Ma pathétique traversée du sahara en Porsche Cayman.
Le Sahara est le plus grand désert du monde…, un océan de sable qui s’étend de l’océan Atlantique à la mer Rouge, de part et d’autre du tropique du Cancer.
Les grands voyageurs arabes comme Ibn Battuta (XIVe siècle) l’ont traversé en suivant les axes ouverts par le commerce transsaharien.
L’islamisation de l’Afrique subsaharienne a également suivi ces voies ancestrales comme, bien plus tard, les aventuriers de tous poils, des simples voyageurs aux “descendeurs de Pigeots”… en passant par les fous déjantés comme moi.
Quatre axes majeurs (et leurs déclinaisons) permettent aujourd’hui de le traverser.
À l’est, le long du Nil, la piste du Nil (c’est simple, il suffit de suivre le fleuve)… ; à l’ouest, la piste du Hoggar, entre Tamanrasset (Algérie) et Agadez (Niger)… ; ensuite, plus subtile, la piste du Tanezrouft, entre Reggane (Algérie) et Gao (Mali)… ; et pour finir en beauté, la piste de l’Atlantique, par la Mauritanie.
Cette dernière est restée longtemps fermée à cause des conflits au Sahara occidental (front Polisario) et des mésententes sur le tracé des frontières.
Mais aujourd’hui, c’est une voie sûre, à la découverte de laquelle je vous invite, si vous osez vous asseoir à coté de moi (je conduis), à la place du mort !
L’odeur de l’Afrique, on commence à la sentir à l’extrême sud de l’Espagne, c’est-à-dire… en Angleterre !
Car le rocher de Gibraltar, qui marque la limite de l’Europe, est une possession de sa Gracieuse Majesté.
Il tire son nom de Djebel Tarik (la montagne de Tarik), baptisée ainsi en l’honneur du premier conquérant arabe dont les descendants ont occupé l’Espagne durant sept siècles.
Devant ce promontoire, nombreux sont les cargos qui traversent le détroit bordé par deux montagnes surnommées les colonnes d’Hercule.
Selon la légende, c’est Hercule qui ouvrit, d’un vigoureux coup d’épée, le détroit où se mêlent les eaux de l’Atlantique et de la Méditerranée.
Plus prosaïquement, c’est par dizaines que les ferries traversent chaque jour les 14 km de mer qui séparent Algeciras de Ceuta, l’enclave espagnole en terre africaine.
Ensuite, la douane et l’attente.
Certes les officiels marocains sont souriants, mais le passage de la frontière est souvent long.
Il y a quelques documents à remplir et bien sûr, on est rarement seul…
En l’occurrence, je suis accompagné de votre bon-vouloir à lire mes commentaires concernant une Porsche Cayman que je vais livrer à Dakar, tout heureux de m’en débarrasser en période de crise financière auprès d’un riche illuminé, ce qui, pour un africain noir, est un compliment éclairé…
J’ai toujours déconsidéré les Porsche, non par simple snobisme envers une super-coccinelle re-carrossée sans grand génie, mais parce qu’en ayant possédé un certain nombre (trop), je me suis toujours ennuyé à leur volant, trouvant que mouliner le changement de vitesse comme une spatule dans un saladier, était une curieuse façon d’accommoder les diverses salades de bielles d’un moteur qui s’apparentait souvent à un 2 temps, compte-tenu de sa consommation d’huile…
Porsche a habitué les endoctrinés qui se shootent à l’automobile… à une kyrielle de versions avec la 911 qui n’en compte pas moins de 17 !
Ayant même été possédé par une Porsche Turbo, j’ai préféré stopper ma collection de Porscheries lorsque j’ai été contraint de payer une facture démentiellement stratosphérique pour un simple entretien qui, sur cet engin sorti du génial cerveau du Docteur Porsche, obligeait à démonter toute la mécanique hors de la voiture, pour tout simplement changer les bougies !
C’est le même génie qui a du se perpétuer chez Mercedes avec la fumeuse Classe-A qui oblige à démonter toute la partie avant (pare-choc, ailes, calandre) pour simplement changer une ampoule de phare !
Force m’est d’avouer (sous la torture), que sur ces chapitres cauchemardesques, la Boxster et la Cayman font figure de parents pauvres.
C’est une affaire purement vénale…, strictement rien ne pouvant avaliser que Porsche vend beaucoup plus cher une voiture simplifiée, dépourvue de tout ce qui fait qu’une Porsche peut être acceptable auprès des porschistes…, les autres s’en moquant totalement !
Alors pour combler le vide intellectuel (et technique) entre les quelques versions des uns et l’embarras du choix de l’autre, Porsche a ajouté une 4e version à la Cayman : la “R”.
La couleur officielle de lancement du modèle était le Vert-Macht…, teinte typique de la grande amitié qui liait le Heer Doktor Ferdinand Porsche à Adolf Hitler, qui a par ailleurs contribué à sa fortune en lui commandant (sieg heil) la fumeuse (elle aussi) VW Käfer-Cox…
Ce Vert-Macht a été par la suite dénommé : Vert-Péridot (une pierre précieuse et pas une partie de la ligne maginot), ce qui est une note d’humour relative aux profits mirifiques que Porsche dégage sur ses modèles…
J’oserai plutôt discourir du Vert-Mante-religieuse…, avec qui la Cayman partage outre la couleur, l’extrême rapidité de réaction.
Mais, entre toutes ces bestioles africaines, iI reste maintenant à penser aux 13 autres versions pour approcher la 911.
Porsche annonce tout d’abord un allègement de 55 kg qui passe par des jantes de 19 pouces en alliage allégés…., mais aussi et surtout par un autre paquet de 12 kilos qui a été sauvé en adoptant des sièges baquets spécifiques totalement inconfortables.
D’autre part, l’assiette a été rabaissée de 20 mm..;, ce qui n’arrange en aucune façon le passage des inégalités de la route, les cassis, dos-d’âne et bâtons de gendarme (les casse-vitesse)…
En entrant au royaume de Mohamed VI, je ne m’attendais pas à croiser des charrettes ou des voitures à bras…, mais je n’imaginais pas que cette Cayman en était une sorte d’extrapolation…
Je prends l’autoroute qui file déjà jusqu’à Marrakech (la suite est en chantier).
La petite route escarpée qui partait à l’assaut des reliefs entre Ceuta et Tanger est dorénavant à quatre voies.
Elle conduit au chantier du port Tanger-Med : une gigantesque infrastructure, érigée de toutes pièces dans une friche, et qui accueillera bientôt une usine automobile… le Maroc est vraiment un pays accueillant.
À Tanger, un policier me guide avec son deux-roues à travers la ville, avant de… m’offrir un thé !
Afin de gagner les routes du sud, je choisis de longer la côte Atlantique, où se succèdent villes fortifiées et ports de pêche.
Puis j’arrive à Marrakech.
La ville marque un premier changement dans la géographie du pays.
C’est par la palmeraie que j’accède aux murs rouges de la cité impériale…, l’endroit est touristique, mais une pause s’impose malgré tout, ne serait-ce que pour aller me perdre dans les souks de la vieille ville.
Il existe également un Marrakech “by night” du côté de Guéliz, la ville moderne.
Des mirages ?
Non des virages…
Pour rejoindre la côte, il me faut franchir la pointe sud de l’Atlas.
La route serpente entre des étendues de terre rouge avec, en toile de fond, les sommets enneigés.
Me voici à Agadir, qui ne présente pas d’autre intérêt que son climat.
La ville a été entièrement reconstruite depuis le tremblement de terre de 1961.
Une promenade sur les remparts, face à la mer… et un tour au port de pêche sont indispensables.
À quelque 170 km, Essaouira, en revanche, mérite le détour.
Depuis Tanger, 1000 km ont déjà été avalés…, la sensation d’être “au sud” est palpable et ne fera que s’accentuer.
Bien que le Maroc, de Tanger à la frontière mauritanienne, s’étend sur près de 2500 km, ceux qui visitent le pays ne dépassent généralement pas Agadir.
Le tourisme organisé, la modernité et les villes débordantes d’activité s’arrêtent également ici !
À partir de Tan-Tan, l’unique route, rectiligne et déserte, longe une côte abrupte, avec d’un côté le désert, de l’autre l’Atlantique.
Le trafic semble suspendu et de nouvelles sensations surgissent.
Les leçons de géographie de mon enfance me reviennent en mémoire, mais la carte de l’Afrique n’est plus accrochée au tableau noir.
Cette fois, elle est à taille réelle et je roule dessus.
Je poursuis ma route jusqu’à Tarfaya et cap Juby, l’escale mythique de la liaison Toulouse-Dakar qui évoque immanquablement l’Aéropostale et Saint-Exupéry.
Jusqu’au milieu du XVe siècle, au-delà, on entrait dans “la mer des Ténèbres”…
Plus au sud, Boujdour, anciennement “Cabo Bojador”, est longtemps resté un cap infranchissable pour les navigateurs portugais du fait des courants et de vents dominants défavorables.
Dans les années ’80, Boujdour symbolisait l’extrémité du premier “mur du désert” construit par les Marocains pour repousser les assauts du front Polisario, mené par des Sahraouis en armes.
Aujourd’hui, la présence militaire reste visible, l’ambiance est curieuse, surtout après la destruction de la Libye et l’assassinat de Kadhafi et ses fils sous les ordres de Nikolas sarkozy, lui-même aux ordres de l’Empire Américain…
Dans ce ce “Désert des Tartares”, les étrangers que je croise par ici sont en transit vers l’Afrique noire.
Les distances sont importantes, mais la route est unique et les escales sont rares.
Les voyageurs de tous bords finissent donc par se retrouver aux barrages dressés à l’entrée et la sortie des villes, ou des policiers enregistrent de façon aléatoire l’identité de ceux qui les franchissent.
Il y a encore quelques années, à partir de Dakhla, le départ vers la Mauritanie s’effectuait en convoi escorté de militaires pour éviter les mines…
“Rassurez-vous, aujourd’hui, la circulation est libre et le sol est clean”… me dit un capitaine… !
Comme je ne veux pas faire le crochet par Nouadhibou, la prochaine station est à 300 km de là, en plein désert…, gare à l’autonomie !
À 80 km de la frontière, dernières stations-service et auberge marocaine.
Dans un campement au milieu de nulle part qui continue d’évoquer “le Désert des Tartares”…, les douaniers marocains m’attendent, ils ne sont pas pressés, ils sont relevés tous les trois mois…, de plus “on” les a prévenu qu’un fou-furieux déjanté, arrive “à très grande vitesse” au volant d’une Porsche Cayman…
Imaginez leur euphorie, eux qui s’ennuient à ne voir que d’antiques Berliet…
Les douaniers ne m’ont pas raté et il m’a fallu être intarissable, leur expliquant, sans y croire vraiment… que le six cylindres à plat de 3,4 litres développe 330 chevaux, soit 10 de plus que la version S.
“Avec la boîte de vitesse manuelle à six rapports, passer de 0 à 100 km/h ne réclame que 5 secondes et un dixième de moins si on opte pour la boîte à double embrayage PDK…, ai-je lu dans un magazine”, me dit un des douaniers, voulant me montrer que la Porsche Cayman n’a pas plus de secrets pour lui, que les passeurs de drogues…
“La vitesse de pointe s’élève à 282 km/h. Il parait qu’au moment de tourner la clé à gauche du volant, dans le contact on entend immédiatement le son typique des moteurs Porsche”…, le coupe son collègue qui ne veut pas se laisser distancer !
J’ai crainte d’y passer la journée, aussi, pour en terminer, je lance : “Entre 5000 tours et le rupteur, on oublie tout l’argent que cette voiture coûte et on jouit d’une rare symphonie mécanique, c’est une perle”…
“En mode normal, l’embrayage fait la chasse aux économies en passant plus rapidement les rapports pour la boîte automatique. Heureusement, il y a un bouton sport qui transforme le ronronnement tranquille en une mélodie plus extravertie. Mais ce n’est pas tout, le mode sport offre des passagers de rapports plus fermes, reste plus longtemps en haute révolution entre les passagers de régimes et accélère la réponse de l’accélérateur. Mais il y a plus, le mode Sport + élimine une vitesse sur la boîte PDK qui en a six au lieu de sept avec ce régime. Le temps de réaction est instantané et le moteur pousse sans respirer jusqu’à 7400 tours”… reprend le premier douanier…
Ils se taisent, me regardent d’un air entendu et satisfait !
A leurs yeux, je suis soudain plus qu’un conducteur de Porsche Cayman, je suis “LE” Prophète du bonheur automobile !
Ils me saluent comme si j’étais général en chef de Porsche… et pour faire bonne mesure je démarre à donf, pied au plancher, envoyant une tonne de sable et de cailloux dans la cabane qui sert de poste frontière…
Dans mes rétros je ne les vois plus, seulement deux monticules de sable qui émergent d’un nuage de sable !
Ce no man’s land est la seule partie de route non goudronnée de l’itinéraire.
Ensuite, il me faut parcourir 4 km de piste avant de rejoindre le poste mauritanien.
Côté mauritanien, je retrouve le goudron qui mène à Nouadhibou, la deuxième ville du pays.
Son port accueille le minerai de fer en provenance des mines de Zouerate qui est acheminé par le plus long train du monde.
Les soucis esthétiques ou écologiques ne font pas partie des préoccupations de la municipalité…
Les maisons en construction ne sont pas redevables d’un impôt…, aussi aucune bâtisse n’est terminée et toutes sont hérissées de fers à béton.
La claque !
Dans la baie, quelques épaves de bateaux rouillés agonisent, alors que dans les rues ensablées, des cadavres de frigos s’entassent parmi les détritus : Nouadhibou n’est pas une ville touristiquement correcte !
Cette agglomération perdue dans un coin de désert semble totalement retirée du monde.
En longeant la voie unique de la seule ligne de chemin de fer, la route s’oriente à l’est avant de piquer au sud…, le désert reprend alors ses droits et m’impose à nouveau son univers de solitude.
Une pellicule de sable enveloppe la route d’un voile à la fois opaque et baigné de lumière…
Soudain, un vent violent se lève.
Le goudron, comme le reste du décor, disparaît de mon champ de vision, absorbant toute notion de vitesse ou de déplacement.
Sans ces repères visuels, j’ai l’impression que la Porsche Cayman flotte en apesanteur.
Après la tempête, l’unique station-service du coin permet de me revigorer.
Il reste 230 km pour rejoindre Nouakchott, la capitale…, il est préférable de ne pas y arriver trop tard.
La ville est étendue, il n’y a aucun panneau indicateur et souvent pas de nom de rue…
Il me faut demander mon chemin plus d’une fois.
Hormis les artères principales, les rues sont ensablées et la circulation est dense.
L’essentiel de la population mauritanienne vit ici, attirée par les facilités supposées d’une ville qui ne cesse de s’étendre.
Quelques cordons de dunes bordent la route qui file vers le fleuve Sénégal.
Frontières géographiques et politiques sont ici confondues.
Pour traverser le fleuve et entrer au Sénégal, je prends le bac de Rosso.
Le désert touche à sa fin.
En roulant vers St-Louis, l’ancienne capitale coloniale, ce sont les baobabs qui ponctuent la voie et il n’est pas rare de croiser des petits singes qui traversent cette route à toute allure…
Le pays de la Teranga reste majoritairement de confession musulmane, mais l’arrivée en Afrique noire est marquée par les boubous de couleurs et une décontraction générale qui semble inscrite dans les codes culturels.
J’en profite pour faire mentalement un résumé de mon périple dans cette Porsche Cayman…
Les sièges moulés pêchent par une trop grande étroitesse si on n’a pas un physique olympien !
Ils ne sont pas ajustables en hauteur et Porsche a même éliminé la poignée de porte intérieure pour la remplacer par une sangle !
Pour satisfaire les plus maniaques amateurs de Porscheries, les fêlés de cochonneries, les abrutis du chrono pur porc…, la climatisation a été supprimée “d’usine”…, ce qui justifie aux yeux des journaleux de sévices (payés en parapluies) que la Cayman “R” est “ultra sportive” et est facturée bien plus que la Cayman “normale” (celle des gentils crétins, sans nul doute !
Pour le reste, je vous informe que le volant, le levier de vitesses et le frein à main sont recouverts d’Alcantara…, la note “de luxe” utile et nécessaire à une meilleure tenue de route et des performances plus élevées…
Il y a aussi, dans tout ce micmac…, des inserts de plastique aux couleurs de la carrosserie, ce qui fait quand même “gagne-petit”.
Le V6 à plat est bien évidemment au rendez-vous… et c’est assez déprimant…
Comme toutes “bonnes véritables sportives” qui se respectent, tout l’intérieur est habillé de noir !
Parlons maintenant des vraies choses pour amateurs de sensations fortes…, je n’irais pas par quatre chemins : la Cayman “R” n’est pas faite pour tout le monde…, à mon avis éclairé, elle n’est même pas faite pour personne de censé.
Elle fait payer très cher les sueurs froides dans le dos et la chaleur infernale de l’habitacle si vous dépassez les vitesses légales…
Et si vous comptez rouler seulement sur les routes publiques en respectant le code de la route…, vous risquez d’être déçu.
La suspension est très ferme en mode régulier et raide en mode sport et sport +… on sort invariablement de la chose avec un dos en compote, les oreilles qui sifflent, la tête qui explose et les bras et jambes en caoutchouc…
L’amortissement raffermi, une garde au sol rabaissée, des pneus à taille très basse et un différentiel à glissement limité, sont des atouts indéniables pour rouler sur un circuit…, mais tout cela vous brasse la colonne sur la voie publique.
Porsche, pour une R raisonnablement équipée, vous soulagera en effet d’emblée d’un peu plus de 100.000 euros (plus une montagne d’options qui pousse le prix au bord de la dérision…, sans oublier les taxes, frais divers, assurances, essence, entretiens (calamiteux) et PV de toutes sortes… et le fisc… qui aime les possesseurs d’automobiles de ce style…
Conclusion…, pour la grande majorité des gens, la Cayman ne va combler aucun de leurs besoins, mais va leur distiller un plaisir fou de se voir ruiner rapidement, contribuant ainsi à approfondir le puits sans fond de la bêtise humaine qui est un puits d’or pour les opportunistes, marchands de rêves inutiles !
Bien…
Tout heureux de m’en débarrasser à Dakar…, j’ai franchis le pont Faidherbe qui permet d’atteindre les quartiers historiques et l’île de St-Louis…, au passage, j’ai jeté un coup d’œil à l’hôtel de la Poste, un beau bâtiment où descendaient naguère les pilotes de l’Aéropostale.
Après un autre pont, je suis arrivé au quartier de Guet N’Dar qui héberge le village des pêcheurs du côté de la langue de Barbarie.
Particulièrement dense et peuplée, la plage immense était encombrée de pirogues colorées, parmi lesquelles des reliefs de repas attendaient la marée pour disparaître…
Entre imagination et réalité, j’ai foncé dans ma dernière étape vers Louga, une authentique ville du Sahel. Puis, à quelque 200 km… Dakar.
Après la patte-d’oie près de l’aéroport L.S. Senghor, puis les plages de N’gor et le quartier résidentiel des Almadies, la route de la corniche m’a amené au centre-ville et à la place de l’Indépendance.
La capitale est installée au bout de la presqu’île du cap Vert, mais avant de l’atteindre, il m’a fallu affronter le goulet d’étranglement qui comprime la circulation.
Je me suis garé à coté d’un petit vendeur ambulant qui disposait des noix de cola sur un plateau.
Fortes et amères, elles doivent être mâchées longuement avant de libérer leurs propriétés énergétiques. Mais la cola revêt aussi un aspect symbolique…, la tradition veut qu’elle soit partagée, car elle accompagne toutes les étapes de la vie et marque une entente scellée.
En la croquant, les images de mon voyage se sont mises à défiler…
Les souvenirs qui affluent à la mémoire se transforment avec le temps et, parce que la mémoire n’est pas souvent fidèle, l’imaginaire prend le pas sur le réel, sans qu’on ne puisse plus, ou qu’on ne veuille plus, discerner l’un de l’autre…
Et c’est alors que mon client est arrivé au rendez-vous fixé…
Délivrance !