Chapitre 2
Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens…
Qu’on la conteste violemment ou la chérisse avec une ferveur religieuse, ou qu’on tente simplement de trouver un juste milieu, son œuvre se profile comme une ombre, bienfaisante et/ou maléfique….
Avec Quelqu’un, on n’en sort vraiment jamais.
A fortiori quand on exerce la profession qui est la mienne, mâtinée de surplus psychanalityques et qu’on a choisi un jour de descendre en soi pour devenir l’archéologue des autres.
Votre humble serviteur pratique tout cela depuis trop longtemps et je connais toutes les implications personnelles de cette étonnante activité.
Je sais à quel point interfère dans mon « métier » une identification quelque peu sournoise entre l’écrivain-thérapeute (l’analyste) et son patient (l’analysant) et que ce qui fait retour chez le second interpelle le passé de l’autre qui réagit en fonction de lui : je sais que Quelqu’un joue à tout instant le rôle de biographe « autobiographié » (si l’on ose dire).
Pour ma part, j’en tire la conclusion que si cette cure d’écrits totalement déjantés est d’abord un croisement d’expériences biographiques, l’activité qui consiste à s’intéresser à la vie même de Quelqu’un n’est nullement annexe, mais fondamentale.
Le texte que se forge l’écrivain-psychanalyste à l’œuvre, est indissociable de l’écrit déjanté de Quelqu’un et ne cesse de recouper le sien.
Chaque être a « son » Quelqu’un et je n’échappe pas à la règle, car la vie (et l’œuvre) d’un personnage hors du commun représente une mine inépuisable dans laquelle on peut puiser de quoi nourrir bien des fantasmes d’identification voire, dans mon cas, trouver matière à réflexion sur la complexité de sa pratique psychanalytique….
Pour comprendre Quelqu’un, j’ai rassemblé, revu et complété des articles qu’il a publiés depuis 1969 dans différentes revues, ce sont en quelque sorte les petites pierres que j’ajoute à la connaissance d’un homme en qui il est question du statut de toute connaissance humaine.
“Pour vivre, on a tous besoin de s’identifier à des images fortes“, m’a-t-il confié un soir, “d’où le succès des histoires qui s’efforcent de nous révéler des secrets interdits, alors qu’elles ne sont jamais des explications“.
Mais la biographie de Quelqu’un est à tous points de vue une étrange affaire.
Je l’ai dit dans un passé révolu, un écrivain ne devrait jamais écrire un livre de psychanalyse, il devrait écrire toujours, avec sa propre chair, un livre d’écrivain.
Chaque écrivain-psychanalyste digne de ce nom, devrait écrire avec sa propre histoire en arrière plan.
Une rencontre se produit toujours entre ce qu’évoquent les “patients” et ce qui a été évoqué dans sa propre analyse.
C’est ce qui “travaille” Quelqu’un dans son autoanalyse qui va donner naissance à une idée originale ou une pratique nouvelle.
Tenter dès lors, par un retour en arrière, de retrouver dans l’histoire de Quelqu’un l’origine de telle idée ou de telle pratique, me paraît être hautement profitable.
L’une des grandes leçons que je continue bon gré mal gré à recevoir de Quelqu’un, c’est qu’il n’y a pas un seul type d’analyse.
Depuis longtemps, malgré les difficultés de l’entreprise, je rêve d’écrire l’histoire de Quelqu’un et de ses diversités pour montrer l’intelligence et la souplesse du bonhomme, la manière dont il s’adapte aux circonstances, son côté à la fois bougon et humain.
En ce domaine, une meilleure connaissance historique permettrait de faire taire bon nombre de polémiques stériles et de relativiser certaines règles qui sont nécessaires sans doute, mais pas suffisantes.
Outre qu’elles nous fournissent une foule de détails souvent piquants sur Quelqu’un, « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens » nous donne un autre aperçu de la perception théorique de la vie.
On y voit Quelqu’un discuter de certains choses avec moi, et s’enliser clairement dans certaines propositions, on peut en tirer des leçons pratiques.
Beaucoup de textes demeurent inédits.
J’ai également découvert aussi que l’homme Quelqu’un avait une passion dévorante pour la recherche.
Un homme bien sous tout rapport, mais sujet à un bouillonnement créateur extraordinaire.
Son livre “Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens” roman d’un genre bizarre, où le langage, la logique et deux ou trois autres vérités établies boivent la tasse au profit d’une prose puissante et drôle, profondément inventive, est piquant, pensé, amusé, servi par un phrasé et un sens du récit pour le moins originaux.
En effet, tout ce qui est important, profond, émouvant, a déjà été écrit par d’autres des millions de billions de fois.
Quelqu’un devait donc les écrire de façon différente pour qu’elles aient vraiment du sens…
“Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens” est l’air de rien une expérience sur le genre même du roman.
Les étages de récits s’y superposent, autorisant des lectures multiples.
“Mon livre “Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens” est moins une histoire qu’une conversation“, avance Quelqu’un, qui trouve plutôt naturel le caractère baroque de son roman, “il suffit de regarder la télévision, d’aller au cinéma, de jeter un coup d’œil sur l’art et la publicité ou de se promener simplement autour du lac de Genval pour se rendre compte que tout est mélange…, le collage est plus courant que la linéarité“, note-t-il encore.
N’empêche, il fallait le faire…
Accoler comme il le fait le présent au passé et le fantastique à la réalité, en mêlant les intrigues sexuelles et les niveaux de narration avec un sens aigu du vécu virtuel, est une prouesse de taille, un coup de maître d’autant plus respectable que l’auteur ne se prend pas au sérieux.
“Je crois que c’est par l’humour que je me prends le plus au sérieux“, nuance Quelqu’un, qui poursuit, “les gens semblent considérer que les choses drôles ne comptent pas, alors qu’elles sont le lieu par excellence où appréhender les coïncidences, similitudes et absurdités de la vie…, voyez Kafka, Shakespeare, ou la Bible…, les écrits les plus sérieux de la littérature sont finalement les plus drôles !“.
Livre d’aventure et de légende, d’amour et de nostalgie, de bonheur et de tragédie, “Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens” a l’humour pour bannière et, partant, la liberté.
Il donne généreusement des pistes pour rêver, s’émouvoir et aimer….
Le livre est ouvert à toutes les suites possibles.
D’ailleurs, il ne se termine pas.
Pas de point final à la dernière page, mais une phrase laissée en suspens…
Et même au-dedans du livre, le lecteur est encouragé à combiner à son gré une multitude de vérités.
“J’aime les livres qui échappent à ce que l’auteur veut qu’ils deviennent“, explique Quelqu’un, pas imbu de son rôle.
“Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens” est… illuminé.
Une clarté qui annule jusqu’à la frontière entre le vécu et les songes y éclaire de l’intérieur les plus infimes détails.
La vie le traverse de part en part.
Et certains pseudos y meurent extraordinairement.
Ne parvenant pas seulement à rendre le lointain proche, Quelqu’un permet que l’inimaginable prenne possession de nos imaginaires.
L’essentiel, bien sûr, est dans les mots, dans la manière époustouflante dont Quelqu’un époussette la langue.
Dans la superbe avec laquelle il y allie bouffonnerie et puissance d’expression littéraire.
Voilà Quelqu’un à découvrir sans délai.
“Cela n’a rien d’anodin“, affirme Quelqu’un, “j’ai mis mon âme dans ce livre. Ma volonté a toujours été de vouloir changer le monde… , je sais que je n’y arriverai pas, je sais aussi que je vais continuer à y croire. Ce livre est une compilation d’histoires, les propos déjantés m’inspiraient et allaient dans le sens de mes envies d’expression en ce moment, la liberté, c’est d’aller là où l’on ne vous attend pas, non ? ! Je fais ce que je veux, quand je veux, attitude qui véhicule bien des difficultés car on vous le fait toujours payer… L’interdit auquel se confrontent bien des femmes, est la vieillesse et la mort, aujourd’hui, c’est le regard des autres qui devient ordre moral, c’est pire qu’il y a un siècle où la morale était une affaire de classes. Aujourd’hui, tout paraît possible, mais, en réalité, dès que vous essayez de faire quelque chose, on vous en empêche, les procédés sont plus sournois et la société permissive en apparence est de plus en plus directive dans le quotidien, c’est le manque de notre époque : manque de curiosité, de profondeur, de liberté“.
A travers son livre, Quelqu’un a aussi voulu rendre hommage aux femmes, à leur courage, à leurs audaces.
Quelqu’un sait que l’homme, trop souvent, est fondamentalement lâche et doit arriver au crépuscule de sa vie pour se libérer de lui-même, du regard des autres, de la société et d’oser.
Il le dit d’ailleurs clairement : “Toute femme est prête à s’offrir et à souffrir par passion au-delà de toute considération moralisatrice. Et ce à n’importe quel âge et dans n’importe quel cadre. L’homme est une bite sur pied, prêt à s’enfoncer n’importe où et à fuir aussi vite dès que les sentiments s’en mêlent. L’homme a beaucoup plus à apprendre de la vie que la femme car elle, elle la porte, ce qui lui donne un sens physique de la vie et de la mort. L’homme, lui, ne découvre ça qu’à travers l’expérience d’une vie“.
En réalisant “Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens“, Quelqu’un s’est écarté des univers fermés et violents qu’il avait parfois connu…
“C’est une tentative. Je crois en l’homme mais je ne lui fais pas confiance. Je me bats pour faire partie de la communauté humaine. Mais j’ai beaucoup de mal à trouver ma place. Je suis persuadé que nous ne sommes pas faits pour vivre ensemble. D’où mon livre axé sur les liens d’amours et non sur l’individu en tant que personne à déifier. Toutes les pages de mon précédent livre “Liens d’amours“, montrent que nous vivons ensemble, que nous faisons partie d’un tout, que chaque individu n’est qu’une parcelle. Si la communauté humaine rejette ce livre-ci, mes livres suivants seront encore plus sombres qu’avant. Ce sera ma réaction d’artiste. Et mon combat virtuel“.
Il y a deux attitudes face à Quelqu’un : la fidélité ou la transgression.
Jeu de miroir pour dire combien la passion amoureuse émancipe, défie toute temporalité, dégage toujours des parfums envoûtants, exige un don de soi, reste éternelle, provoque la confusion des sentiments et oblige à se perdre pour se trouver.
Bref, elle réveille nos démons et ça vaut la peine.
Quelqu’un joue avec les mots, met les situations en abyme, utilise son savoir et, dans une sorte de mise en scène du sentiment inaltérable de la passion, il réussit cet exercice de style périlleux en gardant le cap de la sobriété…
Quoique….
Les écrits de Quelqu’un, reflètent une vision qui tient le monde pour définitivement insensé, irrationnel et absurde.
Dans un article récemment publié, Quelqu’un écrit :”Je me vois déchiré par des forces aveugles, montant du plus profond de moi, s’opposant en un conflit désespérant, sans issue, je ne puis évidemment pas savoir qui je suis, ni pourquoi je suis.”
Quelqu’un écrit certains textes pour faire état de ses conflits intérieurs avec ce qu’il voit comme un univers incompréhensible, et exprimer également ses difficultés à accepter sa propre existence.
Il affirme, à propos de son oeuvre : “Je tâche de projeter sur papier un drame intérieur, je ne veux que traduire l’invraisemblable et l’insolite, mon univers.“.
Quelqu’un révèle ses craintes en la barbarie latente dans le cœur humain et, il se projette aussi lui-même avec ses propres conflits dans ses textes.
Pour représenter clairement ses thèses, Quelqu’un utilise nombre de techniques dramatiques originales.
A travers celles-ci, Quelqu’un présente une peinture visuelle des conflits existentiels sous-jacents de la vie.
Les divers éléments dramatiques et thématiques de son oeuvre se combinent pour former une image du monde intérieur chaotique et incohérent.
Une méthode par laquelle Quelqu’un communique ses thèmes est l’absurdité.
Les commentaires des gens, sont, pour Quelqu’un, tous très similaires alors qu’ils semblent incapables de formuler des réflexions originales.
Quelqu’un y voit quelque chose d’un “esprit de masse” à l’œuvre, dans lequel chacun répète sans réfléchir les mots et les actes d’un autre.
Au fil du temps il devient clair que personne ne voit dans les présages d’une tendance à venir ou ne saisit la signification derrière leur apparence.
En plus de ridiculiser l’étroitesse de vue des gens, Quelqu’un tourne en dérision ceux d’entre eux qui ont des prétentions à la sensibilité et à la logique.
Leur raisonnement, pour lui, n’est rien qu’une farce, rendue dans certains cas plus ridicule encore par la croyance égotiste en leur propre supériorité intellectuelle.
A travers l’illogisme des gens, Quelqu’un propose sa thèse que le raisonnement humain, en dépit de ses prétentions au contraire, est essentiellement absurde.
Son monde intérieur est irrationnel et absurde, et Quelqu’un ne distingue aucun ensemble primordial de règles logiques liant l’univers en un tout compréhensible.
D’après Quelqu’un, le raisonnement humain est incapable d’apporter de l’ordre au monde car il ne se ramène à rien de plus que des inepties.
Ainsi, Quelqu’un introduit ses thèmes par le biais de l’interaction entre tous les personnages qu’il côtoie, qui se révèlent complètement irrationnels.
Quelqu’un se révèle en même temps détaché et désintéressé de la vie en général, il écrit que “la vie est un rêve“, et il affirme : “Je me demande moi-même si j’existe!”.
De tels soucis existentialistes reflètent l’intérêt de Quelqu’un pour les problèmes physiques de sa propre existence.
Pour arriver à ses fins, Quelqu’un utilise beaucoup de techniques dramatiques non traditionnelles pour mettre en scène l’absurdité de la vie.
La plus évidente est l’emploi d’un autre Quelqu’un en tant que métaphore de la barbarie essentielle des êtres humains, et aussi de l’absurdité de l’univers.
Selon Quelqu’un, il n’y a aucun sens à trouver dans la vie qui passe dans le temps grâce à l’humour…..
-Patrice DB ; “Vous profitez de tout et de rien pour brosser un portrait assez ironique de tout le monde, les “autres”, qui écrivent des choses hallucinées…“.
-Quelqu’un ; “Pour moi, il y a trois sortes d’auteurs.
D’une part, les écrivains professionnels qui ont écrit d’abord plein de petites choses puis quelques romans avant d’arriver sous les projecteurs de la célébrité.
Ce sont des gens qui travaillent, s’entraînent, font leur métier.
Ensuite, il y a ce que j’appelle les amateurs chanceux.
Des gens qui ne savent pas du tout écrire mais qui ont un coup de bol et répondent à une attente du public.
Ce sont des écrivains épouvantables mais ils rencontrent le succès à un moment précis.
Enfin, il y a les « crossover writers ».
Flics, avocats, juges, ménagères, fonctionnaires des impôts, garagistes, barmaids, femmes de ménages au noir, qui se disent : « Merde après tout, j’ai plein d’expérience, je vais écrire un livre ».
Ou alors c’est leur maman qui leur dit; « tu n’es pas plus bête que ce type qui a écrit “Liens d’amours“et en plus tu connais ça bien mieux que lui. Tu devrais écrire un livre ».
Et le type ou la typesse répond : « Bonne idée m’man. Je crois que je peux le faire ».
Et ça donne des “trucs” plats, sans inspiration, dans une prose ennuyeuse à mourir.
Et puis il y peut-être une quatrième catégorie: ceux qui écrivent parce qu’ils/elles en ont envie…”.
-Patrice DB ; “Vous avez imaginé tout cela ou ils/elles existent dans un coin quelconque du monde ?“.
-Quelqu’un ; “Ils et elles correspondent à ce que pensent sans doute plein de gens ou d’auteurs amateurs qui veulent des textes simples, clairs, auquel chacun peut s’identifier.
J’ai reçu un jour une lettre d’une lectrice qui me disait : “Je ne lirais plus jamais un de vos livres. Il y a trop de texte”…”.
-Patrice DB ; “Votre livre “Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens” reflète l’air du temps”.
-Quelqu’un ; “J’espère en effet être arrivé à ça.
A partir d’un petit livre je raconte quelque chose d’universel et qui reflète l’état du monde et son évolution…”.
-Patrice DB ; “Tous les pseudos qui vous critiquent, même les crapules, ont quelque chose d’humain, êtes-vous foncièrement optimiste ?”
-Quelqu’un ; “Je ne suis pas du tout sûr d’être optimiste.
Je pense être un homme honnête, quelqu’un de bien et de très humain, mais parfois, je me trouve très pessimiste.
Dans les moments que nous vivons, avec Bush qui voulait faire la guerre en Irak à tout prix alors qu’aux Etats-Unis même, des tas de gens y étaient opposés, je me demande parfois où je pourrais bien aller vivre si on perdait tout sens logique.
Et finalement, je ne sais pas parce qu’avec mon livre, je suis en fait citoyen du monde”.
-Patrice DB ; “La réalité vous influence-t’elle beaucoup ?“.
-Quelqu’un ; “Sans doute. Je vois le monde dans lequel je vis et les pseudos virtuels en font partie.
Ils sont très réels.
Dans “Liens d’amours“, il y a tant et tant de personnages, chaque lettre d’amour est un personnage…
Pour moi, ils sont très réels…, et parfois très tristes.
Ils n’ont aucune échappatoire à l’amour…”.
-Patrice DB ; “Avec “Liens d’amours“, vous écriviez d’amour avec beaucoup d’humour et en lançant des piques à gauche et à droite“.
-Quelqu’un ; “Grâce à “Liens d’amours“, j’ai eu la possibilité de crever la baudruche de tous les pseudos qui se prennent au sérieux, qui font des métaphores et soudain se croient géniaux.
Il y a de vraies barrières entre les genres et les romans d’amour sont toujours considéré comme de la sous-littérature.
D’ailleurs, chaque fois que les critiques veulent dire du bien d’un livre “hors normes“, ils utilisent toujours la même formule : « Ce livre transcende le genre »…
Mais pour ce qui est de « Liens d’amours », ce fut différent.
J’ai envoyé une « maquette » sous forme d’un produit quasi-fini, avec couverture, dos carré broché, montage, mise en page, bref en utilisant tout mon passé d’éditeur, je réalisais en effet dans les années quatre-vingt des magazines qui « tiraient » à 500.000 exemplaires mensuels dans le monde entier…
Mais quoique j’eusse envoyé une cinquantaine de « Liens d’amours » aux plus grandes maisons d’éditions françaises, toutes m’ont répondues ne pas pouvoir ou ne pas vouloir le publier.
Ce qui m’a choqué, c’est que certaines maisons d’édition m’ont renvoyé le livre sans même l’avoir ouvert. Certains détails ne trompent pas.
Mais ce qui m’a sidéré, c’est que les autres maisons d’édition m’écrivaient que si je ne leur envoyait pas quelques €uros (de 5 à 10), elles détruiraient le livre….
Pensez-donc, les plus illustres maisons d’édition qui détruisent des livres, des livres qu’elles ne lisent même pas pour la plupart…
J’ai été choqué.
Certes, renvoyer des manuscrits coûterai une certaine somme, mais ce coté « commercial » avoué, n’est pas amical.
Il y a une manière de faire les choses, et en ce cas la manière rend amer.
Cela m’a fait penser qu’il n’y avait plus de place en littérature pour des lettres d’amour, pour des poèmes, pour des déclarations d’amour, pour la vie telle qu’on en rêve.
La pire réponse est venue d’une maison d’édition que je ne nommerai pas, sous la frappe (double sens) d’une certaine Jane S….k qui m’a répondu : « Notre comité de lecture n’a pas été enthousiasmé par votre manuscrit qui ne présente pas suffisamment, selon nous, de qualités littéraires ».
Je suis allé relire quelques textes et poèmes au hasard pour saisir le sens de leur remarque…
J’ai eu encore plus mal.
Que voulez-vous, je ne suis pas au centre de scandales politiques, je n’ai encore tué personne, je ne fais pas partie de leur sérail….
Il me faut donc jouer dans une autre cour de récréation…
Voici quelques-uns de ces textes qui ne présentent pas suffisamment de qualités littéraires…:
Je suis la mer et toi la falaise.
Je suis la mer et toi la falaise, je me jette à tes pieds, tu me regardes de haut.
Je cherche à avancer, tu veux que je me taise, je me brise avec fracas, tu me tournes le dos.
Des gens viennent me voir mais moi je ne peux monter.
J’aimerais apercevoir ce que tu caches là-haut, des champs couverts de fleurs, de la verdure, des prés.
Pourquoi es-tu de roc, moi je ne suis que de l’eau.
La marée veut m’aider, le vent de l’Est aussi.
Ils tentent pour moi l’impossible, tu restes insensible.
Acceptes de m’écouter, tu verras qui je suis.
Combien d’années faut-il pour que je sois crédible ?
J’aimerais qu’entre nous deux il y ait une plage, je m’étendrais sur toi, je te rendrais hommage.
Peut-être qu’avec le temps, j’arriverai à t’effriter, mais laisse-moi m’approcher que je puisse t’embrasser.
Le bonheur, c’est quand on a peur de le perdre…
La vie vous donne, puis elle reprend.
On en vient alors à voler quelques bonheurs que l’on cache tout au fond de son cœur.
Des émotions, quelques déraisons, plusieurs “Je t’aime“, diverses caresses.
On sait que tout est bien caché lorsque le cœur se met à cogner.
Il bat plus fort, il bat très fort, si fort qu’on à peur que ça s’entende tout autour de soi.
C’est que…, un cœur qui bat plus fort, ce sont des yeux qui pétillent, la tête qui s’emplit de souvenirs d’envies et d’envies de souvenirs, dans un grand charivari qui tourbillonne l’esprit et fait transpirer le corps.
Ah !, le corps, qui vibre encore au rythme des caresses, qui parfois en meurt d’envies, ce qui le fait renaître, et encore et en corps, perdu et transfiguré, harassé, pantelant d’être aimé, vibré, effleuré, pénétré…
On croirait qu’en cet instant sublime, l’esprit s’évapore, alors qu’il s’imprègne au contraire des myriades de bonheurs qui s’étreignent sur chaque grain de peau.
Plus loin, le temps finit par revenir, donnant en cadeau les souvenirs à peine passés au milieu d’autres dépassés dans un autre charivari de pensées qui pansent certaines blessures et en ouvrent d’autres qu’il faut cicatriser.
Le bonheur, c’est tout cela.
Il est rare, impalpable, il glisse hors des esprits ne laissant que des traces.
On ne le tient que lorsqu’on à peur de le perdre, on sait alors…..
J’ai peur.
C’est plus qu’un “je t’aime“.
Souvenirs de glaces au chocolat…
Elle habitait là-bas.
Elle vendait des boules de glaces, des cornets d’amour et des mamours en chocolat.
Un jour, à la dérobée, je lui ai volé un baiser entre deux boules de moka.
Transfiguré de ce baiser, je suis revenu chaque jour à son glacier, pas à pas.
Baisers d’amour, baisers de chocolats, baisers de moka….
Eté finissant de nos vingt ans, chocolats, baisers, mokas….
Nostalgia.
Elle s’appelait Patricia.
Elle n’habite plus là-bas.
Elle ne vends plus de boules de glaces, de cornets d’amour et de mamours en chocolat.
J’ai gardé au fond du cœur ses baisers comme des traces de mokas.
Automne finissant de mes presque trois fois vingt-ans, chocolats, baisers, mokas….
Nostalgia.
L’amour, c’est trois fois rien et tout à la fois, un souvenir de chocolat, de moka, deux boules de glaces, un cornet d’amour, quelques mamours…, et Patricia…
Quand je serai vieux, et que tu seras vieille…
Quand je serais vieux et que tu seras vieille, quand mes cheveux bruns seront des cheveux blancs, sur le petit banc tout auprès de la treille, nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.
Je te dirai “je t’aime” et comme au premier jour, tu poseras sur moi tes yeux remplis d’amour.
Et puis, timidement, nos mains se chercheront, nos corps, vieillis par l’âge, se réuniront.
Quand je serai vieux et que tu seras vieille, quand tes cheveux blonds seront des cheveux blancs, sur le petit banc tout rempli de soleil, nous irons nous asseoir, un peu comme à vingt ans …
Orage pornographique…
Les orages de juin se contentent paraît-il de monter à la fin des jours trop longs.
Ce n’est pas le cas aujourd’hui.
L’orage monte, il couvre de gris les alentours et leurs hirondelles, il accable les passants et les statiques, il soulage les désirs des vivants et donne des envies aux électriques.
Il est pourtant tôt.
Avant midi encore.
La chaleur s’écroule sur un sol déjà humide.
Alors forcément, on se met à rêver.
Etre une fois dans une vie trop courte, juste une fois cabré et préhistorique, entouré de femmes pulpeuses comme des fruits dans une forêt de hêtres, de ces forêts joyeuses qui font des branches noueuses, qui dansent la nuit pendant qu’on dort.
Rien qu’une fois s’allonger pornographique, parmi des femmes insouciantes qui donneraient leurs corps à l’orage qui monte, et leurs sueurs intestines parfumant les fourrés.
Une fois seulement oublier la morale et la honte, amuser des inconnues qui se prendraient au jeu, dans la lumière trop verte et les éclairs au loin.
Etre le maître d’une cérémonie pastorale, telle cambrée sur une souche de mousse, telle autre alanguie et pendue à une branche solide, avec des feuilles qui ne retiendraient plus la chaleur de la pluie.
En finir une bonne fois pour toutes avec nos accoutrements et les bonnes manières.
Toucher les chairs ouvertes, oublier la grammaire, devenir fantaisie.
Satisfaire les fantasmes de ces dames, laisser l’orage laver nos soupçons.
Demander une dernière fois à la nature de corriger sa copie, et qu’elle ne ponde plus qu’un homme pour cent femmes quand l’orage éclate et que l’orgie forestière coule à flot : moi, oui, moi, moi, moi, mesdames.
Sur mon lit de mort…
Sur mon lit de mort, très tard et très vieux, j’ai comme une envie de faire un vœu.
Les revoir toutes.
De celles que j’imaginais n’être qu’une histoire, de celles qui se rêvaient d’amour et finissaient en vagues souvenirs douloureux.
Les revoir jeunes et moi comme mort, pour leur dire avant de m’engluer définitivement dans une tombe étroite, pour leur dire merci.
Merci de m’avoir permis d’être vivant, les soirs où je les découvrais, toujours impuissant devant tant de violence dans leurs corps fascinants.
Ces fameux soirs où l’on arrêtait le temps.
Papa…
Tu es toujours là, caché dans un coin de mon cœur, chassant mes peines et mes pleurs.
Je te revois encore sous le saule pleureur, à ce souvenir, mon cœur se remplit de douleur.
Tu es toujours près de moi depuis que tu m’as quitté, et pourtant, je donnerais n’importe quoi pour te retrouver.
Sentir ta douceur me réconforter, malgré tes paroles exprimant souvent mal tes pensées…
Tu seras toujours là, je le sais, mais ton souvenir empêche le temps de refermer ma plaie.
Tu as toujours eu ce regard rempli d’amour pour tous ceux qui t’entouraient, et la fierté de tout ce que j’accomplissais.
Combien de fois tu me le disais, je te comblais.
Maintenant tu n’es plus là derrière moi, mais c’est encore en toi que je crois
Pour les autres tu es mort.
Pour moi, je t’attends encore, dans chaque fleur, chaque orage, dans chaque beau présage, tu reviens vers moi me dire,que le plus beau est encore à venir…
Je t ‘aime papa.
Où que tu sois, je ne t’oublie pas…
Il s’agit de ce dont on ne sait pas si ce fut jamais…
De l’amour, on a beaucoup conté les commencements, et il en est de mémorables récits, qui font de grandes pages de littérature.
A-t-on aussi souvent dépeint les conclusions amoureuses ?
Elles ne sont pas très édifiantes, aussi jette-t-on souvent un voile pudique sur ces misérables fins de comètes.
Ou alors, il faut beaucoup de talent pour transformer en objets d’art ce qui coûte si cher aux âmes et aux corps.
Il est quelques notoires exceptions à cette discrétion, chez les meilleurs.
Considérations désabusées, « Faire l’amour » c’est très exactement du contraire qu’il s’agit, d’un amour qui se défait, que l’on défait, d’une défaite en somme, d’un désaccord, d’un désastre, infinitésimal et gigantesque.
Tout n’y est pas en demi-teinte, entre chien et loup, effleuré d’une plume des plus fines, sans ruptures, presque sans coutures, fluide comme un long solo de saxophone dans la nuit, d’une mélancolie qui semble ne pas pouvoir s’éteindre.
L’amour, serait-ce comme une note qui se tient, au-delà de la limite du souffle, dont on a peur qu’elle se brise, jusqu’au point final, avec la même intensité, la même densité ?
Quand le rideau tombe, en amour, on s’aperçoit qu’on a été capté de bout en bout, en un suspense dont seuls les mots sont les gages, souverainement placés comme les pierres dans ces jardins secs dont les Japonais ont le secret.
Dans cet univers de la ligne claire, le flou, l’approximatif ne pardonnent pas.
C’est comme de jouer du xylophone dans une cathédrale : pas question de frapper à côté, les vitraux en trembleraient.
La réussite de l’amour se situe là : dans la hardiesse des conditions mises à son accomplissement, et dans la maîtrise avec laquelle elles sont remplies.
Il s’agit de ce dont on ne sait pas si ce fut jamais…
On vit très mal cette fin de règne, celui de l’amour, on est dans un monde qui se délite, un tournant d’époque, cadastrant un présent qui ne sait pas où il va, qui ne pose plus de gestes, qui de toute manière ne les achève jamais et ne parviennent pas à ponctuer leur histoire, en ce sens qu’une ultime étreinte est refusée, par un effet d’interruption constant et comme inéluctable.
Pas de point final à ce qui, un temps, rapprochait.
Car l’amour ne s’éprouve pas ou alors par son manque, irrémédiable.
C’est l’humeur d’un temps, un déclin affectif du monde, une confusion d’égale « désapétence » de vie en un semblable désenchantement.
Le plus curieux, c’est que vous soyez subjugué à ce point par cette description d’un plaquage où l’homme/femme, est odieux, et la femme/homme, désarmée.
C’est dû à une adéquation totale entre un propos et son expression, comme on la constate devant certains paysages.
C’est bien et c’est tout ce qu’il fallait dire…
La mélancolie des innocents …
Quelqu’un veut partir.
La vie, c’est trop petit pour lui.
Les gens s’y contentent de rien et appellent ça le bonheur.
On pourrait croire que parfois, sous leurs airs mornes de tranquillité béate, ils pensent à des trucs pas forcément ordinaires.
Mais non, ils ne pensent à rien.
Rien de rien.
Quelqu’un veut partir, quitter la vie, vite fait.
Et qu’on ne lui parle plus des riens.
Il les déteste les riens, les moins que rien !
Quelqu’un a des rêves trop grands.
Ses soifs le portent au loin.
Mais son virtuel est malade et sa réalité est toute autre.
Quelqu’un voudrait partir.
Il va partir.
Il partira…
En attendant, il reste là, à traîner dans la vie sans désir d’y aller, à dormir tout contre son ombre comme au temps de l’innocence.
Il a connu même un temps les illusions revenues et ses tremblements.
C’est une histoire simple en somme, c’est-à-dire compliquée.
Une histoire qui charrie très peu de choses en surface mais qui fait un vacarme de tous les diables au-dedans.
Quelqu’un a l’art de suivre les lignes brisées des solitudes sans en rajouter.
Il affine d’un vague à l’âme à l’autre une vie non contenue au gré de laquelle il explore au plus juste les failles des personnages qu’il croise.
Sa sobriété ne nuit en rien au romanesque.
Ses mots s’accrochent sur le blanc des pages comme les notes d’une partition intime autant que déchirante.
Chaque court chapitre de sa longue vie s’y avance davantage que le précédent au bord des gouffres qui s’ouvrent sous les pas de Quelqu’un.
Cette affaire ne devrait rien avoir de drôle mais c’est le cas.
Il y fait plutôt sombre.
L’espoir y boit la tasse.
Mais sa lecture vous change.
Car qui n’a jamais senti ses élans menacés par la mollesse ambiante ?
Qui ne craint de voir ses rêves s’écraser sur le mur du monde indifférent ?
Quelqu’un est indéfinissable sauf de lui-même.
Il a un âge où la vie qu’on voudrait vivre et celle que les adultes mènent ne font pas toujours bon ménage. D’où sa mélancolie, la mélancolie des innocents, celle qu’il voudrait vivre, qu’il vit, et qu’il vivra, celle qu’il aura vécue en dehors de dedans de lui-même, s’il reste là!
Quelqu’un écrit dans les marges, là où on laisse de la place pour corriger le destin, pour enjoliver un brin le strict emboîtement des histoires.
C’est à une balade au passé recomposé, une plongée dans le miel d’un temps que vous convie Quelqu’un.
Elle se passe, il y a longtemps, ou peut-être jamais.
Elle habite la mémoire d’un vieux solitaire échoué en bout d’arbre généalogique.
Mais la tristesse n’est pas de mise.
Ou il s’agit de la cacher.
Il s’agit de zigzaguer entre légende et souvenirs.
Et si tout était vrai ?
Si les uns et les autres qui jalonnent son récit avaient existé tels quels, ce serait juste encore plus beau.
Quelqu’un vous invite à la rêverie le long du sentier des vies….
Il continue d’écrire comme d’autres construisent, une histoire hantée par des fantômes très tendres. Une histoire en lutte contre la fuite des souvenirs.
Ne la lisez pas, vous seriez emporté( e)s avec lui.
Tout et n’importe quoi, laisse des traces…
Toute existence laisse des traces, mais il faut un destin exceptionnel pour qu’elles méritent d’être rassemblées dans une histoire, à moins de décider que les vies ordinaires méritent, elles aussi, d’être exposées dans leurs moindres détails…
Tout cela est alors disponible, au prix, inévitablement, de quelques absences puisque tous les événements survenus ne se matérialisent pas nécessairement dans aucune histoire.
Il est même de surprenants silences, comme lors de voyages au cours desquels on écrit des cartes anodines, si bien que nous ne savons presque plus rien de nos propres épisodes, à tel point qu’avec le recul soporifique du temps, on ignore même dans quels ports on a mis les pieds.
Il en ressort, bien plus que des objets matériels, un caractère passionné qui fait tomber parfois dans l’excès de bonheur, et fuir celui-ci de peur d’en souffrir.
On imagine que cette entreprise est le témoignage d’un amour intense.
C’est beaucoup plus compliqué que ça.
Cette sorte de détachement est peu à peu miné, inévitablement, sournoisement, par l’émotion que provoquent en moi une photo, une carte postale, une lettre.
Emotion soulevée autant par la haine que par l’amour.
A ce moment, je pense fermer la porte des histoires.
Pour cause de contentieux, avec mon passé ?
Avec moi-même ?
Tout se mêle, les éléments du malaise sont inextricables, comme si le seul acte d’avoir créé diverses histoires m’avait plongé dans un abîme.
J’y rencontre des images, des scènes vécues par d’autres, mais j’y suis curieusement moi-même, ma seule certitude consiste alors à affirmer que mes histoires fermeront leurs portes après ma mort.
Forcément, je n’intéresse personne, ou pas grand monde, les rares visiteurs s’ennuyant à leurs lectures, quoique…..
Quoiqu’il n’en reste pas moins, qu’à travers ma démarche originale et un peu folle, j’ai pris une dimension unique, à tel point que tout un chacun/chacune se surprend à penser, à me lire, qu’il n’y a pas de vies ni d’histoires ordinaires…
Chacune, de mes histoires, possède ses caractéristiques propres, qu’il suffit d’examiner de près pour découvrir toutes sortes de choses avec un étonnement constant.
L’âge, toutefois, s’imposant de façon de plus en plus exaspérante, il arrive parfois que les protagonistes de mes histoires de rêves soient des gens qui ont partagé mon existence, un moment ou longtemps, et qui ont aujourd’hui disparu.
Ils sont mêlés, dans mes histoires oniriques, à d’autres qui sont encore bien présents.
Cette proximité, cette alliance des morts et des vivants, des réels et des imaginaires, des palpables et des virtuels, est peut-être une forme d’appréhension de la mort elle-même, inexorable, qui se rapproche tant les années s’écoulent vite, une sorte de travail d’éclaireur, une mission de reconnaissance.
Ensuite, je me dis que j’ai fait un « mauvais rêve », pas un cauchemar, non, mais quelque chose qui met mal à l’aise comme si, pendant un temps, j’avais vacillé entre le rêve et la réalité, entre la vie et la mort.
Peut-être, me dis-je parfois, un jour ou une nuit, je mourrai au cours d’un rêve d’histoire ou d’une histoire de rêve dont je ne sortirai plus, je ne trouverai plus la porte, ce sera fini.
Angoissant.
Mais ça, bien sûr, c’est aussi un rêve, voire une histoire…
C’est à la fois effrayant et terriblement excitant.
Une aventure fascinante, à rendre fou…
Mais l’histoire, mon histoire, inscrite de façon indélébile dans le temps, va-t-elle se répéter de manière identique ? Sera-ce une autre œuvre, empreinte d’une forte émotion, d’une autre infinie tendresse, d’une finesse incomparablement différente… ?
Eclairez-moi, allongez-vous contre moi, endormez-vous dans mes bras, laissez-moi rêver de vous rêvant de moi et aimez-moi…
Savoir qu’il est parti sans le réaliser vraiment…..
Philosophe du coin du feu, mon chat accueille d’un bâillement ceux qu’il reçoit.
Derrière son clignement, il semble ignorer que la vie n’est autre chose qu’une suite de préludes à ce chant inconnu dont la mort est la première et solennelle note.
Ou alors, il s’en bat l’œil.
Mais tout laisse croire que mon chat ne sait pas qu’il va mourir.
Le saurait-il d’ailleurs, qu’on peut le soupçonner, comme les vieux stoïciens, de feindre que ce n’est pas là son problème ; “Tant que je suis vivant, je ne suis pas mort; une fois mort, je ne suis plus là pour en profiter” devrait-il philosopher s’il était humano-chat…..
À moins que mon chat, écroulé sur son coussin, ne soit tout bonnement shakespearien et rêvasse; “Mourir, dormir, rien de plus… Rêver peut-être?“.
Ce qui est sûr, c’est que mon chat ne fréquente pas “Le Livre des Morts Tibétain“.
Encore moins “Les prêches” d’Alphonse de Ligori, qui donnent à scruter “Cette chose qui n’a de nom dans aucune langue“, c’est à dire la putréfaction progressive du cadavre, tandis que l’âme, déjà en Enfer, rôtit pour ne pas avoir suivi les injonctions du pieux fondateur des rédemptoristes, appelés, en conséquence, rédempterroristes.
Non, décidément, quand mon chat se gratte l’oreille, il ne s’agit pas de démangeaison philosophique.
Mieux vaut un chien vivant qu’un lion mort ?
Allons donc, autant parler à un coussin!
Mais voilà que tout se gâte…
L’univers bascule…
Mon petit chat est mort.
Me voici au bord des larmes.
Bien sûr, il y a longtemps que je sais qu’il ne savait pas, tout en sachant tout de même qu’un jour il allait mourir.
Car tous les chats sont mortels, les hommes aussi…
Or, mon chat était un chat, et dès lors…!
La peste soit des syllogismes!
Là n’est pas la question.
Depuis qu’il a appris à écouter, le petit chat aurait du entendre parler de la mort.
Au début, cela lui aurait semblé abstrait.
Peut-être aurait-t-il vu ensuite des tombeaux, des funérailles, un autre chat mort?
Et puis, le petit chat est mort.
Tout à coup, le ciel s’est déchiré.
La mort d’abord, c’est la mort de l’autre.
Mon abandon.
La perte des liens qui me tiennent.
Le sol qui se dérobe.
Le soutien qui défaille.
Où est-il?
Où est-elle?
Qui suis-je?
Que sont mes amis devenus, que j’avais de si près connus?
Béance.
Disparition.
Voilà qui est solidement réel au regard de l’idée évasive de son trépas.
Brutalité du fait.
Et, en même temps, irréalité.
Savoir qu’il est parti sans le réaliser vraiment…..
Aussitôt après le trépas, c’est le brouillage des repères: “Il est si beau, dirait-on pas qu’il dort?” m’a t-on dit sans pleurer davantage.
To die, to sleep, no more…
Mais il ne répond plus.
Le souffle ne voile plus l’espace gelé du miroir.
Que faire de ce corps dont les phanères frémissent encore?
Quelle place lui donner?
Quelques temps après son départ de l’aimé surviendra alors la dépression immunitaire.
Le lien coupé brouille les rapports à soi.
Monts et merveilles, vents et marées, au loin la mer s’est retirée, la vie s’assèche.
Le corps, qui s’étayait sur l’autre, est las de se défendre.
Il lui arrive de mourir à son tour.
Si rien ne vient suppléer à la relation perdue, c’est la chute…”Ô mort, vieux compagnon“, il m’avait fallu des millénaires en amont pour t’apprivoiser.
Seuls mes rites y étaient parvenus, même les plus déguisés.
Il n’y a que quelques gestes codifiés pour donner à la mort une place qui ne vienne pas dévorer les vivants. Seul le tissu symbolique des grands cérémonials, la convivialité qu’ils hébergent, permettent d’humaniser le passage, mais comment faire grande cérémonie pour la mort de mon chat?
C’est en leur sein que s’amorce la restauration du lien, la fidélité à la vie.
In Paradisum te ducerunt angeli, “Au Paradis te conduiront les anges“.
Et moi, dépouillé mais non point mutilé, je continue à manger mon pain parmi les vivants.
Entre avoir et être….
Tout est question de regard….
Ou celui-ci glisse rapidement et effleure l’image d’un corps sans trop se risquer à le détailler, ou il s’attarde sur quelques points particuliers.
Et là, attention…!
Le piège va se refermer, comme la mâchoire d’une plante carnivore.
Il ne faut pas espérer s’en tirer vite fait.
La noire cruauté voisine la plus pernicieuse séduction d’une métaphore à l’autre…
D’autant que les corps s’appellent, se questionnent l’un l’autre, mais sans jamais fournir de réponse satisfaisante.
D’autant aussi que l’attention rebondit sans relâche, attirée par la quête désespérante d’une signification ultime, Graal improbable que notre esprit tente de réfuter, parce qu’il est aspiré dans un univers sans repos.
On ressent qu’une légère perturbation a plus d’impact dans notre stabilité présumée, qu’un chambardement radical des sens….
C’est à la lisière de la folie et de la sagesse qu’on trouve l’authenticité et que les accents sont les plus vrais.
Sur le fil du rasoir…
Au bord du précipice…
Il est alors préférable, dans l’expression, que les réalités restent à l’orée de l’oralité, si l’on peut dire, sur le bout de la langue….
Mieux ne vaut pas dire certaines choses, car leur communication, en les coulant dans le bronze d’une expression convenue, équivaudrait à les neutraliser, à les décérébrer en les figeant dans ce qu’elles ne sont déjà plus.
Entre avoir et être….
Derrière les évidences, se cachent toujours des questions sans réponses toutes faites.
On parle de l’amour sans voir le cœur dans une constellation de significations.
Les vides sont à l’amour ce que les silences sont à la musique, aussi importants que les pleins et les bruits…
Une montagne, par exemple, est indissociable de son vide, sa présence massive crée dans l’espace un creux d’autant plus important et impressionnant.
Elle en devient pseudo-positive.
Tous les jours des chutes de pierres, des avalanches et autres glissements de terrain, lui font perdre des morceaux, lui rappelant qu’une montagne est ce qui reste d’une autre montagne.
Elle contient en creux cette autre montagne…
Nous contenons aussi en creux d’autres nous-mêmes.
Tous les jours ; sentiments, joies, peines, chagrins, haines, petits bonheurs, utopies et amours ; nous font perdre des morceaux d’illusions, en ajoutent d’autres.
Le tout nous rappelant que nous sommes sans cesse ce qui reste de nous-même…..
Pour toi…
Pour toi, je confierai à la vague et au vent, mes mots d’amour, pour qu’ils s’inscrivent marine, à fleur de jetée.
Pour toi,je cisèlerai les mots de mes désirs cachés, dans l’écorce de l’arbre condamné, qui t’offrira son ombre, un dernier été.
Pour toi, je glisserai dans le lit des torrents tumultueux, à la recherche des mots secrets, qu’au premier gué murmurant, je t’ébrouerai.
Pour toi, j’inventerai des mots imparfaits, qui ourleront la rosée, égarée dans le ciel de traîne, de tes cheveux défaits.
Je vous parle d’envies et c’est utopie …
Dans la vie, existent quelques histoires, quelques saga, qui se nomment « Envies ».
Il en est d’autres aussi, non publiées, par pudeur, excès de tendresse et mélancolie.
Elles se nomment toutes Utopies.
L’utopie n’est pas figée, elle dépend de son temps, de son espace, de son penseur.
L’utopie de l’un n’est pas celle de l’autre, l’utopie n’est non plus obsolète, elle n’appartient pas à un passé révolu.
Chacune de mes utopies apporte sa contribution à une sorte d’élucidation de l’inclassable, à des avis contradictoires.
Les pays de nulle part symbolisent l’utopie qui est de surcroît un non-sens à cause de la polysémie du mot.
Les utopies, à force de se répéter, de se dupliquer et de fleurir grâce à la virtualité, deviennent des ombres.
Les mots le disent ; faire de l’ombre, une ombre au tableau, lâcher la proie pour l’ombre….
L’ombre n’a pas bonne presse.
C’est sans doute dû à sa noirceur, à son caractère impalpable, insaisissable, à la magnifique faculté qu’elle a de se glisser partout, de se tordre, de se casser, à l’impossibilité de s’en débarrasser.
L’ombre est sourde d’angoisses, chargée de toutes les peurs, les interrogations, les mystères que souffre l’âme humaine à cause des utopies …..
Mais en même temps, l’ombre est dans le double du corps.
Dans de nombreuses cultures il est interdit de marcher sur l’ombre de quelqu’un, pourtant les utopies ne s’en privent pas, tout comme elles jouent avec la leur.
L’ombre est un double du corps, quasi son âme…
Dans le chant V du Purgatoire, (La divine comédie, 1306-1321) les âmes s’aperçoivent que Dante n’est pas des leurs car lui seul projette une ombre.
« Quand ils s’aperçurent que je faisais obstacle avec mon corps aux rayons du soleil, leur chant se mua en un OH long et rauque et je les vis me regarder avec stupeur; moi seul, moi seul et la lumière brisée ».
Dante a une ombre dans un monde ou il n’y en a pas.
Peter Pan n’a plus d’ombre dans un monde ou les hommes en sont pourvus.
Les utopies, laissent s’accrocher leurs ombres dans les fenêtres de leurs ordinateurs …
Tout le monde se méfie d’hommes, femmes et utopies sans ombre!
Perdre son ombre, c’est perdre une part de soi, une part de son âme et c’est aussi ne plus avoir de prise sur le non moi.
Thème riche en conséquences psychologiques et philosophiques.
C’est qu’il vaut mieux ne pas être une ombre…
Pourtant, moi, Quelqu’un, j’ai décidé de mettre les ombres en lumière.
L’ombre, même si elle n’inspire guère confiance de son coté obscur, n’est pas de mauvaise compagnie puisque votre ombre ne peut vous faire de l’ombre ….
C’est l’ombre des autres qui vous en fait !
Avec verve, parfois avec culture, je parviens à voir divers pseudos grâce à l’éclairage de leurs ombres….
Paradoxe paradoxal de la virtualité, et je peux les raconter ….
Si les fêtes d’humour au bord des gouffres sexuels vous tentent au point d’y perdre aussi la nuance des ombres et verser en utopie sous les délires langagiers d’un plumitif peu commun, ne négligez pas de vous égarer à me lire …
Lorsque je sors de mes rêves, et veux mettre les pieds dans la vie du dehors, je suis plus naïf et plus absurde qu’un enfant.
C’est que je ne peux pas écrire sans la force du corps qui lui-même n’est rien sans la pensée, tandis que le ballet des utopies qui tentent de voler mon ombre m’entraîne en déraisons virtuelles.
Je vous parle d’envies et c’est utopie, qui n’est plus que l’ombre d’elle même….
Vous écrivez que vous vous détachez … , mais vous y restez attachés !
Faut-il persévérer dans une vision romanesque et ultra égocentrique de l’amour lorsque tout, absolument tout dans le réel, incite à se renouveler, ou, faut-il au contraire renoncer à ses aspirations les plus intimes sans trouver alors plus rien en soi, ni chez les autres, qui donne envie d’avancer ?
C’est une question sans doute très mal formulée, puisque entre les termes de l’alternative, une foule de possibilités existent qui ne demandent qu’à être expérimentées.
Mais qui se pose avec acuité…
Le monde, fait de mesquineries, de compétitions débiles et de cynisme, c’est l’enfer au paradis !
Tout raconte rien….
On lit divers problèmes existentiels et futiles d’hommes et femmes.
Des “mecs” qui se demandent pourquoi ils vivent avec une femme “chieuse” et pas avec Naomi Campbell (qui l’est parfois aussi), qui s’interrogent pour mettre un ou deux sucres dans leur café, et qui “râlent” qu’on ne fasse pas appel à eux pour résoudre les problèmes du monde.
Des “nanas” qui se demandent pourquoi elles vivent avec un homme “con” et pas avec Bradd Pitt (ou Jennifer Lopez……), qui s’évertuent à supprimer tout ce qui est supposé faire grossir (et qui grossissent quand même….), et qui fantasment avec un doigt dans l’anus.
Tous et toutes sont comme des ours en cage, rêvant de grands espaces, de jeux, de vie simple, de caresses, de tendresses, et se heurtant sans cesse aux barreaux invisibles qui délimitent leur espace de vie.
En finale, à peine nés qu’ils ont commencé à mourir, ils finissent par mourir dans des circonstances banales, idiotes, écrasés par les circonstances de la vie (ou un camion….).
Tout cet enlisement, cet écroulement inéluctable des gens, devrait être insupportablement lourd, mélodramatique, tellement désespérant que le suicide en serait le seul remède pour ne pas mourir idiot…
Mais non, très souvent la bêtise triomphe, avec fougue, superbe, dans une écriture magistrale de la vie, constamment inventive, poétique (quoique…..), faisant surgir l’émotion la plus pure au cœur des moments les plus noirs, pointant la fragilité des hommes (les femmes aussi, mais c’est moi qui écrit…), leur incroyable vulnérabilité….
Si violence il y a, c’est d’abord dans ces corps, dans ces âmes, débordant d’émotions, de rêves, de regrets, de remords, de désarroi, et incapables de les exprimer jusqu’au moment ou ce trop plein déborde comme un volcan entrant en éruption sans crier gare, et bien plus que la violence, c’est un long sentiment douloureux qui traverse tout un chacun/chacune jusqu’au bout de nulle part.
Vous écrivez que vous vous détachez … , mais vous y restez attachés !
Brûlant à tous égards…
Suis-je sacrificiel ?
Mes écrits des autodafés ?
Les pires méchancetés me sont parfois proférées….
Alors comme je n’ai plus rien à perdre et tout à recevoir d’amour, je m’engage davantage auprès de toi…
Ce qui unit les hommes et femmes est la flambée des corps qui les laissent surpris et effarés et s’use par l’entropie même du sexe.
Nous n’avons pas la plupart du temps l’amour altruiste, c’est peut être triste à dire mais la passion n’est pas un humanisme.
Eros et Thanatos sont étroitement mêlés dans ces histoires …
Un couple n’est jamais qu’un ajustement de solitudes, et leur synchronisme tient du miracle sans cesse renouvelé en cause de doses massives d’injonctions paradoxales.
Nous avons tous au plus sensible de nos êtres, une plaie qui ne demande qu’à se rouvrir, somme de multiples blessures qui prouvent notre existence.
Nos soifs de consolations semblent alors impossibles à étancher, ce qui nous fait prendre peu à peu une dimension mythique, le mythe étant comme l’amour, il doit toujours être redit comme il doit être refait …
Nous nous retrouvons alors dans des situations particulières parce que la vie ne pourvoit à rien d’autre, et qu’il n’est cependant pas d’autres réservoirs qui vaillent qu’on y puise.
Nos chagrins d’enfances et nos peines d’adolescents puis d’adultes constituent notre école, notre conservatoire.
Il y a un gai savoir de la détresse, un chant du désenchantement qui nous masturbe d’incertitudes pour voler vos ultimes illusions d’amours et tendresses.
Ne suis-je un baroque contemporain, en cause de mon style ou le verbe entraîne ma pensée autant que l’inverse, par ma manière de partir en guerre contre les dragons de l’angoisse dans une lutte perdue d’avance, par ma quête prométhéenne et désespérée de l’écriture, aventure épique et tragique à la fois ou mon rire résonne dans les abîmes de mon être…
M’aimes-tu encore ?
Homme…
HOMME est écrit en érection majuscule, pas en débandade minuscule, métaphore phallocratique avec ses barres tendues qui ne correspond pas vraiment à la douce mais exigeante petite chose qu’est le sexe masculin, qui va ici sous vos yeux gourmands et ébahis, vous démontrer de l’importance qu’à la circonférence du pénis dans la valse de l’univers….
L’homme ne pense qu’à “ça”, tout le temps, et si le vôtre prétend le contraire, c’est que vous l’avez châtré mes dames, car à l’instar du chat, la domestication parfaite du mâle n’existe pas.
Le sexe est la malédiction et la bénédiction de l’homme.
Le geste auguste du semeur est inscrit dans ses gènes et l’invention de l’amour par les troubadours du Moyen Age, qui, entre deux vers lestes troussaient tout ce qui passait, n’y change pas grand chose, sauf que l’hypocrisie fleurit….
L’homme, amoureux de l’amour, habite son sexe et se fourre dans les pires vaudevilles pour le satisfaire.
Si le pénis défaille, l’homme prend une biture, une cuite, bref il se saoule ou s’exalte dans des fantasmes intellectuels…
Le sexe loge alors dans son cerveau, une forme de jouir moins médiocre que l’on croit.
Théorie de quelqu’un..; la femme, merveille de la création, parvient à devenir adulte…, l’homme jamais, il reste un vieux gamin avide de charger sa bourse de billes, et tant pis s’il se ridiculise, fiche sa vie en l’air, ou pire encore, celle des autres….
Cela le fait, souvent, devenir un monstre d’égoïsme, un casseur goinfre de peaux féminines…
Il est le premier à le regretter et tente de corriger son instinct par la mortification, l’angoisse, le remord, le vœu de chasteté….
Mais revoilà son petit chauve en col roulé retendu, battant du tambour pour appeler les seins du ciel à la rescousse….et il repart…
Braguette magique pour qui toutes les citrouilles sont des carrosses de choix dans lesquels pénétrer….
Rongés par le perpétuel appel du corps au fond du bois de la luxure, certains hommes se complexent de leurs désirs…..
Ils ont torts…
Promenez vous dans un cimetière, quelle importance morale y a-t-il que Monsieur “Os” et Madame “O”, enfouis sous la terre, aient faits “crac-crac” en secret ?
Ce qui les attirait tant en l’un et en l’autre est réduit en poussière !!!
Soyez donc libertins et libertines…sans hontes, on ne vit qu’une fois et ça va si vite…..
Tous le ringard de quelqu’un…
On dit que les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas.
Mais de quoi discute-t-on le plus souvent sinon des goûts et des couleurs des autres parce qu’ils sont trop ceci, pas assez cela.
Bref, différents des nôtres.
Derrière cela sommeillent l’intransigeance, le sectarisme, l’intolérance, la censure, la dictature, l’élitisme du haut comme du bas, l’esprit de chapelle…
Pour se rassurer et échapper à la solitude qui nous habite, on classifie, on hiérarchise, on se crée des familles, on se met dans des cases avec des règles précises et rejette ceux qui n’ont pas le bon tee-shirt, la bonne culture, le bon profil, le juste goût.
Même ceux qui se revendiquent d’une belle ouverture d’esprit restent entre eux.
Cette dictature du goût sévissant à tous niveaux m’inspire en finesse, avec drôlerie, nuance, émotion et piquant….
Trop d’hommes sont cassés de l’intérieur et trop de femmes ont peur d’oser….
On est tous le ringard ou le snob de quelqu’un.
On a tous humilié ou été humiliés.
C’est sur ce sentiment d’exclusion subie ou causée que le goût des autres se bâtit par petites touches.
Il y a de l’odieux dans l’air coté offense et arrogance…
Il y a beaucoup d’humanité du coté des offensés et de l’ignorance…
Emouvante et troublante est la rencontre…
On regarde sur le visage la trace du temps.
La douceur d’une petite griffure au bord des yeux, jaillie de ses bonheurs, de ses regrets, de ses espoirs…, petite mais profonde car reliée au cœur…
On cherche ensuite sur le corps la trace des instants.
La caresse des heures qui a sculpté dans la chair des lignes de poésies…, lignes enchevêtrées car connectées aux sens…
L’ensemble devrait en tous cas se révéler bijou de sensibilité, mais tourne parfois à l’excès de susceptibilités…, l’amour devenant amour-propre, oubliant les moments de bonheur qui changent les vies…
Eprouvante et troublante est la rencontre.
On ressens sur le visage la marque du temps.
Les sillons de la faucheuse autour des yeux, labourés par des aigreurs, des remords, des malheurs…, larges et profonds et déconnectés du cœur…
On éprouve alors dans le corps les cicatrices des mêmes instants.
Les coups des moments qui ont forgés dans l’âme des blocs de mélancolies…, blocs empilés car rejetés des sens…
L’ensemble devrait en tous cas se révéler épines de cruautés, mais tourne souvent à une envie de renouveau…, la mélancolie se transformant en amour-sale, se nourrissant des moments de noirceurs qui modifient les errances…
L’amour est le plus beau des dialogues de sourds.
Mon manège à moi, c’est toi …
La vie ne serait-elle qu’un trou gigantesque dans lequel on brûle à petit feu, jusqu’à la cendre, les décombres de nos personnalités pour calciner les émotions et emplir le vide de l’existence par des débris d’histoires qui voletteront dans les mémoires ?
Débris d’histoires…
Les histoires sont la passion des fils qui voudraient comprendre les pères.
Leurs débris sont ce qu’ils en comprennent, toujours trop tard !
Gamin, “on” nous pousse à posséder le monde, à cueillir des pommes qu’on dit belles et nécessaires mais souvent percées des vers du mécontentement et de notre imaginaire contrarié.
Pourtant notre destin ne permet que de faire de la compote avec les pommes de l’espoir…
A l’inverse de la routine indigeste, de la fonctionnarisation des cœurs et des idées qui mènent au “politiquement correct“, foulant des pieds le chagrin pudique des illusions perdues qui aboutit au pays du Grand Jamais, on peut se nourrir d’épectases heureuses que l’on savourera jusqu’à la fin de la bouteille pour n’en pas laisser une seule goutte à la Camarde lorsqu’elle viendra…
Prenez mon cas !
Je me maintien à l’écart du monde, de manière quasi absolue, et parfois exaspérante.
Je ne livre de moi-même, que des boutades, un humour parfois triste et provocant. Il y a un coté moine en moi, un aspect bouddhiste de la dérision qui fait peur, je dérive sur l’océan de notre société en appelant les tempêtes et, si j’ai l’air vague, ce sont des clapotis mélancoliques qui me font tanguer…
L’univers a besoin d’humains qui sont des points fixes, paratonnerres marginaux et émetteurs qui signalent les récifs qui feront exploser les coques de noix de nos suffisances et insuffisances.
Cela ne me fait pas éprouver l’énorme besoin d’être aimé, je m’en moque tant qu’à jouissance quotidienne, préférant la tendresse piquante et l’amour vache !
C’est une sagesse portée par les excès plus que par la routine indigne des aventuriers immobiles…..
Si vous souffrez moralement d’être mis de coté, exclus de la vie, si vous êtes déjà morts avant d’avoir rendu le dernier souffle à cause d’une résignation ambiante, essayez l’audace, la fantaisie, coupez votre cravate dessous le nœud, teignez vos cheveux en bleu et rouge, roulez en Excalibur, et surtout. , surtout…., profitez de tout et rien, de ceux que vous aimez, dites leur, même si c’est difficile, pour vous éviter de plus tard penser de manière lancinante comme un couteau mille fois retourné dans votre plaie, “Pourquoi ne profite-t-on pas des gens quand ils sont là ?“.
Parce que sinon, vous deviendrez des peurs de mourir et peurs de vivre n’ayant même pas gardé comme le vieux filou que je suis, une bille de vos jeux de jeunesse dans une main serrée, pour l’emmener là ou les anges chantent d’amertumes et regrets en regardant un sein pas saint… “Mon manège à moi, c’est toi…..”
Sorcières et sortilèges !
La vie est devenu triste…..à votre reflet, sorcières et vos sortilèges.
Oui, je vous trouve tristes aujourd’hui, tristes dans vos écrits, tristes dans vos comportements.
Incapable de soutenir un échange d’idées, vous glissez sournoisement vers des injures misérabilistes dont l’humour de corps de garde du siècle passé fait peine à lire.
Je ne sais qui vous êtes, ni ce que vous faites, ni ce que vous avez créé et bâti, mais la déduction de vos divers écrits et comportements laisse supposer que vous n’avez aucune grandeur, que vous êtes passives, occupées à survivre dans un monde que vous ne maîtrisez pas, et dans lequel vous n’existez que pour survivre sans capacités à le remodeler réellement.
Qu’avez-vous fabriqué, créé, inventé ?
Rien que des maux pour d’autres via des mots mal pensés qui reflètent votre incommensurable vide.
L’une court l’emploi, court les aides financières qui lui permettront peut être de vivre fonctionnaire en charge d’ennuyer l’autre moitié du monde, l’autre court après un soupçon d’amour, consciente que le temps qui passe lui meurtrit l’apparence encore pis que son esprit, la troisième vit sous plusieurs masques qui lui donnent l’illusion d’avant que ce soit pire…
Les suivantes sont pareilles, à des degrés divers, froissées par les écrits des autres et par le temps, échouées sur les quais de la vie qui ne fait que passer ce qui leur donne cette tristesse de l’écrit, de l’esprit et de leur corps…
Vous écrivez pathétique, oubliant que la tempête de la vie agite autant les âmes que la forêt…
Que savez-vous de la vraie vie, vous qui critiquez le fait de parler des constructions d’autres vies qui sont pierres de l’édifice qui nous abrite toutes et tous ?
Que connaissez-vous des autres, de leur vie, de leur sud ou de leur nord avec ses moulins, ses béguines et ses fous, là ou le trivial danse avec le mystère et la poésie sous jacente de notre univers… ?
Votre fable morbide de fantasmes, de marécages, n’est destinée qu’à des marionnettes que vous espérez encore manipuler.
Vous êtes devenus des sorcières qui ressassent inlassablement des vulgarités incantatoires, insensibles aux rythmes de la vie et à notre langue commune et inconsciente, votre masque de fausse jeunesse cachant votre détresse, votre lâcheté et vos frayeurs…
Vous arrivez en finale à faire pleurer les pavés de l’enfer…
Je fus heureux de vous côtoyer de même que je le suis de vous voir partir.
Je ne vous souhaite rien, que de vivre longtemps pour que vous sentiez la vie partir peu à peu et vous rider de ses empreintes, lentement jusqu’au plus profond de votre corps et de votre esprit, comme pour toutes et tous, inexorablement…
Votre différence sera l’indifférence que vous subirez en paiement de vos intolérances et mesquineries, et surtout le vide de votre avant, ce manque d’empreinte et d’histoire, ce manque de création et d’audace. jusqu’à vos seins rabougris de vieilles chipies que nulle main ne pleurera.
Vous êtes tristes, je préfère la couleur d’autres vies, la mienne est d’un autre calibre qui jamais n’a dépendu de la déchéance que vous subissez de votre médiocrité de vie.
Ce n’était pas mauvais de mal vivre avec vous…
C’est l’histoire d’un mec qui est devenu vieux sans être adulte…
A 50 ans, son visage est plissé comme celui d’un bébé ou d’un chaman sans âge, allez savoir…
Il a vécu sa vie à la criée, à l’écroulement, à la saignée, à la tripe.
Il continue d’hurler sa poésie intérieure par fatigue d’un monde dans lequel il est parvenu difficilement à être heureux.
C’est l’histoire d’un homme qui a joué à la gagne alors que les fonctionnaires de l’ennui qui peuplent le monde règlent les jeux à la perte…
Son tort ou sa dignité est d’avoir parié sa vie à la romantique au milieu de crapules de la pire espèce dont il s’amusait et encore maintenant, comme dans un vieux film ou il prend la pose de l’artiste maudit qui a la larme sincère quand l’alarme des faux-culs sonne autour de lui !
En privé, il délire des trucs d’après boire ou d’après baise du genre ; Je ne suis que le passager du pire de ma peau, responsable de mes peines perdues…
Il a le cœur trop gros qu’il juge fanfaron, inutile et absurde, criant alors ; J’apporte avec moi le danger de lire votre âme et caresser votre cœur…
C’est l’histoire d’un humain qui aime les excès pour sortir les gens de leurs peaux et âmes, sirotant quelques vices à la manière de Gainsbourg.
Ceux et celles qui le connaissent savent qu’il y a en lui une part de chagrin et d’aigreur si affichée qu’elle finit par ressembler à un fond de commerce hérité de Sartre, Camus et Colette…
On ne sait plus s’il joue ou s’il est, mais ce que lancent ses yeux occupe l’esprit des gens qu’il croise et décroise…
C’est l’histoire de quelqu’un qui a le goût de l’abîme tout en ayant une parcelle de vertige, qui trouve noble de porter le costume d’un zombie tendre, apparemment usé, qui cache un tigre affamé qui croit que la décadence serait la plus belle des danses de mort, et qui vit tel un éclair jailli d’un ciel d’enfer en murmurant à chacun et chacune d’entre vous ; Je vous fais un signe, ce n’était pas mauvais de mal vivre avec vous…
Nostalgies…
J’aime bien être nostalgique de temps à autre, tout comme j’aime vivre de nos jours, quoique je reste curieux de l’avenir et triste de savoir que je ne connaîtrais rien au-delà des cinquante prochaines années… De ces trois états d’esprits, c’est le troisième qui est inéluctable…
J’ai connu mai 68, le rock & roll, la période hippie, le flower-power, les folies de Carnaby street, l’utopie et les réalités.
J’ai connu les emplois faciles, le chômage, les créations d’entreprises, les hauts et les bas, l’amour à deux, à trois, à plus et les orgies…
J’ai même connu et vécu l’Amérique du coté des affaires et pas du simple tourisme baba-cool.
J’ai parfois marché du mauvais coté de la barrière, sur le fil du rasoir, et sur des tapis de roses.
Je suis finalement devenu plus vieux sans m’en rendre compte ayant oublié qu’à peine né on commence tous à mourir.
J’ai eu de la chance, plus que certains et certaines mais moins que d’autres.
Né(e)s nu(e)s, nous finirons tous et toutes mort(e)s nu(e)s…
Ne l’oubliez pas du haut de vos sarcasmes juvéniles qui vous font croire aux dieux et à l’immortalité.
La seule chose qui nous différencie c’est la manière d’y arriver et la manière de partir….
Pour (sur) vivre dans ce méli-mélo « d’absurdies », il faut une ou des passions, mais ce n’est que personnel, c’est une manière d’enrober la vie d’un peu de guimauve sucrée pour en adoucir le goût…
Un opéra exceptionnel…
Ce soir, j’ai reçu quelques amis venus spécialement pour un moment unique, un moment d’émotion tel, que les broutilles sont sans intérêt.
Il y avait Jacques, le grand Jacques, Georges, l’immense Georges, et Serge toujours pareil à lui même.
Ils m’ont dit que les orages sont les cris d’amours perdus.
Nous avons donc écouté un orage, parce que c’était le seul disponible à ce moment.
Le vent puissant qui accompagnait l’orage a emporté Gilbert.
Gilbert on ne l’écoutait plus, ses poèmes chantés on les avait peut-être trop entendus, mais pas vraiment écoutés.
Alors, avec Jacques, Georges et Serge plus quelques autres qui se cachaient par pudeur, j’ai réécouté tous les poèmes de Gilbert.
Les enchères de sa vie avec son monsieur Pointu, ses émois d’amour avec Nathalie, ses conseils, sa solitude qui n’existait pas, et dieu qui était mort.
On a bu un chocolat, et on a pleuré, pas dansé….
L’orage n’a fait que passer, le vent est tombé…
Lorsque j’ai ouvert les yeux, Jacques, Georges, Serge et tous ceux et celles qui étaient cachés pudiquement, étaient partis.
Je me suis levé, j’ai crié “pourri” à dieu qui n’existe pas plus que la solitude de Gilbert…
Mon cri n’est pas retombé du ciel.
Gilbert Bécaud à rejoint Jacques Brel, Georges Brassens, Serge Gainsbourg et bien d’autres qui nous montrent la voie pour plus tard…
C’était un temps bon enfant…
Grand chagrin !
C’était un temps bon enfant ou Bourvil chantait les crayons, ou Roger Pierre et Jean Marc Thibault entonnaient “A Joinville-le-Pont, pompon“, ou Fernand Raynaud hésitait à acheter des oeufs cassés ou pas cassés…
Une époque telle un p’tit bal perdu dans un pré ou l’on cueillait aussi bien les fleurs des champs – les notes d’André Claveau, Luis Mariano, Patachou, Guétary, Eddie Constantine ou Annie Cordy – que les fleurs du mâle des Ferré, Aznavour, Bécaud et Brassens…, débutants.
On était alors zouave de l’humour, on était zoulou du ciboulot, ça dépendait de l’heure, des amours, des emmerdes, de ce qu’on avait bu ; mais pas d’un parti pris.
On ne le gardait pas pour soi, cette bohème du samedi soir, on la partageait entre potes dans des cabarets à fantaisies ou à chanteurs.
Il suffisait de franchir la porte d’un music-hall, même minable, pour que la vie en rose, que la vie en grise, que la vie en vive dans un manège à moi qui restait toi…
Beaucoup de rires, de rêves, d’illusions, d’aspirations.
Papa venait de cet univers-là.
Qui n’existe plus.
Ou alors, une fois tous les cent ans, en un casino de province appelé “Never-more“, tel un brigadoon d’années d’après-guerre qui enseigne à ne pas se prendre au sérieux.
Quand je suis né, il est devenu ma vedette.
Sa voix ronde montait dans le grave quand la tendresse le chatouillait, une tendresse bourrue.
Au fil du temps, entre la “Deuche” et le “Tepaz“, il se mettait en cravate pour monter au turbin, avec sa silhouette quotidienne, son air bonhomme, sa manière de boire une bière, de taper sur l’épaule d’une commère ou de hocher la tête face à la misère du monde, le cœur sur la main, dur quand il fallait pour ne point se fondre dans le gris des réalités.
Je ne me plains pas qu’il est parti de l’autre coté du miroir, il m’a fait vivre et ça c’est magnifique.
En passant au travers, hier, il m’a dit qu’au fil du temps qui passe, il me suffirait de regarder le miroir pour le voir de plus en plus nettement…
Je suis triste, parce que les vociférations débiles de la rue ont brisé le miroir, et c’est grand chagrin…
Vous qui me semblez autres moi-même…
« J’ai » confiait Jean-Paul Sartre, « la passion de comprendre les hommes ».
Pour l’écrivain, cette préoccupation n’exprimait pas seulement une ambition philosophique, elle dénotait aussi une tendresse sincère pour ses semblables.
Etre philanthrope, en sympathie ou en résonance avec autrui, n’est donc pas l’apanage du scientifique, de l’érudit ou de l’artiste.
La démarche est à la portée de chacun.
Un peu de compassion ou de miséricorde y suffit…
Les moyens de communication modernes nous permettent de scruter nos semblables au-delà de notre environnement immédiat.
Et de mieux discerner l’universalité de notre condition.
Votre enfer est pourtant le mien, nous vivons sous le même règne et lorsque vous saignez, je saigne et je meurs dans vos même liens.
Le “Ah ! je suis bien pareil à vous” révélé par les médias est très utile pour questionner les mécanismes collectifs qui sont le sort navrant du genre humain.
Déjà l’aide humanitaire y trouve sa raison d’être et ses moyens d’agir.
Mais la prise de conscience et l’engagement politique peuvent aussi y gagner.
Toutefois, ce détour par les technologies de l’information est superflu, les mutations du capitalisme contemporain, l’actuelle “Grande transformation” comme disait Karl Polanyi, le “Basculement du monde” qu’évoque Michel Beaud dans son livre du même nom, peuvent se déchiffrer dans les faits les plus anodins de l’existence quotidienne.
Au travers de subtils changements de comportement ou de menues métamorphoses de nos apparences, par exemple.
Ainsi, tant l’inégalité renaissante y répand les stigmates de l’indigence, un regard curieux sur une foule populaire suffit-il à constater l’intolérable revanche de la pauvreté.
Et tous ces yeux cernés… et tous les trains obscurs gorgés de dormeurs sinistrés…
Cette dureté grandissante des relations humaines qui nous rapprochent du brutal “vivre ensemble” américain…
Qui n’a pas été interpellé par leur “irrésistible ascension” fruit empoisonné du chômage de masse, du stress professionnel et de l’érosion des solidarités ?
Parce que l’adrénaline que sécrète le “chacun pour soi” dessèche la gorge et dilapide les calories ?
« Est ce ainsi que vivent maintenant hommes et femmes ? » s’indignait Léo Ferré…
Regarder autour de soi, de fait, suffit souvent à l’étonnement, mieux, à l’émotion…
“Ce qu’on fait de vous hommes femmes, pierres tendres et usées avec vos apparences brisées, vous regardez m’arrache l’âme” écrivait Aragon.
En suite de quoi l’indignation ne tarde guère, ni la révolte qu’elle nourrit.
Comprenez que de temps en temps. la terre tremble….
Fête des mères, lettre aux dieux !
Le premier cri “maman” c’est la première note du solfège de l’amour, c’est encore ces myriades de nuits tissées de peurs et de peines, d’affres et de transes, de prières et de pleurs.
Depuis les premières eaux du monde, quel océan plus pur et plus profond que les larmes confondues de toutes les mères de la terre ?
Un jour de fête par an, c’est bien peu car qui peut connaître le jour ou il faudra poser à coté de la pierre du souvenir les lilas qui auraient pu la faire sourire ?
Se souvenir d’un jardin, d’une maison toujours ouverte aux siens, ou l’on a aimé et souffert, ou sont rangé les étapes de plusieurs vies et même lettres et carnets d’école primaire pour promettre d’être sage, travailleur et courageux.
Avant, en ce temps, la vie était comme une pâtisserie ou les enfants recevaient gratuitement des merveilleux chaque jour qui passait.
Puis, livrés au monde, ils doivent faire la file pour acheter des croissants, puis du simple pain… et au fil du temps la file devient parfois de plus en plus longue et les pains de plus en plus durs !
Certains sont même parfois mis à la porte du magasin, par manque de piécettes, d’amour aussi.
Plus de merveilleux, plus de croissants, même durs.
Quelques grands enfants alors comme des vieux chiens errants vont trouver pitance au fond des poubelles et doivent faire les beaux pour recevoir un vieil os à ronger.
Certains boivent ou se droguent dans les moments difficiles pour s’enfoncer une bouteille ou une seringue dans la tête afin qu’elle y prenne la place des mauvais souvenirs.
D’autres ragent, se révoltent, jettent des pavés dans les vitrines…. même de la pâtisserie de leur enfance.
D’autres encore se résignent et deviennent des ombres.
Quelques-uns continuent, construisent, se font démolir, et tentent encore de reconstruire comme Sisyphe condamné à rouler au sommet d’une montagne une lourde pierre qui retombe sans cesse.
Mais ce n’est la que narration de diverses de vos vies pour préparer l’hiver du monde, quand les cheveux des enfants seront comme ceux de leurs parents, des orchidées blanches… , et que la solitude pèsera pour ceux et celles qui ne sont pas encore admis au dernier voyage…
Beaucoup d’amour aux mères et pères… quelques reproches aux dieux de nos misères pour rappeler à tous et toutes que les dieux….c’est nous !
La vie continue, inexorablement…
Le temps passé est la chronique de disparitions mises peu à peu bout à bout.
On ne le ressens qu’au fil des souvenirs qui viennent s’ajouter à d’autres qui ressurgissent alors qu’on les avait enfouis au creux d’émotions.
Comme une pierre d’amertume que l’on jette et qui fait des ronds dans l’eau du tissu vivant d’amitiés, d’amours, de connaissances qui l’entoure.
On recommence sans cesse des histoires de vie, d’amour aussi parfois, malgré les craintes et incertitudes issues d’expériences parfois mal vécues.
Toutes des histoires qui commencent toujours trop tard et se terminent lorsque d’autres souvenirs brouillés sont en train de s’estomper.
Entre temps, le temps cache un moment son visage de vie pour accomplir une oeuvre macabre pour que les bouleversements de renouveau s’accomplissent…
Face à cette manière obscène qu’à le vivant de continuer inexorablement, nous éprouvons mille difficultés à renoncer aux liens passés pour s’ouvrir à nouveau à la vie qui attend.
Ainsi se construit autant le vide des absences que des nouvelles présences, tous ces vides ou le temps a passé imperceptiblement pour combler tous les creux et nos vides.
Il reste alors un dernier regard à donner sur la manière dont la vie fut ainsi modifiée, comment la vie se referme en absorbant les souvenirs, les déformant, les rendant approximatifs, lacunaires…
Ne laisser parler que le cœur et l’esprit, mettre en élocution les doutes et les angoisses, chercher les flammes de vie et d’amour qui rejaillissent envers et contre tout.
La vie redevient la vie, violente, tortueuse, cynique, mélancolique, à l’image d’elle même avec des liens qui se cassent, créant tristesses, et d’autres qui naissent, créant sourires, joies et émotions.
La vie continuera quand l’amour s’évanouira encore, quand une autre rupture sera à nouveau consommée et qu’il faudra reconstruire, encore, continuer avec ses failles et ses blessures vers de nouveaux ailleurs…, se sera une autre sorte de mort pour une meilleure survie pour le pire et le meilleur à nouveau.
C’est la seule manière de se réconcilier avec soi-même, de donner chair au temps et de continuer vers la vie, malgré les gouffres qui entourent cette route et cette quête du destin…
Elle s’appelait « Elle »…
Ils m’ont écrit les internautes, comme un rêveur m’avait parlé de la forêt.
“Voilà, qu’il m’a dit. Vous pouvez-pas vous tromper c’est juste en face de vous“.
Et j’ai vu les grands panneaux, des sortes de listes à lire sans fin, dans lesquelles on discernait des âmes à remuer, mais remuer à peine, comme si, elles, ne se débattaient plus que faiblement contre je ne sais quoi d’impossible.
C’était ça Internet !
Et puis tout autour et au-dessus de l’écran jusqu’au ciel, un bruit lourd et multiple et sourd de torrents de cœurs, durs et parfois tendres, l’entêtement des âmes à tourner, rouler, gémir, toujours prêtes à casser d’autres cœurs ou les englober.
“C’est donc ici“, que je me suis dit.
Je me suis approché de plus près, jusqu’à la porte du site ou j’ai cru lire sur un message que j’étais bienvenu.
La première s’appelait “Vide”, elle m’écrivit que c’était très compressible les âmes qui cherchent leur peine, ce qu’elle trouvait bien ici c’est qu’on y embauchait n’importe qui et n’importe quoi.
C’était vrai, elle n’avait pas mentie.
Je me méfiais quand même parce que les miteux ça délire facilement, il y a un moment de la misère ou l’esprit n’est plus déjà tout le temps avec le corps, il s’y trouve vraiment trop mal.
C’est déjà presque une âme qui vous parle et c’est pas responsable une âme….
A peine entré on me hurla “ASV“….., à poil en fait pour commencer.
Une fois rhabillé, je fus tiraillé dans divers apartés que pour y être à nouveau déshabillé.
Un délicieux supplice, avec toujours en fond, le fracas des âmes en dérive.
Tout tremblait dans le site, et soi-même des pieds aux oreilles possédé par les vibrations, il en venait de l’écran en doses hallucinatoires….
J’en devenait virtuel aussi moi-même à force, dans ce bruit de rage énorme qui me prenait le dedans et le tour de la tête et plus bas, m’agitant les tripes et remontait aux yeux par petits coups précipités, infinis, inlassables.
A mesure que je les lisais, je les perdais les internautes.
Je leur faisais un petit sourire, un petit mot, quelques phrases, un texte, un poème, même un (je t’aime) avec des parenthèses, comme si tout ce qui se passait était bien gentil.
A un moment ce fut comme une fièvre de délires, on ne pouvait plus écrire que le fiel coulait à flots, un océan de méchancetés pour une Mer de bonté…..
Les internautes pseudo nommés soucieux de vous arracher l’âme finissent par écœurer, à se passer des messages fielleux et des messages débiles encore et encore jusqu’à la nausée.
C’est pas honte qui leur fait baisser la tête…
J’ai cédé à ce charivari comme on cède à la guerre, je me suis laissé aller à lire ces délires avec des idées qui restaient à vaciller tout en haut derrière le front de la tête….
J’ai aimé aussi.
Elle s’appelait Elle, elle rêvait aussi, trop, d’amour difficile, pour défier des amours faciles qui brûlent le corps pour effacer l’esprit….., lui pas, c’est moi….
C’est fini.
Trois ou quatre pages d’amours et de lèches, parlé aussi, pour l’infini du rien…..
Que du souvenir qui chauffe le cœur et fait pleurer aussi, l’esprit, les yeux et le cœur.
Maintenant ce que je lis et regarde, tout ce que je touche est froid et n’a plus de goût dans la pensée.
Quant l’ordinateur s’arrête, j’en emporte le bruit des âmes dans ma tête, j’en ai encore, moi, pour la nuit entière de fracas et fureurs, comme si on m’avait mis un nez nouveau, un cerveau nouveau pour toujours.
Maintenant que je commence à renoncer, peu à peu, je suis devenu un autre, un nouveau quelqu’un, qui retrouve l’envie de revoir des gens du dehors.
Pas ceux du site, sauf certaines sans envies de corps et d’esprit….
En écho des bruits, les âmes hallucinent de viandes vibrées à l’infini…, mais moi c’est maintenant un vrai corps que je veux toucher, un corps en vraie vie…..
Je me suis fondu dans ta lumière.
Amour,Je me suis fondu dans ta lumière, j’ai avalé un feu qui me dépasse.
Comment ai-je pu prendre un corps aussi parfait, une beauté aussi absolue ?
C’est une sorte de profanation.
J’ai enlacé tes jambes immenses, j’ai embrassé le creux de tes genoux, je me suis incliné à tes pieds.
Ma déesse, j’ai baisé ta peau d’or pur, les monts rayonnants de ta féminité.
J’ai versé des larmes reconnaissantes sur tes yeux ambrés.
Ton souffle destructeur s’est tu pour moi, les vapeurs de tes cheveux épars, méthane mortel, ont regagné les limbes.
Tu m’as accueilli sans cesse avec un cri de joie, la puissance de tes hanches bandée pour mon plaisir.
J’ai éprouvé la souplesse de chacun de tes membres et ton corps, flexible, s’est arqué pour m’emporter au fond de tes entrailles.
A chaque fois, je me suis senti aspiré en toi, pour faire partie de ton esprit, être dieu pour à mon tour vivre un instant d’éternité.
J’ai pénétré la forge de ton ventre, martelé tes reins comme s’ils étaient l’enclume.
J’ai saisi tes seins comme des fruits souverains, ton sexe ensuite auquel j’ai cru boire à sa source une boisson divine.
Un crépitement électrique, des étincelles bleues, brutalement, plusieurs fois de suite, ont parcouru ta peau.
J’ai su à chacune de ces fois que tu avais joui.
Avec lenteur et dévotion, tendu à faire mal, j’ai chaque fois laissé en toi l’écho de ma jouissance.
Amour, je t’aime…
Cher “Vous”…
Ca me fait tout bizarre de vous écrire, cher “Vous“….
Entre ici et là, il n’y a pas de soleil ces derniers jours.
Il pleut aujourd’hui, un vent froid souffle, faisant s’envoler les feuilles des arbres qui en attrapent amertume des beaux jours.
Avant-hier, hier aussi, il y avait de quoi penser à d’autres choses, se remplir l’esprit et les poches de transactions au milieu de moult discussions d’affaires exclusivement et vénalement vaines, avec en point d’orgue une forme de jouissance en cause d’une éjaculation financière que j’ai reçue, vitaminée….
Les prochains jours devraient être aussi euphoriques, souvent chargés, vides parfois aussi, en cause de discussions stériles, mais qui sont le lot de ces affaires, d’ou émergent parfois quelques chairs, tendres et délicieuses.
Un ami, ex de vous peut-être, m’a beaucoup aidé, m’a un peu parlé, mais pas “de elle“, simplement “de lui“, et c’était pathétiquement beau et sobre, une histoire un peu triste qui pourtant faisait rire, sourire aussi, souvent, car vous savez cher “Vous” que j’aime les affaires pathétiques jusqu’à m’en abreuver de plus soif…
Cet ami, ex de vous peut-être, ne cherche finalement qu’avoir un peu de bonheur, quelques poussières de tendresses, quelques frémissements, quelques jouissances avant de se mettre à l’ombre, sans actuellement connaître ou pressentir le temps que durera ce manque de soleil…
Moi qui suis là, pas las, écoute et regarde, déduit et pense, se laisse dériver l’esprit pour pouvoir m’accrocher un sourire, pour savoir écrire quelque phrases de mots, transpirant le temps qui ne fait que passer, qui zigzague entre nous, au travers de nous aussi, parfois, ou qui nous évite comme pour nous faire croire qu’il nous oublie alors que c’est une perversion qui nous rend chagrin d’y perdre un peu de nos illusions…
C’est un temps d’entre deux, cher “Vous”, un temps gris qui peut devenir encore plus gris, ou s’éclaircir jusqu’au clair voire au limpide….
Votre photo, amie, n’était pas à point, je ne me stimule pas seulement d’un sein, gros ou petit voire entre deux, ni de quelques facéties en thérapies ou vacances, même d’esprit.
S’il fait gris, dehors, dedans aussi , c’est que le temps pleure pour que les corps s’illuminent dans certaines pénombres…
Magie !
Je ne sais quand, vous savez comment, il sait pourquoi….Quelqu’un est là, pas las…..
Lettre à un ange…
Cela commence comme une supplique, puis surgit dramatique, le satyrique.
Haranguant la foule des hurleurs silencieux, tu assènes tes coups d’un air sentencieux.
Cette communauté des plaisirs imagés, parle et écoute le langage des yeux.
Faudrait-il être honni des dieux, pour en enfer devoir verbiager ?
Paroles acerbes de la frustration, juste pour dire ton émotion.
Tu te provoques inlassable en duel, derviche d’une ronde cruelle, l’enfer te sied à merveille, pour enfin y trouver le sommeil.
Moi qui “amoure” comme quatre, et qu’aucun sexe ne peut abattre.
Etranges échanges en effet, hermétiques à souhait…
J’avais tout et je n’ai rien fait.
Arranger les arrangements.
Rompre ce matelas d’angles vifs, cet amas de labyrinthes qui empêche de maudire mon existence d’épervier, dégustant le malheur des autres dans mon laboratoire, observatoire des métiers, espèce écartée de la liberté, séparée de la misère par des terres sans racine, sans arbre porteur de valeurs qui s’infiltrent dans nos chairs.
Je suis cette montagne que l’on impose au relief.
Je suis cette façade aspirant l’air, refusant l’envol.
De là-haut, j’observe la patrie ; ces chauvins, champions du monde, retrouvant leur ego par une tête bien placée dans un carré d’herbe en plein été.
Qui sont-ils ces nombrils sur pattes retrouvant une raison de vivre à travers une équipe médiatisée, médiaformée, médiapayée, médiàvomir ?
Envieux de cette cymbale qui les éloignent de leur fleuve tranquille, ils ressassent les exploits de leur héros au nom de marque éphémère, lucrative, et spéculative.
Je les surpasse.
Je les bénis d’être plus bas sur terre.
Dans ma sphère, les lumières croisent mes objectifs.
La liberté fascisante me rapproche de leur immobilisme morbide.
Je suis comme cette masse sans nom, mais je me distingue en la nommant.
Ma trace est tracée dans ce tracas de trames d’existences pré mâchées.
Je me hais de connaître déjà la fin.
Je me hais d’assimiler la société pour éviter le risque de vivre ou de mourir.
Et je te hais, toi, ignoble lambda, monsieur X ou monsieur Plus, qui, tantôt à mal au dos, tantôt joue au polo, tantôt me stimule, tantôt me nargue.
J’ai perdu mes racines, câlines, mousselines.
Je me délecte dans cet amas luxueux que m’offre le statut défini de ma naissance, sans effort, sans prestige, juste de l’absence de choix, de l’absence de moi.
Je suis ce spécimen prédéfini, animal de laboratoire, observé, noté, testé pour être amélioré.
Je suis toujours plein d’avenir, potentiel actif, actif positif, positif alcoolique, alcoolique sournois, sournois amant, amant créatif, créatif perdu, perdu avec revenu, revenu à chaud, chaud comme la braise, braise de feu, feu et de lumière, lumière éteinte, éteinte sans avoir pu poser son pas dans cette boue humaine qui forme l’humanité.
J’avais tout et je n’ai rien fait.
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