Les Protocoles, la suite…
Chapitre 02…
En août 2008, le monde a failli passer sous la gouvernance des pires démons…
Il s’en est fallu de peu.
Les médias à leurs bottes, maîtrisant toutes les techniques de désinformations et propagandes envers les populations déjà lobotomisées par des années de mensonges officiels bétonnés par des lois obligeant à y croire, avec en point d’orgue sublime, la version gouvernementale américaine des attentats du 11 septembre 2001…, annonçaient qu’il fallait aider la Géorgie lâchement attaquée par l’Ossétie du Sud…
Dans une dépêche Reuter datée du 18 aoùt 2008, on lisait ce qui suit : “Le président de la province séparatiste d’Ossétie du Sud, Edouard Kokoity, a déclaré qu’il refuserait la présence dans ce territoire d’une mission d’observateurs internationaux”.
“Il n’y aura plus d’observateurs internationaux sur le territoire de l’Ossétie du Sud“, a déclaré Mr Kokoity lors d’une interview à Reuters…, “Nous ne faisons pas confiance à ces observateurs internationaux, à ces gens qui déforment la vérité”.
L’organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) disposait d’observateurs dans la région jusqu’à leur retrait lors de l’offensive lancée le 8 août par la Géorgie pour prendre le contrôle de l’Ossétie du sud qu’elle considère comme sa province et ce, avec l’appui des Etats-Unis et de l’Europe…
Monsieur Edouard Kokoity, président ossète, ne lisait pas la presse à grand tirage occidentale.
Il ne regardait pas non plus les chaînes de télévisions occidentales : “Ces pupitres virtuels où des speakers aux cravates luisantes comme des dos de maquereaux invitent les troupeaux de crédules à écouter les formules creuses concoctées à Washington, Londres, Berlin ou Paris”.
Monsieur Kokoity ne voulait pas entendre ces petites messes où on disait que les Russes étaient plus massacreurs que les Américains ou les Géorgiens.
Monsieur Kokoity se bouchait les oreilles lorsque le petit diacre Géorgien Saakashvili apparaîssait à la télévision avec, sur le visage, sa grimace humanitaire “à la Kouchner”, cette grimace qu’il ne pouvait imiter qu’en posant ses paumes à plat sur ses joues et en les tirant vers le bas.
Monsieur Kokoity qui savait observer, avait remarqué qu’avant de se diffuser lui-même, le proconsul Saakashvili prenait bien soin de placer derrière lui un drapeau européen, tout bleu, azur, avec des étoiles dorées, rassurantes, civilisées.
Il n’aimait pas cet avocat inscrit au barreau de New York qui jouait les proconsuls de l’empire américain entre le Caucase et les rives de la mer Noire.
Il n’aimait pas ce membre de facto du Nouvel Ordre Mondial cosmopolite d’une domination totale et heureuse, que des manœuvres habiles et plusieurs milliards de dollars offerts généreusement par le gouvernement Buch, avait porté au pouvoir en 2002, lors d’une révolution jardinière…, la révolution des roses…, inventée et mise en scène par l’Open society Institute de George Soros (la CIA et le Mossad entre autres), d’après un scénario non violent imaginé par Gene Sharp et une mise en scène grâce au savoir-faire des militants d’Otpor, cette association très active qui avait fait ses premières armes contre Slobodan Milosevic et qui, après la Géorgie, s’était attaquée à l’Ukraine lors d’une révolution prétendument orange !
Pourquoi “orange” s’était interrogé Monsieur Kokoity ?
Sans doute pour la vitamine C…, car il en faut pour mener à bien une révolution, même fabriquée de toutes pièces.
Une révolution fruitière donc, prémisse des prétendues “révolutions arabes”, toutes visant à s’emparer des ressources énergétiques, ouvrir des voies contrôlées et permettre de redéfinir toutes les frontières pour mieux asservir les populations…
Ces “révolutions, la jardinière et la fruitière”, Monsieur Kokoity savait que les médias occidentaux les avaient à chaque fois portées aux nues médiatiques afin d’obtenir l’assentiment automatique des spectateurs sans opinions, qui reçoivent les nouvelles orientées du monde…, de ce vaste monde fait de cartes postales étranges, inquiétantes et exotiques…, entre renvois contenus et déglutitions forcées !
A Moscou, le président Medvedev ne lâche pas prise.
Il promet même des représailles écrasantes contre quiconque serait tenté de fouler un seul brin d’herbe de l’Ossétie du sud…, après qu’un éclair de lucidité lui a révèlé l’éclat glacé des bottes de salon de Jaap de Hoop Scheffer, le secrétaire général de l’OTAN, ce guerrier des moquettes épaisses qui n’ a appris à escalader que le moelleux des divans et des fauteuils d’avions.
Medvedev sait que les journalistes occidentaux le prennent pour une poire, simplement parce qu’il est l’homme de paille de Vladimir Poutine.
George Bush II, lui, n’est pas un homme de paille, juste la marionnette bourrée de chiffons d’une clique qui a des idées très précises sur ce que doit devenir le monde de demain et qui réfléchit jour après jour, depuis Washington, au meilleur moyen de le faire naître.
Mais Washington met du temps à accoucher… et semble cette fois dépassé par les contractions ossètes qu’elle voudrait inattendues et contre lesquelles elle lutte aujourd’hui avec un sérieux qui frise le burlesque.
L’impériale parturiente surveille ceux qui l’approchent.
S’ils ont intention de faire remonter dans ses entrailles le dernier tentacule de l’OTAN, elle les écrasera sous ses grosses pattes de proboscidien.
La Géorgie, avec l’appui direct des USA et de l’Europe, a finalement envahi l’Ossétie le 8 aoùt… et a pilonné Tskhinvali, la capitale, massacrant près de 2.100 civils !
Le but réel pour le Nouvel Ordre Mondial, était d’encercler la Russie, de couper ses liens directs avec l’Iran et de créer un corridor pour un pipe-line pétrolier…
Le Nouvel Ordre Mondial était sur le point de réussir sa domination…
Il fallait aller vite, car les escroqueries financières américaines, leurs mensonges, ces milliards de milliards de traites de cavalerie et leur système de Bonds à la Ponzy allait éclater rapidement, on était à quelques mois de l’éclatement de la crise liée aux subprimes…
Medvedev et Poutine l’ont compris, ils savaient…, la Russie à d’ailleurs affirmé que les attentats du 11 septembre 2001 étaient l’œuvre du gouvernement américain…
L’attaque russe contre les forces géorgiennes s’est produite dans un contexte bien particulier dont il convient de rappeler quelques éléments, malheureusement épars, au chercheur de vérité :
En avril 2008, avait eu lieu à Bucarest, le dernier sommet de l’OTAN.
Ce sommet avait, entre autres objectifs, de discuter de l’entrée de l’Ukraine et de la Géorgie au sein de l’Organisation.
Il s’est clos sur la promesse de réunir à nouveau ses délégations au mois de décembre de cette même année pour dresser un premier bilan.
Fin juillet 2008, l’armée géorgienne s’est lancée dans des manœuvres terrestres conjointes avec l’armée américaine.
Les troupes géorgiennes qui avaient pris part à ces exercices conjoints avec l’OTAN, ont dirigé des tirs d’artillerie vers la capitale sud ossète, le 1er août, tuant 6 personnes.
Les forces navales géorgiennes et américaines se sont livrées le 2 août 2008 à des manœuvres maritimes suivies d’attaques conjointes visant le port de Poti…, obligeant les populations d’Ossétie du Sud a à évacuer plusieurs centaines d’enfants vers l’Ossétie du Nord le dimanche 3 août 2008.
Ces évacuations ont fait suite à une flambée de violences les vendredi 1er août soir et samedi 2 août, lors desquelles des tirs d’armes à feu et de mortiers ont été échangés entre les forces géorgiennes et américaines contre l’Ossétie du Sud.
La Géorgie a ensuite débuté une grande offensive contre l’Ossétie du sud le jeudi 7 août 2008.
Le 8 août, en réponse à cette agression, l’armée russe est intervenue.
La presse occidentale est alors entrée en guerre en déformant la réalité, prétendant que la Russie était le pays agresseur…, la diplomatie et la guerre s’accompagnent toujours d’un discours de propagande.
Ce qui compte, c’est la future adhésion de la Géorgie à l’OTAN.
Le pendule de l’Histoire est lancé.
Cet événement n’était qu’une étape du processus qui devait aboutir à la mise en place de la Pax Americana.
Il faut voir le mouvement dans son ensemble et regarder la carte de l’Eurasie, pour comprendre les détails et constater que chaque événement, apparemment isolé, fait partie en réalité d’un plan soigneusement élaboré mais ô combien dangereux d’encerclement de la Russie, d’une Russie que le Nouvel Ordre Mondial veut réduire à son espace européen, c’est-à -dire à des dimensions acceptables stratégiquement, économiquement, démographiquement…, acceptables et devant permettre aux Etats-Unis de la vaincre, à terme, sans affrontement direct.
Car l’encerclement prévu ne se limite pas à l’intégration des anciens satellites de l’Union Soviétique dans l’OTAN ou dans l’UE, comme ceci s’est produit jusqu’alors.
Il ne se limite pas à guerroyer en Afghanistan pour soi-disant venger les attentats du 11 septembre 2001… et en Irak pour soi-disant trouver les armes de destruction massives de Saddam Hussein…, ou à ouvrir des bases U.S. dans les ex-républiques soviétiques d’Asie Centrale, après avoir fait exploser la Tchécoslovaquie, la Serbie, le Kosovo et tant d’autres nations souveraines…
L’encerclement ne vise pas seulement à contrôler l’ancienne route de la soie.
L’encerclement dont je parle se veut total et définitif et a pour but de déposséder la Russie de sa partie asiatique.
Quelles que soient les corrections à apporter aux théorèmes du géopoliticien MacKinder, son enseignement reste d’actualité non seulement parce qu’un certain nombre de dirigeants civils et militaires actuels l’ont assimilé, mais parce que cette géopolitique fut fondée sur un besoin qui n’a pas fondamentalement changé depuis son premier énoncé en 1904 : la nation thalassocratique dominante (les Etats-Unis) ne peut survivre et garantir sa supériorité globale sans contrôler l’Eurasie, c’est-à -dire sans se donner des moyens d’accès privilégiés aux richesses de l’Eurasie et, en particulier, à son cœur (le Heartland) qui correspond à la Russie d’Europe.
On peut trouver des preuves de la vitalité de cette conception dans les écrits du géopoliticien Zbigniew Brzezinski qui joue depuis quelques décennies un rôle décisif dans l’élaboration des actions extérieures officielles et officieuses des États-Unis : “Les implications géostratégiques pour l’Amérique sont claires : l’Amérique est trop éloignée pour être dominante dans cette partie de l’Eurasie, mais elle est trop puissante pour ne pas s’y engager”…
(The Grand Chessboard, 1997, p. 76.)
“Le supercontinent eurasiatique est l’axe du monde. Un pouvoir qui dominerait l’Eurasie exercerait une influence décisive sur les 2/3 des régions les plus économiquement productives, l’Europe de l’Ouest et l’Est de l’Asie”…
(A Geostrategy for Eurasia, in Foreign Affairs, sept-oct 1997, Volume 76, No. 5, p. 50.)
Du point de vue géopolitique, c’est-à -dire du point de vue de la force uniquement, l’arrivée des États-Unis sur le sol européen sous prétexte de sauver l’Europe du Nazisme, fut le point de départ de cette conquête de l’Eurasie par l’ouest.
Zbigniew Brzezinski ne le cache pas : “Il y a soixante-dix ans, quand le premier numéro de Foreign Affairs a vu le jour, les Etats-Unis étaient une puissance volontairement isolée dans l’hémisphère occidental, engagée de façon ponctuelle en Europe et en Asie. La Seconde Guerre Mondiale et la Guerre Froide qui s’est ensuivie ont poussé les Etats-Unis à s’engager de façon durable en Europe de l’Ouest et en Extrême Orient”.
(A Geostrategy for Eurasia, in Foreign Affairs, sept-oct 1997, Volume 76, No. 5, p. 50.)
Depuis la fin de la guerre froide, qui n’a en réalité jamais pris fin), l’OTAN a avancé à pas de géant en Europe de l’Est, recrutant systématiquement les anciens clients de l’Union Soviétique avant que l’Union Européenne, sa vassale, ne le fasse à son tour.
Depuis quelques années, nous assistons à une poussée vers le Heartland.
En novembre 1997, le département de l’énergie américain publia un rapport de 166 pages, intitulé Oil and Gas Resources of the West Siberian Basin dans lequel l’utilisateur d’Internet pouvait découvrir à quel point la région qui commençait après l’Oural et correspondait grosso modo aux bassins de l’Ob et de l’Yrtich, était une zone qui devrait compter dans les années à venir.
En effet, après enquête, cette zone se révélait être l’endroit où se trouvaient 70% du pétrole russe et 90% de son gaz (soit presque le tiers des réserves mondiales prouvées).
Coïncidence ?
En septembre 1997, Zbigniew Brzezinski publiait l’article déjà cité de Foreign Affairs intitulé A Geostrategy for Eurasia (Foreign Affairs, sept-oct 1997, Volume 76, No. 5, pp. 50-64.), dans lequel il exposait la vision du monde de demain lissé et rendu praticable grâce à l’ubiquité rassurante des armées américaines.
Il écrivait à la page 52 de cet article : “La seule alternative au leadership américain, c’est l’anarchie internationale”.
Brzezinski a ainsi eu le mérite de proposer un mélange de realpolitik et d’idéologie missionnaire avec une grande franchise et même une certaine innocence.
Or à la page 60 de cet article figure une carte de la Russie découpée au pointillé en trois parties d’égales superficies intitulées d’ouest en est : Russie, Sibérie et République Extrême Orientale.
Ces trois entités sont regroupées sous l’appellation “Confédération Russe”.
Brzezinski a proposé ce découpage dans le but de libérer la Sibérie Occidentale et sa voisine Orientale de la mainmise bureaucratique de Moscou.
On trouve une explication détaillée de ce principe dans The Grand Chessboard : “Une Russie confédérée et rendue souple, composée d’une Russie européenne, d’une République de Sibérie et d’une République Extrême-orientale, tisserait plus facilement des liens avec ses voisins. Chacune des entités confédérées aurait la possibilité de développer son propre potentiel créatif, étouffé depuis des siècles par la lourde bureaucratie moscovite. D’autre part, une Russie décentralisée serait moins susceptible de nourrir des ambitions impériales”.
Est-il utile d’insister sur l’hypocrisie involontaire (les plus grands missionnaires politiques sont ceux qui y croient), de ce penseur qui oublie que les États-Unis eux-mêmes ont fait la guerre de sécession pour éviter une telle partition.
Sa carte d’une Russie confédérée et affaiblie correspond à l’étape ultime du rêve de MacKinder.
Réduite au statut de capitale d’un état européen comme les autres, privée de ses matières premières et des espaces stratégiques qu’elle contrôlait, dont les accès aux mers et aux océans, Moscou ne serait plus bonne qu’à être grignotée par les enseignes clinquantes que l’Occident placarde à profusion le long des trottoirs bitumés de la planète.
Le but du sommet otanien d’avril 2008 était, entre autres, d’étudier les candidatures de l’Ukraine et de la Géorgie.
Mieux que ça : le but de ce sommet était d’étudier la diminution de l’accès à la mer Noire de la Russie…, l’Ukraine otanisée faisant valoir ses droits sur la péninsule de Crimée où est postée la flotte russe !
En témoigne cette déclaration du porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères Vassili Kirilitch le 24 juin 2008 que je cite intégralement : “Flotte russe de la mer Noire en Crimée : la date butoir est le 29 mai 2017 ! La question du stationnement de la Flotte russe de la mer Noire ne saurait faire l’objet d’un marchandage, la flotte doit quitter ses bases sur le territoire ukrainien le 29 mai 2017. La position est nette, elle a été rendue publique : la question du stationnement de la Flotte de la mer Noire de la Fédération de Russie ne saurait faire l’objet d’un marchandage”…
La flotte de la mer Noire est basée en Crimée depuis sa fondation sous Catherine II, après l’entrée du Khanat de Crimée (1783) à l’Empire russe.
A l’époque soviétique, la presqu’île a fait partie de la Fédération de Russie jusqu’en 1954, année où elle a été cédée à l’initiative de Nikita Khrouchtchev à l’Ukraine, à l’occasion du 300ième anniversaire de la réunification des deux pays.
Actuellement, sa présence à Sébastopol est régie par un traité avec Kiev qui ne cache pas ses projets de restreindre ses activités, avant son retrait définitif prévu pour 2017, sur fond de rapprochement avec l’OTAN.
Lorsque les Américains feront accoster des vaisseaux de leur VIème Flotte dans le port otanien de Sébastopol…, qui se souviendra du fait que la constitution ukrainienne ne stipule pas le stationnement d’unités militaires étrangères sur le territoire national ?
S’il n’y avait les victimes, ceux qui n’ont rien compris de part et d’autre… et si l’Histoire ne s’écrivait pas avec des pâtés de sang et des montagnes de morts, la diplomatie serait une longue histoire drôle.
L’absurde guerre mondiale contre la terreur que le Pentagone a malicieusement rebaptisée “la Longue Guerre”, porte en elle une jumelle beaucoup plus importante, même si cette dernière est à moitié cachée : la guerre mondiale pour l’énergie.
On la désigne sous le nom de “Guerre Liquide”, parce que son circuit sanguin est constitué des pipelines qui s’entrecroisent sur les champs de bataille impériaux potentiels de la planète.
Pour l’écrire autrement, si sa lisière essentielle, assaillie ces temps-ci, est le Bassin de la Caspienne, l’ensemble de l’Eurasie est son échiquier.
Au plan géographique, pensez-y comme étant le Pipelineistan.
Tous les junkies géopolitiques ont besoin de leur dose.
Depuis la seconde moitié des années ’90, c’est aux pipelines qu’ils sont devenu accro.
Le pipeline Bakou/Tbilissi/Ceyhan à 4 milliards de dollars qui traverse le Caucase, est mieux connu dans cette partie d’échec sous son acronyme “BTC”.
On y trouvait le Roi-Soleil d’Asie Centrale, un président à vie sans avenir : le Turkmenbachi aujourd’hui décédé, “le dirigeant des Turkmènes”, Saparmourat Niazov, à la tête de la République du Turkménistan, immensément riche en gaz.
A Almaty, l’ancienne capitale du Kazakhstan (avant que celle-ci ne soit déplacée à Astana, au milieu de nulle part), les habitants restent perplexes lorsqu’on exprime l’envie irrésistible de se rendre en voiture à Aktau, une ville pétrolière en plein essor : “Aktau. Pourquoi ? Il n’y a rien là-bas” !
La salle de commandement, façon Odyssée de l’Espace, du siège moscovite du géant russe de l’énergie Gazprom, détaille par affichage numérique le moindre pipeline d’Eurasie…, de même au siège de la Compagnie Nationale du Pétrole Iranien à Téhéran, avec ses rangs bien alignés d’expertes en tchador des pieds à la tête, une caverne d’Ali Baba !
Le pétrole bon marché vaut maintenant l’équivalent d’une rançon de roi.
Mais ne vous méprenez pas !
Le prix n’est pas la question, que vous le vouliez ou non, l’énergie est toujours ce sur quoi tout le monde veut mettre la main.
Oubliez l’obsession des médias du courant dominant avec al-Qaïda, Oussama ben Laden, les Talibans modérés ou classiques…, ou cette “guerre contre la terreur”, quel que soit le nom qu’on lui donne, créée de toute pièce par le gouvernement Buch.
Ce sont des diversions comparées aux enjeux élevés de cette partie pure et dure de géopolitique qui se déroule le long des pipelines de la planète.
Qui a dit que le Pipelineistan ne pouvait pas être amusant ?
Dans son œuvre maîtresse de 1997, The Grand Chessboard [Le Grand Echiquier], Zbigniew Brzezinski, extraordinaire praticien de la real-politique et ancien conseiller à la sécurité nationale de Jimmy Carter (le président au cigare sexuel qui a lancé les Etats-Unis dans ces guerres modernes pour l’énergie), a exposé avec quelques détails juste la façon de s’accrocher à la “suprématie mondiale” américaine.
Plus tard, son plan d’ensemble allait dûment être copié par cette bande redoutable de Docteurs No, rassemblés au Project for a New American Century de Bill Kristoll (Le PNAC, au cas où vous auriez oublié ce sigle depuis que son site internet a fermé et que ses partisans sont tombés).
Pour Dr Zbig, qui se shoote à l’Eurasie, c’est-à-dire, en pensant grand…, tout se réduit à encourager l’émergence du bon groupe de “partenaires stratégiquement compatibles” pour Washington, dans les endroits où les flux énergétiques sont les plus forts.
Cela, comme il l’a si délicatement formulé à l’époque, devrait être accompli pour façonner “un système de sécurité trans-eurasien plus coopératif”.
Dr Zbig, dont parmi les fans se trouve évidemment le Président Barack Obama, a dû remarquer que le train eurasien qui devait livrer les biens énergétiques a légèrement déraillé.
La partie asiatique de l’Eurasie semble voir les choses différemment.
Crise financière ou non, le pétrole et le gaz naturel sont les clés à long terme du transfert inexorable du pouvoir économique de l’Ouest vers l’Asie.
Ceux qui contrôlent le Pipelineistan et malgré tous les rêves et les projets qui sont faits là-bas, il est improbable que ce sera Washington…, auront le dessus sur tout ce qui arrivera et il n’y a pas un terroriste au monde ou même une “longue guerre”, qui puisse changer cela.
L’expert en énergie Michael Klare a contribué à identifier les vecteurs clés de la course sauvage qui se déroule actuellement pour prendre le pouvoir sur le Pipelineistan.
Ceux-ci vont de la pénurie croissante des ressources énergétiques primaires (et de la difficulté d’y accéder) aux “développements douloureusement lents d’alternatives énergétiques”.
La Guerre Liquide du Pipelineistan a commencé et, même dans la pire période économique, le risque d’une guerre totale monte constamment.
D’abord en cause de la folie Israélienne de prendre possession des ressources gazières et pétrolières de Gaza, de la Cisjordanie, de la Syrie, du Liban et même du sud de Chypre…, en sus d’asseoir son hégémonie, selon son drapeau symbolisant Le pays de David entre L’Euphrate et le Nil…, de quoi prendre toutes les meilleures ressources énergétiques de cette partie du monde, déclenchant l’apocalypse s’il le faut…
Ensuite, étant donné la concurrence acharnée que se livrent l’Ouest et l’Asie, tant au Moyen-Orient que sur le théâtre de la Caspienne ou dans les Etats pétroliers d’Afrique, comme l’Angola, le Nigeria et le Soudan.
Dans ces premières escarmouches du 21ième siècle, la Chine a vraiment réagi très rapidement.
Avant même les attaques du 11 septembre 2001, les dirigeants chinois ont élaboré une riposte à ce qu’ils voyaient comme une intrusion reptilienne de l’Occident sur les terres pétrolières et gazières d’Asie Centrale, en particulier dans la région de la Mer Caspienne.
Pour être précis, en juin 2001, les Chinois se sont joints aux Russes pour former l’Organisation de la Coopération de Shanghai.
Son sigle, “OCS”, doit être mémorisé…., on n’a pas fini d’en parler.
A l’époque, fait révélateur, les membres juniors de l’OCS étaient les “Stans”, ces anciennes républiques de l’URSS riches en pétrole : le Kirghizstan, l’Ouzbékistan, le Kazakhstan et le Tadjikistan…, que l’administration Clinton et, après elle, l’administration de George W. Bush, dirigée par d’anciens barons de l’industrie pétrolière, zyeutaient avec convoitise.
L’OCS devait être une association de coopération économique et militaire régionale à plusieurs niveaux, laquelle, ainsi que les Chinois et les Russes la voyaient, fonctionnerait comme une sorte de couverture de sécurité autour de la bordure septentrionale de l’Afghanistan.
L’Iran est évidemment un nœud énergétique crucial de l’Asie Occidentale et les dirigeants de ce pays, eux non plus, n’allaient pas rester à la traîne dans cette Nouvelle Partie Formidable.
L’Iran a besoin d’au moins 200 milliards de dollars d’investissements étrangers pour moderniser véritablement ses fabuleuses réserves pétrolières et gazières… et il vend donc beaucoup plus de pétrole à l’Occident que ne le permettent actuellement les sanctions imposées par les Etats-Unis.
Il ne faut pas s’étonner que l’Iran soit rapidement devenu la cible de Washington.
Que Sarkozy s’est tiré une balle dans le pied en boycotant le pétrole Iranien et a poussé l’Europe entière à faire de même, ne fera qu’amplifier les déboires Européens, au seul profit des Etats-Unis…
Il n’est pas étonnant non plus que tous les likoudniks, de même que l’ancien vice-président Dick Cheney (le pêcheur) et ses chambellans et compagnons d’armes néoconservateurs, se masturbent à l’idée d’une attaque aérienne contre ce pays.
Comme le voient les élites, de Téhéran à Delhi et de Pékin à Moscou, une telle attaque de la part des Etats-Unis, serait une guerre non seulement contre la Russie et la Chine, mais contre l’ensemble du projet d’intégration asiatique que l’OCS entend représenter.
Pendant ce temps, alors que l’administration Obama essaye de réparer sa politique iranienne, afghane et centre-asiatique, Pékin continue de rêver d’une version énergétique sûre et coulant à flot depuis l’ancienne route de la soie, qui s’étend du Bassin de la Caspienne (les Stans riches en hydrocarbures, plus l’Iran et la Russie), jusqu’à la province du Xinjiang, à l’extrême ouest de la Chine.
L’Iran, l’Inde et le Pakistan bénéficient du statut d’observateurs dans une organisation dont l’objectif consiste de plus en plus à contrôler et à protéger non seulement les approvisionnements énergétiques régionaux, mais le Pipelineistan dans toutes les directions.
C’est évidemment le rôle que les élites de Washington aimeraient que l’OTAN joue dans toute l’Eurasie.
Etant donné que la Russie et la Chine espèrent de leur côté que l’OCS jouera un rôle similaire à travers l’Asie, diverses sortes de confrontations sont inévitables.
Demandez à n’importe quel expert en rapport avec le sujet de l’Académie Chinoise de Sciences Sociales à Pékin… et il vous dira que l’OCS devrait être comprise comme une alliance historiquement unique de cinq civilisations non occidentales : russe, chinoise, musulmane, hindoue et bouddhiste… et, à cause de cela, capable d’évoluer en un cadre pour un système collectif de sécurité en Eurasie.
Il est certain que cette façon de voir a mis mal à l’aise les stratèges globaux classiques de l’establishment à Washington, comme le Dr Zbig… et le conseiller à la sécurité nationale du Président George H W Bush, Brent Scowcroft.
Selon le point de vue de Pékin, l’ordre mondial du 21ème siècle qui, avant le coup d’arrêt lié à l’intervention Russe en Ossétie du sud, était en train de s’installer sous l’hégémonie américaine…, a changé dans un quadrilatère de pays non contrôlés et non contrôlables par les USA : le BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine plus le futur triangle islamique constitué de l’Iran, de l’Arabie Saoudite et de la Turquie).
Ajoutez-y une Amérique du Sud unifiée, qui n’est plus sous l’emprise de Washington…, et vous aurez une OCS mondiale.
En théorie, du moins, c’est un rêve à indice d’octane élevé.
La clé pour que cela se produise est la poursuite de l’entente cordiale sino-russe.
Déjà en 1999, observant l’OTAN et les Etats-Unis qui s’étendaient agressivement dans les lointains Balkans, Pékin a identifié cette nouvelle partie pour ce qu’elle était : une guerre en développement pour l’énergie.
Et, en jeu, étaient les réserves de pétrole et de gaz naturel de ce que les Américains allaient bientôt appeler “l’arc d’instabilité”, une vaste bande de terre s’étendant de l’Afrique du Nord jusqu’à la frontière chinoise.
Non moins importants allaient être les itinéraires que les pipelines emprunteraient pour acheminer vers l’Ouest l’énergie enfouie dans ces terres.
Là où ces pipelines seraient construits et les pays qu’ils traverseraient détermineraient une grande partie du monde à venir.
Et c’est là on comprend le pourquoi des guerres actuelles, celle de l’anéantissement de la Tchécoslovaquie et des horreurs entre le Kosovo, la Serbie et autres anciens pays frères du bloc de l’Est…, où poussent comme des champignons vénéneux et hallucinogènes, diverses bases militaires de l’empire américain (comme le Camp Bondsteel au Kosovo), qui rencontrent comme par hasard le Pipelineistan (représenté, loin en arrière, en 1999, par le pipeline AMBO) sur son tracé !
AMBO, raccourci pour Albanian Macedonian Bulgarian Oil Corporation, une entité enregistrée aux Etats-Unis, construit un pipeline à 1,1 milliard de dollars, alias “le trans-Balkan”, qui va être achevé fin 2012.
Il fera venir le pétrole de la Caspienne vers l’Ouest, sans le faire passer ni par la Russie ni par l’Iran.
En tant que pipeline, AMBO s’insère bien dans une stratégie géopolitique consistant à créer un quadrillage de sécurité énergétique contrôlée par les Etats-Unis.
Ce quadrillage a d’abord été développé par le secrétaire à l’énergie de Bill Clinton, Bill Richardson… et plus tard par Dick Cheney.
Derrière l’idée de ce quadrillage, repose le va-tout de la militarisation d’un couloir énergétique qui s’étirerait de la Mer Caspienne en Asie Centrale jusqu’à la Turquie, en passant par une série d’anciennes républiques soviétiques désormais indépendantes… et, de là, rejoindrait les Balkans (puis l’Europe).
AMBO lui-même pensait acheminer le pétrole depuis le bassin de la Caspienne vers un terminal situé dans l’ancienne république soviétique de Géorgie dans le Caucase, le transportant ensuite par bateau citerne à travers la Mer Noire jusqu’au port bulgare de Burgas, où un autre pipeline assurerait la connexion jusqu’en Macédoine et ensuite jusqu’au port albanais de Vlora.
Ce quadrillage était destinée à saboter les plans énergétiques plus vastes, à la fois de la Russie et de l’Iran.
Quant au Camp Bondsteel, c’est la base militaire “durable” que Washington a gagnée… des guerres pour les restes de la Yougoslavie.
C’est la plus grande base à l’étranger que les Etats-Unis ont construite depuis la guerre du Vietnam au prix de mensonges et de massacres !
La filiale d’Halliburton Kellogg Brown & Root l’a montée avec le Corps des Ingénieurs de l’Armée sur 400 hectares de terres agricoles près de la frontière macédonienne au sud du Kosovo.
Pensez-y comme d’une version conviviale cinq étoiles de Guantanamo avec des avantages pour ceux qui y sont stationnés, incluant massages thaïlandais et des tonnes de nourriture industrielle.
Bondsteel est l’équivalent dans les Balkans d’un porte-avions géant immobile, capable d’exercer une surveillance non seulement sur les Balkans, mais également sur la Turquie et la région de la Mer Noire (considérée en langage des années Bush comme “la nouvelle interface” entre la “communauté euro-atlantique” et le “grand Moyen-Orient” en cours de création via les prétendues révolutions arabes…
La Russie, la Chine et l’Iran ont parfaitement interprété la guerre au Kosovo, puis l’invasion de l’Afghanistan (où Washington avait auparavant essayé de faire équipe avec les Taliban et encouragé la construction d’un autre de ces pipelines qui évitent l’Iran et la Russie), suivie par l’invasion de l’Irak (ce pays aux vastes réserves pétrolières) et, finalement, le conflit en Géorgie (cette jonction cruciale pour le transport de l’énergie), comme des guerres directes pour le Pipelineistan !
Bien que nos médias du courant dominant l’aient rarement imaginé de cette manière, les dirigeants russes et chinois y ont vu une “continuité” saisissante de la politique de l’impérialisme de Bill Clinton s’étendant à la “guerre mondiale contre la terreur” de Bush.
Un retour de bâton, comme l’avait prévenu publiquement le président Russe d’alors Vladimir Poutine, était inévitable, mais c’est une autre histoire de tapis volant, une autre caverne.
Si l’on veut comprendre la version washingtonienne du Pipelineistan, la Géorgie, où règne la mafia était un élément clé.
Bien que son armée ait été ratatinée dans la guerre avec la Russie, la Géorgie reste cruciale pour la politique énergétique de Washington, dans ce qui est désormais devenu un véritable arc d’instabilité…, à cause de l’obsession continuelle des Américains de couper l’Iran des flux énergétiques.
C’est autour du pipeline BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan), que la politique américaine s’est figée.
Zbig Brzezinski en personne s’est envolé pour Bakou en 1995, en tant que “conseiller à l’énergie”, moins de quatre ans après l’indépendance de l’Azerbaïdjan, pour vendre cette idée aux élites azéries.
Le BTC devait partir du terminal de Dangachal, à une demi-heure de Bakou… et traverser la Géorgie voisine jusqu’au terminal naval situé dans le port turc de Ceyhan, sur la Méditerranée.
A présent opérationnel, ce serpent de métal de 1.767 kilomètres de long et de 44 mètres de large passe à proximité de pas moins de six zones de guerre, en cours ou potentielles : Nagorno-Karabakh (une enclave arménienne en Azerbaïdjan), la Tchétchènie et le Daguestan (deux régions russes assiégées), l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie (où s’est déroulée en 2008 la guerre entre la Russie et la Géorgie) et le Kurdistan turc.
D’un point de vue purement économique, le BTC n’avait aucun sens !
Un pipeline “BTK”, partant de Bakou et passant par Téhéran pour rejoindre l’Ile de Kharg en Iran, aurait pu être construit pour, toutes proportions gardées, presque rien… et il aurait eu l’avantage de contourner à la fois la Géorgie corrompue par la mafia et l’Anatolie orientale instable peuplée de Kurdes.
Cela aurait été le moyen réellement bon marché d’acheminer vers l’Europe le pétrole et le gaz de la Caspienne.
Cette “Nouvelle Partie Formidable” a fait en sorte que ce ne soit pas le cas et beaucoup de choses ont fait suite à cette décision.
Même si Moscou n’a jamais prévu d’occuper la Géorgie à long terme dans sa guerre de 2008 ou de prendre le contrôle du pipeline BTC qui traverse désormais son territoire, l’analyste pétrolier d’Alfa Bank, Konstantin Batounine, a fait remarquer l’évidence : “en coupant brièvement le flux pétrolier du BTC, les soldats russes ont fait comprendre très clairement aux investisseurs mondiaux que la Géorgie n’était pas un pays fiable pour le transit énergétique”.
Autrement dit, les Russes ont tourné en dérision le monde selon Zbig…. et ont stoppé l’avancée du Nouvel Ordre Mondial !
Pour sa part, l’Azerbaïdjan représentait jusqu’à récemment la véritable réussite dans la version américaine du Pipelineistan.
Conseillé par Zbig, Bill Clinton a littéralement volé Bakou du “voisinage proche” de la Russie, en encourageant le BTC et les richesses qui en couleraient.
Cependant, avec le message de la guerre russo-géorgienne qui s’est immiscé, Bakou s’est autorisé à nouveau à se laisser séduire par la Russie.
Pour compléter le tableau, le président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, ne peut pas piffer le président bravache de la Géorgie, Mikhaïl Saakachvili !
Ce n’est guère surprenant…, après tout, les manœuvres militaires irréfléchies de Saakachvili ont causé à l’Azerbaïdjan la perte d’au moins 500 millions de dollars lorsque le BTC a été fermé durant la guerre.
Le blitzkrieg de séduction russe pour l’énergie est également concentré comme un laser sur l’Asie Centrale.
Cette séduction tourne autour de l’offre d’acheter le gaz kazakh, ouzbek et turkmène aux prix européens, au lieu des prix précédents russes beaucoup plus bas.
Les Russes, en fait, ont fait la même proposition aux Azéris : donc, à présent, Bakou négocie un accord impliquant plus de capacité pour le pipeline Bakou-Novorossisk, qui se dirige vers les frontières russes de la Mer Noire, tout en envisageant de pomper moins de pétrole pour le BTC.
Obama a eu besoin de comprendre les graves implications de tout ceci : moins de pétrole azéri pour le BTC (sa pleine capacité est d’un million de barils par jour, essentiellement acheminés vers l’Europe), signifie que ce pipeline pourrait faire faillite, ce qui est exactement ce que veut la Russie.
En Asie Centrale, quelques-uns des plus gros enjeux tournent autour du champ pétrolier monstre de Kashagan situé dans le “léopard des neiges” d’Asie Centrale, le Kazakhstan, le joyaux absolu de la couronne de la Caspienne, avec des réserves atteignant 9 milliards de barils.
Comme d’habitude au Pipelineistan, tout se résume à savoir quels itinéraires livreront le pétrole de Kashagan au monde après le démarrage de la production en 2013.
Cela est bien sûr annonciateur de la Guerre Liquide !
Le Président Kazakh Nursultan Nazarbayev, rusé comme un renard, aimerait utiliser le Consortium du Pipeline de la Caspienne (CPC) contrôlé par les Russes pour déverser le brut de Kashagan vers la Mer Noire…, dans ce cas, les Kazakhs détiendraient tous les atouts.
La façon dont le pétrole s’écoulera depuis Kashagan décidera de la vie ou de la mort du BTC, autrefois vanté par Washington comme l’échappatoire occidentale ultime de la dépendance sur le pétrole du Golfe Persique.
Alors, bienvenue au Pipelineistan !
Que nous l’aimions ou pas, en période faste comme en période difficile, nous allons tous devenir des touristes de Pipeline.
Donc, suivez le flux !
Apprenez les acronymes cruciaux, gardez un œil sur ce qui va arriver à toutes ces bases américaines dans tous les fiefs pétroliers de la planète, observez là où les pipelines seront construits et faîtes de votre mieux pour garder l’œil sur la prochaine série d’accords énergétiques monstres chinois et des coups fabuleux du Russe Gazprom.
Il est peu de pays qui suscitent en même temps l’effroi, la fascination et une sorte d’attirance sensuelle.
La Russie, c’est tout cela à la fois : un pays qui, à force d’avoir trop convoqué les anges, tangue avec ses démons.
Mais, la Russie, selon les médias occidentaux aux ordres du Nouvel Ordre Mondial, à le visage peu séduisant de la mafia, d’oligarques douteux (Abramovitch, Berezovsky…), de filles faciles, de barons du foot… et d’une élite politique qui serait, une nouvelle fois, aux mains d’un tsar redouté !Poutine aujourd’hui, Staline hier, Ivan le terrible et Pierre le Grand avant-hier…., pour éviter le chaos et l’anarchie, la Russie a souvent choisi, dans son histoire, des remèdes de cheval : rien de tel qu’une main de fer…, pour tenir un pays gigantesque comme un continent.
La Russie est trente fois plus grande que la France !
De Saint-Pétersbourg à la mer du Japon, en passant par l’Oural et les steppes, la Russie rassemble 140 millions d’habitants derrière une langue et un étendard !
La mission est complexe et mère d’insoutenables tensions.
Comment en serait-il autrement ?
La Russie, c’est donc, depuis l’origine, un peuple souvent agité, fantasque, généreux, drôle, anxieux, électrique, semblable à un animal sauvage.
Et des dirigeants dompteurs de fauves !A ceux qui firent l’éloge de la démocratie à l’occidentale, lorsque la perestroïka fit tomber les rouges, le peuple lança au bout de quelques années : “C’était mieux sous Staline. Au moins on avait à manger. Et au moins y avait-il une structure “, auraient pu rajouter ces habitants égarés, dont la famille venait d’exploser.
Les Russes sont profondément complexes.
D’un côté, ils sont très méfiants vis-à-vis des super-pouvoirs, incarnés aujourd’hui par Poutine, hier par Staline et ses héritiers soviétiques.
De l’autre, ils vivent dans une forme de nostalgie de l’empire.
Un temps où Moscou regardait de haut le reste du monde, imposait avec autorité ses différences sur Cuba, le Vietnam ou l’Afghanistan, voire la Syrie.
Un âge d’or, fût-il parfois de glace et de goulag, où la capitale du bloc de l’Est faisait la pluie et le beau temps, jusqu’à en rendre fous les Américains et l’Occident…, les habitants de l’ex-URSS qui se souviennent de l’époque soviétique, savent parfaitement ce qu’est le diktat des “valeurs” primant sur le bon sens.
La théorie consacrée par Karl Marx (ainsi que par les premiers chrétiens avec leurs idées d’égalité et de justice… et par les utopistes de l’époque de la Renaissance tels que Campanella… et par le sang des sans-culottes pendant la Révolution française… et par d’autres panthéons), exige qu’on dise certaines choses.
Or, la réalité montre qu’il est préférable de ne rien dire, mais surtout de ne pas faire ce qu’on dit.
Cette situation absurde était particulièrement notable dans la diplomatie de l’Union soviétique dans les pays d’Afrique, d’Amérique Latine et autres.
Globalement, la politique était tout à fait pragmatique, mais dans certaines situations l’idéologie empêchait de faire des choses sensées.
Les Russes ne sont pas à une contradiction près, c’est ce que l’on aime aussi dans leur tempérament viscéral, tantôt festif, tantôt nostalgique.
Et s’ils tiennent, parfois avec arrogance, à leur identité puissante, cette puissance tout à la fois les aveugle.
Les chefs élus par le peuple finissent souvent mal : empoisonnés (Ivan le Terrible), assassinés (le tsar Alexandre II) ou violemment déboulonnés (Staline, Lénine).
En ira-t-il un jour de même pour Poutine ?
Mystère…, quoique les services secrets américains n’ont cesse d’y oeuvrer !
Mais l’aura du prince est, avec Poutine, intacte.
Personne n’a mieux parlé de l’âme russe, de ses tourbillons, de ses combats, de ses passions, que les artistes.
Plus d’un siècle après sa disparition, Dostoïevski demeure l’inépuisable phare de l’âme russe.
Quelque chose d’éternel est là, entre ses lignes, qui résiste au temps qui passe.
Dostoïevski est un existentialiste avant l’heure.
C’est aussi le grand confesseur des tourments cornéliens, dans lesquels peuvent se retrouver tous les Russes.
“Il est la seule personne qui m’ait appris quelque chose en psychologie”, disait de lui Nietzsche.
L’Idiot, Les Frères Karamazov, Crime et châtiment, Les Possédés…, touchent comme nul autre auparavant, et nul autre depuis, à l’identité russe.
Tout y est champ de bataille, débat contradictoire, bras de fer entre ténèbres et lumières.
Il y a chez le héros dostoïevskien un dualisme profond, terrible, torturé, qui vaut pour la Russie du dix-neuvième siècle comme il vaut pour celle du vingt et unième ou du seizième.
Que disent les romans du géant russe ?
Que les êtres sont constamment ballottés entre la tentation du mal (Raskolnikov, Ivan Karamazov, ou Nicolaï Stavroguine, qui confesse après ses crimes : J’ai partout essayé ma force)…., et la nécessité du salut de l’âme et d’un parcours parfois christique, à l’image du prince Mychkine (L’Idiot), de l’humble Sonia (Crime et châtiment) ou d’Aliocha Karamazov.
Le cinéma Russe, au vingtième siècle et jusqu’à aujourd’hui, n’est pas en reste.
Que nous montre-t-il de l’âme russe ?
Un pays où se confrontent sans cesse les dieux et les hommes.
Dès Ivan le Terrible, Sergueï Eisenstein met en scène le rapport de force entre la politique et la religion orthodoxe.
La Russie y vit sous le règne de deux maîtres : le Tsar, sorte d’Übermensch investi de tous les pouvoirs, et de droits pratiquement divins.
Et Dieu, le Très-Haut, Seigneur ultime du peuple.
Lorsque le Tsar s’allie à Dieu, rien ne peut lui arriver.
Lorsqu’il fait sécession, la débâcle est terrible… et l’on entend alors les anges lancer l’avertissement fatal : “Ce jour, vous allez assister à un miracle. Le Seigneur d’ici-bas sera humilié par le Seigneur des cieux”.
Les Tsars et grands despotes russes sont au fond, nous suggèrent les artistes, frères des surhommes de la Grèce antique.
Dès qu’ils contestent l’autorité divine, les voilà punis par le ciel.
Ou par le peuple.
Voilà Poutine averti.Derrière Eisenstein, le cinéma russe n’en finit plus de raconter la double histoire des hommes de foi (d’Andreï Roublev, de Tarkovski, à L’île, de Pavel Lounguine) et des hommes de pouvoir (Un Nouveau Russe, de Lounguine, inspiré par le destin mafieux de Berezovsky, à Soleil trompeur, de Mikhalkov et Faust, de Sokourov).
Les premiers s’en remettent aveuglément à Dieu.
Les seconds rêvent de décrocher leur étoile, économique ou existentielle.
Quitte à faire un pacte avec le diable.
Les Russes en sont là, travaillés de l’intérieur par cette constante influence, qui tantôt les rassure, tantôt les fait frémir, au centre d’un pays qui ressemble à une plaine large, tellement large qu’elle semble par moments sans horizons.L’âme russe, c’est cela : une immensité incontrôlable, un fleuve géant, un océan capricieux, une planète lunatique.
C’est le vertige des sens…, le sens du lyrisme…, la tentation des ivresses…, la connaissance intime des vents les plus contraires…, l’érudition extrême…, l’animalité pure…, une joie d’affamé, euphorique, parfois dingue.
Et une mélancolie qui souvent touche, sans se forcer, au désespoir le plus intense.
L’on entend alors, quand viennent la nuit et l’heure de la vodka, qui elle envoie au ciel, la complainte de l’homme ivre d’amour, inconsolable et pourtant gai, lançant vers une belle aux yeux sombres : “Yeux noirs, Yeux pleins de passion ! Yeux ravageurs et sublimes. Comme je vous aime, comme j’ai peur de vous. Vous êtes plus sombre que les ténèbres”…
Il ne restait alors, qu’a écrire un livre qui, partant d’une autre vue sur les attentats du 11/9, suivrait un fil conducteur amenant à l’atomisation de l’Iran selon les plans du Dr Zbig…
La base étant le livre “Dictatucratie…“, le réassemblage étant oeuvre d’intelligence, le fil est apparu en finale, trop gros pour être livré in-extenso sans une page de mise en garde…
C’est là que commence notre aventure de recherche sur les attentats du 11 septembre 2001, la rédaction du livre (encore sans titre)… et le troisième chapitre de cette saga !