FERRAROD…
Hot-Rod Fordarri’32 – V8 Ferrari…
Ferrari et Ford se sont créés divers problèmes réciproques en bataillant ferme l’un contre l’autre dans le monde du sport automobile, la marque au “Blue Oval” (Ford) trépignant d’impatience de détrôner l’officine italienne d’Enzo au Mans…, mais finalement, avec l’aide du producteur de poulet le plus célèbre du monde : Carroll Shelby…, Ford a remporté les plus grands honneurs lors des 24h du Mans.
En cette suite (quoique plusieurs dizaines d’années plus tard), deux félés dingues de Hot-Rods hors-normes, ont rêvé de fusionner ce qui ne l’avait jamais été… et ainsi, grace à leur savoir-faire, ces deux marques automobiles mythiques ont (enfin) pu copuler tout leur saoul (par procuration) pour que naisse un engin ayant les attributs des deux…
Cela s’est révélé n’être qu’un “mash-up”…,, c’est à-dire l’équivalent automobile d’une transsexualité humaine… et tout comme on ne voit pas immédiatement ce qui se trouve dans le slip de la beauté rare qui vous fait des signes d’amour…, on ne le voit venir qu’en découvrant ses dessous…, à moins qu’on ne l’ai direct bien profond dans son fondement…
Le résultat de ce mix, outre que les voies du saigneur sont impénétrables (mais que les vôtres ne le sont pas)…, est un Hot-Rod Ford 1932 à moteur Ferrari V-8 de 3,0 litres de la fin des années’80, boosté par une paire de turbos pour l’aider à respirer jusqu’à cracher mensongèrement 950 chevaux à 8500 t/m…, alors que ce soit là aussi une tromperie, “l’engin” ne développant pas la “puissance” jouissive promise, mais seulement et basiquement 215 chevaux “turbodisés” boostés à environ 300 chevaux peu fiables…
Quoi d’autre ?
– À l’intérieur, se trouve :
1° une “cage de protection” complètement débile qui ne protège de rien et “bouffe” 1/3 de l’espace disponible (qui est déjà exigu
2° des sièges de course totalement inconfortables et non réglables
3° des jauges numériques qui ne sont pas branchées (par impossible puisque le moteur ne fonctionne pas)…
– Au dehors on constate que :
1° la carrosserie est juste une coquille de fibre de verre d’un Kit “réplica” de Ford 1932 3-fenêtres (le Hot-Rod préféré de la plupart des amateurs de Hot-Rods)
2° le train arrière dispose d’une suspension “dépendante” et de freins à disques
3° à l’avant, les freins à tambours ne font que des roulements (sic !) et de la figuration car ils cachent en fait des disques de freins qui ne sont pas branchés et donc pas fonctionnels
4°, la direction tourne à vide car la colonne n’est pas fixée au boitier qui n’est lui-même fixé à rien…
– La bonne nouvelle dans ce foutoir de merde…, est que chaque étape de la “construction” a été filmé et photographié, y compris le moment où ont été peintes les lettres sur les turbocompresseurs… car la police a pu saisir le tout en tant que preuves que ce projet en marge de toutes les lois a été “externalisé”…
– La mauvaise nouvelle est qu’il n’y a pas de suite aux poursuites engagées, car le créateur de cette “chose” a prétendu qu’il s’agissait d’une œuvre d’art qui ne tombe pas sous le jougs des obligations légales…
La couleur rouge est typique de Ferrari, mais le moteur ne l’est pas vraiment, puisque le V8 de 3,0 litres vient d’une Lancia Thema 8.32 rouillée, récupérée dans une casse en contrepartie d’une poignée de dollars…
Et si le “Tipo F105L” à 32 soupapes fait de l’effet (visuel)…, il faut savoir qu’il n’était pas très puissant dans la Lancia 8.32… et même lorsqu’il se trouvait dans une Ferrari 308…, c’est dire que l’adjonction de deux turbos “non fonctionnels” ne permet pas au moteur (qui dans la Lancia Thema ne développait que 215 chevaux)…, de revendiquer 950 chevaux…, mais à peine les mêmes 215 boostés à 300, au prix d’une fiabilité douteuse…
Tout est d’ailleurs douteux avec et sur ce Hot-Rod…
– 1° le moteur ne développe rien, ni 950 chevaux, ni 215, ni 300 puisqu’il ne fonctionne pas, d’autant que rien n’est branché…
– 2° il a été positionné sans tenir compte des entretiens et réparations, impossible par exemple d’accéder aux Delcos électroniques entrainés par les arbres à cames, qui se trouvent écrasés à 3mm de la cloison pare-feu (pour les ouvrir, il faut enlever la carrosserie du châssis, ou déposer le moteur)…
– 3° les deux turbos non-fonctionels ont d’abord été placés en bas de la calandre, puis de chaque coté comme les phares…, ils sont là pour le look et le fun car non en phase avec la carburation… et…
– 4° l’arbre de transmission n’existe pas…
Bref, pas grand chose n’est fonctionnel et quasi rien n’est opérationnel, ce n’est que du bluff !
Le projet d’une Lancia Thema équipée du moteur V8 de la Ferrari 328 est né en 1985, les dirigeants du groupe Fiat voulaient redorer l’image de Lancia, mais le développement de la voiture va s’avérer difficile, le V8 Ferrari alors disponible était celui de la 328 GTB avec 270 chevaux…., trop puissant, inadapté à la Thema qui était une traction, ce moteur sera dès-lors rapidement écarté au profit de celui de la Ferrari 308 GTB, qui équipait aussi la Mondial Quattrovalvole.
Le moteur de la 308 GTB va en conséquence être totalement remanié pour être intégré dans la Lancia Thema et s’adapter à la traction…, la puissance chutant drastiquement ainsi de 240 à 215 chevaux…, cette diminution de la puissance étant une contrainte imposée par Ferrari afin de conserver son image “Ferrari”, mais aussi une contrainte technique pour que le moteur soit adapté au poids de la berline…, quant à la boite de vitesses, Lancia a remanié celle de la Thema Turbo IE pour laisser le moteur Ferrari prendre plus de 7.000 Tr/min.
Dans la grande constellation du Hot-Roddig, cette FerraRod-Fordari est un peu comme une étoile filante, un truc joli et éphémère qu’on a plaisir à regarder quand on l’a sous les yeux mais qu’on a zappé de son esprit 5 mn après, c’est du bling-bling et carpe diem…, une sorte de “machin” ultime, poussant une certaine logique commerciale jusqu’à l’extrême pointe du n’importe quoi…, un programme plein de bruit et de fureur qui va à fond la caisse pour tenter de faire oublier le vide et l’inanité profonde de cette entreprise.
C’est surtout et avant-tout une célébration vibrante, pétaradante et vrooomesque de la branchitude et de la coolitude du Hot-Rodding, pilotés par des outlaws, des fringants chevaliers des temps modernes qui font de la route leur “biatch”…
Alors bon, voilà…, je vous vois venir, vous et votre vision étriquée du monde, avec votre triste cortège de stéréotypes et d’a priori sur les Hot-Rods…
Pour vous un Hot-Rodder c’est un cow-boy sans foi ni loi qui s’habille d’un jean’s arqué, d’un blouson en cuir crasseux… et qui est maqué à une radasse édentée qui est fière de pétarader fièrement sur les routes sinueuses de la liberté, de l’alcoolisme et d’une mort précoce…, sauf qu’on est en 2019 et qu’il serait temps d’oublier les codes…, les Hot-Rodders saouls et débiles, c’est (presque) fini…, MTV, la Playstation et le R’N’B sont passés par là…, les Hot-Rodders sont maintenant des sortes de Boys-Band du bitume.
L’heure est venue de vous conter le pourquoi du comment un Hot-Rodder a eu l’idée (saugrenue) de greffer un moteur V8 Lancia Thema re-estampillé Ferrari, avec deux turbos…, plutôt qu’un Big-Bloc-V8 7 Litres muni d’un compresseur…, on va régler quelques comptes…
Un superbe Hot-Rod B’32 avec V8 7L Ford ou Chevy à compresseur, se vendra plus ou moins facilement aux USA entre 40 et 60.000 US$ selon sa finition…, une Lancia Théma 8.32 en bon état se négocie 10.000 US$…, une Ferrari 328 se vend 100.000 US$… mais une Ferrari “spéciale” hyper rare, peut grimper à plus de 15 millions de US$ (70 millions en 2018 pour une Ferrari 250GTO), le résultat de l’équation étant qu’un Hot-Rod équipé d’un moteur Ferrari bi-turbo pourrait se justifier à 250.000 US$…, voilà, tout est dit/écrit…
Le créateur du Hot-Rod FerraRod-Fordari… a donc acheté un V8 Ferrari bon marché, car installé dans les Lancia Théma 8.32 qui ne valent pas grand chose…, il a poussé le vice au grand-max en achetant une carcasse pourrie de Lancia Thema 8.32 et en en récupérant le bloc moteur qui a été nettoyé/repeint…, puis il a construit un Hot-Rod classique en plastique qui ne lui a pas couté des cent et des milles…. avec la certitude qu’un prix demandé de 250.000 US$ serait accepté pour un Rod-Ferrari…, tout se jouant sur la finition visuelle…
Vous l’aurez compris, ce scénario de borne d’arcade a parfaitement rempli son rôle… et a permis à l’intrépide d’engranger un joli paquet de dollars de profits…, un morceau de bravoure consumériste assurément jouissif pour un fou qui a su conserver le même enthousiasme qu’un garçonnet de 10 ans revendant un jouet quatre fois plus qu’en magasin.
La carrosserie rutile sous le soleil…, mais rien ne fonctionne, donc l’installation Hi-Fi est incapable de cracher des décibels de musique de djeun’s qui fait boum-boum…, les geeks les plus éclairés apprécieront cette manière lucrative et décérébrée pour un résultat totalement silencieux propre à réjouir les Hot-Rodders-bio’s.
Techniquement, il n’y a pas grand chose à dire, puisque rien ne fonctionne et que rien ne fonctionnera jamais (sauf à tout refaire), mais, la finition et la peinture, c’est du boulot de professionnel…, tout dans le look…, comme une pute…, en revanche, tout prête le flanc à la critique et s’expose aux quolibets (comme une pute bis !), quoique ça ne saute pas aux yeux immédiatement…
Quand ils se rendent compte que ce Hot-Rod n’existe que pour “faire le show” et emporte les rêveurs droit dans le mur de l’auto-parodie…., “ceusses” qui s’imaginaient frimer jusqu’à l’absurde dans ce Hot-Rod à l’esthétique incroyablement clinquante, se retrouvent pantois, sodomisés (bien profond) en se rendant compte qu’il ne poursuit aucun autre but que celui de la surenchère permanente… et dont le côté volontairement “hénaurme” reste l’objet d’une spéculation basique destinée aux beaufs ahuris.
Ce sont dans ces moments d’intense n’importe quoi que la nature outrageusement “too much” de ce “machin” atteint son paroxysme…, en gros, c’est un Hot-Rod pour Barbie & Ken, mais un Ken avec une barbe de trois jours, un blouson estampillé Carpe Diem… et une Barbie mécano en cuir.
De fait, l’engin attire plus particulièrement divers défilés d’éphèbes aux p’tits culs admirablement moulés dans des futals sans un grain de poussière dessus… et de biatches lascives et peu farouches qui mouillent dès qu’un moteur rugit…, la tablette de chocolat pour les hommes et le piercing dans le nombril pour les femmes ont remplacé les bedaines arrondies par la bière des Hot-Rodders 70’s…, c’est la fin d’une époque…
Comme leurs aînés, les nouveaux Hot-Rodders raillent avec un mépris tranquille les automobilistes et les ploucs sédentaires…, ils rêvent de vivre en permanence sur les routes, mais restent néanmoins toujours propres et bien coiffés…, employant le plus clair de leur temps à faire la moue tout en prenant des poses de “real badass mothafucka”, parce que le look pour un Hot-Rodder, c’est un truc essentiel.
Les métrosexuels sont sauvagement cools, totalement libres et rebelles, vivant d’essence et d’eau fraîche…, exemple : “les poubelles, c’est pour les ringards”…, alors les Hot-Rodders bons ou méchants jettent leurs canettes de bière par terre… et vont même parfois jusqu’à casser une bouteille sur le sol pour bien prouver à tout le monde qu’ils ont des attributs virils surdimensionnés…, honte de rien : Carpe Diem !
Il y a aussi une fascination puérile pour la vitesse (mention spéciale à la réplique “J’préfère aller vite que d’passer inaperçu” ou au slogan “Life begins at 150 mph”) associée à une notion du danger honteusement minimisé…, en effet, filer sur les routes les cheveux au vent c’est tellement plus glamour…, la vitesse, c’est cool : ça fait s’envoler les moumoutes des ringards et les jupes des nénettes.
Cette façon d’être se pare également d’un cachet très néo-western, on ne dit pas “tu as jusqu’à 20h ce soir” mais “tu as jusqu’au coucher du soleil”… et on emprunte plus volontiers des chemins de terre que des routes bêtement goudronnées, parce que les chemins c’est plus sauvage… et qu’accessoirement ça permet aussi de soulever d’esthétiques nuages de poussière…
C’est une imagerie propre au grand Ouest et aux cow-boys, revisitée par des desperados des temps modernes filant sur leur monture mécanique, vers le soleil couchant : “We’re poor lonesome Hot-Rodders”…, ça carbure à ce mélange d’ineptie crasse et de cynisme décomplexé propre aux blockbusters les plus marketés, papillons éphémères visant moins le passage à la postérité que la rentabilité immédiate, offrant sur la forme un véritable feu d’artifice visuel et, sur le fond, le triste spectacle d’une stérilité auprès de laquelle le néant semble être une promesse de fécondité.
Dans un entretien qu’il m’a accordé, le concepteur de ce Hot-Rod est revenu sur l’aspect commercial-gagnant de cette affaire qui lui a rapporté 200.000 US$ pour 30.000 US$ investis :
– J’aimais bien ce Hot-Rod, mais je ne l’adorais pas. Il était à 70% ce que je voulais qu’il soit, mais cette proportion s’est avérée pour moi très frustrante pour un truc sur lequel j’ai passé 18 mois. En tout cas, il est à 100% différent de ce que public des Hot-Rodders avait l’habitude de voir ! D’une manière générale, il était tellement “autre” par rapport à ce que le public attendait d’habitude… et ça a parfois provoqué des réactions féroces. Mais la chose drôle, c’est qu’alors qu’il était considéré comme un flop complet au moment de sa sortie, il fait maintenant l’objet d’un culte. Enfin, ce dernier est très étrange, car ce n’est pas un véritable culte : c’est moitié-moitié. Une moitié des gens pense que c’est si nul que ça en devient génial. L’autre moitié trouve ça énorme parce que c’est une œuvre subversive, bien plus futée qu’elle n’en a l’air, car en tant qu’automobile, elle ne fonctionne pas… J’aime ces gens-ci, je n’aime pas les autres… (rires)
Dans un autre entretien, accordé un mois plus tard il en a rajouté une couche :
– Quand j’ai construit ce Hot-Rod à moteur Ferrari, c’était dans un esprit de satire, d’auto-critique, je n’ai réussi qu’à 70 %…, mais c’est à 70 % ma responsabilité. Les 30 % restant, je sais plus trop puisque la Justice me demande des comptes et me poursuit… J’ai démarré en faisant un Hot-Rod que je voulais voir….. et à la fin, j’ai accouché d’une sorte de Hot-Rod satirique. La police n’a pas apprécié ma façon de voir et m’a rétorqué : “Qui a envie de voir ça ?”… Mais bon, j’ai gagné 220.000 US$ en 18 mois…