Christian Audigier, le faussaire-plagiaire-voleur de “Von Dutch” !
Christian Audigier s’est éteint le 9 juillet 2015 des suites d’un syndrome myélodysplasique, une forme sévère de cancer du sang.
Son ami Fabrice Sopoglian (Mensch Pictures LLC) a pris l’initiative d’immortaliser ses derniers mois et son combat contre la maladie…, le documentaire, intitulé “VIF, the movie”, distribué par Gravitas Ventures, réalisé par Didier Beringuer et produit par Samuel Boutboul, retrace l’histoire inventée de celui qui se prétendait mensongèrement créateur de la marque “Von Dutch”…, le film devait sortir aux États-Unis en mars 2018… on ne sait ce qu’il en est advenu !
Problème…, tout était basé sur des mensonges…, le “génie” était un escroc !
On en arrive à une situation surréaliste, car même mort, via ce film, Christian Audigier clame haut et fort : “son génie, sa fortune et ses relations avec le show-baise“…
En réalité c’était un opportuniste, un escroc, un plagiaire et un voleur !
Il devait sa notoriété en prétendant avoir acheté les droits de “Kenny Von Dutch Howard”, un génial créateur dans la mouvance de la contre-culture et du Hot-rodding.
Sauf que “Kenny Von Dutch Howard” n’a jamais eu quoi que ce soit à voir ni de près ou de loin avec Christian Audigier, qui a tout simplement inventé qu’il en était l’héritier… et a commercialisé sans vergogne tout ce que Kenny “Von Dutch” Howard avait créé toute sa vie !
Honte aux médias de la mode et aux magazines “people” qui ont contribué à cette arnaque planétaire…
Il y a quelques temps…, résolu à le questionner sur cette affaire, je m’étais fait inviter à son 51ème anniversaire…, un “évènement”, attendu par tous les chasseurs de stars, le “messie de la mode” Christian Audigier n’avait pas déçu son monde de pique-assiettes et de putes (argentées ou non), ainsi que de profiteurs/profiteuses…
A 22h30 heures, il y avait déjà foule devant le Vip Room alors que les portes ne devaient s’ouvrir qu’une heure et demie plus tard…, il y avait même une brigade de flics postée à l’extérieur pour maîtriser d’éventuels débordements !
Accréditation spéciale au poignet, j’ai du filer vers l’énorme “photocall” où une grosse centaine de preneurs d’images s’installaient gentiment pour qu’on leur fabrique un “passe” vers le septième ciel de l’esbrouffe…
Malgré la pression de l’évènement, Jean-Roch et son attaché de presse, Laurent Guyot, affichaient une déconcertante sérénité, se lançant vanne sur vanne…
Minuit sonnant, le cirque a pu commencer… et Jean Claude Van Damme a fait son entrée sur la red carpet, sous une pluie de flashs…, le premier d’une longue série…
Séquence “name-dropping” : Eva Herzigova, Domenico Dolce, Stefano Gabbana, Solange Knowles, Kerry Washington, Julian Lennon, Paul Allen, Ashton Kutcher, ou encore Dita Von Teese.
Et aussi de nombreuses vedettes françaises comme Johnny Halliday, Fred Beigbeder, André Machin, Vahina Giocante et Ophélie Winter défendant les couleurs tricolores dans ce raout empoisonné…
Après une entrée triomphale sous les confettis et une bonne demi-heure consacrée aux interviews télés, Christian Audigier est arrivé comme un roi dans son gigantesque carré VIP gardé par son staff comme la porte de la Maison Blanche…
Le club s’est vite transformé en sauna alors que Patrick Juvet entamait un mini-showcase de deux titres : “Made In America” et “Où sont les femmes”…
Une heure plus tard, l’open bar n’était déjà qu’un vieux souvenir…
Le “styliste” français a pris le micro et a balancé : “Bonsoir, je suis Christian Audigier, j’ai l’habitude de faire des méga-fêtes…, voici ma première surprise, j’adore ce petit mec…, merci d’accueillir 50 Cents !”
Le rappeur new-yorkais a alors assuré le show pendant une heure.
A l’intérieur, c’était devenu totalement impraticable…, 4.000 personnes étaient dans la place, beaucoup trop pour rendre vivable l’espace…
A 3h30, Audigier s’est enfoncé dans la mégalomanie en lançant au micro : “Re-bonsoir, je suis toujours Christian Audigier ! Merci de faire un triomphe à mon copain Lenny Kravitz !”…
Une autre bombe…, le Vip Room s’est embrasé sous les riffs du guitariste américain.
Vint l’heure du gâteau d’anniversaire…, Paris Hilton est montée sur scène et s’est mise à beugler, saoule, “happy-birthday to you”… à la star de la soirée… et Christian Audigier était visiblement très heureux…
J’en ai profité pour lui demander : “Quoi et qu’est-ce avec Von Dutch”…
Il m’a toisé en répondant : “Qui ?”…
J’ai renchérit : “Kenny Von Dutch Howard, celui que vous avez plagié, volé l’œuvre, copié ses dessins et même re-fabriqué sa valisette dans laquelle il rangeait ses pinceaux et outils qui lui servaient pour peindre des Custom-cars et des Choppers”…
“Ah, oui”…, qu’il m’a répondu, “prenez un morceau de gâteau, je vous verrai plus tard”…
Il s’est éclipsé…, à marmonné quelques mots à un de ses gardes du corps qui m’ont prié de partir… et s’en sont assuré jusqu’au moment ou j’ai été chassé de ce paradis artificiel…
La plupart des jeunes qui payaient des liasses de gros dollars pour des T-shirt “Von Dutch” et les chapeaux et casquettes de base-ball qui allaient avec…, n’avaient aucune connaissance de qui est ce Christian Audigier, convaincus que c’est lui qui était le créateur de cette marque…
Encore actuellement, ils savent que c’est un créateur, à force qu’il l’a affirmé en long, en large, en travers…, mais ne sont pas conscients de l’ironie de la commercialisation de produits sous ce nom… et que cette utilisation est un contre-sens à la contre-culture… (ça complique, là, non ?), car ce nom a été le symbole de la rébellion des jeunes aux USA dans les années ’50 et ’60…
C’est un cas typique d’usurpation identitaire mercantile.
Tout ce “Merchandising” fut donc inventé en totale opposition avec ce qu’il représentait…, mais, pire, “Von Dutch” n’a jamais rien eu à y voir…!
Si tout ce toutim a rapporté assurément des milliards de dollars, en fait, ce n’est rien de bien…, car l’authentique et seul vrai Kenny “Von Dutch” Howard n’a strictement jamais eu aucun lien avec les boutiques “Von Dutch“…, ni lui, ni ses héritiers/héritières n’en ont eu le moindre dollars ou euro… et ils n’en auraient pas voulu puisque ce merchandising est à l’opposé de ce qu’était le père de la contre-culture qu’est la “Kustom Kulture“… et le Hot-Rodding !
Toute l’œuvre de Kenny “Von Dutch” Howard a ainsi été pillée et détournée de son sens originel…
Que ce soit le célèbre logo “Von Dutch“, l’œil ailé et tout ce que Kenny “Von Dutch” Howard a créé…, tout , absolument tout, a été usurpé !
Tony Sorensen et Christian Audigier vont exploiter au mieux cette usurpation de nom en en créant une multinationale du vêtement…, et des boutiques-ateliers de Choppers “Von Dutch“… l’exact opposé de la réalité de Kenny “Von Dutch” Howard, père de la contre-culture et de la “Kustom-Kulture“…!!!
Et cela, je le répète, sans être titulaires, héritiers ou propriétaires de l’œuvre de Kenny “Von Dutch” Howard, qui a vécu simplement et est mort sans le moindre dollar !
De son vivant, Kenny “Von Dutch” Howard fut un artiste remarquable d’inventivité, d’abord dans le Hot-Rodding dont il fut un des pères fondateurs (c’est plus ou moins ça, sans l’être tout à fait, mais c’est pas très loin de la vérité quand même, excepté une part de légende qui fait fantasmer)…, c’est par contre le père incontestable de la “Kustom Kulture” , des pin-stripping complexes et des peintures en forme de flammes…, ainsi que de toute une série de thèmes graphiques dont “l’œil ailé”…
Détaillons un chouïa la vie de Kenny “Von Dutch” Howard
Howard est né dans le sud de la Californie en 1929.
En 1939, “Von Dutch” à 10 ans et construit le premier Chopper au monde, un Low-rider décoré avec des pin-stripping… et des flammes sur le réservoir !
En 1943 il a 14 ans et il fabrique un fusil automatique de son invention…
En 1945, quelques semaines après la fin de la seconde guerre mondiale, “Von Dutch” à 16 ans et crée un petit garage spécialisé dans les Choppers…, il est contraint d’abandonner ce garage un an plus tard, en octobre 1946, pour effectuer son service militaire… mais il y vivra un cauchemar en cause de ses insubordinations diverses…, toutefois, à cause d’un accident, il sera déchargé de ses obligations et reviendra à la vie civile.
Il tourne en rond jusqu’en 1949 ou il ouvre un second garage, cette fois pour les voitures, dans le sud de la Californie… et c’est là que “Von Dutch” invente le mot “Kustom” et tout ce qui le constitue !
Cette période ne le nourrit pas suffisamment dans son art, aussi est-il projectionniste le soir et les week-end dans un cinéma « drive-in » de San Pedro…, il est sollicité pour construire des voitures pour divers films Hollywoodiens et sa créativité en matière de graphismes le fait peu à peu connaître du grand public…
En 1957 il se marie avec Shelia Harlan.
En 1960, les 11 années précédentes passées à construire et peindre quelques voitures et motos “de cinéma”, finissent par payer…, il construit en effet les deux Choppers légendaires du film “Easy-Rider”… ou Peter Fonda est la vedette…
Il devient célèbre, adulé et très demandé…, en ce compris pour jouer un rôle de composition dans “You Are What You Eat”… ce qui le fait côtoyer les vedettes Hollywoodiennes et devenir le meilleur ami de Steve Mc Queen pour qui il s’occupe de ses voitures et motos…, il crée ainsi la moto de “La Grande Evasion” et celle de Marlon Brando dans “L’équipée Sauvage”… et, dans sa part d’activités créatrices graphiques, il crée le logo du groupe “The Byrds”…
Les années ’60 et ’70 seront prolifiques pour “Von Dutch”, période ou il est sacré “Père de la Kustom-Kulture”...
La mort de Steve Mc Queen en 1980 va affecter considérablement “Von Dutch”, ses peintures vont devenir sombres et lui va peu à peu sombrer (belle liaison, là, ne trouvez-vous pas entre “sombres” et “sombrer”…) dans la plus totale confusion…, un peu fou…, assez flou…, puis de plus en plus…, devenant alcoolique, raciste, paranoïaque et vivant dans une caravane en marge de la société !
A l’article de sa mort, Kenny “Von Dutch” Howard ne possède pas de fabrique de vêtements, ni d’usine de chaussures, casquettes et chapeaux… et malgré ce qu’en disent les communiqués de presse de “Von Dutch Originals”…, il n’a jamais été sollicité de son vivant par deux hommes d’affaires désireux d’utiliser le nom “Von Dutch”… soi-disant très connu pour les T-shirt aux couleurs de ses logos créatifs…
C’est du flan…, de l’intox !
Christian Audigier a même inventé que quelques semaines après son décès, ses filles ont vendu le nom “Von Dutch” à Michael Cassel et Robert Vaughn… qui en 2001 vont revendre le nom “Von Dutch” à Tonny Sorensen !
La seule chose avérée… est que la marque “Von Dutch” à été lancée en 1999 (deux ans AVANT la “cession” inventée par Christian Audigier (styliste français spécialiste de jean’s) et Tony Sorensen (ex champion danois de kick-boxing), qui remettaient au goût du jour le jean’s mécano, le tee-shirt cintré et la casquette de base-ball.
Donc…, il n’existe aucun lien entre l’homme “Von Dutch”, ses idées, sa manière d’être, sa créativité… et la firme de vêtement “Von Dutch”…, si ce n’est l’invention d’un paiement pour un nom…, fait après la mort de “Von Dutch”… en faveur de ses filles… alors qu’Audigier et Sorensen exploitaient le nom “Von Dutch” depuis 1999…, c’est un scoop planétaire… et je pense que malgré l’importance de cette information, tout le monde s’en f…. totalement !!!
Le cynisme va très loin, car pour ce seul nom…, Tonny Sorensen et Christian Audigier vont créer la confusion en déposant “Von Dutch Originals“, laissant croire qu’ils sont ainsi les dépositaires de l’œuvre de Kenny “Von Dutch” Howard… ce qui est faux !
“Von Dutch Originals” (www.vondutch.com) est ainsi devenu une marque de mode internationale, dont l’attitude purement commerciale “rock-and-roll” se revendiquait éhontément de la “Kustom Kulture” de Kenny “Von Dutch” Howard…
Si en finale Christian Audigier est devenu milliardaire, le fait de ne pas payer de droits quelconques pour l’utilisation du logo “Von Dutch” y fut pour beaucoup… en ce compris qu’il a “biaisé” Sorensen !
Michael Jackson l’avait surnommé “The King of Fashion”, mais le rêve américain du petit gars d’Avignon tournait mal depuis un an.
Quelques temps plus tard, diverses vedettes informées de son escroquerie, l’ont rayé de leurs listes d’amis… et comme cela s’est propagé, il a raté son retour en France.
Coincé à l’aéroport de Paris-Charles de Gaule ou je me trouvais par hasard, j’ai croisé cet escroc international, ce plagiaire… et lui ai lancé :
– “Espèce de voleur, vous êtes la honte personnifiée avec l’affaire “Von Dutch”, vous vous souvenez de moi ? A vos 51 ans, vous m’aviez dit que vous m’expliqueriez ?”…
Il m’a regardé de travers en murmurant que j’étais un fouille-merde…, ce à quoi j’ai répondu que la merde c’était lui… et que c’était logique qu’un autre pilleur de succès américains se lie d’amitié avec lui…
Raclements de gorge :
– “Johnny ? Tout va bien avec Johnny…”, a marmonné Christian Audigier, en ajustant le col de sa chemise à carreaux façon John Wayne.
Le styliste n’avait pas envie d’épiloguer, il a préféré évoquer son idole, pardon, son “ami”, dont il s’était fait tatouer le nom sur l’avant-bras.
– “Selon les mauvaises langues”, lui dis-je, “vous avez contrarié le rockeur des salles-de-bains des ménagères de plus de 60 ans.., le tatoueur qu’il vous avait recommandé s’est trompé en calligraphiant en chinois le prénom de sa fille Jade. Pire, la ligne de fringues “Smet, Born on the Streets”, que vous avez créé ensemble a viré au fiasco”.
– “Nous sommes en train de régler la brouille”, a coupé son numéro 2, Hubert Guez…, “mais notez bien qu’il n’y a pas de brouille”…
– “Et voilà une star de moins dans le carnet d’adresses de Christian Audigier”, ai-je rétorqué… “mais je n’ai toujours pas eu de réponse concernant votre vol des créations de Kenny “Von Dutch” Howard… Depuis trois ans, vous vous autoproclamez “styliste des people”, et multipliez les associations hasardeuses avec le Tout-Hollywood. La belle jet-setteuse Lindsay Lohan avait promis de collaborer avec vous pour des sacs à main…, mais elle a renoncé début 2010, ensuite elle a fait de la prison comme vous il y a quelques années…, puis elle s’est excusée d’être “out”…De même, après six mois de travail sur une collection de vêtements, Madonna vous a carrément lâché au printemps 2009. Quant à Michael Jackson…, après avoir juré que vous rachèteriez son ranch, histoire de vous faire mousser dans les médias, vous parlez toujours de lancer une collection au nom du défunt”….
– “Vous savez, tant que Madonna porte mes casquettes, tout va bien. Le reste, je m’en fiche”, a minimisé Christian Audigier…
– “Encore un mensonge, vos casquettes, Madonna ne les porte plus depuis belle lurette, pas plus que Paris Hilton, Beyoncé ou Sylvester Stallone, pourtant toujours à la pointe de la mode. Vous êtes out… définitivement…, le célèbre chroniqueur des stars américaines, Perez Hilton l’a dit. C’est du côté de la téléréalité trash que l’on trouve vos fans, comme dans “Jersey Shore”, sur MTV. L’émission met en scène les frasques de quatre bimbos brûlées aux UV et de quatre garçons bodybuildés, attifés en Ed Hardy, votre marque vedette. C’est tellement de mauvais goût que ces personnages ont inspiré la boutique de mode Kitson, temple des branchés de la côte Ouest : “Si c’est dans Jersey Shore, ce n’est pas chez nous”, peut-on lire sur leur vitrine. De plus, des discothèques américaines, australiennes et canadiennes ont interdit l’entrée aux adeptes de vos fringues bariolées”.
– “C’est vrai, mais la marque s’est démocratisée”, m’a répondu Audigier, “mais ça veut dire que je touche un public plus large”…
– “Cela signifie surtout que vous avez dû baisser vos prix de 30% en moyenne l’année dernière. A Los Angeles, les seuls à croire encore à la magie Audigier sont vos employés ! Et encore…, ceux et celles qui restent, la moitié a été virée pour cause de “compression économique”… Dans vos locaux, on boit de l’eau minérale à votre nom, on se presse pour vous ouvrir les portes, toujours avec le sourire… sinon c’est le renvoi direct. Chacun des 80 salariés restant sur les 170 que vous employiez à Los Angeles, des vendeuses sous-payées, connaît par cœur la saga du petit gars d’Avignon parti faire fortune aux Etats-Unis”…
Pas pu en dire plus… il a filé tandis que ses gardes-du corps me bloquaient !
L’histoire de Christian Audigier commence en 2000 quand il débarque, sans ressources, dans la Cité des anges, à 42 ans (le même âge que Johnny), après avoir croupi plusieurs mois dans une prison balinaise pour possession de drogue.
Il est d’abord embauché par un ancien kick-boxeur danois : Tony Sorensen, qui le charge de lancer une marque de mode sur base des créations de Kenny “Von Dutch” Howard qui est mort dans la misère, sans héritiers… et d’en faire une enseigne de mode “garage”.
La recette : tout copier sans vergogne et faire du “celebrity marketing”, ou l’art d’associer une star à sa marque.
Britney Spears est ainsi la première à s’affubler de ses casquettes, en 2003.
Comme il n’y a aucun droit payés pour ce carnage planétaire, un an plus tard, il rachète pour pas grand chose les dessins du tatoueur Don Ed Hardy et lance les fringues du même nom, ornées de dragons, cœurs brisés, têtes de mort…, là encore, avec une brochette de stars en portemanteaux…, ses tee-shirts s’arrachent alors à 175 dollars pièce…, on le surnomme “le roi de la marge”.
Consécration suprême, il s’offre une villa à 5 millions de dollars, toute proche de celle d’Antonio Banderas…, enfin, pour la fête de ses 50 ans, il se paie Michael Jackson.
Johnny et Laeticia sont dans la salle…, photos dans les magazines people, défilé de journalistes béats et voitures de collection, c’est la gloire !
Devin Friedman, du magazine masculin “GQ”, se souvient encore de ce voyage à Las Vegas en jet privé : “Audigier claquait des milliers de dollars en hurlant : Un jour je posséderai un p… de casino !”…
Voilà pour la légende.
Mais, derrière les paillettes, on découvre les failles de son petit empire.
D’abord son “emprunt”, c’est-à-dire le vol de l’œuvre de Kenny “Von Dutch” Howard…
Ensuite, le fait qu’il a évincé Tony Sorensen…
En troisième motif, sa gestion trop approximative.
Christian Audigier a cru qu’il pouvait décliner ses marques à tout-va, du gel antibactérien au chocolat énergétique en passant par le champagne…, seulement voilà, contrôler les 126 licenciés qui réalisaient ses produits dérivés n’était pas une mince affaire.
Si par impossible, puisqu’il était mort…, Kenny “Von Dutch” Howard n’a pu poursuivre Christian Audigier pour le pillage de ses créations graphiques, mais il a été poursuivi par le couturier Marc Jacobs pour contrefaçon de ses sacs.
Le responsable australien d’Ed-Hardy, Gary Berman, a, de son coté, du déposer le bilan : ce franchisé de Christian Audigier qui devait aussi lancer cette marque en Grande-Bretagne, a laissé une ardoise de 10 millions d’euros !
Quant à ses collaborateurs, une équipe fantasque où se côtoyaient amis et cousins, ils étaient très peu à même de gérer cet ensemble disparate…, surtout ses neveux, Vincent et Magali, sans références dans le business, qui présidaient ses sociétés françaises et américaines…, mais c’est l’énigmatique Hubert Guez, une connaissance de longue date, qui tenait la boutique.
Cet homme d’une soixantaine d’années est toujours resté évasif sur son parcours…, en fait, il écumait depuis longtemps le secteur du prêt-à-porter.
Ce que ne dit pas non plus l’histoire, c’est qu’Audigier a enchaîné les contentieux avec ses associés…, il a dû verser des indemnités à Tony Sorensen, qui l’accusait de l’avoir floué à l’époque Von Dutch (Christian Audigier à fait croire à Tony Sorensen qu’il avait payé plusieurs millions de dollars aux héritiers de Kenny “Von Dutch” Howard pour pouvoir utiliser ses créations graphiques, alors qu’il n’en a jamais rien été !)….
De même, il s’est fâché avec Don Ed Hardy, qui lui réclamait 100 millions de dollars de royalties…, l’affaire s’est réglée par un accord amiable et un gros chèque…, après tout cela le styliste était en voie d’être ruiné et se retrouvait dans l’impasse.
“Il n’arrivait pas à se réinventer”, jugeait Alicia Birr, du bureau de mode parisien Von Engelswacht, “il assurait pourtant avoir des projets plein la tête”.
En réalité, il ne trouvait plus personne à piller…
Pour Ed Hardy, il tentait une opération relooking, moins bling bling.
Le King of Fashion (un surnom que lui avait donné Michael Jackson himself), voulait aussi relancer sa marque Christian Audigier, restée dans l’ombre, en misant sur une collection inspirée des années 1970…, virage plus radical encore, il avait créé début 2010 une ligne “no logo”, nommée “The Same Guy”.
Lors de ma visite, sa boutique de 300 mètres carrés, idéalement situé sur l’avenue Melrose, était déserte : “Ça ne marche pas… disons que nous restons ouverts”, m’avait glissé une vendeuse.
Quant à sa situation financière, c’était le flou artistique : <em>”On doit dire qu’on fait 500 millions, mais on ne fait que répondre n’importe quoi aux curieux”.
Le “styliste” a bien tenté un come-back en France, mais il a essuyé une série d’échecs, malgré ses nombreuses apparitions sur les plateaux télé.
Son projet de prendre 5% dans le Club Med pour y faire venir des stars ? Avorté ! Henri Giscard d’Estaing en est encore sidéré.
Le rachat du club de foot Arles-Avignon, qu’il envisageait avec son président de l’époque, Jean-Marc Conrad ? Oublié !
Et on attendait toujours sa grande vitrine sur les Champs-Elysées, annoncée depuis des mois…, alors que sa deuxième boutique parisienne à Saint-Germain-des-Prés, tout comme son bar lounge… étaient fermés, les loyers restaient impayés…
Il a alors affirmé se tourner vers la Chine, où il promettait d’ouvrir “1.000 boutiques en trois ans. D’ailleurs, je rentre de deux mois en Asie”, m’avait-il expliqué en sortant de sa poche un article de la presse chinoise où il posait avec une star locale.
Les Chinois allaient-ils être plus tendres que ses compatriotes ?
L’Avignonnais avait une arme secrète, comme il le raconte dans son autobiographie : “En cas de doute, je me demande ce que ferait Johnny dans cette situation”… !
Ah que… il faut remettre les pendules à leur place !
A la mémoire de Kenny “Von Dutch” Howard !
Le créateur de Von Dutch était un hippie, un clochard céleste qui emmerdait la terre entière…, il fut le pionnier, dans les années cinquante, de la customisation des voitures et des motos…, né en 1929 et mort en 1992, à l’âge de 63 ans, Kenneth Howard était “aussi têtu qu’un Hollandais”, selon l’expression américaine ; si têtu qu’il fut surnommé Von Dutch (en anglais, “Dutch” signifiant “hollandais”)…, de toute l’Amérique, des gens débarquaient dans son atelier miteux, le suppliant de peindre sur leur engin des langues de feu, des animaux étranges et des “globes oculaires volants”, les fameux “flying eyeballs” devenus sa signature.
Cette imagerie fantastique fit de Von Dutch le précurseur de la culture “custom”, et de tous les délires psychédéliques à venir…, le désir de libération et d’expression de Kenneth Howard se heurtait à l’émergence d’une société soumise aux grosses compagnies et à ses sbires en costumes gris, à ces immenses centres commerciaux aseptisés poussant loin des centres-ville à l’abandon…, il a donné un peu d’humanité à un monde de machines…
Alcoolique, parano, grand fumeur de pétards, Von Dutch dessinait aussi des monstres sur les tee-shirts, savait réparer toutes sortes de moteurs, collectionnait des armes anciennes et fabriquait des couteaux…, de plus en plus misanthrope au fil des années, il fut en proie à des délires racistes qui l’ont éloigné de ses proches…, ses dernières années, Von Dutch les a vécues dans un vieux bus aménagé, derrière un entrepôt de la ville californienne de Santa Paula, fidèle à certains principes : “Je mets un point d’honneur à rester à la lisière de la pauvreté. Je n’ai pas un seul pantalon qui n’ait pas de trous, je n’ai pas besoin d’argent. La vie est une lutte. Avoir beaucoup d’argent ne fait pas disparaître le combat, ni l’angoisse ; ça rend au contraire les choses plus compliquées. Si vous restez pauvre, la lutte est plus simple”, disait-il lors d’une interview en 1965.
S’il voyait ce qui s’est passé avec l’infâme Christian Audigier, Von Dutch se retournerait dans sa tombe…, Christian Audigier, lui, hausse les épaules : “C’était un vieux raciste. Je fais l’inverse de ce qu’il disait. Je lui ai tout pris sans payer un cent, à cette cloche. Je me sens comme le type qui a frotté la lampe d’Aladin”.
Le génie est sorti… mais Christian Audigier s’est transformé en pute !