Mes pollutions nocturnes avec Michael Jackson…
Je me souviens, c’était il y a une quinzaine d’années.
J’avais abordé, dans une conversation de fin de soirée, les cas réciproques d’Elvis Presley et de Michael Jackson.
Sans doute était-ce peu après le mariage de ce dernier avec Lise Marie Presley.
Mon ami faisait un parallèle entre la fin de carrière d’Elvis avec la fin de carrière annoncée de Michael Jackson, dont les multiples opérations faciales pouvaient être comparées au costume blanc chatoyant et kitschissime de son prestigieux beau-père.
Dans les deux cas, on repérait la même dérive mégalomane qui confinait au ridicule, le même désir de se modifier, de se transformer pour mieux incarner un mythe.
Dans les deux cas, ces artistes au summum de leur carrière se trouvaient mêlés à une histoire de pédophilie (On a tendance à l’occulter depuis, mais Elvis Presley avait défrayé la chronique quelques années avant sa mort pour une sordide histoire avec des gamines de 12 ans).
Cette nuit-là, au cours de notre discussion, j’étais allé plus loin dans cette comparaison en affirmant qu’il y avait des chances que les deux stars partagent un même destin final.
Michael Jackson est quelqu’un que l’on n’imaginait pas vieillir, et lui-même ne devait pas se projeter non plus en patriarche aux cheveux blancs.
Et je me rappelle très nettement avoir dit que j’étais certain qu’on le retrouverait un jour mort dans sa propriété du Neverland, victime d’un mauvais mélange de médicaments, et peut-être même le pantalon sur les chevilles comme son glorieux aîné (Ca aussi, on l’oublie quelque peu, mais le cœur d’Elvis a lâché suite à des efforts dus à une constipation un peu intense).
Quinze ans plus tard, à quelques détails près, je me trouve soudain pris en flagrant délit de clairvoyance.
Et même si tout ça ne me rend pas spécialement joyeux, je trouve que selon cette bonne vieille loi selon laquelle les morts sont toujours des braves types, on a tendance à prêter à Michael Jackson une réputation et une carrière qu’il était loin d’avoir, tout en misant sur une postérité qui me semble tout autant discutable.
Bref, face à tous ces gens qui hurlent au génie, peut-être n’est-il pas inutile de remettre les pendules à l’heure.
A la bonne soupe…
Michael Jackson était avant tout un faiseur de soupe, inutile de s’en cacher.
Celui qu’on dépeint soi-disant comme l’homme qui a fait rentrer la musique noire dans les foyers des blancs a en fait connu le succès à partir du moment où il a précisément cessé de faire de la musique noire.
Il faut savoir que le premier tube de Michael Jackson, Don’t Stop Til You Get Enough (1979) est extrait de son sixième album studio, les cinq précédents étant purement des albums funk/soul n’ayant connu qu’un succès d’estime.
Il faut tout de même être conscient que la première musique noire à être entrée dans les foyers des blancs, c’est le jazz.
Après cela, c’est le rock’n’roll de Chuck Berry ou les chansons de soul music des Supremes, le premier groupe de Diana Ross, qui ont fait l’unanimité chez la population blanche des Etats-Unis, puis du monde entier.
On pourra à la rigueur reconnaître aux Jackson 5 le fait d’avoir touché une certaine jeunesse blanche, et encore, en tablant sur une image très caricaturale des Noirs, strictement obligatoire à l’époque.
Il fallait avoir l’air gentil, chanter des chansons positives et ensoleillées, et si en plus on avait comme interprètes des enfants ou des adolescents, c’était encore mieux, car ils attisaient généralement moins la haine raciste que les adultes.
Vous trouvez que c’était une politique ignoble, typique des Etats-Unis ?
Rassurez-vous, en France, on ne faisait pas mieux.
Rappelez-vous les pitreries d’Henri Salvador ou même, apparus avant les Jackson 5 et jouant sur le même concept de groupe vocal familial, nous avions déniché Les Surfs, qui connurent une carrière fulgurante dans les années 1963-1965 en adaptant en français des standards du rock américain.
A cette époque, partout dans le monde, être Noir et célèbre nécessitait soit d’être un comique un peu débile, soit de prolonger une vision coloniale occidentale façon “Banania”, ce qui constituait pour ceux qui entraient dans l’élite artistique une façon de se faire pardonner d’être Noir.
En ce sens, les Jackson 5 ont poussé à l’extrême le succès de ce genre de formation, mais ils n’ont rien fait vraiment pour incarner une vision différente du peuple afro-américain.
A l’origine et jusqu’à sa finalité, la famille Jackson s’est toujours conformée à l’image que les Blancs voulaient avoir des Noirs.
Il n’y a jamais eu chez eux le moindre souci révolutionnaire ou militant.
En faire aujourd’hui des fers de lance de la cause noire serait une totale hypocrisie, voire du pur révisionnisme.
Mais si cela même vaut pour les Jackson 5, on atteint des sommets dans l’opportunisme le plus dénué de scrupules avec la carrière solo de Michael Jackson.
Déjà, après une poignée d’albums sans doute un peu trop dans la lignée de son groupe, Michael Jackson quitta Motown, le mythique label de musiques noires, en 1979 pour signer sur Epic, une succursale de CBS, l’un des plus gros labels de l’époque.
Michael Jackson fut confié à Quincy Jones, qui va lentement le sortir de son personnage enfantin pour en faire un jeune homme moderne des années 80.
Ainsi, Off The Wall, est un album plus orienté disco, accueillant des participations d’artistes ou de musiciens blancs, dont les plus prestigieux seront Paul et Linda Mc Cartney.
Quincy Jones va également rendre un grand service à son protégé en lui permettant de participer, pour la première fois, aux compositions et à la production de ses albums.
Il n’empêche que Michael Jackson n’étant pas le moins du monde musicien, il n’écrira jamais que les mélodies vocales de ses chansons, laissant à des armées de producteurs aguerris, le soin d’en tirer des morceaux aboutis.
Enfin, l’album Thriller va amener Michael Jackson à intégrer dans sa musique des sonorités new wave très tendance et une importante touche de rock FM authentiquement blanche.
La présence de Steve Lukather, bassiste du groupe FM TOTO et celle d’Eddie Van Halen, guitariste du groupe hard-rock VAN HALEN va donner une couleur rock totalement dans l’air du temps, mais très éloignée des canons de la musique noire.
Thriller marque le détournement assumé de Michael Jackson de ses origines noires pour s’investir dans un métissage musical commercial et racoleur, qui va néanmoins faire sa fortune.
En ce sens, Michael Jackson est effectivement un pionnier.
Il est le premier à chercher ce métissage dilué dans sa musique, et il ne tardera plus longtemps à l’appliquer à son propre corps.
Michael Jackson est hélas prêt à tous les compromis pour rester l’enfant-star qu’il a été, tout en brisant définitivement avec son image de gentil petit noir souriant.
L’une des stratégies les plus marquantes de ce changement d’image va se traduire par une importante série de clips vidéo où l’ex-enfant roi de la soul va essayer de nous convaincre qu’il est un bad boy de la pire espèce.
Si le clip de Billie Jean reste dans la continuité de l’image quelque peu angélique que donne Michael Jackson, son rôle de conciliateur un peu brutal dans le clip de Beat It, de mort-vivant groovy dans celui de Thriller, puis, pour l’album Bad, le clip voyou, cuir et chaînes de Bad, celui de harceleur sexuel des rues dans The Way You Make Me Feel ou celui encore de parrain mafioso de Smooth Criminal, Michael Jackson n’aura de cesse de vouloir prouver qu’il est un vilain garçon des quartiers chauds, ce à quoi, définitivement, on ne croira jamais.
Difficile de dire encore aujourd’hui qu’est-ce qui amenait chez Michael Jackson, surtout connu pour son message d’amour universel d’une grande niaiserie, à cultiver avec autant de soin des pulsions violentes et morbides qui transparaissent même dans les titres de ses albums et maxis (Thriller, Bad, Dangerous, Blood On The Dance Floor, Ghosts ).
D’aucuns y verront justement une forme d’émancipation, d’affirmation d’une personnalité tourmentée en opposition directe avec la vision coloniale des Blancs occidentaux.
Reste qu’il y avait des moyens plus subtils et plus intelligents d’affirmer sa différence, et qu’en dehors de cela, Michael Jackson ne s’est jamais engagé véritablement dans une forme de militantisme actif, se contentant de parler d’égalité, d’universalité dans des termes aussi flous que viscéralement naïfs.
Paradoxe artistique ?
Stratégie commerciale très personnelle ?
Certes, Michael vient du pays où est né Halloween, et où le fantastique et l’horreur ont une dimension beaucoup plus ludique que pour nous autres, européens.
Il n’empêche, Michael Jackson n’est même pas passé encore sur le billard qu’il est déjà un nœud de paradoxes.
Que reste-t-il aujourd’hui de sa musique ?
Peu de choses, en fait.
Ayant chaque fois, grâce à des armées de producteurs zélés, réalisé des instantanés de chacune des époques qu’il traversait, Michael Jackson possède un répertoire très daté, auquel on trouvera surtout une couleur nostalgique.
Ses albums ont tellement mal vieilli qu’ils sont devenus rétro avant même d’être ringards.
Comme leur interprète, les chansons de Michael Jackson ont surtout valeur de curiosités, de bizarreries de la nature; elles cristallisent avec une telle précision les plus éphémères des modes qu’on en vient à se demander si ces modes ont vraiment existé un jour.
Les âmes simples s’y retrouveront, mais les âmes simples se retrouvent toujours dans à peu près n’importe quoi d’un peu voyant.
De là viendra ce surnom de King of Pop, une appellation qui peut nous surprendre, car le mot pop s’applique, pour nous européens, à une musique entre rock et folk, héritée des Beatles, alors qu’aux Etats-Unis, le terme pop désigne ce que l’on appelle de par chez nous les variétés.
Cela même prouve que Michael Jackson n’était plus perçu par personne comme un chanteur de musique noire, mais comme un chanteur de variétés.
Portrait d’un clown…
Depuis son premier rôle au cinéma, celui de l’épouvantail dans The Wiz en 1978, Michael Jackson va tout faire pour devenir inhumain.
Il est d’ailleurs étonnant que ses talents de danseurs, révérés par tant de fans, n’aient pas mis plus tôt la puce à l’oreille.
La plupart des gestuelles inventées par Michael Jackson sont robotiques, saccadées, mécaniques et inhumaines.
Peu de sensualité dans sa danse, quoi qu’on en dise.
Michael Jackson cherche clairement au travers de cette danse aride à échapper aux contingences terrestres, à fonctionner à l’envers, comme avec son moonwalk, dont personne ne semble avoir mesuré toute la symbolique du fait de reculer tout en ayant l’air d’avancer.
Les imbéciles, avec cette parfaite unité qui leur fait applaudir les phénomènes de foire, n’en finissent pas d’encenser Michael Jackson le danseur, le moonwalker, dont chaque démonstration publique suscitait d’assez incompréhensibles crises d’hystérie.
C’est vers le milieu des années 80 que Michael Jackson découvre l’ivresse du bistouri.
Le début d’une longue série de transformations physiques purement narcissiques et qui l’amèneront à être à la fin de sa vie plus terrifiant sans maquillage que grimé en zombie dans le clip de Thriller.
Jusqu’au bout, Michael Jackson niera cette transformation, se justifiera d’accidents divers ou d’une maladie de peau tenace… et terriblement blanchissante.
A une époque, il sera surnommé Bambi, tant on a l’impression que ses transformations visent à le rapprocher physiquement du personnage de Walt Disney.
Cela n’ira pas jusqu’à se faire implanter des poils roux, mais ce sera limite.
Viendra alors le temps de l’aventure Moonwalker, première marque de mégalomanie galopante.
Ce film, collage de clips vidéos et d’extraits live, reliés entre eux par une improbable histoire de trafic de drogue, fut considéré à sa sortie comme l’une des plus grosses bouses cinématographiques de tous les temps.
Seuls les fans de Michael Jackson y retrouvèrent tout ce qu’ils aimaient.
Moonwalker va néanmoins changer totalement l’image qu’avait Michael Jackson dans les médias.
Pour la première fois, on se gausse du personnage, de sa mégalomanie boursouflée, de son moralisme démagogique et simpliste à l’extrême.
On commence aussi à se rendre compte que Michael Jackson est mentalement atteint, que l’on n’est désormais plus dans la démarche commerciale foireuse, mais dans le caprice de star pathologique.
Michael Jackson va être durant les cinq années suivantes la risée de toutes les personnes ayant un minimum de cervelle.
Très logiquement, son public va se décerveler de plus en plus.
Le succès du clip Black & White, et ses effets numériques inédits à l’époque, va un temps inverser la tendance, mais cela n’empêchera bien évidemment pas les critiques de faire remarquer avec justesse que l’on est mal placé pour encenser l’égalité entre Blancs et Noirs lorsque soi-même on est un Noir qui a dépensé des fortunes pour devenir Blanc.
Michael Jackson vit avec Dangerous ce qui sera son dernier succès commercial.
L’année 1993 marquera le début d’une longue chute qui s’est achevée jeudi dernier.
Laissez venir à moi les petits enfants…
Michael Jackson s’est toujours réclamé un grand enfant, ami des petits enfants.
Jusqu’à l’affaire du petit Jordan Chandler, personne n’avait sérieusement envisagé que Michael Jackson puisse être autre chose que ce qu’il prétendait être.
Peut-être parce qu’il avait été star dès son plus jeune âge, le public avait continué à voir en lui cet enfant prodige qui ne semblait vivre que pour la musique.
Lui-même, en ne s’affichant jamais avec une compagne, n’avait pas laissé soupçonner le fait que sa puberté puisse s’être un jour éveillée.
La question ne se posait pas.
Au pire, comme toute vedette mondiale, il pouvait toujours entretenir une discrétion sans faille sur sa vie privée, ou avoir des liaisons trop instables pour qu’elles puissent sérieusement alimenter les tabloïds.
En 1993, on apprend donc que la luxueuse propriété nommée Neverland que sa fortune lui a permis d’acquérir, sert de théâtre à d’étranges soirées passées en compagnie de jeunes enfants avoisinants.
Dix ans plus tard, Michael Jackson reconnaîtra sans scrupules excessifs dormir en leur compagnie.
Hélas pour lui, le petit Jordan Chandler présentera une toute autre version, parlant de masturbation et de fellations réciproques.
L’enfant donne même une description parfaitement exacte des organes sexuels de Michael Jackson.
Une pensée émue pour les enquêteurs qui ont dû obliger le King Of Pop à baisser son slip pour chercher les sept différences…
Des rumeurs auraient également couru à propos de Macaulay Culkin, héros du film Maman, J’ai Raté l’Avion, et que l’on aperçoit au début du clip de Black & White.
Tout ça a été très rapidement étouffé, mais peut-être n’était-ce dans ce cas que de simples rumeurs.
Michael Jackson clamera son innocence sans faillir, et la payera rubis sur l’ongle.
Par la suite, la Justice californienne changera même un certain nombre de ses règlements, afin de mieux empêcher par des voies légales l’achat de plaignants ou de témoins par un prévenu fortuné.
En 2003, Michael Jackson sera à nouveau accusé par d’abus sexuels sur la personnalité de deux très jeunes adolescents, Gavin Arvizo et son frère.
Les détails sont beaucoup plus croustillants, mais ce sera finalement la mère de ces deux enfants, une habituée des tentatives d’extorsion de fonds par des voies judiciaires, qui fera échouer le procès, son manque de crédibilité et les incohérences de ses témoignages avec ceux de ses enfants faisant naître le doute, d’autant plus qu’elle prétend avoir été elle-même séquestrée à Neverland pendant que ses enfants étaient régulièrement violés, ce qui devient un peu trop grandguignolesque.
De plus, mrs Arvizo est soupçonnée d’avoir été manipulée elle-même par Thomas Sneddon, le juge d’instruction chargé de l’affaire, qui se trouve avoir été aussi celui qui fut contraint de classer l’affaire du petit Jordie Chandler.
Alors Michael Jackson ne serait finalement qu’une victime d’amateurs de gros sous ou d’un juge revanchard ?
Pas certain.
Il est possible que le juge Sneddon ait voulu orchestrer une fausse histoire pour empêcher un homme de se placer impunément au-dessus de la loi.
Méthode plus que discutable, mais intention louable, en tout cas plus digne d’un juge d’instruction que la simple vengeance envers un prévenu qui lui aurait glissé entre les doigts dix ans auparavant.
Pour ma part, je ne pense pas qu’il y ait de fumée sans feu.
Le mariage bidon avec Lise Marie Presley en 1994 (que la fille du King Of Rock elle-même déclara quelques années plus tard ne jamais avoir consommé), plus les deux enfants eus avec Debbie Rowe en 1997 et 1998, tous deux parfaitement blancs et arrachés à leur mère en échange d’une somme colossale et d’une rente à vie de 40.000 $ par mois, montrent en tout cas que Michael Jackson semblait peu se soucier des femmes, et plus se passionner pour les enfants…, à conditions qu’il ne soient pas noirs, cela va de soi…
Qui plus est, nous avons là aussi le portrait d’un homme prêt à dépenser des sommes hallucinantes pour obtenir ce qu’il veut, et sans se poser la question des conséquences ou de la morale…, ce qui est plutôt un trait de caractère récurrent chez les pédophiles.
Toujours est-il que la folie de Michael Jackson arrivera à son point culminant avec la sortie de HIStory, un faux double album, proposant une sorte de best of plus ou moins remixé et un nouvel album à l’imagerie quasiment fasciste, qui brillera par un grand nombre de morceaux aux rythmiques plutôt martiales, dont on retiendra essentiellement le clip ultra-mégalomane de Earth Song et celui encore plus malsain de They Don’t Care About Us.
Pour la première fois, le succès commercial n’est pas au rendez-vous.
Michael Jackson en fait trop, sa mégalomanie est trop apparente, son message moraliste sonne faux et l’esthétique de l’album dérange vraiment.
Même la ballade You Are Not Alone, célébrant prétendument sa love story avec Lise Marie Presley, ne donnera pas le change.
Huit ans plus tard, lors de la sortie d’Invincible, qui se vendra encore moins, Michael Jackson ne trouvera rien d’autre à faire qu’injurier le directeur de son label, responsable selon lui de son échec commercial.
Preuve que le doute et l’assumation de l’échec étaient loin d’être les principales qualités de Michael Jackson.
Personne en tout cas ne peut nier aujourd’hui que celui qui a prétendu si longtemps avoir conservé en lui toute la pureté de l’enfance était finalement tombé dans une perversité qui n’avait plus rien d’innocent.
Penser à Michael Jackson aujourd’hui est aussi malaisé que de regarder son visage de son vivant.
Cette esthétique artificielle et aseptisée qui fit de lui un monstre hideux et inhumain, ne fut-elle appliquée qu’à son corps ?
Difficile à croire…
Peter Pan m’a tuer…
Aujourd’hui, maintenant que les limites de l’âge se sont rappelées définitivement à Michael Jackson, peut-être faut-il ouvrir les yeux sur le syndrome de Peter Pan, cette pathologie mentale considérée guère plus aujourd’hui que comme un tic générationnel et dont Michael Jackson fut à la fois l’initiateur et la première victime tragique.
Refuser l’âge adulte, c’est refuser la réalité même de la vie.
L’enfance est bercée d’imaginaire, et vouloir perpétuer cette enfance, c’est aussi vivre dans l’imaginaire.
Deux dimensions d’imaginaire pèsent lourd face à une réalité qui n’a que faire de nos attentes.
Néanmoins, il faut l’accepter parce qu’il n’y a pas d’autre alternative.
On peut trouver ça injuste, mais l’injustice est une notion purement humaine.
Elle n’existe nulle part ailleurs sur Terre ou dans l’univers.
Le sentiment d’injustice est cependant une vraie qualité, une vraie vertu, il nous pousse à la civilisation.
Mais il ne doit pas se heurter en toute chose avec la réalité.
Être adulte, précisément, c’est apprendre à concilier, c’est faire la paix avec le monde et avec soi-même.
Il est de bon ton en ce moment de pleurer l’enfance brisée de Michael Jackson, et de puiser là l’origine de toutes ses déviances.
Je ne doute pas que l’enfance de Michael Jackson ait été difficile.
Mais à ce qu’il me semble, elle n’a pas été non plus douloureuse.
Être une star à 8 ans, ça a tout de même pas mal d’avantages.
Combien d’entre nous ont eu une enfance heureuse et vivent aujourd’hui une vie qui ne leur convient pas ?
Combien d’entre nous auraient volontiers échangé leur place contre celle de Michael Jackson, quitte à se prendre une discipline de fer et à être Noir dans un pays franchement raciste à l’époque ?
Le destin de Michael Jackson est un destin doré.
C’est lui, et personne d’autre, qui en a fait trois décennies de cauchemar.
Il a regretté amèrement, à plusieurs reprises, le manque d’affection de son père.
Mais l’affection d’un père pèse-t-elle lourd face à la destinée que Michael Jackson a eu ?
Des centaines de millions de gens étaient prêts à lui donner tout l’amour dont il avait manqué.
Parmi ceux qui me lisent, lesquels oseraient dire qu’ils n’auraient pour rien au monde échangé leur propre père, aussi aimant fut-il, contre une jeunesse de bébé star isolé ?
L’enfance est une étape cruciale dans l’existence, mais il ne faut pas en faire autre chose que l’antichambre de la vie.
C’est lorsque l’on sort de l’enfance que la vie commence réellement, que la personnalité se développe, que la sensibilité s’affine.
Se réfugier dans l’enfance, refuser d’en sortir, c’est être un lâche, c’est détester la vie avant même de la connaître.
C’est consacrer son existence au plus indigne des caprices.
Et surtout, en dehors de tout jugement moral, c’est quelque chose qui ne marche pas, qui ne fonctionne pas, et qui vous amène doucement vers la mort.
Michael Jackson vient d’en faire la tragique expérience, et nous devrions tous en tirer une leçon définitive.
Car le trait majeur qui demeurera de Michael Jackson, celui qui effacera à mon sens toute sa postérité, c’est sa terrible inconséquence.
Tout ce qu’il a refusé d’accepter durant toute son existence va éclabousser tous ses proches durant encore de nombreuses années.
Ne nous y trompons pas, le véritable héritage de Michael Jackson, c’est la souffrance.
Un mausolée de boue…
L’arrêt cardiaque de Michael Jackson en cause de ses injections journalières de produits anesthésiants destinés à des opérations chirurgicales a démontré que ce clown grotesque était devenu totalement fou et que son inconscience n’était pas que due àaux anesthésiants…
Son autopsie, a révélé d’affreux détails sur son état de délabrement physique que la famille Jackson a voulu dissimuler.
Les médias, les policiers et la famille du défunt se débattent toujours actuellement au milieu des lambeaux d’une existence fondamentalement basée sur la folie et le mensonge.
Malgré le mal que se donnent les intéressés, les prochaines années vont voir de plus en plus de révélations apparaître sur ce que fut la vraie vie de Michael Jackson.
Pour l’instant, une chape de plomb empèche d’y voir clair afin que les tiroirs-caisses se remplissent de quelques centaines de millions de dollars générés par un ultime spectacle, obscène et nauséeux ou un clone joue le rôle du clown…
Et ça marche…
Je gage, toutefois que toute la boue sordide de son existence secrète va lentement émerger à la lumière et laisser à toutes les générations qui ont grandi sur sa musique un souvenir amer, malaisé, et sans doute un écoeurement irréversible.
Parmi tous les petits garçons qui ont partagé la couche de Michael, il s’en trouvera sans doute un bon nombre qui, parvenus à l’âge adulte, auront besoin de raconter ce qui s’est passé.
Les propres enfants de Michael, parvenus eux-mêmes à l’adolescence, comprendront rapidement en se regardant dans le miroir qu’ils n’ont pas une goutte de sang noir, que leur grand-mère n’est pas leur grand-mère, que l’empire dont ils hériteront, ils ne le devront qu’à la folie d’un homme qui n’a jamais été leur père.
Lise Marie Presley et Debbie Rowe auront sûrement elles aussi, un jour, de sacrées révélations à faire sur les circonstances de leurs noces avec Michael Jackson.
Nous ne sommes qu’au début de ce qui restera probablement l’un des plus monstrueux scandales de l’histoire des Etats-Unis.
Derrière Michael Jackson, se profilent d’étranges spectres malsains issus de l’aspect le plus obscur du patrimoine de l’humanité : Caligula, Lucrèce Borgia, Erzsébet Báthory, Gilles de Rais…
Il y a effectivement quelques uns de ces sacrés monstres derrière la personnalité de ce monstre sacré.
D’ailleurs, sacré pour combien de temps ?
Qu’est-ce qui survivra de Michael Jackson, exactement ?
Parmi cette foule de gens endeuillés, qui pleurent aux quatre coins du globe et qui se réunissent pour déposer des fleurs et des bougies à des endroits symboliques (ils ont tous vu à la télé que c’est comme ça qu’on fait), combien véritablement feront encore tourner un Dvd de Michael Jackson dans vingt ans ?
Parlera-t-on seulement encore de sa musique, alors que ses enfants et ce qui restera de sa famille se déchireront son titanesque héritage pour le plus grand plaisir des journaux à scandales ?
Certes, Michael Jackson n’aura tué personne, mais il est plus que probable qu’il aura gâché l’existence de bien des gens, à commencer par la sienne.
L’histoire tranchera, même si dans un premier temps, en égard au disparu, on se tentera au possible d’arrondir les angles.
Et puis, au-delà du respect dû au mort, la disparition soudaine de Michael Jackson a boosté ses ventes de Dvd.
C’est une assez étrange réaction que de s’acheter brutalement les Dvd d’un chanteur parce qu’il vient de mourir.
C’est quelque chose qui arrive toujours plus ou moins, mais, en ce qui concerne Michael Jackson, cela atteint une intensité jamais vue auparavant.
D’où la question que je poserai comme conclusion de ce court pamphlet : les fans de Michael Jackson ne seraient-ils pas finalement largement aussi malsains que lui ?
Quelques amis ICI : http://www.mjfranceforum.com/index.php?topic=24881.0