
Attention, loin de moi l’idée de me montrer insultant avec cette industrie !
Sultan Rahi, la vedette incontestée et incontestable du cinéma Pakistanais (de son vrai nom Sultan Muhammad), est né en 1938 d’une famille d’immigrés de l’Uttar Pradesh (région du nord-Est de l’Inde) et installée à Rawalpindi, au Pendjab.
Sultan commence sa carrière d’acteur non pas au cinéma mais sur les vraies planches pourries d’un théâtre abandonné ou il surjoue quelques pièces dramatiques (ce qui expliquera par la suite la théâtralité outrancière de son jeu) que quasi personne ne va voir…
Il intégrera ensuite le 7ème art via de petits rôles, en commençant par faire de la figuration sur le film Baghi.
Si les années ’60 ne lui réservent encore que des seconds rôles indignes de son talent, il commence peu à peu à se faire connaître du public, en jouant dans un premier temps des rôles de méchants, puis en campant enfin, à partir du début des années ’70, des rôles de héros .
C’est finalement en 1972 que sa carrière prend une tournure décisive, avec pas moins de trois films tenant le haut de l’affiche durant plusieurs mois, ou il parvient enfin à gagner de quoi survivre (avant on ne sait pas s’il y arrivait vraiment)…
La légende est en marche…
En 1979, Maula Jatt, considéré comme le film Pakistanais le plus populaire de tous les temps, impose définitivement son personnage interchangeable d’un film à un autre, de redresseur de torts incorruptible et protecteur des opprimés.
Le succès de ce western paki est immédiat, engendrant un assez grand nombre de séquelles (dont “Maula Jatt à Londres” !), ce qui en fait la première franchise de l’histoire de Lollywood.
Maula Jatt, l’équivalent paki d’Autant en emporte le vent. Un peu plus ciblé pour les mecs quand même…
Maula Jatt à Londres ! Le sosie de Lou Depprijk du groupe Lou and The Hollywood Banana’s
Son physique de Pakistanais moyen, idéal pour l’identification du spectateur local… et sa capacité à déclamer de longues tirades shakespeariennes avant chaque combat, en feront l’acteur le plus apprécié de l’ancienne partie islamique de l’Inde.
Il est même cité dans le Livre Guinness des records comme l’un des comédiens les plus prolifiques de l’histoire du cinéma mondial.
Sultan Rahi, un patriote, un vrai !
Sultan détient l’arme absolue pour bouter les Américains hors du Pakistan….
Les années ’80 seront les années de la consécration, qui verront le justicier de Karachi enchaîner les succès au box office Pakistanais, tels Sher Kanh…, Chan Veryam… et même un certain The Godfather Kanh dont Coppola se serait, paraît-il, honteusement inspiré pour mettre en scène une obscure trilogie.
On le voit dans des productions de plus en plus improbables, comme l’inqualifiable Hitlar, dans lequel il affronte le fils du Führer, ou bien Janbaaz, deux perles chroniquées en ces lieux.
Dans les années ’90, tandis que toutes les industries de cinéma populaire du monde s’écroulent les unes après les autres, Lollywood résiste tant bien que mal et Sultan continue de tourner régulièrement.
Pourtant, le 9 Janvier 1996, alors qu’il est âgé de 58 ans et qu’on lui promet encore de nombreux rôles de jeune premier, Sultan Rahi commence l’année très abattu.
En effet, c’est au volant de sa voiture, roulant tranquillement sur la Grand Trunk Road (route permettant de rejoindre Lahore et Islamabad), qu’il est tué à bout portant.
Selon le rapport de police, Sultan aurait été assassiné par deux tueurs non identifiés alors qu’il changeait la roue de son véhicule.
Une affaire un peu trouble qui n’a jamais été résolue (quoique l’indice principal était qu’on avait volé la roue de secours et les outils)… et a vu le Pakistan, en ce jour funeste, perdre un de ses plus grands héros populaires.
Aujourd’hui d’autres têtes d’affiche telles que Dari Shaan lui ont succédé, mais personne n’a encore atteint la notoriété de Sultan Rahi qui, mort dans des circonstances on ne peut plus tragiques renforçant son aura de star, reste une icône indétrônable.
En tout cas, ce lascar aura tourné dans pas moins de 700 films, dont au moins 500 en tant que vedette entre 1972 et 1995, ce qui force le respect !
Sultan Rahi et Anjuman, elle aussi vedette du cinéma pakistanais.
Tous deux tournèrent de nombreux films ensemble dans les années 70 et 80 (dont Hitlar et Janbaaz).
L’idée de faire un remake tiers-mondiste de The Expendables avec Sultan Rahi, Barry Prima, Cüneyt Arkin, Weng Weng, Alphonse Beni, formant un commando pour attaquer la Maison Blanche, le Pentagone et les tours du Word Trade Center a toutefois été utilisée par une autre personne… et est restée très compromise.
Dommage, l’avenir du monde eut été autre…