Chapitre 4
Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens…
-Patrice DB ; ” A l’origine, vous avez une formation d’architecte.
Vous avez toutefois « construit » avant tout des journaux puis des magazines ainsi que des livres.
Mais le plus étrange est de constater que vous êtes également une sorte de marchand-antiquaire de voitures hors normes, pas nécessairement anciennes, mais invariablement hors du commun…
Vous pouvez vous amuser d’écrire patiemment des textes sur votre ordinateur, puis, s’il y a du soleil au dehors, vous partez faire le fou au volant d’un de vos bolides…
C’est stupéfiant.
Ce qui l’est plus encore, est votre jubilation lorsque vous arrivez à concrétiser vente et/ou achat de ces engins…
C’est plus que Françoise Sagan, c’est Saint-Exupéry automobile… Que de facettes ! “.
-Quelqu’un ; “C’est le lien qui relie mes passions.
Je sais au fond de moi que c’est stupide, mais malgré-tout je trouve cela quasi-jubilatoire.
Sans collectionneurs et autres fous, il n’y aurait pas de marché d’automobiles dites « de collection ». Personnages paradoxaux, les collectionneurs d’automobiles de collection (appréciez mon humour…), oscillent entre ombre et lumière.
Fiers de leur patrimoine mécanique, ils aiment le partager avec leurs pairs, pour se valoriser à travers leurs goûts parfois douteux ou l’audace supposée de leurs choix.
Mais dès qu’on quitte le cercle des initiés, c’est plutôt passez votre chemin.
Ici, il n’y a rien à voir”.
-Patrice DB ; “Une discrétion qui frôle la paranoïa ?“.
-Quelqu’un ; “Lorsqu’ils prêtent leurs œuvres à un musée ou dans le cadre d’une exposition, certains collectionneurs exigent que leur nom ne figure pas sur le contrat d’assurance.
Crainte de susciter les regards inquisiteurs du fisc, crainte de donner des idées à des voleurs, voire d’aiguiser la jalousie d’un « confrère »…
Les raisons ne manquent pas, et elles contribuent à dessiner une image fantasmée du collectionneur.
La Belgique et surtout la Grande-bretagne ont toujours eu la réputation d’être des grandes terres de collectionneurs.
Certaines mauvaises langues se réfèrent à un vieux fond protestant qui valorise l’accumulation.
Si les grandes collections, du moins en termes comptables, se trouvent aujourd’hui aux Etats-Unis et au Japon, la Grande-Bretagne, la France et la Belgique comptent toujours une forte concentration de collectionneurs de voitures.
Plus particulièrement au nord du pays, certains collectionneurs belges se distinguent particulièrement pour leur curiosité et leur ouverture à l’automobile hors du commun.
Question de budget une automobile de sport et de luxe actuelle coûte moins cher qu’une gloire du passé…”
-Patrice DB ; “Comment devient-on collectionneur d’automobiles ?
Ne peut-on apprécier une voiture sans vouloir la posséder ?”.
-Quelqu’un ; “Poser la question, c’est y répondre.
A la différence de l’amateur épisodique souvent très « mouton » dans ses choix, le collectionneur n’achète théoriquement pas une œuvre pour décorer son garage.
Il l’achète parce qu’il la veut.
Un achat mène à un autre : le collectionneur ne décide pas d’être collectionneur, il le devient.
Le collectionneur accumule, une fois qu’il a franchi le pas, il n’arrive plus à s’arrêter ; c’est un vice comme un autre.
La collection peut naître d’elle-même.
Je crois qu’un collectionneur peut commencer une collection sans se douter de l’ampleur qu’elle peut prendre.
Il y a une absurdité de base dans le terme « Automobiles de collection », comme si c’était inventé pour que les collectionneurs se mettent à les collectionner….
Pour le collectionneur d’art contemporain, c’est à mes yeux pareil…
Je reste sidéré que certains payent des dizaines voire des millions d’€uros pour des peintures parfois hideuses qui à l’époque ou elles furent réalisées s’échangeaient contre un peu de nourriture pour que l’artiste ne crève pas de faim…
Collectionner est selon moi une vanité de l’homme, c’est peut-être un besoin, je ne sais…
Toujours est-il que cela fait tinter les tiroirs caisse…
Acheter peut-être aussi une déclaration d’amour vis-à-vis des créateurs de la voiture ou de l’objet quel qu’il soit.
Cela consiste aussi à acquérir un morceau de l’intimité du créateur avec qui le collectionneur peut communier.
Acheter une automobile de collection, c’est la seule transaction actuelle par laquelle le collectionneur peut témoigner son soutien à « l’artiste » qui l’a conçue…et qui s’en f… totalement, car bien souvent il est mort, parfois mort ruiné parce que ses créations ne se vendaient pas de son vivant, au moment ou il en avait besoin et ou il aurait été plus humain de lui témoigner via un achat de la reconnaissance d’avoir contribué à la création dans le monde…
Comme la « collectionnite » semble enracinée dans l’humain, il y a de la part des marchands une forme d’art pour gagner de l’argent sur la connerie humaine sous la forme des collectionneurs qui sont alors perçu comme des vaches à lait.
Une fois que quelqu’un a l’étiquette « collectionneur » dans le dos, tout marchand s’attend à ce que le « collectionneur » achète.
C’est pour ça que certains collectionneurs détestent les visites d’expositions.
C’est facile d’entrer, facile de visiter, ils sont toujours accueilli par les vendeurs d’une grande tape dans le dos, mais c’est parfois difficile pour eux d’en sortir les mains vides.
Le milieu des collectionneurs est un petit village où chacun joue à cache-cache, mais où les transactions laissent aussi des traces.
Tout le monde sait combien chaque acheteur a payé.
Certains tiennent même des fiches sur des voitures précises…
La possession d’une automobile de collection, surtout quand elle coûte cher, s’assimile à une manifestation de pouvoir.
C’est un peu comme avec les vêtements de luxe, quand on croise quelqu’un qui en porte, on sait combien il les a payés.
La quête du standing peut être une motivation pour commencer une collection.
La fièvre qui s’en suit peut être très sérieuse ou bénigne.
On peut voir certains directeurs d’entreprises qui ont mis les pieds dans l’automobile de collection sans trop savoir à quoi s’attendre et qui finissent par emmener leurs ouvriers dans leur musée personnel, ce qui est la source de rancœurs ouvrières qui débouchent sur des grèves…
Certains collectionneurs veulent un conseiller pour développer leur collection.
Car souvent, ceux qui ont de gros moyens n’ont pas le temps pour les dépenser.
Or le temps est un facteur important pour développer une collection.
Ça prend beaucoup de temps pour avoir la bonne information.
Beaucoup de belles passions sont ainsi nées du rapport privilégié qui peut naître entre un collectionneur et son conseiller.
C’est une relation qui ne souffre pas une tierce personne.
Quand vous guidez quelqu’un dans l’établissement d’une collection, c’est lui et vous.
Certains collectionneurs très discrets ne font confiance qu’à une personne, qui est pratiquement la seule à savoir ce qu’ils possèdent.
Mais les grands collectionneurs ne sont pas nécessairement ceux qui ont le plus d’argent : ce sont ceux qui ont le nez fin et qui ont repéré la rareté avant les autres.
Avec des avantages.
En s’intéressant à ce qui n’intéresse pas (encore) les autres, on croise moins d’intervenants sur le marché et l’on peut acheter à meilleur prix.
Ce qui demande un sérieux boulot.
Car pour dénicher la voiture qui va doubler ou tripler de valeur, il faut courir de ventes aux enchères en expositions et se farcir une cohorte de « marchands » totalement inintéressants.
Mais la passion peut mener à l’aveuglement.
Je rencontre aussi des collectionneurs passionnément stupides car envoûtés par des voitures archi classiques construites à des milliers voire des millions d’exemplaires et qui ne valent et ne vaudront quasi-rien.
Mais ils en exagèrent l’importance et sont persuadés d’avoir repéré une voiture qui finira forcément par être reconnue.
C’est dans cette frange que l’on trouve les pires crétins du monde, ceux et celles qui critiquent les automobiles artisanales, pourtant œuvres de véritables créateurs et artistes, leur vouant un mépris sans borne, et déifiant des automobiles populaires (surtout des Mercedes) construites « à la chaîne » dans des usines gigantesques, voitures qui ont été fabriquées sans créativité artistique, par des robots, sans passion autre que les luttes syndicales pour gagner 5 €uros de plus par mois….
Ces collectionneurs crétins, sûrs d’eux, bêtes, méprisants de tout ce qui ne correspond pas à leurs idées fixes, vouent un culte particulier pour les boulons d’origine….
Ce qu’ils collectionnent est déjà sans intérêt, mais ils veulent que tout soit comme le jour de la sortie d’usine de leur casserole…
C’est pathétique”.
-Patrice DB ; “Effets de mode ?“.
-Quelqu’un ; “La logique de marchandisation de l’automobile de collection traîne avec elle un parfum de spéculation.
Toute spéculation, et l’automobile ancienne n’y échappe pas, est incertaine.
Les valeurs sûres sont sans doute de bons placements, mais elles ne sont pas à la portée du premier portefeuille venu.
De plus en plus de collectionneurs spéculateurs courent les marchands spécialisés et les maisons de vente et le phénomène s’étend, chacun chacune s’imagine être un collectionneur doublé d’un marchand…,surtout aujourd’hui.
Vers la fin des années 80, à l’époque du boom économique, des collectionneurs ont rassemblé leurs moyens pour aller acheter à moitié prix, en court-circuitant les marchands, toute une série de voitures d’intérêt moyen.
Résultat, des collections se sont constituées à l’image de ce qu’on pouvait trouver dans les grandes foires d’automobiles anciennes d’Essen et de Paris, du bric et du broc.
Je sais très bien ce que sont devenues certaines de ces collections et je ne suis pas certain que leurs propriétaires aient gagné beaucoup d’argent.
A la même époque, mais dans les maisons de vente aux enchères, cette fois-ci, des investisseurs japonais se sont rués sur les grosses pièces, comme une Bugatti Royale, des Ferrari 250 GTO et des Mercedes SSK.
Certaines de ces « grosses pièces » étaient en fait un moyen de blanchir leur argent…
Le principe était simple, Mr X voulait blanchir un million de dollars, il constituait une société XX dans un paradis fiscal dans lequel il déposait le million de dollars à blanchir.
Ensuite, il achetait une voiture de collection qui avant le « boum » ne valait pas des masses…, par exemple une Ferrari 250 GTO pour 100.000 dollars…
Mr X plaçait ensuite sa voiture dans une vente aux enchères, pour faire plus vrai qu’un gré à gré….
Et « sa » société XX l’achetait un million de dollars….
La transaction blanchissait 900.000 dollars au vu et au su de tous….
Imparable et magistral…
Ensuite, maligne, la société XX allait trouver un collectionneur crétin et lui disait ; « Mon cher ami, nous venons d’acheter cette Ferrari 250 GTO pour un million de dollars, mais suite à un divorce, à un bazar quelconque, il nous faut nous en défaire, donnez-nous 500.000 dollars et vous ferez une affaire puisqu’elle vaut le double…. »
Résultat final, 900.000 dollars blanchis et 400.000 dollars de bénéfices….
Du cousu main, de l’orfèvrerie…..
Ces pratiques, qui furent assez nombreuses fin des années quatre-vingt, ont créé artificiellement un « boum » sur le marché des voitures « de collection »…
Les collectionneurs crétins ont suivi, se disant : “Les voitures montent de valeur, une Ferrari 250 GTO qui se négociait 100.000 dollars il y a quelques mois, vaut maintenant 10 fois plus, achetons vite une Ferrari 308 GTB de 10.000 dollars, une MGB de 1.000 dollars, elles vont aussi bientôt valoir 10 fois plus…”.
C’est comme cela que le « marché » est devenu fou…
En l’espace de quelques mois, les collectionneurs crétins, les marchands, les quidams et les cons, se sont mis à acheter n’importe quoi….
Même des Renault Dauphine et des VW coccinelle….
Pendant un certain temps, le « marché » a flambé…
Mais comme en finale il faut toujours qu’il y ait un acquéreur, et que tout en haut de la pyramide il n’y avait rien d’autre qu’un mécanisme de blanchiment vite abandonné pour ne pas laisser de traces…., tout a capoté…, le reflux a suivi.
C’était finalement jubilatoire.
On a vu des VW cox à 30.000 dollars, des MGB aussi, des Opel Kadett à 20.000 dollars….
Certains collectionneurs crétins y croient encore, on en voit encore dans certaines expositions présenter leur MGB pour un peu moins de 25.000 dollars…
Quant au marché des Ferrari, c’est pire encore….
C’est assez vain de parler du marché de l’automobile ancienne de manière intelligente.
C’est comme un bloc monolithique estiment les experts de maisons de vente aux enchères.
Il est en effet segmenté en une multitude de sous-marchés fluctuants et extrêmement sensibles aux effets de mode.
Rares sont les collections automobiles qui durent plus d’une vie.
Il s’agit avant tout d’une affaire intime et personnelle.
Lorsqu’un enfant reprend la collection des parents, ce sera souvent pour en revendre une partie et lui donner une nouvelle direction.
Le collectionneur est ainsi parfois embarrassé de penser au devenir de sa collection.
Certains retardent l’échéance, car y penser, c’est penser à la mort.
D’autres choisissent de la vendre ou de la donner de leur vivant.
D’autres encore tentent de créer une fondation ou un musée à leur nom.
Comme pour trouver là un semblant d’immortalité.
Exemple : J’ai été très ami avec Charlie Depauw, un milliardaire belge qui me voyait comme son fils spirituel dans les années quatre-vingt, à tel point qu’il voulait s’associer dans l’édition de mes magazines automobiles aux Etats-Unis.
Je l’ai aidé dans la réalisation d’un musée.
Puis il est décédé.
Le contenu du musée à été dispersé et bradé par la succession.
Il n’en reste rien.
L’immortalité automobile de Charlie Depauw n’aura pas duré plus de six mois après son décès….
Au fait, il me proposait que cette association Américaine de mes magazines s’effectue dans ses bureaux New-Yorkais, en haut d’une des tours du World-Trade-Center…
Imaginez que j’aurais dit « oui », je ne serais peut-être plus ici….
La vie est …. Pffffffffffffffffff “.
-Patrice DB ; “Votre business automobile repose sur une maladie : la collectionnite avec laquelle vous avez forcément une certaine empathie “.
-Quelqu’un ; “Pour moi, un vrai collectionneur se mérite.
Dans ce métier, le contact personnel joue un rôle primordial pour faire du business.
Si le contact est bon, si la confiance est là, le collectionneur vous sera fidèle.
Un bon carnet d’adresses est le meilleur capital.
Quand j’arrive enfin à posséder une voiture rare et intéressante pour une vente de gré à gré, je sélectionne dans mon carnet d’adresses les amateurs susceptibles d’acquérir la voiture.
Ce seront deux ou trois personnes.
Ça reste à un niveau très privé.
Si vous envoyez une lettre à une centaine de personnes, vous brûlez la voiture.
En jargon de métier on « carbonise » la voiture…
Le collectionneur aime la discrétion et l’exclusivité.
Les collectionneurs d’automobiles disposant de moyens confortables ne sont pas légion.
Ils ont beau rechercher la discrétion, leurs collections, surtout quand elles sont importantes, échappent rarement à l’attention de ces scrupuleux observateurs du marché que sont les maisons de vente aux enchères.
Si une vente est dans l’air, ce sera à qui décroche la meilleure commission.
Des maisons comme Sotheby’s, Christie’s, Bonham’s, Artcurial/Poulain, Brooks, Coys, Barrett-Jackson, Kruse et autres, occupent l’essentiel du marché.
Leur objectif est d’obtenir des voitures d’exception assorties de commissions optimales.
Le client qui a collectionné pendant 40 ans n’est pas toujours bête, surtout avec l’expérience du faux « boum » de la fin des années quatre-vingt : il va les tester l’une après l’autre, mais il peut aussi choisir la vente de gré à gré.
Dans les maisons de vente aux enchères, on s’arrache les cheveux pour obtenir les meilleures pièces.
Ce qui compte, c’est le contact personnel et la commission.
C’est un peu comme une banque privée, la marge est tellement petite que la différence se joue dans les détails et dans les délais de paiement élastiques….
En m’associant il y a quelques années pour ouvrir un garage en Floride avec un ami qui figurait parmi les marchands les plus importants du monde, je ne pouvais venir les mains vides.
Mon investissement dans l’affaire, outre la publicité gratuite que je pouvais réaliser dans mes magazines automobiles qui étaient diffusés alors à 500.000 exemplaires mensuels en 5 langues dans le monde entier, c’était mon portefeuille de clients.
Parmi ceux-ci, pas un seul n’achetait une voiture ancienne pour la garder dans son coffre.
La personne réellement amoureuse d’une Ferrari 250 GTO ou d’une Mercedes SSK et qui négocie pendant deux ans l’achat d’une Ferrari 250 GTO ou d’une Mercedes SSK, peut penser à l’investissement, mais ce ne sera pas là l’essentiel.
Le collectionneur qui développe sa collection est à la recherche de la voiture sublime qui est toujours celle qu’il n’a pas.
Dans le cas d’une Ferrari 250 GTO, il commence avec une autre Ferrari, une 365 GTB par exemple.
Puis, il achète un Spyder América.
C’est comme une drogue, il en veut toujours plus.
Alors, il monte, et il cherche à acquérir une 250 GTO.
Il est prêt à négocier deux ans, car cela devient une idée fixe.
Il sait aussi que si ce n’est pas lui qui achète, ce sera un autre.
Et ça, ça lui fait mal.
Le besoin de possession est un moteur très puissant.
Les salles de vente l’ont bien compris.
Les somptueux catalogues qu’elles éditent et envoient à leur clientèle sont des hameçons pour ferrer le poisson.
Quand vous tombez amoureux d’une voiture dans un catalogue, c’est comme un premier déclic.
Puis, vous la voyez en vrai lors de l’exposition qui précède la vente.
Alors, vous vous imaginez déjà qu’elle est à vous.
Vous savez où vous allez la placer dans votre garage privé.
Si à la vente, la personne qui est à côté de vous lève la main pour miser, vous vous dites : qui est ce spécimen qui prétend acheter « ma » voiture ?
La psychologie du moment est un engrenage qui peut conduire à des montées de prix inimaginables.
Comme tous les humains, les collectionneurs sont mortels, un des aléas du métier, c’est la consultation des nécrologies.
Je les lis tous les jours, sachant ce que possèdent les gens qui vont un jour s’y retrouver….
Bien sûr, je ne vais pas appeler la famille le lendemain.
Je dois agir de manière diplomatique.
Tout en sachant que je ne serais pas le seul à avoir lu le faire-part, et tout en sachant que d’autres les lisent aussi en sachant ce que je possède…”.
-Patrice DB ; “La possession a quelque chose d’égoïste…“.
-Quelqu’un ; “Je me souviens de la première fois où j’ai vu cette Mercedes SSK : j’étais comme un enfant qui veut posséder quelque chose.
J’aurais tout mis pour l’avoir.
C’était dans un cottage anglais.
La voiture était à vendre et j’avais la somme que le propriétaire demandait.
Aujourd’hui, la voiture côtoie d’autres voitures dans ma collection.
Chaque fois que je la regarde, je retrouve la force et le plaisir de ce premier moment et, en même temps, je découvre quelque chose de nouveau.
La possession a quelque chose d’égoïste, c’est vrai, je vous le concède.
Mais j’en fais aussi profiter certaines rares personnes que j’invite chez moi.
Les voitures que l’on aime assidûment vous le rendent au centuple.
Chez moi, j’aime déplacer mes voitures pour stimuler la confrontation entre elles.
Pour les faire parler.
Puis, quand la voiture n’a plus rien à me dire, je décide de la vendre.
Ce qui est intéressant avec un début de collection de voitures anciennes, c’est qu’on peut vendre plusieurs pièces pour en acheter une autre.
Mais j’ai quand même du mal à me détacher de ce que j’ai.
En fait, à chaque vente je regrette.
Il y a trois voitures dont je reste inconsolable, une Mustang Shelby GT-350 cabrio, une Bugatti Atalante, et une Cobra 427 à compresseur…
Inconsolable…
Bruxelles, Paris et Londres, pour les collectionneurs d’automobiles anciennes, sont trois villages.
Tout le monde se connaît, sans pour autant se fréquenter en dehors des expositions et des ventes aux enchères.
Chez les collectionneurs s’ajoute ce sentiment particulier d’être dans un train en marche.
Collectionner est une passion qui conditionne toute la vie, tant que brûle la flamme.
Le moment où l’on achète n’est pas toujours rationnel, ce qui peut être dangereux.
On peut trouver ça chez des tas de gens.
Simplement, chez un collectionneur, la priorité est ailleurs.
Il m’est déjà arrivé de faire des folies pour acheter une voiture, mais jamais au point de le regretter après.
Comme ma collection n’est pas totalement thématique, elle n’a pas de « cases manquantes » à compléter à tout prix : elle se construit au gré de mes coups de cœur.
J’ai bien sûr, quelque part, au fond de ma tête, une collection idéale.
Mais les œuvres qui me sont de toute façon financièrement inaccessibles ne m’obsèdent pas.
Même si je serais plus qu’heureux de posséder une Cobra Daytona Coupé par exemple….
L’achat est presque toujours inattendu.
Il n’y a pas de moments où je vais quelque part pour acheter.
C’est l’œuvre qui me prend par surprise.
Il serait trop facile de ramener la fièvre de collectionner à un instinct de posséder.
J’aime les objets mais, en même temps, je peux aussi me déposséder de choses.
Souvent, je me demande : si je devais partir en vitesse, qu’est-ce que je prendrais avec moi ?
Et j’en arrive toujours à certaines voitures.
Une collection est toujours unique, elle est le double intime du collectionneur.
C’est quelque chose qu’on ne peut transmettre, contrairement à la passion de l’art, qui nourrit la collection.
Quand j’avais quinze ans, j’avais un des frères de mon père qui était antiquaire.
J’avais aussi mon Grand-Père maternel qui était réparateur et garagiste de motos…
Tout ça me paraissait magique.
J’ai eu envie de participer, moi aussi, à cette osmose…
Ce fut un sentiment très fort, qui s’est estompé par la suite, pour revenir quelques années plus tard quand, avec un ami, j’ai organisé une exposition de voitures spéciales à la Porte de Versailles à Paris.
Aujourd’hui, en traînant parfois ma fille avec moi aux expositions, j’espère lui transmettre ma passion.
Quand je l’emmène quelque part, elle ne regarde rien.
Je désespère….
Petit à petit, ça va peut-être lui donner le goût.
Sans doute, elle cherchera à s’en détacher pendant une période.
Puis ça peut revenir…
Quoique, c’est peut-être elle qui a raison, la collection n’étant qu’une sorte de vanité”.
-Patrice DB ; “Le collectionneur a un rôle fondamental. Il permet aux marchands et aux maisons de ventes aux enchères, de fonctionner.
Quel que soit le degré de démocratisation apparente, notamment au travers des grosses expositions, le marché est régi par une consommation de classe plutôt que de masse”.
-Quelqu’un ; “L’automobile de collection est redevenu un objet de luxe.
Et c’est très bien comme ça.
C’est même vital pour éviter une dilution dans la consommation commerciale.
La démocratisation de l’automobile de collection est ailleurs, ce que l’on nomme « l’Automobilia », car on peut très bien apprécier l’automobile sans vouloir l’acheter ou la posséder.
Pour rendre l’automobile de collection accessible, dans le sens de compréhensible, il faut avoir des bouquins pas chers qui en « parlent ».
Personnellement, je préfère parfois regarder calmement un catalogue chez moi, plutôt que d’entrevoir une voiture dans la cohue d’une exposition “.
-Patrice DB ; “Mais qu’est ce qui fait la différence entre un amateur d’automobile de collection et un collectionneur ? Pourquoi acheter ? “.
-Quelqu’un ; “L’art est en rapport avec le pouvoir de l’argent.
Il en a toujours été ainsi.
Un rapport dans lequel je m’engage pleinement.
Le système, grâce aux collectionneurs a toujours permis aux marchands de s’en sortir plus ou moins bien.
Les vendeurs d’occazes, maudits soient-ils, sont une minorité caricaturale.
Pour le marchand qui débute, vendre une voiture à un collectionneur, c’est être reconnu aux yeux du marché. Je n’oublierai jamais les personnes qui m’ont fait le plaisir d’acheter des voitures « difficiles » parce que rares et souvent quasi inconnues.
Ensuite, à mesure qu’on voit sa cote grimper, on voit approcher d’autres collectionneurs.
Ceux qui achètent des voitures de collection à un million d’€uros ne regardent pas ceux qui achètent des voitures à 10.000 €uros et encore moins à 1.000 €uros.
Le succès s’accompagne aussi pour le marchand « d’obligations sociales » dans le milieu.
Tel collectionneur organise un dîner, tel autre donne des conférences devant un parterre choisi.
En définitive, je jette sur les collectionneurs, qui me font vivre, un regard compréhensif et parfois admiratif.
Comme tout groupe social, ils entretiennent leurs rituels et leurs mythes.
J’ai fréquenté d’autres groupes plus ou moins fermés, et je trouve le milieu des collectionneurs automobiles beaucoup plus ouvert.
C’est d’ailleurs difficile d’être collectionneur de voitures anciennes sans l’être.
Le succès aidant, la palette des collectionneurs s’élargit : il y a les défricheurs, les suiveurs et les enthousiastes à tous crins.
Mais, contrairement aux clichés « roses », j’ai aussi rencontré des faux collectionneurs mais véritables marchands, uniquement motivés par la spéculation, c’est une classe qui a envahit peu à peu le marché depuis le faux « boum » de la fin des années quatre-vingt…
Ils achètent uniquement pour réaliser de bonnes affaires.
Certains ayant des moyens financiers importants, sont de véritables busards, voire des hyènes, ils cherchent des collectionneurs amoindris financièrement par la crise économique à qui ils font miroiter de l’argent cash….
Ils leurs achètent alors des voitures à 30 ou 50% de leur valeur pour les proposer aussitôt au double de leur valeur….
Dans cette mouvance, se terrent également des escrocs qui semblent agir de même mais qui réussissent à ne rien payer, proposant des voitures en échange qu’ils n’ont pas payées selon un même procédé.
Les pires s’avèrent être divers marchands surnommés « Les Libanais », terme qui regroupe l’ensemble des marchands d’origine Arabe qui ouvrent des garages sans registre de commerce, qui se disent Italiens ou Français du sud, et prétendent que c’est leur frère, leur ami, leur cousin qui régularise les « papiers »…
Un an plus tard, le garage change de nom, en fait ils s’échangent leurs garages et continuent….
J’ai un exemple édifiant à vous offrir…
Dans le gré à gré j’ai vécu plein d’histoires abracadabrante…
J’avoue…, j’avoue…
Oui, j’avoue, j’ai été stupide et crédule avec beaucoup de gens.
Mon bon fond, celui de mon enfance, le temps ou je croyais au Père-Noël, aux cloches de Pâques, au petit Jésus, à la bonté humaine de l’innocence, ce bon fond m’a joué des tours pendables desquels je m’en suis sorti, à chaque fois amusé des situations invraisemblables, mais foncièrement désabusé des gens.
Vous raconter toutes les fois ou j’ai été désabusé, prendrait tellement de temps (et de place) que vous vous en suicideriez d’ennui, désabusés à votre tour…
C’est cette somme de “désabusements” qui me fait écrire des textes caustiques, des textes fatigués quoique curieusement pleins d’entrains et joyeusement désabusés, des textes qui vous montrent l’usure de mon cœur et la nonchalance de mon moi-même vis-à-vis des autres…
Les autres, ceux et celles qui ne sont pas moi-même, dans un premier temps je les aime, tout en me disant que tôt ou tard je vais déchanter…, ce qui finit par arriver pour des choses bêtes et stupides qui me désabusent d’avantage….
Pour ne pas faire souffrir, et ne pas souffrir moi-même, j’essaie d’être caustique et odieux avec les “zôtres“, me disant que sans contact je n’aurais pas d’ennuis, ne susciterait pas de jalousie et …..
Bon….
Dans les affaires, c’est autre chose.
Le monde de l’automobile, coté des marchands et des clients en gré à gré, n’est pas toujours aussi beau et rose que ce que la beauté (toute relative) des carrosseries laisserait croire”.
-Patrice DB ; “Un poète comme vous, un écrivain, une personne emplie d’humour, tout cela au départ de votre passion pour la créativité et l’automobile“.
-Quelqu’un ; ” Quoi de plus merveilleux que de sentir ce parfum de connerie autour de soi, que de regarder ces gens qui en abusent par inconscience consciente ou par conscience inconsciente…
La connerie nous entoure, nous enveloppe, nous stimule, nous amuse ou nous révulse.
Nous sommes en plein dans l’ère de la sinistrose intellectuelle au niveau comportemental réduit.
Je déteste sentir l’ambiance de la soumission, de la foule qui survit dans un contexte organisé, de la plèbe métronome avec une horloge à la place de l’originalité, de l’influence des préjugés et des identifications stupides.
C’est l’époque de la réflexion de masse, d’une intelligentsia à la recherche d’une identité et d’une vérité à vous faire bondir.
Les schémas d’attitude, les stéréotypes de modes de vie deviennent un leitmotiv lancinant, pénible pour certains et fondés sans réflexion pour d’autres.
Croire, réagir, s’engager, réfléchir sont erronés dans leur définition, ce sont des néologismes avec une toute autre signification.
On s’apparente à des bêtes aux instincts animaliers, on remplit des fonctions avant d’avoir un brin d’épicurisme, on cherche des modèles de réflexion, d’attitude, d’achat avant d’avoir une quelconque notion de plaisir dans l’acte.
On s’attriste des voisins, des confrères, de ceux que vous voyez dans votre environnement au point que vous ne pensez plus à votre triste sort.
La quête de l’inutile, la recherche d’un combat, les voies toutes tracées, les remarques prédigérées, les blagues standards, les modèles de pensée, les crises calculées, les regards primates, les rires appuyés, les conversations diplomatiques, les contacts soporifiques, les lassitudes de l’habitude, les peurs de la solitude forment un monde qui est le nôtre et qui est risible.
C’est une véritable apologie de la connerie, le tout orchestré !
L’omniprésence de la connerie fait de chacun d’entre nous un con en puissance.
Etymologiquement, le mot connerie a un sens péjoratif fort, pourtant il revêt d’autres sens, “quel con” dit-on en s’esclaffant d’un individu en train de chercher une attitude provoquant une certaine dérision, “il est trop con” prenant des sens divers en fonction de la tonalité, critique lors d’une remarque professionnelle ou jugement de valeur, touchant lors d’un éclat de rire général.
Le mot connerie est un dérivé du mot con, alias la partie charnelle et sensible du sexe mou, donc faible.
Faire une connerie prendrait donc un sens purement copulatoire, réprimandé par notre bonne église et notre puissante éducation judéo-chrétienne.
Une connerie serait donc un acte de l’ordre de la bêtise, de l’incident provoqué au fait irréparable, et non pas de la totale stupidité de son utilisateur.
On admettra la connerie dans son sens plus large, voire populaire, bien que les foules n’aient jamais eu vraiment raison.
La connerie seule valeur de référence, conne par excellence, vient d’une attitude qui n’est pas naturelle, et qui est donc guidée par une pression extérieure, journaux, magazines, et autres medias à la vérité universelle.
Certains toutefois naissent et grandissent cons, ce qui aurait tendance à démontrer que le terrain est propice et favorable à certains et certaines d’entre nous.
Est-ce une faveur du ciel ou un quelconque maléfice ?
Imaginons qu’elle intervienne dans la réussite de certains, chacun alors revendiquerait sa connerie, comme un don du ciel.
Les courants de pensée doivent être véhiculés par le pouvoir économico-intellectelo-financier qui gère avec une bêtise inconsciente son évolution.
On touche donc du doigt les précurseurs, les investigateurs de notre connerie collective.
Libre à eux d’être les rois de leur supériorité dans ce domaine.
La marginalité dans la connerie est un signe de connerie extrême, on revendique le droit d’être moins, donc d’être plus. Intéressant, non…
Créons un festival autour de ce thème, des colloques, des manifestations en tout genre, des mouvements libératoires, des scandales, des remises de prix avec médisance et suffisance.
Portons aux nues et au pouvoir ses incarnations, dressons un autel à sa gloire, vénérons-le, immortalisons-le, faisons un jour réservé à cet objet devenu sacré, prenons le en adoration, bafouons-le, crachons-lui dessus mais faisons-le de manière détachée.
Au fait, serez-vous des nôtres cher Patrice?”.
-Patrice DB ; “La connerie n’est pas une science exacte, c’est un état d’esprit, pas un droit divin, elle s’acquiert dès notre plus tendre enfance au creux des bras parentaux et des regards de jaloux, d’envieux, de personnes qui déjà veulent vous contredire alors que vous n’êtes soucieux que de vos premiers pas, vos premiers mots et vos premiers sourires“.
-Quelqu’un ; “Le spectacle navrant du samedi soir, où le nombre de cravates au m² dépasse l’entendement, me désole.
La pseudo accession à un rang social doit-il être permanent, l’homme a-t-il une obligation de standing, de montrer une certaine suite de ses fantasmes professionnels, de son idée de soi grotesque.
Pourquoi ne pas imposer à la place imposer l’obligation à cette populace de se comporter dans notre bonne société comme elle se comporte sur un trône de toilettes.
En fait, quoi de plus inutile que l’élue de nos nuits, la partenaire de nos jeux charnels, aille étaler son rang à la face du monde à travers ses bijoux, fourrures et tout ce qui est apparence.
Cette face du monde étant souvent composée de pauvres gens de passage, d’infortune et de prétendus amis, collaborateur du mauvais goût.
Le guide de ce goût est non-exhaustif car au détour d’une odeur et d’un sinistre flambeur d’un soir, vous pourriez découvrir celle de la naphtaline, l’antimite de la semaine bien serrée contre l’unique cravate achetée à bas prix, et ce pendant des jours interminables.
Regardons la vie autour de nous, tous ces gestes mécaniques et conditionnés que l’on fait par réflexe, réminiscence ou par pure connerie.
Ces mouchoirs qui s’agitent le long d’un train, derrière une vitre d’aéroport ou de maison, ces regards tristes qui s’allongent, ces gens qui courent après un hypothétique arrêt d’une machine mise en route et qui emporte un être chéri à vos yeux, à votre cœur ou à vos souvenirs et qui ne sont, l’espace d’un instant plus eux-mêmes.
Ces regards penauds, le cœur saignant, un vague-à l’âme, un sourire qui repose sur une émotion présente ou passée, voilà ce qu’est notre race humaine, bête et émouvante, risible et fragile, seule et isolée dans une foule d’anonyme.
Mais le comble, c’est l’instinct sexuel qui sommeille en nous, nous ronge, nous dévore et nous astreint aux pires infamies et comportements.
Il guide nos pas, nos gestes, nous oblige à faire des prouesses de bêtises lorsque la proie est localisée.
L’homo sapiens peu évolué en chacun de nous, tombe dans une léthargie intellectuelle et est alors en proie à la période du rut.
Cette pratique coutumière de ces peuples qui se sont installés de part et d’autres de la planète terre a prouvé que le cerveau qui est placé dans la partie supérieure de la boite crânienne et qui pour certains les aident à penser plus qu’à agir de façon primaire, a un fonctionnement très original.
Cette boite à réflexion, qui est une option pour la majorité de cette population observée, peut s’auto bloquer et transformer le corps qui le transporte, en une machine à forniquer.
Le résultat de cet acte étant fort aléatoire, il faut le souligner et sujet à grossièretés.
Qu’ils sont étranges, ne faudrait-il pas aller en prélever quelques échantillons pour les placer dans des centres de préservation des races du système galactique .
L’étude poussée de ce comportement animal nous laisse envisager que l’homo sapiens a des instincts organisés, celui de brailler avant de copuler de façon fort désorganisée en sautant sur son partenaire qu’il soit ou non de même sexe.
Que c’est étrange.
Le summum est atteint lorsque l’un deux n’est pas consentent ou que pire, on assiste à un spectacle désolant, celui du vieux satyre louchant de manière prononcée sur une proie innocente.
Rien n’est plus con qu’une proie jouant sur ces contextes, se rassurant par cette manière peu cavalière et criant au viol.
Mais la plus grosse ineptie, 99.99% de la gente masculine ne faisant pas partie de cette phrase, reste certaines femmes…
Toutes croient à la révolution féminine et mènent le monde en acceptant ou refusant d’écarter leurs cuisses, parfois blanchâtres et repoussantes au vu d’une cellulite encombrante.
Ce pouvoir leur fait imaginer qu’elles sont Don Quichotte attaquant les droits de leur compagnon, qui lui, tombe dans le panneau et tente de jouer la différentiation comportementale, la soumission, et l’homme avec un grand H, la bête quoi…
Vive la plèbe, avec sa culture télévisuelle, ce concept de l’émotion aseptisée populaire.
A chaque instant, surtout vers 20H30, 10 millions de cons chialent ensemble, crient, vocifèrent, applaudissent.
C’est chouette la vie…
Comment croire à l’idée que chaque homme est unique, alors que chacun est conditionné, saucissonné, embrigadé.
Mais peu de gens le savent, ceux-ci le vivant mal”.
-Patrice DB ; “Et si… la connerie était libératrice ?“.
-Quelqu’un ; “L’idée du conditionnement est si omniprésente, qu’on voit une forme d’uniformisation des moments propices à telles ou telles choses, la sexualité du samedi soir, la beuverie des repas de fête, le café de 16H00, toutes choses qui ne sont pas liées à la difficulté de s’extirper de l’engrenage du travail, mais bien des chemins de conduite et de mal-conduite à suivre que chacun s’impose.
Il serait dommage de ne pas évoquer la religion, j’en reviens à ce livre prophétique « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens… » ou la mise en scène permanente d’une joie intérieure et individualiste de ses représentants, qui ne transmettent par contre eux que somnolence et envie de renoncer à cette forme d’épanouissement, qui ne se touche pas, ne se sent pas, n’apporte pas de preuves, mais qui soi-disant nous transcende.
Quelle libération… ?
Le prêtre prenant l’attitude de l’inspiré à la recherche d’une quelconque science ou inspiration inexistante, d’un déballage d’acquis qui font impression sur des gens en soif de modèles tout créés.
L’étudiant dans toute son horreur, ses attitudes, ses gestes, ses prises de positions mal-définies et arrêtées, ses certitudes sur des sujets ou des pans d’existence qu’il ne connaît pas, ses costumes qui lui permettent de s’identifier, de se démarquer ou de se noyer dans la masse ou l’anonymat.
Ses états rebelles, marqués et grossiers, ses cotés sûrs, cette idée de penser détenir la vérité, s’imposer dans une société qui n’attendrait que lui et qu’il va influencer de tout son poids et de toute sa connaissance…
La désillusion lors du passage à un monde qui se dit plus adulte, où tout n’est que lutte de pouvoir, d’influence, de stratégie, de promotion canapé et ruses perfides.
Le pouvoir du 3° age et ceux qui abusent de leur situation ou maladie sont légions autour de chacun d’entre nous, les vieux qui brusquement sont atteints d’une maladie imaginaire dans un bus, un magasin pour avoir le plaisir de vous déloger de votre place; les malades incurables qui se comportent normalement dans la vie et vous culpabilisent pour arriver à leurs fins”.
-Patrice DB ; “Qu’il est triste de vous voir bienveillant, heureux de vous voir rendre service, prêter main forte de votre énergie, de votre gentillesse et de vous sentir risible aux yeux de ces gens finalement peu recommandables…“.
-Quelqu’un ; “Certains flics, incarnations extrême de la connerie vivante au quotidien, méritent à eux seuls un livre à plusieurs tomes, mais est-ce bien opportun de les tourner en dérision, tout comme ceux qui se réfugient derrière des administrations mornes mais sécurisantes, au quotient intellectuel proche de l’infinitésimal zéro, et qui jouent les héros hors de leur vie vomitive, roulant des mécaniques avec des images plein la tête de « soaps » américains, qui flairent la caricature comportementale”.
-Patrice DB ; “On vous plaint et on vous déteste. Libre à vous de vous sentir tout simplement con chroniquement et irrémédiablement…“.
-Quelqu’un ; “Les mal-aimés, ceux qui subissent une situation par habitude, par faiblesse ou par souhait : les maris trompés, les couples qui se réfugient dans les images versées par marées débilitantes par nos bonnes vieilles télévisions et qui fuient toute remise en question, préférant survivre à deux que se retrouver seuls dans l’incertitude la plus absolue.
Il est certain que voir tous ces célibataires qui tentent de faire digne figure et tenter d’expliquer leur choix rend désabusé d’amertume, mais y-a t-il toujours eu choix ?”.
-Patrice DB ; “Pourquoi la société impose t-elle un devoir de se caser, faut-il absolument arriver à calquer une situation familiale type où les gens doivent paraître, quitte à regretter en secret d’une pensée ?“.
-Quelqu’un ; “Ce modèle pousse les générations des trentenaires à se retrouver ensemble, rejetés par les gens du type établis et à se convaincre des avantages de leur situation et à se valoriser en parlant en terme d’expériences, de liberté totale, de fantasmes sans cesse renouvelés, alors que souvent ils retrouvent seuls le soir et n’ont que leurs yeux pour pleurer et rêver du modèle qu’ils tentent de rejeter, par pure fierté mal-placée.
Les vieilles peaux ont le vent en poupe, elles se donnent l’illusion d’une seconde jeunesse en se parant de poudres et de paillettes, en se vantant de conquêtes imaginaires, en se carrossant dans des voitures faisant “jeune“.
Les dents écartées, le parfum généreux, l’air calculé, elles envahissent nos espaces vitaux de leur vie passée.
L’après vieilles peaux est la période la plus émouvante à observer, les femmes ridées criant au viol dés le premier effleurement d’un vague congénère qui passe”.
-Patrice DB ; “Leurs illusions se fanent sans doute avec les regards des jeunes et leurs premiers quolibets à leur encontre…“.
-Quelqu’un ; “Les remerciements de circonstance, les ronds de jambes hypocrites, les mots d’excuses, sont les pires dérives de l’éducation.
Nous a t-on appris à être cons, malhonnêtes, hypocrites ?
Etre dans la douleur pour la perte d’un proche et sentir ces mains moites de personnes s’en foutant, ces gens qui ne sont là que par voyeurisme, par circonstance, par intérêt égoïste.
Les boutiques de souvenirs qui respirent de bêtises, où les maigres bourses viennent acquérir des objets sans valeur et sans saveurs produits à la chaîne loin de ces infâmes gourbis, parfois même proches du lieu d’habitation d’où viennent ces tripotés de niais en mal de leur béton qui compose leur univers…
Ces butins sont ensuite entreposés originalement de part et d’autres dans la maison, sur la cheminée par exemple, dans une vitrine à gueule d’imitation et terminent souvent leur vie au fond d’un tiroir, d’un grenier, ou d’une poubelle suite à un déménagement physique ou intellectuel.
Rappelez-vous, vous êtes un jour entré dans ces cavernes des mille et un trésors, toutes aussi infâmes les unes des autres, où l’air est irrespirable de bombes aérosols aux senteurs boisées artificielles.
La plèbe agglutinée autour de ces vitrines, les mains des enfants arrachant celle des parents, eux résistant par peur de payer, pour rêver devant toutes ces merveilles rappelant tant ces lieux de vacances à odeur de ketchup, de camping et de boites de conserves laissées au bord des routes, tout comme leurs chiens.
Le plan d’épargne logement est l’incarnation de la sublime bêtise économique.
Faire croire à l’épargnant moyen, que nous sommes, de bénéficier à terme d’avantages fantasmagoriques pour répondre à notre vœu le plus cher : acquérir une maison et profiter des nombreux emmerdements qui en découlent, tout en sachant que notre cher banquier va se faire une trésorerie intéressante sur notre dos et vous escroquer en vous faisant miroiter un taux de crédit préférentiel sur une infime partie de votre besoin en financement et vous planter sur le différentiel que vous recherchez pour atteindre votre vœu.
Depuis des lustres, vous vous étiez saigné pour économiser, alimenter ce maigre compte pour en fin de compte acquérir une ineptie, l’investissement de la pierre, inscrit dans notre inconscient préformé.
Le Paris Dakar , toutes les courses d’ailleurs, est une autre arnaque intellectuelle, basée sur un processus d’entreprise et où on vend des grains de sable, des images de paysage à travers deux spots publicitaires, et d’où on ne peur ressortir que deux idées, le gain en termes de voitures d’une telle victoire sur des peuples et le pur mépris pour ces peuples que l’on traverse, qui ne sont que spectateur d’un monde qui leur échappe et qui, souvent, laisse des traces physiques sur leur environnement qu’ils tentent de maîtriser, et que d’autres saccagent l’espace d’un passage par pur plaisir mal-placé.
Le look surfeur détient la palme de la connerie toutes catégories confondues.
L’identification à un sport passé dans l’esprit des pratiquants par l’acquisition d’objets de référence, telles une casquette mise à l’envers, une boucle d’oreille, des gris-gris fluos, un langage franco-anglo-con adapté, des appellations, des surnoms très branchés.
C’est le monde des mecs fun, cool, chébran, aux cheveux longs, à la mèche tombante, aux idées sans fondements, à la cigarette revendicative, aux airs inspirés et démarches calculées, aux actes prédigérés.
J’en ai observé un spécimen hier après-midi.
J’étais allé sur la côte belge, à Zeebrugge, en Cobra…
Je m’étais installé face à la mer, le long d’une dune, et le spécimen est arrivé dans une camionnette brinquebalante…
Une heure qu’il a mis, pour démonter ses planches, ses voiles pliées, ses accessoires, des tubes, des tuyaux, des cordes, bref un bazar incroyable…
Il s’est énervé sur un tube démontable qu’il ne pouvait plus démonter, a donné un coup dans la carrosserie de son « Van » en démontant les deux bouts qu’il a ensuite replacé….
Puis, il a enfilé une combinaison en latex moulante, se contorsionnant en pitreries physiques durant dix minutes avant d’enfin partir vers la mer qui entre temps s’était retirée au loin…
Grotesque.
La dépendance à un événement, à une chose aussi banale qu’un trousseau de clefs, à un être qui tarde à venir, à appeler, la dépendance à une drogue, à l’alcool, nous rend malade ou blasé.
On s’habitue à subir, à baisser la tête, à attendre et piétiner, on s’énerve, on trépasse, mais on accepte.
Triste.
Pendant ce temps, des touristes s’esclaffent d’un rire gras, avec l’appareil en bandoulière, les tee-shirts de toutes les couleurs qui tentent de cacher leur obésité intellectuelle et physique, graisse, cellulite et purulence.
Ils tentent de se fabriquer des souvenirs sur papier afin de respirer leur moment d’égarement à leur quotidien pendant tout le reste de l’année.
Les voir errer dans des lieux pseudo-culturels, en haut des collines accessibles en voiture ou en tramway et poser et demander à l’autochtone de les prendre en photo ensemble afin de rentrer dans la postérité de l’endroit, est révélateur de ce que l’homo-touristus recherche dans ces errances vacancières.
La senteur de la biafine, de l’huile solaire, la vision des lunettes à trois sous achetées dans un couloir anodin d’un métro dans une atmosphère morose, grise mais qui prend une valeur de rêve le temps de son acquisition, laisse songeur.
C’est le conditionnement d’une certaine société sur son mode de vacances.
Il est vrai que l’on évoque ceux qui partent, l’univers des plus défavorisés restant attristant.
Le prédateur de la connerie est celui qui l’inspire, l’invente, la respire, l’initie, la perpétue, la porte sur lui, la fait sienne; bref c’est peut-être vous, c’est peut-être moi, mais je crois que c’est plutôt vous ou votre voisin et certainement pas moi…
Le con génétique est la personne qui naît et vit avec cette particularité, dans un contexte favorable à son éclosion et à son développement : les caricatures ambulantes que vous croisez et décroisez sans cesse tout au long de votre chemin et qui vous apitoient et vous rendent triste au bout du énième que vous laissez là, nageant dans son bien-être héréditaire.
Les bidonchons qui bouffent le long des nationales, les greluches qui se foutent en minijupe en hiver, les femmes font-elles ça pour le plaisir des yeux masculins (encore que ce ne soit pas les plus jolies, en général) ou font-elles ça par ignorance des températures extérieures.
Connerie ou bêtise… pour beaucoup d’entre vous, ce serait plutôt les deux.
La barrière du personnage, l’homme ou la femme qui pense maîtriser tout, qui a la réponse à tout, qui se planque derrière sa façade pour des raisons d’efficacité, de productivité, de rationalité; sans le moindre sentiment, le shot-gun à la ceinture, il ne rit pas dans la vie, il la combat, seul son petit sourire apparaît quand il voit une de ses victimes être accablées dans sa misère ou son sang.
Son rire gras, il l’a quand les événements le demandent, pour abaisser, dominer, mettre la pression.
Sa vie est une horreur, ses costumes, ses vacances, ses sorties, ses moyens de locomotion lui ressemblent, il est à éviter…
Imaginez-le maniaque et malheureux.
Le con manipulé, c’est le simple d’esprit que l’on tourne et que l’on retourne comme une crêpe.
C’est la pauvre nouille, l’éternel suiveur, le bon copain accroché à la chandelle, l’idiot du quartier qui ne passe pas les portes tellement ses cornes sont hautes, mais qui est si amoureux de sa bonne femme, qui elle le mène par le bout du nez, voire plus bas.
Sa vie est une route caillouteuse et ses pieds heurtent chacun des écueils, ce qui le fait rire de bonheur quand il se relève la gueule enfarinée pleine de sang, de boue, d’insectes collés à son visage, et de morves qui pendouillent”.
-Patrice DB ; “La connerie serait-elle une science exacte du comportement. Cette science aurait-elle comme principe une totale inconscience de la part de ses développeurs et utilisateurs ? “.
-Quelqu’un ; “Je vomis sur les dragueurs des files de queue d’automobile, où les gens se comportent comme des cibles ou des chasseurs, où tous les gestes sont calculés, les faux téléphones utilisés, les vrais également mais faussement, les rétroviseurs abondamment essuyés, les regards de circonstances appuyés, les femmes particulièrement fausses dans leur miroir avec des applications de rouges à lèvres permettant d’observer le voisin et de jouer la séductrice ou la poule.
Notre monde moderne est plein d’incohérence, regardez-moi ces innombrables conseils autour de vous, ces lectures pour planter vos oignons, rendre votre femme heureuse, profiter de la vie, mieux diriger et bien chier, castrer votre poisson pour qu’il arrête de piailler, gagner une heure par jour en s’organisant mieux.
Justement, parlons-en de notre stress à vouloir gagner des maigres minutes que l’on va gâcher en arrivant à un rendez-vous de dentiste, professionnel ou avec sa compagne.
On prône l’ère de la sur productivité et on le gaspille pour des conneries de choix de tenue, ou par le fait d’un fonctionnaire qui ne veut pas travailler correctement.
L’impact Dolto est une autre escroquerie contemporaine.
Pour ceux et celles qui n’ont pas senti le vent de sa bêtise sur eux, quelle chance !
En peu de mots, la tonne et demi de bouquins qu’elle a écrit sur les premiers âges et moments que votre môme va traverser, transforme votre progéniture en un monstre conscient de sexualité inconsciente et de gestes tous plus évocateurs les uns des autres.
La vérité sort-elle de la bouche des enfants ?
Non répond en chœur Dolto, son double et encore elle-même, votre enfant est source de mal et de combinaison diabolique….
Il vous suffit de voir ce qu’est devenue la lignée Dolto pour comprendre les limites de sa connaissance, car elle est mal placée pour parler d’éducation du premier âge au vu de son échec personnel.
“Nos ancêtres les gaulois” : combien de fois avons nous entendu cette ineptie dans des pièces froides qui nous servaient d’écoles, alors que la moitié de l’auditoire forcé du jour avaient des faciès plus que basanés, voire sombres de par le soleil, de par leur origine ou de par les mines d’où les parents sortent.
Qu’il est doux de vouloir enseigner à tous ces exclus, ces soumis, ces expatriés, ces migrants et de faire partager un passé commun, alors qu’il est certain que la plupart des races représentées dans une seule et unique pièce ont sûrement dû s’affronter par aïeul, religion ou idéologie interposés.
La peur du bonheur en le refusant en ne voyant que les maigres inconvénients de telle ou telle évolution de votre vie, alors qu’elle peut être bouleversée en bien avec des surprises, des dragées, des cris d’enfants, des projets à deux… bref un tournant que certains refusent de voir.
Voir cette évidence qui s’offre à vous, vous tend les bras, n’attend que vous.
Et vous, vous restez là en ne songeant qu’aux ennuis qui auraient pu s’occasionner, des frais qui auraient chamboulé vos budgets.
Et un jour, vous le regretterez malgré votre façade dans laquelle vous vous êtes réfugié, vous n’avez pas saisi cette chance, peut-être non pas la dernière, mais la bonne.
Le « Quelqu’un » que vous avez croisé avait peut-être ce potentiel qui vous aurait conquis des années durant, cet amour qui vous aurait donné des ailes, vous aurait métamorphosé.
Mais cette peur de l’inconnu vous a bloqué, cette peur du bonheur transpire en vous.
Un jour, vous le savez comme moi, vous n’aurez que vos yeux pour vous lamenter d’une existence fort fade, que vous avez pourtant tant voulue et sauvegardée bêtement.
Dans nos multiples aléas de la vie, certains nous horripilent plus que d’autres, car ils sont souvent évitables, mais nous en sommes malgré tout prisonnier très souvent.
L’image la plus frappante et la plus illustrative reste celle d’une personne à la porte de chez-elle et qui après avoir fouillé sa mémoire ou ses poches s’aperçoit qu’elle est à la porte et reste impuissante sans ce petit bout métallique salvateur”.
-Patrice DB ; “Nous serions donc menés par toutes ces issues, ces clefs, pour y rentrer ou en sortir, que ce soit au sens propre comme au sens figuré du terme ? “.
-Quelqu’un ; “Les clefs de l’existence ne déforment pas toutes les poches, il peut s’agir de ces « pistons » dont nous sommes si fiers à évoquer…
Les relations ou les copinages permettent de déjouer d’innombrables situations, se sortir de guet-apens, et déjouer les coups bas d’un adversaire d’un jour ou éternel.
Mais regardez vous vivre, parler, manger, réfléchir, discuter, subir, copuler, vous taire.
Prenez le temps de vous évader, d’aimer, de sentir, toucher, respirer, chercher des sensations de base, naturelles et sans prix, inventez un monde nouveau fait de bonheur, de sourires sans interprétations, de rapports simples, de rires d’enfants qui résonnent dans nos têtes.
Soyons les concepteurs d’une idée sans avenir, basée sur l’utopie, sur des petits riens qui font notre quotidien et qui pour l’instant ont une odeur de pesticide.
La vie est faite de tout un tas de petites conneries où tour à tour, on passe et on se fait passer pour un enfant, un parent nourricier, un adulte responsable, un gosse perturbé, un être professionnel, un incompétent, un sportif, un conformiste, un anti-tas de choses.
Tous ces moments, on les apprécie, on les déguste, on les savoure.
Le bonheur tient à ces petits trucs qui font nos aléas; car ils nous font sourire, nous émeuvent, nous agacent, nous crispent, nous enthousiasment, nous révoltent, nous plongent dans un embarras.
Le bonheur se construit à deux, voire à plus en comptant sa progéniture, et toute la définition du mot connerie devient galvaudé”.
-Patrice DB ; “Le mot connerie est singulier et ne se conjugue pas au niveau du couple, hormis si le couple lui-même ne cherche plus son propre bonheur, mais à vivre à travers le regard des autres“.
-Quelqu’un ; “Que serait-ce la vie sans les cons autour de nous, que seraient les moments d’errance, où on aurait qu’un monde de parfaits, d’intelligents, de réalistes, de responsables ?
Ce serait un monde plus aseptisé, où de nombreux sourires, de regards et d’expirations d’exaspération disparaîtraient.
Il est temps de revenir à une époque où une sélection naturelle était faite, non pas pour laisser sur notre planète les moins cons, mais à cette époque du moins, les conditions et les moyens cliniques réduits à son plus simple appareil permettaient de relativiser beaucoup de choses.
On ne considérait pas l’avortement comme un moyen contraceptif, les médecins comme un moyen pour lutter contre les syphilis et autres MST, les crèmes comme un rajeunissement salvateur, les voitures comme un moyen de promotion, l’argent comme quelque chose de valorisant, à défaut rapproché de l’intelligence, l’école comme un moyen de s’instruire alors que ses enseignants sont frustrés d’être ce qu’ils sont, frustrés de ce qu’ils savent, frustrés de ce qu’ils gagnent, frustrés de ce qu’ils font et ce qu’ils vivent.
1-Vous êtes con,
2- Vous le saviez,
3- Ou vous vous en doutiez,
4- Vous en êtes déçu,
5- Mais rien n’est définitif,
6- Car la connerie est source de vie,
7- Elle vous permet de vous abaisser,
8- Ou de vous surpasser,
9- S’en passer vous ferait prendre compte, que vous n’êtes malheureusement qu’un con…”
-Patrice DB ; “Les gens ne connaissent pas leur bonheur mais celui des autres ne leur échappe jamais”, racontait Pierre Daninos.
Des gens d’ici et d’ailleurs confient pourtant le leur.
Les leurs.
Des leurres parfois, si l’on en croit l’Histoire”.
-Quelqu’un ; “Epargnons-nous un sondage coûteux.
Le classement des aspirations humaines au bonheur alignera forcément, dans le désordre : un boulot pépère et scandaleusement bien payé, un grand amour comme au cinéma, un peu plus de formes ici et un peu moins là, un Monospace plein d’enfants pétants de santé, une « quatre façades » avec jardin ensoleillé les nains en plâtre sont en option.
Sous le règne de l’individualisme, le bonheur est affaire strictement personnelle mais apparaît comme un petit défilé en uniforme de stéréotypes publicitaires.
Nous visons à un accomplissement de nous-mêmes qui passe par des réponses éprouvées, car le bonheur se trouve dans l’action comme dans la contemplation, la satisfaction des sens comme celle de l’âme, la prospérité comme le dénuement, la vertu comme le crime, l’action collective comme la délectation égoïste”.
-Patrice DB ; “Si les gens heureux n’ont pas d’histoire, le bonheur en a une“.
-Quelqu’un ; “Pour l’historien il se présente comme une somme de représentations.
Il est une image du monde que nous forgeons en nous-mêmes, à laquelle nous adhérons et qui guide notre destin comme celui des sociétés.
Ainsi, le bonheur occidental, tour à tour, nous a conduits à croire aux promesses de la religion, de l’individu, de la politique ou de la société de consommation, à connaître des déceptions et vivre des désillusions, et à, malgré tout, essayer de le traquer par tous les moyens”.
-Patrice DB ; “Sommes-nous vraiment faits pour le bonheur ?“.
-Quelqu’un ; “On se sent plutôt porté à dire que rendre l’homme heureux ne fait pas partie du plan de la Création, cela dit avec une pointe d’humour froid, politesse du désespoir.
Freud, le père de la psychanalyse était bien placé pour constater que nous brillons surtout dans l’art de nous rendre malheureux.
Mais qu’importe si le bonheur est accessible ou non : il se trouve que nous le cherchons tous et nous n’y pouvons rien”.
-Patrice DB ; “Pour certains, cette quête serait inscrite dans la nature humaine.
Chercher le bonheur, c’est se chercher soi-même, comme un trésor enfoui”.
-Quelqu’un ; “Longtemps, le bonheur est apparu comme la nostalgie d’une plénitude perdue dont nous serions déchus.
Et pour l’homme des sociétés traditionnelles, le mythe paradisiaque est le récit qui semble détenir le secret de son origine, la vérité et la signification de son existence, le mythe universel du paradis offre la forme première du bonheur.
Quelque chose s’est cassé, dans la nuit des temps, provoquant une fâcheuse rupture entre le Ciel et la Terre.
Le mythe du Paradis reflète notre aspiration à recoller les morceaux, à retrouver la totalité originelle.
Dans cette quête métaphysique, notre imagination symbolique tourne plein gaz.
Etymologiquement, un symbole est un signe de reconnaissance formé par les deux moitiés d’un objet brisé qu’on rapproche.
Le symbole du paradis est comme un éclat de bonheur fiché dans notre esprit.
Nous n’en finissons pas de produire des symboles qui sont autant de mains tendues vers l’unité primordiale. Songeons aux bien-nommés « porte-bonheurs », gri-gri, amulettes ou pattes de lapin.
Chacun de ces fétiches est moins un indice risible de superstition qu’un emprunt fait au paradis.
Dans les croyances anglo-saxonnes, le trèfle à quatre feuilles est ainsi le petit végétal emporté par Eve chassée du jardin de l’Eden.
Les conceptions, individuelles ou collectives, du bonheur ont varié, mais le mythe paradisiaque ne nous quitte pas, les dépliants touristiques en attestent d’abondance”.
-Patrice DB ; “La civilisation occidentale est hantée par la nostalgie du paradis que le Dieu biblique a fait surgir en Eden et dont l’emplacement terrestre et le caractère historique ne feront longtemps aucun doute“.
-Quelqu’un ; “Ce mythe du jardin paradisiaque se retrouve dans bien des cultures et des religions.
Mais celui de la Bible se singularise par l’arbre de la connaissance, dont le fruit maraudé inculqua le Bien et le Mal à nos ancêtres naturistes.
Episode de triste mémoire pourtant nécessaire à la destinée humaine.
La Chute, si elle est la punition de l’homme qui a désobéi à Dieu, est la possibilité offerte à celui-ci de prendre conscience de son état intermédiaire d’être élu et déchu, d’exercer sa liberté et de reconquérir par lui-même le bonheur.
A peine vêtu, l’exilé du Paradis doit donc mouiller sa chemise pour trouver le bonheur.
Pour l’homme antique, cette recherche active s’exerce dans une pratique suave de la philosophie mais aussi dans la gestion de la Cité”.
-Patrice DB ; “Les lois de la Grèce antique visaient moins à la justice qu’à l’organisation sociale du bonheur. Elles étaient l’instrument de la liberté, condition d’une vie heureuse“.
-Quelqu’un ; “Il n’est pas mauvais de le rappeler : la politique n’a rien de mieux à faire que de rendre les administrés heureux.
Mais de nos jours ce n’est pas du tout le cas…
Les politiciens et politiciennes semblent passer leur temps, que nous payons grassement, à édicter des lois contraignantes qui font que la moitié des gens passent leur temps à « emmerder » l’autre moitié…
Les Grecs tissaient le lien entre la politique et le bonheur, qui va déterminer l’invention d’utopies, de la république au communisme.
Le Moyen Age marque une rupture.
La philo a fait place au christianisme.
Le bon chrétien ne cherche plus son bonheur dans l’entretien d’une sagesse antique, mais dans l’obtention du salut.
Il ne s’agit plus d’apprendre à contempler la vérité et de goûter au bonheur de la contemplation.
Il s’agit plutôt de s’humilier devant le mystère d’un Dieu qui se révèle à l’homme et s’incarne en Jésus-Christ pour lui apporter le bonheur du salut.
Cette quête mystique n’est pas forcément triste.
Malgré les famines et les épidémies, on donne dans les cathédrales des spectacles à se tenir les côtes. « L’homme du Moyen Age s’amuse de tout : chez lui, le dessin se transforme aisément en caricature et l’émotion voisine avec l’ironie », a écrit Régine Pernoud, grande spécialiste du Moyen Age, « humour et fantaisie illustrent le pouvoir poétique de Dieu qui peut modifier l’ordre du monde ».
Les traditions de carnaval et autres fêtes des fous ne sont pas qu’un défoulement qui compense la frustration sociale et la dureté des temps.
Il exprime aussi la drôlerie de la vie, la réincarnation de l’enfance des choses.
Le rire du carnaval éclate comme un matin de genèse”.
-Patrice DB ; “Remercions l’époque d’avoir, avec beaucoup de courtoisie, quelque part vers le XIIe siècle, inventé l’amour, sentiment noble, mâtiné de religiosité, qui, désormais, sera souvent associé à l’inlassable recherche du bonheur“.
-Quelqu’un ; “Reste que, sublimé par la figure emblématique du chevalier errant, le Moyenâgeux est comme un voyageur sur terre, « pèlerin de la Jérusalem céleste », habité des certitudes de la foi.
Il traverse la vie comme une forêt de symboles qui, tous, lui rappellent la promesse certaine d’accéder au Royaume.
A la Renaissance, on dirait que le Ciel se vide.
« Le bonheur passe peu à peu non plus par la foi et le salut, mais par la pensée ».
On redécouvre les recettes de la sagesse antique.
C’est le temps des savants, des poètes érudits, des humanistes.
Mais voilé par une tristesse diffuse.
La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste.
Plus libre, l’homme est plus seul.
Pourtant, il rit encore en de formidables éclats rabelaisiens et boit la vie à la chope de Grangousier.
Devenu mesure de toute chose, le Renaissant « rit de bonheur du bon tour qu’il a joué à Dieu en lui prenant sa place ».
Le bonheur n’est plus un don divin; il est à inventer.
C’est le retour des utopies.
Comme Platon, les philosophes échafaudent des projets de cités idéales, des communautés restreintes où des lois justes ont été établies pour le bonheur des hommes.
Le paradis terrestre est à bâtir.
Le bonheur partagé prend la forme de projets politiques, qui marqueront l’histoire des hommes, pour le meilleur et pour le pire”.
-Patrice DB ; “Au fil des siècles, l’Histoire du bonheur, évoque évidemment les promesses du Nouveau Monde, le triomphe des Lumières, le rêve marxiste d’une société sans classe qui tourne au cauchemar, la surhumanité promise par les progrès techniques, l’affadissement d’un bonheur « marchandisé » par la société de consommation.
Notre époque en prend pour son grade”.
-Quelqu’un ; “L’humanité n’a pas gagné grand-chose en troquant le culte des ancêtres et la sagesse des anciens contre le jeunisme ambiant, pauvre gesticulation pour exorciser cette peur de la mort qui est sans doute le trait le plus marquant de nos sociétés.
Autant le mystère et le surgissement du sacré ordonnent la vie humaine dans les sociétés traditionnelles, autant le banal devient l’horizon et la norme de l’Occidental.
Le regard de l’historien détecte avec inquiétude un repli vers les petits bonheurs du quotidien dont nous essayons d’extraire la magie.
Le bonheur se trouverait désormais dans le gâteau acheté religieusement le dimanche matin, l’écossage des petits pois où s’égrène le temps, la première gorgée de bière dont la saveur est un bonheur amer : on boit pour oublier la première gorgée.
Le destin prétendument fabuleux d’Amélie Poulain participe de la même mode.
Chacun peut devenir l’enchanteur de sa réalité en usant de ses potentialités magiques et en se métamorphosant en un Zorro qui rétablit la justice et le bonheur…
Harry Potter n’est pas loin”.
-Patrice DB ; “Faudra-t-il se contenter d’un idéal de bonheur infantilisé et de quelques recettes de grossier bon sens ?“.
-Quelqu’un ; “A-t-on, de même, renoncé à changer le cours des choses pour rendre l’humanité plus heureuse ?
On dit que la chute de l’empire communiste marque la fin des utopies.
Pas si sûr.
On peut se demander s’il ne s’agit pas d’une ruse de la raison qui vise à installer, sans que le terme soit jamais utilisé, une véritable utopie qui est celle de la mondialisation heureuse dans un capitalisme triomphant.
On ne peut que voir dès lors dans la culture de Porto Alegre et la vaste mobilisation des défenseurs d’une autre mondialisation, les porteurs d’un nouvel idéal digne de ce nom”.
-Patrice DB ; “Le développement durable est un défi lancé à notre humanité, à nous de savoir si nous sommes capables d’accomplir ce saut de la conscience qui nous permette d’inventer un nouveau monde… ?”
-Quelqu’un ; “Friedrich Nietzsche (1844-1900) a écrit : « A vous, ivres d’énigmes, amants du demi-jour, dont l’âme est attirée par le son des flûtes dans tous les gouffres trompeurs…, je suis un messager de bonne nouvelle comme il n’en fut jamais, et j’apporte de nouvelles espérances ».
Un matin, deux personnes découvrent l’ordinaire de l’intimité.
Une série de scènes se succèdent.
Le moment de l’éveil, où il faut renouer le fil de l’identité.
Le maintien dans la chaleur du lit, le cocon, où l’on se rassure.
A la sortie du lit, le regard change d’un seul coup.
Puis il y a la salle de bain et le petit déjeuner, où l’on va rencontrer le monde des objets qui portent une mémoire de la culture du lieu, de la personne que l’on croyait connaître et que l’on ne connaît pas véritablement.
On était si proches et là, sur des bricoles, on se rend soudain compte que la personne, c’est plus vaste que ça.
L’amour, c’est le sentiment, le sexe, mais aussi le partage émotionnel, sensible à partir de tous les gestes de chaque instant.
Si couple il doit y avoir, l’essentiel du temps sera fait de ces moments-là.
Qui, plus tard, peuvent devenir routine un peu froide ou être faits d’échanges généreux, attentifs.
Hier, on rencontrait une personne, ce ne pouvait être qu’elle, et l’histoire était partie pour la vie.
C’était le modèle sentimental, souvent mélangé avec un certain poids de l’institution, des familles.
Il n’y avait pas cette question obsédante : est-ce que c’est la vraie personne ?
Aujourd’hui, on ne veut plus rater son bonheur, on a le sentiment qu’on n’a qu’une vie et qu’elle est courte.
La grande nouveauté, c’est ce questionnement sur soi, et la mise à l’épreuve de l’amour par la vie, le concret.
La nouvelle quête amoureuse est une quête de vérité, d’authenticité.
L’amour est re-formulation intérieure.
Quand on entre dans une histoire d’amour, on abandonne le vieux soi.
Cette mue opère par un dédoublement.
Très vite, la nouvelle identité s’engage concrètement dans l’événement, commence à prendre des attitudes, à avoir des gestes avec l’autre.
En même temps, il y a un suivi mental de ce qui est en train de se passer.
Le vieux soi peut avoir le regard accroché par des petites choses, une attitude, un geste qui agacent…
Si ces petites notations augmentent, elles peuvent pousser à une décision de rupture.
L’individu change véritablement d’identité.
C’est en même temps rapide, brutal, et inscrit dans un processus long.
Une espèce de déclic du retournement va s’opérer, qu’on sent intuitivement.
En même temps, il y a une non-conscience de l’importance du premier matin : on est à moitié réveillé, on attend la suite.
Mais si une décision négative doit être prise, elle est très rapide.
On la guette, d’une certaine manière, on saisit un prétexte.
Parce que s’engager dans l’aventure est très déstabilisant.
Il est donc plus confortable de dire : ce n’est pas lui, pas elle.
On est aidé dans ce repli frileux par le modèle idéal de la prédestination amoureuse, de l’être unique : « Titanic », avec les violons…
Mais aujourd’hui, plein d’histoires commencent par des débuts très incertains, un mélange d’émotions positives et négatives.
Et c’est parce qu’on n’a pas refermé la porte trop vite que l’histoire s’installe et devient parfois une très belle histoire.
L’amour, aujourd’hui, c’est très fort, très vivant, très compliqué aussi, plein de rebondissements.
Chacun vit le sien à sa manière.
On est en jeu en permanence.
Le danger est plus grand, la fatigue aussi.
Et le problème de ce nouvel amour, c’est qu’il est un peu en contradiction avec une autre quête moderne de simplicité, de sécurité.
La plupart des ruptures conjugales aujourd’hui viennent du fait que les hommes s’installent très bien dans l’idée du confort, et que les femmes ont l’impression de ne plus exister en tant que personne.
L’habitude est un vieux concept qui date d’Aristote.
Tous les gestes que l’on a comme cela, sans se poser de questions, et qui pourraient être différents.
Quand on se lève le matin, on ne se demande pas : quel bol vais-je prendre ?
On prend le bol à une certaine place et on le dépose automatiquement sur la table, chaque jour au même endroit.
De même, on ne se demande pas non plus tous les jours si on va travailler, ni à quoi sert le travail.
Sinon, toute la machine se déconstruit.
Plus de 99 % des actions ordinaires sont automatisées.
Mais ce processus n’est pas naturel.
C’est l’histoire d’une personne qui fait qu’elle fonctionne d’une certaine manière.
Chaque personne est fondée sur une montagne de chaînes incorporées qui forment la base de la personnalité.
En outre, modifier ses habitudes peut entraîner des conflits de chaînes et entraîner une réflexion, qui est une alternative à l’action.
On a l’impression que les objets sont extérieurs à soi.
Ce n’est pas le cas.
Le corps socialisé est beaucoup plus large que le corps biologique et à géométrie variable.
L’individu familiarise les objets, il les fait entrer dans le monde du déroulement des gestes.
Il ne voit plus vraiment l’objet, il devient un repère de l’action.
Ainsi, je suis habitué à mettre le linge dans la machine et à appuyer sur le bouton.
Je ne vois plus la machine mais le jour où elle est en panne, elle ressort dans mon univers et je me sens devenir petit, dépendant.
C’est un élargissement de soi : on élargit sa capacité d’action par la familiarisation des objets.
Il y a des objets qui parlent car ils ont une histoire, comme la gondole miniature ramenée de Venise.
Mais les plus révélateurs de l’identité personnelle sont les objets les plus ordinaires.
Avant, les identités étaient très simples et très stables.
On était défini de l’extérieur par la place occupée.
Le maréchal-ferrant, au XIXe siècle, savait quel devait être son type d’action, de pensée, de morale.
Aujourd’hui, on définit de plus en plus sa propre identité, on l’invente soi-même à partir d’un idéal.
L’identité devient de plus en plus incertaine et peut même devenir explosive car une fragilité grandissante émane des individus, notamment liée à l’estime de soi.
On se construit soi-même et si on rate sa vie, on s’en sent responsable.
L’enjeu est énorme…
Nous visitons ou revisitons sans arrêt la réalité.
Ce que nous appelons « réel » n’est qu’une perception du monde extérieur passée et transformée dans et par le filtre de nos perceptions et de nos émotions.
Les gens qui parlent d’objectivité sont presque toujours subjectifs.
« Décrivez les faits tels qu’ils sont », disent-ils.
Rien qu’en donnant cet ordre, ils avouent déjà leur propre subjectivité souvent basée sur une rigidité psychotique qu’ils appellent, eux, « bon sens », « rigueur », « esprit de sérieux », alors qu’elle n’est que le symptôme d’une névrose qui leur fait transformer la réalité avec la même déformation qu’un fou, un poète ou un artiste.
Sauf que le tort de ces gens-là est de figer l’imaginaire dans une sorte d’immobilité totalitaire.
Acceptons le fait que notre mémoire est tantôt nette, tantôt floue.
Qu’elle transforme le réel et donne de constantes fluctuations à notre personnalité.
Samuel Becket, ce génie, a compris qu’on attendait en vain le choc d’un réel tangible qui, comme Godot, n’arrive jamais.
Et cette attente provoque souffrances !
Nous ferions mieux d’accepter les hasards, les osmoses entre la visualisation des événements qui nous touchent , la perception qu’on en a, puis le souvenir qu’on s’en fait…
Becket fut le dernier moderniste de la littérature et de la philosophie de nos existences.
Grandir en sagesse et, peut-être, en talent, consiste à enlever tout ce qui n’est pas nécessaire, pour qu’on découvre en soi-même la source de ses propres cauchemars.
Plus important : qu’on comprenne qu’à côté de la vérité qu’on croit avoir sur soi-même, il y a une autre vérité, moins acceptable mais qui bâtit sa personnalité.
Il faut être un peu fou pour devenir un sage.
En ce sens que la démence qui sommeille au fond de tout un chacun/chacune, permet de réinventer sa vie en partant de zéro ou presque !
Toute l’existence tient parfois dans une petite valise…
Recommencer à zéro, léger d’un seul bagage, c’est fascinant.
L’humain est un mutant qui, consciemment ou non, se transforme au fur et à mesure qu’il change son environnement et sa technologie.
A l’image de notre époque tout simplement.
Epoque qui communique les horreurs de l’actualité, par le biais de télés ou de médias qui ne s’impliquent plus mais commentent avec une « digne retenue » aussi bien des meurtres d’enfants et des attentats inhumains que des émissions du style « Star Academy ».
La violence, la vraie, celle qui assomme le public et réduit son émotion, sa colère, son « que ça cesse », est dans cette « retenue » qui peut être la meilleure et la pire des choses.
Kafka est le génie du XXe siècle.
Il nous en a donné les clés.
Malheureusement, nous ne trouvons pas les bonnes serrures !
Ne m’étiquetez pas !
Je ne suis pas maître de mon subconscient.
Comme vous !”
-Patrice DB ; “Auriez-vous finalement compris que la réalité est plus rugueuse que prévu, qu’on ne peut pas la tordre comme on tord les mots ? “.
-Quelqu’un ; “Il y a de la tristesse à le constater mais aussi de l’apaisement à renoncer à user ses forces en de vains combats.
Jusqu’à un certain moment de nos vies, nous sommes des fictions….
Ce qu’on croit être est une fiction, qui correspond notamment à ce que nos parents ont projeté sur nous.
En fait, on naît deux fois.
Du ventre de sa mère et de sa propre conscience, en se débarrassant de ces couches de « moi » qui n’en sont pas.
On se rapproche alors de ce qui est notre « noyau », c’est-à-dire pas grand-chose mais un pas grand-chose avec lequel on peut faire beaucoup.
Construire des « nous » lucides, par exemple.
J’en suis là.
« Nous » est au bout d’une fiction de ma vie.
J’ai la sensation qu’après, donc maintenant, je vais enfin commencer à vivre…
Mais j’ai cette impression depuis longtemps…
Donc tout est recommencement.
Sauf qu’à chaque fois on a un peu moins de brume dans le regard.
On ne voit plus exactement qui on est.
L’amour serait-il un traquenard obligé ?
Mais chacun doit refaire le chemin, recommencer l’histoire, prendre en charge ce qu’il a reçu en héritage puis se dénuder de cette peau pour arriver à quelque chose qui est davantage lui-même et au départ de quoi l’amour peut vraiment se construire.
Il faut que l’idée du « nous » meure pour que le « nous » existe.
Il faut que le rêve meure pour que le rêve existe.
Il faut arrêter de se raconter des histoires pour que les vraies histoires d’amour commencent…..
Un écrivain est par définition sans cesse talonné par l’énigme de la vérité, puisqu’il est un menteur professionnel.
Il maîtrise, en principe, tous les artifices du leurre.
D’où l’intérêt d’observer chez lui les efforts d’y renoncer.
Si on écrit, c’est parfois pour y emprisonner cette collection d’êtres dont chaque humain est individuellement formé, tout en gardant à l’esprit cet exergue “Ne dites jamais que vous savez tout d’un être humain”…C’est tout ce à quoi la vie se résume en fin de compte : la somme de toutes les chances et malchances que vous avez connues.
Tout s’explique par cette simple formule…
Additionnez et regardez les tas respectifs.
Rien que vous puissiez y faire : personne ne distribue la chance, l’alloue à celui-ci ou celui-là, ça arrive, un point c’est tout.
Ce n’est pas grand-chose, et c’est tout..”.
-Patrice DB ; “Amour-propre et plus si affinités…. ? “.
-Quelqu’un ; “L’amour-propre est l’amour de soi-même et de toutes choses pour soi, il rend les hommes idolâtres d’eux-mêmes, et les rendrait tyrans des autres si la fortune leur en donnait les moyens.
Il ne se repose jamais hors de soi.
Rien n’est si impétueux que ses désirs, rien de si caché que ses desseins, rien de si habile que ses conduites, ses souplesses ne se peuvent représenter, ses transformations passent celles des métamorphoses, et ses raffinements ceux de la chimie.
On ne peut sonder la profondeur, ni percer les ténèbres de ses abîmes, là il est à couvert des yeux les plus pénétrants, il y fait mille insensibles tours et retours, là il est souvent invisible à lui-même, il y conçoit, il y nourrit, il y élève, sans le savoir, un grand nombre d’affections et de haines.
Il voit, il sent, il entend, il imagine, il soupçonne, il pénètre, il devine tout.
L’amour-propre, c’est le thème traditionnel de l’anthropocentrisme psychologique.
L’homme/la femme, se fait le centre de tout, rapporte toutes choses à soi, mais elle se poursuit différemment, par une caractérologie de l’amour-propre, le fonctionnement d’une réalité psychologique en perpétuelle alerte, c’est un inépuisable déploiement d’énergie, l’amour-propre comme notion, renferme des réalités incommensurables.
En effet, l’amour-propre a son point de départ dans la Chute, et trouve son terme dans la Grâce, alors que tout se passe comme si le thème se déployait jusqu’à une extension maximale, au point de n’être plus le signe de l’homme déchu, mais la nature de l’homme lui-même.
L’amour-propre se confond avec le moi, il est le moi, d’élément d’une théologie, il devient le fondement d’une psychologie.
La consistance de l’esprit humain naît de la présence en lui de cet élément.
L’amour-propre est ce qui fait consister le moi comme un moi, ce qui est pour lui tout à la fois principe d’individuation et principe d’aliénation.
Il est principe d’identité, puisqu’il est le moi, l’esprit dans son unité, dans sa cohérence.
Il est aussi principe d’aliénation, puisque toujours tendu hors de soi.
L’amour-propre se définit architectoniquement en ce qu’il est l’enfoui, le caché place l’amour-propre à l’origine de nos comportements, et cette origine est moins d’antériorité que de localisation, comme si sous les strates de nos comportements apparents il y avait toujours secrètement le motif unique de l’amour-propre.
Mais l’amour-propre, parce qu’il est invisible à soi-même, est cette fonction qui ne se trahit qu’en s’extériorisant, c’est-à-dire en se métamorphosant.
Notre comportement, cette agrégation changeante de vices et de vertus, n’est compréhensible que rapportée à l’hypothèse que chacun se fait de l’existence obscure mais dynamique de l’amour-propre.
On ne saurait saisir littéralement cette personnalisation de l’amour-propre et en faire une sorte de réalisme psychologique, allégorisé sous la forme de passions, vices, vertus, fortune, tous indépendants.
Cette “psychomachie allégorique“, traduit cette intuition que l’amour-propre dans sa “constance d’inconstance” revêt une importance fonctionnelle, celle de constituer notre esprit à la fois dans sa cohérence (sa constance) et son dynamisme (son inconstance).
Mais en l’état, l’amour-propre comme fonction reste une hypothèse puisque nul ne saurait le saisir dans son être même, avant ses métamorphoses, puisque aussi bien il est invisible à lui-même, et n’est que comme puissance d’altération.
C’est la configuration de notre caractère, avec ses flux de passions changeantes, ces vices qui se prétendent vertus, qui exige en creux un élément qui unifie cette discontinuité en même temps qu’il la rende possible.
La conséquence est qu’on se retrouve chargé d’un travail de désillusion préalable, la systématicité est à trouver dans cette intention démystificatrice, mettre à jour les véritables mobiles de nos actes, ou à tout le moins faire peser le doute sur l’intégrité de nos vertus.
Démystifier les mobiles pour redresser les conduites.
Appartiendrais-je à cette tradition de penseurs qui ne proposent pas de savoir positif fermement établi, mais une mise en doute de celui-ci ainsi que des valeurs qui le constituent.
Je ne construit pas, je critique, et révèle le fond inauthentique de notre prétention à la vertu.
Pour ce, je fais l’hypothèse d’un amour-propre générateur infatigable de passions.
C’est un monisme psychologique, incomplet cependant s’il n’est accompagné de la mise en évidence des facteurs concurrents, le hasard, la prudence, qui forment une série de déterminants extérieurs qui viennent se composer ou s’affronter avec l’amour-propre.
La décomposition de notre nature prend alors l’allure d’une étude topographique, autour d’un centre unique, s’associent et se dissocient.
Tout cela n’est qu’un dépiautement du sexe qui en est turgescent d’envies, vibrant de rages et de vexations, branlant de doutes et contradictions, vas et viens éphémères qui ne laissent aucune place aux tendresses, aux rêves d’amours et aux bonheurs d’abandon….sauf si affinités…..
Je ne sais que faire, personne non plus, quelqu’un est perdu….”.
-Patrice DB ; “Votre dernier livre, « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens », s’inscrit dans le prolongement de vos précédents ouvrages, « Je ne me souviens pas du titre », « Quelqu’un » et « Liens d’amours ».
Vous intentez un nouveau procès à la civilisation contemporaine”.
-Quelqu’un ; “Si l’on considère « Liens d’amours » comme la conclusion d’un triptyque, mon nouveau volume est une tentative non pas de donner des réponses (car je ne suis pas porté sur l’idée que l’écrivain doive apporter des solutions), mais de montrer comment on peut agir et vivre autrement qu’on ne le fait dans nos sociétés soit-disant rationnelles“.
-Patrice DB ; “Vous constatez que l’idéologie dominante se caractérise par son refus de la complexité. Qu’entendez-vous par là ?”.
-Quelqu’un ; “Finalement, dans une civilisation, ce qui met le feu aux poudres, c’est la peur.
Par nature, on a tous peur bien sûr, parce qu’on sait qu’on va mourir.
Mais quand, par surcroît, les sociétés s’organisent autour de l’idée simplificatrice qu’il faut faire peur à l’individu pour le rendre économiquement performant, c’est alors que les plus graves problèmes surgissent. Paradoxalement, nos sociétés en savent plus que toutes celles qui les ont précédées dans l’histoire du monde, elles ont donc incontestablement le sens de la complexité, mais chacune d’entre elles, plutôt que de partager avec les autres ce savoir complexe, s’enferme dans sa petite tour d’ivoire et s’éloigne de plus en plus de l’universalité et de l’humanisme.
La compétitivité effrénée nous rend aveugles à la complexité humaine, à l’interdépendance complexe et imprévisible entre les hommes”.
-Patrice DB ; “Vous voulez dire qu’on ne cesse de répondre par des certitudes économiques aux questions fondamentales qui se posent à chacun d’entre nous concernant le sens de sa propre existence ?”.
-Quelqu’un ; “Oui…, prenez la consommation.
Elle est basée sur la peur, c’est une réponse élémentaire à la peur.
J’ai peur, donc je mange, donc j’achète, donc je vais au cinéma…
Ça ne résout rien, c’est comme une drogue”.
-Patrice DB ; “Refus de la complexité, mais aussi refus de replacer les choses dans leur contexte, de les mettre en perspective“.
-Quelqu’un ; “Je parle de tout et n’importe quoi, mais de manière déjantée, ce qui vous donne à penser que je suis un génie déjanté, alors qu’en fait votre raisonnement me concernant prouve un manque de complexité et de contextualité.
Peu importe en fin de compte !
Au nom de quel credo devrait-on éviter de se poser des questions éthiques ?
Hélas !, dans notre monde, la bêtise prime tout.
Comme on est toutes et tous experts en n’importe quoi et qu’on ne pense pas plus loin que sa propre spécialité, on a évidemment réponse à tout.
C’est comme si l’on se trouvait sur un train qui fonce vers un avenir assuré, mais sans contenu réel.
Pas question de ralentir le train avec des problèmes d’éthique !
Mais qui a dit que le train devait rouler à toute allure ?
On n’a jamais eu moins de raison d’être pressé…”.
-Patrice DB ; “Que voulez-vous dire ?“.
-Quelqu’un ; “Songez que la longueur de vie en Occident, c’est aujourd’hui 80 ou 85 ans, soit en moyenne une augmentation de cinquante pour cent par rapport au début du siècle dernier.
Si l’on retire de la société les gens qui ont plus de 50 ans et ceux qui en ont moins de 20, il ne reste plus qu’une minorité de la population susceptible de correspondre aux desiderata des managers pressés”.
-Patrice DB ; “Vous l’avez souvent fait remarquer, cette fuite en avant de nos sociétés évoque irrésistiblement les vieilles pratiques marxistes…”.
-Quelqu’un ; “Les derniers marxistes, ce sont les néo-conservateurs et les gérants des grandes sociétés transnationales.
A mes yeux, c’était un peu une boutade.
Hélas !
Toute proportion gardée, je me sens dans la position de Voltaire qui, tenant ses romans pour des amusements, aurait été fort étonné de les voir rattrapés par la réalité.
Eh oui, c’est très marxiste finalement, toute cette méthodologie des managers, cette obsession du rendement…”.
-Patrice DB ; “Votre grand ennemi, c’est l’esprit cartésien figé ou pétrifié qui met la charrue avant les bœufs ?“.
-Quelqu’un ; “Quand j’ai établi une liste des différentes qualités qui, à mes yeux, doivent s’exprimer à part égale dans une société qui se veut réellement universaliste, j’étais très heureux de voir que la raison était reléguée à la sixième et dernière place.
En d’autres termes, la raison, c’est très bien, mais au même niveau que le sens commun, l’éthique, l’imagination, l’intuition et la mémoire.
Si on la met en tête, si on la divinise, si on ne jure plus que par elle, si on la considère comme bonne à tout faire, on se condamne à terme à la catastrophe, on obtient le contraire de ce qu’on voulait : l’irrationnel”.
-Patrice DB ; “Lorsque je vous avais interrogé à propos de « Liens d’amours », vous vous étiez montré comme à l’ordinaire un humoriste impitoyable.
Vous vous en preniez tout particulièrement à ce fumeux concept de « main invisible » dont les économistes up-to-date se servent pour justifier l’obéissance inconditionnelle à un marché qui, de ce fait, se voit attribuer tous les attributs d’un Dieu absolu.
Des propos plus que jamais actuels”.
-Quelqu’un ; “Tournez ça comme vous voulez, mais c’est de la superstition pure et simple.
Nos sociétés n’ont rien à envier à celles du Moyen Age avec leurs penseurs scolastiques, interprètes de la parole divine et soutiens fidèles d’un pouvoir qui se camoufle sous l’habit de prêtre.
On y voit fonctionner comme jadis des cours féodales où se pressent des courtisans corrompus – consultants académiques, spécialistes de la gestion des ressources humaines, techniciens du sondage, etc.
Ces technocrates sont d’authentiques sophistes qui, contre argent comptant, sont disposés à faire triompher n’importe quelle cause, pourvu que le marché et leur portefeuille en profitent.
Mais ils sont surtout experts en congratulations réciproques.
Depuis le temps que leurs idées foirent, on aurait dû les congédier sans préavis.
Mais le système fait qu’on leur accorde le plus grand respect.
Il faut dire que, dans la mesure où c’est bien payé, tous les jeunes gens intelligents se ruent vers les grandes écoles de commerce, ces cathédrales de la richesse, comme jadis ils se précipitaient dans la Compagnie de Jésus”.
-Patrice DB ; “Vous vous en prenez plus particulièrement à la raison instrumentale, invoquée par les décideurs.
Et vous allez jusqu’à dire qu’elle est une pure fiction. C’est une boutade ?”.
-Quelqu’un ; “Non, non…
Je sais que c’est la première fois qu’on le dit ainsi, mais l’histoire démontre que chaque fois que Quelqu’un a essayé de faire fonctionner la raison dite instrumentale, ce qui revenait à confier son destin à des solutions mécaniques à court terme, il s’est proprement cassé les dents.
Cela s’est vu sous les régimes dictatoriaux, communiste ou nazi.
Au demeurant, si la raison est débat et doute perpétuel, comment pourrait-elle être en même temps la seule « technologie » efficace ?
Pourquoi devrait-elle être ceci plutôt que cela, ou devenir la spécialité de Monsieur Untel, haut PDG, champion de l’efficacité et spécialiste de l’« incontournable » ?
La raison instrumentale, ce n’est jamais que l’alibi philosophique dont se sert un pouvoir pour imposer sa loi.
Croyez-moi, elle est beaucoup moins pratique que l’intuition ou l’imagination”.
-Patrice DB ; “Plutôt que l’éloge de la raison, vous seriez enclin à faire celui du sens commun ?“.
-Quelqu’un ; “Le sens commun, c’est la connaissance partagée qui n’est pas forcément présente à la conscience, une sorte d’inconscient collectif, quelque chose de très complexe reconnu par tous et qui est souvent un facteur d’apaisement face aux superstitions et aux idéologies.
Je distingue le sens commun du « bon sens », invoqué par les prétendus défenseurs du peuple, ceux que je nomme les faux populistes”.
-Patrice DB ; “Nos sociétés sont-elles condamnées à perdre la mémoire ?“.
-Quelqu’un ; “On n’est pas condamné à la perdre, mais on agit comme si on ne l’avait pas.
Si vous pensez être embarqué sur ce train dont je parlais tout à l’heure, celui qui vous mène à l’inévitable, vous n’avez pas besoin de savoir d’où vous venez.
Et c’est à ce moment-là que vous commencez à faire des erreurs graves.
Aujourd’hui, il est sûr que le nationalisme fait son retour sous nos yeux.
Cela n’empêche pas qu’il y a vingt ans, on avait annoncé sa mort à grand fracas et contre toute « raison » historique !
Le nationalisme, positif ou négatif, a toujours existé sous une forme ou sous une autre.
Il revient dans les Etats-nations et domine le monde actuel, malgré le prêchi-prêcha des managers qui nous assurent le contraire”.
-Patrice DB ; “Justement, vous m’évoquiez à plusieurs reprises, en privé, d’un retour au XIXe siècle…“.
-Quelqu’un ; « Oui, vous n’avez qu’à considérer les méthodes des économistes depuis une vingtaine d’années : ce sont celles de la deuxième moitié du XIXe siècle.
En dix ans, la dérégulation tant vantée n’a mené qu’à la constitution d’oligopoles et de monopoles comme on en rencontrait jadis.
Mais la logique dite du grand marché est souvent, permettez-moi de vous le dire, une logique d’idiots : qui a dit que parce qu’on est dans un monde plus grand, les sociétés privées doivent être nécessairement plus grandes ?
Pourquoi décréter la disparition des petites sociétés ou des sociétés de taille moyenne, alors que justement elles sont beaucoup plus flexibles d’un point de vue stratégique ?”.
-Patrice DB ; “Et l’individu dans tout ça ?
N’est-il pas de plus en plus esseulé et de plus en plus fragmenté ?”.
-Quelqu’un ; “C’est un autre paradoxe de nos sociétés.
Les individus y sont plutôt contents d’être plusieurs choses à la fois, de se baigner dans leur complexité personnelle, mais on ne cesse de les inciter à choisir un seul et unique rôle.
Vous êtes journaliste, d’accord !
Mais dans quel domaine ?
Politique ?
De quel bord ?
C’est vous qui faites les portraits ?
Les analyses ?
Les analyses selon quelle méthode ?
En d’autres termes, on essaye à tout prix de vous loger dans la voie la plus étroite possible.
On vous refuse la complexité, on veut vous définir, donc vous emprisonner, car les définitions sont faites pour exclure.
Vous devez donc accepter la multiplicité des qualités qui sont en vous, c’est la meilleure manière de vivre plusieurs vies gratifiantes.
Les six qualités dont je fais mention (sens commun, éthique, imagination, intuition, mémoire et raison) sont comme des atomes dans un champ de forces.
Elles ne cessent de bouger mais s’efforcent sans cesse de rétablir l’équilibre.
Elles ne se comprennent que dans le miroir qu’elles se tendent l’une à l’autre”.
-Patrice DB ; “Le titre de votre livre « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens » semble être un « ras-le-bol » et évoque le 11 septembre de New-York et ses séquelles.
Est-on vraiment passé dans une autre époque ?”.
-Quelqu’un ; “J’avais écrit quelques pages désabusées sur le monde au moment où ont été diffusées les images de l’attentat de New York.
J’y ai vu une confirmation de mon amertume consécutive à la bêtise humaine.
On dit qu’on vit sous le signe de la Raison, mais ce sont les oppositions qui sont à la source de l’événement et le prolongent.
Dans cette perspective, la globalisation et la libéralisation tous azimuts, ce hochet mental des économistes, c’est déjà de l’histoire ancienne.
Jamais on n’a autant voulu réguler ce qui avait été dérégulé”.
-Patrice DB ; “La fin du néo-libéralisme ?”
-Quelqu’un ; “Sans doute, peut-être va-t-on vers quelque chose de pire, je n’en sais rien.
Cela dépendra de notre capacité à tenir compte du contexte.
Si vous continuez à faire croire que tout est inéluctable, vous enlevez aux citoyens leur intelligence et leur capacité de mettre en œuvre leurs qualités fondamentales pour prendre le virage intelligemment”.
-Patrice DB ; “Quelles sont pour vous les grandes leçons du 11 septembre ?“.
-Quelqu’un ; “On disait naguère : c’est le triomphe de la technologie sur l’être humain, les gens ne sont menés que par l’intérêt personnel, les Etats-nations sont moribonds, les groupes transnationaux vont prendre le pouvoir, les PDG des grandes sociétés sont les nouveaux dirigeants, les nouveaux héros du monde.
Vous aviez les tours jumelles.
Images par excellence de l’intérêt personnel.
Les gens qui y travaillaient étaient fiers d’œuvrer au rayonnement du capitalisme.
Confrontés à la destruction, ils ont été forcés de choisir.
Et pendant plusieurs heures, on a vu les gens agir d’une manière qui n’était pas basée sur l’intérêt personnel.
On n’a rapporté aucune histoire de gens qui poussaient les plus âgés pour sortir plus vite des immeubles.
Ce n’étaient partout que des récits d’entraide.
Etonnant, n’est-ce pas ?
Même les gens qui ne prétendaient obéir qu’à leur intérêt personnel, face à la plus grande crise de leur vie, et sans avoir été préparés à cela, ont réagi de manière purement humaniste.
Oui, le 11 septembre, c’était bien la fin d’un certain néo-libéralisme !”.
-Patrice Quelqu’un ; “Quels sentiments vous ont inspirés la guerre d’Irak ?“.
-Quelqu’un ; “Elle aussi, comme les événements du 11 septembre, a valeur de symptôme.
Elle signe le retour aux nationalismes du XIXe siècle, elle consacre la domination de la politique sur l’économie.
Je constate que toutes les parties en présence se réclament de Dieu avec le plus grand esprit de sérieux. Avait-on jamais vu cela depuis cinquante ans ?
Ce retour du divin dans les forces armées et chez ceux qui les dirigent n’est jamais qu’une réaction parmi d’autres à un état de choses antérieur dont on ne cessait de vous dire qu’il était indépassable.
Le refus d’un système qui ne fonctionne plus se fait sentir de tous côtés.
Songez au retour des populismes, mais également, de manière plus positive, aux mouvements de jeunes qui se mêlent à nouveau de politique et font mentir toutes les prévisions des technocrates sur le désengagement des citoyens”.
-Patrice DB ; “Cette guerre d’Irak, c’est une guerre du XIXe siècle ?“.
-Quelqu’un ; “Mais il n’y a pas de guerre, mon cher Patrice, qui ne soit du XIXe siècle !
Vous avez beau vous entourer de conseillers militaires qui vous proposent l’usage des bombes les plus sophistiquées, vous êtes toujours ramené à ce principe essentiel qu’on ne peut gagner une guerre à distance, sans se salir les mains.
La réalité de la guerre, c’est aussi quelque chose d’indépassable.
Pour le reste, la première guerre du Golfe fut bel et bien le plus vaste champ d’expérimentation militaire depuis la Seconde Guerre mondiale ; elle servit au père de George W. Bush à démontrer auprès des acheteurs potentiels la supériorité de la technologie américaine…
« Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens » se voudrait un vade-mecum de la bêtise ordinaire, un dictionnaire truculent destiné à tous ceux qui refusent de s’en laisser conter (et compter) par la pensée unique.
Une machine de guerre contre les illusions sur lesquelles l’Occident vit depuis vingt ans.
L’écriture composée de mots fétiches est destinée à masquer la réalité et à faire passer pour évident ce qui n’est jamais que le résultat d’un choix idéologique.
J’assimile mon livre à une guérilla manuscrite contre le conformisme.
Je tente de montrer nos démocraties insidieusement minées par une bêtise qui n’ose pas dire son nom. C’est que le système que je tente de dénoncer est comme à l’époque de Voltaire, en situation de crise.
Voltaire, reviens vite, ils ne savent pas ce qu’ils font !”.
-Patrice DB ; “Lorsque je compare vos commentaires, votre manière de penser et de vous exprimer, en opposition totale avec les messages de commentaires qu’on vous adresse, emplis de calomnies et de vulgarités censées exorciser votre personne et vous faire fuir d’ici et là, je me dis que les personnes qui tapotent sur leur clavier, la bave coulant du rictus de leurs lèvres déformées de haine, sont bien de piètres et anodines petites choses insignifiantes….
Que pouvez-vous répondre aux nombreux lecteurs masturbateurs anonymes ?”.
-Quelqu’un ; “Que n’avez-vous un bel et subtil écrit à me mettre sous la dent, un texte fin et recherché qui porterait à réfléchir la multitude des anonymes qui errent…, plutôt que de me poser une question comportant ma propre réponse !
Toutefois, magnanime quoique désabusé, je m’en vais vous répondre que pour moi l’écriture est une jouissance, j’aime écrire, j’adore cet acte.
Ecrire les mots est un plaisir qui compense le fait de devoir parler de choses dures, perturbatrices.
J’ai écrit sur des amis, des membres de ma famille, leurs souffrances, leur mort.
C’est dur, très dur, en faire une histoire, ça vous aide.
L’écriture est un acte universel, en période d’écriture je rêve de ce que j’écris toutes les nuits….., au petit matin j’ai une érection et je me demande toujours s’il ne s’agit pas d’une conséquence de mon écriture plutôt qu’un rêve.
Si je travaille trop longtemps, je plane littéralement, la sensation de ce “trip” dans l’écriture est géniale, j’adore ça, mais après c’est terrible, très dur, comme un camé en pleine descente, ou un masturbateur vidé de son sperme !”
-Patrice DB ; “Il y a fondamentalement deux sortes de littérature dans vos écrits, l’une vous aide à comprendre, l’autre vous aide à oublier…“.
-Quelqu’un ; “La première vous aide à devenir une personne libre et un citoyen libre., l’autre aide les gens à vous manipuler.
L’une s’apparente à l’astronomie, l’autre à l’astrologie…..
Critère qui différencie l’excellence de la médiocrité.
Essayer de vivre et/ou de faire l’amour avec une personne qui a aussi peu d’expérience que l’on en a soi-même me semble à peu près aussi insensé que de s’aventurer en eau profonde avec une personne qui ne sait pas nager non plus…., on perd pied, tout comme je perd pied au milieu de l’océan des folies.
Les sots et sottes qui me critiquent si mal, se demanderont, pour autant qu’ils et elles comprennent le sens des mots, si tout ce que j’écris est autobiographique…., sans voir l’œuvre d’art que l’on peut tirer dans les alcôves de multiples ébats…”.
-Patrice DB ; “Avec vous, tout tourne sur une base que toutes et tous savourent dans ses orgiaques déviances“.
-Quelqu’un ; “Mon livre, c’est un interview et des messages, comme autant de nouvelles plus ou moins longues, des textes de tentations qui pleurent l’absence de jouissances réciproques et fatigue Quelqu’un qui n’a jamais été là.
Ce sont des mots au vent, qui ne formeront sans doute qu’un portrait de plus en plus éloigné de la réalité virtuelle….
Un agglomérat de miettes et fragments qui se soldera par un constat susceptible d’appel décrétant qu’entre le virtuel et moi, la désillusion a fini par être au rendez-vous.
Diantre, fallait-il une certaine retenue et une ferveur à décrypter comme autant de hiéroglyphes, les hétéronymes que l’on m’envoie pour rendre vie à un fantôme sans le figer dans son passé, y alternant comme les mouvements passionnés de l’archet et les frappes sourdes de la contrebasse, un récital de phrases…
Je l’avoue, j’y ai placé quelques épisodes dramatiques, similaires au hasard objectif de découvrir la photo d’une femme aimée jadis, au beau milieu d’une gazette ayant servi à emballer des salades, salades qui se retrouvent dans l’histoire déroulante de ce récit apocalyptique de l’écriture contemporaine….”.
-Patrice DB ; “C’est l’élan qui fait la différence, les idées autres, les désirs à l’improviste, et certains caprices câlins, qui donnent toute la saveur à la vie“.
-Quelqu’un ; “Les choses se passent et s’harmonisent guidées par un rien, un rien toujours différent, car une partie d’histoire ne se raccorde pas à une autre partie d’histoire, tout comme chaque vie a son accent propre, différent de l’accent des autres, quoique surnagent quelques rimes intérieures qui lient le tout.
En fait, quelque part, je dois être un humoriste déjanté, catalogué “libertin” par ceux et celles qui ne supportent pas le fait qu’une pensée provocante peut être traduite par des mots décapants.
Pourquoi faudrait-il avoir honte de montrer par l’écriture, que l’humain peut être un voyeur toujours en quête de voir les autres dans leurs secrets interdits pour se réconforter des sentiments qu’il devine en lui ou en elle…”.
-Patrice DB ; “Etes-vous certain que les lecteurs arriveront à comprendre vos propos, pour autant qu’ils parviennent à les lire, étant bien plus enclins à glousser !“.
-Quelqu’un ; “Ahhhhh!, si Baudelaire revenait, il serait à la fête, il n’aurait plus un, mais plusieurs humains à déshabiller, une foule d’humains qui se tirent dans les pattes et, croyant se distinguer entre eux, finissent par se ressembler tous…
En son temps, l’auteur aigri des “Fleurs du mal” fustigeait déjà ses contemporains, aujourd’hui il fustigerait de même les débiles folies du monde…
Il ne pouvait savoir que le progrès de la démocratie encouragerait à ce point la scissiparité, que chacun et chacune ne rêverait plus que de se retrouver virtuellement bien à l’abri devant son petit écran d’ordinateur, pour câliner ses petites et piètres valeurs, ses petites manies, et ses crétineries d’insolentes bêtises…..
Ces réflexions teintées comme toujours d’humour, en ce cas plus que jamais la politesse du désespoir face à cet univers invraisemblable, me viennent pour vous répondre, tandis que je songe déjà à autre chose…”.
-Patrice DB ; “Je constate, il est vrai, que jamais auparavant le public n’avait marqué un tel soutien et une telle adhésion à vos propos envoûtants…., votre boîte é-mail est littéralement envahie quotidiennement de centaines de messages de sympathie que vous vous empressez d’effacer par pure modestie…, vous êtes extraordinaire !“.
-Quelqu’un ; “Je voudrais donc profiter de l’occasion qui m’est donnée de m’exprimer ici, pour remercier tous ceux et celles qui se sont empêchés de m’envoyer des lettres et é-mails d’insultes et autres détritus postaux.
Merci. Mille merci…..
Je vais donc poursuivre avec vous tous et toutes, ensembles, notre voyage dans les arcanes de la littérature déjantée, au centre des pires démences de vos imaginaires……
C’est l’incompréhension qui génère les pires extrémités et folies….
-Patrice DB ; “Un livre comme « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens », n’est-ce pas pain bénit pour Quelqu’un qui se décompose entre lui-même et Quelqu’un d’autre ?“.
-Quelqu’un ; “Votre question donne l’impression que je suis un peu fou.
Mais il est vrai qu’il est difficile d’écrire sans interdépendance entre Quelqu’un et Quelqu’un d’autre.
Quelqu’un se nourrit de l’homme que je suis.
C’est ainsi que je peux donner une résonance humaine dans mes écrits.
Mais je sais toujours où est la réalité et où est l’imaginaire.
C’est vital pour ne pas devenir fou !
L’écriture, c’est l’émotion et le rêve.
C’est un miroir qui montre le vice des hommes.
Et si possible, il faut les faire rire avec ça comme le faisait Desproge.
Mes écrits me servent à avoir confiance, à supporter mes contradictions, à appréhender la vie par le bon prisme.
Ils m’aident à vivre.
C’est ma stabilité, ce sont d’immenses joies, des émotions fortes.
J’aime les contrastes dans lesquels ils me plongent.
L’écriture, c’est l’équilibre dans mon déséquilibre.
Plus que tout, être un écrivain déjanté, me permet de rester éveillé, superbement lucide, digne, intelligent, pétillant, encore étonné, un peu renard quoique ours tendance grizzly…
C’est magnifique.
C’est une merveilleuse façon de croquer la vie”.
-Patrice DB ; “Entre Quelqu’un et Quelqu’un d’autre, vous faites le grand écart !“.
-Quelqu’un ; “On peut avoir les deux en soi, c’est sûr. Mais c’est contraignant quoique ludique et jubilatoire.
A l’intérieur de ces limites, j’ai trouvé un espace de liberté pour inventer une expression totalement contemporaine et réaliste”.
-Patrice DB ; “D’où, j’imagine, une certaine satisfaction de voir le succès public de votre livre « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens… » ?“.
-Quelqu’un ; “Autant ne pas avoir eu le prix Goncourt pour « Liens d’amours » m’avait fait mal, sans doute parce que je n’avais pas encore tout compris et que mon ego était encore très à vif, autant ici, je ne l’ai pas et ce n’est pas grave.
L’important est ce que j’ai vécu, ce que j’ai entendu des amis, des lecteurs.
J’ai l’impression que cette année est particulière”.
-Patrice DB ; “Qu’en est-il de votre projet d’autobiographie ?”.
-Quelqu’un ; “Elle est là !
Elle mature comme le bon vin, j’espère.
Elle n’est toutefois écrite que dans ma tête, il me suffit de sauter le pas pour la peaufiner.
A un moment, je vais devoir dire stop aux petites sensations, aux petites émotions, aux petites ou grandes contrariétés, aux joies, aux chagrins”.
-Patrice DB ; “Qu’est-ce qui vous touche dans Quelqu’un d’autre ?“.
-Quelqu’un ; “C’est un quinqua comme moi.
J’aime Quelqu’un d’autre car en parlant avec lui de problèmes universels, on en revient à nos propres préoccupations.
C’est un ex-patron de presse qui pourrait continuer à gagner beaucoup d’argent et à papillonner sentimentalement.
Or, il a encore assez d’enthousiasme et de naïveté pour dire oui à l’amour qui se présente à lui.
Je comprends très bien qu’on puisse avoir une passion à 50 ans pour une femme beaucoup plus jeune que soi, tout larguer et partir pour repartir à zéro.
J’ai envie de vivre le même genre de moments privilégiés…”.
-Patrice DB ; “Les femmes, justement, aident tous les Quelqu’un qui sommeillent à se révéler…? “.
-Quelqu’un ; “Oui, elles sont nos miroirs.
Elles sont aussi notre force”.
-Patrice DB ; “Votre livre nous emmène au cœur des hommes, des femmes, de l’humanité…“.
-Quelqu’un ; “Mis à part les progrès technologiques et scientifiques, la véritable relation homme-femme n’a pas progressé depuis la nuit des temps”.
-Patrice DB ; “C’est aussi un beau livre sur l’amitié entre Quelqu’un et lui-même…“.
-Quelqu’un ; “Oui.., je connais d’autres Quelqu’un qui se réunissent pour partir dans une aventure de quelques mois et y vivent des choses intenses.
Il y a des envies de retrouvailles comme je vais le faire avec Quelqu’un d’autre.
On a une idée d’un roman sur les mœurs dissolues des gens de notre génération avec des femmes de la génération suivante….
Chaque âge a sa raison d’être…”.
-Patrice DB ; “Une phrase clé de « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens » aurait pu être : « Qu’est-ce que j’aurais fait si j’étais moins con ? »…“.
-Quelqu’un ; “C’est une question qu’on doit se poser régulièrement si on veut rester lucide et dans le coup.
Mais pas dans le sens de s’être trompé de voie.
Je me la pose régulièrement”.
-Patrice DB ; “Votre livre nous dit, au fil de ses pages, malgré son titre terrifiant, que le Paradis est toujours un peu plus loin…
Votre regard sur le monde repose-t-il sur le même point de vue ?
Et, à votre avis, se rapproche-t-on du Paradis ?
Autrement dit croyez-vous que le monde est « en progrès » ?”.
-Quelqu’un ; “On n’arrive jamais au Paradis qui n’existe pas.
C’est un leurre religieux pour permettre aux gens de continuer d’avancer, encore et encore.
Personne n’est jamais revenu nous démontrer que c’était vrai, ni que c’était faux, ni quoique ce soit…
A mon avis, le monde progresse lentement.
Il me semble en effet, tant du point de vue social, politique et institutionnel ou scientifique, qu’on est beaucoup mieux qu’au début du XIXe siècle.
Du moins en Europe.
Mais les religions sont là pour nous faire revenir en arrière, elles empêchent une saine réflexion des choses car en finale, lorsqu’on arrive à la question fondamentale du pourquoi et du comment, qui d’un point de vue scientifique ne correspond absolument plus à aucune religion que ce soit, les religieux viennent hurler, le terme n’est pas trop fort, qu’il faut croire…, que Dieu l’a dit, l’a écrit et que tout doute est un blasphème…
Il y a peu, l’église catholique brûlait comme sorciers ceux qui affirmaient que la terre était ronde et tournait autour du soleil…
L’Islamisme de son coté continue à considérer la femme comme “sale“, avilissante pour l’homme…
Si ce ne sont pas des moyens pour asservir les gens au profit d’autres, je ne sais que dire….
Ce n’est pas le cas partout, bien sûr.
Il existe encore des sociétés pire, de type préhistorique, qui sont esclaves de la peur…
Mais une partie du monde a quand même progressé.
Le Paradis, c’est le principe d’un idéal…
Vouloir y arriver, s’en rapprocher, est ce qui nous distingue théoriquement des animaux.
Les animaux ne veulent pas d’amélioration de leur condition.
Ils ne rêvent pas d’autre chose.
Nous, par contre, avons des désirs irréalistes, des appétits jamais exhaussés…
Et ça nous tient vivants !
Le Paradis en fait, c’est nous, il est sur notre terre commune, et cela fait bouger la vie de le chercher !
Mais l’enfer c’est aussi nous et les autres….
Le monde des religions est un ensemble de dictatures.
Avec les religions il n’y a pas de dialogue.
Vous êtes priés (double sens humoristique) de croire aux dogmes religieux, faute de quoi “on” vous excommunie, “on” vous promet l’enfer éternel, “on” vous persécute, “on” vous marginalise…
Il y a peu, “on” vous brûlait vivant après une multitude de tortures…
Dans le domaine civil, il y a encore beaucoup de dictatures dans le monde, malheureusement.
Mais il y a un mieux.
Il suffit de se souvenir qu’il n’y a pas si longtemps, rien qu’en Europe, il y avait Hitler, Mussolini et Staline, sans compter les petites dictatures subordonnées d’Europe centrale.
Je ne fais pas partie des catastrophistes qui renvoient dos à dos dictatures, démocraties et religions.
On dit ça quand on ne sait pas ce que c’est, une vraie dictature !
Que les démocraties aient le conformisme pour ennemi n’en fait pas pour autant des dictatures, quoique, ayant plusieurs fois vécu les arbitraires administratifs, je suis devenu amer et désabusé…
Le monde est gouverné par la bêtise et la crétinerie humaine est son socle… !
En politique par exemple, il est sidérant de voir les partis politiques dits traditionnels hurler au loup concernant leurs confrères politiques dits d’extrême droite, alors que les partis socialistes, et communistes, dans lesquels je range les écologistes, viennent des idées de Lénine et de Staline, celui-ci étant un dictateur pire qu’Hitler….
Lorsque les socialistes chantent l’Internationale le poing tendu, je suis sidéré et outré…
Sous Staline les communistes chantaient pareil en torturant des millions de gens et en envoyant les dissidents au goulag.
On devrait interdire l’Internationale au nom du souvenir et de la morale, on devrait même créer un cordon sanitaire autour des partis de gauche comme ils le font pour l’extrême droite, ils se ressemblent tant les uns les autres….
Ne croyez pas que tout aille pour le mieux en Europe “démocratique“, car si vous critiquez les gens qui y détiennent le pouvoir, on vous torture et on vous dépossède de vos biens via un contrôle fiscal….
La démocratie n’est qu’un leurre, les dictateurs sont moins sanguinaires, restent un peu moins longtemps au pouvoir, quoique…, mais rien n’est vraiment différent.
Le jour ou les gens pourront élire l’un des leurs, une personne compétente, pas un politicard de parti qui fait perdurer le système, alors oui, on sera en démocratie.
Réfléchissez…, si vous avez quelque chose à dire ou à apporter à la société, dites moi comment vous allez faire pour vous faire élire…
Vous n’irez nulle part.
Vous ne parviendrez même pas à créer votre parti.
Et quand bien même, les abrutis ne voteront jamais pour vous.
Ils voteront comme d’habitude.
Et ce seront inévitablement les mêmes têtes qui nous pompent l’air depuis des lustres qui repasseront…. Est-ce de la démocratie ?
Pas du tout, c’est de la dictature de parti.
Souvenez-vous de ce qui s’est passé en France lorsque Le Pen a envoyé Jospin dans les orties…
Les hommes politiques traditionnels se sont tous regroupés pour éviter un réel changement du système qui aurait finit par faire tache d’huile dans toute l’Europe…
Ce ne fut pas démocratique…
Nazisme, oui, mais dans l’autre sens, on a utilisé les arguments les plus vils et les plus faux pour faire peur au public…
Lamentable…
Quant aux écologistes, les nouveaux communistes verts, c’est un parti de concierges, délateurs, soucieux de leur petit confort, capable de détruire peu à peu l’industrie et le commerce pour pouvoir rouler en vélo sans être incommodés par les autres pas écolos…
L’atome fait peur aux écolos, alors on supprime les centrales atomiques, même s’il n’y a aucune alternative à ce jour pour produire de l’électricité sans dépendance…
Les camions et les voitures produisent des gaz d’échappement qui font tousser les très rares cyclistes, alors on taxe pour décourager les automobilistes, on lance des plans pour obliger les gens à s’astreindre aux transports en commun…. qui sont archi mal gérés, déficitaires en milliard d’€uros, souvent en grève en prenant les usagers en otage…
Ce n’est pas une avancée humaine, ce n’est pas un bond en avant de la technologie ni un progrès…, les partis écolos sont un retour au pré historisme, un frein à l’intelligence humaine, le retour aux peurs une catastrophe sociale…
Normal qu’un parti de concierges s’entende avec un parti tirant ses racismes dans le Stalinisme… “.
-Patrice DB ; “Que vous inspire aujourd’hui cette masse d’expériences malheureuses ?“.
-Quelqu’un ; “Ce fut pénible à vivre, mais ces expériences transitoires, circonstancielles… furent enrichissantes.
Elle n’ont pas été agréables du tout mais m’ont beaucoup appris.
Je ne suis normalement pas encore à l’âge de la mort, mais je crois qu’en finale la mort est une sorte de délivrance de la bêtise humaine…., comme un moment ou on s’endort après une journée fatigante ou on en a marre de tout et des autres…”.
-Patrice DB ; “Mais revenons à votre livre “Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens“.
Il est notamment épatant en cela qu’il nous fait entendre la voix intérieure de vos vous-même, mais surtout parce que vous passez habilement du récit au dialogue intérieur”.
-Quelqu’un ; “J’ai pensé qu’il fallait que ce livre soit écrit sur deux plans, deux niveaux.
De l’extérieur, par un narrateur neutre, Patrice DB, vous en fait, ayant une vision du contexte, une perspective d’ensemble sur la vie de Quelqu’un.
Mais aussi de l’intérieur via Quelqu’un d’autre que moi-même….
On passe du récit d’un narrateur extérieur impersonnel au récit plus intime de personnages se parlant à eux-mêmes, en se dédoublant, comme on fait quand on réfléchit.
Mettre au point ce procédé narratif m’a demandé pas mal de travail”.
-Patrice DB ; “La manière dont les interviews de Quelqu’un et Quelqu’un d’autre se répondent au fil de votre livre est aussi une réussite.
Aux espoirs et désenchantements de Quelqu’un répondent ceux de l’autre Quelqu’un, de chapitre en chapitre.
Même la mort virtuelle de Quelqu’un est racontée au début, plutôt qu’à la fin…..
Avez-vous commencé par écrire les histoires séparément, ou cette construction en parallèle est-elle à la base du livre ?”.
-Quelqu’un ; “En fait, l’idée me trotte en tête depuis le début, en écrivant, j’ai eu l’idée de ce contrepoint entre Quelqu’un et Quelqu’un d’autre. Ça permettait de montrer la complémentarité de leurs utopies! “.
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