Si le public n’était pas aussi “bond-agé” avec l’agent 007, le réalisateur, Sam Mendes, ne serait pas obligé de faire des navets…
J’ai été voir Skyfall…
Installée au sixième rang, Patrice au dernier (parce que nous sommes arrivé à extreme minute ou débutait le film), nous avons vu le dernier Bond… A côté de moi, un petit couple d’une trentaine d’années, le mec, sérieux comme un pape, réclamant avec force le silence complet lorsque le portable d’un autre spectateur sonnait derrière lui… J’avais l’impression soudaine d’être dans un lieu de pèlerinage sacré où le monde doit communier avec les dernières aventures du héros…
Comme la Vodka Martini, Bond est un cocktail de simplicité, tout le monde peut se retrouver dans un Bond.
On a rarement vu quelqu’un sortir et dire : “j’ai rien compris”…, tout simplement parce qu’il n’y a pas grand-chose à comprendre, et tout le monde qui a vu un Bond, à un bon souvenir en rapport avec la saga. L’idée est à la fois bonne et simple, c’est le paradoxe : l’agent secret qui roule en Aston Martin incarne son rêve et le rêve du cinéma… Pourquoi ça perdure ? Parce qu’il y a un effet doudou…
Comme les différents réalisateurs ont toujours travaillé le personnage, c’est devenu un genre en soi. On va voir le dernier James Bond, comme on va voir le dernier Woody Allen ou le dernier autre, ou plus loin encore dans le temps, le dernier Delon ou le Bebel, que ce soit mauvais ou pas ! Le principe, c’est qu’on peut ressortir en disant que ce millésime est moins bon ou meilleur qu’un autre. Chacun possède son propre petit panthéon permanent… Tout ça fait qu’on a une saga qui vit par elle-même et s’affranchit des comparatifs.
Un Bond c’est toujours un peu la même chose, sans l’être jamais tout à fait. C’est de là, sans aucun doute, que provient le plaisir… Je reconnais tout de même que les effets spéciaux sont époustouflants et plus particulièrement la scène du métro, belle visuellement, mais aucune émotion n’affleure et l’action est vue mille fois ailleurs. Le film démarre sur la ville d’Istamboul dans une poursuite qui dure 15 minutes avant que le générique commence, après avoir reçu trois balles dans le corps, Bond tombe dans les profondeurs de l’oubli avec la chanson d’Adèle.
Mais revenons à James, le personnage principal, l’acteur… Si Sean Connery était crispant, il ne manquait jamais d’élégance et de cynisme, parfait ! Si Roger Morre incarnait le flegme, la dérision et souvent le ridicule dans les gadgets, on riait… avec son humour “so british”, il lui manquait sans doute un peu de cruauté…
Quand à Pierre Brossman, trop propre sur lui dans les plus mauvais scénarios de la saga…
Mais Daniel Craig, que dire ?
Absolument rien d’anglais, une tête de russe, des cils de lapin… et une carrure déformée par des années de body-bulder, émouvant tant il est masochiste, l’extrait du film où il retire les trois balles de son torse lui-même avec un couteau est d’un courage absolu…
Aucune émotion pour ma part, je n’ai même pas esquissé un sourire, même lorsqu’il dit chercher “la résurrection” comme hobby… et, en parlant de résurrection, la destruction de la mythique Aston Martin dans le film fait place quelques secondes à la nostalgie… là, on a vraiment envie de verser une petite larme… J’ai vu Patrice ému, quoiqu’il m’a souligné que Miss “M” affirmait que l’engin était inconfortable…
On suppose, attention… un grand message de la part du réalisateur ! La fin d’un monde, celui des anciens Bond aux stylos explosifs remplacés par les nouvelles technologies, comme le révolver à empreintes digitales perso… et qui finalement ne servira pas à grand-chose puisque le héros revient à des clous, des ampoules écrasées et de la dynamite pour en venir à bout “du méchant terroriste”…
Que ceux qui trouveraient le film trop long (même le très estimé “Goldfinger” était pourtant languissant), trop sentencieux…, se rassurent, la fin de “Skyfall” promet pour l’agent un monde sans femmes pour l’ennuyer dans son job, le réinstallant comme le gosse attardé et vieux garçon qu’on connaît… Personnellement, je m’en fiche, toutes les nouvelles girls de l’agent aux services de sa majesté sont difficiles à supporter tant elles sont niaises et décoratives comme des pots de fleurs… A la sortie du cinéma (“Le Wellington” à Waterloo pour ne pas le nommer), les gens s’empressaient de rentrer sous la pluie battante et glacée, sans commentaires aucun sur le film…
Patrice et moi, oui : Fantastique ! Magnifique ! Formidable ! Génial !
Allons bon, juste un bon moment de distraction…. Euhhhh la prochaine fois, c’est à mon tour de choisir le film !
Lorenza