Tony Curtis…
“Amicalement Votre”, générique
Il y a plus d’une dizaine d’année d’ici, alors que je préparais de nouveaux panneaux (maintenant très anciens) sur des séries inoubliables, voilà que j’apprenais que Tony Curtis venait de faire sa dernière révérence…
Je me souviens m’être jetée sur YouTube et là, impossible de faire un copié-collé du générique de “Amicalement Votre” ! Ahhhhh, les petits gants en cuir marron que Curtis ne quittait jamais… l’humour et la dérision… l’Aston Martin de Sinclair (flegmatique), la Dino de Danny (bouillant et impulsif)… C’est à cette série que j’avais pensé tout de suite et bien sûr à la musique du générique de John Barry… (ex de Jane Birkin), que j’avais essayé de reproduire sur mon piano “synthétique”…
Mnnnnnhhh, mais je connais bien cette route…
Puis ensuite, je l’ai revu dans le rôle d’une Joséphine avec le tout aussi comique Jack Lemmon dans “Certains l’aiment chaud” de Billy Wilder, avec une ravissante et pulpeuse ivrogne grattant un petit ukulele…
-“Personne n’est parfait”… Puis évidemment, le film qui m’avait marqué au point de ne plus oser descendre la poubelle une fois la nuit tombée : “L’étrangleur de Boston”, (avec Henri Fonda) un personnage au pire de la schizophrénie que l’on n’oublie pas….
Depuis lors, plus question de films “d’aventures” en jupettes ni en dentelles, je ferme les portes à double tour, je mets l’alarme ou si j’entends un bruit de serrure, je peux toujours commencer à aboyer en attente que mon chien s’y mette ! Brave bête !…
Tony Curtis était si convaincant dans son rôle de tueur psychopathe, qu’on se cachait sous la couette avec le portable sous la main…
Basé sur un fait réel, il tenait là, son role le plus dramatique et je me demandais : Pourquoi sa carrière ne s’est-elle pas envolée plus haut tant sa performance était hallucinante ?!
La réalisation du film faisait immanquablement penser à “L’affaire Thomas Crown “ avec Steve McQueen dans le découpage qu’on appelle : le split screen, l’écran qui se divise afin de voir plusieurs scène à la fois, l’effet était d’autant plus angoissant lorsqu’on voyait le tueur ! En fait, nous surveillions les yeux du tueur (et chaque victime) à chaque plan…
La caméra du réalisateur Richard Fleischer tournait autour de Curtis comme un piège, un plan, deux, trois, de plus en plus serré, comme si elle voulait l’enfermer définitivement dans sa boîte…puis elle s’éloignait, lorsque tout était fini, le tueur était lâché, le malade semblait partir au point qu’il s’éffacait sur le mur blanc, comme si l’on voulait faire disparaitre le malade et la maladie…
Il n’en ressortira plus…la vérité était trop pénible… et les années ont passé !
Le 25 novembre 1973, Albert DeSalvo, le véritable assassin “à la ville” qui servait de modèle à la série a été retrouvé mort dans sa cellule, poignardé de plusieurs coups de couteau dans le cœur… Personne ne pouvait entrer ni sortir, les gardiens devaient être coupables ou complices, on n’a jamais su !
“Spartacus” : avec Kirck Douglas…
“Trapèze” : avec Gina Lolobrigida et Burt Lancaster..
“Les Vikings” : film “rigolo”… (Salut à toi, ohhhh Brackmart)…
“Une vierge sur canapé” : avec Nalalie Wood encore ! Un pretexe pour voir ce très beau couple au cinéma..
“The Great Race” : film complètement loufoque avec des “bagnoles” tout aussi dingues, avec entre autre également Natalie Wood, Jack Lemon ainsi que Peter Falk (Colombo)…
“Le Dernier Nabab “ de Elia Kazan
Séducteur dans l’âme, il ira de mariage en mariage n’ayant pas un aussi joli coeur qu’un aussi beau visage pour ces épouses multiples.
Qu’il voit une femme sur un plateau cinéma ou télé, Tony Curtis ne pouvait s’empêcher de séduire, on peut se rappeller l’enthousiasme qu’il avait en voyant le petit short en jeans dans lequel Lova Moor se trémoussait les fesses…, mais quelles fesses !
Pas le temps de remettre l’habit noir dans l’armoire, le réalisateur Arthur Penn s’en va aussi, il en est ainsi lorsqu’on atteint un certain âge…
C’est bien le moins pour celui qui cauchemardait à l’idée de “mourir aux côtés d’une femme assez âgée pour être sa femme” et qui rêvait de voir ses cendres dispersées au-dessus de Las Vegas…
Tony Curtis est mort dans la nuit de mercredi à jeudi à l’âge de 85 ans, sourire aux lèvres sans doute…, il laisse une veuve, Jill Vandenberg Curtis, de quarante-six ans sa cadette, ainsi que six enfants nés des trois premiers de ses six mariages, parmi eux, sa fille l’actrice Jamie Lee Curtis, avec laquelle il n’avait pas davantage de liens qu’avec ses autres rejetons…
L’image du Tony Curtis des dernières années faisait plutôt sourire, le Curtis des magazines people, ne reculant devant aucun mauvais goût vestimentaire et se dédiant corps et âme à la peinture, si fier d’être exposé au MOMA de New York dans l’aile “New film and media”…
Mais c’est surtout par les nouveaux médias, justement, que la star se manifestait encore et que se mesurait sa dégringolade pathétique, Tony Curtis s’était emparé de Facebook comme aucun survivant de sa génération… Au fil de ces derniers mois, il y disait ses espoirs de come-back au cinéma, son bonheur au milieu de ses toiles et des chevaux que Jill recueillait par dizaines au refuge de Shiloh, leur propriété érigée dans une vallée déserte du Nevada, non loin de Las Vegas, mais son dernier message Facebook datait du 8 ? juillet :
” J’ai été très occupé la semaine dernière”, confiait-il en substance. ” J’ai donc rencontré des fans toute la semaine.”
Le lundi, il avait fait des essais de costumes pour un film qui devait lui remettre le pied à l’étrier, en fait, Morella, petite production horrifique indépendante, n’allait sans doute être qu’un navet de plus parmi les innombrables qu’il acceptait depuis plusieurs décennies… Mais il y croyait toujours. Sauf qu’au-delà de cette date, c’est sa femme Jill qui s’est mise à poster, sur la page Facebook de son mari, des nouvelles de son état de santé, du traitement lourd qu’il subissait et des médecins qui s’extasiaient en lui diagnostiquant neuf vies…Les docteurs, qui n’avaient sans doute pas lu sa biographie tonitruante parue en 2008 (American Prince : A Memoir), avaient oublié qu’il n’y était pas allé avec le dos de la cuillère pour en épuiser déjà huit… Celle du petit Bernard Schwartz d’abord, né le 3 juin 1925 dans le Bronx, fils aîné (de trois garçons jusqu’à ce que son petit frère Julius meure, écrasé par un camion en 1938) d’une mère schizophrène qui tapait ses petits (jusqu’à envoyer le petit Robert en asile psychiatrique) sous les yeux d’un père, tailleur émigré de Hongrie, qui préférait fermer les yeux… Hors de la maison, la vie n’était pas plus facile : ” Je devais faire attention parce que j’étais juif, jeune et très séduisant, trop beau “, racontait-il pour ses camarades du Bronx : eux aussi le tapaient…
Celle du soldat ensuite, enrôlé dans les Marines en 1942 pour trois années passées en majorité dans un sous-marin. Le reste du temps, il joue la comédie pour la troupe… Celle de l’aspirant acteur qui découvre, en 1945, que l’Armée défraie les études, y compris les écoles de comédie. Il s’inscrit au New York Dramatic Workshop où il est retenu grâce à une audition où il mime une scène de Dr. Jeckyll et Mr. Hyde… Celle du coureur de jupons qui avouera avoir choisi son métier pour séduire les filles (et en amener, ainsi qu’il le revendiquait, plus de 1000 dans son lit…), y compris celle du nabab David O. Selznick, lequel lui offre un contrat de sept ans à la Universal…
C’est l’époque où il adopte le nom de Tony Curtis dans une Hollywood où l’antisémitisme était patent. Celle des premiers rôles notables, dès 1949 (il n’a que 24 ans !) , dans “Criss Cross” de Robert Siodmak ou “Winchester’73” d’Anthony Mann. Toujours enjoué et fêtard, il s’entend bien avec les têtes d’affiche : Burt Lancaster, James Stewart, Kirk Douglas surtout et c’est sa sixième vie qui l’engage pour “Spartacus” de Stanley Kubrick en 1960…
Auparavant déjà, pour “Les Vikings” de Richard Fleischer (1958), film qui lui permet de jouer en compagnie de son épouse depuis 1951, l’actrice Janet Leigh.
Tony Curtis n’a, après leur divorce en 1962, jamais fait mystère que s’ils avaient convolé, lui et elle plutôt qu’une de ses nombreuses autres conquêtes dont peut-être Natalie Wood ou Marilyn Monroe, c’est parce qu’il l’avait persuadée que leur mariage accroîtrait leur notoriété. Je n’en crois rien…
Avec la craquante Natalie Wood… les années 50 et 60 sonnent son heure de gloire : il joue chez Carol Reed “Trapèze”, Alexander Mackendrick ” Sweet Smell of Success”, Billy Wilder ” Certains l’aiment chaud “
Et Marilyn : un coquillage…? Stanley Kramer ” La Chaîne “ qui lui vaut son unique nomination à l’Oscar) ou Blake Edwards. Arrivent alors les vies qui dérapent, celles des mariages en pagaille, des mauvais choix, à l’exception du “Dernier Nabab” d’Elia Kazan en 1976, pourtant sa carrière ne se remettra jamais…sauf pour ” Amicalement Votre “ avec Roger Moore, dont le succès sera immédiat et deviendra planétaire… La suite est sordide, entre accoutumance à la cocaïne dans les années 80 et navets aux titres éloquents (L’homme homard venu de Mars, Tarzan à Manhattan, etc.. Et tandis que ses fans se répandaient jeudi sur sa page Facebook, Bernard Schwartz rejoignait enfin l’unique personne dont il avait voulu être aimé et admiré : sa mère.
Avec Janet Leich, l’entretien du corps… voilà, s’en est fini pour la vie terrestre de Bernard Schwartz, il avait 85 ans, était fils d’immigrés juifs hongrois établis à New-York, devenu star après moultes aventures et désaventures…
Préférant rester sur une belle image, voici un portrait magnifique du jeune Tony… Attention les yeux ! Amicalement votre…