Shirley Mac Laine…
L’actrice américaine Shirley MacLaine, récompensée par la France “pour son exigence lumineuse et le perpétuel enchantement qu’elle procure”, a reçu lundi soir à Paris les insignes de chevalier dans l’Ordre de la Légion d’honneur des mains du ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand.
Passant en revue l’exceptionnelle carrière de l’actrice et son talent au service de tous les registres du music-hall, le ministre, en cinéphile averti et fan inconditionnel, a distingué aussi la pétillante actrice “pour avoir honoré le cinéma et la création de manière étincelante, au même titre que son frère Warren Beatty”.
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Frédéric Mitterrand, a estimé que l’actrice anticonformiste à la fameuse coupe garçonne et au regard mutin, “a transcendé ses rôles dans des instants magiques, plus loin que ses réalisateurs en avaient rêvé, ce qui fait la différence entre les grands acteurs et les acteurs exceptionnels”.
Shirley MacLaine, 77 ans, s’est déclarée “bouleversée” par cet hommage.
En artiste engagée et militante des droits de l’homme, l’actrice a rappelé qu’elle était originaire de Virginie, “région des pères fondateurs des Etats-Unis qui ont eu une influence importante sur l’histoire de la France”.
“J’accepte cet honneur au nom de Benjamin Franklin, Thomas Jefferson et Thomas Paine. Nous n’aurions ni le théâtre, ni le cinéma ni la liberté d’expression sans l’alliance de ces trois messieurs avec la France”, a estimé Miss MacLaine.
Les cinéastes Costa Gavras et Pierre Etaix, les actrices Leslie Caron et Alexandra Stewart, le compositeur Vladimir Cosma, les producteurs Tarak Ben Ammar et Dominique Besnehard, et le président du Centre national du Cinéma Eric Garandeau, assistaient à cette cérémonie organisée à la Cinémathèque française, avant la projection de l’un des grands succès de Shirley MacLaine, “La Garçonnière” de Billy Wilder.
Depuis plus de cinquante ans, l’actrice oscarisée a tourné quelque 70 films, partageant l’affiche avec les plus grands réalisateurs et acteurs dont Alfred Hitchcock, Vincente Minnelli, Vittorio de Sica, Dean Martin, Jerry Lewis, Clint Eastwood, Jack Lemmon, Jack Nicholson ou Nicolas Cage.
Shirley MacLaine, de son vrai nom Shirley MacLean Beaty, née le 24 avril 1934 à Richmond (Virginie), est une actrice, une danseuse et écrivaine américaine.
Soeur aînée de Warren Beatty, Shirley MacLean Beaty est à l’origine une danseuse et une chanteuse très douée.
Après son bac, elle s’installe à New York, décidée à entamer une carrière dans la comédie musicale.
Alors qu’elle passe une audition, le producteur ne parvient pas à prononcer son nom correctement : elle le change donc en Shirley MacLaine.
En 1954, sa participation, en tant que rôle principal, à une autre comédie musicale (The Pajama Game) fait d’elle une star : Alfred Hitchcock la repère et l’engage immédiatement pour jouer dans Mais qui a tué Harry ?
MacLaine enchaîne alors plusieurs rôles importants dans des comédies, musicales (Artistes et modèles, avec Martin & Lewis) ou non (La Vallée de la poudre, un étonnant western comique).
Le début de sa carrière est marqué par de nombreuses collaborations avec les membres du Rat Pack : outre Dean Martin, elle croise la route de Frank Sinatra (pour Cancan par exemple) mais aussi celle du groupe tout entier (pour une participation mineure à L’Inconnu de Las Vegas).
Elle incarne également ses premiers grands rôles dramatiques, notamment dans Comme un torrent (de Vincente Minnelli, où elle partage à nouveau l’affiche avec Martin et Sinatra) et dans La Rumeur (William Wyler).
Billy Wilder lui offre deux rôles importants et magnifiques dans des comédies amères et virulentes, La Garçonnière (1960) et Irma la Douce (1963), dans lesquelles son franc-parler et son style “libéré” font merveille (et scandale).
Ces deux films, ainsi que le Minnelli, lui apportent chacun une nomination à l’Oscar.
Adepte des choix décalés dans des productions typiques des années 60, passant avec aisance d’un genre à un autre, elle n’oublie cependant pas sa passion première : le musical.
Elle convainc ainsi les producteurs d’engager son ami le chorégraphe Bob Fosse afin de diriger l’adaptation pour le grand écran du succès de Broadway Sweet Charity, dont le scénario est co-signé par Federico Fellini.
Mais loin de lui donner des ailes, le film (qui est un échec au box-office) freine sa lancée : après le western picaresque de Don Siegel, Sierra Torride, dans lequel elle partage l’affiche avec Clint Eastwood, elle disparaît quasiment des écrans.
Elle ne refait surface qu’avec le drame musical de Herbert Ross, Le Tournant de la vie (1979), dont les autres vedettes sont Anne Bancroft et le danseur Mikhail Baryshnikov.
Ce relatif succès, pour lequel elle est à nouveau nominée aux Oscars, combiné à celui de Bienvenue Mister Chance (le dernier film de Peter Sellers), achève de relancer sa carrière : elle se bat alors pour le rôle principal de Tendres Passions (James L. Brooks, 1983), qui lui rapporte enfin la récompense tant attendue.
Si, dans les années 80 et 90, ses apparitions au cinéma se font plus rares, émaillées de participations à des productions télévisées, son prestige reste intact.
Elle joue dans de nombreuses comédies douces-amères, telles que Potins de femmes (H. Ross), Bons baisers d’Hollywood (Mike Nichols) ou encore Etoile du soir, qui s’inscrit dans la suite de Tendres Passions (sans bénéficier pour autant du même succès).
Elle en impose désormais en grand-mère délurée aux côtés de stars “nouvelle génération” comme Nicolas Cage (dans Un ange gardien pour Tess, 1994) ou Nicole Kidman (dans l’adaptation de la série télévisée Ma sorcière bien aimée, en 2005).
Vieille gloire d’Hollywood, Shirley ?
À la voir débarquer à Deauville, non pas d’un bus, le rouge aux lèvres, la robe un peu fripée comme dans le film de Minnelli (Comme un torrent) mais cheveux courts, physique alerte enveloppé de noir et œil brillant, prête à faire un pas de danse face à la mer alors qu’elle vient pour recevoir un double hommage (un prix littéraire et un prix pour l’ensemble de sa carrière d’actrice et réalisatrice) juste avant une grande rétrospective à la Cinémathèque à Paris, on comprend vite que le carton “vieille gloire de Hollywood” n’a rien à faire là !
À 77 ans, d’une énergie folle, Shirley apparaît drôle, libre et indépendante, avec son parler franc.
Posez-lui une question et voilà qu’elle implique, interpelle.
On est loin des réponses robot des vedettes hollywoodiennes actuelles.
D’ailleurs, à propos de Hollywood, elle dit : “Le cinéma des studios hollywoodiens n’est plus qu’une affaire de marketing. Des suites de suites de suites. Ce sont les grandes entreprises qui ont la mainmise sur ce cinéma commercial. Billy Wilder le dénonçait déjà dans La garçonnière. Le temps où les histoires étaient rafraîchissantes et faisaient réfléchir est révolu ! Aujourd’hui, il ne s’agit plus que d’utiliser les derniers outils technologiques. J’en ai marre d’aller m’asseoir dans un cinéma pour me prendre le dernier objet dans la figure avec la 3D. Finie l’époque des films qui éveillaient les consciences ! D’ailleurs, je pense que la technologie pervertit la communication émotionnelle”.
En soixante ans de carrière, Shirley Mac Laine a joué la comédie, dansé, chanté, travaillé pour la télévision, réalisé des documentaires.
Et c’est pas fini !
Son prochain film s’appelle Bernie, une comédie de Richard Linklater, avec Jack Black.
Cela lui fait dire : “Je reste à la base une danseuse. Je ne prépare jamais mes rôles. Je lis une fois le scénario et c’est tout car je ne veux pas négliger ceux avec qui je vais travailler. J’apprends mon texte en mouvement et les mouvements seront conditionnés par ceux qui m’entourent sur le plateau. J’ai la démocratie en moi”.
Souvenirs, souvenirs.
Des titres s’imposent : Mais qui a tué Harry ?, La garçonnière, La rumeur, Irma la douce, Le tournant de la vie, Tendres passions, Madame Sousatzka…
On espère une anecdote.
L’actrice la livre avec un sourire : “Lors de la première de La garçonnière, je me suis réfugiée dans les couloirs du cinéma quand les lumières se sont rallumées. Marilyn Monroe était là, dans un fabuleux manteau de fourrure. Elle m’a fait un signe pour que je m’approche et m’a dit : “quel beau film” et a ouvert son manteau. Elle était nue. C’est le plus beau souvenir que je garde de ce film”.
Shirley écrit aussi des livres pour raconter sa vie de star ou pour partager ses croyances sur la méditation et la réincarnation : “Chacun devrait s’interroger sur la mémoire de notre âme. Si on faisait tous ça, on vivrait dans un monde plus paisible”, affirme-t-elle.
On évoque le 11 Septembre 2001…,dix ans déjà.
Elle se fait plus sombre, soupire et lâche : “Question immense ! Je ne sais si cela a rendu les citoyens américains plus effrayés ou si cela les a menés encore plus loin sur la voie de l’évitement. Je pense que les attitudes se sont exacerbées davantage. Le dalaï-lama a dit : “Ne réagissez pas avec violence, émettez autant de lumière que vous pouvez vers celui que vous pensez être votre ennemi.” J’aime aussi cette citation d’Einstein : “Le hasard est le nom que choisit Dieu quand il décide de se déplacer incognito”…
Carrière Cinéma :
- 1955 : Mais qui a tué Harry ? (The Trouble with Harry), d’Alfred Hitchcock : Jennifer Rogers
- 1955 : Artistes et Modèles (Artists and Models), de Frank Tashlin : Bessie Sparrowbush
- 1956 : Le Tour du monde en quatre-vingts jours (Around the World in Eighty Days), de Michael Anderson : Princesse Aouda
- 1958 : La Vallée de la poudre (The Sheepman), de George Marshall : Dell Payton
- 1958 : La Meneuse de jeu (The Matchmaker), de Joseph Anthony : Irene Molloy
- 1958 : Vague de chaleur (Hot Spell), de Daniel Mann : Virginia Duval
- 1958 : Comme un torrent (Some Came Running), de Vincente Minnelli : Ginnie Moorehead
- 1959 : Une fille très avertie (Ask Any Girl), de Charles Walters : Meg Wheeler
- 1959 : En lettres de feu (Career), de Joseph Anthony : Sharon Kensington
- 1960 : Can-Can, de Walter Lang : Simone Pistache
- 1960 : La Garçonnière (The Apartment), de Billy Wilder : Fran Kubelik
- 1960 : L’Inconnu de Las Vegas (Ocean’s Eleven), de Lewis Milestone : une femme saoule
- 1961 : Il a suffi d’une nuit (All in a Night’s Work), de Joseph Anthony : Katie Robbins
- 1961 : Anna et les Maoris (Two Loves), de Charles Walters : Anna Vorontosov
- 1961 : La Rumeur (The Children’s Hour), de William Wyler : Martha Dobie
- 1962 : Ma geisha (My Geisha), de Jack Cardiff : Lucy Dell / Yoko Mori
- 1962 : Deux sur la balançoire (Two for the Seesaw), de Robert Wise : Gittel « Mosca » Moscawitz
- 1963 : Irma la douce, de Billy Wilder : Irma la douce
- 1964 : Madame croque-maris (What a Way to Go !) de J. Lee Thompson : Louisa May Foster
- 1964 : La Rolls-Royce jaune (The Yellow Rolls-Royce), d’Anthony Asquith : Mae Jenkins
- 1965 : L’Encombrant Monsieur John (John Goldfarb, Please Come Home), de J. Lee Thompson : Jenny Ericson
- 1966 : Un hold-up extraordinaire (Gambit), de Ronald Neame : Nicole Chang
- 1967 : Sept fois femme (Woman Times Seven), de Vittorio de Sica : Paulette / Maria Teresa / Linda / Édith / Ève / Marie / Jean
- 1968 : Un amant dans le grenier (The Bliss of Mrs. Blossom), de Joseph McGrath : Harriet Blossom
- 1969 : Sweet Charity, de Bob Fosse : Charity
- 1970 : Sierra torride (Two Mules for Sister Sara), de Don Siegel : Sara
- 1971 : Desperate Characters, de Frank D. Gilroy : Sophie Bentwood
- 1972 : Possession meurtrière (The Possession of Joel Delaney), de Waris Hussein : Norah Benson
- 1977 : Le Tournant de la vie (The Turning Point), d’Herbert Ross : Deedee Rodgers
- 1979 : Bienvenue, Mister Chance (Being There), d’Hal Ashby : Eve Rand
- 1980 : L’Amour à quatre mains (Loving Couples), de Jack Smight : Docteur Evelyn Lucas Kirby
- 1980 : Changement de saisons (A Change of Seasons), de Richard Lang : Karyn Evans
- 1983 : Tendres Passions (Terms of Endearment), de James L. Brooks : Aurora Greenway.
- 1984 : Cannon Ball 2 (Cannonball Run II), d’Hal Needham : Veronica
- 1988 : Madame Sousatzka, de John Schlesinger : Madame Youvline Sousatzka
- 1989 : Potins de femmes (Steel Magnolias), d’Herbert Ross : Ouiser Boudreaux
- 1990 : Waiting for the Light, de Christopher Monger : la tante Zena
- 1990 : Bons Baisers d’Hollywood (Postcards from the Edge), de Mike Nichols : Doris Mann
- 1992 : Used People, de Beeban Kidron : Pearl Berman
- 1993 : Deux drôles d’oiseaux (Wrestling Ernest Hemingway), de Randa Haines : Helen Cooney
- 1994 : Un ange gardien pour Tess (Guarding Tess), d’Hugh Wilson : Tess Carlisle
- 1996 : Mrs. Winterbourne, de Richard Benjamin : Grace Winterbourne
- 1996 : Étoile du soir (The Evening Star), de Robert Harling : Aurora Greenway
- 1997 : A Smile Like Yours, de Keith Samples : Martha
- 2000 : Bruno, de Shirley MacLaine : Helen
- 2003 : Carolina, de Marleen Gorris : Millicent Mirabeau, la grand-mère
- 2005 : Ma sorcière bien-aimée (Bewitched), de Nora Ephron : Iris Smythson / Endora
- 2005 : In Her Shoes, de Curtis Hanson : Ella Hirsch
- 2005 : La rumeur court… (Rumor Has It), de Rob Reiner : Katharine Richelieu
- 2007 : Closing the Ring de Richard Attenborough : Ethel Ann
- 2010 : Valentine’s Day de Garry Marshall
- 2011 : Anyone’s Son de Danny Aiello : Margaret Greer
Carrière Télévision :
- 1955 : Shower of Stars, série télévisée
- 1958 : The Sid Caesar Show, téléfilm
- 1971-1972 : Shirley’s World, série télévisée de Ray Austin, : Shirley Logan
- 1995 : The West Side Waltz, téléfilm d’Ernest Thompson : Margaret Mary Elderdice
- 1999 : Jeanne d’Arc (Joan of Arc), téléfilm de Christian Duguay : Madeleine de Beaurevoir
- 2001 : Drôles de retrouvailles (These Old Broads), téléfilm de Matthew Diamond : Kate Westbourne
- 2002 : L’Empire de Mary Kay (Hell on Heels: The Battle of Mary Kay), téléfilm d’Ed Gernon : Mary Kay
- 2002 : Salem Witch Trials, téléfilm de Joseph Sargent : Rebecca Nurse
- 2008 : Coco Chanel, télésuite de Christian Duguay : Coco Chanel âgée
- 2008 : Anne of Green Gables: A New Beginning, téléfilm de Kevin Sullivan : Amélia Thomas