Les Protocoles, la suite…
Chapitre 04…
L’absurdité d’un monde au bord de la rupture de l’acceptable !
En 1992, sous l’administration de Bush Premier, Dick Cheney a soutenu Lewis Libby et Paul Wolfowitz pour qu’ils produisent leur rapport “Defense Planning Guidance” [Conseils pour planifier la défense], qui plaidait pour la domination militaire des Etats-Unis sur toute la planète dans le cadre d’un “Nouvel Ordre Mondial”.
Ce rapport appelait les Etats-Unis à accroître leur supériorité militaire et à empêcher de nouveaux rivaux d’émerger pour défier les Etats-Unis sur la scène mondiale.
À la fin de l’administration Clinton, les défenseurs de la domination mondiale fondèrent le Project for a New American Century (PNAC).
Parmi les fondateurs du PNAC, huit étaient affiliés au fournisseur numéro un du ministère de la défense, Lockheed-Martin, et sept autres, associés au fournisseur militaire numéro trois, Northrup-Grumman.
Sur les vingt-cinq fondateurs, douze furent nommés ultérieurement à des postes de haut niveau dans l’administration de George W. Bush.
En septembre 2000, le PNAC a produit un rapport de 76 pages intitulé : “Reconstruire les Défenses de l’Amérique : Stratégie, Forces et Ressources pour un Nouveau Siècle Américain… Le Nouvel Ordre Mondial”.
Ce rapport, similaire au rapport Defense Policy Guidance de 1992, appelait à protéger la patrie américaine, à être capable de livrer des guerres sur plusieurs théâtres simultanés, à accomplir des tâches de maintien de l’ordre et à contrôler l’espace et le cyberespace.
Selon ce rapport, les années 90 avaient été une décennie de négligence en matière de défense et les Etats-Unis devaient accroître les dépenses militaires pour préserver leur leadership géopolitique en tant qu’unique superpuissance mondiale.
Ce rapport reconnaissait aussi que : “Le processus de transformation sera certainement long, a moins d’un événement catastrophique et catalyseur, tel un nouveau Pearl Harbor“.
Les événements du 11 septembre 2001 ont représenté exactement la catastrophe qui, selon la théorie des auteurs de Rebuilding America’s Defenses, était nécessaire pour accélérer leur agenda de domination mondiale.
La guerre permanente contre la terreur qui en a résulté a conduit à une dépense militaire massive du gouvernement américain, aux invasions de deux pays et à la menace sur trois autres, ainsi qu’à l’accélération rapide des plans des néoconservateurs pour assurer le contrôle militaire du monde.
“Alors que le 20ème siècle s’achève, les Etats-Unis sont la puissance la plus dominante du monde. Après avoir mené l’Occident à la victoire dans la Guerre Froide, l’Amérique se retrouve face à une opportunité et à un défi : Les Etats-Unis ont-ils la vision pour poursuivre leur construction sur l’accomplissement des décennies passées ? Les Etats-Unis disposent-ils de la solution pour façonner un nouveau siècle favorable aux principes et aux intérêts américains ? Ce dont nous avons besoin est d’une armée forte et prête à relever les défis présents et futurs ; une politique étrangère qui assure avec hardiesse et de façon résolue la promotion des principes américains à l’étranger et un leadership national qui accepte les responsabilités globales des Etats-Unis. Bien sûr, l’Amérique doit se montrer prudente dans la manière dont elle exerce sa puissance.
Mais nous ne pouvons éviter sans dommages les responsabilités d’un leadership mondial et les coûts associés liés à cet exercice. L’Amérique a un rôle vital à jouer dans le maintien de la paix et de la sécurité, en Europe, en Asie et au Moyen-Orient. Si nous fuyons nos responsabilités, alors, ce sera une invitation pour ceux qui voudraient défier nos intérêts fondamentaux. L’histoire du 20ème siècle devrait nous avoir appris qu’il est important de façonner les circonstances avant que les crises n’émergent et qu’il est important de répondre aux menaces avant qu’elles ne deviennent terribles”…
DONALD KAGAN et GARY SCHMITT Coprésidents du Project. THOMAS DONNELLY Auteur Principal.
Voici la traduction française du “Project for the New American Century” de Donald Kagan et Gary Schmitt, coprésidents du project et de Thomas Donnelly, auteur principal.
Projet pour le Nouveau Siècle Américain.
Le Projet se préoccupe du déclin de la puissance de la défense des Etats-Unis et des problèmes que cela créerait dans l’exercice de son leadership mondial et, in fine, pour la préservation de la Pax Americana.
Nos inquiétudes ont été renforcées par les deux études sur la Défense (commandées par le parlement) : le QDR [rapport quadriennal sur la Défense, établi par le Pentagone] et le rapport du NPD [National Defense Panel].
Ces deux études prennent pour hypothèse, soit que le budget de la Défense américaine reste constant, soit qu’il baisse.
C’est pourquoi, les plans de la Défense et les recommandations exposées dans ces deux rapports furent établis avec de telles contraintes budgétaires en tête.
D’une façon générale, le QDR a insisté sur les besoins militaires actuels de la Défense aux dépends de ses besoins futurs, tandis que le rapport du NDP a mis l’accent sur les besoins futurs de la Défense en sous-estimant ses responsabilités. Bien que le QDR et le rapport du NPD proposaient des politiques différentes, ils partageaient tous deux un aspect sous-jacent : il fallait résoudre l’écart entre les ressources et la stratégie, non pas en augmentant les ressources, mais en réduisant la stratégie aux dépends des ressources.
Les forces armées américaines pouvaient, semblait-il, soit préparer le futur en renonçant à leur rôle de principal défenseur de l’état actuel de la sécurité mondiale, soit s’occuper des affaires courantes, mais dans ce cas elles ne seraient pas préparées à faire face aux menaces et aux guerres de demain. Les Etats-Unis sont la seule superpuissance du monde, combinant une puissance militaire dominante, un leadership technologique mondial et la plus grande économie du monde.
En outre, l’Amérique est à la tête d’un système d’alliances qui inclut les autres grandes puissances démocratiques de la planète.
Pour l’instant, les Etats-Unis ne sont confrontés à aucun rival mondial.
Une stratégie ambitieuse pour les Etats-Unis devrait s’attacher à étendre cette position avantageuse le plus loin possible dans le futur.
Cependant, il y a des Etats potentiellement puissants qui ne se satisfont pas de la situation actuelle et qui voudraient bien la changer, s’ils le peuvent, dans des directions qui mettraient en péril la relative condition de paix, de prospérité et de liberté dont le monde bénéficie aujourd’hui.
Jusqu’à présent, ils en ont été dissuadé par la capacité et la présence globale de la puissance militaire américaine, mais au fur et à mesure que sa puissance décline, les conditions heureuses qui en dépendent seront inévitablement ébranlées. Pour préserver la situation stratégique souhaitable dans laquelle les Etats-Unis se trouvent actuellement, ils ont besoin d’une capacité militaire dominante, tant dans le présent que dans le futur.
Mais des années de coupes dans les dépenses militaires ont érodé le niveau de préparation au combat de l’armée américaine et ont mis à mal les plans du Pentagone pour maintenir une supériorité militaire dans les années à venir.
Alors que l’armée américaine s’efforce de faire face aux opérations imprévues, elle s’est retrouvée progressivement en état de sous-effectif, insuffisamment équipée et entrainée. A l’heure actuelle, les Etats-Unis ne sont confrontés à aucun rival global.
L’objectif d’une stratégie américaine ambitieuse devrait être de préserver et d’étendre cette position avantageuse aussi loin que possible dans le futur. Sans politique de défense bien conçue et sans une augmentation appropriée des dépenses de défense, les Etats-Unis ont laissé échapper le moyen de tirer profit de cette remarquable opportunité stratégique qui était à portée de main.
C’est avec cela en tête que nous avons commencé à examiner, les plans de la Défense US et ses besoins en ressources.
Nous avons pris comme hypothèse de départ que les capacités militaires américaines devraient être suffisantes pour soutenir une stratégie ambitieuse dédiée à la construction de cette opportunité sans précédent.
Nous n’avons pas accepté de contraintes préétablies basées sur la présomption de ce que le pays pourrait ou ne pourrait pas être prêt à dépenser pour sa défense. D’une façon générale, nous avons considéré ce projet comme une construction à partir de l’ébauche de la stratégie de Défense présentée par le Ministère de la Défense.
Le Defense Policy Guidance (DPG) [recommandations pour la politique de Défense], ébauché dans les premiers mois de 1992, a apporté des propositions pour maintenir la suprématie des Etats-Unis, pour empêcher l’ascension d’une grande puissance rivale, et pour façonner l’état de la sécurité internationale en conformité avec les principes et les intérêts américains.
Divulgué avant d’avoir été formellement approuvé, on reprocha à ce document d’être une initiative prise par des “partisans de la guerre froide” afin de maintenir les dépenses de Défense à un niveau élevé et pour que les réductions des forces armées restent minimales, malgré l’effondrement de l’Union Soviétique.
C’est sans surprise que ce document fut enterré par le nouveau gouvernement. Bien que notre expérience de ces dernières années ait modifié notre compréhension des conditions militaires particulières nécessaires à l’exécution d’une telle stratégie, les principes de base du DPG, selon nous, restent valables.
Et ce que le Ministre Cheney a déclaré à l’époque en réponse aux critiques contre le DPG reste vrai aujourd’hui : “Nous pouvons soit renforcer les forces dont nous avons besoin et rester dans une position où nous pouvons aider à façonner les choses pour le meilleur, soit jeter cet avantage à la poubelle. [Mais dans ce cas], cela ne ferait que précipiter le jour où nous ferons face à de plus grandes menaces, à des coûts plus élevés, et en faisant courir plus de risques pour les vies des Américains“. Ce projet a été élaboré en tenant une série de séminaires.
Nous avons demandé à des spécialistes de la Défense hors pair d’écrire des exposés afin d’explorer une variété de sujets : les missions et les besoins futurs du service militaire, le rôle des réservistes, la doctrine de défense nucléaire stratégique et des missiles balistiques, le budget de la Défense et les perspectives de modernisation militaire, l’état des forces actuelles (leur entraînement et leur niveau de préparation), la révolution des affaires militaires, et la planification militaire à l’occasion de vastes théâtres de guerres, de petites guerres et d’opérations de maintien de l’ordre.
Ces exposés ont circulé à l’intérieur d’un groupe de participants, choisis pour leur expérience et leur jugement en matière d’affaires de Défense.
Chaque exposé est alors devenu la base des discussions et des débats.
Notre objectif était d’utiliser ces exposés pour faciliter la délibération, pour générer et tester des idées et pour nous aider à élaborer notre rapport final.
Alors que chaque exposé prenait comme point de départ un point de vue stratégique partagé, nous n’avons pas essayé de dicter les points de vue ou la direction des exposés individuels.
Nous voulions une discussion aussi complète et aussi diversifiée que possible. Notre rapport s’inspire grandement de ces délibérations.
Mais nous n’avons pas demandé aux participants des séminaires de simplement “parapher” le rapport final.
Nous voulions des débats francs et nous avons cherché à éviter le piège qui consiste à essayer de produire un texte consensuel mais sans relief.
Nous voulions essayer de définir et de décrire une stratégie de Défense qui soit honnête, bien pensée, audacieuse, homogène et claire.
Et nous voulions susciter un débat sérieux et informé – la première étape, essentielle – pour aboutir à des conclusions solides et pour gagner le soutien du public. De nouvelles circonstances nous font penser que ce rapport pourrait recevoir aujourd’hui un accueil plus réceptif que ces dernières années.
Pour la première fois depuis la fin des années 60, le gouvernement fédéral connaît un excèdent budgétaire.
Pendant la plus grande partie des années 90, le Congrès et la Maison Blanche ont donné à l’équilibre du budget fédéral une priorité plus importante qu’au financement de la sécurité nationale.
En fait, à un degré significatif, le budget a été équilibré grâce à la combinaison de l’augmentation des impôts et la réduction des dépenses militaires.
Cependant, l’excèdent attendu des revenus fédéraux pendant la prochaine décennie ôte toute nécessité de maintenir les dépenses militaires à un niveau faible préétabli.
De plus, le public américain et ses représentants élus ont de plus en plus conscience de l’état de déclin de l’armée des Etats-Unis.
Les articles dans la presse, les rapports du Pentagone, les témoignages de parlementaires et les comptes-rendus anecdotiques de la part de membres des différentes armes donnent une image troublante de l’armée américaine, qui est confrontée à de faibles taux de recrutement et de durée de service, à des logements de mauvaise qualité, à une pénurie de pièces détachées et d’armes et à une baisse du niveau de préparation au combat.
Enfin, ce rapport arrive après une décennie d’expérience de grande valeur où nous nous sommes occupés du monde de l’après guerre-froide.
Des initiatives antérieures, prises pour façonner une stratégie militaire adaptée à l’environnement sécuritaire d’aujourd’hui, ont été artificiellement prises pour fonctionner à partir de nombreuses suppositions non testées sur la nature d’un monde dépourvu d’une superpuissance rivale.
À présent, nous avons une bien meilleure idée de nos responsabilités, des menaces qui pourraient peser sur nous dans ce nouvel environnement sécuritaire et de ce qu’il faudrait faire pour assurer une paix et une stabilité relatives. Nous pensons que notre rapport reflète ces dix années d’expérience et qu’il en bénéficie. Notre rapport est publié dans une année d’élection présidentielle.
Le nouveau gouvernement devra produire, peu de temps après son installation, une deuxième révision quadriennale de Défense.
Nous espérons que ce rapport du PNAC sera utile en tant que feuille de route pour les plans militaires immédiats et futurs de la nation.
Nous pensons avoir mis en avant un programme de Défense, justifié par l’évidence, qui repose sur un examen honnête des problèmes et des possibilités, et qui n’hésite pas à regarder en face le véritable coût de la sécurité.
Nous espérons qu’il inspirera une considération attentive et un débat sérieux.
Le monde de l’après-Guerre Froide ne restera pas un endroit relativement pacifique si nous continuons à négliger les affaires étrangères et la Défense, mais une attention sérieuse, une réflexion soignée, et la bonne volonté à dédier des ressources adéquates pour maintenir la puissance militaire des Etats-Unis peut rendre le monde plus sûr et mieux protéger les intérêts stratégiques américains tant aujourd’hui que dans le futur.
Ce rapport a été établi à partir de la croyance selon laquelle l’Amérique devrait chercher à préserver et à étendre sa position de leadership mondial en maintenant la suprématie de ses forces militaires.
Aujourd’hui, les Etats-Unis disposent d’une occasion stratégique sans précédent.
Ils ne sont confrontés à aucun défi immédiat de la part d’une autre grande puissance ; ils ont la chance d’avoir des alliés riches, puissants et démocratiques dans toutes les parties du monde ; ils sont au milieu de la plus longue période d’expansion économique de leur histoire ; et leurs principes politiques et économiques sont quasiment universellement adoptés.
À aucun moment dans l’Histoire, l’ordre international de la sécurité n’a été aussi favorable aux intérêts et aux idéaux américains.
Le défi de ce nouveau siècle est de préserver et d’accroître cette “Pax Americana”.
Toutefois, à moins que les Etats-Unis ne maintiennent une puissance militaire suffisante, cette occasion sera perdue.
Et, en fait, lors de la décennie écoulée, l’échec à établir une stratégie de sécurité répondant aux nouvelles réalités et à fournir des ressources adéquates pour la gamme complète des missions nécessaires à l’exercice d’un leadership mondial des Etats-Unis a placé la paix américaine dans un danger croissant.
Ce rapport tente de définir ces besoins.
Nous devons, en particulier :
ETABLIR QUATRE MISSIONS CENTRALES pour les forces militaires américaines :
• défendre la patrie américaine ;
• livrer et gagner, de façon décisive, des batailles majeures, multiples et simultanées ;
• remplir nos devoirs de “maintien de l’ordre”, associés au façonnement de l’environnement sécuritaire dans des régions critiques ;
• transformer les forces des Etats-Unis pour exploiter la “révolution des affaires militaires”.
Pour mener à bien ces missions centrales, nous devons fournir suffisamment de forces et d’allocations budgétaires.
En particulier, les Etats-Unis doivent :
-MAINTENIR UNE SUPÉRIORITÉ NUCLÉAIRE STRATÉGIQUE, en basant la dissuasion nucléaire américaine sur une appréciation globale d’un réseau nucléaire qui mesure l’ensemble des menaces courantes et émergentes, et pas seulement l’équilibre entre les Etats-Unis et la Russie.
-RESTAURER LES EFFECTIFS de nos forces actuelles aux niveaux anticipés dans la “Force de Base” présentée dans ses grandes lignes par l’Administration Bush père, soit une augmentation de la force du service actif, qui passerait de 1,4 millions à 1,6 millions de soldats.
-REPOSITIONNER LES FORCES AMÉRICAINES pour répondre aux réalités stratégiques en déplaçant les forces permanentes vers l’Europe du Sud-Est et vers l’Asie du Sud-Est, et en changeant les modèles de déploiement naval afin de refléter les inquiétudes croissantes concernant l’Asie du Sud-Est.
-MODERNISER DE FAÇON SÉLECTIVE LES FORCES AMÉRICAINES, en entreprenant le programme F-22, tout en augmentant les achats d’avions à décollage vertical, électroniques et autres avions ; en agrandissant les flottes de sous-marins et de navires de guerre ; en achetant des hélicoptères Comanche et des véhicules de terrain de poids moyen pour l’armée de terre, ainsi que le V-22 Osprey à “rotors à bascule” pour le corps des Marines.
-ANNULER LES PROGRAMMES “CUL-DE-SAC”, tels que le Joint Strike Fighter, l’avion de transport CVX et le système obusier Crusader, qui absorberaient des montants exorbitants des finances du Pentagone et qui n’apporteraient que des améliorations minimes aux capacités actuelles. Les économies réalisées à partir de l’annulation de ces programmes devraient être utilisées pour encourager la transformation de l’armée.
-DÉVELOPPER ET DÉPLOYER UNE DÉFENSE BALISTIQUE GLOBALE pour défendre la patrie américaine et les alliés de l’Amérique, et pour procurer une base sûre à la projection de la puissance des Etats-Unis dans le monde entier.
-CONTRÔLER LES NOUVELLES PARTIES COMMUNES INTERNATIONALES QUE SONT L’ESPACE ET LE CYBERESPACE et paver la route pour la création d’un nouveau service de l’armée : les Forces Spatiales Américaines, avec pour mission de contrôler l’espace.
-EXPLOITER LA RÉVOLUTION DES AFFAIRES MILITAIRES pour assurer la supériorité à long terme des forces conventionnelles américaines en établissant un processus de transformation à deux étapes :
• qui maximise la valeur des systèmes d’armement actuels par l’application des technologies avancées…
• qui produise des améliorations plus profondes des capacités militaires, encourage la concurrence entre les services et les initiatives d’expérimentation interarmes…
-AUGMENTER LES DÉPENSES MILITAIRES, graduellement jusqu’à un niveau minimum de 3,5% à 3,8% du PIB, rajoutant annuellement de 15 à 20 milliards de dollars aux dépenses militaires totales.
Remplir ces conditions est essentiel si l’Amérique veut garder son statut militaire dominant pour les décennies à venir.
Inversement, l’échec à remplir ces besoins forme de retrait stratégique.
Aux niveaux actuels de la dépense militaire, la seule option est d’essayer en vain de “gérer” des risques de plus en plus grands : payer pour les besoins d’aujourd’hui au détriment de ceux de demain ; se retirer des missions de maintien de l’ordre afin de maintenir une Force pour des guerres à grande échelle ; “choisir” entre la présence en Europe ou la présence en Asie ; etc.
Ce sont de mauvais choix.
Ce sont aussi de fausses économies.
Les “économies” réalisées à partir du retrait des Balkans, par exemple, ne libèreront pas assez de fonds, et de loin, pour le besoin de modernisation et de transformation de l’armée.
Mais ce sont aussi de fausses économies dans des sens plus profonds.
Le véritable coût qui en résulterait si nous ne remplissions pas nos besoins en matière de Défense serait une capacité réduite du leadership mondial des Etats-Unis et, en fin de compte, la perte d’un Nouvel Ordre Mondial de sécurité qui est adapté d’une manière unique aux principes américains et à la prospérité des Etats-Unis.
POURQUOI UNE NOUVELLE RÉVISION DE NOTRE DÉFENSE ?
Depuis la fin de la Guerre Froide, les Etats-Unis se sont battus pour élaborer une stratégie de sécurité nationale ou militaire cohérente, qui tienne compte des constantes de la puissance et des principes américains, tout en conciliant les réalités de notre siècle.
En l’absence de cadre stratégique, la planification militaire américaine a été un exercice de plus en plus autoréférentiel, souvent dominé par la bureaucratie et le budget plutôt que par les intérêts stratégiques.
Il est vrai que la prolifération des révisions militaires pendant la dernière décennie prouve l’échec à tracer un cap cohérent : à ce jour, il y a eu une demie douzaine de révisions formelles, et le Pentagone se prépare pour une deuxième révision quadriennale (QDR) en 2001.
À moins que cette “QDR-II” réponde aux forces militaires américaines et à leur besoin en ressources pour aller vers une stratégie américaine viable, elle, aussi, échouera. Ces échecs ne vont pas sans coûts, déjà, ils mettent en danger une occasion historique.
Après les victoires du siècle dernier – deux guerres mondiales, la Guerre Froide et, plus récemment, la Guerre du Golfe – les Etats-Unis se retrouvent être l’unique et puissant leader d’une coalition d’Etats libres et prospères ne faisant face dans l’immédiat à aucune superpuissance qui les défie.
La Pax Americana a prouvé qu’elle était stable et durable.
Elle a fourni, tout au long de ces dix dernières années, le cadre géopolitique à notre croissance économique et à la propagation des principes américains de liberté et de démocratie.
Pourtant, aucun instant de la politique internationale ne peut être figé dans le temps ; même la Pax Americana ne se préservera pas toute seule. Paradoxalement, alors que la puissance américaine et son influence sont à leur apogée, les forces armées américaines claudiquent vers l’épuisement, incapables qu’elles sont de répondre aux exigences de leurs missions nombreuses et variées, y compris la préparation aux champs de bataille de demain.
La Force actuelle, réduite d’un tiers ou plus pendant la dernière décennie, souffre d’un niveau de préparation au combat dégradé ; de difficultés de recrutement et à maintenir en nombre suffisant les soldats de l’infanterie, de la marine et de l’air ; des effets d’une “vacance des acquisitions” étendue qui a résulté en un vieillissement prématuré de la plupart de nos systèmes d’armement ; d’une infrastructure militaire de plus en plus obsolescente et inadéquate ; d’une base industrielle qui se réduit et qui est mal structurée pour être “l’arsenal de la démocratie” du 21ième siècle ; du manque d’innovation qui menace les avantages technologiques et opérationnels dont les militaires américains ont bénéficié pendant une génération et dont dépend la stratégie américaine.
Finalement, et c’est ce qui est le plus dangereux, le tissu social de l’armée est effiloché et usé.
Les forces armées des Etats-Unis souffrent d’une qualité de vie dégradée et détachée des attentes de la classe moyenne, dont dépend une armée exclusivement constituée de volontaires.
Les hommes et les femmes et les jeunes officiers qui se sont enrôlés font de moins en moins confiance à leurs supérieurs qui, croient-ils, ne diront pas de vérités désagréables à leurs chefs civils.
En somme, alors que la Pax Americana touche l’ensemble de la planète, la Force qui est sensée la préserver est de plus en plus submergée par ses tâches.
Il n’y a pas de paradoxe : il s’agit de la conséquence inévitable de l’échec à répondre aux moyens militaires à des fins géopolitiques.
Derrière les révisions stratégiques et de défense ratées de la dernière décennie, il y a l’idée que l’effondrement de l’Union Soviétique a créé une “pause stratégique”.
En d’autres termes, en attendant qu’une autre grande-puissance n’émerge, les Etats-Unis peuvent profiter d’un répit par rapport aux exigences du leadership international.
À la manière d’un boxeur entre les combats de championnat, l’Amérique peut se permettre de se relaxer, certaine qu’elle disposera d’assez de temps pour se préparer au prochain grand défi.
Ainsi, les Etats-Unis pourraient se permettre de réduire leur armée, de fermer des bases à l’étranger, de stopper ses principaux programmes d’armement et de récolter les bénéfices financiers du “dividende de la paix”.
Mais comme nous l’avons vu tout au long des dix dernières années, il n’a pas manqué de puissances dans le monde pour saisir l’occasion offerte par l’effondrement de l’empire soviétique en étendant leur propre influence et en défiant l’ordre sécuritaire conduit par les Etats-Unis. Derrière la notion fausse de pause stratégique, les récentes révisions de la Défense ont souffert d’une compréhension à rebours de la dimension militaire de la Guerre Froide entre les Etats-Unis et l’Union Soviétique.
La stratégie américaine de limitation de l’expansion communiste ne s’est pas déroulée à partir de la supposition que la Guerre Froide pourrait être une simple lutte militaire, dans laquelle l’Armée des Etats-Unis égalait l’Armée Rouge, char pour char ; les Etats-Unis cherchaient plutôt à dissuader l’armée des soviets et à les vaincre sur les plans économique et idéologique.
Et, même à l’intérieur du royaume des affaires militaires, la pratique de la dissuasion permettait ce qui est appelé en termes militaires : “une économie de force”.
Le principal travail des forces de l’OTAN, par exemple, était de prévoir une invasion de l’Europe Occidentale, d’envahir et d’occuper le coeur de la Russie, l’équilibre nucléaire bipolaire de la terreur obligeant toutefois à la fois les Etats-Unis et l’Union Soviétique à la prudence.
Derrière la plus petite guerre par procuration dans la région la plus éloignée planait le spectre d’Armageddon.
Ainsi, en dépit de nombreuses erreurs de calcul pendant les cinquante années de Guerre Froide, les Etats-Unis ont récolté une extraordinaire sécurité et stabilité planétaires, simplement en construisant un arsenal nucléaire crédible, et en termes relatifs, peu coûteux. Les multiples défis dans le monde de l’après-Guerre Froide. Guerre Froide 21ème siècle Bipolaire Unipolaire Contenir l’U.R.S.S. Préserver la Pax Americana Dissuader l’expansionnisme soviétique
Sécuriser et étendre les zones de paix démocratique ; dissuader la montée de la concurrence d’une nouvelle grande-puissance ; défendre les régions clés ; Exploiter la transformation de la guerre Guerre mondiale potentielle
sur de nombreux théâtres Théâtres de guerre potentiels
à travers la planète Europe Asie Cependant, tout au long de la décennie qui a suivi la Guerre Froide, presque tout a changé.
Le monde de la Guerre Froide était un monde bipolaire ; le monde actuel est, pour l’instant, du moins, résolument unipolaire, avec l’Amérique comme “unique super-puissance” mondiale.
L’objectif stratégique des Etats-Unis était de contenir l’expansion communiste de l’Union Soviétique ; aujourd’hui, la tâche est de préserver l’environnement sécuritaire international, favorable aux intérêts et aux idéaux américains.
Le travail de l’armée pendant la Guerre Froide était de dissuader l’expansionnisme soviétique.
Aujourd’hui, sa tâche est de sécuriser et d’étendre les “zones de paix démocratique” ; de dissuader l’émergence d’une nouvelle grande-puissance concurrente ; de défendre les régions clés de l’Europe, de l’Asie Orientale et du Moyen-Orient ; et de préserver la suprématie américaine à travers la transformation de la guerre, rendue possible par les nouvelles technologies.
De 1945 à 1990, les forces armées américaines se sont préparées pour une unique guerre mondiale qui pouvait être menée sur de nombreux théâtres ; dans ce nouveau siècle, la prévision est une variété de théâtres dans le monde, contre des adversaires distincts et séparés, poursuivant des objectifs distincts et séparés.
Pendant la Guerre Froide, la localisation de la principale superpuissance rivale, le “centre de gravité” stratégique, était en Europe, où des forces conventionnelles importantes américaines et de l’OTAN se préparaient à une guerre nucléaire ; et, l’Europe étant maintenant généralement en paix, il semble que le nouveau centre stratégique se déplace vers l’Asie Orientale.
Les missions des forces armées de l’Amérique n’ont pas diminué autant qu’elles se sont déplacées.
Pendant la Guerre Froide, l’Amérique a acquis sa sécurité par la dissuasion globale.
Pour les missions d’aujourd’hui, cette même sécurité ne peut être acquise qu’au niveau “détaillant”, par la dissuasion ou, lorsque cela est nécessaire, en contraignant les ennemis régionaux à agir de telle façon que les intérêts et les principes américains soient protégés. Aujourd’hui, l’ Amérique dépense moins de 3 % de son PIB pour sa Défense nationale, moins qu’à tout autre moment depuis que les Etats-Unis se sont établis comme la puissance dirigeante du monde. Le fossé, entre la gamme variée et étendue des nouvelles réalités stratégiques et la réduction des forces armées et de leurs ressources, explique en grande partie pourquoi les chefs d’états-majors interarmes déclarent régulièrement qu’ils voient un “grand risque” dans l’exécution des missions assignées aux forces armées selon la stratégie militaire nationale déclarée du gouvernement.
Effectivement, une appréciation effectuée par les chefs d’états-majors en plein milieu de la guerre aérienne du Kosovo a trouvé que le niveau de risque était “inacceptable”.
De tels risques sont le fruit d’une combinaison entre les nouvelles missions décrites ci-dessus et la réduction dramatique de la force militaire ces dix dernières années.
Aujourd’hui, l’Amérique dépense moins de 3% de son PIB pour sa Défense nationale, moins qu’à tout autre moment depuis la Deuxième Guerre Mondiale – en d’autres termes, depuis que les Etats-Unis se sont établis eux-mêmes comme la puissance dirigeante du monde – et une réduction des 4,7% du PIB en 1992, le premier vrai budget de Défense de l’après-Guerre Froide.
La majeure partie de cette réduction s’est produite sous l’Administration Clinton.
Malgré ses promesses initiales de se rapprocher du niveau de dépense pour la Défense prévu par le programme final de l’Administration Bush, le Président Clinton a réduit le programme de Bush de 160 milliards de dollars rien qu’entre 1992 et 1996.
Pendant les sept années de l’Administration Clinton, environ 426 milliards d’investissement en matière de défense ont été reportés, créant un coût d’acquisition d’armement proprement gigantesque.
L’effet le plus immédiat de la réduction des dépenses de Défense a été d’accélérer le déclin du niveau de préparation au combat.
Dans tous les services de l’armée, des unités rapportent un niveau de préparation dégradé, une pénurie de pièces et de personnel, des régiments dont l’entraînement est reporté et simplifié, et bien d’autres problèmes.
Lors d’auditions parlementaires sous serment, les chefs d’états-majors rapportent régulièrement que leurs forces sont inadéquates pour remplir les exigences à “deux guerres” de la stratégie militaire nationale.
L’attention de la presse a été attirée par ces problèmes de niveau de préparation lorsqu’il fut révélé que deux divisions de l’Armée reçurent une note “C-4”, signifiant qu’elles n’étaient pas prêtes pour aller au combat.
En même temps, il était peut-être encore plus éloquent qu’aucune des dix divisions de l’Armée n’atteigne la meilleure note, “C-1”, reflétant les effets à grande échelle du glissement des standards de préparation.
En contraste, chaque division qui fut déployée dans l’Opération Tempête du Désert en 1990 et en 1991 reçut une note “C-1”.
Voici tout simplement un instantané qui capture l’état actuel des forces armées des Etats-Unis.
Ces problèmes de niveau de préparation sont aggravés par le fait que les forces américaines sont pauvrement positionnées pour répondre aux crises d’aujourd’hui.
Par exemple en Europe, l’écrasante majorité des unités des Forces Terrestres et Aériennes sont maintenues dans leurs bases de l’époque de la Guerre Froide, en Angleterre et en Allemagne, alors que les problèmes de sécurité sur ce continent se sont déplacés vers le Sud-Est de l’Europe.
Les rotations temporaires des forces vers les Balkans et ailleurs en Europe du Sud-Est multiplient le fardeau global supporté par ces opérations.
De la même manière, l’Administration Clinton a entretenu la fiction selon laquelle les opérations des forces américaines dans le Golfe Persique ne sont que des charges temporaires.
Presque dix années après la Guerre du Golfe, les forces aériennes, navales et terrestres des Etats-Unis continuent de protéger les intérêts américains durables dans cette région.
En addition aux forces navales en rotation, l’Armée de Terre, neuf mois par an, maintient au Koweït au mieux une brigade blindée ; l’US Air Force dispose de deux ailes aériennes en matériau composite pour les opérations permanentes “d’interdiction d’espace aérien” au Nord et au Sud de l’Irak.
Et malgré les inquiétudes croissantes concernant l’ascension de la Chine et l’instabilité en Asie du Sud-Est, les forces américaines sont presque exclusivement cantonnées dans des bases situées au Nord-Est de l’Asie. Pourtant, pour tous ces problèmes concernant l’exécution des missions d’aujourd’hui, le Pentagone n’a pratiquement rien fait pour se préparer à un futur qui promet d’être très différent et bien plus dangereux.
Il est désormais communément compris que l’information et autres nouvelles technologies, de même que la prolifération étendue d’armes et de technologies, créent une dynamique qui peut menacer la capacité de l’Amérique à exercer sa puissance militaire dominatrice.
Des rivaux potentiels comme la Chine sont avides d’exploiter à grande échelle ces technologies de transformation, tandis que des adversaires comme l’Iran, l’Irak et la Corée du Nord, se dépêchent de développer des missiles balistiques et des armes nucléaires pour dissuader l’intervention des Etats-Unis dans des régions qu’ils cherchent à dominer.
Pourtant le Ministère de la Défense et les services armés s’accrochent d’une manière encore plus ferme aux concepts et aux programmes traditionnels.
Comme Andrew Krepinevich, un membre du National Defense Panel, l’a dit dans une étude récente d’expérimentation du Pentagone : “Malheureusement, le discours du Ministère de la Défense, qui affirme la nécessité d’une transformation militaire et du soutien à une expérimentation conjointe, doit encore être suivie par un grand sens de l’urgence ou par tout soutien substantiel en ressources… En ce moment, l’effort du Ministère n’attire pas beaucoup l’attention et il est déplorablement sous-financé”… En somme, les années 90 ont été une “décennie de négligence de la Défense”.
Cela laisse le prochain président des Etats-Unis face à un défi énorme : soit il doit accroître les dépenses militaires afin de préserver le leadership géopolitique de l’Amérique, soit il devra se retirer des engagements en matière de sécurité, qui représentent la position des Etats-Unis en tant qu’unique superpuissance et dernière garante de la sécurité, des libertés démocratiques et des droits politiques individuels.
Ce choix sera un des premiers auquel sera confronté le nouveau président : une nouvelle législation requerra de l’administration entrante qu’elle façonne une stratégie de sécurité nationale dans les six mois qui suivront son arrivée au pouvoir, au lieu d’attendre une année entière et d’achever une autre révision quadriennale de la Défense trois mois après.
Dans un sens plus large, le nouveau président choisira si “l’instant unipolaire” actuel, pour paraphraser l’éditorialiste Charles Krauthammer quand il parle de la suprématie géopolitique actuelle de l’Amérique, se poursuivra par la paix et la prospérité qu’il procure. Cette étude cherche à encadrer clairement ces choix et à reconstituer les liens entre la politique étrangère des Etats-Unis, la stratégie en matière de sécurité, la planification des Forces et les dépenses militaires.
Si l’on veut que la Pax Americana se maintienne et qu’elle s’étende, elle doit trouver ses fondements dans une suprématie militaire des Etats-Unis qui n’est pas remise en question.
QUATRE MISSIONS ESSENTIELLES.
Le leadership mondial des Etats-Unis et leur rôle de garant de la paix actuelle en tant que grande-puissance reposent sur la sécurité de la patrie américaine ; sur la préservation d’un équilibre favorable de puissance, en Europe, au Moyen-Orient et dans la région périphérique productrice d’énergie, ainsi qu’en Asie Orientale ; et sur la stabilité générale du système international des nations-états, eu égard aux terroristes, au crime organisé, et autres acteurs “non étatiques”.
L’importance relative de ces éléments et des menaces qui pèsent sur les intérêts américains peut être plus ou moins grande au fil du temps.
L’Europe, par exemple, est devenue extraordinairement pacifique et stable, malgré le désarroi dans les Balkans.
À l’inverse, l’Asie Orientale semble entrer dans une période s’accompagnant d’un potentiel accru d’instabilité et de concurrence.
Dans le Golfe, la puissance et la présence américaines ont apporté une relative sécurité externe aux alliés des Etats-Unis, mais les perspectives à long terme sont plus opaques.
En général, la stratégie américaine pour les décennies à venir devrait chercher à consolider les grandes victoires gagnées au 20 ième siècle – qui ont transformé l’Allemagne et le Japon, par exemple, en démocraties stables –, à maintenir la stabilité au Moyen-Orient, tout en installant les conditions pour remporter des succès au 21ème siècle et particulièrement en Asie Orientale. Aucune Révision de la Défense des dix dernières années n’a ni mesuré pleinement l’éventail des missions qu’exige le leadership global des Etats-Unis, ni quantifié correctement les Forces et les ressources nécessaires à la réussite de ces missions. Renoncer à l’une quelconque de ces exigences appellerait à remettre en question le statut de l’Amérique en tant que puissance dirigeante.
Ainsi que nous l’avons vu, même un petit échec, comme celui en Somalie, ou une interruption et un triomphe incomplet, comme dans les Balkans, peuvent semer le doute sur la crédibilité des Etats-Unis.
L’échec à définir une stratégie militaire et de sécurité globale cohérentes pendant la période de l’après-Guerre Froide a ouvert la porte aux défis ; des Etats cherchant à établir une hégémonie régionale continuent d’explorer les limites du périmètre de sécurité des Etats-Unis.
Aucune Révision de la Défense de ces dix dernières années n’a mesuré pleinement l’éventail des missions qu’exige l’exercice du leadership global des Etats-Unis : défendre la patrie, livrer et gagner de multiples guerres à grande-échelle, conduire des missions de maintien de l’ordre qui préservent la paix actuelle et transformer les forces armées américaines pour exploiter la “révolution dans les affaires militaires”.
Les forces et les ressources nécessaires à l’exécution de ces missions, séparément et avec succès, n’ont pas été non plus adéquatement quantifiées.
Alors que de nouvelles analyses bien plus détaillées serait nécessaires, l’objet de cette étude est d’établir dans ses grandes lignes la taille et le “spectre complet” des forces qui sont nécessaires pour mener les diverses tâches qu’exige, pour aujourd’hui et pour demain, la stratégie de suprématie des Etats-Unis.
LA DÉFENSE DE LA PATRIE.
L’Amérique doit défendre sa patrie.
Pendant la Guerre Froide, la dissuasion nucléaire était l’élément clé de la défense nationale ; cela reste essentiel.
Mais le nouveau siècle a apporté avec lui ses nouveaux défis.
Tout en reconfigurant leur force nucléaire, les Etats-Unis doivent aussi contrer les effets de la prolifération des missiles balistiques et des armes de destruction massive qui peuvent prochainement permettre à de petits Etats de dissuader l’action militaire des Etats-Unis en menaçant leurs alliés et la patrie américaine elle-même.
De toutes les missions nouvelles et actuelles des forces armées américaines, ceci doit être la priorité.
GRANDES GUERRES.
Les Etats-Unis doivent maintenir des forces suffisantes capables de se déployer rapidement et de gagner simultanément des guerres multiples à grande-échelle et capables aussi de répondre aux imprévus, dans des régions où ils ne maintiennent pas de forces dans des bases avancées.
Ceci ressemble au standard de la “guerre double” [twowars] qui a servi de base à la planification de la Force américaine pendant ces dix dernières années.
Pourtant ce standard a besoin d’être mis à jour pour tenir compte des nouvelles réalités et des nouveaux conflits potentiels.
MISSIONS DE MAINTIEN DE L’ORDRE.
Le Pentagone doit conserver des forces pour préserver la paix actuelle lors de campagnes dans les principaux théâtres dont la conduite est un peu courte.
Dix années d’expérience et les politiques de deux administrations ont montré que de telles forces doivent être déployées pour répondre aux besoins de la nouvelle mission à long-terme de l’OTAN dans les Balkans, à la poursuite des missions d’interdiction d’espace aérien et autres en Asie du Sud-Est, et des autres missions de présence dans des régions vitales d’Asie Orientale.
Ces tâches sont désormais les missions les plus fréquentes et elles nécessitent des forces configurées pour le combat et capables d’effectuer sur le long terme des opérations indépendantes de maintien de l’ordre.
TRANSFORMER LES FORCES ARMÉES AMÉRICAINES.
Enfin, le Pentagone doit commencer maintenant à exploiter la “révolution dans les affaires militaires”, déclenchée par l’introduction des technologies avancées dans les systèmes militaires ; ceci doit être considéré comme une mission séparée et essentielle, méritant une part des budgets de la Défense et de la structure de la force.
Les forces armées américaines actuelles sont mal préparées pour exécuter ces quatre missions.
Ces dix dernières années, les efforts effectués en vue d’élaborer et de construire un système balistique de défense ont été mal conçus et sous-financés et l’Administration Clinton a proposé des réductions profondes des forces nucléaires américaines sans une analyse suffisante du changement de l’équilibre nucléaire global des forces.
Tandis qu’en règle générale, les Etats-Unis maintiennent désormais des forces d’active et de réserve suffisantes pour répondre au standard traditionnel de deux-guerres, cela est vrai seulement dans l’abstrait, sous les conditions géopolitiques les plus favorables.
Ainsi que les chefs d’états-majors interarmées l’ont reconnu à plusieurs reprises lors d’auditions parlementaires sous serment, ils ne disposent pas des forces nécessaires pour répondre aux critères de référence de la guerre-double tels qu’exprimés dans les plans des commandants en chef régionaux.
Les besoins en forces pour des guerres majeures doivent être réévalués pour accompagner les nouvelles réalités stratégiques.
Une de ces nouvelles réalités est le besoin en opérations de maintien de la paix ; à moins que l’on ne comprenne mieux cette nécessité, la capacité de l’Amérique à livrer des guerres importantes sera mise en danger.
De la même manière, le processus de transformation s’est fait renvoyé dans les cordes sans ménagement. Afin de répondre aux besoins des quatre nouvelles missions mises en lumière ci-dessus, les Etats-Unis doivent entreprendre un processus à deux étages.
La tâche immédiate est de reconstruire la Force actuelle, en s’assurant qu’elle soit égale aux tâches qui l’attendent : façonner l’environnement de temps de paix et gagner simultanément de multiples batailles localisées ; ces forces doivent être assez importantes pour accomplir ces tâches sans courir les risques “élevés” ou “inacceptables” auxquels elles font face à présent.
La deuxième tâche est de s’engager sérieusement dans la transformation du Département de la Défense.
Cette tâche à elle seule est déjà un effort à deux étages : pour la prochaine décennie, voire plus, les forces armées continueront d’exploiter un grand nombre des mêmes systèmes, comme elles le font aujourd’hui, de s’organiser en unités traditionnelles et d’employer des concepts opérationnels courants.
Toutefois, cette période de transition doit représenter une première étape vers une réforme plus substantielle.
Pour les décennies suivantes, les Etats-Unis doivent installer un système de défense global de missiles balistiques, moyens divins de contrôler les nouvelles “parties communes internationales” que sont l’espace et le cyberespace, et ils doivent construire de nouvelles formes de forces conventionnelles pour des défis stratégiques différents et un nouvel environnement technologique.
Les Forces Nucléaires.
Ce qui est communément admis au sujet des forces stratégiques dans le monde de l’après-Guerre Froide est résumé dans un commentaire émis par feu LeeAspin, le premier Secrétaire à la Défense de l’Administration Clinton.
Aspin a écrit que l’effondrement de l’Union Soviétique avait “littéralement inversé les intérêts des Etats-Unis pour les armes nucléaires” et, “Aujourd’hui, si on nous offrait une baguette magique pour éradiquer l’existence et la connaissance des armes nucléaires, il y a de grandes chances pour que nous l’acceptions“…
Et comme les Etats-Unis sont la puissance conventionnelle dominante du monde, ce sentiment est compréhensible.
Mais c’est précisément parce que nous avons une telle puissance que des Etats adverses plus petits, cherchant un avantage égalisateur, sont déterminés à acquérir leurs propres armes nucléaires.
Quels que soient nos vœux les plus chers, la réalité du monde d’aujourd’hui est qu’il n’y a pas de baguette magique avec laquelle on pourrait éliminer ces armes (ou plus radicalement, l’intérêt de les acquérir) et que dissuader d’en faire usage nécessite une capacité nucléaire des Etats-Unis, fiable et dominante. Tandis que la position officielle des Etats-Unis en matière nucléaire est restée conservatrice à travers la Position Nucléaire de 1994 [1994 Nuclear Posture] et la Révision Quadriennale de la Défense de 1997, et que des dirigeants de haut niveau du Pentagone parlent du besoin continuel de forces nucléaires de dissuasion, l’Administration Clinton a pris à plusieurs reprise des mesures pour saper le niveau de préparation et d’efficacité des forces nucléaires américaines.
En particulier, elle a virtuellement cessé le développement d’armes nucléaires plus sûres et plus efficaces ; amené les essais souterrains vers l’arrêt total ; et laissé s’atrophier le complexe d’armement ainsi que l’expertise scientifique conjointe du Ministère de l’Energie, à cause du manque de soutien.
Cette administration a aussi pris la décision de maintenir les armes actuelles dans la force d’active pendant des années, au-delà de la durée pour laquelle elles ont été conçues.
Lorsqu’elle est combinée avec la décision de faire des économies sur les vols ordinaires, non-nucléaires, ainsi que sur les essais systémiques des armes elles-mêmes, cela soulève une foule de questions sur la continuité de la sûreté et de la fiabilité de l’arsenal stratégique national.
La gestion par cette Administration de la capacité de dissuasion de la nation a été décrite avec justesse par le Congrès, comme une “érosion à dessein”.
Une nouvelle appréciation de l’équilibre nucléaire mondial qui prend en compte les forces chinoises et les autres forces nucléaires (y compris russes), doit précéder les décisions concernant les réductions des forces nucléaires américaines.
Plutôt que de maintenir et d’améliorer la dissuasion nucléaire de l’Amérique, l’Administration Clinton a placé sa foi dans les nouvelles mesures de contrôle des armements, et tout particulièrement en signant le Traité d’Interdiction Complète des Essais nucléaires (TICE).
Ce traité proposait un nouveau régime multilatéral, composé de quelques 150 Etats, dont l’effet principal aurait été d’entraver le rôle unique des Etats-Unis dans la fourniture d’un parapluie nucléaire global qui permet d’éviter que des Etats comme le Japon ou la Corée du Sud ne développent des armes qu’ils ont largement la capacité scientifique de mettre au point, tout en ne faisant pas grand chose pour enrayer la prolifération des armes nucléaires.
Bien que le Sénat ait refusé de ratifier ce traité, cette administration continue d’en respecter ses contraintes de base.
Et tandis qu’il y aurait un sens à poursuivre pour l’instant le moratoire actuel sur les essais nucléaires, étant donné que cela prendra un certain nombre d’année pour rénover les infrastructures d’essais qui ont été négligées, au bout du compte, cette situation est intenable.
Si les Etats-Unis doivent disposer d’une dissuasion nucléaire qui est à la fois efficace et sûre, ils auront besoin de procéder à des essais. La gestion par le gouvernement de la capacité de dissuasion nucléaire de la nation a été décrite par le Congrès comme une “érosion voulue” Ceci dit, de tous les éléments du positionnement de la Force militaire des Etats-Unis, peut-être qu’aucunes n’ont le plus besoin d’une réévaluation que les armes nucléaires américaines.
Les armes nucléaires restent la composante essentielle de la puissance américaine mais il n’est pas clair si l’actuel arsenal nucléaire des Etats-Unis est bien adapté au monde émergent de l’après Guerre-Froide.
Désormais, le calcul stratégique comprend plus de facteurs que le simple équilibre de la terreur entre les Etats-Unis et la Russie.
La planification de la force nucléaire des Etats-Unis et les politiques de contrôle des armes correspondantes devra prendre en compte un éventail plus large de variables que par le passé, y compris le nombre croissant de petits arsenaux nucléaires, de la Corée au Pakistan et, peut-être bientôt, à l’Iran et à l’Irak… et la force nucléaire chinoise, modernisée et déployée.
De plus, il y a une question qui se pose à propos du rôle que les armes nucléaires devraient jouer pour dissuader l’utilisation d’autres sortes d’armes de destruction massive, telles que les armes chimiques et biologiques, avec les Etats-Unis qui ont renoncé au développement et à l’utilisation de ces armes.
Il faut ajouter qu’il peut y avoir une nécessité de développer une nouvelle famille d’armes nucléaires, conçues pour répondre à une nouvelle gamme de besoins militaires, comme celui qui serait requis pour cibler à une grande profondeur les bunkers renforcés, qui sont construits par un grand nombre de nos adversaires potentiels.
De la même manière, il n’y a pas eu d’analyse sérieuse sur le rapport bénéfices/coûts à maintenir la “triade” nucléaire traditionnelle.
Ce dont nous avons besoin en premier lieu, c’est d’une estimation globale nette sur combien d’armes nucléaires, et de quelles natures, les Etats-Unis ont besoin pour répondre à leurs responsabilités en matière de sécurité dans un monde post-soviétique. Les chefs d’états-majors interarmées ont admis qu’ils ne disposent pas des forces nécessaires pour répondre aux critères de référence de la “guerre-double”. En résumé, tant que le Département de la Défense ne peut pas mieux définir ses besoins nucléaires futurs, il se pourrait qu’il n’ait pas prévu les conséquences des réductions significatives des forces nucléaires américaines sur la sécurité des Etats-Unis et de ses alliés.
Après réflexion, il est possible de réclamer des réductions.
Mais ce qui devrait, en fin de compte, piloter la taille et le caractère de nos forces nucléaires n’est pas la parité numérique avec les capacités russes, mais le maintien de la supériorité stratégique américaine… et, avec cette supériorité, une capacité à dissuader de possibles coalitions de puissances nucléaires hostiles.
On ne doit pas avoir honte de la supériorité nucléaire des Etats-Unis ; au contraire, elle sera un élément essentiel de la préservation du leadership américain dans un monde plus complexe et plus chaotique.
Les Forces pour les Théâtres de Guerre Majeurs.
Une des forces constantes du Pentagone dans la planification, tout au long de la décennie passée, a été de reconnaître le besoin de maintenir des forces de combat suffisantes pour livrer bataille et vaincre, aussi rapidement et décisivement que possible, sur de multiples, et quasi simultanés, théâtres de guerre majeurs.
Cette constance est basée sur deux vérités importantes à propos de l’ordre international actuel.
La première, que le compromis de la Guerre Froide entre l’Amérique et ses alliés d’une part… et la Russie, d’autre part…, qui était établi prudemment et qui décourageait l’agression directe contre les intérêts de sécurité majeurs des deux parties…, n’existe plus.
La deuxième, que la guerre conventionnelle reste un moyen viable pour les Etats agressifs de rechercher des changements majeurs dans l’ordre international.
L’invasion du Koweït par l’Irak en 1990 reflétait ces deux vérités.
Cette invasion aurait été fortement improbable, voire impossible, dans le contexte de la Guerre Froide, mais l’Irak submergea le Koweït en quelques heures.
Ces deux vérités en ont révélée une troisième : le maintien ou la restauration d’un ordre favorable dans des régions vitales du monde telles que l’Europe, le Moyen-Orient et l ‘Asie Orientale place une responsabilité unique sur les forces armées des Etats-Unis.
La Guerre du Golfe et, bien sûr, les guerres suivantes de moindre importance dans les Balkans pouvaient difficilement être livrées et gagnées sans le rôle dominant joué par la puissance militaire américaine.
Ainsi, comprendre que les forces armées américaines devraient être façonnées selon le standard “deux guerres” a été accepté à juste titre comme le coeur du statut de superpuissance de l’Amérique, depuis la fin de la Guerre Froide.
La logique des Révisions de Défense passées est toujours de rigueur et a été présentée clairement lors du QDR de 1997, qui argumentait ainsi : “Une Force dimensionnée et équipée pour dissuader l’agression et la faire échouer, dans plus d’un théâtre de guerre à la fois, offre la garantie que les Etats-Unis maintiendront la flexibilité nécessaire pour faire face à l’imprévisible et à l’inattendu”.
Une telle capacité est la condition sine qua non d’une superpuissance et elle est essentielle pour la crédibilité de notre stratégie générale de sécurité nationale… .
Si les Etats-Unis devaient renoncer à leur capacité de vaincre contre des agressions dans plus d’un théâtre de guerre à la fois, notre réputation en tant que puissance globale, en tant que partenaire de choix pour la sécurité et en tant que leader de la communauté internationale, serait remis en question.
Bien sûr, quelques-uns de nos alliés verraient sans aucun doute notre capacité “limitée à une guerre” comme le signal que les Etats-Unis, s’ils étaient engagés lourdement ailleurs, ne pourraient plus défendre leurs intérêts…
Une capacité à un seul théâtre de guerre risquerait de saper la crédibilité des engagements des Etats-Unis en matière de sécurité dans les régions clés du monde.
En retour, ceci pourrait amener nos alliés et nos amis à adopter des positions et des politiques de défense plus divergentes, affaiblissant ainsi le réseau d’alliances et de coalitions sur lequel nous comptons pour protéger nos intérêts à l’étranger. Bref, tout ce qui est inférieur à une capacité claire de “deux guerres”, menace de dégénérer en une stratégie de “pas de guerre”.
Malheureusement, la réflexion du Département de la Défense sur cette nécessité fut gelée au début des années 90.
L’expérience de l’Opération “Force Alliée” dans les Balkans suggère que le standard canonique de “deux-guerres” pour le dimensionnement de la Force a plus de chance d’être trop bas que d’être trop élevé.
La campagne aérienne du Kosovo a fini par impliquer le niveau de forces qui était anticipé pour une guerre majeure, mais dans un autre théâtre que les deux prévus (la péninsule coréenne et l’Asie du Sud-Est), qui ont suscité au Pentagone, par le passé, des scénarios prévisionnels.
De plus, de nouveaux théâtres de guerre peuvent être anticipés, comme la défense de Taiwan par les Etats-Unis contre une invasion chinoise ou une attaque punitive, et attendent toujours d’être pris officiellement en considération par les planificateurs du Pentagone. Afin de mieux juger des forces nécessaires à la construction de la Pax Americana, le Pentagone doit d’abord calculer la Force nécessaire à la protection permanente, et de manière indépendante, des intérêts américains en Europe, en Asie Orientale et dans le Golfe.
Les actions de nos adversaires dans ces régions ne montrent rien de plus qu’une relation secondaire de l’un à l’autre ; et il est plus que probable que l’une de ces puissances régionales saisira l’occasion, créée par le déploiement des forces américaines ailleurs, pour susciter des troubles. C’est pourquoi, le standard d’un “théâtre de guerre majeur” devrait rester le principal outil de dimensionnement de l’Armée pour les forces conventionnelles américaines.
Cela ne veut pas dire que cette mesure a été appliquée parfaitement dans le passé : les analyses du Pentagone ont été, à tour de rôle, soit trop optimistes ou soit trop pessimistes.
Par exemple, les analyses effectuées sur la nécessité de mettre en échec une invasion du Koweït et de l’Arabie Saoudite par l’Irak surestime presque certainement le niveau de force requise.
À l’inverse, les analyses passées sur la défense de la Corée du Sud ont peut-être sous-estimé les difficultés d’une telle guerre, surtout si la Corée du Nord emploie des armes nucléaires, comme les estimations des services secrets l’anticipent.
De plus, l’analyse du théâtre de guerre effectuée pour le QDR suppose que Kim Jong Il et Saddam Hussein pourraient chacun démarrer une guerre, peut-être même en utilisant des armes chimiques, biologiques ou même nucléaires… et les Etats-Unis ne feraient aucun effort pour déloger militairement l’un ou l’autre de ces dirigeants.
Dans les deux cas, les jeux de guerre passés du Pentagone ont pris peu ou prou en considération les besoins en force, nécessaires non seulement pour mettre en échec une attaque, mais aussi pour retirer le pouvoir à ces régimes et conduire des opérations post-combat de stabilité.
En bref, l’application passée par le Département de la Défense du standard “deux-guerres” n’est pas un guide fiable pour les véritables besoins en force… et, bien sûr, les Révisions passées ne comprenaient pas d’analyse sur le type de campagne en Europe comme on l’a vu avec l’Opération Force Alliée.
Parce que les Révisions de stratégie passées du Pentagone furent des exercices déterminés par les considérations budgétaires, il sera nécessaire de conduire des analyses fraîches et plus réalistes, même sur les scénarios canoniques de “deux-guerres”. En somme, tout en maintenant l’esprit des plans de Force passés pour les guerres majeures, le Département de la Défense doit entreprendre une révision plus nuancée et plus profonde des vrais besoins.
Les vérités qui ont donné naissance au standard original de “deux-guerres” sont toujours d’actualité : les adversaires de l’Amérique continueront de résister à la construction de la Pax Americana ; lorsqu’ils voient une occasion, comme Saddam le fit en 1990, ils emploieront leurs forces armées les plus puissantes pour gagner sur le champ de bataille ce qu’ils ne pourraient pas gagner dans une concurrence pacifique ; et les forces armées américaines resteront au coeur de l’effort pour dissuader, vaincre, ou retirer du pouvoir les agresseurs régionaux.
Les Forces nécessaires aux Tâches de “Maintien de l’Ordre”.
En addition à l’amélioration de l’analyse nécessaire pour quantifier les besoins concernant les théâtres de guerre majeurs, le Pentagone doit aussi en venir aux prises avec les véritables besoins des missions de maintien de l’ordre.
Le QDR a reconnu à juste titre que ces missions, qu’il a appelées “les imprévus à plus petite-échelle”, ou SSCs [Smaller-Scale Contingencies], seraient le régime fréquent et inévitable des forces armées américaines pour de nombreuses années à venir.
La Révision concluait ainsi : “En se basant sur les expériences récentes et sur les projections des services de renseignements, on s’attend à ce que la demande pour des opérations SSC reste élevée pendant les 15 à 20 prochaines années“.
Pourtant, en même temps, le QDR a échoué à allouer toute force pour ces missions, poursuivant la fiction selon laquelle, pour des questions de planification des forces, les missions de maintien de l’ordre seraient considérées comme des cas de moindre importance, inclus dans les besoins des théâtres de guerre majeurs.
Les forces américaines doivent aussi pouvoir se retirer des opérations SSC, se reconstituer, et puis se déployer vers un théâtre de guerre majeur en accord avec les calendriers requis. Les points faibles de cette approche ont été mis en valeur par l’expérience de l’Opération Force Alliée dans les Balkans.
C’est précisément parce que les forces engagées là-bas n’auraient pas été capables de se retirer, de se reconstituer et de se redéployer pour une autre opération – et parce que cette opération a consommé une part si importante de l’aviation de l’Air Force – que les chefs d’états-majors interarmées conclurent que les Etats-Unis courraient un risque “inacceptable” dans l’éventualité d’une guerre qui se déclarerait ailleurs.
Donc, pour faire face aux réalités des multiples missions de maintien de l’ordre il faut une allocation permanente de forces armées américaines.
Le nombre croissant de missions de maintien de l’ordre pour les soldats américains, comme au Kosovo, doit être considéré par le Pentagone comme un élément intégral de la planification des forces.
Ce problème ne peut non plus être résolu en se contentant de se retirer des missions actuelles de maintien de l’ordre ou en espérant les éviter à l’avenir.
Se retirer aujourd’hui des missions continues serait vraiment problématique.
Bien que les opérations d’interdiction de survol du Nord et du Sud de l’Irak se sont poursuivies sans pause pendant presque une décennie, elles restent un élément essentiel de la stratégie américaine et du positionnement de la Force dans la région du Golfe Persique.
Mettre fin à ces opérations offrirait à Saddam Hussein une victoire importante, quelque chose que tout dirigeant américain détesterait faire.
De la même manière, se retirer des Balkans remettrait en question le leadership américain en Europe, la viabilité même de l’OTAN.
Alors qu’aucunes de ces opérations n’impliquent de menace mortelle, elles engagent directement les intérêts des Etats-Unis en matière de sécurité nationale, tout en engageant les intérêts moraux américains. De plus, ces missions de maintien de l’ordre sont bien plus complexes et ont plus de chance d’engendrer la violence que les missions traditionnelles de “maintien de la paix”.
Premièrement, elles nécessitent le leadership politique américain plutôt que celui des Nations-Unies, ainsi que l’échec de la mission de l’O.N.U. au Kosovo l’atteste.
Les Etats-Unis ne peuvent pas non plus présumer de la position de neutralité du type de celle de l’ONU.
La prépondérance de la puissance américaine est si grande et ses intérêts globaux si larges qu’ils ne peuvent pas prétendre être indifférents à l’issue politique dans les Balkans, dans le Golfe Persique ou même lorsqu’ils déploient des forces en Afrique.
Finalement, ces missions exigent des forces essentiellement configurées pour le combat.
Alors qu’elles demandent aussi du personnel doté de compétences spéciales (langues, logistique et autre), le premier ordre de préoccupation dans des missions, comme celle dans les Balkans, est d’établir la sécurité, la stabilité et l’ordre.
Les soldats américains, en particulier, doivent être considérés comme partie intégrante d’une Force irrésistiblement puissante.
Après une dizaine d’années d’expérience, à la fois en ce qui concerne les besoins des missions courantes de maintien de l’ordre et l’environnement politique chaotique de l’ère de l’après-Guerre Froide, le Département de la Défense est plus que capable de conduire une étude prévisionnelle pour quantifier les besoins généraux des forces engagées dans des tâches de maintien de l’ordre.
Tandis qu’une partie de la solution repose sur le repositionnement des forces existantes, il n’y a pas d’échappatoire à la conclusion selon laquelle ces nouvelles missions, non prévues lorsque l’ébauche de Défense commença il y a 10 ans, requièrent une augmentation de la force de l’ensemble du personnel et de la structure de l’armée des Etats-Unis.
Transformation des Forces.
Le quatrième élément de la position de l’armée américaine et certainement celui qui détient la clé de tout espoir à plus long terme d’étendre la Pax Americana, est la mission de transformer les forces militaires américaines pour faire face aux nouveaux défis géopolitiques et technologiques.
Alors que la toute première directive pour la transformation sera d’ébaucher et de déployer un système de défense balistique, les effets de l’information et des autres technologies avancées promettent de révolutionner la nature des forces armées conventionnelles.
De plus, le besoin de créer des systèmes d’armement optimisés pour les opérations dans le théâtre du Pacifique créeront des besoins assez distincts de la génération actuelle des systèmes conçus pour la guerre sur le continent européen et ces nouveaux systèmes comme l’avion de combat F-22 qui furent aussi développés pour faire face aux besoins de la fin de la Guerre Froide. Bien que le concept de base pour un système de défense balistique global, capable de défendre les Etats-Unis et leurs alliés contre la menace de missiles balistiques plus petits et plus simples, ait été bien compris depuis la fin des années 80, une décennie entière a été gaspillée pour développer les technologies requises.
En fait, le travail sur les éléments clés d’un tel système, surtout sur ceux qui agiraient dans l’espace, a soit été trop ralenti, soit arrêté complètement, et donc, le processus pour déployer un système de missiles solide reste un projet à long terme.
Ne serait-ce que pour cette seule raison, la mission de créer un tel système de défense balistique devrait être considéré comme une question de transformation de l’armée. Pour que les Etats-Unis maintiennent leurs avantages technologiques et tactiques dont ils bénéficient actuellement, l’effort de transformation doit être considéré comme une mission militaire aussi pressante que la préparation aux théâtres de guerre d’aujourd’hui. Une défense efficace constituée de missiles balistiques sera l’élément central de l’exercice de la puissance américaine et de la projection des forces militaires des Etats-Unis à l’étranger.
Sans lui, des Etats faibles pilotant de petits arsenaux de missiles balistiques de croisière, armés de têtes nucléaires basiques ou d’autres armes de destruction massive, seront dans une position forte pour dissuader les Etats-Unis d’utiliser une force conventionnelle, peu importe les avantages technologiques ou autres dont nous pouvons bénéficier.
Si de tels ennemis sont seulement capables de menacer les alliés des Etats-Unis plutôt que la patrie américaine elle-même, la capacité de l’Amérique à projeter sa puissance sera sérieusement compromise.
Hélas, ni les stratèges de l’Administration, ni les planificateurs du Pentagone, ne semblent avoir saisi ce point élémentaire ; certes, les efforts pour financer, ébaucher et développer un système efficace de défense balistique ne reflètent aucun sens d’urgence.
Néanmoins, la première tâche pour transformer l’armée américaine afin de faire face aux réalités technologiques et stratégiques d’un nouveau siècle est de créer un tel système. Créer un système global de défense balistique est vraiment la première tâche de transformation à accomplir ; le besoin de refaçonner les forces conventionnelles des Etats-Unis est pratiquement aussi urgent.
Bien que les forces américaines possèdent des capacités et bénéficient d’avantages qui surpassent de loin même nos plus riches et nos plus proches alliés et à plus forte raison nos ennemis déclarés et potentiels…, la combinaison des changements techno-logiques et stratégiques, qui caractérise le nouveau siècle, fait courir un risque à ces avantages.
Les forces conventionnelles américaines d’aujourd’hui sont les maîtresses d’un paradigme mûri de l’art de la guerre, caractérisées par la domination des véhicules blindés, des porte-avions et, surtout des avions tactiques habités, qui commencent à être dépassés par un nouveau paradigme, caractérisé, lui, par des attaques de précision à longue portée et la prolifération des technologies liées aux missiles.
L’ironie, c’est que ce sont les Etats-Unis qui ont exploré cette nouvelle forme de guerre conventionnelle de haute-technologie : cela fut suggéré par la Guerre du Golfe de 1991 et fut révélé plus en détail par les opérations de ces dix dernières années.
Même la guerre aérienne “Force Alliée” pour le Kosovo a montré une version déformée du paradigme émergent de l’art de la guerre. Pourtant, même ces capacités d’avant-garde sont les restes des investissements réalisés d’abord au milieu et à la fin des années 80 ; tout au long des dix dernières années, le rythme d’innovation au sein du Pentagone s’est ralenti sensiblement.
En partie, cela est dû aux budgets réduits de la Défense, à la domination écrasante actuelle des forces américaines et à la multiplication des missions de maintien de l’ordre.
Et sans le défi motivant de la menace de l’Union Soviétique, les efforts d’innovation ont perdu de leur urgence.
Néanmoins, une variété de nouveaux défis potentiels peuvent être clairement prévus.
À titre d’exemple, l’armée chinoise, notamment, cherche à exploiter la révolution dans les affaires militaires pour compenser les avantages américains en matière de puissance navale et aérienne.
Si les Etats-Unis veulent maintenir, lors de conflits conventionnels à grande échelle, leurs avantages technologiques et tactiques dont ils bénéficient actuellement, l’effort de transformation doit être considéré comme une mission aussi pressante que la préparation aux théâtres de guerre potentiels et aux missions de maintien de l’ordre d’aujourd’hui, en effet, cet effort doit recevoir une allocation significative et séparée de forces et de ressources budgétaires pendant les deux prochaines décennies. De plus, le processus de transformation doit se faire à partir d’une appréciation des objectifs stratégiques et géopolitiques américains.
Par exemple, en tant que leader d’un réseau global d’alliances et de partenariats stratégiques, les forces armées américaines ne peuvent pas se replier dans la “Forteresse Amérique”.
Donc, alors que des attaques de précision à longue portée joueront certainement un rôle de plus en plus grand dans les opérations militaires américaines, les forces américaines doivent rester déployées à l’étranger, et en grande quantité.
Pour rester le leader d’une variété de coalitions, les Etats-Unis doivent prendre part aux risques auxquels ses alliés font face ; les garanties en matière de sécurité qui ne dépendent que de la puissance projetée de la partie continentale des Etats-Unis seront inévitablement écartées.
De plus, le processus de transformation devrait se faire dans un esprit de compétition entre les services et les approches interarmes.
Inévitablement, les nouvelles technologies peuvent créer le besoin pour des organisations militaires entièrement nouvelles ; ce rapport démontrera ci-après que l’émergence de l’espace en tant que théâtre de guerre clé suggère avec force que, dans le temps, il peut être sage de créer un “service spatial” séparé.
Jusqu’à présent, le Département de la Défense a tenté d’adopter une approche prématurément conjointe de transformation.
Alors qu’il est certain que les nouvelles technologies permettront une combinaison plus étroite des capacités traditionnelles des services, il est prématuré, dans le processus de transformation, de stopper ce qui devrait être une face saine et compétitive de la “rivalité interarmes”.
C’est parce que les services séparés constituent les institutions militaires les plus adaptées pour fournir les forces destinées à exécuter les missions spécifiques requises par la stratégie des Etats-Unis, qu’ils sont en fait les mieux équipés pour devenir les moteurs de la transformation et du changement dans le contexte des nécessités de missions d’endurance. Finalement, il faut se rappeler que le processus de transformation est certainement un processus : même la vision la plus nette des forces armées du futur doit être ramenée à la compréhension des forces actuelles.
D’une façon générale, il semble probable que le processus de transformation prendra plusieurs décennies et que les forces américaines continueront de piloter de nombreux systèmes, si ce n’est la plupart, d’armement d’aujourd’hui pendant encore une décennie ou plus.
Donc, il peut être prévu que le processus de transformation sera en fait un processus à deux étapes : d’abord, une étape de transition, puis une étape de transformation plus profonde.
La frontière entre ces deux étapes se manifestera lorsque les nouveaux systèmes d’armement en service seront devenus prépondérants, peut-être lorsque, par exemple, des véhicules aériens non-habités commenceront à être aussi nombreux que les avions habités.
Sur ce point, le Pentagone devrait être très prudent lors des gros investissements dans des nouveaux programmes (chars, avions, porte-avions, par exemple), qui engageraient les forces américaines dans les paradigmes actuels de l’art de la guerre pour de nombreuses décennies à venir. En conclusion, il devrait être clair que ces quatre missions essentielles pour maintenir la suprématie militaire américaine sont assez séparées et distinctes les unes des autres, aucune ne devant être considérée comme une “affaire de moindre importance”, dépendant d’une autre, même si elle sont étroitement liées et peuvent, dans certains cas, faire appel à des forces du même type.
À l’inverse, l’échec à fournir des forces suffisantes pour exécuter ces quatre missions devrait générer des problèmes pour la stratégie américaine.
L’échec à construire des défenses balistiques placera l’Amérique et ses alliés en grand danger et compromettra l’exercice de la puissance américaine à l’étranger.
Les forces conventionnelles qui sont insuffisantes pour combattre simultanément sur des théâtres de guerre multiples ne peuvent pas protéger les intérêts globaux américains et alliés.
Négliger ou se retirer des missions de maintien de l’ordre augmentera la probabilité de guerres plus vastes qui éclateront et cela encouragera des tyrans insignifiants à défier les intérêts et les idéaux américains.
Et l’échec à se préparer pour les défis de demain mettra à coup sûr un terme précoce à l’actuelle Pax Americana.
REPOSITIONNER LES FORCES ACTUELLES
Malgré la position centrale prise par les théâtres de guerre majeurs dans la planification de forces conventionnelles, il est devenu évident que les forces américaines ont d’autres rôles vitaux à jouer pour construire une Pax Americana durable.
La présence des forces américaines dans les régions critiques à travers le monde est l’expression visible de l’extension du statut de l’Amérique en tant que superpuissance et garante de la liberté, de la paix et de la stabilité.
Notre rôle dans le façonnage de l’environnement de sécurité en temps de paix est un rôle essentiel, auquel on ne doit pas renoncer au risque d’affronter des coûts élevés : il sera difficile, voire impossible, de garder le rôle de garant global sans une présence outremer substantielle.
Nos alliés, pour lesquels les problèmes régionaux sont d’une importance vitale, douteront de notre bonne volonté à défendre leurs intérêts si les forces américaines se replient dans la Forteresse Amérique.
Tout aussi important : notre réseau planétaire d’alliances procure le moyen le plus percutant et le plus efficace pour l’exercice du leadership américain global ; les bénéfices en dépassant largement les charges.
Qu’elles soient établies à partir des bases permanentes ou par déploiements rotatifs, les opérations des forces américaines et alliées, à l’étranger, apportent la première ligne de défense de ce qui peut être décrit comme le “périmètre de sécurité américain”. Protéger le Périmètre de sécurité américain, aujourd’hui et demain, impliquera des changements dans les déploiements et les installations outremer. Depuis l’effondrement de l’empire soviétique, ce périmètre s’est étendu lentement, mais inexorablement.
En Europe, l’OTAN s’est élargie, admettant en son sein trois nouveaux membres et obtenant le rapprochement avec un plus grand nombre de membres “adjoints” par l’entremise du Partenariat pour le Programme de Paix.
Des dizaines de milliers de soldats américains, de l’OTAN et des troupes alliées, sont en patrouille dans les Balkans et y ont mené un nombre significatif d’actions ; en effet, cette région est en voie de devenir un protectorat de l’OTAN.
Dans la région du Golfe Persique, la présence des forces américaines, accompagnées d’unités britanniques et françaises, est devenue une réalité de vie semi-permanente.
Bien que la mission immédiate de ces forces soit de faire respecter les zones aériennes interdites au-dessus du Nord et du Sud de l’Irak, elles représentent l’engagement à long-terme des Etats-Unis et de ses principaux alliés dans une région d’importance vitale.
Les Etats-Unis ont vraiment cherché pendant des décennies à jouer un rôle plus permanent dans la sécurité de la région du Golfe.
Tandis que les conflits non-résolus avec l’Irak apportent une justification immédiate, la nécessité d’une présence substantielle de l’armée américaine dans le Golfe transcende la question du régime de Saddam Hussein.
En Asie Orientale, le modèle pour les opérations militaires américaines se déplace vers le Sud : ces dernières années, des forces navales significatives ont été envoyées dans la région autour de Taiwan en réponse à la provocation chinoise… et, désormais, un contingent de soldats américains soutient la mission dirigée par les Australiens au Timor Oriental.
Tout autour du globe, la tendance est à un périmètre de sécurité américain plus large, apportant avec lui de nouveaux types de missions. L’emplacement des bases américaines doit encore refléter ces réalités, au contraire, l’archipel planétaire que constituent les installations militaires américaines s’est contracté alors que le périmètre de sécurité des intérêts américains s’est élargi.
Les forces armées américaines sont loin d’être idéalement positionnées pour répondre aux besoins de notre époque, mais le Pentagone en est resté au stade des forces déployées “vers l’avant” qui n’a pas grand chose à voir avec les capacités ou les réalités militaires.
La guerre aérienne au Kosovo en fournit un exemple éclatant : pendant l’Opération Force Alliée, les avions des Etats-Unis et de l’OTAN étaient dispersés sur tout le continent européen et même jusqu’en Asie (en Turquie) et furent obligés d’effectuer des opérations selon une trame très dispersée et extrêmement complexe nécessitant des efforts de ravitaillement en vol de grande envergure et limitant la campagne aérienne elle-même à cause du manque de bases aériennes adéquates en Europe du Sud-Est.
Le réseau d’installations et de déploiements américains outremer ont besoin d’être reconfigurés.
De la même manière, la structure des forces américaines a besoin d’être reconsidérée à la lumière du changement de mission de l’armée américaine.
L’ensemble de la structure des forces américaines a besoin d’être rationalisé pour tenir compte du fait que la présence de ces forces dans des postes éloignés à de grandes distances de vol ou en patrouille outremer peuvent être aussi importantes que leurs missions de combat dans les théâtres de guerre, surtout en Europe.
Les conditions de la stabilisation des Balkans, de l’expansion de l’OTAN (y compris le Partenariat pour la Paix) et des autres missions à l’intérieur de ce théâtre rendent non-réaliste de compter que les forces américaines en Europe soient facilement disponibles pour d’autres crises, ainsi que la planification officielle du Pentagone le présume.
Face aux défis permanents de la part de l’Irak il ne serait pas sage de retirer radicalement les forces du Golfe.
Pour sécuriser aujourd’hui et demain le périmètre américain, il faudra apporter des modifications dans les opérations américaines outremer. Les forces armées américaines stationnées à l’étranger et celles en déploiements rotatifs autour du monde devraient être considérées comme la première ligne de défense américaine, celle qui effectue les missions de reconnaissance et de sécurité contre les perspectives de crises plus vastes et qui conduit les opérations de stabilité pour éviter que de telles crises n’éclatent.
Ces forces ont besoin de faire partie de celles qui sont les mieux préparées, dotées de compétences guerrières bien affûtées et seules les forces configurées pour le combat indiquent le véritable engagement américain vis-à-vis de nos alliés et de leurs intérêts en matière de sécurité, mais elles ont aussi besoin d’être polyvalentes et mobiles, dotées d’une large gamme de capacités.
Elles représentent la cavalerie sur les nouvelles frontières américaines.
Dans l’éventualité d’une guerre à grande-échelle, elles doivent pouvoir préparer le champ de bataille en attendant que des renforts basés essentiellement aux Etats-Unis arrivent pour asséner des coups décisifs à l’ennemi.
Non seulement elle doivent être repositionnées pour refléter le changement de territoire stratégique, mais elles doivent aussi être réorganisées et restructurées pour refléter leurs nouvelles missions et pour intégrer les nouvelles technologies.
L’Europe.
À la fin de la Guerre Froide, les Etats-Unis maintenaient plus de 300.000 soldats en Europe, y compris deux corps d’Armée et 13 avions de l’US Air Force, plus une diversité de sous-unités indépendantes, essentiellement basées en Allemagne.
La plaine centrale allemande était le théâtre de la Guerre Froide et, en attendant un échange nucléaire en règle, l’invasion des blindés soviétiques en Europe occidentale constituait la menace principale à laquelle les Etats-Unis et ses alliés de l’Otan étaient confrontés.
Aujourd’hui, l’Allemagne est unifiée, la Pologne et la République Tchèque sont des membres de l’OTAN, et l’armée russe s’est retirée jusqu’aux portes de Moscou tout en devenant essentiellement engagée dans le Caucase et plus généralement à son Sud.
Bien que l’Europe du Nord et l’Europe Centrale soient sans doute plus stables aujourd’hui qu’à n’importe quel moment de l’Histoire, la plus grande partie des forces américaines en Europe sont toujours basées au Nord, comprenant une armée pour les théâtres de conflit et un corps composé de deux divisions lourdes en Allemagne et seulement cinq avions de combat, plus une poignée d’autres petites unités. Mais tandis que l’Europe du Nord et l’Europe Centrale sont restées extraordinairement stables, et que l’Allemagne de l’Est, la Pologne et la République Tchèque ont été réintégrées dans le courant politique, économique et culturel majoritaire européen, la situation en Europe du Sud-Est a été tumultueuse.
Les Balkans, et plus généralement l’Europe du Sud, présentent le principal obstacle vers la création d’une Europe “entière et libre” de la Baltique à la Mer Noire.
Le délai pour apporter la sécurité et la stabilité à l’Europe du Sud-Est n’a pas seulement empêché la consolidation de la victoire dans la Guerre Froide, il a aussi créé une zone de violence et de conflit et introduit une incertitude quant au rôle de l’Amérique en Europe.
Le déploiement continu de forces dans les Balkans reflète l’engagement US à la sécurité de cette région.
En refusant de traiter ces déploiements comme un déplacement de la présence permanente américaine en Europe, l’Administration Clinton a accru exponentiellement la charge sur les services armés.
En même temps, le déploiement continu de forces dans les Balkans reflète ce qui est en fait un engagement à long-terme des Etats-Unis pour la sécurité de la région.
Mais en refusant de traiter ces déploiements comme une expansion ou un déplacement de la présence permanente américaine en Europe, reflétant un intérêt durable, l’Administration Clinton a alourdi exponentiellement le fardeau sur les services armés.
Plutôt que de reconnaître la nécessité de repositionner et de reconfigurer les forces américaines en Europe, en les déplaçant du Nord vers le Sud-Est, la politique actuelle a été de faire tourner ces unités à l’intérieur et à l’extérieur des Balkans, réduisant à néant leur préparation pour accomplir d’autres missions et immobilisant une part de plus en plus importante d’une force significativement réduite. Malgré le déplacement du centre de conflit en Europe, la nécessité de stationner des forces américaines en Europe du Nord et en Europe Centrale est toujours là.
La région est stable, mais une présence américaine continue aide à assurer aux principales puissances européennes, surtout à l’Allemagne, que les Etats-Unis maintiennent leur intérêt de longue date en matière de sécurité sur le continent.
Cela est particulièrement important à la lumière du mouvement naissant européen vers une “identité” et une politique de défense indépendantes ; il est important que l’OTAN ne soit pas remplacée par l’Union Européenne, laissant ainsi les Etats-Unis sans la possibilité de s’exprimer sur les affaires de sécurité européennes.
De plus, nombre d’installations et d’équipements actuels apportent une infrastructure essentielle au soutien des forces américaines à travers l’Europe et à des renforts dans l’éventualité d’une crise.
Depuis les bases aériennes en Angleterre et en Allemagne jusqu’aux quartiers généraux et aux unités militaires situés en Belgique et en Allemagne, une grande partie du réseau actuel de bases américaines au nord et au sud gardent leur pertinence aussi bien aujourd’hui que durant la Guerre Froide. Toutefois, des modifications devraient être apportées pour refléter les besoins européens en matière de sécurité qui ont beaucoup changé.
L’Armée Américaine en Europe devrait être transformée pour passer d’un corps unique de deux divisions lourdes et d’unités de soutien à des unités polyvalentes interarmes de la taille d’une brigade, capable d’exécuter des actions indépendantes et des déplacements sur des distances opérationnelles.
Les unités de l’US Air Force en Europe ont besoin de suivre une orientation similaire.
L’infrastructure actuelle en Angleterre et en Allemagne devrait être maintenue.
La base aérienne de l’OTAN à Aviano, en Italie, depuis longtemps le premier site pour les opérations aériennes au-dessus des Balkans, doit être améliorée substantiellement.
Quant aux forces terrestres, une sérieuse prise en considération devrait être apportée à l’établissement d’un terrain d’aviation permanent et moderne en Hongrie, pour l’OTAN et les Etats-Unis, en soutien à l’Europe Centrale et du Sud.
En Turquie, la base aérienne d’Incirlik, foyer de l’Opération Northern Watch [surveillance du nord de l’Irak], a aussi besoin d’être agrandie, améliorée et peut-être complétée par une nouvelle base dans l’est de la Turquie. Bien que les forces de l’US Navy et des Marines opèrent généralement selon un cycle régulier de déploiements dans les eaux européennes, elles reposent sur un réseau de bases permanentes dans la région, surtout en Méditerranée.
Celles-ci devraient être maintenues, et on devrait réfléchir à l’établissement d’une présence plus solide dans la Mer Noire.
Au fur et à mesure que l’OTAN s’agrandit et que le modèle des opérations militaires américaines en Europe continue de se déplacer vers le Sud et l’Est, la présence navale des Etats-Unis dans la Mer Moire est certaine d’augmenter.
Cependant, cette présence devrait se baser moins fréquemment sur des groupes de combat aéroportés de grande envergure.
Le Golfe Persique.
Dans les dix années qui ont suivi la fin de la Guerre Froide, le Golfe Persique et la région alentour ont été les témoins d’une augmentation géométrique de la présence des forces armées américaines, avec une pointe au-delà de 500.000 soldats lors de l’Opération Tempête du Désert, mais tombant rarement en dessous de 20.000 dans les dernières années.
En Arabie Saoudite, au Koweït et dans les Etats voisins, environ 5.000 aviateurs et une grande flotte variée d’avion de l’US Air Force patrouillent le ciel de l’Opération Southern Watch [Surveillance du Sud], souvent complétée par des avions de la Navy à partir de porte-avions situés dans le Golfe et, durant les attaques contre Saddam Hussein, des missiles de croisières lancés des navires de surface et des sous-marins de la Navy.
Des vols à partir de la Turquie dans le cadre de Northern Watch [Surveillance du Nord] impliquent aussi des forces substantielles, qui sont amenées vraiment plus souvent à effectuer des actions de combat. Après huit années d’opérations d’interdiction d’espace aérien, il y a peu de raisons d’anticiper que la présence aérienne américaine dans la région ne diminue significativement tant que Saddam Hussein reste au pouvoir.
Bien que les sensibilités internes de l’Arabie Saoudite exigent que les forces basées dans le Royaume restent théoriquement des forces en rotation, il est devenu apparent qu’il s’agit désormais d’une mission semi-permanente.
Du point de vue américain, l’importance de telles bases demeurerait, même si Saddam Hussein devait quitter la scène.
Sur le long terme, l’Iran va se révéler être une menace aussi grande pour les intérêts américains que l’Irak ne l’a été, il est primordial de pousser l’Iran à la faute pour l’anéantir, commercialement et militairement
Avec nos alliés Israéliens, il convient de préparer des moyens d’envergure pour empêcher ce pays d’obtenir un rôle clé dans cette région.
Le maintien de forces dans des bases avancées alentours de l’Iran reste un élément essentiel de la stratégie des Etats-Unis en matière de sécurité, étant donnés les intérêts américains de longue date dans cette région.
Presque une décennie après la fin de la Guerre Froide, les opérations d’interdiction d’espace aérien se poursuivent au-dessus du Nord et du Sud de l’Irak.
En plus de la surveillance aérienne des zones d’interdiction de survol, les Etats-Unis maintiennent désormais aussi une présence au Koweït, qui s’élève à une force terrestre quasi-permanente.
Un corps expéditionnaire assez lourd, pratiquement de la force d’une brigade, est en rotation en moyenne quatre fois par an pour des manœuvres et des entraînements conjoints avec l’armée Koweïtienne, avec pour résultat que les commandants pensent désormais que, en conjonction avec la flotte de Southern Watch, le Koweït lui-même est bien défendu contre une attaque irakienne.
Avec une augmentation mineure de la force, avec une disposition permanente des bases et des mesures d’application des zones interdites de survol et de déplacements terrestres, le danger d’une nouvelle invasion intempestive comme celle de 1990 sera significativement réduit. Avec la rationalisation des forces aériennes américaines basées sur le terrain dans cette région, l’exigence d’une présence aéroportée peut être détendue.
Comme les attaques récentes contre l’Irak l’ont démontré, l’arme préférée pour des raids punitifs est le missile de croisière, complété par l’avion de combat furtif et l’avion de combat de l’Air Force à long rayon d’action.
La force aérienne des porte-avions est extrêmement utile en soutien aux campagnes commencées par le lancement de missiles et par les avions de combat furtifs, indiquant qu’un groupe d’action de surface, capable de lancer plusieurs centaines de missiles de croisière, constitue la présence la plus importante dans le Golfe.
Avec une présence terrestre, substantielle et permanente, de l’Armée au Koweït, les exigences d’une présence des Marines dans le Golfe pourraient être aussi revues à la baisse.
L’Asie Orientale.
La planification actuelle de l’Armée américaine nécessite le stationnement d’environ 100.000 soldats américains en Asie, mais le niveau actuel reflète plus l’inertie du Pentagone et l’héritage de la Guerre Froide qu’une réflexion sérieuse au sujet des nécessités stratégiques actuelles ou des besoins de la Défense.
La perspective est que l’Asie Orientale deviendra une région de plus en plus importante, marquée par l’ascension de la puissance chinoise, alors que la quantité de forces américaines peut se réduire.
La vérité admise est que la garnison américaine de 37.000 soldats en Corée du Sud est simplement là pour la protéger contre une invasion possible venant du Nord.
Cela reste la mission centrale de cette garnison, mais ce sont désormais les seules forces américaines basées sur le continent asiatique.
Elles auront toujours un rôle vital à jouer dans la stratégie américaine en matière de sécurité, dans l’éventualité d’une réunification coréenne et de l’ascension de la puissance militaire chinoise.
Tandis que l’unification de la Corée pourrait nécessiter à la fois la réduction de la présence américaine dans cette péninsule et la transformation de la position de l’Armée américaine en Corée, ces modifications reflèteraient vraiment un changement de mission et un changement des réalités technologiques…, et non pas la fin de leur mission.
De plus, dans tout scénario réaliste d’après unification, les forces américaines ont toutes les chances d’avoir quelque rôle à jouer dans les opérations de stabilité en Corée du Nord.
Il est prématuré de spéculer sur la taille et la composition précises d’une présence américaine d’après unification en Corée, mais il n’est pas trop tôt pour reconnaître que la présence des forces américaines en Corée sert un but stratégique plus grand et à plus long terme.
Pour l’instant présent, toute réduction des capacités de la garnison actuelle dans la péninsule serait malavisée.
Au contraire, il est nécessaire de les renforcer, surtout en ce qui concerne leur capacité de défense contre des attaques balistiques, et de limiter les effets de la capacité massive d’artillerie de la Corée du Nord.
En temps et en heure, ou avec l’unification, la structure de ces unités changera et leurs niveaux en personnel fluctueront, mais la présence des Etats-Unis dans ce coin de l’Asie devrait se poursuivre. Une logique similaire apporte des arguments en faveur du maintien de forces substantielles au Japon.
Ces dernières années, le stationnement de forces importantes à Okinawa est devenu de plus en plus controversé dans la politique intérieure japonaise, et tandis que les efforts pour prendre en compte les sensibilités locales sont garantis, il est essentiel de maintenir les capacités que les forces américaines à Okinawa représentent.
Si les Etats-Unis veulent rester le garant de la sécurité en Asie du Nord-Est, et garder intacte l’alliance de facto dont les autres piliers principaux sont la Corée et le Japon, il est essentiel de maintenir des forces américaines dans des bases avancées. En Asie du Sud-Est, les forces américaines sont trop clairsemées pour répondre de manière adéquate aux besoins croissants en matière de sécurité.
Depuis leur retrait des Philippines en 1992, les Etats-Unis n’ont pas eu de présence militaire permanente significative en Asie du Sud-Est.
Les forces américaines ne peuvent pas non plus opérer aisément en Asie du Nord ou se déployer rapidement en Asie du Sud-Est – et certainement pas sans mettre en danger leurs obligations en Corée.
À l’exception de patrouilles de routine par les forces navales et les Marines, la sécurité de cette région significativement stratégique et de plus en plus tumultueuse a souffert de la négligence américaine.
Ainsi que la crise du Timor Oriental l’a montré, même nos alliés les plus puissants de la région (du Japon à la Corée du Sud et à l’Australie), ne possèdent que des capacités militaires limitées et d’une petite capacité à projeter leurs forces rapidement lors d’une crise ou à les maintenir dans le temps.
En même temps, la crise du Timor Oriental et la question plus large de la réforme politique en Indonésie et en Malaisie mettent en lumière l’instabilité de cette région.
Enfin, la région de l’Asie du Sud-Est est depuis longtemps un territoire de grand intérêt pour la Chine, qui cherche clairement à regagner de l’influence dans cette région.
Ces dernières années, la Chine a graduellement augmenté sa présence et ses opérations dans cette région. En Asie du Sud-Est, les forces américaines sont trop clairsemées pour répondre de façon adéquate aux besoins croissants en matière de sécurité. Accroître la puissance militaire des Etats-Unis en Asie Orientale est la clé pour faire face à l’accession de la Chine au statut de grande-puissance.
Pour y parvenir pacifiquement, les forces armées américaines doivent maintenir leur suprématie militaire et ainsi rassurer nos alliés régionaux.
En Asie du Nord-Est, les Etats-Unis doivent maintenir et renforcer leurs liens avec la République de Corée et le Japon.
En Asie du Sud-Est, seuls les Etats-Unis peuvent tendre les bras aux puissances régionales telles que l’Australie, l’Indonésie, la Malaisie et autres.
Ce sera une tâche difficile qui nécessitera de la sensibilité vis-à-vis des sentiments nationaux, mais qui devient au plus haut point fascinante par l’émergence de nouveaux gouvernements démocratiques dans la région.
En garantissant la sécurité de nos alliés actuels et des nations nouvellement démocratiques en Asie Orientale, les Etats-Unis peuvent aider à assurer que l’ascension de la Chine soit pacifique.
La puissance américaine et alliée dans cette région peuvent vraiment, en temps voulu, donner une impulsion dans le processus de démocratisation à l’intérieur même de la Chine. Il est donc temps d’accroître la présence des forces américaines en Asie du Sud-Est, y contrôler les voies clés de communication maritime, assurer l’accès aux économies en croissance rapide, maintenir la stabilité régionale tout en encourageant des liens plus étroits avec les démocraties naissantes et, peut-être encore plus important, soutenir la tendance émergente des libertés politiques…, représentent tous les intérêts durables pour l’Amérique, en matière de sécurité.
Aucune stratégie américaine ne peut empêcher les Chinois de défier le leadership régional américain si les garanties de sécurité que nous apportons à l’Asie du Sud-Est sont intermittentes et que la présence militaire des Etats-Unis est une affaire périodique.
Pour cette raison, une présence navale accrue en Asie du Sud-Est, si elle est nécessaire, ne sera pas suffisante ; comme dans les Balkans, ne compter que sur les forces alliées ou la rotation des forces américaines pour les opérations de stabilité n’accroît pas seulement le stress sur ces forces mais réduit les objectifs politiques de telles missions.
Pour des raisons tant opérationnelles que politiques, il sera nécessaire de stationner dans cette région des forces terrestres et aériennes à mobilité rapide. De plus, un retour en Asie du Sud-Est ajouterait une impulsion au lent processus de construction d’alliances qui se prépare dans la région.
Il est communément admis que les nations d’Asie du Sud-Est sont réfractaires à une alliance régionale du type de l’OTAN, mais la réponse régionale qui a été apportée à la crise du Timor Oriental, y compris celle du nouveau gouvernement indonésien, a été encourageante.
Les forces des Philippines ont vraiment remplacé là-bas celles de l’Australie, en tant qu’élément leader de la mission onusienne de maintien de la paix.
Et il est sûr que des initiatives prises au travers du Forum Régional Asiatique suggèrent une tendance vers une coordination régionale plus étroite qui pourrait se développer en dispositions plus permanentes, à la manière d’une alliance.
Dans ce processus, les Etats-Unis ont le rôle clé à jouer.
Une présence militaire des Etats-Unis intensifiée dans le Sud-Est Asiatique serait une forte incitation à la coopération régionale en matière de sécurité, apportant le cœur autour duquel une coalition de fait pourrait prendre forme.
Les Bases de Déploiement.
En addition aux forces stationnées à l’étranger selon des dispositions basées sur le long-terme, les Etats-Unis devraient chercher à établir un réseau de “bases de déploiement” ou de “bases opérationnelles avancées” pour accroître la portée des forces présentes et futures.
Non seulement une telle approche améliorera la capacité à projeter des forces vers des régions excentrées, cela aidera aussi à circonvenir les contraintes politiques, pratiques et financières qui s’exerceront contre l’expansion du réseau de bases américaines outremer. Il serait sage de réduire la fréquence de la présence des porte-avions en Méditerranée et dans le Golfe, tout en augmentant la présence de l’US Navy dans le Pacifique. Ces bases opérationnelles avancées ou de déploiement peuvent aller d’accords assez modestes passés avec d’autres nations à des petites améliorations dans les installations et les bases existantes.
Le matériel pré-positionné accélèrerait aussi le déploiement et améliorerait la viabilité des forces américaines lorsqu’elles sont déployées pour l’entraînement, pour l’entraînement conjoint avec les nations hôtesses ou pour des opérations en temps de crise.
Les coûts de ses améliorations peuvent être partagés avec la nation hôtesse et être compensés comme part de l’assistance des Etats-Unis dans la sécurité étrangère, et aideraient à réduire le besoin pour les forces américaines de se déployer vers des installations réduites à leur plus simple expression.
De telles installations seraient un “multiplicateur de force” dans les opérations de projection de puissance, de même qu’elles aideraient à solidifier les liens politiques et de sécurité avec les nations hôtesses. Actuellement, le Commandement Sud des Etats-Unis, le SOUTHCOM, le commandement régional du Pentagone pour l’Amérique Latine, procède à la mise en place d’un plan pour des “sites opérationnels avancés” afin de remplacer la perte de la Base Howard de l’Air Force, à la suite du retrait des Etats-Unis de Panama et de la restitution de la Zone du Canal.
Maintenir des opérations aériennes efficaces antidrogue sera vraiment difficile après la perte de la Base Howard tant que des arrangements pour de nouveaux sites n’aient eu lieu.
Pour réaliser la couverture complète de la région dans le cadre des opérations antidrogue, le commandement prévoit d’utiliser les champs d’aviation qui s’étalent de Porto Rico à l’Equateur. En plus d’obtenir les accords qui permettront aux forces américaines d’avoir un accès adéquat aux champs d’aviation, les nouveaux sites devront être capables d’effectuer des opérations 24h/24, quelles que soient les conditions météorologiques ; disposer d’un contrôle aérien adéquat ; être dotés de pistes longues d’au moins 2,5 km, capables de supporter de gros avions cargo ; être équipés de services de ravitaillement et de dépannage modernes ; avoir une surface au sol permettant de parquer plusieurs avions de la taille d’un AWACS et de répondre à une variété de besoins, y compris des quartiers et des bureaux sûrs pour le personnel américain.
Déjà, le commandement pense que pour un coût relativement faible (peut-être $120 millions [environ 100 M€] pour les deux ou trois premières bases et avec un personnel permanent minimal), il peut compenser la perte d’un actif stratégique tel que Howard. Une étude récente, conduite pour l’US Air Force, indique qu’un réseau global de bases opérationnelles avancées – peut être plus sophistiquées et mieux adaptées aux opérations de combat que les sites antidrogue prévus par SOUTHCOM – pourrait coûter de 5 à 10 milliards de dollars [4 à 8 Mds €] jusqu’à 2010.
Cette étude suppose que certains coûts pourraient être payés par les pays hôtes, pressés de cimenter des liens avec les Etats-Unis, ou par l’Europe, considérant qu’il s’agit d’actifs communs de l’OTAN et prélevés sur les fonds communs de l’OTAN. Alors que cela devrait être une politique claire des Etats-Unis selon laquelle de telles bases ont pour intention de compléter la structure actuelle des bases outremer, elles devraient aussi être vues comme précurseurs d’une structure élargie.
Cela pourrait plaire aux alliés capricieux, puisque dans la région du Golfe Persique, un système similaire était en opération, pour lesquels des liens étroits avec l’Amérique provoquent la controverse politique intérieure.
Cela accroîtrait aussi l’efficacité des forces américaines actuelles dans une région immense telle que l’Asie du Sud-Est , complétant les opérations navales dans cette région.
Un tel réseau accroîtrait aussi énormément la flexibilité opérationnelle des Etats-Unis en temps de guerre.
Forces Navales de Rotation.
La taille actuelle du Corps de la Navy et des Marines est déterminée essentiellement par les exigences de la politique actuelle de rotation.
Le besoin de disposer de 11 porte-avions reflète le besoin tel qu’il est perçu d’avoir environ trois porte-avions déployés en même temps.
Mais parce que le porte-avions basé au Japon est considéré comme étant “déployé”, même lorsqu’il est au port et non pas en mer, le véritable ratio (nombre total de bâtiments sur nombre de bâtiments en mer) est plus proche de 5/1 ou 6/1.
En effet, selon l’analyse du QDR, les besoins en forces navales pour les missions de “présence” excèdent d’environ 20% les conditions fixées par le standard “deux-guerres”. Les plans actuels de rotation nécessitent la présence permanente d’un groupe de combat en Asie du Nord-Est et pas loin d’une présence permanente dans le Golfe Persique et la Méditerranée.
Toutefois, des changements significatifs dans la présence des porte-avions et dans les modèles de rotations sont nécessaires.
Etant donnée la capacité de stationner des forces sur la terre ferme, en Europe et dans le Golfe, ainsi que la dimension et la nature du théâtre Est-Asiatique, il serait avisé de réduire la fréquence de la présence de porte-avions en Méditerranée et dans le Golfe tout en accroissant la présence de l’US Navy dans le Pacifique.
De plus, il est préférable, pour des raisons stratégiques et opérationnelles, de créer un deuxième port d’attache majeur dans le Sud du Pacifique, peut-être en Australie ou aux Philippines, pour un groupe de combat de porte-avions.
D’une façon générale, l’importance et le poids des opérations de la Navy, et surtout les opérations à partir des porte-avions, devraient se tourner de plus en plus vers le Pacifique Ouest.
Les déploiements des Marines feraient de même. Deuxièmement, la Navy devrait commencer, pour remplir ses missions de présence vitales, à considérer d’autres voies que l’utilisation de groupes de combat de porte-avions.
Comme les missiles de croisière constituent de plus en plus le choix numéro un de la Navy pour les armes offensives, la valeur des plate-formes lance-missiles, en tant que symbole de la puissance américaine dans le monde, est en passe de détrôner la valeur dissuasive des porte-avions.
Malheureusement, au cours du repli post-Guerre Froide, la Navy s’est dépouillée de relativement plus de combattants de surface et de sous-marins que de porte-avions.
Bien que cela ait un sens en termes d’opérations de porte-avions – par exemple, les croiseurs et les contre-torpilleurs équipés Aegis ont des capacités et des rayons d’action bien plus grands que les anciennes générations de navires – cela limite désormais la capacité de la Navy à faire la transition vers de nouvelles façons de conduire à la fois ses missions de présence et de guerre potentielle. De plus, au fur et à mesure que la Navy introduit de nouvelles classes de navires, ses besoins en personnel – un des facteurs importants pour déterminer la durée des déploiements et donc la politique générale de rotation de la Navy – seront réduits.
Le futur destroyer DD-21 réduira la taille de l’équipage de 300 à 100.
Un équipage réduit, de même que les performances générales améliorées du navire, augmentera les occasions de faire tourner les équipages tout en gardant les navires déployés ; la complexité des opérations d’un équipage impliquant 100 marins et officiers est bien moindre que, par exemple, l’équipage de 6.000 hommes d’un porte-avions plus les ailes embarquées.
En somme, de nouvelles capacités ouvriront de nouvelles façons de conduire les missions, ce qui permettra une meilleure présence navale à un coût plus faible.
RECONSTRUIRE LES SERVICES ARMÉS D’AUJOURD’HUI.
L’exécution de la variété de missions, présentées ci-dessus dans leurs grandes lignes, dépend des capacités des services armés américains.
Ces dix dernières années, la santé des services armés a constamment décliné.
Non seulement ont-ils vu leurs budgets et leurs structures radicalement réduits, leurs forces en personnel affaiblies, leurs programmes de modernisation sous alimentés et les efforts de transformation étranglés, mais la qualité de vie des militaires, essentielle à la préservation d’une armée de volontaires, s’est dégradée.
Des casernes aux quartiers généraux, en passant par les aires de maintenance, l’infrastructure des différentes armes a souffert de négligence.
La médiocrité des logements militaires, surtout à l’étranger, ne sied guère à une grande nation.
Les autres caractéristiques d’une armée forte, surtout l’éducation militaire et les systèmes d’entraînement, ont été réduit d’une manière disproportionnée et déraisonnable.
Les pénuries en personnel ont pour conséquence que les soldats, les marins, les pilotes et les Marines passent de plus en plus de temps à la base pour effectuer des tâches d’entretien, tondre la pelouse, réparer les toits, “peindre des cailloux”.
Et ce qui est le plus désolant, la culture militaire et la confiance des soldats dans les hauts-gradés en souffrent.
Ainsi que plusieurs études et sondages récents l’ont démontré, les relations entre civils et militaires dans l’Amérique contemporaine sont de plus en plus tendues.
Les Troupes: Compléter l’Europe et Défendre le Golfe Persique.
De toutes les forces armées, ce sont les troupes qui ont le plus changé en profondeur à partir de la fin de la Guerre Froide et de l’effondrement de l’empire soviétique en Europe de l’Est.
La force d’active de l’Armée de Terre a été réduite de 40% et les garnisons en Europe des trois quarts.
À la fin de la Guerre Froide, le budget consacré à l’armée de terre était 50% plus élevé qu’il ne l’est cette année ; celui consacré aux dépenses d’équipement presque 70% plus élevé. Des éléments de l’armée de terre américaine en Europe devraient être redéployés au Sud-Est de l’Europe, tandis qu’une unité permanente devrait être basée dans la région du Golfe. En même temps, le rôle des troupes dans les opérations militaires de l’après-Guerre Froide continue de donner la mesure de l’engagement géopolitique américain.
Lors de la Guerre du Golfe de 1991, les limites de la politique de l’Administration Bush furent mise en évidence par sa réticence à s’engager dans des combats au sol et par le caractère limité des opérations terrestres à l’intérieur du théâtre koweïtien.
Dans les Balkans, des campagnes aériennes relativement courtes furent suivies par des opérations terrestres prolongées ; même les 78 jours de l’Opération Force Alliée sont dérisoires en comparaison avec l’effort à long terme pour stabiliser le Kosovo.
Bref, la valeur de la puissance au sol a toujours un grand intérêt pour une superpuissance, dont les intérêts en matière de sécurité reposent sur le maintien et l’extension d’un système mondial d’alliances et aussi sur sa capacité de gagner des guerres.
Tout en maintenant son rôle de force combattante, l’US Army [l’armée de terre des Etats-Unis] a contracté de nouvelles missions pendant cette dernière décennie, en premier lieu, des missions associées avec l’achèvement de la tâche de créer une Europe “entière et libre” et de défendre les intérêts américains dans le Golfe Persique et le Moyen-Orient. Ces nouvelles missions vont nécessiter un stationnement permanent à l’étranger d’unités de l’US Army.
Bien que ces unités doivent être reconfigurées et repositionnées pour refléter les réalités courantes, leur valeur en tant que représentation du rôle de l’Amérique comme premier garant de la sécurité est aussi important que leurs capacités immédiates à livrer des batailles.
Le plus grand problème auquel l’US Army est aujourd’hui confrontée est vraiment de fournir des forces suffisantes pour ces deux missions vitales ; l’US Army est simplement trop petite pour accomplir correctement ces deux missions. Ces missions larges continueront de justifier la nécessité d’une US Army d’active importante.
L’utilisation croissante par l’US Army des forces composant ses réserves pour l’accomplissement de ces missions de maintien de l’ordre brise la convention implicite avec les réservistes selon laquelle leur rôle est de servir de protection dans le cas d’une véritable urgence militaire.
Aussi longtemps que les garnisons américaines dans les Balkans, par exemple, nécessitent un grand nombre de linguistes, de spécialistes en police militaire, affaires civiles et autres, l’armée d’active doit gonfler ses effectifs avec des soldats disposant de ces compétences.
De la même manière, au fur et à mesure des changements de l’intensité des combats, l’US Army doit trouver de nouvelles voies pour recruter et garder les soldats dotés de compétences en haute technologie, peut-être en créant des partenariats avec l’industrie pour des réservistes extrêmement compétents ou en considérant que certaines compétences justifient l’engagement de contractuels, plutôt qu’une structure hiérarchisée de conscrits.
En particulier, l’armée de terre devrait :
• Être restaurée dans sa force d’active et dans sa structure pour répondre aux besoins de ses missions courantes. La force d’active globale devrait s’accroître pour atteindre approximativement 525.000 soldats comparés aux 475.000 soldats composant sa force actuelle. Une grande partie de cet accroissement devrait renforcer les unités actuellement sur-déployées et en état de sous-effectif qui fournissent le soutien aux forces combattantes et aux services, comme le renseignement militaire, la police militaire et autres unités similaires.
• Entreprendre des efforts sélectifs de modernisation, d’abord pour accroître sa mobilité tactique et opérationnelle et l’efficacité des systèmes actuels de combat au moyen de la “numérisation”, le processus consistant à créer des réseaux d’information tactique. L’armée de terre devrait accélérer ses plans pour acheter des véhicules de poids moyen, acquérir le système d’hélicoptères Comanche et HIMARS [High Mobility Artillery Rocket System] ; de la même manière, le système d’artillerie lourde Crusader, bien qu’il soit un système obusier de haute capacité, constitue un investissement peu judicieux étant données les capacités actuelles de l’armée de terre et ses futurs besoins, et devrait être annulé.
• Améliorer la préparation au combat des unités actuelles en accroissant la force en hommes et en revitalisant l’entraînement au combat.
• Prendre des initiatives pour améliorer la qualité de vie des soldats afin de garder l’actuelle armée de terre professionnelle constituée d’effectifs issus de la “classe moyenne”.
• Être repositionnée et reconfigurée à la lumière des réalités stratégiques actuelles : des éléments de l’US Army Europe devraient être redéployés vers le Sud-Est de l’Europe, tandis qu’une unité permanente devrait être basée dans la région du Golfe Persique ; simultanément, des unités de l’armée de terre déployées en avant devraient être reconfigurées afin d’être mieux capables d’effectuer des opérations indépendantes qui incluent des missions continues de maintien de l’ordre de même que des phases initiales de combat.
• Réduire la taille de la Garde Nationale de l’Armée de terre et l’Armée de réserve, tout en reconnaissant que ces composants sont destinés à fournir une protection en cas de véritable urgence militaire imprévue ; continuer à s’appuyer sur un grand nombre de réservistes pour les missions de maintien de l’ordre est inapproprié et à courte-vue.
• Voir son budget passer du niveau actuel de 70 Mds$/an à 90-95 Mds$/an.
L’état actuel de l’Armée de Terre.
Mesurée en fonction de sa capacité à effectuer toutes les missions décrites ci-dessus, présence à l’outremer, livrer des guerres dans des théâtres majeurs, transformer le futur, l’Armée de Terre est actuellement mal préparée.
Le problème le plus immédiat est le déclin actuel de la préparation au combat.
L’armée de terre s’est débrouillée pour contenir les pires effets causés par de fréquents déploiements, maintenant ses soi-disant unités “premières sur le front” prêtes à réagir à une crise qui menace de devenir un théâtre majeur.
Mais à présent, ainsi que le chef d’état-major de l’US Army, récemment à la retraite, le Général Dennis Reimer, l’a expliqué au Congrès : “Les commandants de l’armée de terre rapportent qu’ils réduisent la fréquence, la dimension et la durée de leur exercices”…
De plus, les commandants ne peuvent pas toujours rendre l’entraînement aussi réaliste et exigeant qu’ils le souhaiteraient.
Dans certains cas, le commandement n’a pas la possibilité de se permettre lors des entraînements le mix optimal de simulations à tir réel, ce qui résulte en des personnels moins expérimentés.
Plusieurs commandements rapportent qu’ils ne peuvent pas se permettre de faire participer leurs unités aériennes aux rotations des Centres d’Entraînement au Combat.
En règle générale, les compromis pour des entraînements abordables abaissent le niveau de compétence et résultent dans l’inexpérience…
Déjà, la préparation au niveau des bataillons commence à décliner, un fait qui ne passe pas inaperçu à nos Centres d’Entraînement au Combat. Ces dernières années, à la fois la quantité et la qualité de tels entraînements ont baissé.
Comme à l’accoutumée, lors des années passées, une unité de rotation pouvait participer à huit “batailles” d’entraînement sur le terrain au niveau bataillon avant sa rotation à Fort Irwin, et encore huit au centre d’entraînement. Aujourd’hui, les forces lourdes ne conduisent pratiquement jamais d’exercices de terrain en bataillon complet et sont désormais contentes lorsqu’elles en ont plus de six au Centre National d’Entraînement. Comme les autres services, l’US Army continue d’être en proie à de faibles niveaux en personnel dans les spécialités critiques de combat et de maintenance.
Les dirigeants de l’Armée de Terre admettent avec franchise qu’ils disposent de trop peu de soldats pour alimenter la structure actuelle de leurs troupes et des pénuries en sous-officiers et en officiers sont de plus en plus fréquentes.
Par exemple, pour l’année fiscale 1997, l’Armée de Terre avait seulement de 67 à 88% de ses besoins remplis pour les quatre spécialités d’entretien pour ses chars et ses véhicules d’infanterie mécanisée.
Dans les rangs des officiers, il y a des déficits pour les grades de capitaine et de commandant.
Le résultat de ces pénuries sur le terrain est que l’on demande aux jeunes officiers et sous-officiers d’assurer les fonctions du grade d’au-dessus ; le Général Reimer a rapporté que “l’effet ultime est la réduction de l’expérience, surtout au… ‘dessus du panier’“. La capacité de l’US Army à répondre à ses besoins en matière de guerre majeure, surtout sur les calendriers exigés par les plans de guerre des commandants en chef concernant le théâtre en question, est au mieux incertaine. Bien que sur le papier l’Armée de Terre puisse répondre à ces besoins, le véritable état des affaires est plus complexe.
Le passage en revue des théâtres de guerre majeurs conduit par le QDR suppose que chaque unité arrive prête sur le champ de bataille et parfaitement entraînée, mais les pénuries en personnel et en entraînement pour l’ensemble de l’Armée de Terre font que cela est une position douteuse, du moins pour des déploiements sans délais.
Même si les pénuries immédiates en personnel pouvaient se régler, toute tentative d’améliorer l’entraînement, comme ce fut le cas dans la dernière ligne droite avant l’Opération Tempête du Désert, prouverait être un goulet d’étranglement significatif.
Les centres d’entraînement aux manoeuvres de l’ US Army ne peuvent pas accroître leur capacité, ni suffisamment, ni assez rapidement.
Selon la mesure actuelle de la “guerre double”, le combat de haute intensité est considéré comme une affaire “venez comme vous êtes“, et l’Armée de Terre est aujourd’hui significativement moins bien préparée pour de telles guerres qu’elle ne l’était en 1990.
Les Forces de l’Armée de Terre Basées aux Etats-Unis.
Les missions premières des unités de l’Armée de Terre, basées aux Etats-Unis, consistent à venir rapidement en renfort des unités déployées en-avant en temps de crise ou de combat et de fournir des unités capables de réagir aux imprévus.
De plus, ce service doit continuer de lever, entraîner et équiper toutes les forces de l’ US Army, y compris celles de la Garde Nationale et de l’Armée de Réserve.
Alors que le changement de position de ses forces à l’étranger est peut-être la plus grande tâche à laquelle l’Armée de Terre est confrontée dans un futur immédiat, elle est inévitablement et intimement liée à la nécessité de reconstruire et de reconfigurer l’US Army sur le territoire national. La nécessité de répondre avec une force décisive dans l’éventualité d’un théâtre de guerre majeur en Europe, dans le Golfe Persique ou en Asie Orientale, restera le facteur principal pour déterminer la structure des forces de l’US Army pour les unités basées aux Etats-Unis.
Quel que soit le jugement porté sur la probabilité que de telles guerres surviennent, il est essentiel de maintenir des capacités suffisantes pour les amener à une conclusion satisfaisante, y compris la possibilité d’une victoire décisive qui résulterait en des changements politiques et de régimes à long terme.
La structure actuelle de la force d’active de l’Armée de Terre aux Etats-Unis, 23 brigades de manoeuvres, est peu appropriée pour répondre aux demandes potentielles.
Non seulement ces unités sont peu nombreuses, mais on a laissé, ces dernières années, leur préparation au combat dériver dangereusement.
Les niveaux en personnel ont baissé et les occasions d’entraînement ont diminué et se sont dégradées.
Ces unités ont besoin de revenir à un état élevé de préparation et, ce qui est le plus important, elles doivent regagner leur statut central de missions de combat. Parce que la structure divisionnaire reste encore une organisation économique et efficace lors des opérations à grande échelle, ainsi qu’une structure administrative rationnelle, la division devrait rester l’unité de base pour la plupart des forces de l’Armée de Terre aux Etats-Unis, même lorsque ce service crée de nouvelles organisations indépendantes et plus petites pour les opérations à l’étranger.
L’Armée de Terre est actuellement en train de transformer la structure divisionnaire de base, réduisant la taille du bataillon d’infanterie de base en réponse aux améliorations permises par les technologies avancées et les capacités inexploitées du système actuel. Il s’agit d’une étape modeste mais importante qui permettra un meilleur déploiement de ces unités, et l’Armée de Terre doit continuer d’introduire des modifications similaires.
L’Armée de Terre a besoin de restaurer un haut niveau de préparation aux unités basées aux Etats-Unis, celles qui sont nécessaires dans l’éventualité d’un théâtre de guerre majeur.
De plus, l’entraînement de l’Armée de Terre devrait continuer de mettre l’accent sur les opérations de corps expéditionnaires de combat interarmes.
Sur le territoire des Etats-Unis, la structure de la force de l’Armée de Terre devrait consister en trois divisions lourdes de trois brigades complètement armées en hommes, deux divisions légères et deux divisions aéroportées.
En plus, l’Armée de Terre devrait maintenir aux Etats-Unis quatre régiments de blindés dans sa structure d’active, plus un certain nombre d’unités expérimentales dédiées à la transformation de ses activités.
Cela totaliserait approximativement l’équivalent de 27 brigades de manoeuvre. Pourtant, une telle force, bien qu’elle soit capable de livrer et de maintenir une puissance de combat significative pour les missions initiales, restera inadéquate pour la gamme complète des tâches stratégiques auxquelles l’US Army est confrontée.
Donc, ce service doit compter de plus en plus sur les unités de la Garde Nationale pour exécuter une partie de ses missions de combat potentielles, et ne pas chercher à imposer les missions de présence outremer à ceux qui devraient rester des soldats à temps partiel.
Afin de permettre à la Garde Nationale de l’US Army de jouer son rôle essentiel de combat dans les guerres à grande échelle, l’US Army doit prendre un certain nombre de mesures pour assurer la préparation au combat des unités de la Garde Nationale.
La première est de mieux lier la Garde Nationale à la force d’active, fournissant des ressources adéquates pour accroître l’efficacité au combat de ses grandes unités, peut-être en incluant un personnel partiel dans les brigades de le Garde Nationale déployées en premièr avec un cadre de commandement d’active.
Deuxièmement, la structure générale de la Garde Nationale doit être ajustée et son nombre global d’unités et surtout les divisions d’infanterie de la Garde Nationale, réduites.
Ceci éliminerait non seulement les formations inutiles mais permettrait d’améliorer le personnel des unités de la Garde Nationale, envoyées en premier au combat, qui ont besoin d’être pourvues en personnel à des niveaux significativement au-dessus de 100% de force en personnel pour permettre des déploiements dans la durée, lors des crises et des guerres. De plus, l’US Army doit rationaliser les missions de l’Armée de Réserve.
Sans les efforts des réservistes, durant les dix dernières années, la capacité de l’Armée de Terre à conduire le nombre important d’opérations imprévues auxquelles elle a été confrontée serait sérieusement compromis.
Pourtant, l’effort qui a été fait pour rationaliser les déploiements, ainsi que nous l’avons exposé dans la section précédente, résulterait aussi en une réduction de la demande pour les Réservistes de l’US Army, surtout ceux qui ont des compétences hautement spécialisées.
Une fois qu’il fut admis que les missions dans les Balkans, par exemple, étaient des déploiements à long terme, le rôle des forces de l’Armée de Réserve devrait diminuer et l’Armée d’active devrait tout assumer, sauf une très petite part de la mission. Renvoyer la Garde Nationale à son rôle traditionnel permettrait une réduction de la force tout en réduisant la contrainte des déploiements répétés pour des opérations imprévues. En somme, les missions des deux éléments de réserve de l’Armée de Terre doivent être ajustées aux réalités de l’après-Guerre Froide comme doivent l’être les missions de l’élément d’active.
L’importance de ces citoyens-soldats pour relier une force de plus en plus professionnelle à la majorité de la société américaine n’a jamais été aussi grande, et l’échec à réaliser les ajustements nécessaires pour leur mission a mis ces liens en danger.
La Garde Nationale de l’Armée de Terre devrait maintenir son rôle traditionnel en tant que force d’appoint lorsqu’une force de combat plus grande que prévue est nécessaire; elle peut vraiment jouer un rôle plus grand que celui qu’elle a joué jusqu’ici dans la planification américaine de la guerre.
Son rôle principal ne devrait pas être essentiellement de fournir une force de combat d’appoint aux unités d’active de l’Armée de Terre, engagées dans les opérations actuelles.
La renvoyer à son rôle traditionnel permettrait une nouvelle réduction modeste de la force de la Garde Nationale de l’Armée de Terre.
Un tel changement réduirait aussi la contrainte de déploiements répétés lors d’opérations imprévues qui mettent en danger le modèle du soldat à temps partiel sur lequel la Garde Nationale est supposée être constituée.
De la même manière, la force de réserve de l’Armée de Terre devrait maintenir son rôle traditionnel en tant que force fédérale – un complément à la force d’active – et les demandes en réservistes pour les opérations imprévues devraient être réduites au moyen d’améliorations des opérations et des déploiements de l’Armée d’active, et même par l’augmentation de la force en personnel.
Dans l’éventualité que les forces américaines se laissent entraîner dans deux guerres à grande échelle en même temps – ou presque en même temps – les éléments de l’Armée de réserve peuvent fournir l’avantage dans les opérations décisives.
Une telle capacité est la pierre angulaire de la stratégie militaire des Etats-Unis, qui ne doit pas être gaspillée dans les opérations imprévues continuelles. Une deuxième mission pour les unités de l’Armée de Terre basées aux Etats-Unis consiste à répondre aux risques imprévus.
Avec plus d’unités dans des bases avancées déployées le long d’un périmètre de sécurité étendu tout autour du globe, ces crises imprévues devraient être moins démoralisantes.
Des unités comme les 82 ième et 101 ième divisions aéroportées et les deux divisions légères d’infanterie de l’Armée de Terre, de même que les petits éléments de la 3 ième Division d’Infanterie Mécanisée, qui sont maintenues en alerte élevée, continueront de pourvoir à ces capacités nécessaires.
De même que les unités d’opération spéciale de l’Armée de Terre, telles que le 75 ième Régiment de Rangers.
De plus, la création d’unités indépendantes de taille moyenne démarreront le processus de transformation de l’US Army pour les besoins futurs imprévus.
Au fur et à mesure que la transformation mûrira, une plus grande variété d’unités de l’Armée de Terre sera adaptée aux opérations imprévues.
Les Forces sur les Bases Avancées.
La présence militaire américaine à l’étranger repose surtout sur les forces de terrain et c’est l’Armée de Terre qui est le service le mieux adapté pour ces missions de long terme.
Dans l’environnement de l’après-Guerre Froide, ces forces dans les bases avancées conduisent, par essence, des missions de reconnaissance et de sécurité.
Les unités impliquées doivent maintenir la paix et la stabilité dans les régions qu’elles patrouillent, fournir les premières alertes des crises imminentes et façonner les premières étapes de tout conflit qui pourrait se produire alors que les forces traditionnelles sont déployées à partir des Etats-Unis et d’ailleurs.
En vertu de cette mission, ces unités devraient être autonomes, pluridisciplinaires et dotées de larges capacités, capables d’opérer sur des distances importantes, avec des moyens sophistiqués en communication et l’accès à des hauts niveaux d’Intelligence américaine.
Actuellement, la plupart des unités avancées de l’US Army ne correspondent pas à cette description. De telles obligations suggèrent que les unités de ce type devraient être des formations de la taille de brigades ou de régiments, peut-être forts de 5.000 hommes.
Elles auront besoin d’une force suffisante en personnel pour pouvoir conduire des missions traditionnelles prolongées d’infanterie, mais avec la mobilité nécessaire pour opérer sur des zones étendues.
Elle doivent avoir suffisamment de puissance directe de feu pour dominer la situation tactique immédiate et un soutien additionnel pour éviter que de telles unités relativement réduites et indépendantes se retrouvent dépassées.
Toutefois, le besoin en soutien additionnel n’a pas besoin d’impliquer une grande quantité d’artillerie intégrée ou d’autres formes de puissance de feu additionnelle.
Alors que de l’artillerie sera nécessaire, une part substantielle du soutien au feu additionnel devrait provenir de l’aviation d’attaque de l’Armée de Terre et d’une interdiction de survol aérien plus ferme.
La combinaison d’une supériorité écrasante dans les engagements de feu directs, caractérisée par la performance du véhicule de combat Bradley et du tank M1 Abrams lors de la Guerre du Golfe (et certainement par la performance des véhicules blindés légers des Marines), de même que l’amélioration de la précision et de la qualité létale des armes d’artillerie, plus les capacités des avions de chasse des Etats-Unis, apporteront à telles unités une capacité de combat très substantielle.
Ces unités avancées indépendantes seront construites de plus en plus autour de l’acquisition et de la gestion de l’information.
Cela sera essentiel pour les opérations de combat (les tirs de précision à longue portée nécessitent des renseignements exacts et opportuns et des liaisons de communication robustes) mais aussi pour des opérations de stabilité.
Les unités stationnées dans les Balkans ou en Turquie ou en Asie du Sud-Est requerront la capacité de comprendre et d’opérer dans des environnements politico-militaires uniques, et les décisions soi-disant tactiques que les soldats prennent sur le terrain peuvent avoir des conséquences stratégiques.
Tandis que quelques-uns de ces besoins peuvent être remplis par des civils (Américains et nationaux locaux), les unités stationnées sur les frontières de sécurité américaines doivent avoir les capacités, la cohésion et le personnel permanent nécessaires aux exigences de leur mission.
Le plus important est qu’ils aient conscience de l’environnement sécuritaire et politique dans lequel ils opèrent.
Surtout, ces forces qui stationnent dans des régions instables doivent avoir leur propre capacité de collecte de renseignements, peut-être par l’intermédiaire d’une unité de forces spéciales rattachée, voire au moyen d’une unité intégrée de renseignements. Les technologies requises pour mettre en action de telles forces existent déjà et beaucoup d’entre elles sont en cours de production ou en stock.
La conception de nouvelles forces et l’application des technologies de l’information peuvent fournir une nouvelle utilité aux armes existantes.
Cependant, le problème de la mobilité et du poids devient un problème encore plus urgent au cas où des forces tournantes devraient être positionnées en Asie du Sud-Est.
Même les forces qui se trouvent sur les bases avancées auraient besoin d’être déployées rapidement sur de longues distances en période de crise, à la fois par mer et par voie aérienne ; bref, chaque kilo et chaque mètre cube doivent compter.
Pour concevoir de telles forces, l’Armée de terre devrait prendre en considération des approches plus innovantes.
Une approche à court terme devrait être de construire une telle unité autour de l’aéronef à rotors basculants V-22 Osprey, qui est actuellement en construction pour le Corps des Marines et pour les forces d’opérations spéciales.
Une deuxième approche intermédiaire consisterait à étendre les capacités actuelles de l’infanterie aéroportée, en ajoutant des sondes de ravitaillement aux hélicoptères existants, ainsi que sur les avions des opérations spéciales.
Une autre approche pourrait impliquer la construction de vaisseaux de transport maritime vraiment rapides. En résumé, il devrait être clair que ces unités de l’Armée de Terre, indépendantes et avancées, peuvent devenir des “agents changeants” au sein du service, offrant des occasions pour des concepts de transformation, alors même qu’elles exécutent des opérations vitales de stabilité dans leurs régions.
De plus, de telles unités devraient recevoir sur une base régulière un entraînement pour des opérations de combat, ce qui nécessiterait de nouveaux centres d’entraînement ainsi que de nouvelles garnisons dans des sites stratégiques plus pertinents.
Elles opéreraient d’une façon plus étalée, reflétant les nouveaux concepts d’opérations de combat ainsi que les exigences des opérations actuelles de stabilité.
Dans les zones urbaines ou dans les jungles de l’Asie du Sud-Est, elles opéreraient sur des terrains complexes qui pourraient prédire de façon plus précise la guerre de demain. De nouvelles unités intermédiaires ou aéroportées apporteraient certainement dans l’avenir une forte incitation à commencer la transformation de l’Armée de Terre de manière plus fondamentale.
Non seulement l’augmentation de la mobilité et des capacités d’information permettraient de conduire les opérations d’une nouvelle manière, le manque de blindés lourds permettrait d’adopter nouvelles tactiques, doctrines et organisations.
Même parmi ces unités équipées de chars Abrams et de véhicules de combat Bradley, le besoin en opérations indépendantes et en liens plus étroits avec les forces des autres services, ainsi que l’introduction de nouvelles capacités de renseignements et de communications, permettraient l’innovation.
Encore plus important, de telles unités et de tels concepts apporteraient un but au processus de transformation au sein de l’Armée de Terre : les soldats feraient partie du processus et prendraient à coeur sa réussite, faisant tomber la résistance bureaucratique au changement. La puissance terrestre américaine est un lien essentiel dans la chaîne qui traduit la suprématie militaire des Etats-Unis en une prééminence géopolitique américaine. En addition à ces concepts tout nouveaux pour l’Europe, le Golfe et ailleurs en Asie Orientale, l’Armée de Terre devrait garder une force de l’ordre que celle qui est actuellement basée en Corée.
Là-bas, en plus des QG des unités, la présence terrestre des forces américaines est construite autour de deux brigades de la 2 ième Division d’Infanterie.
Cette unité est déjà hybride, elle n’est ni un exemplaire parfait de division lourde, ni celui d’une division légère.
Tout en maintenant la structure divisionnaire pour permettre l’introduction progressive de forces complémentaires en temps de crise, l’Armée de Terre devrait aussi commencer à redessiner cette unité pour permettre les opérations à longue portée.
À cause de la dimension massive de l’artillerie nord-coréenne, la puissance de feu des batteries de contre-artillerie joueront un rôle important dans toute guerre dans la péninsule, suggérant que l’amélioration des capacités des lance-roquettes de la division américaine est un investissement modeste mais sage.
De la même manière, accroître le nombre des avions et des hélicoptères d’attaque des forces terrestres en Corée offrirait aux commandants des options dont ils ne disposent pas pour l’instant.
Les principales forces lourdes de l’armée sud-coréenne sont bien entraînées et bien équipées, mais elles sont optimisées pour défendre Séoul et la République de Corée aussi loin que possible vers le Nord.
Dans le temps, les deux brigades de la 2 ième Division d’Infanterie pourraient ressembler étroitement au type de forces indépendantes et combinées nécessaires en d’autres endroits.
Modernisation et Budgets de l’Armée de Terre.
Depuis la fin de la Guerre Froide, l’Armée de Terre a souffert de réductions de budget dramatiques, particulièrement en ce qui concerne l’acquisition et la recherche en armes, qui ont eu pour conséquence la dégradation du niveau actuel de préparation tel que décrit ci-dessus et ont réduit la capacité du service à se moderniser et à innover pour l’avenir.
Les tentatives actuelles de l’Armée de Terre de se transformer ont été entravées par la nécessité de trouver des “payeurs” au sein du budget de l’armée. Pendant l’année fiscale 1992, le premier budget de l’après-Guerre Froide et de l’après-Guerre du Golfe était de 91Mds$ en dollars constants de l’an 2000.
Cette année, le Congrès a approuvé une dotation de 69,5Mds$ pour les opérations de l’Armée de Terre dont plusieurs milliards pour financer les opérations dans les Balkans et la demande du Président Clinton pour 2001 est de 70,6Mds$, dont plus de 2Mds$ seront alloués aux opérations dans les Balkans.
De la même manière, les dépenses d’acquisition de l’Armée de Terre sont sur le déclin.
Pendant les années Clinton, les acquisition de ce service ont été en moyenne de 8Mds$, touchant un plus bas de 7,1Mds$ en 1995 ; la demande pour 2000 était de 9,7Mds$, de loin la plus forte demande d’acquisition pour l’Armée de Terre depuis la Guerre du Golfe.
En contraste, les achats d’armement de l’Armée de Terre ont été en moyenne de 23Mds$ par an pendant la première moitié des années 80, lorsque la génération actuelle des principaux systèmes de combat – le char M1, le véhicule de combat Bradley, les hélicoptères Apache et Black Hawk et le système de missile Patriot – sont entrés en production. Pour doter une Armée de Terre capable de faire face aux nouvelles missions et défis discutés plus haut, les budgets de ce service doivent retourner au niveau de 90Mds$ à 95Mds$ en dollars constants de 2000.
Une partie de cette augmentation aiderait l’Armée de Terre à faire le plein de ses unités, actuellement en sous-effectifs, et à rénover l’Armée de Terre institutionnelle.
Cela permettrait aussi d’accroître le niveau de préparation des unités de la Garde Nationale de l’Armée de Terre.
Des nouveaux programmes d’acquisition incluraient des véhicules blindés légers, des réseaux de commandements et de contrôle “numérisés” et d’autres systèmes de prise de conscience situationnelle, l’hélicoptère Comanche et les véhicules aériens inhabités (les drônes).
Des investissements renouvelés dans les infrastructures de l’Armée de Terre amélioreraient la qualité de vie des soldats.
Le processus de transformation serait revigoré. Mais, ainsi que le débat sur les besoins de l’Armée de Terre décrit plus haut l’indique, les investissements de l’Armée de Terre doivent être redirigés, de même qu’ils doivent être augmentés.
Par exemple, le programme d’artillerie Crusader, alors qu’il est peut-être l’obusier autopropulsé le plus avancé jamais produit, est difficile à justifier selon des conditions de changement révolutionnaire.
Les coûts de cet obusier, pas tant en termes budgétaires mais en termes de coûts d’opportunité d’un engagement continu à un paradigme de plus en plus démodé de la manière de conduire les combats, dépasse largement les bénéfices ; le Crusader devrait être terminé.
Toutefois, répondre aux nombreux défis de l’Armée de Terre nécessitera une augmentation significative du financement. Bien que la force d’active soit 40% plus petite qu’elle ne l’était à la fin de la Guerre Froide, plusieurs générations de dirigeants de l’Armée de Terre ont choisi de maintenir la force des troupes, qui est financée par des réductions d’acquisition et de recherche.
Cela ne peut pas durer.
Tandis que l’Armée de Terre pourrait s’avérer trop petite pour la variété de missions dont nous avons parlé plus haut, son principal besoin est le réinvestissement, la recapitalisation et surtout la transformation.
Pris ensemble, ces besoins excèdent de beaucoup les économies qui seraient accumulées par toutes les réformes ou les efficacités internes.
Terminer les programmes marginaux tels que l’obusier Crusader, en rognant sur les frais administratifs, en fermant des bases, etc., ne dégagera pas assez de ressources pour financer la restructuration radicale dont l’Armée de Terre a besoin.
En plus de terminer le programme d’artillerie Crusader, le budget annuel de l’Armée de Terre doit augmenter pour atteindre le niveau de 90Mds à 95Mds$ afin de financer les missions actuelles et la transformation à long terme de l’Armée de Terre. La puissance terrestre américaine reste le lien essentiel dans la chaîne qui traduit la suprématie militaire des Etats-Unis en une prééminence géopolitique américaine.
Même au fur et mesure que les moyens mis en oeuvre pour apporter la puissance de feu sur les champs de bataille se déplacent (les avions d’attaque ont tout réalisé sauf les rêves les plus fous des fanatiques de la puissance aérienne, les véhicules aérien inhabités promettent d’étendre la puissance d’attaque dans un futur proche et la capacité de conduire des attaques depuis l’espace semble être possible dans un horizon pas si lointain), le besoin en manoeuvres de terrain pour réaliser des résultats politiques décisifs persiste.
Les régimes sont difficiles à changer en se basant seulement sur les mesures de rétorsion.
Si les forces terrestres doivent survivre et garder leur seul objectif stratégique dans un monde où il est de plus en plus facile d’appliquer une puissance de feu avec précision sur des longues distances, elles doivent aussi changer, devenant plus furtives, mobiles, pouvant être déployées facilement et capables d’opérer de façon dispersée.
L’Armée de Terre des Etats-Unis et les forces terrestres américaines, d’une façon plus générale, doivent compléter de plus en plus les capacités d’attaques des autres services.
À l’inverse, une force militaire américaine manquant de capacité à employer des forces terrestres qui peuvent survivre et manoeuvrer rapidement sur les futurs champs de bataille privera les dirigeants politiques américains d’un outil majeur de diplomatie.
L’Armée de l’Air : Vers une Force Globale de Première Attaque.
La décennie écoulée a été à la fois la meilleure et la pire pour les forces aériennes des Etats-Unis.
De la Guerre du Golfe à l’Opération Forces Alliés au Kosovo, la plus grande sophistication de la puissance aérienne américaine avec ses avions furtifs, ses munitions à guidage de précision, ses capacités d’intervention quel que soit le temps et l’heure et le professionnalisme des pilotes, des planificateurs et des équipes de soutien, a permis à l’Armée de l’Air de vanter légitimement sa “portée globale, puissance globale”.
Dans un délai très court, les avions de l’US Air Force peuvent attaquer pratiquement n’importe quelle cible sur terre avec une grande précision et pratiquement en toute impunité.
La puissance aérienne des Etats-Unis est devenue une métaphore autant que la manifestation littérale de la prééminence militaire américaine.
Les avions spécialisés de l’US Air Force, comme le JSTARS, sont trop peu nombreux pour répondre aux exigences des missions actuelles.
Simultanément, l’Armée de l’Air a été réduite d’un tiers ou plus et ses opérations ont été de plus en plus diffuses.
De plus, l’Armée de l’Air a assumé tant de nouvelles missions que ses structures fondamentales s’en sont trouvées modifiées.
Pendant la Guerre Froide, l’Armée de l’Air était préparée pour livrer des batailles aériennes à grande échelle afin de nettoyer le ciel des avions soviétiques ; l’Armée de l’Air d’aujourd’hui est de plus en plus formatée pour effectuer des opérations d’interdiction de survol aérien, conduire des attaques punitives ou exécuter des campagnes mesurées, à faible risque et sans faute, telles que Forces Alliées.
Le nouveau concept “Force Expéditionnaire Aérienne” de ce service détourne le modèle classique de “campagne aérienne” de grande guerre. À l’instar de l’Armée de Terre, l’Armée de l’Air continue d’opérer dans ce nouvel environnement stratégique et opérationnel selon des systèmes de l’époque de la Guerre Froide.
Les avions de chasse de lignes de front, F-15 et F-16, ont été construits pour surpasser le plus possibles les avions soviétique.
Les avions de soutien américains, de l’AWACS au JSTARS (pour le commandement et le contrôle), aux avions de brouillage électronique en passant par les cargos, étaient destinés à travailler en tandem avec un grand nombre d’avions de chasse américains.
La première mission de la flotte de bombardiers américains était la dissuasion nucléaire.
L’Armée de l’Air a commencé aussi à acheter de nouvelles générations d’avions de combat habités qui ont été conçus pendant la Guerre Froide ; le F-22 et, surtout, le Joint Strike Fighter, sont une réponse aux besoins établis il y a longtemps.
À l’inverse, la décision de mettre fin au programme du bombardier B-2 a été prise avant qu’il ne soit capable d’effectuer des missions précises à longue portée et des attaques conventionnelles.
Au début de l’Opération Forces Alliées, les commandants en chef régionaux ont commencé à réévaluer la quantité de capacité qui pourrait servir leurs besoins.
De plus, l’Armée de l’Air devrait réévaluer son besoin pour un plus grand nombre de systèmes à longue portée.
Dans certaines régions, la capacité d’opérer à partir de champs aériens tactiques est de plus en plus problématique et dans d’autres – notamment en Asie Orientale – le théâtre est tout simplement si grand que même les opérations “tactiques”, à l’intérieur du théâtre, nécessiteront des capacités à longue portée. En résumé, l’Armée de l’Air a commencé à s’adapter aux nouvelles exigences de notre temps, mais elle est loin d’avoir terminé les changements nécessaires à son positionnement, à sa structure et à ses programmes.
De plus, l’Armée de l’Air est trop petite, notamment sa flotte d’avions de soutien… et pauvrement positionnée pour conduire des opérations prolongées de prééminence militaire américaine.
Les fonds d’acquisition de l’Armée de l’Air ont été réduits et les dirigeants de ce service ont réduit les achats de pièces détachées, d’avions de soutien et même le remplacement des avions de chasse actuels dans une tentative de maintenir le programme en cours des F-22.
Bien que la puissance aérienne reste l’élément le plus flexible et le plus dynamique de la puissance militaire des Etats-Unis, l’Armée de l’Air a besoin d’être restructurée, repositionnée, revitalisée et élargie pour assurer la continuité de la “portée globale, puissance globale”.
En particulier, l’Armée de l’Air devrait
– Être redéployée pour refléter les changements dans la politique internationale. Une flotte aérienne indépendante et expéditionnaire, comprenant un mélange plus vaste d’avions, avec des équipements pour la guerre électronique, un commandement et un contrôle aéroportés et autres avions de soutien, devrait être basée en Italie, en Europe du Sud-Est, en Europe Centrale et peut-être en Turquie orientale, dans le Golfe Persique et en Asie du Sud-Est.
– Réaligner les unités de l’Armée de l’Air qui subsistent en Europe, en Asie et aux Etats-Unis afin d’optimiser leurs capacités à conduire des campagnes aériennes à grande échelle.
– Investir de manière sélective dans les générations actuelles d’avions de chasse et de soutien afin de maintenir en service les flottes de F-15 et F-16 ; acheter des gammes additionnelles d’avions de chasse pour missions spéciales, accroître les flottes d’AWACS, de JSTARS et autres avions électroniques de soutien et étendre les stocks de munitions de précision à guidage laser.
– Développer des plans pour augmenter les flottes de soutien en guerre électronique, comme en créant des avions “Wild Weasel” [belette sauvage qui cherche et qui attaque…] et de brouillage basés sur la cellule aéronautique F-15E.
– Restaurer la condition de l’Armée de l’Air institutionnelle, en élargissant sa force en personnel, en reconstruisant son corps de pilotes et de sous-officiers expérimentés en maintenance, et étendre les spécialités de soutien, telles que les renseignements et la police spéciale, et revigorer son institution d’entraînement. La force en personnel de l’Armée de l’Air dans son ensemble devrait progressivement s’accroître d’environ 30.000 à 40.000 et ce service devrait reconstruire une structure équivalente à 18 / 19 ailes d’active et 8 de réserve.
L’Etat de l’Armée de l’Air.
Comme pour l’Armée de Terre, l ‘Armée de l’Air a été chargée, ces dernières années, de missions entièrement différentes de celles qui lui étaient assignées durant la Guerre Froide.
Les années qui ont suivi la chute du Mur de Berlin ont été tout ce qu’on veut sauf prévisibles.
En 1997, l’Armée de l’Air a quatre fois plus de forces déployées qu’en 1989 (la dernière année de la Guerre Froide) mais un tiers de personnel en moins dans sa force d’active.
Dans de telles circonstances, les choix qui ont été fait pour construire une force de combat peuvent devenir un handicap.
Ainsi que Thomas Moorman, le vice-chef d’état-major de l’Armée de l’Air de 1994 à 1997, le fit remarquer : “Aucun de nous ne croyait, à la fin de la Guerre Froide, que nous aurions à mettre en oeuvre Northern Watch et Southern Watch (les opérations d’interdiction d’espace aérien en Irak) en 1998. La Bosnie existe toujours, depuis 1995, tous [dans l’Armée de l’Air] ont été là-bas…en plus du fait que nous avons du faire face à des tensions, surtout en Irak. Saddam Hussein a été très efficace à nous y obliger, et nous avons effectué trois déploiements majeurs, le dernier ayant été très significatif…, 4.000 personnes et 100 avions. Et nous sommes restés là-bas bien plus longtemps que nous le pensions“…
En conséquence, la “préparation au combat” de l’Armée de l’Air “n’est pas anecdotique, elle est un fait“, a déclaré le général Michael Ryan, chef d’état major de l’Armée de l’Air.
Selon Ryan, depuis 1996 l’Armée de l’Air a connu “une dégradation totale de 14% de la préparation opérationnelle de nos principales unités opérationnelles“.
Et bien que les dirigeants de l’Armée de l’Air prétendent que le service tient toutes ses unités au même niveau de préparation qu’elle ne pratique pas (alors que c’est le cas pour la Marine) de préparation “à plusieurs niveaux” dans lesquelles les unités qui entrent les premières au combat reçoivent plus ressources, le niveau de préparation dans les unités aux Etats-Unis a glissé en dessous de celles qui sont déployées à l’étranger.
Par exemple, le Commandement des Combats Aériens, le principal commandement des avions de chasse tactiques basé aux Etats-Unis, a souffert d’une chute de 50% dans ses niveaux de préparation, comparé à la chute moyenne de 14% de la préparation opérationnelle du service. Ces problèmes de préparation sont le résultat d’un rythme d’opérations qui consume lentement mais sûrement l’Armée de l’Air.
Une étude effectuée en 1998 par RAND : “Opérations Outre-mer de l’Armée de l’Air en Temps de Paix : OPTEMPO et Implications de la Structure des Forces“, [Air Force Operations Overseas in Peacetime: OPTEMPO and Force Structure Implications], a conclu que l’ US Air Force d’aujourd’hui est à peine assez grande pour maintenir les contingences d’interdiction d’espace aérien et autres maintiens de l’ordre similaires, et encore moins pour faire face à une guerre majeure.
Tandis que le Département de la Défense a fini par reconnaître le lourd fardeau placé sur les AWACS et autres avions spécialisés de l’Armée de l’Air, cette étude a découvert que “les avions spécialisés connaissent un taux d’utilisation bien inférieur au niveau que la structure actuelle semblerait être capable de supporter sur une base de long-terme“.
Cette étude révèle aussi que la force actuelle en avions de chasse est étirée jusqu’à la limite.
Selon les suppositions actuelles, la structure actuelle de la chasse “a la capacité de faire face à l’exigence de maintien de paix, mais avec une réserve maigre, seulement environ un tiers d’une escadre (8 avions) en dessous des exigences“…
Une mission additionnelle d’interdiction d’espace aérien, comme celle qui est conduite actuellement dans les Balkans, par exemple, “serait très difficile à mettre en place sur une base durable“.
Selon Ryan, l’accumulation de ces missions de maintien de l’ordre a eu un effet dramatique sur l’Armée de l’Air.
Il a récemment résumé la situation pour le Congrès : “Nos hommes et nos femmes sont séparés chaque année de leurs foyers et de leurs familles pour des périodes imprévisibles et étendues avec un impact négatif significatif sur leur maintien. Le personnel de nos stations intérieures est devenu inadéquat et la charge de travail a augmenté parce que les forces sont fréquemment déployées même si les opérations dans les stations intérieures doivent continuer à un rythme quasi-normal. Nos unités de déploiement avancé doivent transporter bien plus d’infrastructures pour les bases expéditionnaires. La protection des forces et les missions critiques de sécurité pour les forces avancées est une considération majeure. Les exigences sur nos plus petites unités, telles que les renseignements, la surveillance et la reconnaissance et la recherche de combat et les unités de sauvetage, ont extraordinairement augmenté, elles sont correctement dimensionnées pour deux théâtres de guerre majeurs, mais certaines ne sont pas dimensionnées de façon adéquate pour des opérations multiples imprévues et de longue durée… À cause de la nature imprévisible de ces contingences, les besoins en entraînement ont été étendus et l’entraînement ne peut pas toujours être mené complètement tout en déployant les contingences de soutien. Parce que ces contingences sont imprévisibles, il est beaucoup plus difficile d’utiliser les forces de Réserve, dont un grand nombre a besoin de temps pour coordonner les congés avec les employeurs civils avant qu’ils soient libres de reprendre leurs fonctions dans l’Armée de l’Air. Ces tensions accumulées ont créé toute une panoplie de problèmes pour l’Armée de l’Air : le recrutement et le maintien du personnel clé, surtout les pilotes, est une inquiétude sans précédent ; la flotte d’avions de ce service (surtout les avions de soutien) vieillit de manière significative ; les pièces détachées font défaut, il y a pénurie de sous-systèmes électroniques et de munitions de pointe, ainsi que des restrictions à la fois opérationnelles et de missions d’entraînement ; et la qualité et la qualité d’entraînement au combat aérien a décliné”…
DONALD KAGAN et GARY SCHMITT Coprésidents du Project. THOMAS DONNELLY Auteur Principal.
L’ensemble des forces militaires américaines va être modifié, amélioré, re-positionné et les dirigeants changés, sans oublier la “petite vengeance” de l’armée dans le discrédit et la chute du président Clinton (considéré comme étant le responsable du déclin de la puissance militaire) avec l’affaire Lewinsky…, ce qui va permettre l’accession d’un faucon (George W. Buch), aux ordres du Nouvel Ordre Mondial dont fait partie le “complexe militaro-industriel” cité par les présidents Dwight D. Eisenhower et John F.Kennedy…
Cet état des lieux et ces recommandations, vont être immédiatement suivies d’effet.
Ne restait qu’à appliquer un plan machiavélique, le “nouveau Pearl Harbour”, afin d’engager les USA dans le plan de conquète du Moyen-Orient et de l’Asie…
Les Etats-Unis dépensent désormais pour la défense autant que l’ensemble des autres pays de la planète réunis. Le budget du Pentagone destiné à l’acquisition de nouvelles armes est passé de $61Milliards en 2001 à plus de $80milliards Trois ans plus tard.
Les ventes de Lockheed-Martin se sont accrue de 30% sur la même période, avec des dizaines de milliards de dollars de provision pour les achats futurs.
De 2000 à 2004, l’action de Lockheed-Martin a été multipliée par 3.
Northrup-Grunman a connu une croissance similaire grâce à ses contrats avec le DoD, qui sont passés de 3,2 milliards de dollars en 2001 à 11,1 milliards de dollars en 2004.
Les contrats qu’Halliburton, dont Dick Cheney est l’ex-PDG, avait avec l’armée en 2001 se sont élevés à $427m.
Dès 2003, ses contrats avec la défense étaient passés à $4,3 Milliards, dont près d’un tiers provenait d’accords sans appel d’offre.
En début 2006, le programme du Global Dominance Group s’est bien installé au sein des conseils politiques des plus hauts cercles et il est habilement mis en opération à l’intérieur du gouvernement des Etats-Unis.
Ce “Groupe de Domination du Monde” travaille main dans la main avec les fournisseurs de l’armée, assurant la promotion des forces américaines dans plus de 700 bases dans le monde entier.
Il y a une différence importante entre se défendre contre des menaces extérieures et penser que l’on peut contrôler militairement le monde.
Lorsqu’on interroge les américains, une majorité d’entre eux émet de sérieux doutes quant à l’acceptabilité morale et pratique de financer la domination du monde.