The Rolling Stones, Sex & drug & rock’n roll…
En 1960, Mick Jagger joue dans un groupe de merde. Keith Richards, gratte sa guitare dans son coin.
Tous les deux sont fans de rythm ‘n blues. Ils décident de créer un autre petit groupe de merde.
En 1962, ils font la connaissance de Brian Jones. Le nouveau groupe prend forme et fait sa première apparition sous le nom (emprunté par Brian Jones à Muddy Waters) des “Rollin’ Stones”.
En 1963, Bill Wyman et Charlie Watts intègrent la formation. Leur premier album, intitulé “The Rolling Stones”, est composé exclusivement de standards du rock et du rythm’n blues. Les Rolling Stones cultivent une image de voyous qui les opposera aux Beatles bien propres sur eux. La presse commence alors une campagne de dénigrement avec des titres du style : “Laisseriez-vous sortir votre fille avec un Rolling Stones ?”… Ce qui était à l’origine un nouveau groupe anglais venu concurrencer les Beatles, va créer les bases du rock’n roll. Pour se démarquer du groupe en vogue, apparu un peu plus tôt avec leurs allures de gendres parfaits, les Stones se créent une image de “mauvais garçons”. Leur extravagance se dégage à travers des textes portés sur la sexualité (“Satisfaction”) et des attitudes sensuelles, voire obscènes.
Le parcours des deux groupes reste cependant similaire et les Rolling Stones décident d’introduire progressivement dans leur musique des influences psychédéliques et indiennes (comme le sitar de “Paint it Black” et les tabla de “Under my Thumb”). Leur sulfureuse réputation commence à envahir l’Europe et les Etats-Unis : partout où ils passent, c’est l’émeute, des blessés, les fauteuils des salles sont brisés, et les ennuis avec la justice commencent.
1965, les Rolling Stones alignent leur premier hit, “Satisfaction”. Suit “Aftermath”, premier album signé par le duo Jagger-Richards, avec entre autre Paint it Black. Cependant, Jones, sombre de plus en plus dans les excès et voit le groupe lui échapper.
En 1967, c’est l’album Between the Buttons avec “Let’s Spend the Night Together” et “Ruby Tuesday”. “Jumping Jack Flash” affole les charts du monde entier, “Beggar’s Banquet” en 1968, “Let it Bleed” en 1969, “Sticky Fingers” en 1971 (la fameuse pochette de Andy Warhol) et “Exile on Main Street” en 1972. Avec ses quatre albums, le groupe va créer sa légende. Pendant ces cinq années, Jagger et Richards vont composer “Sympathy for the Devil”, “Street Fighting Man”, “Honky Tonk Women”, “Midnight Rambler”, “Gimme Shelter”, “Brown Sugar”, “Wild Horses”, “Bitch”, “Rocks Off”, “Trumbling Dice”.
Usé par les drogues, Brian Jones est hospitalisé. Il arrive de plus en plus en retard aux studios d’enregistrement, dans un état second et raconte partout que le duo Jagger-Richards lui a volé son groupe. Épuisé, il quitte le groupe en juin 1969 et se retire dans sa maison du Sussex en Angleterre. Un mois plus tard, il sera retrouvé mort dans sa piscine. Les Rolling Stones lui rendront un dernier hommage en donnant un concert gratuit à Hyde Park devant plus de 250.000 personnes.
Puis vient l’épisode du tristement célèbre concert gratuit des Stones à Altamont le 6 décembre 1969, au cours duquel Meredith Hunter, un jeune homme noir est poignardé à mort par un hell’s angel qui avouera : “Pendant le concert, Keith Richards m’a dit qu’il fallait qu’on stoppe cette violence sinon ils arrêtaient de jouer. Je lui ai pointé mon pistolet dans la hanche et je lui ai dit de se remettre à sa guitare, sinon il était mort. Il a joué comme un enfoiré”…
Mick Jagger fait la rencontre de Bianca Perez Morena de Macias, star de nuits parisiennes. Ils se marient en 1972 à St Tropez et après avoir mené une vie de débauche avec Marianne Faithfull, Mick plonge dans les plaisirs luxueux et la Jet-Set pendant que Keith se came à l’héroïne ce qui n’est pas fait pour aiguiser la créativité des Rolling Stones et si Angie est un tube mondial, il est a des années lumières des années fastes de 1966 à 1972.
En 1978 ils renouent avec le succès commercial avec l’album “Some Girls” avec le très disco “Miss You”. Nouvelle décennie oblige le groupe semble se disloquer, Mick divorce de Bianca et vit avec le top-model Jerry Hall, sort un album solo et se produit sur scène avec David Bowie.
Keith se sépare d’Anita Pallemberg en 1982, suit des cures de désintoxication et sort aussi un album solo.
Pourtant en 1989, les Rolling Stones vont ressurgir avec “Steel Wheels”, avec les chansons “Sad Sad Sad”, “Mixed Emotions”, et “Rock and a Hard Place”. Carton.
En 1994, les Stones sortent l’album “Voodoo Lounge”. L’album live “Stripped” est composé d’anciennes chansons des Stones et d’une reprise que Bob Dylan dit avoir écrit pour Brian Jones “Like a Rolling Stone”.
Mais celui qui m’intéresse le plus au sein de ce groupe c’est Keith Richards, Mister rock’n’roll en personne. Tout le monde à une anecdote, sur, ou avec lui, modeste, ce grand guitariste est l’auteur de certains des riffs les plus obsédants du rock.
J’ai lu les pires trucs sur lui, des critiques rock célèbres témoins d’OD en direct, seules avec lui dans des chambres pourries.
Keith Richards, un nom qui sent le soufre. S’il est reconnu et adulé comme l’un des plus grands guitaristes de sa génération et en tant que véritable pouls scénique des Stones, c’est aussi sa capacité à tenir encore debout, droit comme i, après ses longues années de débauche, qui continue d’impressionner chez celui que l’on surnomme “Monsieur Rock’n’roll”. En quarante ans de carrière, l’alter ego tranquille de l’extraverti Mick Jagger a sans doute absorbé assez d’alcool et de drogues en tout genre – et surtout d’héroïne – pour terrasser vingt hommes de son gabarit de dandy déguingandé au visage hâve. Il est ainsi connu pour avoir été arrêté, inconscient, à Toronto en 1976, après avoir, de son propre aveu, “fait la fête” non stop durant cinq jours et cinq nuits. Il est du même coup le Stone qui a eu le plus de démêlées avec la justice et la police. Pourtant, son addiction passée ne saurait cacher son exceptionnel talent.
“Quand j’entends dire ce que j’ai fait ‘sous l’influence de’, ça me fait rigoler. Avant, il y avait tout de même dix ans de boulot. J’ai pris ces trucs surtout pour me cacher d’une vie trop publique, rentrer dans mon cocon. Mais ça détruit, surtout l’héroïne. C’est un terrain miné”, confiait-il à Philippe Manoeuvre.
Il n’y aurait en effet pas pire injustice que de lui dénier l’entière paternité d’une série incroyable de compositions inusables et de riffs de guitare parmi les plus addictifs du rock. Pourtant, ce grand admirateur de Chuck Berry et Muddy Waters dont il est le fils spirituel, a toujours su rester modeste, préférant se retrancher dans l’ombre vorace de son complice Jagger.
“Le groupe n’est pas là pour permettre aux musiciens d’exhiber leurs solos ou leur ego”, explique-t-il. Initié à la guitare par son grand-père, le généreux Keith n’est jamais aussi heureux que lorsqu’il sert musicalement le groupe et que l’alchimie fonctionne soudain parfaitement.
“Ces moment magiques, c’est ce que j’ai toujours cherché dans ma vie”, assure-t-il, “c’est un des plaisirs les plus purs que je connaisse”.
Mais c’est au bassiste Bill Wyman qu’il revient de dévoiler le rôle pivot de son partenaire, et de percer à jour du même coup l’un des mystères du “son” si particulier des Stones.
“Tous les orchestres suivent le batteur, sauf nous”, confiait-il au biographe de Keith, “chez nous, le batteur suit le guitariste rythmique, à savoir Keith Richards. Keith est un musicien très sûr de lui et très têtu. Tout de suite, il y a quelque chose comme un centième de seconde de retard entre la guitare et le jeu de batterie merveilleux de Charlie, et ça change complètement le son. C’est pourquoi les gens nous trouvent difficiles à imiter”.
Keith confirme d’ailleurs implicitement son rôle indirect de métronome lorsqu’il affirme : “Je suis sans doute le guitariste qui a été le plus influencé par les batteurs”.
Côté coeur, moins tapageur et volage que son faux frère Jagger, Keith n’en reste pas moins porté lui aussi sur les créatures de rêve. L’actrice et mannequin Anita Pallenberg, qu’il pique à Brian Jones vers 1967 restera sa compagne une douzaine d’années. Elle restera célèbre pour sa consommation excessive d’héroïne – cocaïne, (le matin, elle partait sur les chantiers avec une boite autour du cou et elle allait en donner des doses de coke aux ouvriers….) très orientée mystique, satanisme, proche d’Anton Lavey et d’Alister Crawley, elle traçait des pentacles un peu partout. Elle lui donnera trois enfants, dont un petit Tara mort subitement en bas âge. Mais c’est finalement Patti Hensen, dont il a eu deux filles, qu’il épousera en 1983. Laissant la fureur des flashs et des spotlights à ses acolytes, Keith Richards aura été le dernier des Stones à se lancer en solo, à une époque où le désaccord entre eux au sujet des orientations musicales à prendre est au plus haut. Il grave avec son groupe les X-Pensive Winos “Talk is cheap” (1988), qui reçoit un bien meilleur accueil que l’album solo de son comparse Jagger sorti l’année précédente. Suivront “Live at the Hollywood Palladium” (1991) et “Main Offender” (1992).
“Le rock’n’roll ça ne se calcule pas. Faut que ça reste loose”, assure-t-il.
Alors, face à la démesure de la célébrité et au mythe “sex & drugs & rock’n’roll” qui a longtemps pesé aussi lourd qu’une croix sur ses frêles épaules, ce fils d’ouvrier n’a qu’une seule parade : rester cool et rebelle à jamais.